Billet invité.
Le choix du référendum de Georges Papandréou en Grèce est un véritable appel, et doit être interprété ainsi.
Il n’est en effet pas sûr que, techniquement et politiquement, le référendum puisse se tenir. Peut être la Grèce sera-t-elle contrainte de faire machine arrière avant, lors des réunions multiples qui ne manqueront pas de mettre Papandréou sous pression. Peut être que finalement fort de son bras de fer, Papandréou obtiendra le supplément d’âme à l’accord de Bruxelles qui lui permettra de l’accepter, ce serait par exemple un espace de souveraineté plus grand que présentement.
Mais ceci n’est finalement pas la question. Papandréou en appelant au souverain peuple, au retour de la démocratie, invite enfin les peuples de tous les pays à s’interroger sur la crise. En effet, en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne, au Royaume Uni, en Pologne et dans tous les pays, les appels du peuple et pour le peuple ne manqueront pas de s’appuyer désormais sur le précédent grec. Ainsi, par le simple fait d’en appeler au peuple grec, Papandréou convoque tous les peuples à discuter de ce qui, à défaut d’être leur crise, doit devenir leurs solutions.
Certains commentateurs ne manqueront pas de réfuter cet élément en soulignant ironiquement que la droite pourrait sortir vainqueur en Grèce de cet épisode, imposant une cure d’austérité identique, voire encore plus cynique, que celle de Papandréou. Ce raisonnement conséquentialiste n’est pas à la hauteur de la question posée.
Dans l’adversité du monde financier, supporté par la froide technocratie efficace et efficiente de Bruxelles, il nous faut affirmer notre européanité. De par notre histoire, cette européanité est un arrachement à la barbarie et aux dictatures et le choix ultime de l’émancipation. Le tryptique sécurité physique – liberté politique – sécurité économique compose en dialogue avec l’émancipation, un projet de civilisation pour l’Europe, (du moins continental).
Ceci structure une opposition à toute forme d’oppression, qui diffère singulièrement d’un humanisme (qui lui est charitable). Nos amis européistes convaincus s’avèrent dénués d’européanité car ils dénient le droit à l’existence et à l’inconscient collectif comme moteur de l’Europe. Enfermés dans une vision essentialiste – l’Europe est un projet bon par nature – et en appuyant une coercition structuraliste – nous somme l’Europe semble dire le petit monde bruxellois-, ils ne préservent que leur monde. Pas le notre ! L’européanité repose sur la construction consciente des peuples dans un projet émancipateur et le primat de la liberté des hommes et des idées, sur celle des capitaux.
Quel rapport avec une vision économique ? Il est évident qu’une telle vision de l’Europe ne voit dans l’euro qu’un symbole (l’essence) et un lien structurant. Autrement dit un lien, ou au sens économique, un voile. Mais une monnaie n’est pas le substitut de l’européanité, et nous ne pouvons accepter de résumer l’européanité à une monnaie unique. C’est à ce titre, en plus, une européanité comme plus petit dénominateur commun qu’une monnaie « neutre ».
Ensuite, la fixation des prix, comme résultat d’une relation vendeur-acheteur, qui malgré tout s’exprime également à travers la monnaie, non exempte de l’idée de valeur, s’exprimant brute de tout change, n’est qu’une relation brutale de puissance. De fait, la définition d’une Europe sur ces bases est entièrement tournée vers une paix des puissances. Où est l’européanité ?
Ainsi le saut fédéral proposé est évidemment impossible dans ces conditions. C’est revendiquer l’européanité par accident, après des années de neutralisation de tout sentiment d’Europe.
Il faut exalter en nous ce sentiment d’européanité contre l’exacerbation nationale. Cette exacerbation nationale n’est pas le fait de l’appel au peuple. Elle n’est pas le fait des droites nationalistes. Elle est le fait des dirigeants européens qui nous emmènent dans le mur, au nom de l’Europe. Ils s’exemptent de tout reproche, car le projet est par essence bon, et structuré sur un Etat de droit idéologique, un véritable dogme. La caution culturelle malsaine des européistes au dogme est seule responsable des dérives des droites populistes en Europe.
Entre eurosceptique et européiste, deux faces d’une même pièce idéologiques, c’est par l’européanité que l’Europe sortira. En affirmant l’émancipation comme horizon politique. Et en renouant avec le tryptique, sécurité physique- liberté politique – sécurité économique. Ca signifie bien de ne pas inverser en projetant la liberté économique et la sécurité politique, la grande tentation des éuropéistes.
En apprenant la résistance culturelle, et la mise en périphérie de l’Europe, les Européens doivent faire leur ce qu’Aimé Césaire a porté avec la négritude et ainsi porter une intransigeante volonté de l’Europe. Et d’une pierre deux coups : libérer l’homme blanc bruxellois de son complexe de supériorité intellectuelle, et ainsi favoriser le libéralisme des idées, et permettre le redressement économique de l’Europe.
84 réponses à “LE RÉFÉRENDUM GREC : VERS UN RETOUR DE L’EUROPÉANITÉ, par Valentin Przyluski”
moi chomeur depuis six ans
je travaille (bénévolat) et suis utile à la société
je suis pas payé
sauf quelques euros que votre solidarité permet (merci!)
j’expérimente.
On peut vivre, il manque juste quelques euros pour ne pas angoisser à la fin du mois, mais finalement bien peu!
question : pourquoi la Grèce , ou un autre pays en difficulté à cause de problèmes d’euros, ne pourrait-elle mettre une seconde monnaie en circulation , afin de laisser le choix aux populations de rétablir ses circuits , ses réseaux qui fonderaient une nouvelle confiance, sans bloquer ses relations avec l’extérieur ?
quand chez nous il y a des impasses, les S.E.L. peuvent aider à s’en sortir , non ?
Avant que ne soit validée, l’infamie supposée et largement claironnée par les médias véreux qui nous enfument, je prie la populace de jeter juste un coup d’oeil sur le tout premier paragraphe, puis de simplement, regarder la date …
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/06/19/04016-20110619ARTFIG00103-la-grece-envisage-un-referendum-sur-la-rigueur.php
… comme RV (dit-il pour se rattraper, après lecture plus approfondie).
Référendum entre gens qui ne paient pas d’impôts et se font une petite vie nationale avec les fonds récoltés par les impôts des autres nations.Qu’attendent nos décideurs pour leur dire d’aller faire un référendum une autre fois avec pour thème: « un grec doit-il payer ses impôts? »,histoire de rigoler à notre tour.
http://www.deguisement.fr/e/md/costume-de-soldat-grec.html