Le Monde – Économie, lundi 5 – mardi 6 avril 2010 : Le fil rouge
« Qu’on ne s’y trompe pas : les chamailleries au sein de la zone euro au cours des semaines passées ne relèvent pas de la comédie mais de la tragédie. Suivons du regard le fil rouge : ce que nous voyons, c’est le repli des nations sur elles-mêmes dans un « Sauve qui peut ! Chacun pour soi ! » généralisé. La Chine et l’Allemagne ont indiqué la marche à suivre. Les gouvernements d’unité nationale sont pour bientôt, quand il sera devenu évident aux yeux de tous qu’aucun parti ne connaît à lui tout seul la solution des problèmes insolubles qui se posent, suivis alors de Comités de Salut Public, quand il sera clair que même tous ensemble ils n’y comprennent rien et – si Dieu nous prend alors en pitié – suivi enfin d’un nouveau Conseil National de la Résistance, au moment où il faudra, par-delà les divergences conçues aujourd’hui comme irréductiblement inconciliables, lancer une ultime tentative de sauver ce qui peut encore l’être. »
23 réponses à “PIQÛRE DE RAPPEL : Le fil rouge”
Oui, et osons faire en sorte que cela ait lieu sans tomber dans le « millénarisme » d’un Anselm Jappe aujourd’hui dans Le Monde (et quand il n’y aura plus d’argent, fantasme-t-il…, les convulsions seront d’un autre ordre, les processus critiques font plein de bulles comme l’eau gazeuse).
Vos propos ont le mérite d’être clairs.
Pourquoi sommes nous tombés avant les Etats-Unis? Nous étions pourtant des satellite comme les démocraties populaires pour feu l’URSS;
tot,
Votre pseudo signifie « mort » en allemand. La RDA était un satellite de l’URSS et elle est tombée avant elle.
Nous étions importants pour contenir l’ empire soviétique.
Nous pouvions tenir la dragée haute aux uns et aux autres.
Plus rien ne justifie cette situation aujourd’hui .
Nous sommes soldés aux appétits des puissances émergentes.
Les gros paient leur dettes avec des cessions de zones d’ influence, une sorte de Yalta.
Il nous appartient de montrer que nous ne sommes pas des marchandises et de nous faire respecter pour ce que nous sommes et ce que nous pouvons apporter au monde de respectable : une union de pays ayant conçu un savoir faire pour vivre en paix durablement et en respect de valeurs démocratiques.
Si nous faiblissons sur ces valeurs, il ne reste plus rien.
Les chinois sont pragmatiques.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/11/01/01003-20111101ARTFIG00416-le-g20-doit-emettre-un-signal-clair-de-solidarite.php
Si, comme on peut le voir dans cette interview, nous ne leur disons pas (et ne faisons pas en actes) notre conception de » la croissance » , ils considéreront que la seule conception a considerer est celle qui existe actuellement : la croissance du PIB.
Nous pouvons concevoir que notre conception est différente, mais si nous ne l’ appliquons pas à nous même, nous pourrons difficilement altérer leurs certitudes issues de leur examen pragmatique de la situation.
Nous ne serons pas respectables à leur yeux tant que nous ne nous donnerons pas les moyens d’ agir en conformité avec nos ideaux : pas de politique de défense crédible,indépendance énergétique en déliquescence , traitement de la corruption , souveraineté monétaire etc…
Si nous nous donnons ces moyens, nous ne serons considérés comme une marchandise, ni par les uns, ni par les autres.
Le niveau et les themes des débats actuels, pendant la tempête, en France (vote des étrangers sans se soucier de la réciprocité par exemple ou loi sur la fessée – allez imposer cela en Chine ) est surréaliste, le pauvre premier ministre chinois doit être un surhomme, pour garder ce visage impassible quand tout son pragmatisme lui intime de s’ écrouler de rire en se roulant par terre.
Tombés? Vous pensez vraiment? Pour une zone économique tombée, l’Euro-zone vit encore.Mais pendant ce temps là, personne ne parle des USA et du RU.
Paul ,pardonnez mon impertinence,
,c’est une clause de style ou vous avez été frappé par la grâce,
Ou l’ironie du désespoir?
Après tout, rien ne dit que le ‘Bien’ triomphe forcément à la fin…
Comme l’avait prédit le calendrier maya, la fin du monde a eu lieu le 28 octobre.
Simplement, l’oligarchie le cache aux peuples !
Monsieur Jorion,
L’idée de Conseil de la Résistance me plaît. Ce qui m’ennuie grandement est qu’il faudra une résistance avant.
J’y vois une période de déchirements brutaux entre européens. Je vois des affrontements entre nous pour défendre des évidences contradictoires. Je vois des bonnes consciences commettre des crimes pour des valeurs auxquelles leurs auteurs (des crimes) croient sincèrement. Vous me faites peur.
Le processus était enclenché en 2010 (piqûre de rappel). Je croyais que cette révision pourrait se faire pacifiquement. Quand je vois avec quelle hargne le cadre actuel est défendu, quand je vois l’ahurissement quand une sortie de cadre est proposée, quand je vois l’aveuglement devant les conséquences des décisions prises au plus haut niveau et quand je lis votre piqûre de rappel, je pense que cette révision se passera mal.
Je serai très heureux d’avoir totalement tort. Je pense que c’est la source du déni de réalité observable chez nos élites, nos journalistes, nos blogueurs et chez moi. Quand c’est trop horrible, se réfugier dans le rêve est toujours tentant.
Pourtant il faut faire face. Sinon, il n’y aura rien à sauver. Les premiers à mourir seront les plus petits comme moi. Les derniers seront au sommet de l’échelle. Ils se battront jusqu’au dernier salarié ou jusqu’au dernier contribuable pour sauver leur peau. Après, ils admettront une révision déchirante de leur vision du monde. Je vois déjà les articles racontant leurs pleurs et leurs malheurs. Je pleurerai avec eux tant cela sera bien écrit.
Si je suis en vie.
Bonjour, cet interviouve (*) semble bien résumer la situation actuelle, même si la personnalité de l’interviouvée risque de donner des boutons à beucoup. Je serais intéressé par un feedback en particulier pour ces phrases:
« Ce que les responsables européens ne veulent pas, c’est un effet de contagion par le truchement des marchés de CDS comme cela était arrivé dans le cas d’AIG. Ces emprunts grecs sont assurés en grande partie par des CDS détenus par des hedge funds et par des banques, sans que l’on sache avec certitude si ces CDS sont adossés à des contreparties sonnantes et trébuchantes. Une partie seulement de ces CDS a été placée dans des chambres de compensation.
Les Etats demandent donc aux banques et aux assureurs de renoncer “volontairement” à 50% de leurs actifs grecs (alors que ces investisseurs ont payé des primes d’assurance pour leurs CDS) et ils leur demandent donc de faire comme si il n’y avait pas de défaut grec. En outre, on leur demandera sans doute de re-prêter ces 50% pour 25 ans à la Grèce… Toutes les négociations souterraines actuelles portent sur cette mise en scène. Il faut absolument éviter un défaut officiel de la Grèce, ce qui serait un événement déclencheur des CDS, ouvrant une nouvelle boîte de Pandore, celle d’un marché d’assurance déréglementé, sans fonds propres. »
Merci d’avance à qui veut bien répondre.
( *) Le grand désendettement, par Dominique Sénéquier.
Bien sûr, s’il y a déclenchement des CDS, cela va accélérer sérieusement les choses. Rois et roitelets seront visiblement Nus.
Conseil national de résistance, cela ne veut rien dire, a moins de préciser se a quoi il faudra résister. M’enfin ont peut résister avec des idées et avec des mots, mais pas contre tous les maux.
Si, Conseil National de la Résistance cela veut dire quelque chose : cela a existé.
En etes vous si sur?
🙂
« Sauve qui peut »
C’est le cas. Un groupe, une organisation dont la charte est essentiellement basée sur des échanges commerciaux et la circulation des capitaux – sur l’argent donc – ne peut durer qu’un temps. Elle tiendra tant il y aura des bénéfices réciproques. Ce qui différencie ce type d’organisations d’une communauté soudée par une culture et langue commune, par des « facteurs affectifs ». Ce n’est pas le cas de « l’Union Européenne ».
Rideau!
Le conseil national de la résistance a bien existé, sauf qu’il est venu après une période de guerre mondiale. Sommes-nous à l’aube d’un nouveau conflit ?
Entre 1929 et 1939, il s’est passé 10 ans…nous verrons bien en 2018, si l’histoire bégaie une nouvelle fois.
« Peu importe la couleur du fil, pourvu qu’il attrape le poisson. » Mao Zé Dong
« Les Chinois disent toujours « oui » mais c’est pour que l’autre ne perde pas la face, à l’asiatique. »
Même lorsqu’on négocie une aide de plusieurs milliards?
En tout cas, aujourd’hui, le bon du trésor grec à un an est à 202%
J’admire votre goût pour la prédiction, Paul Jorion. Si je ne peux que saluer la pertinence de certaines d’entre elles, celles que vous portez au public, votre perspicacité dans la reconnaissance des bégaiements de l’histoire, j’émets une réserve: rien n’est joué d’avance.
Nous sommes en paix avec les peuples d’Europe, la jeunesse des années 70/80 (mes aînés) – arrivée à maturité aujourd’hui – s’apprête à prendre les commandes, nous n’avons pas été traumatisés par des guerres affreuses, ou exploités sans conscience dans un système qui nous a malgré tout fournis la santé et une éducation, le capitalisme n’a jamais été autant critiqué, et il est critiqué non pour ses excès mais pour son principe, tandis que l’évidence d’un monde qui s’effondre s’impose à un nombre conséquent de femmes et d’hommes davantage comme l’opportunité d’en construire un nouveau que comme l’occasion du sang, de la sueur et des larmes.
Les choses peuvent bien tourner, parce qu’en période de crise, s’il est clair que la boue remonte, il y a parfois des trésors qui refont surface. Je parle des Indignés qui – sans le savoir – viennent de ressusciter les moeurs démocratiques de l’Occident, de re-susciter le goût de vivre libres entre égaux, in a sheer togetherness.
Bonjour,
http://imagine-que-c-est-un-reve.over-blog.com/article-monsieur-sarkozy-allez-vous-faire-voir-chez-les-grecs-philippe-val-87780584.html
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