L’actualité de la crise : VERTUEUSE ALLEMAGNE, par François Leclerc

Billet invité.

Deux seuls pays semblent compter dans l’Europe d’aujourd’hui : la Grèce et l’Allemagne. Le premier parce qu’il est celui par qui le malheur pourrait arriver, et le second pour la même raison.

Les dirigeants européens sont engagés dans une course d’obstacles – qui se multiplient – afin de sauver la Grèce en finissant de l’étrangler. C’est à ce prix, quitte à l’exclure de la partie commence-t-on à admettre, que le reste de l’édifice pourrait continuer à tenir debout. Une chanson que les marchés n’apprécient plus. Eux ont enregistré que les liaisons incestueuses entre la dette publique et privée alimentent une machine infernale dont on entend distinctement le tic-tac.

La confusion règne à ce point à ce propos qu’en même temps Moody’s annonce étudier la dégradation des banques françaises et que Christine Lagarde procède à une diplomatique retraite sur le montant de la recapitalisation du système bancaire européen.

Tous les regards se braquent sur l’Allemagne, en position d’arbitrage, afin d’essayer d’anticiper l’évolution de sa politique européenne. Toutes les suspicions affleurent à nouveau, sans que pour autant le paysage ne s’éclaire. Les uns parient que son intérêt bien compris l’emportera et que l’Europe s’en sortira (mais dans quel état ?), les autres constatent que les blocages sont profonds et que la zone euro ne peut plus qu’éclater. Sans pour autant, dans les deux cas, parvenir à appréhender ce que cela représentera pour la suite.

Grand cas est fait d’un plan d’urgence qui utiliserait les ressources disponibles du Fonds de stabilisation financière pour soutenir les banques en cas de défaut grec et empêcher que l’Italie et l’Espagne entrent franchement dans la zone des tempêtes en leur accordant des lignes de crédit sur lesquelles elles pourraient tirer. Une autre hypothèse, qui pourrait rétrospectivement expliquer la démission de Jürgen Stark, le chef économiste de la BCE, serait que celle-ci n’aurait pas d’autre choix que de s’impliquer fortement pour éviter que tout ne s’écroule, les nouvelles missions du Fonds n’ayant pas été ratifiées.

En réalité, cette situation reflète l’impasse totale dans laquelle se trouve la résolution de la crise de la dette, dont un seul de ces volets, celui de la dette publique, continue d’être reconnu, sans pour autant le maîtriser. En dépit du fait que la dette privée, des banques en premier lieu, s’est réinvitée dans le panorama et ne va désormais plus le quitter.

Un éclairage à propos de la vertueuse Allemagne s’impose à ce sujet. Deux bad banks (structures de défaisance) créées en 2009 y stockent plus de 250 milliards d’euros d’actifs, les experts ne s’accordant pas sur l’estimation du montant des pertes sur ceux-ci qui vont devoir au fil du temps être couvertes sur fonds publics. Il y a en effet de tout dans ces actifs, depuis des obligations d’Etat de la zone euro jusqu’à des titres adossés sur des crédits américains de l’immobilier, notamment dans le secteur commercial, pour lequel 2012 est l’année de tous les dangers.

Les dépréciations en cours et à venir, sur lesquels la plus grande clarté ne règne pas, vont rapidement épuiser le capital dont sont dotées ces deux bad banks, imposant des recapitalisations. C’est en réalité l’équilibre budgétaire allemand qui est potentiellement mis en question par cette situation explosive. Gagner du temps et ne rien dire est dans l’immédiat la politique suivie, sans plus de visibilité pour la suite, car rien n’est prévu par le gouvernement.

Le monde bancaire est à son tour suspendu aux événements. Le discours favori des Français sur leurs banques les plus solides du monde ne pouvant plus être tenu, la ligne de repli est pour le moment d’affirmer qu’elles n’ont nul besoin d’être recapitalisées, ce qui n’impressionne pas les investisseurs en bourses, pas plus que ne le font les injections de liquidité de la BCE. Les banques britanniques vont de leur côté obtenir que leur réforme soit repoussée à plus tard, ce qui n’est pas vraiment signe de leur excellente forme, car elles tiennent à garder ensemble pour se consolider leurs activités de détail et sur fonds propres. Quant à la recapitalisation du secteur financier espagnol, elle se poursuit difficilement, au fur et à mesure que le taux de leurs créances douteuses augmente. L’Etat va déjà devoir injecter dans cinq établissements (des Cajas, les caisses d’épargne) 7,5 milliards d’euros. Le reste aura été épongé à la faveur de regroupements ou d’entrées en bourse, à la faveur de valorisation bradées.

La semaine va commencer… Le conseil d’administration du FMI se réunit mercredi à propos de la Grèce, les ministres des finances européens se retrouvent en Pologne en fin de semaine, le décor est planté, les bourses européennes peuvent ouvrir demain lundi matin pour l’acte qui suit.

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87 réponses à “L’actualité de la crise : VERTUEUSE ALLEMAGNE, par François Leclerc”

  1. Avatar de Thom Bilabong
    Thom Bilabong

    Les paris sont ouverts ? OK, je me lance.

    Ayant pu observer ces derniers temps comment la bourse se comportait le soir par rapport au matin, je table sur une baisse historique à la fermeture. Disons, – 6 %.

    Si l’Allemagne ne communique pas aujourd’hui même sur ces intentions réelles avec la Grèce, on pourrait même aller au-delà.

    A vous lire.

    1. Avatar de Paul2
      Paul2

      Détail troublant :
      Le titre du site LesEchos.fr a été modifié dans la matinée
      A 10h30 ce matin : « La déprime tourne au krach »
      A 10h44 : « La déprime tourne à la déroute »
      SURTOUT ne pas parler de Krach !
      L’ancien titre est toujours visible dans l’url …

      1. Avatar de Paul2
        Paul2

        On y va decrescendo !
        A 10h50 : « Nouveau plongeaon des valeurs bancaires »
        Avec en prime une magnifique faute de frappe…
        Circulez, y’a rien à voir !

      2. Avatar de Thom Bilabong
        Thom Bilabong

        Ah, je vais peut-être gagner : -5,10 % à 14h12

        Alors -6 ou -7 % ?

        J’ai appelé le service client d’une des principales agences parisiennes de la SocGen pour savoir ce qu’ils comptent faire avec une telle glissade. Réponse : « Monsieur, si vous avez des actions de notre établissement, ne vendez surtout pas ». Ah bon ? Ai-je demandé, vous avez des informations que j’ignore sur le rétablissement prochain de la situation ? « Monsieur, même nationalisée, l’action de notre banque remontera, c’est évident » m’a-t-on répondu.

        Un commentaire ?

    2. Avatar de Ardéchoix
      Ardéchoix

      Besson sur RMC/BFM ce matin
      Besson écarte l’hypothèse d’une nationalisation partielle des banques
      Le ministre a affirmé sa confiance dans la solidité des banques françaises, soulignant qu’elles ont « très bien passé » les tests de résistance européens cet été.
      Alors pourquoi en mars 2009 on leur a fait un prêt avec une action a 17 pour la SG , et maintenant que celle-ci est à 15.7 tout baigne je crois que ce Monsieur doit avoir l’ORTF sur son minitel

      1. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Ecarter veut bien dire ce que cela veut dire, l’hypothèse est seulement éloignée, elle n’est pas éliminée. Autant dire qu’on y pense très fort. Besson « communique ». Sinon il aurait dit : « jamais on nationalisera. »

  2. Avatar de Leboutte

    En résumé, « le système » se débat avec son savoir post-1929.

    En 2008, les États ont été massivement mis à contribution, pour sauver les amis agioteurs sous couverts de sauver « les banques ». Il aurait « suffi » de nationaliser les guichets et l’activité bancaire utile à l’économie productive, et d’abandonner les spéculateurs à leurs jeux et à leurs pertes – après tout, c’est ce qu’ils ont toujours prétendu souhaiter, que l’État leur fiche la paix. Mais cette solution, simple et bon marché, n’est possible que si un mouvement social bouscule l’idéologie. Les gouvernants ne sont pas là pour assurer une rationalité sociale et une éthique démocratique, ils sont là pour servir le veau d’or et la règle du même nom.

    Donc, par rapport à 1929, on a déplacé les risques du privé vers le public. Il y a actuellement une plainte en cours de l’État islandais demandant à l’UE d’enquêter sur ce « mystère » par lequel l’Europe a un jour exigé que le contribuable islandais rembourse les dépôts britanniques et néerlandais perdus par les gestionnaires privés (islandais.)

    Ce contre-feu de l’engagement des États arrive, aujourd’hui déjà, au bout de ses possibilités. Les banquiers ont pendant deux ans rétabli leurs revenus indécents (Orwell), permettant à Paul de dire en avril : « Moi, j’appelle cela vider la caisse avant fermeture définitive. »
    Aujourd’hui, comme le dit François ci-dessus, voici que « la dette privée, des banques en premier lieu, s’est réinvitée dans le panorama et ne va désormais plus le quitter. »

    Nous sommes donc de retour à la case 2008, avec « juste » un élément de plus: les États sont solidaires de la perdition privée.
    C’est fascinant.

    L’Euro, qui n’est après tout qu’un fétiche pas spécialement populaire, ne va pas survivre dans sa forme actuelle, c’est impossible. Les gouvernants ont déjà plusieurs scénarios de sortie. Certains voudraient au contraire une fuite en avant dans la construction européenne, une créativité « fédéraliste » forte, mais ne s’imposeront pas, car il y a encore trop d’incohérence dans les cercles du pouvoir, de nombreux États ou grands acteurs privés espérant toujours s’en sortir individuellement.

    Je fais personnellement le pari que la créativité des pouvoirs n’adviendra que le couteau sur la gorge. Ce qui ne peut être qu’un mouvement social qui fait trembler les possédants, quand localement il crée d’autres rapports sociaux, d’autres rapports de force. On n’y est pas du tout, il y a un début de quelque chose, qui n’est pas rien, dans les pays les plus exposés. C’est ce mouvement social qui, in fine, a produit la « créativité » du New Deal, qui était un plan de sauvetage des élites autant qu’une édulcoration de ce qui se passait dans les quartiers populaires des grandes villes américaines.
    Les élites sont créatives quand il faut que « tout change pour que rien ne change », selon les mots d’un personnage de Lampedusa dans Le Guépard, qui est la chronique de la fin d’une époque.
    Le risque de faillite généralisée n’est pas suffisant pour faire abandonner aux élites les vieilles pratiques de sauve-qui-peut permanent et individuel.

    Je fais le pari, et je prends date.
    Guy Leboutte, Liège, le 12 septembre 2011.

    Bonne journée ! 🙂

    .

    P.S.: vous avez déjà « senti » les possédants trembler? Ce serait intéressant de donner des témoignages. J’en ai eu une idée au Chili de l’Unité populaire, où je suis passé pendant deux semaines, et surtout, bizarrement, en Belgique, quand les usines de Volkswagen à Forest (Bruxelles) et dans la sidérurgie liégeoise ont débrayé en pleine journée, dans l’heure qui a suivi l’information à la radio que le « bon » juge Connerotte était déssaisi du dossier Dutroux. Là, ça a été une grande frayeur pour l’ordre des choses. Le « pire » paraissait possible!

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      En 68, pendant deux ou trois jours, les fonctionnaires souvent absents, De Gaulle parti en Allemagne consulter l’Etat-Major, le rabibochage avec les fascistes OAS.
      La bourgeoisie a du céder gros!
      Pour en finir avec la dictature du capital, il aurati fallu un projet et parti révolutionnaire.
      Il aurait fallu autre chose que des partis du système,
      les mêmes mitterrandiens qu’aujourd’hui, du PC au PS,
      rêvant d’aller à la soupe. Ils ont attendu jusqu’en 1981…

  3. […] einem ähnlichen Befund kommt heute François Leclerc bei Paul Jorion: Die europäischen Chefs befänden sich mitten in einem Hürdenrennen (in dessen […]

  4. Avatar de Colomba
    Colomba

    Une question, pourquoi quand une banque a des pertes il faut « recapitaliser »? Quand un particulier ou PME fait des pertes, il/elle accepte les pertes, personne ne le « recapitalse » et si on est endetté et on n’a plus d’actifs on déclare concours ou faillite. Est-ce que on ne va jamais reconnaitre les pertes? Quelques dettes ne sont pas seulement odieuses, elles sont surtout impayables. Les Grecs on mis pas mal d’entreprises publiques et autres actifs en vente, mais que je sache il n’ont rien vendu, puisque personne n’achète … Et pour des actifs plus modestes, comme les appartements, en Espagne par exemple, même à des prix de 2003 on vend très très peu, puisqu’il n’y a pas de crédit.

  5. Avatar de eric
    eric

    -4,66 ca correctionne dur,facon puzzle eparpille aux 4 coins de paris le cac et les banquaires

  6. Avatar de dissy
    dissy

    21 juillet 2011, déclaration de N Sarkozy-  » j’ai sauvé l’euro »…

    No comment

    1. Avatar de VV!!
      VV!!

      Si un commentaire : « lol »

  7. Avatar de Papillon
    Papillon

    Messages reçus !

    Rendez-vous pour la grève générale en France. J’espère que l’on ira jusqu’au bout cette fois-ci ! J’ai acheté une tente pas chère.

    P.S.: vertueuse Allemagne, quand tu feras la grève générale…

    Papillon

  8. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Jürgen Stark a donné un interview au Irish Times, paru aujourd’hui lundi.
    Dans cet interview, il souligne le fait qu’aucun pays est à l’abri de ce qui arrive en ce moment à la Grèce. Il vise l’Irlande, mais aussi l’Espagne et l’Italie (!)……….
    Une phrase qui peut s’appliquer à tous les cas:
    « Stark warning Ireland needs to spend up austerity effort to ensure bailout success ».
    Je pense que Stark dit la vérité; il n’a plus rien à gagner ni à perdre, c’est un homme libre maintenant.
    Le public en France et en Allemagne a intérêt à faire attention, à être vigileant; les guvernements on raconté des bobards au sujet de la situation économique en Europe – et cela continuera.

  9. Avatar de Hervey

    Oui, les « petites gens » qui n’ont pas su résister au chant des sirènes vont être aussi happés par la mécanique. Et Dieu reconnaitra les siens. Musique.

  10. Avatar de Olivier.E
    Olivier.E

    Qui veut l’adresse ?

    Mon banquier me fait savoir vendredi dernier par l’intermédiaire de son employé, Monsieur mon conseiller, que si je voulais souscrire à l’émission obligataire de son établissement au taux de 4 % à l’échéance de huit ans, il me faudrait être très rapide ce lundi car les quantités disponibles seront limitées et trouveront preneur dans la journée même, comme toujours. Autrement dit : « Il y a urgence mon cher Monsieur si vous voulez bénéficier de cette offre très avantageuse . »
    Je me dis : « chouette, la crise financière est terminée ; le banquier vend sa dette plus facilement que le boulanger ses petits pains, et à des taux à faire pâlir plus d’un premier ministre européen. »
    Je règle donc, hier soir, mon alarme avec une demi-heure d’avance sur l’heure habituelle et j’ajoute deux autres réveils dont un mécanique car j’ai bien remarqué le sourire de mon voisin en sortant mes poubelles hier soir. On ne me la fait pas… 4% ,« c’est quand même nettement mieux que le livret A ».
    Bref, que du bonheur.
    Sauf qu‘avec l‘attente au téléphone, je n’ai pas pu vous prévenir avant. Et à l’heure qu’il est, il est sûrement trop tard pour vous, désolé. …Allez va, il y a quand même une bonne nouvelle : c’est comme ça tous les trois mois !
    … Mais faut pas dormir ; compris ?

  11. Avatar de BA
    BA

    Lundi 12 septembre 2011 : l’Italie a lancé un emprunt à 3 mois. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 1,907 %. Les taux sont en hausse : c’était 1,034 % lors de la précédente émission.

    En outre, l’Italie a lancé un emprunt à 1 an. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 4,153 %. Les taux sont en hausse : c’était 2,959 % lors de la précédente émission.

    Grèce : taux des obligations à un an : 117,211 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 69,551 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR:IND

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 23,544 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

  12. Avatar de johannes finckh
    johannes finckh

    La croissance des dettes suit une courbe de croissance EXPONENTIELLE!
    k(n)=k(1+i) puissance n
    où k est le capital, n le nombre des années et i le taux d’intérêt.
    A 7%, le capital double tous les dix ans. A 3,5%, il faut sans doute quinze ou seize ans pour doubler. En tenant compte des montants existants, il n’y a pas à attendre longtemps pour atteindre toujours plus vite à nouveau des insolvabilités générales!
    Et les laps de temps entre des restructurations successives seront de plus en plus courts.
    Et si un état devait se désendetter, cela ne serait qu’au détriment des dettes privées ou de celles d’autres états.
    Autrement dit, avec la monnaie obtenant des intérêts, il n’y a aucune sortie possible du dilemme!
    Les dettes doublent tous les dix ans à peu près sans ralentir! C’est ainsi, c’est la loi même de la monnaie capital!
    Le capital croit ainsi, et la dette est sa soeur jumelle à tout moment!
    Pour arrêter cela, il n’ya qu’une chose de faisable:
    Changer la construction interne de la monnaie elle-même, en émettant des SMT (ou « monnaie fondante » ou monnaie franche = Freigeld)
    Alos toutes ces pseudosurprises sur les insolvabilités ne sont que des vastes blagues!

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