Dans Le Monde d’aujourd’hui : Jean-Claude Trichet : « Le secteur financier doit changer ses valeurs »,
Le Monde : Certaines de vos décisions continuent à faire débat, comme la hausse de vos taux en 2008 quelques semaines avant la chute de la banque américaine Lehman Brothers…
J-C. T. : A l’époque, il y avait une menace réelle de déstabilisation des anticipations d’inflation sous l’impact de la hausse des prix du pétrole. Bien entendu personne ne pouvait prévoir que Lehman Brothers allait déposer son bilan à la mi-septembre.
Ici-même, en date du 31 mars 2008, dans le billet intitulé : Notateurs et autorités financières,
Quand, il y a quinze jours, la Fed orchestra le sauvetage de Bear Stearns par J.P. Morgan Chase, le Daily Telegraph de Londres se fit l’écho de pressions discrètes exercées par la Federal Reserve de New York afin que l’on laisse tranquille Lehman Brothers dont il n’était pas certain qu’il soit en bien meilleure santé que Bear Stearns : interdiction était faite à ses concurrents de solliciter ses clients, pour éviter que des propos peu flatteurs quant à sa santé financière ne soient émis dans les conversations.
« Personne ne pouvait prévoir que Lehman Brothers allait déposer son bilan à la mi-septembre », à part la Fed de New York, le Daily Telegraph, le Blog de Paul Jorion… et dès le mois de mars…
33 réponses à “RAPPROCHEMENTS ASSEZ GÊNANTS”
Mais pas Jean Claude TRICHET le pôvre, il fait ce qu’il peut…
vous êtes sans pitié!
Espérons que son successeur fera preuve d’un peu plus d’imagination pour les excuses à deux balles.
« Personne ne pouvait prévoir » , dit monsieur Trichait.
« Personne ne pouvait prévoir » pourrait faire partie d’une recension du vocabulaire de l’idéologie dominante, qu’il serait utile d’utiliser systématiquement dans nos écrits pour un nouveau paradigme.
J’ai déjà commencé d’utiliser systématiquement « fondamentaux » pour désigner la cupidité, la toxicité et toutes ces pratiques ordinaires du business as usual, « externalisation » pour toute matière dont nos maîtres du monde entendent « je n’y peux rien » ou « je ne veux rien en savoir », « coeur de cible » pour les vraies priorités qu’ils ne s’avouent pas, ou en tout cas qu’ils ne nous avouent pas, et je rêve de discourir contre eux avec un mot à chaque phrase qui détourne leur vocabulaire.
Je remercierais tout ami de ce blog de collaborer à dresser la liste des mots à leur retourner.
guy@leboutte.eu
Les criminels paieront au jour du jugement dernier , Trichet à autorisé l’augmentation de la durée des crédits hypothécaires au delà de 20 ans , ouvrant la porte à une vaste spéculation , il en est l’auteur , il en est le responsable.
J’aimerais bien qu’ils payent avant le jugement dernier : je n’ai plus confiance dans aucun système judiciaire, tant céleste que terrestre, toujours au service d’un clan, de bienheureux pistonnés et autres élus .
Suite.
Dans ce dictionnaire du diable, il y a sans doute « valeurs » (…), « coût social » (ce qui gêne…), « facteur humain » , …
j’ajoute « esprit d’équipe » (entendez: « corruptibilité »)
« Qui aurait pu prévoir le mouvement Occupy wall street et sa propagation au sein de petites et grandes villes à la manière de fleurs sauvages ? »
John Carpenter, aurait pu et il l’a fait.
Mike Davis, « À court de chewing gum »
Il fait remarquer que le mouvement OccupyWallStreet exerce un effet de rayonnement que n’a pas la Toile: « la plupart de nos discours sur internet prêchent des convaincus ».
Je pense que nous sommes témoins de la renaissance de ces qualités morales qui ont défini de manière si caractéristique les immigrants et les grévistes de la grande dépression, la génération de mes parents : je parle d’une solidarité et une compassion spontanées et larges fondées sur une éthique dangereusement égalitaire. Une éthique qui dicte de s’arrêter pour prendre en voiture une famille qui fait du stop. De ne jamais briser une grève même lorsque le loyer est en souffrance. De partager sa dernière cigarette avec un étranger. De voler du lait quand vos enfants en manquait et d’en donner la moitié aux petits d’à coté.
Bon…
Je donne la fin:
Personnellement, je penche du coté de la position d’ultra-gauche et de ses impératifs évidents.
Tout d’abord : rendre visible la douleur des 99% ; faire le procès de Wall Street. Faire venir Harrisburg, Loredo, Riverside, Camden, Flint, Gallup, et Holly Springs au centre-ville de New-York. Organiser une confrontation entre les prédateurs et leurs victimes – un procès national du meurtre de masse économique.
Deuxièmement continuer à démocratiser et occuper de manière productive l’espace public (voir l’initiative « reclaim the commons »). Le militant de la première heure originaire du Bronx Mark Naison a proposé un plan audacieux pour transformer les espaces abandonné et en ruines de New-York en espaces de ressources (jardins, campements, espaces de jeu) pour les sans-toits et les sans-emplois. Les manifestants d’Occupy de tout le pays savent désormais ce que c’est que d’être sans-abri et sous le coup d’une interdiction de dormir dans les parcs ou sous une tente. Autant de raisons de briser les verrous et de réduire les barrières qui séparent l’espace inusité des besoins humains urgents.
Troisièmement, rester concentrés sur le véritable objectif. La question essentielle n’est pas une augmentation de l’imposition des riches ou celle d’une meilleure régulation du système bancaire. C’est celle de la démocratie économique : le droit des gens ordinaires de prendre de macro-décisions sur les investissements sociaux, les taux d’intérêts, les transferts de capitaux, la création d’emploi, et le réchauffement climatique. Si le débat ne porte pas sur le pouvoir économique, il est hors de propos.
Quatrièmement, le mouvement doit survivre à l’hiver pour combattre le pouvoir au printemps prochain. Il fait froid dans la rue en janvier. Bloomberg et tous les autres maires et responsables locaux comptent sur un hiver difficile pour défaire les manifestations. Il est donc important de renforcer les manifestations durant les longues vacances de noël. Enfilez vos parkas.
Enfin, nous devons nous calmer– le tour que peuvent prendre les manifestations actuelles est totalement imprévisible. Mais lorsque l’on construit des paratonnerres, il ne faut pas s’étonner si l’électricité finit par sauter.
Des banquiers, récemment interviewés dans le New York Times, prétendent que les manifestations d’Occupy ne sont guère plus qu’une nuisance produite par une analyse simpliste de la Finance. Ils devraient être plus prudents. En effet, ils devraient probablement trembler devant l’image de la charrette des condamnés. Depuis 1987, les africains-américains ont perdu plus de la moitié de leurs patrimoine ; la perte patrimoniale des latinos s’élève à l’incroyable taux de 75%. Depuis 2000, les Etats-Unis ont perdu 5,5 millions d’emplois dans l’industrie, ont vu 42.000 usines fermer et, depuis cette date, toute une génération de diplômés de l’enseignement supérieur est touchée par le plus haut pourcentage de déclassement de l’histoire des Etats-Unis. Brisez le rêve américain et les people vont vous le faire sérieusement payer. Comme l’explique Nada à ses imprudents assaillants dans le formidable film de Carpenter : “Je suis venu ici pour mâcher du chewing-gum et casser des gueules… et je suis à court de chewing-gum. »
Merci pour ce beau texte! J’ adhère totalement à l’idée que « la question essentielle… est celle de la démocratie économique. »
Depuis 2007, tous les vrais décideurs et certains cercles restreints savaient. Ils avaient les chiffres, EUX.
Sinon, « ils » sont tranquilles avec les indignés pendant 5 à 6 mois :
http://www.lemonde.fr/depeches/2011/10/29/tempete-de-neige-dans-le-nord-est-des-etats-unis_1192920.html
Ouuuuuuuuuuuuuuuffffffffffffffffffffff !!!
Plus besoin de les « comprendre »…
@ Yvan et les autres
Déjà vers 2006, on pouvait quelque peu se douter de ce qui arriverait.
L’hebdomadaire MARIANNE avait publié, à l’automne 2006, un long article de plusieurs pages sur les risques qui menaçaient.
J’ai gardé cette revue mais ne l’ai pas là sous les yeux
Du grain à moudre : André Orléan, L’Empire de la Valeur …
Comment expliquer que des millions de producteurs et de consommateurs séparés arrivent à se coordonner pour faire fonctionner des économies de marché ? Jusqu’ici, la pensée économique y a répondu en attribuant une valeur à chaque objet marchand, rendant ainsi les échanges possibles. Ce qui ne fait que déplacer la question : qu’est-ce qui détermine alors la valeur des choses ?
(…)
André Orléan pose, après René Girard, que les individus ne savent pas ce qu’ils désirent et que, pour déterminer ce qui mérite d’être acquis, ils regardent ce qu’achètent les autres, avant de suivre par désir mimétique. Ils vont alors décider d’obtenir les objets de prestige qui leur permettront de se différencier socialement. Et le premier d’entre eux est la monnaie, car sa liquidité, sa capacité à être acceptée par les autres comme pouvoir d’achat, est première. Ainsi, « la fascination pour l’argent est au fondement de toutes les économies marchandes. Elle en est l’énergie primordiale. »
Reparlons-en un de ces jours …
Un Belge @
http://fr.wikipedia.org/wiki/Clotaire_Rapaille
C’est ce type qui faisait un « tabac » dans ses cours de marketing à HEC, laissant un souvenir impérissable.
Il y a une part évidente de bidonnage dans les conceptions de cet homme.
N’empêche que le fond vient du génial Gustave Lebon .
Un prix, c’est une émotion qui résulte d’une perception. On arrive à créer des émotions, donc à « fabriquer » des prix.
C’est le B.A. BA du marketing.
On explique aussi que les émotions dépendent des « valeurs »…..
C’est certains que selon les cultures les émotions ne sont pas de la même intensité et de même nature parce que les valeurs culturelles ne sont pas les mêmes.
Ce qui me désole le plus, c’est que la mondialisation de l’économie n’appauvrit pas uniquement le goût des fruits, des aliments ou que la standardisation détruit la diversité.
Au lieu d’enrichir les cultures par une diversification, il y a focalisation des cultures sur un nombre plus restreint des » valeurs » et donc des émotions humaines.
Je ne comprends pas comment l’aversion pour la » robotisation des humains » n’est pas soutenue par un encouragement à conserver la diversité des émotions humaines.
Oh non, pas les Girardien, ces charlatans!
Oui, un belge.
« Des choses cachées depuis la fondation du monde » est un livre fascinant, mais Girard a passé toute sa vie à faire coïncider les résultats de sa recherche de savant au catéchisme de son enfance, pour décréter que les évangiles de l’église catholique romaine sont l’oméga de l’histoire humaine.
Et son discours de réception à l’académie française est celui d’un vieux con, vu ce qu’il dit de la jeunesse – Dieu me pardonne… « Et qu’il me pardonne ou non, d’ailleurs je m’en fous… »
@ ALBIN, Amsterdamois et Leboutte
Bon… Merci pour les avis… Je m’en vais lire le livre quand même.
Ca ne saurait pas être pire que la plupart des analyses hors blog.
Et une critique de la notion de valeur peut rejoindre une critique de la notion de prix…
Au point où nous en sommes…
Désolé c’est effectivement un événement imprévisible car le pouvoir US aurait « socialisé » les pertes et sauvé la mise de Lehman si son patron n’avait réussit le tour de force pour passer pour un gros – beeep- arrogant et antipathique même aux yeux de ses pairs.
Moi, j’ai acheté une maison en 2005. C’est à ce moment là que j’ai commencé à m’intéresser à la bulle immobilière, la crise de la dette. J’ai trouvé des tas de sites étonnant qui parlaient du sujet. Ce qu’ils annonçaient s’est produit et à peu prêt au moment qu’ils avaient prévu. Donc, on peut supposer que Trichet n’avait pas Internet en ce temps là et dans les années qui ont suivit. Malheureusement, sa gestion de la crise montre qu’il n’a toujours pas accès à des sources d’information pertinentes. Ou bien c’est qu’il nous prends pour des cons.
Ben moi, j’ai acheté un appart en 2006, et je me disais que j’étais en train de faire une connerie. Depuis 1998 j’étais déjà très critique sur l’évolution économique en cours, nouveau rappel de vaccin avec la bulle internet, puis la montée de l’immobilier, mais bon, j’étais mûr pour la faire la connerie, j’avais envie de la faire, donc j’assume. Le fait est que je n’avais pas une réflexion suffisamment élaborée, car en fait, auparavant je ne me souciais pas beaucoup de l’économie, ni d’être propriétaire, ni d’être riche, ni d’avoir une belle bagnole. A part aller à la plage et skier, lire un peu de philo, m’intéresser à la peinture et autres arts graphiques, le reste restait au second plan.
J’ai un peu évolué, grâce à mes lectures sur internet, entre autres.
Du grain à moudre (suite)
Le prologue de l’émission « On n’arrête pas l’éco » de ce 29/10 avec Patrick Artus (France Inter), mentionne en passant un plan de crise alternatif mis au point par un économiste grec, Iannis Varoufakis.
Celui-ci s’exprime au lendemain de l’adoption du Plan « Merkel II » ICI
(en anglais)
Introduction en français et article en anglais ICI
Sa « modeste proposition » en français ICI
Je la découvre à l’instant, et la livre à la sagacité des acteurs et lecteurs du blogs avant de me pencher dessus…
Bon week-end!
Du grain à moudre (suite et fin)
Daniel Mermet, « Le Cercle du Succès », ce 27/10.
Quand Pôle Emploi fait dans le coaching obligatoire…
Quand on relooke et reformate les chômeurs…
Quand tout est une question de volonté…
GO FOR IT
Demander des valeurs à la finance!
Père Ubu, au secours!
Trichet nous prend pour des buses,
comme les vulgaires godillots gaullistes tremblant comme des feuilles en 68…
Les valeurs, elles s’expriment dans l’indignation et la révolte.
A ce propos, un texte court et percutant du philiosophe Slavoj Zizek,
que bp sans doute connaissent:
Occupy first. Demands come later
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23279
Si un d’entre vous a une bonne traduc française, c’est mieux….
de plus en plus de gens, qui ne sont pas nécessairement les plus pauvres et les plus exploités, estiment urgent de (comme on dit maintenant) sortir au plus vite du Système. C’est le cas d’un ex-officier de la CIA devenu chroniqueur dissident Philip Giraldi cité par Dedefensa.
Proposer des scénarios détaillés permettant de remplacer Wall Street par des processus de recherche-production mutualisés associant les pauvres et les moins pauvres de ce monde devrait devenir une priorité pour des hommes politiques résolument décidés à sortir du Système, même si celui-ci les a nourris et financés jusqu’alors.
Mais de tels hommes politiques existent-ils ? On peut en douter. En tous cas, ce ne seront pas ne France d’anciens banquiers non-reconvertis qui tiendront un tel discours aux candidats à la fonction présidentielle dont ils sont les conseillers.
« Le secteur financier doit changer ses valeurs ». En effet, il s’y prépare.
Gênant, oui.
Un bon point pour les prévisionnistes ‘avertis’ mais d’autres éléments de cette interview semblent tout aussi intéressant que ce petit passage.
Et je pense en particulier à ce paragraphe qui touche à l’emploi :
—-
Question : La stabilité des prix a été assurée depuis la création de l’euro, mais l’économie européenne s’est affaiblie, le chômage s’est développé…
Réponse : Depuis 1999, les prix ont augmenté de 2,0 % par an. Nous avons fait ce qui nous avait été demandé par les démocraties européennes. J’ajouterai que nos concitoyens, les 332 millions d’habitants de la zone euro, sont extrêmement attachés à la stabilité des prix, particulièrement les plus vulnérables. Les enquêtes d’opinion le montrent.
S’agissant de l’emploi, nous avons créé 14 millions d’emplois dans la zone euro depuis la création de la monnaie unique, contre 7 millions pour les Américains. Il faut poursuivre résolument ces efforts de création d’emplois. Les pays les plus attentifs à leur compétitivité et les plus engagés dans les réformes structurelles sont dans une situation meilleure que les autres.
——
Mais d’où viennent donc ces chiffres ?
Les économies de la zone euro auraient créé 14 millions d’emplois depuis la création de l’euro, en 14 ans, soit 2 fois plus que les Etats Unis (7 millions) sur la même période, alors notre croissance a été globalement moins un peu moins importante !
Bizarre non ?
Ces chiffres me paraissent trop ‘extraordinaire’ pour être honnêtes, est-ce la vérité ?
Trichet est malin!!! il ne parle que de créations d’emploi il oublie de mentionner les destructions d’emplois …c’est de la manipulation de chiffres..c’est là où ces messieurs sont forts.
http://www.robert-schuman.eu/question_europe.php?num=qe-51#ancre_7
(2007)
Oui en 2007 et à crédit, depuis on a vu….En plus cette vision comme d’habitude ne prend en compte que l’inflation des produits de consommation et pas celle des actifs puisque dans nos pays tropicaux tous le monde dort à la belle étoile.
Fautpasetteneuneu,
Tss tss, un peu de bonne foi please. Et si vous avez parcouru le document en lien, vous aurez vu qu’il est bien tenu compte de la croissance du crédit et de M3 comme de l’inflation des actifs financiers et immobiliers, avec un retard plus que coupable certes (cf la confusion de Trichet du billet), mais c’était néanmoins pris en compte par la bce.
Mince, l’écart avec les US reste effectivement impressionnant.
L’euro nous protègerait-il finalement plus que les gens ne le pensent ?
Le Jean-Claude Trichet on va finir par le surnommer : Jean-claude le mauvais (autant pour ses prévisions que pour ses choix politiques). Le Fitoussi du riche quoi 🙂
Demandons-nous comment sera surnommé le Draghi mais ce ne sera sûrement pas une bonne nouvelle pour les pauvres.
La réponse à la question est dans le parcours de ce brave M. Draghi.
Monsieur Draghi.? C’était l’économiste chez Goldman Sachs chargé de la gestion de la branche européenne entre 2002 et 2005. Cette Banque qui a magouillé les comptes publics de la Grèce pour la faire rentrer dans l’euro. Quelle référence!!! Mais les accords politiques entre voyous sunt ainsi. Sarkozy laisse le succéssion de Trichet à Draghi pour faire plaisir à Berlusconi, le « Bunga-Bunga » et Berlusconi laisse à Sarkozy la nomination de Lagarde au FMI. Le tout sous « l’oeil satisfait des USA qui ont les deux « pions » européens sous leur contrôle.