Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Une banque ne peut pas perdre chaque jour 10 % de sa valeur boursière indéfiniment. Elle peut bien sûr le faire davantage que dix jours, puisque 10 % d’une somme qui va diminuant représentent un chiffre de plus en plus faible, mais quand même…
J’évoquais le 6 mai 2008, la « drôle de crise » au sein de laquelle nous étions. J’avais calqué l’expression sur celle de « drôle de guerre » dont on avait désigné la période qui devait s’écouler entre le 1er septembre 1939 et le 10 mai 1940, entre la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne, et la réaction dévastatrice de cette dernière.
La « drôle de crise » de 2008 sépare la chute de Bear Stearns, la cinquième grande banque d’investissement de Wall Street, le 16 mars, de celle de Lehman Brothers, la quatrième, le 15 septembre de la même année. Hank Paulson, le Secrétaire au Trésor, le ministre des finances américain, avait déclaré qu’une opération du type du « sauvetage » de Bear Stearns (son rachat par JP Morgan Chase, la Federal Bank of New York prenant à son compte ses effets les plus pourris) ne pourrait être renouvelée, alors que les quatre autres étaient alignées comme au casse-pipe : dans l’ordre, Lehman Brothers, Merrill Lynch, Morgan Stanley et Goldman Sachs.
Pendant la « drôle de crise » de 2008, les baisses de 10% quotidiennes de la valeur des actions de ces banques furent nombreuses et j’en ai fait la chronique à l’époque. Mais l’issue était inéluctable. Lehman Brothers disparut, Merrill Lynch fut récupérée in extremis par son absorption dans Bank of America. Morgan Stanley et Goldman Sachs furent transformées – là aussi in extremis – en banques commerciales et mises sous perfusion le 28 octobre 2008 dans le cadre du plan TARP. Elles sont toujours parmi nous. Mais elles reviennent de loin.
BNP PARIBAS | 26,12 € | -12,35% |
SOCIETE GENERALE | 15,57 € | -10,75% |
CREDIT AGRICOLE | 4,83 € | -10,64% |
Quelle est la forme que prendra la perfusion pour la BNP, la Société Générale et le Crédit Agricole ? C’est la seule question qui se pose ce soir.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
162 réponses à “BANQUES FRANÇAISES : UN PETIT AIR DE DÉJÀ VU”
[\Mode Popcorn : ON]
Pour la perf on pourrait faire appel au chevalier Gourby, l’homme valises. Les pays pauvres au secour de nos banques ça aurait de la gueule non ? Mais parait que ça se fait plus. Désuet, trop artisanal qui disent. Adieu le petit cmmerce, bonjour le chomage. Même que ça fait des déçus. Depuis les innovations financières et circuits offshores finies les valises. Parait que c’est plus sur qu’on dit, et la sécurité c’est pas rien… C’est ce que dit président, texto.
Paul, François,
Pourquoi n’arrive t’on pas à organiser la faillite ou la liquidation à cette échelle?
parce qu’à un tel niveau il n’y a plus d’échelle ?
Ca me rappelle le nom d’une émission de radio: « passer les bornes il n’y a plus de limites »
ohohoh
Une question de néophyte:
Quand le cours de la SG est à 50 ou quand il est a 17
sa capacité a remplir sa mission est inchangée.
Le capital qui s’échange en bourse lui est totalement étranger.
( sauf si elle détient une partie de ses actions)
Il a été encaissé une fois au moment de l’émission et n’a plus d’incidence.
Est-ce que ce genre de raisonnement ne permet pas de garder la tête froide?
Si oui, pourquoi céder à la dictature de la rumeur?
Parce qu’il existe des ratios prudentiels, (p. e. le montant des encours accordés relativement aux fonds propres) qui gèlent l’activité bancaire
@daniel
Ce sont en effet les actionnaires qui s’étripent entre eux: les uns gagnent ce que perdent les autres: la punition est immanente !
On n’a pas de raison de s’en plaindre, excepté ma première explication.
Je vous remercie de votre obligeance.
» le montant des encours accordés relativement aux fonds propres. » : les » fonds propres » n’ont rien à voir ici. Ont-ils variés ? à priori, non. ( mais voir ci-dessous pour un correctif )
Plus loin dans le blog on peut lire que la capitalisation d’une banque ( S.G. ?) a varié de 3.5 milliards d’Euro en 24 h . Cette capitalisation est extérieure à la Banque. Elle ne la détient pas. » […] les uns gagnent ce que perdent les autres » : exact, l’ échange est de 3.5 milliards d’ Euro.
Et ils ont été échangé entre les « uns » et les « autres », donc en dehors de la banque.
Elle n’y peut mais…
Je comprends que le contexte indiqué par l’effondrement n’est pas favorable, par exemple cette banque en chute libre détient des actions d’une autre banque en chute libre elle aussi.
Les clients ( et pas les spéculateurs sur actions) sont plus rares ou plus frileux, augmentent les risques de non remboursement etc.. La banque est plus susceptible d’OPA etc.. Ceci concerne la fonction de la banque, ou son propriétaire majoritaire, mais pas son existence.
Que changerai, pour ma question, une recapitalisation? Rien.
Le changement ne peut exister que dans la tête du spéculateur: la rumeur de perte ( sur la valeur de ses actions) se heurte à l’impression de sécurité ( et d’opulence: changer les papiers peints plus souvent… ) que donne du bon et sûr pognon. Jusqu’à ce qu’il constate les effets de la dilution du capital, dilution obligée puisque justement
les opérations de la Banque n’auront pas substantiellement changé par le fait de cette recapitalisation.
J’ai l’impression que cette affaire de bourse est sur-interprétée. En fait c’est une erreur
d’interprétation jusqu’à plus ample informé, information que je n’ai pas trouvé.
Cela devient assez déroutant, même si cela devait bien arriver un jour!
trichet a déjà annoncé que le refinancement par la BCE pour sauver ce qui peut l’être sera « illimité »!
Cela suffira-t-il?
Beaucoup de chapeaux vont être mangés.
Mais sont-ils comestibles ?
Les ronds de chapeau ne sont pas comestibles. Et il est notoirement difficile de les excreter… 😉
@Paul
pouvez-vous éclairer ma lanterne ? Il y a quelques mois, l’exposition des banques françaises à la dette grecque était faramineuse. Si j’ai bien suivi, les banques se sont débarrassées des bons du trésor grec grâce à la BCE : aujourd’hui, elles n’en détiennent plus que pour 8 milliards, le reste étant détenu à présent par la BCE. Si la Grèce fait défaut, j’arrive à concevoir ce qu’il adviendra de ces 8 milliards, mais quelles seront en revanche les conséquences pour la BCE qui détient désormais l’essentiel de la dette grecque.
De plus, cette dernière s’est engagée à fournir des liquidités en « quantité illimitées ». Dans ces circonstances, que peut-il arriver aux banques si la source est intarissable ?
@ JT Gio :
Négatif.
Aux dernières nouvelles, l’exposition des banques françaises a augmenté pour le premier trimestre 2011, selon les stats de la BRI !!
Augmenté …
Sinon, une source intarissable ne peut pas étancher une faim dévorante de solvabilité.
Pire même : plus la source est à volonté et plus on tue le patient en lui noyant les boyaux.
Au final : il implose …
zébu
imagine que les banques Françaises échangent auprès de la BCE les obligations grecques qu’elles détiennent contre des obligations italiennes détenues par la BCE et que dans cet accord, pour une obligation grecques elles prennent deux obligations italiennes …
.
Ahhhh mais non, je garde mon baril de grecque et vous pouvez vous manger vos barils d’italiennes, ma pov dame !!
Pis quoi encore …
La BCE va émettre des obligations pour se refinancer et les rembourser par la planche à billet !
Nooooooonnn, c’est pas vrai …
Si c’était le cas, ce serait un sacré anniversaire.
« L’agence Moody’s avait placé le 15 juin les notes de crédit des trois banques françaises sous surveillance avec perspective négative. »
Sous surveillance donc jusqu’à la mi-septembre. Pour 3 mois.
Soit, jusqu’au … 15 septembre.
15 septembre 2008 : chute de Lehman Brothers. Début de l’explosion des dettes publiques.
15 septembre 2011, après la dégradation des 3 plus grosses banques françaises par Moordy’s : chute du secteur bancaire européen.
Début de quelque chose.
Mais noooon, c’est pô vrai !!
Le 15 septembre, elles seront sous le pis de la BCE, qu’on vous dit … (le lait, c’est bien de la liquidité, non ?)
historiquement parlant, on vient de commémorer le 11 septembre, on va pas illico s’y remettre avec le 15 ?
3615 zébu biiiip biiiiip ! 😉
Eh eh … qui sait, si on parle de commémorations ?
@zebu
Je ne sais pas s´ils seront au pis de la BCE le 15, mais les gros industriels et les producteurs du laitier se livrent un bras de fer de concurrence libre et non faussée dans le cadre d´un marché transparent et rationnel sous le contrôle bienveillant de la main invisible. Date buttoir le 30 septembre (loupé de 15 jours) d´après Lactalis…
Boursorama – La nouvelle bataille du lait : les contrats entre éleveurs et industriels
Les mecs, Samuel ?, si vous avez besoin d´un soutien, faites signe y´a des urbains qui s´raient p´têt d´accord pour aider.
@ Vincent :
Ehoh, c’est pas pasque je suis une vache qu’il faut croire qu’on peut me traire comme ça, hein …
Un peu de respect pour le sacré, merci.
Une banque ne peut pas perdre chaque jour 10 % de sa valeur boursière indéfiniment.
Si, bien sûr. Elle ne vaudra plus que 35% de sa valeur au bout de 10 jours et 1% au bout de 22 jours.
La fonction puissance, c’est à dire la fonction exponentielle, a quelque chose d’implacable, je dirais même d’inhumain. Considérons un phénomène qui croît (ou décroît) de sorte que sa valeur soit multipliée à chaque période par un facteur supérieur (inférieur) à l’unité. Si le facteur (la raison en mathématique) est inférieur à l’unité, le phénomène vaut zéro très rapidement. En revanche, si la raison est supérieure à l’unité, très vite, le phénomène devient incontrôlable. La meilleure image en est donnée par l’histoire des grains de blé sur l’échiquier: 1 grain de blé sur la première case, 2 sur la deuxième, 4 sur la troisième, 8 …, et combien sur la soixante quatrième ? Une autre image, moins connue, est celle de la feuille de papier, 1/10 ième de mm d’épaisseur, supposée suffisamment grande pour la plier en 2 (2/10 ièmes de mm d’épaisseur) puis encore en 2 (4/10 ièmes de mm d’épaisseur) puis encore en 2 (8/10 ièmes de mm d’épaisseur) puis encore en 2 … et cela cinquante fois de suite. Question à poser à tous les adeptes de la croissance: quelle sera l’épaisseur du paquet de papier obtenu après cinquante pliages ? Au cours de mon activité professionnelle, j’ai posé cette question des dizaines pour ne pas dire des centaines de fois à des auditoires scientifiques, souvent de très haut niveau (?), pas une seule fois, je n’ai obtenu une réponse qui approchait, ne serait-ce que le millième de la valeur. A mon avis, pas une personne sur mille n’a idée de ce qu’est une série géométrique; on a bien des ministres , l’un qui ne connaît pas la table de multiplication du sept et l’autre qui ne sait effectuer une règle de trois des plus élémentaire; alors évidemment une série géométrique! Récemment, quelqu’un a dit « l’humanité disparaîtra pour n’avoir pas compris la fonction exponentielle ». La croissance en économie, les taux d’intérêts en finance sont des phénomènes exponentiels (au passage, qu’est ce qu’ils doivent palper, ceux qui empochent les intérêts !): inéluctablement, de tels phénomènes finissent par se casser la gueule; peut être nous y sommes.
Au fait, l’épaisseur de la feuille de papier pliée cinquante fois est de 1/10*2 ^50*10^(-6) kilomètres soit de l’ordre de grandeur de la distance terre-lune; quant aux grains de blé, il faudrait la production mondiale de blé pendant des millénaires pour couvrir la soixante quatrième case. Et ils y en a qui voient notre salut dans la croissance ! Si, on peut s’en sortir, si cette croissance est négative ! Mais pas trop longtemps, sinon, on est rétamé !
Réponse pour l’épaisseur de la feuille: on n’arrive jamais à cinquante même en la pliant au marteau (petite nuance entre théorie et pratique, qu’ont aussi souvent oubliée nos décideurs).
Ceci dit, demandez à quelqu’un qui vous soutient que la croissance est nécessaire à la marche de l’économie de vous expliquer ce qu’est la croissance; tranche de rigolade assurée!
De mon point de vue, le phrase de Pauk Jorion est incomplète et pour moi il dit « Une banque ne peut pas perdre chaque jour 10 % de sa valeur boursière indéfiniment. » auquel il faudrait ajouter quelque chose comme « sans conséquence« . Ce n’est pas la perte de valeur en soi qui est importante, ce sont les conséquences. Je dis cela car c’est une question posée plusieurs fois et qui reste sans réponse : la valeur du capital joue un rôle dans la capacité de prêts de la banque. Elle prête 100 si elle a 10 en garantie, mais dans ces 10, quelle est la part de son capital ?
112 589 990 km n’est pas du tout l’ordre de grandeur de la distance terre lune !!!!
L’orbite est légèrement élliptique (+/- 6%), moyenne établie à environ 384 400 km, e,n croissance de 3.5cm / an.
Désolé, remarque de passionné ! 🙂
Excuses: je n’avais pas de calculette sous la main ! Et mes neurones sont un peu fatigués!
lire ça ici, quel soulagement ! enfin !
Sans vouloir paraitre exagérément optimiste, mes calculs m’amènent plutôt vers 10% de la valeur en 22 jours, 1% en 44 jours.
Ce qui laisse à nos politiques largement le temps pour commencer à envisager le début de l’ébauche de l’esquisse de l’amorce de la possibilité d’agir
Même commentaire que pour Fredo, voir ci dessus.
ça fait plus de 10 ans que je vois fleurir un peu partout des agences bancaires.
Ils sont locataires ou propriétaires des murs ?
Dans le dernier cas, ça fait un bon parc immobilier à revendre pour payer leurs ardoises, non ? 🙂
beaucoup d’agences immobilières surtout, aussi
Et des assurances pour compléter le tableau.
En moins:
-Cafés,
-Commerces de proximité,
-Locaux artisanaux
Bref on remplace des lieux où on vit, où on échange, où on travaille, par des lieux ou on ponctionne.
Certaines banques et banques/assurances ont en effet des fonds propres sous-évalués, je pense à CA dont certaines caisses régionales possèdent un large parc immobilier et foncier
locataire le plus souvent
C’est marrant la BNP perd en ce moment 10,87 pour cent, 10 plus 10……
Selon wall street journal,les fonds monetaires americains reffusent de preter du fric a BNP pariba,trop engagee dans la dette
italienne
A mon avis, il n’y aura d’autre choix que la nationalisation. Dans un monde idéal, il serait préférable de procéder à un réquisition pure et simple de ces 3 grandes baques, avec expropriation de l’actionnaire (celui-ci conserve ses titres qui ne valent plus rien et perd le pouvoir) et licenciement immédiat et sans indemnités du comité de direction assorti d’un purge sévère de la technostructure.
Ah oui, mais zut: les bons esprits ne manqueront pas de souligner que c’est contraire à article 1234 bis du traité de Maastricht à moins qu’il ne s’agisse d’une violation de l’article 4567 ter du traité de Rome. Enfin bref, ce ne serait pas européistement correct.
Et si on s’en fichait ?
« en cas de nationalisation, certains devront faire une croix sur leurs dépôts (notamment les assurances-vies) »
Bonjour,
Sur les contrats-assurance vie, les banques ont garanti un taux minimum dégressif ces 3 dernières années (2,50 % pour 2009, 2,00 % pour 2010 et 1,50 % pour 2011 vs 3% pour les 3 années antérieures). Nonobstant ma grande naïveté, pourquoi les dépôts seraient-ils en danger ?
celui qui a écrit la phrase que vous mettez en guillemet a écrit n’importe quoi
pour faire peur et noyer le poisson !
Les assurances vie,ca me fait bien marrer,le monde des placements et de la finance ne m’ont jamais attires.Mais bon j’ai toujours entendu dire que plus les « rendements » sont eleves plus c’est
dangereux.Les assurances vies rapportaient plus que le livret A.,ils avaient juste a se poser les bonnes questions,on ne va pas les pleurrer.C’est un peu comme le recel,quand vous achetez quelque chose vous avez une idee de la valeur,si l’affaire est sensationnelle il faut vous poser des questions si vous ne voulez pas d’ennuis