Billet invité
Tepco, l’opérateur de la centrale de Fukushima-Daiichi, est parvenu à l’arrêt à froid de ses trois réacteurs en activité lors de la catastrophe. Mais il vient d’être rappelé que leurs cœurs ont fondu et que nul ne connaît leur situation en bas de leurs cuves, que l’on suppose être percées sans pouvoir y accéder.
Un dégagement de xénon dans le réacteur n°2 est venu signaler qu’un processus de fission nucléaire y était en cours, ou était intervenu, nécessitant des injections d’acide borique afin de contrôler la réaction en chaîne qui en résulte. Il ne peut être exclu qu’un même phénomène se produise dans les deux autres réacteurs, traduisant leur instabilité nucléaire, quand bien même la température mesurée confirme que ces phénomènes sont limités. La possibilité d’un incident critique est estimée faible, ce qui signifie qu’elle ne peut être écartée.
L’objectif actuel de limiter au maximum les rejets radioactifs de la centrale n’est que partiellement atteint. Avant de s’attaquer à la conception de son démantèlement, de ses procédures et des outils qu’il va falloir créer pour y parvenir. On parle de plusieurs dizaines d’années de travail. À une telle échelle, cette opération n’a jamais été réalisée et présente de nombreuses inconnues.
Il est entre-temps apparu que ces rejets avaient été largement sous-estimés, notamment dans la mer, et que leurs conséquences à long terme étaient inconnues. À l’intérieur des terres, la décontamination est entreprise dans une grande confusion, faute d’autorité centrale opérationnelle. Les opérations en cours risquent de créer plus de mal que de bien, les aspersions d’eau pour décontaminer les voies de circulation et les façades pouvant aboutir à concentrer la radioactivité dans les égouts, dans un premier temps ; il en est de même pour les sols qui ont été raclés et dont les revêtements sont, faute d’autres instructions, enfouis dans des excavations et simplement recouverts de bâches en plastique. On parle ici de millions de tonnes.
Tchernobyl a montré comment, même une fois le pire évité, l’échelle d’une catastrophe nucléaire dépassait par son ampleur et sa durée ce qui était concevable et maîtrisable. Fukushima renouvelle cette démonstration et fait craindre qu’avec le temps elle tombe à son tour dans l’oubli.
Les centaines de milliers de Japonais qui ont été déplacés ou restent dans l’angoisse d’une contamination sournoise car invisible vivent désormais dans un autre univers dont ils doivent s’accommoder, une réussite technologique !
92 réponses à “FUKUSHIMA : LA VRAIE ÉCHELLE D’UNE CATASTROPHE, par François Leclerc”
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