Billet invité.
Je n’ai pas de billes (plus que cela) pour l’affirmer mais je me risque à une analyse toute personnelle sur le fait que Papandréou a tout simplement pris acte de l’absence d’une majorité au parlement et que la motion de confiance était d’ores et déjà perdue, suite à la finalisation de l’accord. De sorte qu’il ne lui restait qu’une seule carte, mais à ‘coup unique’ : le référendum.
Celui-ci a plusieurs ‘avantages’ politiques :
1/ comme de nombreux commentateurs l’ont indiqué déjà, celui de mettre les Grecs devant non plus le fait accompli (au contraire) mais bien devant leurs responsabilités : en cas de ‘oui’, le premier ministre en ressortira renforcé politiquement pour mener sa politique mais aussi mettre ses propres troupes devant leurs responsabilités (leur légitimité représentatives contre celle du peuple) ; en cas de ‘non’, il pourra sortir de cette situation en s’en lavant les mains.
2/ le chantage aux partenaires, afin qu’ils acceptent de renégocier l’accord de manière plus favorable. Personnellement, je n’y crois pas, même si la date indiquée est celle de janvier 2012 (2 mois), pouvant laisser croire que le délai serait suffisant pour renégocier l’accord plus favorablement. Or, cet accord obtenu et d’ores et déjà caduc l’a été au prix de tensions phénoménales, sans même être certain qu’il le soit, puisque le Bundestag doit le ratifier. On imagine mal les députés allemands, mis devant le fait accompli, avaler une telle couleuvre … Papandréou le sait et ne compte pas vraiment sur cette option : il n’obtiendra pas plus, surtout pas de cette manière là. Car si les partenaires cèdent à ce ‘chantage’ politique, demain, rien ne pourra alors empêcher tel ou tel pays entré dans la zone des tempêtes de faire de même (je pense à l’Irlande). Si les partenaires européens cèdent maintenant, ils n’auront alors plus aucune légitimité.
Autre élément très important : on ne me fera pas croire que Papandréou ne sait pas que deux mois à attendre un référendum dans une telle configuration ne pourrait pas ne pas être calamiteux quant à la réactions ‘des marchés’, et ce pour TOUS les pays européens. C’est actuellement en cours, avec la plongée des bourses mais aussi l’augmentation des spreads et des taux d’intérêt (et donc des tensions entre nations).
3/ imposer une référendum lui permet d’éviter un gouvernement d’union nationale, réclamé jusque dans ses propres rangs mais aussi d’imposer à l’opposition un positionnement : pour ou contre l’accord mais aussi pour ou contre la légitimité de ce gouvernement à conduire la mise en œuvre de ce plan. L’opposition ne s’y est pas trompée, qui réclame à cors et à cris non pas un référendum mais bien des élections anticipées, pour éviter ce piège. In fine, il ne reste comme seule solution à l’opposition que de démissionner en bloc, pour provoquer de nouvelles élections (et donc porter la responsabilité de l’instabilité politique). Le référendum aurait donc aussi un objet de politique intérieure.
4/ l’histoire : Papandréou ne veut pas entrer dans l’histoire comme celui qui aurait ‘vendu’ son pays à des pays étrangers. Cette dernière option est des plus importantes, si on examine l’histoire grecque contemporaine et que l’on tient compte du fait que Papandréou a fait une bonne partie de sa carrière à l’étranger (aux US). Hier, le Président de la République lui-même a dû battre en retraite lors des manifestations de l’anniversaire de l’indépendance, sous les cris de ‘traître’. Devant l’histoire, Papandréou ne veut pas paraître comme LE traître à sa patrie, celui qui l’aurait vendue sous la pression de l’étranger. Les partenaires européens n’ont pas suffisamment tenu compte du passé contemporain de la Grèce, en méjugeant ou sous-estimant le nationalisme (et sa spécificité, l’occupation turque pluri-centenaire, soit le ‘joug étranger’) et sur-valorisant l’européanisme (véritable) des Grecs.
Cette dernière option s’appuie sur une analyse qui tiendrait pour acquises :
– l’inadéquation du plan par rapport aux besoins réels du pays et du peuple grec : pire, ce plan ne ferait que renforcer la crise sociale et politique si il venait à être appliqué (avec notamment comme effet induit de sabrer les retraites par répartition des Grecs si celles-ci sont ‘libellées’ en obligations grecques) ;
– l’impossibilité d’augmenter la politique d’austérité sans provoquer un soulèvement populaire majeur, risquant de mettre en péril la jeune République hellène ;
– l’impossibilité, même par le chantage, d’obtenir plus des partenaires européens ;
– l’impossibilité pour le gouvernement de continuer à gouverner ainsi, les marges politiques devenant non plus nulles mais absentes (défaillance de députés du PASOK).
En récapitulant :
1/ Papandréou sait qu’en cas de référendum, la réponse sera négative. Dans ce cas, il en sort dédouané devant l’histoire, ce qui rejoindrait le point 4/
2/ Le chantage ne peut pas produire autre chose qu’une contre-réaction encore plus négative, surtout s’il laisse le temps ‘aux marchés’ de réagir (c’est actuellement le cas).
3/ Il prend sa revanche face à une opposition qui est en bonne partie responsable de la crise de la dette (explosion de la dette publique sous le gouvernement précédent, SPV de Goldman Sachs, …) et qui ne l’a jamais soutenu, bien au contraire.
4/ le premier ministre est persuadé, qu’avec ou sans accord, la Grèce EST dans le mur (mais pire encore avec l’accord).
Il n’a donc aucun intérêt à signer cet accord mais ne peut pas, dans le même temps, refuser de la signer, vu la pression des partenaires européens.
Il se ‘venge’ donc : de l’opposition, de ses députés qui ne le soutiennent plus, de ses partenaires qui ont voulu lui faire signer un accord ‘léonin’.
Toutes proportions gardées, Papandreou n’a-t-il pas voulu être le dirigeant d’un gouvernement signataire d’un accord dont tout apparemment pour les Grecs faisait qu’il ressemble à celui du Traité de Versailles, que les vainqueurs ont imposé à la toute jeune République de Weimar ?
Si nous connaissons les conditions ‘accordées’ à la Grèce quant à ‘l’effacement’ de sa dette (en fait, seulement d’une partie, celle des banques, pas 50%), car c’est évidemment autour de cette question (et de celle-ci uniquement) que les médias ont porté leurs regards, connaissons-nous les ‘contreparties’ exigées ?
Les avons-nous bien jaugés, à l’aune du regard grec ?
Si certains (un bon nombre) ont glosé sur le ‘Munich financier’ que l’aide chinoise aurait produit avec l’accord de Bruxelles, qu’ont-ils à dire maintenant qu’un référendum est proposé au peuple grec par un gouvernement social-démocrate sur ce même (dés)accord ?
Georges Clemenceau avait dit : « L’Allemagne paiera », comme certains ont pu dire ‘La Grèce paiera’, lors de l’accord de Bruxelles, par un étrange revers de l’histoire (la Grèce faisait partie des vainqueurs, reconnue par le traité de Sèvres, qui lui octroya la Thrace et une partie égéenne de l’Asie mineure).
Friedrich Ebert, président de la République de Weimar dira, lui : « de cette paix imposée grandira une nouvelle haine entre les peuples et de nouveaux meurtres au cours de l’histoire ».
Un jeune économiste anglais, membre de la délégation britannique envoyé pour participer à la négociation du Traité, John Maynard Keynes, s’opposa lui aussi au ‘diktat de Versailles’, jugeant que celui-ci ne produirait rien de bon, ni pour l’Allemagne mais ni non plus pour l’Europe, voir le monde entier.
Il écrit alors, dans le livre qu’il fait paraître en 1920, ‘Les conséquences économiques de la paix‘ : « le Traité ne contient aucune mesure en faveur du rétablissement économique de l’Europe – rien pour faire des empires centraux vaincus de bons voisins, rien pour stabiliser les nouveaux Etats européens, rien pour que la Russie revienne vers nous. Il n’encourage en aucune façon des accords de solidarité économique entre les Alliés eux-mêmes. Aucune disposition n’a été prise pour remettre de l’ordre dans les finances de la France et de l’Italie, ou pour réajuster les systèmes du Vieux et du Nouveau Monde. » (soulignés en gras par moi).
Mais il écrit aussi ceci : « Ainsi ce système remarquable reposait pour se développer sur une double supercherie. D’une part, les classes laborieuses acceptaient une situation où elles ne pouvaient prétendre qu’à une très petite part du gâteau qu’elles-mêmes, la nature et les capitalistes avaient travaillé ensemble à produire ; elles l’acceptaient par ignorance ou par impuissance, sous l’effet de la contrainte ou de la persuasion, ou amadouées qu’elles étaient par la coutume, la tradition, l’autorité et la solidité de l’ordre établi. D’autre part, les classes capitalistes pouvaient prétendre au meilleur morceau du gâteau et il leur était loisible, théoriquement, de le consommer, à la condition, implicite, de n’en consommer en fait que très peu. Le devoir d’ »épargner » représenta bientôt les neuf-dixièmes de la vertu, et l’agrandissement du gâteau l’objet de la vraie religion. »
« Nous sommes à la morte-saison de notre destin » écrivait-il alors.
91 ans plus tard, il est toujours possible de souscrire à son analyse.
190 réponses à “LE GAMBIT DE PAPANDRÉOU, par zébu”
L’autre option est que Papandreou veuille simplement « tomber à gauche », laissant à d’autres l’obligation de coopérer avec l’inévitable et obligeant la ND à prendre sa part de responsabilité dans le fiasco.
Bref, une historiette de politique intérieure venant parasiter le Grand Jeu.
Ou qu’il ait mal pris que l’Allemagne, sitôt l’accord entériné, retrouve 56 milliards sous le sabot d’un cheval, ou que…
Bref trop d’inconnues.
Le plus probable est que nous n’avons pas les informations suffisantes pour nous forger une idée, sauf peut-être que que ce référendum n’aura jamais lieu.
Pour l’instant, sur ce sujet, je préfère rester au fond de mon terrier à grignoter le peu que je sais.
‘Tomber l’arme à gauche’ ?
@Zebu
je suis très étonné par l »absolue unanimité du soutien du PS à ce réferendum. Pensez vous possible que Papandréou a pris cette décision après concertation avec ses principaux collègues européens de l’Internationale Socialiste?
Non, je pense qu’il se contrefout de ‘l’internationale socialiste’ (sic) comme de sa première sirtaki.
Et je pense que le PS n’a pas d’autre choix que de soutenir un référendum.
Piégés par l’aide des chinois.
Piégés par le référendum grec.
On n’est pas prêts de voir le bout du tunnel …
Le PS ne propose que de continuer le régime des banquiers
dont il est un pilier depuis très longtemps.
Mais il faut, pour la comédie de l’Alternance,
qu’il se distingue d’une façon ou d’une autre:
un jour il fait de la xénophobie avec les chinois,
un autre jour il se colle un vernis démocratique avec un référendum…
Ou peut-être après concertation avec les US avec lesquels il est très lié, qui voient dans ce plan l’arrivée des Brics qui tentent indirectement de peser plus lourd au Fmi en contribuant au sauvetage de l’Euro.
Reprise de mon commentaire (signé Marlowe) de ce jour à 10 h 29.
1. Le risque de ne plus tenir la rue sans l’aide des militaires est chaque jour plus grand.
Et quand il n’est pas dans la rue, une part croissante du peuple ne veut plus travailler.
2. Rembourser ce qui reste à rembourser est impossible.
3. Laisser le peuple décider de son sort, ou faire croire qu’on le laisse décider quand les dés sont jetés, permet de dédouaner le pouvoir politique et de maintenir l’illusion démocratique.
4. Il s’agit de sauver d’une manière désespérée la possibilité d’une souveraineté démocratique.
5. Le prix à payer sera un grand nettoyage de printemps sous l’égide d’un gouvernement d’union nationale, avec, si cela est indispensable, un passage par un gouvernement autoproclamé en réaction contre la gouvernance autoproclamée de l’Union Européenne.
6. Pour cette gouvernance européenne, le grain de sable venu de Grèce est le premier d’une longue série et l’entrée pour tous dans la zone de tous les dangers.
+1
Papandréou et sa récente idée ne pèsent pas lourd face à des mois d’émeutes. C’est fou cette capacité à occulter le rôle de semaines et de semaines d’émeutes dans la reconquista démocratique.
Soit Papandréou a tort de se plier à la dictature des marchés, soit il a tort de s’y opposer, mais on ne peut pas lui reprocher les deux à la fois, à moins de considérer que sa fonction politique soit par définition vouée à l’erreur systématique.
C’est parce que Papandreou est dissonant ! 😉
« 1. Le risque de ne plus tenir la rue sans l’aide des militaires est chaque jour plus grand. »
Risque fort possible.
Ou, à l’inverse, de prévenir que l’armée (ou une partie) ne bascule du côté des manifestants.
On a déjà vu des soldats aux côtés des manifestants en octobre …
Ou simplement l’armée Grecque avait envisagé un coup d’Etat… Ce ne serait pas la première fois.
La partie de poker est lançée, d’autant plus qu’un parti, mais aussi un pays, peut se scinder en deux quand l’heure en est arriveé.
Il faudra attendre pour connaître les cartes réelles des différents joueurs qui doivent payer pour savoir.
N’oublions pas qu’à la guerre, pour connaître le jeu de l’adversaire, il faut payer avec le sang.
Les commentaires sont plus pertinents quand on change de pseudo ?
2 Marlowe , 2 Kerjean …je fais finir par mettre endoute les stats de fréquentation .
Mais si l’un et l’autre cotisent deux fois ….
je ne vois pas le sens de vos propos. Demandez à J.A. il vous confirmera que nous ne sommes pas la même personne. D’ailleurs, je n’ai jamais lu Marlow. Je vais aller y voir par curiosité.
à Juan Nessy,
Non Marlowe, détective chargé d’une enquête en ces lieux, a achevé sa tâche.
Il disparaît et laisse la place à « un grain de sable », expression reprise d’un article de Paul Jorion et premier pas vers la création du parti international des grains de sable…
@Zébu
Bravo. Belle analyse. Que je partage.
Je ne dispose pas non plus d’information privilégiée, mais mon analyse est la suivante:
Incontestablement, George Papandréou fait tapis. Son pari est à triple détente. Recentrer la vie politique grecque autour de son propre projet, négocier des marges de manœuvres avec les dirigeants européens et activer le profond nationalisme de l’opinion publique grecque. Il n’appartient pas à la lignée des Papandréou pour rien ! La voie est étroite mais il ne lui en restait pas d’autre.
Une explication devra être trouvée aux brutales mutations intervenues simultanément dans l’Etat major militaire. Nous l’apprendrons plus tard. S’agit-il de mettre en garde contre toute tentative de le lâcher ?
De le lâcher ou de le lyncher? 😉
Pour ma part, je crains que Papandréou ne fasse simplement un mouvement de côté. Il y aura des défections, le référendum ne sera même pas proposé au vote, ou s’il l’est, il sera refusé, provoquant des élections anticipées, et il sait tout cela. Ses troupes semblent avoir été prises au dépourvu. Or, il est absolument impossible d’envisager mener à bien un référendum sans s’assurer au préalable du soutien de ses pairs. Moyennant quoi, il est fort probable que ce soit tout simplement le chant du cygne…
On pourrait expliquer la mise à l’écart de l’Etat major par la volonté (assez classique en Grèce lors d’alternances politiques anticipées entre Karamanlis et Papandréou !) de mettre en place des têtes favorables au Pasok. Mais ce serait aller vite en besogne car la réunion du jour était semble-t-il programmée depuis longtemps, et les limogeages n’auraient pas de lien direct avec la crise actuelle…
Bref, il est urgent d’attendre pour en savoir plus.
Ou comment reprendre à son compte les infos glanées à droite à gauche… C pas très beau Mr Julien Alexandre…
Vous avez raison Lili, la prochaine fois, plutôt que de faire appel à mes sources bien informées, j’inventerais quelque chose tellement éloigné de la réalité que personne d’autre aura pu dire la même chose ailleurs. OK ?
Le temps des colonels…
@ Lili
Tu crois qu’on vient sur ce blog pour s’informer, pour partager des informations et des analyses, pour lire des synthèses à chaud comme celle de J.A. ce soir ou pour assister à des braiments comme le tien dont l’intérêt m’échappe encore?
Ou parer un coup d’état militaire ?
Le tableau se précise.
George Papandréou semble avoir voulu en premier lieu reprendre l’initiative au sein de son propre parti, le Pasok. Vis à vis de son ministre des finances, Venizelos, qui rêve de devenir Calife à la place du Calife, et de députés qui ne voulaient plus le suivre et voter de nouvelles mesures de rigueur.
Suis d’accord aussi mais reste l’ultime analyse, qui serait qu’il prend fait et cause de l’impossibilité de quoique ce soit, y compris de la négociation (je n’y crois pas un instant : Sarkozy, M. blabla, certes, vient pourtant de prononcer encore une fois le TINA).
Mettre tout le monde (PASOK, opposition, ‘partenaires européens’, grecs, …) devant leurs libres arbitres.
« Tout est perdu, fort l’honneur » pourrait être son analyse …
@Zebu
Certes, mais je suis plus ouvert que vous à la possibilité d’infléchir la troïka sur l’austérité, d’autant plus que les américains et les chinois vont une nouvelle fois tomber à bras raccourcis sur les européens. Quoiqu’il en soit, Papandreou vient de dégoupiller une grenade…
@ Nicks :
Pour négocier, tu me diras qu’on fait mieux, surtout quand on la jette une fois dégoupillée … (remettre une goupille dans une grenade dégoupillée, faut vraiment pas avoir la parkinson)
« La CIA craint un coup d’État en Grèce » (l’article date de 05/11)
http://www.contrepoints.org/2011/05/31/27166-la-cia-craint-un-coup-detat-en-grece
(trouvé d’autres articles en anglais sur la même thématique…)
@Zebu
Parce que vous croyez qu’il y a eu beaucoup de négociations conciliantes jusqu’à maintenant ?
@Nicks :
Ben non. Justement. Je pense que si Papandreou a envoyé la grenade, dégoupillée, c’est bien parce qu’il a constaté qu’il n’y a pas eu négociation.
Et qu’en conséquence, il n’y avait pas lieu de ne pas la dégoupiller.
Ce faisant, il est clair que maintenant, il ne peut plus y avoir négociation …
Du tout.
(je précise que c’était clair pour lui et pour d’autres, mais pas pour tout le monde : pour les 98%)
@Zebu
Justement, c’est à mon avis le meilleur moyen de mettre sous le nez des « orthodoxes » que la situation est inextricable sans revenir à des positions un peu plus favorables aux populations. A défaut, il n’y aura plus de paravent pseudo-démocratique pour justifier l’action de la troïka. A mon sens, elle est coincée. Ce qui ne veut pas dire qu’elle va entendre raison, mais encore une fois, la confiscation de souveraineté sera désormais transparente…
Tout est perdu fors l’honneur. C’est pas fort mais c’est mieux.
Papandréou s’est perdu dans ses calculs. Mais, s’étant perdu, l’élément de décision fut qu’il voulut, un instant (mais il le fit ; les marchés laissent décidemment encore trop de libertés aux gouvernants [ironie]), sauver son âme, celle de son nom, de son rôle, qui renvoie à son peuple. was ist das = petite fenêtre, historique mais minuscule. Un bout du dèmos n’était pas loin de prendre l’assemblée il y a quelques jours… n’eût été le PAME. Cette peur ou cette volonté a inséré de la dialectique dans le barnum, pour un temps seulement, mais pour un temps suspendu. En mécanique on appellerait cela « un grain de sable ». Le chargé de mission technico-économique local précédent s’appelait Provopoulos, l’héritage politique devient dangereux.
Ou peut être de mettre en place des chefs qui sauront ne pas se montrer trop répressifs envers les manifestants…
La « logique » de Papandéou c’est peut être, dans tous les cas de figures, que le peuple reprenne un peu la main…
Concernant les analyses possibles de la décision de Papandréou :
Il semble établi que la décision a été prise par Papandréou seul. Son gouvernement n’était pas informé à l’avance, seuls quelques proches conseillers le savaient. Le combat qu’il mène semble effectivement se dérouler sur 2 fronts :
– vers l’extérieur, pour regagner un rapport de force un peu plus favorable
– à l’intérieur, contre des « intérêts puissants » qui ne cessaient de saper son action
Ceci d’après un cable de Reuters recueillant des confidences de proches.
En attendant, la réunion d’urgence du gouvernement grec est toujours en cours. Papandréou est toujours premier ministre. D’après ce qui filtre de la réunion, il maintient sa volonté de faire le référendum, il affirme être sûr de le gagner (ce qui ne veut pas nécessairement dire que le « oui » l’emporte, manière amusante de tourner la phrase), et que l’union européenne soutiendra la volonté de la Grèce de faire le référendum…
(le tout toujours via le Live news blog, Nov. 1 d’Athens News)
d’ici janvier 2012, la faillite grecque sera actée!
N’oubliez pas le livre prémonitoire de l’historien royaliste Jacques Bainville « les conséquences politiques de la paix. » qui a été republié avec celui de Keynes en 2002 dans la collection TEL Gallimard avec la préface d’Edouard Husson.
papandreou sait que les jeux sont faits et que son pays mettra un siècle à s’en remettre. en dernier recours veut faire porter le chapeau de cet échec au peuple grec plutôt qu’à ses élites…
a mon sens il est le 1er d’une longue liste à quitter le monde de la cybernétique et du story telling pour le réel…
Il pourrait aussi vouloir éviter un coup d’état ?
Bonne comparaison avec le traité de Versailles. Si Keynes avait été témoin des évènements de la semaine dernière, il nous aurait écrit un délicieux pamphlet sur « les conséquences économiques de Jean Claude Trichet ». Sa plume acerbe nous manque, tout autant que la lumière de son esprit.
Quoi qu’il en soit, accès de panique, calcul politique, ou bien coup de maître aux accents gaulliens d’un dirigeant face à l’Histoire, le geste de Papandréou aura au moins eu le mérite de faire sortir le loup du bois: que chacun prenne maintenant position, pour ou contre le coup d’état européen en cours, pour ou contre la démocratie. LE politique entre en scène.
Il est significatif que la simple évocation d’un referendum, dont on ne connait pas la question posée , provoque un tel « bazar » , et que l’on sache déjà si répondre Oui ou Non , va dans un sens ou dans l’autre , sans savoir à quoi précisément on dit oui ou npn . Je trouve là une illustration de la dualité qui est chère au maître des lieux , entre réalité et vérité .
Skaki , ça veut bien dire « jeu d’échecs » en grec ?
C’est un talent et une passion que les grecs , au chiasme de l’Orient et de l’Occident , partagent avec les slaves , entre raison et passion .
Je me demande si Aristote et Socrate jouaient aux échecs .
Mais la partie en cours sera utile , si elle oblige le monde à en partager les règles .
Ps : combien reste-t-il de bases de l’Otan en Grèce ?
Les échecs, c’est simple et sans danger.
Le poker c’est plus exaltant : il faut payer pour voir.
Pas d’accord :
Plaie d’argent n’est pas mortelle . Le poker est un jeu de tricheurs .
Les échecs , c’est la vie ou la mort .Et le respect de l’adversaire .
c’est , en gros , la différence entre la démocratie ( skaki ) et le capitalisme financier ( poker )
D’ailleurs . poker est anglo-saxon , et les échecs sont d’origine indienne .
à juan nessy,
Le poker, c’est plus exaltant : il faut payer pour voir.
Et la guerre encore plus, il faut payer avec du sang.
Si le sang et la guerre vous exhaltent , c’est que le sable n’est pas le seul à avoir un grain .
@ Juan :
« combien reste-t-il de bases de l’Otan en Grèce ? »
Pour quelle raison ?
c’est la précauton prise vis à vis des généraux grecs qui m’avait remis en tête l’importance des bases de l’Otan, que j’avais pu notée en Grèce lors de deux séjours dans les années 80 ( essentiellement tenues par des américains d’ailleurs ).
Je me souviens d’une réception où étaient présents à la fois un général grec et le général américain commandant la base de l’Otan du secteur , et l’on avait un peu le sentiment de relation de patron à employé .
Les choses ont pu changer depuis , et la Turquie intéresse sans doute stratégiquement davantage les USA .
@ juan nessy, le 1er novembre 2011 à 22 h 24
« Je me demande si Aristote et Socrate jouaient aux échecs. »
Pour Socrate, peut-être n’y jouait-il pas lui- même, la stratégie ludique renvoie au tric-trac. Pour Aristote, vu le voyage que fit celui dont il fut le précepteur, les paris sont ouverts.
Ce qu’il faut craindre, c’est un coup d’état militaire en Grèce.
Face à un peuple révolté, seul une main de fer peut arriver à imposer une austérité sévère.
Le pire, c’est qu’une dictature de droite aura l’assentiment des autres pays européens, trop contents de voir que le pays est dans de « bonnes mains ».
Pauvres de nous.
J’espère que cela leur sera épargné!
Je crois inéluctable l’explosion sociale en Grèce.
Car les pouvoirs locaux et européens s’accrochent à leur « doctrine économique abjecte » (Paul Krugman).
Ces gens-là ne s’arrêtent pas d’eux-mêmes.
Seule la scène sociale les écartera, soit de la doctrine, soit du pouvoir.
À nouveau, pour quelque temps, le ventre des tensions sociales met sous pression le réservoir d’énergie qui va tout commander.
Papandréou, comme les autres politiciens, danse sur ce volcan-là, actuellement plus chaud en Grèce qu’ailleurs.
Le défaut grec inéluctable va mettre ce pays hors la loi économique de l’UE.
La sortie de l’euro, qui risque ainsi de se réaliser de facto par le jeu de l’endettement insurmontable, sera en outre demandée par des secteurs de plus en plus larges, ruinés par l’austérité.
Dans l’Europe du sauve-qui-peut général (voir la piqûre de rappel de Paul de cette semaine) seules l’intoxication, la menace et la servilité pourraient contraindre davantage les citoyens grecs ordinaires à accepter l’étranglement que leur font les règles imposées par les pays les plus riches et puissants.
Mais le réel commence à l’emporter sur les hauts-parleurs, et appartenir à l’Union Européenne devient synonyme de s’offrir à une mise à sac impitoyable et aveugle.
Il va evenir de plus en plus facile de faire valoir les avantages d’une sortie de la monnaie européenne pour une Grèce démantelée.
Avec ou sans Papandréou, ce pays va quitter la zone euro, sinon l’Union.
A fortiori si les militaires prennent le pouvoir.
Bien vu!
Tiens, Sarkozy me donne raison:
le référendum doit avoir lieu le plus tôt possible et poser aux Grecs la seule question qui vaille : veulent-ils rester dans la zone euro ? Telle est la position de négociation de Nicolas Sarkozy (source)
Je continue mon propos plus bas, après le commentaire 56.
Peut-etre trop proche des marchés ( Syndrome de Stockholm ), et de la peur du saut vers l´inconnu.
Gagner du temps avant les élections régionales, 50% du travail etait fait.
Un pays au bord de l’insurrection
Une situation politique personnelle délicate
Une majorité politique versatile et ténue
Une opposition qui pratique un harcèlement de hyènes
Une pression de Gauleiters, pardon, d’émissaires européens, installés jusque sur son territoire.
Un certain mépris du simple troufion grec, affiché par l’arrogant couple germano-franc
Papandreou n’aurait-il pas de bonnes raisons de renverser sa gamelle…..et de menacer d’en appeler à la « meute »?
Il me semble que cette idée de référendum est assez élégante.
Au fond, une faillite grecque suivie d’un moratoire de deux ans permettra aux grecs (comme pour l’Argentine en 2000), de renouer avec une croissance économique instantanément, grâce à l’émission d’une nouvelle monnaie nationale. On parie?
Pour l’Irlande, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la France et la Belgique, ce sera le même scénario sous peu!
Selon votre point de vue, surtout le point 4 , Papandréou , face
à des perspectives inextricables, se « défausse » sur le Peuple.
On peut faire des éxégèses à l’infini sur les motivations,
il me semble pourtant que c’est surtout exemplaire dans le sens de la démocratie.
( « ils l’ont inventé, ils l’ utilisent », quoi de plus normal !)
Pour ce qui est de l’arrière-plan historique après l’occupation ottomane,
ceci, plus récent:
Pour les Grecs, les 1.ères et secondes guerres n’ont pas marqué la fin des combats.
Ils ont joué des prolongations.
Après celle de 14-18, il y a eut une guerre malheureuse contre la Turquie,
avec de très grands exodes et échanges de populations: accueil, reclassement. etc…
Après 1945, ils se sont entre-battus dans une guerre civile de 1945-46 à 1949
absolument terrible et dévastatrice: du courage à revendre des 2 côtés
et « la guerre froide » qui les alimentent généreusement en armes.
( « Le Feu et La Hache » . Evangelos Averoff-Tossizza. 1973) .
Je ne connais rien à la Grèce, mais la chose devrait avoir laissé des traces…
Cette guerre semble passée sous silence, un cadavre dans le placard .
Très belle analyse que je partage totalement!
J’ajoute simplement que le régime à monnaie capitaliste (thésaurisable) ne peut laisser aucune autre issue!
Ehe, ce Johannes …
Il en fera fondre plus d’une.
Je veux dire, de monnaie, bien sûr, de monnaie.
😉
Vous avez raison, et cela confirme bien mon analyse.
En refusant obstinément l’adoption d’une monnaie fondante, la « fonte » vient de l’extérieur » comme du réel!.
Lacan expose le mécanisme de la forclusion qui fonctionne ainsi:
« Ce qui est rejeté du symbolique nous revient du réel », autrement dit en pleine poire!
Puisque les administrateurs de la monnaie, pas plus que les économistes, ne veulent entendre parler à aucun prix du signe monétaire marqué par le temps (le SMT), ce marquage du temps s’impose à grande échelle, car la monnaie telle qu’elle est est bien elle-même le principal risque systémique.
Les financiers et autres capitalistes n’en sont que l’instrument circonstanciel d’un ordre pervers.
Johannes,
Votre intuition est valable, au delà des apparences que vous lui aviez donnée à priori , ce signe fondant existe fonctionnellement .
Reste à lui donner un nom.
Nous assistons à la disparition de l’ argent, et à la naissance d’ un crédit personnalisé, outil de réalisation de projets ciblés (taux bas pour projet conforme a la cible sans risques, taux élevés pour projets non consensuels ou risqués ?)
Quel sera notre façon de débattre de nos projets ?
Démocratique ?
Cela ne s’invente pas :
« 11.50pm Health and Social Solidarity Minister Andreas Loverdos has said « no » to the possibility of a referendum. »
http://www.athensnews.gr/portal/8/49905
Un ministre de la santé qui s’appelle Loverdos, c’est très moyen : pas étonnant qu’il ait déclaré que les limites du possible ont été franchies ….
Plus sérieusement, avant que d’avoir la guerre des nerfs et l’UE contre-attaque, c’est déjà la guerre intestine, en Grèce.
Loverdos fait penser au banquier Tricher.
Zébu, il vous manquera toujours quelques billes, puisque personne ne peut les compter.
Ça n’empêche pas de réagir HO et la citation de Keynes est bienvenue.
Le temps du politique est long en démocratie, bien plus long que le temps du bizness financier ou pas, ça tient à ce que Jorion rappelait un jour de la structure de type tyrannique dans l’entreprise. Bref dans cette époque d’HFT, l’escargot de la représentativité court au moins le risque de finir au beurre et à l’ail.
De plus la volonté du peuple identifiée via l’électeur de temps à autre de façon comptable lors d’élections grandeur nature, est aussi changeante que celle artificialisée de l’opinion publique par les sondages. Sauf à surfer (on parle de vague rose ou bleue…) – mais c’est toujours provisoirement – sur un soutien dépassant très très largement les fatidiques 50.01 %, les élus (pas les zébus) risquent l’instabilité. Il aura fallu plusieurs élections à Allende et à Chavez pour obtenir une franche majorité et pour le second rien n’indique qu’il ne finira pas par faire les frais par ceux pour lesquels il en a fait engager. Voir aussi le Général après mai 68. Quelqu’un rappelait à la louche qu’un tiers des ouvriers n’avait pas voté à gauche en 81, et avait continué à ne pas, malgré les bénéfices acquis au début et qu’ils souhaitent aujourd’hui conserver.
On dit que l’angoisse est mauvaise conseillère, et je ne doute pas que le clan du bizness a les moyens et l’organisation pour la faire parler le temps de préparer un référendum. Ce n’est pas pour rien que là où il se passe quelque chose, les médias privés comme publics deviennent vite un champ de bataille, puisque s’y répand ce qui constitue le prêt à porter taillé à la mesure des circonstances. D’où la tentation du journal d’opinion unique pour – définitivement bien sûr – régler le différend.
Vous évoquiez dans un précédent billet l’intérêt de demander des comptes aux élus. « la façon dont nous déléguons aux représentants sans les contrôler le pouvoir. » écriviez -vous. Ils font parfois des comptes rendus adressés par la poste ou e-mail mais si de nombreux électeurs venaient à leur écrire, il faudrait démultiplier les représentants…et faire de l’exercice de la démocratie un loisir. C’est une direction qui n’est pas d’actualité.
Ce midi à table un médecin spécialiste arrivant à la soixantaine me parlait d’un souci. Propriétaire entre autres, d’un petit appart de placement, mais loi de 1948 acheté début 2000 une bouchée de pain via un conseil qui par réseau connaissait « l’affaire » (loi de 48 : pas de bail écrit, mais un occupant qui est réputé locataire puisqu’il paye le loyer depuis…48 ). Le souci est là : la locataire âgée décède, mais un supposé concubin beaucoup plus jeune prétend à la poursuite du bail, et peut prouver qu’il a quelques temps remboursé à la locataire la moitié du loyer (qui à Paris s’avère très dérisoire). Ce médecin a toujours voté PS, est réputé de gauche, mais envisage de faire expulser le jeune type. Hélas, c’est compliqué, l’avocat va coûter cher, ça va prendre du temps, alors que le « locataire » aura un avocat gratos commis d’office (et çà, grâce aux impôts du propriétaire etc.). Ce placement est bien sûr conçu pour améliorer le niveau de la future retraite qui c’est bien connu plombe financièrement les professions libérales.
Que faire de tels états d’âmes ou la division entre citoyen et bourgeois s’exprime ? Car la conversation changea quand je demandais si mon interlocuteur souhaitait fabriquer un SDF de plus…
S’il y a une division entre le citoyen et le bourgeois, la seule solution pour soulager cette souffrance morale, me semble être de supprimer le bourgeois. Mais la question vaudrait-elle d’être posée par référendum, si elle était à portée des consciences ?
D’autres opteront pour supprimer le citoyen.
Vaste sujet …
Bizarre que vous citiez Allende, en ces temps incertains.
Concernant votre affaire, je dirais personnellement qu’il faudrait que la loi ait à intervenir.
Mais d’une manière différente que seulement de dire : ‘vous êtes un salop de bourgeois’ ou ‘vous êtes un jeune con de profiteur’.
Sans doute dans l’obligation d’une médiation aux deux termes. Proposer par exemple la transformation du loyer 48 en loyer à bail mais avec un bail de 6 ans par exemple et un préavis d’un an. 6 ans, c’est suffisamment long pour un locataire à Paris, pour pouvoir se construire et assez court finalement pour le propriétaire, au regard de ses attentes quant à sa retraite (un complément, si je ne m’abuse).
Ou de proposer au ‘jeune’ l’acquisition du dit logement, à condition que les prétentions de marges bénéficiaires du propriétaire ne soient pas exorbitantes (faire la culbute). L’idéal serait que la loi, par exemple fiscale, impose aussi de limiter l’attractivité du’une telle culbute sur le splus-values immobilières, en les taxant progressivement, comme l’impôt du même nom, histoire de faire ‘sentir’ au plus-valueur combien le poids de cette plus-value ‘pèse’ sur lui …
Voir même d’augmenter le loyer sous transformation de celui-ci en viager, comme complément de retraite.
Et en fonction des solutions proposées, d’identifier celui qui refuse toute solutions et d’aller en justice avec le dossier, pour cette fois trancher. Avec l’historique de la médiation.
ça existe pour les divorces : pourquoi cela ne devrait-il pas exister pour les questions de propriété ?
C’est long, c’est chiant. Mais ça évite des amputations à chaud, dont et l’un et l’autre pourraient à devoir s’en préoccuper plus tard : les pires des amputations sont celles de l’âme (disent les psys et les curés, je crois).
Surtout, là encore, c’est le cadre dans lequel les deux individus inter-agissent qui doit être modifié (propriété, fiscalité, …).
@zébu 2 novembre 2011 à 10:22
Je n’ai aucune illusion sur la bonté de la finance et consorts quand les privilèges sont en danger, d’où Allende.
Sur l’affaire, c’était pour concrétiser la division avec une pointe d’ironie sur l’électorat PS classe moyenne.
C’est justement quand les intérêts vitaux (ou qui semblent…) de chacun sont incompatibles, que la raison du droit ou de la lutte des classes etc. est convoquée.
Pour le droit, le nôtre, malgré des évolutions la balance conserve son penchant. C’était moins le cas en 48 ou occupation valait bail à vie, mais c’était dans d’autres coordonnées politiques et immobilières.
Ceci dit, vous êtes inventif : l’extinction des rentiers multipropriétaires par la solution du viager obligatoire, plus la taxation des sommes perçues. Mais c’est un hold-up de type bolchevik que vous proposez là, avec atteinte aux droits sacrés de la propriété. Y en auraient des qui userait du Semtex, juste pour profiter de l’abusus une dernière fois.
Le rapprochement avec les divorces est juste. Ce qui les fait trainer, c’est toujours le partage et les dédommagements.
Ceux qui ont voulu toucher au cadre, même qu’un peu, ont suffisamment été débordés par la réaction de ceux d’en face, que ça les a entraîné plus loin que là où il avaient annoncé qu’ils voulaient aller. Ça interagit comme vous dites, un soupçon de méthode dialectique là dedans ?
Mais il faut voir le problème dans son ensemble.
Quand j’ étais interne, j’ enchainais gardes sur gardes, pour soigner à 3 heures du mat toute la détresse du monde qui n’ était pas que médicale : sdf ivre, femme battue etc…
Quand il fallait opérer le lendemain les blessés de la nuit, il fallait réussir à « rajouter » le malade de
nuit dans le programme prévu de longue date (programme froid).
Le personnel fixe salarié, ne mettait que peu d’ entrain à accélérer les choses pour que ce malade soit opéré vite : le sport national consistait pour l’ interne à essayer de faire anesthésier le malade avant 15 h sinon il fallait qu’ il fasse l’ intervention avec le chef de garde à partir de 18h30 (sur la garde suivante).
En tant que seul lien fixe entre le malade et le système, ayant le lien humain le plus fort avec le malade pour cette raison ( tous les autres intervenants a horaires fixes changeaient après leurs heures), l ‘ interne pouvait mesurer la puissance de ce dilemme entre le citoyen salarié remplissant une mission de service public et le bourgeois qui tient à optimiser sa présence sur le lieu de travail.
Quand je montais dans ma Visa Diesel pourrie, et que je passais devant l’ immense parking du chu, j’ étais stupéfait de voir toutes ces voitures neuves de ce personnel des classes moyennes salariées, propriétaires de leurs Appart ou maison.
Je me disais : mais comment font-ils ?
Ma réponse était : « ils ont travaillé plus tôt que toi , ou ils ont hérité du fruit du travail de leurs parents ou les deux ». Je n’ éprouvais pas de jalousie , l’ avenir qui m’ attendait étant plus qu’ éloquent si on observait la situation de mes aînés médecins sur les même critères (tout pareil, mais en plus cher).
Le problème existait dans le discours qui divergeait de façon grotesque par rapport aux actes.
Un discours très marqué à gauche, des actes profondément individualistes.
( il m’ est arrivé de faire des « journées » de plus 36 heures interrompues par quelques quarts d’ heures de repos à cette époque, à cause de ces comportements de refilage de « patate chaude »).
Lors des manifs contre les ordonnance juppé, que nous percevions comme l’ entrée dans une médecine comptable, nous nous sommes fait essorer nos maigres revenus en retenues sur jours de grève, quand d’ autres groupements étaient payés rubis sur l’ ongle, dans les transports ou l’ éducation (on a goutté à la tendresse du caoutchouc des tatanes de CRS aussi- surprenant n’ est t il pas ?)
On était seuls a voir ce qui arrivait, on voulait juste qu’ ils le disent clairement et que cela soit debattu comme on debat un choix de société : on a offert un Pinocchio à Jacques barrot.
C’ est à cette époque que j’ ai eu la confirmation de la schizophrénie qui nous explose à la figure aujourd’hui.
Votre dénonciation du gros docteur pété de thunes, emblématique de ce conflit entre le bourgeois et le citoyen est encore très loin du compte. Vous êtes encore dans le déni .
Un indice : le bidule avec lequel vous avez tapé ce post, il est fabriqué où ?
Je comprends aujourd’hui que notre situation à tous était comme suspendue en lévitation dans la réalité , tout ceci était rendu possible par le crédit : les discours et postures sans leur application en actes et en responsabilités qui vont avec
Je comprends aujourd’hui que la situation patrimoniale de tous ces gens était financée par le crédit, et la croyance que nous avions tous que tout cela durerait toujours, nous faisant accepter notre condition.
@Tigue
2 novembre 2011 à 10:55
Mon clavier est chinois mais pas mon médecin qui est zaïrois. Guère plus jeune que moi, il m’abandonnera avant de m’accompagner dans mes derniers instants. Et pas de remplaçant. Les toubibs ont le discours de leur classe sociale d’origine modulé par le lieu où ils ont décidé d’exercer (ce qui n’est pas sans rapport avec leur engagement) et l’éventail est large entre ceux des beaux quartiers, des banlieues, des campagnes. Pas la même clientèle, ni les mêmes pratiques. Idem pour le secteur, ou le dépassement d’honoraire. Sans parler des parts dans les cliniques. Il existe des cantons où il est impossible de trouver un généraliste qui accepte de faire le médecin référent pour cause de surnombre de patients. Et les perspectives démographiques sont sombres. En limitant la démographie, on limite le nombre de malades qui consultent, qui reçoivent une prescription voire des examens complémentaires ou le renvoi sur un spécialiste. Donc on empêche les dépenses de santé. Et on économie sur le coût de formation médicale, en important des toubibs. Seule la barrière linguistique, et quelques réserves sur la compatibilité des diplômes empêchent l’immigration médicale. Je ne dénonce pas le « gros docteur pété de thunes » mais j’ai, qu’il s’agisse de docteurs où pas, toujours été frappé de la tendance dépensière de ceux dont les revenus dépassaient largement les miens, pourtant enviables ! Pour le crédit, ça va maintenant de soi.
Si vous entendez dire que la complémentaire retraite des médecins est plutôt faiblarde, pami les successions que je règle, moi je suis toujours impressionné de ce que la MACSF peut rapporter.
TIGUE,
Une conversation que j’ai eu avec un toubib généraliste qui exerce sur PARIS, lors d’un mariage d’un ami.
On parlait de la désertification des médecins en campagne, et moi je mettais ça sur le compte du manque de médecins, du numérus clausus…
Lui de me rétorquer: y a bien suffisamment de médecins. Le problème, c’est qu’ils se placent tous au sud de la Loire, et se font des emplois du temps sur mesure, le nombre de vieux à se partager étant suffisant pour nourrir tout le monde.
Ensuite, la conversation a dévié sur le fait de devoir aller au cabinet du médecin. En effet, il est plus difficile de trouver des médecins se déplaçant à domicile, particulièrement en ville. Lui de me répondre: « meilleur turn over ».
Un collègue, fils de pédiatre. On parle du « lait de croissance » pour les enfants, ou « lait de troisième âge ». Mon amie, alors qu’elle était vivement encouragée par le pédiatre de notre première fille à en acheter (lait qui coûte très cher), fait sa petite enquête, et se rend compte que dans d’autres pays (CANADA, SUISSE), ce lait, il n’existe pas. J’en parle à mon collègue. Lui de me répondre: « Y a eu un séminaire de la marque X (NESTLE je crois, mais pas sûr) auquel il a été dit que les pédiatres qui encourageraient la vente de ce type de lait auraient le priviliège de se voir offrir un week end à RIO, visite en hélico…
@Antoine 2 novembre 2011 à 17:13
Ce qu’on me rapporte équivaut à 2/3 du revenu antérieur. Mais complété par quelques placements pour les malins qui en ont eu les moyens. Je ne fais que rapporter une plainte, et pas m’y associer, les situations peuvent être disparates puisque les reversions dépendent des cotisations comme ailleurs. Je confirme la mauvaise répartition géographique, ce qui n’exclut pas un déficit global eu égard à ce qui a été. Cependant les stats sur la démographie médicale lues il y a quelques années à l’intérieur de l’Europe montrait des disparités importantes alors que l’incidence sur l’espérance de vie n’avait rien d’évident. Les usages de consultations sont très différents dans le temps et l’espace ; dans le monde paysan des années 60 on appelait le toubib quand il était trop tard. Pour la pédiatrie je confirme, la prescription de marques de lait, conduit à des petits séjours sympathiques toujours agrémentés d’une formation permanente bien entendu. Pour autant ça ne me paraît pas pire que des avantages aux cadres d’entreprise (téléphone, ordinateur, voiture, et note de frais). Tout ça est à revoir comme l’idée saugrenue de faire bénéficier les salariés d’entreprise d’une part des profits, ou d’actions, ce dont les fonctionnaires, les salariés d’associations, les libéraux, les artisans sont exclus. Tout est à revoir…
ROSEBUD,
Je ne vise ici la médecine qu’à propos. Mais il est vrai que d’autres professions se taillent aussi la part du lion.
Hier, mon père, de formation ingénieur, qui a eu une brillante carrière dans une boîte de construction de matériel informatique américaine, disait gentiement, la fleur à la bouche, qu’il y a trente ans, alors qu’il n’était que « chef de projet » dans un bureau d’étude, il a eu l’occasion de visiter NEW YORK en hélico…
L’hélicoptère, où le privilège des touristes distingués 🙂
Je ne blâme pas mon père particulièrement, ça reste mon paternel. Mais quand même.
» l’impossibilité d’augmenter la politique d’austérité sans provoquer un soulèvement populaire majeur, risquant de mettre en péril la jeune République hellène » ;
C’est quoi concrètement la « jeune république hellène », est-elle a ce point si différente de la vieille « république française » ou de la grande « démocratie américaine » ?
Faut-il spécifiquement la préserver d’un « soulèvement populaire majeur », doit-on pour la Grèce craindre la « classe dangereuse » , la populace incontrôlable devant le « protectorat » des puissants ? Devons-nous redouter la révolte des indignés ? Mais comment peuvent-ils changer les choses sans mouvement populaire ? Avec quelle combinaison électorale qui serait soutenue par l’Allemagne et par la France ?
Vite des solutions pour que le peuple grec rentre à la maison déléguant à qui de droit les bons choix pour son avenir !
C’est quoi votre problème, la taupe rouge 04 ?
Le terme ‘République’ ou le fait que d’avoir fait table rase du passé vous n’en connaissiez rien du tout ?
Les deux, sans doute.
Le Marche se suffit a lui meme. C’est lui le grand regulateur. Tout ce qui l’entrave est nefaste. De meme que les dinosaures ont disparu devant les mammiferes, Nous devons disparaitre pour laisser la place aux economies emergentes qui sont plus agiles, plus concurentielles, qui se font pas emmerder par des salopards d’ecologistes ou des adeptes des droits sociaux.
LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE
Big Brother
Zébu, c’est un EXCELLENT texte! D’une clarté remarquable!
« Le référendum sera un mandat clair et un message clair en Grèce et à l’extérieur concernant notre avenir européen et notre participation à l’euro » G Papandréou
Je crains que la notion de mandat et de ses limites soit un concept que certains eurocrates aient du mal à comprendre. Il est vrai qu’à force de côtoyer des gens qui se placent au dessus des lois, on prend de mauvaises habitudes.
Le principe du référendum européen : vous devez choisir parmi deux bulletins sur lesquels il est écrit oui.
L’effritement de « l’ancien monde » accélère, tout les jours, sous nos yeux.
On dira plus tard, bien plus tard, que bien sûr, cet enchainement d’événements était inéluctable.
Qu’il était écrit.
En attendant on ne sait pas de quel côté tombera la tartine.
Ou plus exactement on ne veut pas le savoir, tellement est invraisemblable l’état dans lequel se trouve le monde occidental si glorieux il y a si peut de temps encore.
Le limogeage des huiles, c’est pour inverser le budget de la Défense.Et le reste c’est pareillement du guignol.
Il faut sortir des schèmes francais, Europe fonctionne autrement. Europe est post clivage droite-gauche. Actuellement pédagogique.
Grandir! Grandir! sinon vous etes la pature des Staliniens. Destin specifiquement francais
Eh…
Ah tiens, un message de 1953 qui s’était perdu dans l’espace 🙂
@ Nicks :
Oui, je pense que la matrice s’affole !
Il y en a d’autres, plus haut : http://www.pauljorion.com/blog/?p=30372#comment-249291
merci pour cette explication, Zébu
Tiens, Sarkozy me donne raison: « le référendum doit avoir lieu le plus tôt possible et poser aux Grecs la seule question qui vaille : veulent-ils rester dans la zone euro ? Telle est la position de négociation de Nicolas Sarkozy » (source).
Sarkozy et ses pairs, mais lui peut-être plus qu’un autre, selon le degré d’exposition de chacun à la dette grecque, veut que la Grèce respecte les diktats de la doctrine abjecte, jusqu’à la mort s’il le faut.
N’oubliez pas que le principal conseiller, sinon le seul vrai conseiller, du président français en matière économique est le président du conseil d’administration de BNP-Paribas, ainsi que le dit Pierre Larrouturou, que j’ai déjà cité sur ce point dans ce blog.
Un grand banquier inspirateur de la politique d’un grand pays, c’est criminel !
Nous en avons l’illustration dans le réel et sous les yeux.
La politique de Sarkozy-BNP, c’est sauver l’actionnaire de la banque à tout prix.
S’il parle de « sortie de l’euro » comme vraie question, c’est bien que
1. cette issue n’est pas un fantasme, mais est inscrite dans le réel tel que perçu par ses conseillers de l’Elysée, et que
2. elle serait la pire pour les actionnaires de la grande banque française.
La politique d’austérité en Grèce, c’est une lutte à mort entre l’état social de ce pays et la sauvegarde des positions du capital des grandes banques européennes exposées, et, par extension, de tout le système bancaire européen. Chaque jour qui passe, la sortie de l’euro apparaît, et apparaîtra davantage, pour la société grecque, comme une option de moindre mal et de récupération d’une certaine marge de manoeuvre locale.
Les pouvoirs vont continuer de se livrer à tous les coups bas.