L’actualité de la crise : POURQUOI FAIRE SIMPLE ? par François Leclerc

Billet invité

Plus que jamais règne une grande confusion ! À court terme, le déblocage des fonds destinés à empêcher que la Grèce fasse défaut reste en suspens. La bombe à retardement n’est toujours pas désamorcée. Le gouvernement grec affiche fébrilement la certitude que tout rentrera à temps dans l’ordre, mais la Troïka n’est toujours pas revenue à Athènes et son rapport, qui doit ou non permettre de débloquer l’argent, tarde d’autant.

Des rumeurs insistantes font état de la constitution en cours d’un front de sept pays (sur dix-sept) de la zone euro, emmenés par l’Allemagne, qui voudrait renégocier le plan de sauvetage de la Grèce, anticipant un rapport de la Troïka qui pourrait conclure qu’elle a besoin d’un financement plus élevé que prévu.

Les banques seraient sollicitées pour accroître leur participation financière et accepter une décote supplémentaire à celle de 21 % qui avait été négociée sous les auspices de l’Institute of International Finance, bien inférieure à celle du marché. Les établissements financiers, bien entendu, cherchent à y couper.

Les Français seraient particulièrement opposés à cette initiative, en raison de la forte exposition des banques françaises à la dette grecque. Une telle remise en question aurait comme inévitable conséquence d’imposer une recapitalisation des banques européennes – qui n’avance pas – et pourrait aboutir à ce qu’un défaut grec intervienne entre temps, vu les délais qui seraient nécessaires à conclure ce nouveau processus de négociation.

On apprenait entre temps que l’objectif – qui semblait loin – et qui consistait à réunir l’engagement des banques pour qu’une décote de 21 % soit appliqué à 90 % de la dette grecque faisant l’objet de la transaction était atteint. La menace d’une décote supplémentaire faisant sans doute son petit effet.

Aucun éclaircissement n’a par ailleurs été apporté aux projets de renforcement du FESF, qui pourrait être doté d’un important effet de levier multipliant ses possibilités financières, par un moyen qui reste à l’étude. L’objectif étant de disposer d’une force de frappe permettant de prévenir une extension de la crise à l’Espagne et à l’Italie, toujours plus menaçante, en ouvrant à leur attention des lignes de crédit qui les dispenseraient d’affronter le marché obligataire.

Deux émissions d’obligations à court terme de ces deux pays ont hier été sanctionnées par les marchés, qui y ont souscrit en imposant des taux fortement à la hausse. Un signe qui ne trompe pas quant à leur impatience, alors que les bourses s’enflamment tel un feu de paille, les investisseurs avisés engrangeant leur bénéfice et les commentateurs prenant des vessies pour des lanternes, anticipant de manière prématurée le règlement de la crise. Après avoir chuté, les valeurs financières rebondissent, dans l’espoir d’une recapitalisation orchestrée de leurs fonds propres qui ne vient pas.

Deux hypothèses sont possibles, si l’on scrute les déclarations allemandes afin de percer leurs intentions. Soit ils privilégient l’adoption des accords du 21 juillet par la majorité gouvernementale au Bundestag, pour ensuite y revenir et engager une nouvelle étape. Soit ils considèrent dès à présent inacceptables les dispositifs permettant d’augmenter les capacités du FESF, en raison de l’implication inévitable de la BCE et/ou d’eux-mêmes qui en résulterait. Le premier cas est politiquement scabreux, le second financièrement incertain. Car contenir un défaut grec serait dans ces conditions très hasardeux, imposant par exemple l’effort supplémentaire des banques dont les rumeurs font état et qui nécessite des prolongations risquant de tout faire sombrer.

Pour tout arranger, une polémique supplémentaire vient d’éclater, à propos de la concrétisation du gouvernement économique de la zone euro proposé par les Allemands et les Français, qui marginaliserait la Commission et sanctionnerait une gouvernance de celle-ci par les États… La Commission se rebelle, ajoutant à la cacophonie ambiante. Afin d’intéresser la partie, José Manuel Barroso fait entendre sa petite musique à propos des euro-obligations.

Enfin, La Tribune révèle aujourd’hui à sa « une » un « plan secret » mis au point par des consultants proches d’Angela Merkel. Il s’agirait d’un décalque appliqué à la Grèce de la structure de défaisance mise en place lors de la privatisation des entreprises est-allemandes. Le gouvernement grec y placerait ses actifs (ports, télécommunication, aéroports, immobilier) et recevrait en échange 125 milliards d’euros d’une structure montée sur la base du FESF – c’est leur valeur estimée – aux fins de rachat au FESF et à la BCE de ses obligations. Ce Kriegspiegel ramènerait la dette grecque à 80% de son PIB, induisant une baisse de ses taux obligataires estimée à 50%, et le tour serait joué avec quelques astuces complémentaires. C’est beau comme un camion et devrait être annoncé à Athènes, pour voir le résultat dans la rue !

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61 réponses à “L’actualité de la crise : POURQUOI FAIRE SIMPLE ? par François Leclerc”

  1. Avatar de daumy
    daumy

    le plan allemand vu l’historique des privatisations en allemagne ex de l’est sent bon l’escroquerie

  2. Avatar de BA
    BA

    Jeudi 29 septembre 2011 :

    L’Italie lève 7,85 milliards d’euros avec des taux en forte hausse.

    http://www.oblis.be/fr/l%E2%80%99italie-leve-785-milliards-d%E2%80%99euros-avec-des-taux-en-forte-hausse-13374

    Plus les jours passent, plus l’Italie emprunte à des taux en forte hausse.

    Plus les jours passent, plus l’Italie se rapproche du défaut de paiement.

    Et les soi-disant « plans de sauvetage » ne rassurent pas du tout les investisseurs internationaux.

  3. Avatar de Yueh
    Yueh

    Et le peuple allemand, à travers ses députés, choisi très majoritairement… l’euro !
    L’Allemagne va payer, avec évidemment un droit de regard, et prend donc de nouveaux risques pour soutenir les pays en difficulté de l’Eurozone. En parallèle, le débat sur la mutualisation des dettes avance tranquillement dans l’opinion allemande.
    On achète ainsi du temps, le temps pour l’Espagne et l’Italie, avec l’aide de leurs partenaires, des nouveaux outils et de la BCE, de se refaire une santé aux yeux des marchés et de ne pas être entraînés à leur tour quand la Grèce fera défaut pour de bon.
    Ca prendra certainement plusieurs mois et le pire n’est pas certain.

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