Un Deutschemark solide, un taux de croissance satisfaisant, un pouvoir d’achat en expansion, une balance des paiements favorable, ce sont bien sûr dans l’Allemagne contemporaine les effets d’un bon gouvernement, mais c’est aussi, et jusqu’à un certain point c’est plus encore, la manière dont se manifeste et se renforce sans cesse le consensus fondateur d’un État que l’histoire, ou la défaite, ou la décision des vainqueurs, comme vous voudrez, venait de mettre hors-la-loi. L’État retrouve sa loi, retrouve sa loi juridique et retrouve son fondement réel dans l’existence et la pratique de cette liberté économique.
L’histoire avait dit non à l’État allemand. C’est désormais l’économie qui va pouvoir lui permettre de s’affirmer. La croissance économique continue va relayer une histoire défaillante. La rupture de l’histoire va donc pouvoir être vécue et acceptée comme rupture de mémoire, dans la mesure où va s’instaurer en Allemagne une nouvelle dimension de la temporalité qui ne sera plus celle de l’histoire, qui sera celle de la croissance économique. Renversement de l’axe du temps, permission à l’oubli, croissance économique : tout ceci est, je crois, au cœur même de la manière dont fonctionne le système économico-politique allemand. La liberté économique coproduite par la croissance et du bien-être et de l’État et de l’oubli de l’histoire.
Michel Foucault, leçon du 31 janvier 1979 au Collège de France
(Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France. 1978-1979. Hautes Études. Gallimard / Seuil, Paris 2004 : 87).
221 réponses à “L’ALLEMAGNE CONTEMPORAINE”
Merci pour ces dernières mises au point!
Dans la bibliothèque de Paul Jorion, à la lettre F, et Fourest, et Foucault.
L’honnête homme est éclectique par définition.
Rumeurs de nationalisation des banques et de QE Mondial dés demain.
Va-t-on nationaliser les banques?
http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Les-banques-francaises-vont-elles-etre-nationalisees-386891/?from=cover
Belgique:Dexia au bord du gouffre et le holding communal risque la cessation de paiement.
« Les gouvernements régionaux doivent tenir dans les prochains jours une réunion sur l’avenir du holding communal, plongé dans la tourmente en raison de la chute du cours de Dexia, son principal actif. Dans ses comptes, il valorise les actions Dexia à 8,26 euros. Mais ses créanciers n’acceptent, eux, que la valeur de marché (1,43 ce vendredi) pour couvrir les prêts accordés au Holding. Selon De Standaard, ING et BNP Paribas exigent ainsi un apport de cash dès ce lundi, faute de quoi le bras financier des communes pourrait être en défaut de paiement. »
http://www.lecho.be/actualite/economie_-_politique_belgique/Journee_cruciale_pour_le_Holding_communal.9103089-3156.art
Cet appel de marge me sidère parce que la holding Lagardère est dans le même cas mais à ma connaissance à ce jour aucun appel de marge.
Ce texte de Foucault révéle une vision trés Française de la politique et des rapports , économique/Politique .S’il y a un oubli , c’est celui de l’histoire des Allemands par Foucault .
Au cours des Mille ans passés les Allemands ont été ‘réunis’ dans un empire se voulant continuateur des Romains avec de multiples autres peuples et n’ont jamais chérché une centralisation politique comme en France , tout au contraire . C’est une zone particuliére ,la Prusse ( ex chevaliers Teutoniques) qui a voulu cette unité Allemande , au travers d’abord du zollverein puis d’une guerre civile , contre l’Autriche-Hongrie .La Prusse c’est surtout des Slaves Germanisés , les soldats Prussiens étaient traités à la schlague surtout comme ex-slaves soumis .
Contrairement à la France , à l’Angleterre et au Pays-Bas la ‘révolution’ Allemande leur a été balancée d’en haut c’est plutot une contre révolution . Dans toutes les fibres de la société Allemande on retrouve le moyen-age , les firmes Allemandes sont plus proches de corporations d’artisans que nos nobles compagnies . Un dirigeant en Allemagne n’est pas nommé parce que sortant de X , les mines , centrale ou l’ENA , ne connaissant rien au métier ,
mais triés par cooptation parmi ceux qui se distinguent le mieux dans le métier . Si l’organisation d’Airbus est pour nous une curiosité pour les Allemands c’est la régle , des corps de métier réunis autour d’un projet .
Plus précisémment entre cette société civile et l’état central moderne à la Prussienne , forme
politique imposée aprés l’effroyable guerre de Trente ans , il y a un premier viol commis par
l’état à la veille de la guerre 14-18 et qui a permis celle-ci , par le biais monétaire .
Au cours d’un vote sournois par les parlementaires , un chéque en blanc à été remis à l’état ,
par la main mise sur l’or de la BC . C’est aussi ce qui a permis le nazisme .
Les nouveaux statuts aprés guerre de la BC avait verrouillé cette possibilité .
C’est encore un coup des politiques Allemands contre la société civile Allemande , à l’occasion de la réunification , puis de la création de l’Euro qui a renversé ( presque ) la situation .
Ne pas prendre conscience de cette différence méne aux généralités de Foucault , ou aux
commentaires idiots auquels on assiste actuellement sur la volonté de Merkel/Schauble de
ne pas ‘aider’ la Gréce , ne pas vouloir des eurobonds etc … Ce ne sont pas eux qui ne veulent
pas , ils en crévent d’envies , c’est leur société civile , le peuple qui tient toujours le controle
de la BundesBank ( mais pas celui de l’or qui est pour une bonne partie à New-york , le rapatrier comme Chavez ce serait cassus belli avec les US) .
Nous avions bien compris que ce ne sont pas les élites Allemandes qui créent problème, mais la plèbe, celle qui a voté H.
Le peuple, vous dites? Vous pourriez expliciter ?
J’aime assez bien votre raccourci historique, et comment le peuple a été dupé lors de la réunification et lors de la création de l’euro..
Le ministre allemand de l’Economie n’exclut plus une faillite de la Grèce.
Le ministre allemand de l’Economie Philipp Rösler n’exlut plus une faillite ordonnée de la Grèce pour sauver l’euro, dans un commentaire à paraître lundi dans le quotidien allemand Die Welt. « Pour stabiliser l’euro, il ne doit plus y avoir à court terme d’interdiction de penser à certaines options. Parmi elles, il y a en cas d’urgence l’insolvabilité ordonnée de la Grèce, si on a à disposition les instruments nécessaires », écrit-il, selon un communiqué avant parution. M. Rösler est vice-chancelier d’Allemagne, en tant que président des Libéraux, petit partenaire de la coalition gouvernementale avec les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel. Mais celui qui donne réellement le ton en matière économique dans le pays est le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, membre du parti conservateur. Selon M. Rösler, les mesures d’austérité sont dans certains pays, comme la Grèce, encore insuffisants. « Le gouvernement grec doit savoir que les aides prévues dépendent de l’engagement de la Grèce à se réformer », ajoute-t-il. Et d’appeler à l’établissement d’un système automatique de sanctions : « en cas d’entorse à la règle, il doit y avoir des conséquences, telles qu’un versement soumis à autorisation des aides issues des fonds structurels de l’UE. En cas d’entorses persistantes, une suppression à court terme du droit de vote au sein du conseil des ministres de l’UE ne doit plus être un tabou ». En dernier ressort, une faillite ordonnée de l’Etat doit être possible avec pour objectif de « rétablir la capacité de fonctionner de l’Etat concerné, le cas échéant en limitant de façon temporaire ses droits de souveraineté », ajoute-t-il. Il prône également la participation substantielle des créanciers privés. L’Europe a besoin d’un « code de stabilité que les Etats membres appliqueraient selon leurs règles nationales et leur propre politique économique et financière », continue M. Rösler.
agences
C’est l’ensemble du système financier qu’il faudrait pouvoir mettre en faillite « ordonnée ».
Mes désirs font désordre ?…..
L’Allemagne traîne toujours ses « bad banks », et leurs actifs à risque :
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=46fb38e4c24f63fe1d1189f39b0c1b70
Oui ils avaient fait fort les vertueux on oublie souvent de le rappeler comme quoi une balance commerciale excédentaire peut aussi mener au pire !!!!
Lorsque Michel Foucault a prononcé cette leçon, l’Allemagne n’existait pas puisqu’il y avait deux Etats Allemands : la RFA et son Deutschmark d’une part, la RDA et son attachement factice à l’Union Soviétique d’autre part.
Il y a eu la réunification et la disparition du Deutschmark.
Si Michel Foucault a pu avoir raison à une époque – je n’en suis pas convaincu, mais je n’aurais pas la prétention de le contester en quelques lignes – il faudrait, pour le confirmer, pouvoir dire ce qui s’est passé en Allemagne depuis la fin du Deutschmark.
Je ne connais rien de pertinent sur le sujet.
Par ailleurs, l’Allemagne est aujourd’hui bien plus malade qu’on veut bien le dire en France. Toutes les valeurs sur lesquelles elle s’est fondée dans l’après guerre sont entrain de s’effondrer. Le modèle allemand est en crise profonde.
L’opposition massive au projet de la gare de Stuttgart est bien un signe qu’il se passe quelque chose d’inédit en Allemagne.
Si l’on suit le parcours d’Angela Merkel (y compris pour devenir chancelière), on s’aperçoit qu’elle sait très bien manoeuvrer, puis céder (certes en ronchonnant) :
– Utilisation de l’argent du contribuable pour sauver des banques (dont notamment Hypo).
– Plans de sauvetage de la Grèce, puis de l’Europe du Sud (plus généralement de l’Euro et des banques) en acceptant un détournement de la BCE pour :
1) accepter en dépôt quantité d’actifs toxiques,
2) acheter des bons du trésor de pays en difficulté.
– Nomination de Mario Draghi au lieu de Axel Weber pour la successsion de Jean Claude Trichet.
La question qui fait ronchonner est maintenant l’émission d’Eurobonds. Les paris sont ouverts quant à l’attitude de l’Allemagne. Il n’est pas exclu que Merkel cède encore, bien sûr à reculons.
Beaucoup pensent que c’est LA solution ; il se peut que ce ne soit qu’une illusion qui n’aura qu’un temps que « le marché » sanctionnera, à moins que ce ne soient les urnes.
Bien vu.
@lisztfr Vous écrivez le 11 septembre 2011 à 15:58
« @sylla
Foucault n’est pas davantage que Camus, un philosophe. Deleuze en est un, professionnellement car il travaille le concept. Donc les critiques envers Foucault concernant la rigueur selon un critère qui ne s’applique pas à lui, autant dire que Foucault n’est ni poète, ni peintre, ni cuisinier.
Foucault est historien avant tout, sans oublier le volet sociologique bien sûr mais il ne se prive pas non plus n’analyses littéraires. »
En général, vos interventions sont pleine de bon sens mais là vous avez fumé la moquette.
« Deleuze en est un, professionnellement car il travaille le concept. » En gros seul un professeur de philosophie peut avoir le titre de Philosophe, au même titre j’imagine que seuls les professeurs d’anglais peuvent avoir le titre d’Anglais etc.
En plus c’est vraiment rigolo le « car il travaille le concept » : c’était donc un professionnel de l’élucubration, ce qui est la cas de beaucoup de philosophes (mais pas lui, et en tout cas, pas sur tout). Je vous assure qu’on peut être quelque chose sans faire partie de l’éducation nationale 🙂
« Foucault est historien avant tout » : la belle affaire. M. Jorion est anthropologue avant tout et cela ne nous empêche pas de considérer que c’est un économiste sérieux.
Pour terminer, je lis avec intérêt tous les auteurs que vous citez en tant que philosophes. Je prends aussi le temps de lire les interventions sur ce blog même si, je l’avoue, j’ai du mal à tout comprendre et tout suivre dans l’actualité : certaines des interventions sont très philosophiques:)
Bah, pour aller dans votre sens, il parait que le censeur, propagandiste et imposteur Botul Henry Levy est un philosophe. Si pareil cuistre se le voit accorde, pourquoi le refuserait-on a un authentique penseur tel que M. Foucault?
[Vous voudrez bien m’excuser pour l’absence d’accents]
Parce que Botul est du côté du manche pardi et pas Foucault.
J’adore le « Botul » 😉
Un poison mortel que ce gars comme tous ses petits camarades conseillers auprès de Naboléon Ier.
Pour être philosophe là encore je prends la définition de Deleuze, il faut créer des concepts… par exemple Leibnitz avec les monades, et Deleuze bon, avec le pli baroque… le pli suppose un contenant, qui enveloppe. Il prend une idée abstraite et la développe, par exemple Kant les catégories de la raison. Bon, mais chez Foucault il n’y a pas de travail philosophique du genre création de concept.
Voilà c’est quelque chose d’assez spécifique un philosophe, quoique, le cas de Nietzsche peut poser un problème, celui de Wittgenstein également. Nietzsche n’a pas laissé de concept, il a travaillé l’idée de morale.. un moraliste ?
Si vous prenez Spinoza, Dieu, c’est la nature. A partir ce cette maxime ou cette gageure, s’élabore un système.
Et Platon ? (je vous laisse cogiter)
Foucault n’a pas véritablement fait oeuvre de philosophie… au sens stricte là comme nous l’entendons.
J’avais un prof, Laruelle je crois, à chaque fois que je sortais de son cours je me disais qu’il était complément cinglé, et pourtant je me souviens qu’il voulait qu’on écrive quelque chose sur la nuit et le jour, qui ne soit ni de la science, ni.. un roman, en faisant une synthèse nuit & jour, puis une antithèse, puis la synthèses des 2. C’est un style de pensée. On invente plus qu’on ne se réfère à l’histoire. Pour Foucault c’est exactement le contraire.
@lisztfr le 11 septembre 2011 à 18 h 49
« chez Foucault il n’y a pas de travail philosophique du genre création de concept. »
Ben voyons !
Réfléchissez donc au doublet empirico-transcendantal et demandez-vous ce que vient y faire l’adjectif « étrange ». « L’homme, dans l’analytique de la finitude, est un étrange doublet empirico-transcandantal, puisque c’est un être tel qu’on prendra en lui connaissance de ce qui rend possible toute connaissance ». (Les Mots et les Choses p. 329. Gallimard). Et puisque vous parlez du pli de Deleuze allez donc voir qu’il dit et de Foucault et du pli dans son Foucault.
Que d’inculture !
Spinoza ! c’est la plus belle aventure intellectuelle d’une vie, pour Deleuze comme pour les autres
Je ne dis rien de Foucault que je respecte notamment pour son oeuvre sur l’histoire de la folie, mais pas touche au génial Deleuze et son superbe séminaire sur Spinoza…
Oui… Son superbe séminaire où il dit qu’il ne comprend pas Spinoza, qu’il y a toujours un pan qui lui échappe… Spinoza ne nous est d’aucun secours ni d’aucune utilité, puisque c’est le penseur d’un système « all inclusive », clef en main, qui repeint dieu à la peinture immanente.
Voir Occam plutôt ! Le terrible franciscain d’Oxford :
« Personne ne conteste écrit Occam, que l’unité de l’univers réside dans l’ordre qui s’établit entre ses parties; mais cela veut seulement dire que les parties sont disposées d’une certaine façon…sans que pour autant l’ordre et l’unité soient quelque chose de distinct de l’ensemble des parties ou de chacune d’elles « , car « en dehors de ses parties il n’y a absolument rien » (p30, E Garin, moyen âge et renaissance)
Il y a ici déjà, chez Guillaume d’Occam (v.1285 – 9 avril 1347), une réflexion, ou un chemin qui va vers Leibniz, ou qui provient de Démocrite peut-être (atomisme… ) qui rejoint Heidegger sur la fragmentation de l’univers, l’univers fragment, en tout cas la perspicacité d’Occam est remarquable, pour l’époque. Cf la définition de la métaphysique de l’Etre, qui est le Néant, mais le néant d’étant, pas le néant d’Etre ; … l’étendu, la substance etc. très moderne.
» Le coup porté par le terrible franciscain d’Oxford allait beaucoup plus loin… »
» Il précise ailleurs, avec plus de force encore : » L’ordre et l’unité de l’univers ne sont pas une réalité relative, ni une sorte de chaine qui relie entre eux les corps existants… La notion d’ordre implique seulement des absolus numériquement distincts, éloignés les uns des autres, et elle exprime leur position réciproque et non une réalité inhérente à leur essence. »
Tout cela en plein moyen-âge..
Déjà à ce niveau là, on voit mal la place qui reste pour un Dieu même (et surtout) Spinoziste.
Je termine sur le superbe article de E. Garin qui écrit que ce sont l’art et la poésie qui ont permis à la Renaissance de repartir, et de changer un vision du monde statique provenant du stoicisme en passant par Averroès, pour un monde qu’il était possible de modifier, où l’homme devenait acteur et non plus seulement contemplateur, donc d’un univers créé avant lui.
Dieu lui même (re)devient créateur, jusque dans les structures profondes, tout est activité constructive et consciente :
« mais les champs mûrissent le blé,
la brume et l’onde s’élèvent jusqu’aux mont,
art profond de doubles alambics »
.. arte profonda di doppi alambicchi.
Extrait d’un traité de magie…
@ lisztfr
Oui… son superbe séminaire, où il profite d’une digression sur Socrate pour définir ce qu’est la philosophie…
Quant à Spinoza, il nous débarrasse définitivement d’un dieu (là où Occam laisse le problème en suspens) en l’enfermant dans la plus grande et la plus dorée des prisons qui soit : l’univers, c’est à dire lui même.
Je viens de m’asseoir à l’ombre des tilleuls, avec quelques bons livres, dont certains ont été écrits en langue allemande.
Quel plaisir, que celui de la conscience !
@lisztfr
« Je ne vois pas un athée comme M. Foucault soutenir une religion »
Je l’avais oublié dans la première partie de la réponse : sur ce point je peux vous renvoyer à G.Deleuze où il écrivait (je fais ça de tête mais vous retrouverez) que seuls les staliniens sont en droit de parler de Staline, etc.
Alors pourquoi pas dans certaines circonstances où malgré un athéisme personnel on peut aider ceux qui n’ont pas la chance de l’être en soutenant une religion (en gros la leur c’est plus prudent)
» Socrate : Maintenant de quel côté est on le plus facile à tromper et dans quel sujet la réthorique a -t-elle le plus de pouvoir ?
Phèdre : Evidemment dans ceux où l’opinion est flottante. »
» Et tu fais bien, ami . Mais il y a des chances que la race des philosophes ne soit pas , j’ose le dire , beaucoup plus facile à reconnaître que celle des dieux ; car ces hommes , je parle des philosophes véritables , non de ceux qui feignent de l’être , ces hommes que l’ignorance se représente sous les formes les plus diverses , parcourant les villes ….aux yeux des uns , ils sont dignes de mépris , aux yeux des autres dignes de tous les honneurs . On les prend tantôt pour des politiques , tantot pour des sophistes , parfois même ils font l’effet d’être complètement fous. Mais j’aimerais savoir de l’étranger , si ma question lui agrée , ce qu’en pensent les gens de son pays et comment ils les nomment ».
Manière à la Platon de terminer la » modernité » de Foucault , Deleuze …( Paul Ricoeur , Althusser , Breton ?)
A propos, un philosophe » moderniste » est il anarchiste , libertaire ou libertarien ? !!!
C’est pas la même chose ? 🙂
Foucault simplifie, ce qui lui permet de tirer des conclusions hâtives. L’Allemagne n’est pas une. A son époque, il y avait la RDA et son propre système de réflexion et de développement économique, à l’intérieur duquel il y avait débat – ce que beaucoup semblent ignorer avec superbe.
Et à l’intérieur de l’Allemagne de l’Ouest, la RFA, il y avait débat – sous une pression américaine incontestable. Avec des soubresauts et des soulèvements (mai 68, Pershing II et l’APO -opposition non parlementaire quand les deux grands partis ont gouverné ensemble et empêché les petits partis d’être représentés à gauche comme à droite). Avec les actions sanglantes de la RAF, Fraction Armée Rouge).
Avec des formules comme
Foucault (que j’aime bien pour certaines de ses analyses) ne démontre rien, il enfume et réduit l’Allemagne à son économie. Pour être lié aux milieux intellectuels allemands, je puis vous dire qu’il est passé à côté de l’essentiel.
puis l’histoire a fini par se réunifier avec l’oubli.
merci pour cet extrait ; je me demande pourquoi Foucault s’est planté avec l’Iran…
C’est ce qui arrive quand on est intelligent et qu’on se prend pour un génie …
Je pense qu’ l’on fait un mauvais procès à Foucault, qui n’est franchement pas un type à l’égo démesuré, il avait en face de lui tous les pouvoirs institutionnels c’était quelqu’un qui luttait contre toute forme d’oppression et de contrôle social.
J’ai beaucoup plus de réserves vis-à-vis d’autres dont je relis les livres avec scepticisme comme Merleau-Ponty. Son éloge de la philosophie ne casse pas 3 pattes à un canard.
Foucault avait coutume de considérer son travail réussi si à la fin il pensait le contraire de ce qu’il envisageait au début. Quelqu’un de modeste et qui reste écoutable , tandis que Lacan n’est plus écoutable car dégoulinant de pathos, avec des « gn » ponctuant ses énoncés.
On se souviendra ET de Foucault ET de Lacan ET de quelques autres.
Ce n’est pas le propre de l’internet que des internautes ivres de ressentiment fondent comme des oiseaux de proie sur le moindre nom qu’on leur propose et déversent le même message : « C’était un crétin ! etc. etc. ». Avant, on trouvait ça au « courrier des lecteurs ». Être publié sur l’internet, comme être publié dans un journal, c’est déjà de la reconnaissance. Et on me dira que la reconnaissance ce n’est pas l’aune à quoi tout se mesure. Même l’argent qu’on amasse, c’est pour gagner de la reconnaissance. C’est dire !
A propos de reconnaissance et pour abonder dans le sens de Paul Jorion :
La quête de reconnaissance éditée par la revue du MAUSS.
http://www.revuedumauss.com/
De plus en plus, dans tous les secteurs de la société, au travail, dans les relations entre groupes sociaux ou entre traditions culturelles ou religieuses, entre les sexes ou les générations, dans les rapports à l’État et l’administration, ou même en famille, les individus se sentent mal ou guère reconnus. Ils aspirent à la « reconnaissance », nouveau maître mot. De même au plan collectif : durant les deux derniers siècles, les luttes sociales se sont massivement présentées comme des luttes pour la redistribution de la richesse ; elles apparaissent principalement aujourd’hui comme des luttes pour être reconnus.
La thématique de la reconnaissance est ainsi devenue centrale en sociologie ou en philosophie politique, comme elle l’est dans la réalité même. Une société juste, pense-t-on maintenant souvent, est celle qui accorde à tous la reconnaissance sans laquelle nous ne saurions vivre. Mais pouvons-nous tous être reconnus, et reconnus à égalité dans nos singularités ? Qu’est-ce qui anime la demande de reconnaissance ? Et l’offre de reconnaissance, par les médias, les directions d’entreprise, ou les appareils politiques, n’est-elle pas souvent illusoire et manipulatrice ? Qu’est-ce alors qu’une reconnaissance authentique ?
Sur tous ces points brûlants, cet ouvrage apporte le diagnostic et les réponses de sociologues connus (et reconnus) et soulève une question insolite : l’étude des luttes de reconnaissance n’est-elle pas l’objet par excellence non reconnu de la sociologie, celui qui fonde son identité disciplinaire ?
@ lisztfr et Paul,
C’est bien la réaction à laquelle il fallait s’attendre.
Je vous demande pourquoi il serait déplacé de mettre en question l’une ou l’autre des affirmations de tel ou tel auteur, si grand soit-il. Platon fait-il l’unanimité ?
La présentation que Foucault fait de l’Allemagne, à un moment où il y avait deux Allemagnes, peut être discutée.
Y aurait-il des tabous ?
Je ne cherche pas à avoir raison, mais je ne comprends pas la mise en touche que vous faites, Paul.
J’ai pensé que le texte que vous proposiez était destiné à faire réagir – ce qui s’est passé – y compris pour remettre en question ce qu’il affirmait. Foucault a pu se tromper, lui aussi. Il ne pouvait pas tout savoir dans tous les domaines, ce qui n’enlève rien à la profondeur de ses nombreuses analyses.
« La présentation que Foucault fait de l’Allemagne, à un moment où il y avait deux Allemagnes, peut être discutée. »
Ce n’est pas , je l’espère, une clause de style pour reprocher à Foucault de ne pas avoir prévu la réunification. ?
Un peu de réalisme : le texte date de 1979. En 1979 l’ Allemagne ne pouvait
être que celle de l’Ouest, la « nôtre ».
Sa description reste, à mon avis; parfaitement lucide.
Et détachée et apaisée, au moins en apparence. Pour ma part, j’y relève
l’interrogation classique du français devant le mystère allemand : comment font-ils ?
Et que l’on tombe pas dans le piège nationaliste : il n’y en a pas.
L’histoire événementielle – les détails d’une vie politique interne active- n’est pas son sujet.
( Pour les Pershing, j’y étais: c’était un débat ordinaire, sérieux mais sans excès.
L’excitation était plutôt extérieure au pays, semble-t-il.)
Le texte proposé fait à peine une page: elle en dit, sa valeur informative correspond
à cette taille.
Autrement , c’est un procès qui relève de la mauvaise foi.
@ daniel, 11 septembre 2011 à 21:30
C’est bien là le problème.
J’habitais Berlin-Est et c’était bien l’Allemagne, pas « la vôtre » peut-être.
Elle est de quel côté, la « mauvaise foi » ?
@Karluss le 11 septembre 2011 à 18 h 23
Foucault avait halluciné en pensant cette révolution comme événement déraciné de ses sources sociales. Il l’avait imaginé comme une « spiritualité politique », comme s’il avait été séduit par l’idée d’une originalité transhistorique propre à ce fier pays. Les travaux d’Henry Corbin et son élaboration de « l’imaginal » ont pu contribuer à cette illusion dans la mesure où il aurait cru pouvoir transposer la contestation chi’ite originale en sautant quelques siècles par attraction exotique, mais surtout l’influence d’une mixture entre les notions marxistes dites « occidentales » et les traditions locales du type de celle élaborée par Ali Shariati (qui avait rencontré Sartre, lequel avait rencontré Foucault à ce propos) a été efficiente à une époque où le maoïsme finissant, et son rêve d’une révolution sociale dans le Tiers-Monde, influençait directement Foucault via son entourage. Là-dessus, même Mandosio a raison.
En un mot, il a été séduit par une interprétation du capitalisme comme un occidentalisme (confusion persistante de nos jours d’ailleurs). Pour autant, Foucault dénonça « très tôt les exactions du nouveau régime ». Son texte sur la révolution à mains nues est très beau, mais la religiosité, sécularisée ou non, porte malheur aux révolutions. Et Foucault s’y est laissé prendre comme si le pendant de sa critique hyper-consciente de la pensée occidentale avait pour corrolaire un rêve quant à une pensée orientale. Son goût de la pensée médiévale et son dégoût corrélatif de la pensée classique, qui nous a légué une très consistante critique de la représentation, s’est hélas bien mal transposé dans l’actualité.
Les philosophes sont souvent des caves en politiques. Ils ne charrient pas moins que d’autres les illusions de leur temps, d’autant qu’étant peu rompus aux mensonges, ils le décèlent rarement chez autrui. C’est pourquoi il ne faut pas les suivre, comme on suit des guides. Mais les suivistes sont tout autant responsables de leur chemin en prenant de tels sillages que leurs prétendus maîtres qu’on condamne aisément après coup. De ce point de vue je trouve que le médiévisme de Mandosio, qui certes n’a pas trempé dans l’orientalisme, est très suspect d’une dénégation inconsciente et me semble expliquer sa haine intime envers Foucault.
Pour autant on peut apprendre des philosophes lorsqu’ils remettent en question ce qu’ils connaissent le mieux, comme le fait Foucault avec « L’homme et ses doubles » (pp. 314 à 354 des Mots et les Choses). L’absence de dialectique ne casse pas des briques.
@ schizosophie : merci pour ces éclaircissements.
J’avoue ne pas avoir compris le sens du message. Est-ce que P. Jorion nous demande d’appliquer l’analyse de Foucault à la situation actuelle de l’Allemagne et du reste de l’Europe?
Le texte du philosophe date un peu. Il est vrai qu’après l’apocalypse de 1945, toutes illusions perdues, devenue un désert culturel et politique, le seul espoir de l’Allemagne consistait à se mettre à l’oeuvre pour rebâtir rapidement un pays vivable, primo, et secundo d’éviter le cauchemard communiste à la soviétique. Il est vrai aussi que les dirigeants allemands ont mis l’accent sur l’économie et non plus, comme pendant presqu’un siécle (1871 à 1945) sur le militaire. Mais leurs ambitions n’ont guère changé.
Les temps ont changé. On sent, derrière les maneuvres économiques, une nouvelle pensée et action politique à l’échelle mondiale. Humilité et servitude face au pouvoir des USA, entre autres, c’est du has been. Et la vielle vision d’une Europe unie a fait place à une vision plus pragmatique, utilitariste.
Cela, c’était la pensée d’Adenauer et convenait aux Américains. Beaucoup d’Allemands souhaitaient le communisme. Et beaucoup d’Allemands de l’Est ont vécu le « socialisme avancé » parfois avec enthousiasme, parfois avec circonspection, parfois dans le rejet a priori. Certes, ils regrettaient l’existence du Mur et la limitation des voyages à l’étranger, mais ils savaient que les fruits de leur travail étaient partagés entre tous. Puis le système s’est auto-détruit quand les dirigeants, vieillis, ont commis de graves erreurs et se sont repliés sur eux-mêmes.
Ce qui est terrible, c’est que le monde occidental ait pris pour argent comptant ce qu’Adenauer avait proposé aux Américains, la partition de l’Allemagne plutôt que la neutralité (comme en Autriche).
Quand vous dites que le capitalisme était « le seul espoir de l’Allemagne », vous tombez dans l’idéologie dominante qui nous a asservi pendant tant d’années..
Notre espoir actuel est bien de quitter ce capitalisme.
@Germanicus
Qu’elle s’exprime par le militaire ou l’économique la volonté de puissance a pour objectif l’hégémonie. Les fondateurs de l’Europe l’avaient bien anticipé et il ne s’agit pas de l’oublier aujourd’hui. Un test de nature financière va jauger l’évolution du nationalisme allemand: Ce pays acceptera-t-il ou refusera-t-il la mutualisation des dettes européennes ?
Les propos de Foucault sont datés d’une époque (77-79) où la gauche française s’interrogeait sur l’Allemagne et se trouvait dépourvue face à un pays qui commençait à ne plus vivre dans une culpabilité qu’on aurait aimé lui réimposer.
La mort « suspecte d’Andréas Baader et de ses camarades était pour beaucoup dans cette interrogation.
L’accusation d’amnésie portée par Foucault était à l’époque un lieu commun que chacun comprenait parfaitement dans la doxa freudo-lacanienne de l’époque et qui voulait que ce que l’on a oublié, on soit contraint à le répéter.
Le texte me semble composé de deux parties qui n’étaient accolées qu’à l’origine. De par les répétitions, plus nombreuses qu’il semblerait logique, de certains mots comme « histoire » et l’absence de liaison-introduction entre le constat du premier paragraphe et les conséquences que déroule le deuxième.
Mais je peux me tromper, naturellement.
Sur le fond, contrairement à ce qu’avance certains posteurs, on dirait bien que Foucault délégitime ici la renaissance via l’économique de l’Allemagne, sans préjuger du texte original, peut-être plus long, plus nuancé.
A son envolée marchande, il oppose « l’oubli » de soi, de son histoire en tant que pays, la « rupture » même, une espèce de schizophrénie pour la bonne cause, le rebonds.
Et si l’auteur parle de liberté, c’est pour la cantonner dans le domaine économique, ce qui n’est pas précisément le type de liberté que Foucault pouvait privilégier, il me semble. La répétition du « et » dans la formule finale condamne d’ailleurs « liberté », « bien-être », « État » et « croissance » à se bousculer, pour débouler comme un trop-plein qui dit l’exposition précipité, sinon la vente forcée, dans une frénétique tentative de continuer à avancer au-dessus du vide de l’ »oubli », qui se présente comme par hasard en dernier.
Pour reprendre un peu de recul, je me demande si Paul Jorion a voulu vraiment cadrer ici l’Allemagne contemporaine. Et si oui, où se situe la véritable ressemblance avec aujourd’hui.
Cette Allemagne où le consensus Etat-syndicats forts n’arrive pas à enterrer une misère croissant sur fond de salaire minable et revenus corrélativement écrasés depuis dix ans,, sans parler de l’absorption, encore en cours quelque part, de « l’autre Allemagne » ou de la remontée des extrêmes qu’on espérait noyées dans le bien-être circulant placidement au milieu des rayons proposant les solides produits allemands.
20h 42,
je regarde la messe sur FR2 sur le 11 septembre
et je me dis
remember
le 11 septembre …. 1911
http://blogs.mediapart.fr/blog/jonas-ekhr/070911/11-septembre-1911-la-france-en-emeutes
extrait:
Un siècle, 100 ans, 36500 jours, 3 ou 4 générations et rien n’a changé…..
Moi, je pensais à Allende et à tous ces chiliens morts sous la botte brune par la suite, tandis que Friedmann et ses Chicago boys imposaient un laboratoire économique de la privation généralisée, les oreilles bien protégées des cris des suppliciés et les yeux bien ouverts sur leur vérité Unique de l’époque qui ne passaient encore en boucle sur les écrans plasma.
Terriblement actuel ton document; touchant aussi, on sent la dignité et la volonté militante de ce Bretchoux…Une sorte de Thibault de l’époque…;)
36524 jours, à peu près.
Frappant en effet.
Le 11 septembre 73, Salvador Allende a fait son dernier discours dans la Moneda assiégée par les troupes de Pinochet. Ca fait 13870 jours (tu peux ajouter ceux correspondant aux années bissextiles).
Et Goethe dans tout ça ?
Depuis le début de la crise grecque et la masse d’insanités déversée impunément sur le peuple grec et autres PIGS par la presse allemande et la plupart des hommes politiques, je m’interroge sur la trajectoire de l’ Allemagne et sur ce qu’elle implique pour l’Europe.
Je suis sidéré de découvrir sous la plume de Foucault, un texte écrit il y a plus de trente ans qui donne sens en grande partie à mes inquiétudes actuelles.
Je m’interrogeais tout récemment sur le grand silence des intellectuels à propos de la dérive de plus en plus inquiétante de la politique allemande. C’est dire avec quel soulagement j’ai lu ce billet. Bravo! Paul Jorion ce que vous faites en soulevant cette pierre est aussi important que ce que vous avez fait en démasquant les monstres de la finance.
Quant aux divers sceptiques, je ne peux que leur conseiller de lire la presse allemande et pour certains probablement d’apprendre l’allemand.
Parisot accuse les Etats-Unis, vous l’Allemagne.
Pas de « dérive de la politique allemande », mais des questionnements sur ce qu’il convient de faire, depuis que les chefs d’Etat lui ont demandé de « prendre les choses en main ».
Pour s’en informer, il faut lire autre chose que les journaux à sensation.
Le débat est vif. Les responsables actuels et futurs du pays savent qu’en fin de compte ce qui est bon pour les autres pays de l’Union est bon pour l’Allemagne.
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/0,1518,785573,00.html
Et pendant qu’on parle de l’Allemagne, on ne dit pas que ce sont les banques françaises qui sont menacées de voir leur note baissée … à juste titre.
PS : Vous auriez le temps de préciser en quoi consisterait à vos yeux « la dérive de plus en plus inquiétante de la politique allemande » ? Si c’est dans le social, je suis prêt à vous suivre.
La politique allemande est résumée très clairement dans cet interview de Hans-Werner Sinn tiré de La Tribune du jour:
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Pour Hans-Werner Sinn, directeur de l’institut Ifo de Munich, il faut que la banque centrale cesse de racheter la dette des pays en difficultés. Interview.
Que peuvent faire les gouvernements pour sauver l’euro ?
Ce dont nous avons besoin en Europe, c’est d’une discipline fiscale, d’une période de sévère limitation des moyens budgétaires et d’une dévaluation, par la réduction des salaires et des prix, dans les pays de la périphérie par rapport aux pays centraux. Avec l’euro, beaucoup d’argent a coulé dans ces pays dont certains sont devenus inflationnistes et ont acquis un niveau de prix trop élevé pour être assez compétitifs. Nous devons revenir en arrière. Si l’on construit l’euro de façon à ce qu’il y ait toujours plus d’argent public à disposition, alors l’euro disparaîtra.
Ces exigences ressemblent à celles du modèle allemand…
À l’arrivée de l’euro, l’Allemagne a connu des temps difficiles avec du chômage, le plus faible niveau d’investissement de la zone et la plus faible croissance. À cause de ce marasme, les prix ont reculé, relativement aux autres pays de la zone euro, de 21 % entre 1995 et la fin de l’année dernière. Les salaires ont suivi dans la même proportion. Cette époque a été difficile, mais a rendu l’Allemagne a nouveau compétitive. L’Irlande a, dans une période encore plus courte, réduit ses prix et ses salaires et est redevenue compétitive. L’Espagne, le Portugal et la Grèce ne montrent pas le moindre signe d’une telle volonté. Et à mesure qu’on leur verse de l’argent, les ajustements nécessaires deviennent moins vraisemblables. Si on les aide trop, les prix et les salaires resteront aussi élevés qu’ils le sont aujourd’hui.
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Grace à Schröeder, la bourgeoise allemande a réussi à imposer une dégradation sans précédent des conditions de vie et d’emploi des travailleurs allemands. Fort de ce succès, elle estime le moment venu d’imposer aux travailleurs des autres pays européens, la même purge.
Par tous les moyens et sans tenir compte des rapports de force nationaux.
La crise grecque a été créée de toute pièce pour faire un exemple. Mais il est évident que le principal adversaire visé par cette politique, c’est le peuple français et ses traditions de lutte.
L’UE n’offrant aucun cadre, un tant soit peu démocratique, de négociation des conflits sociaux, il y a fort à craindre que ces conflits prennent rapidement un tour nationaliste, comme c’est déjà le cas entre l’Allemagne et la Grèce.
A propos de la presse allemande, je ne parle même pas du Bild, mais d’une presse sérieuse, Die Welt, Die Zeit, Der Spiegel, The Financial Time (Deutschland)… En Allemagne, il y a maintenant un large consensus autour d’une vision nationaliste et mystificatrice de la crise au sein de l’UE. Sans parler de l’illusion ridicule, suivant laquelle le « modèle de compétitivité allemand » prendrait l’avantage dans la concurrence avec l’Asie, en se délestant de ses partenaires européens, moins performants!
Deux voix se sont élevées pour dénoncer cette grave dérive: Helmut Schmidt et Helmut Khol.
Comme par hasard deux hommes politiques de la défunte RFA.
@ JLM, 12 septembre 2011 à 11:06
Merci pour cette précision.
Selon Hans-Werner Sinn, il s’agirait d’une dérive qui apparaît dans la presse : Die Welt, Die Zeit, Der Spiegel, The Financial Time Deutschland (‘Times’ plutôt). Et de déclarer : « En Allemagne, il y a maintenant un large consensus autour d’une vision nationaliste et mystificatrice de la crise au sein de l’UE. » J’aimerais bien que M. Sinn nous cite les articles du Spiegel qui vont dans ce sens, car ce n’est pas du tout la ligne de cet hebdomadaire que je lis avec assiduité (pour mon travail). Et si le Spiegel se démarque, c’est qu’il n’y a pas de consensus. Je ne nierais pas, par contre, que ceux qui sont proches du petit parti libéral (FDP, peu de voix depuis 18 mois) ainsi que de la droite de la CDU-CSU (qui a aussi un centre et une gauche, comme vous savez) pensent et s’expriment comme l’indique M. Sinn.
D’où mon étonnement.
Est-ce M. Sinn qui préconise :
???
Ou bien dénonce-t-il cette attaque de la « bourgeoisie allemande » (française, britannique, américaine, etc. Leurs intérêts sont croisés depuis belle lurette) ???
Je retiens de ce texte que l’état allemand a été mis hors-la-loi. L’économie lui a redonné une légitimité. Cette légitimité se fonde sur la croissance économique du pays.
J’en retire l’idée que si l’économie de ce pays tousse, la légitimité de son état saute. Ce serait un truc à voir revenir les nazis devant la scène. L’idée hors-la-loi de l’état allemand n’est pas morte. Il y a trop peu de temps que le décret a été prononcé. Il y a trop de critiques contre le tout économique. Il y a de plus en plus de déçus de ce modèle. Ce qui a été mis hors-la-loi redevient fréquentable.
J’en comprends aussi pourquoi les plus orthodoxes de l’économie libérale sont allemands. Il en va de la légitimité et de la stabilité de ce pays. Je comprends pourquoi il y a ce refus de payer pour les Grecs. Le faire ou voir la construction de l’Euro sauter toucherait la légitimité des autorités de ce pays. Découvrir que les banques allemandes ne sont pas très solides alors qu’elles ont tout fait selon la doxa en cours ferait aussi horriblement mal à cette légitimité.
Si cette légitimité saute, ce qui est hors-la-loi revient.
Si j’ai tort, Foucault s’est trompé sur l’Allemagne. Lol.
L’Etat allemand, « comité administratif des affaires bourgeoises » ?
Selon Foucault, sa légitimé est économique. Dire « comité administratif des affaires bourgeoises » me semble être un synonyme tout à fait correct de légitimité économique.
L’économie va servir à courir après le bonheur et l’apporter à tous. C’est la théorie en cours. Les déceptions nous arrivent dessus à toute vitesse. Si Foucault à raison, l’Allemagne va renouer avec ses démons.
Si Foucault a raison, je ne vois vraiment pas pourquoi cette idée se limiterait seulement à l’Allemagne. L’économique nous a servi de chemin vers le bonheur. Il s’effondre. L’éditorial de Krugman de ce jour annonce que si la BCE fait les erreurs auxquelles il s’attend, l’Euro implose cette semaine. Tout ce que l’économique a permit de cacher, de nier, d’oublier repasse devant la scène. Les Guerres de Religions qui ont donné naissance à notre Modernité vont nous apparaître comme d’aimables pique-niques par rapport aux extrémismes de gauche et de droite. En plus, il y en a qui sont franchement laïques. Le discrédit sur la Modernité sera celui qui entache le Communisme et le Nazisme. Ce qui va rester à notre disposition pour penser le monde et lui trouver un sens s’annonce petit, faible, insuffisant, ridicule. J’ai peur.
Un exemple.
Une autre époque (aujourd’hui) et un autre continent (Afrique) :
« Le président rwandais Kagame en visite en France pour « échapper à l’Histoire »
Le titre, en lui-même, est édifiant … ‘Pour échapper à l’histoire’.
« Lundi, Paul Kagame doit déjeuner avec Nicolas Sarkozy, et discuter avec lui lors d’un entretien consacré « au développement du partenariat entre les deux pays et à l’approfondissement de notre coopération », a indiqué l’Elysée. »
Reprenons.
« L’histoire avait dit non à l’État rwandais. C’est désormais l’économie qui va pouvoir lui permettre de s’affirmer. La croissance économique continue va relayer une histoire défaillante. La rupture de l’histoire va donc pouvoir être vécue et acceptée comme rupture de mémoire, dans la mesure où va s’instaurer au Rwanda une nouvelle dimension de la temporalité qui ne sera plus celle de l’histoire, qui sera celle de la croissance économique. Renversement de l’axe du temps, permission à l’oubli, croissance économique : tout ceci est, je crois, au cœur même de la manière dont fonctionne le système économico-politique rwandais. La liberté économique coproduite par la croissance et du bien-être et de l’État et de l’oubli de l’histoire. »
En passant, la France aussi ‘échappe’ ainsi à son histoire (et de même pour la Belgique) …
Foucault ne parle pas de l’Allemagne.
Foucault ne parle pas de 1979.
Foucault parle du système.
Celui que nous avons actuellement et qui est formaté (entre autres) pour produire de l’oubli de l’histoire.
Celui qui existait alors en Allemagne en 1979.
Celui qui est en train de se casser la gueule.
Le capitalisme.
Intéressant … et joliment dit.
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Je me demande si je ne viens pas de comprendre les 10 commandements… Enfin, faut que je continue à fouiller tout de même, c´est pour ça que je vous demande votre avis. Je prétends pas résoudre une question si vieille dans mon coin.
En fait, je n´ai pas refait une analyse de texte, mais j ai simplement usé d´un exercice mental en les lisant en imaginant que c´est quelqu´un comme Nicolas Sarkozy, ou Claude Guéant, ou Brice Hortefeux, ou Gérard Longuet, (ou James Cameron, ou Georges Bush, …) qui me les dit en direct à la télé au 20H00 après un énorme crach économique et social.
La réaction n´a pas tardé.
Je me suis écrié :
Je m´imagine ensuite courant dans les rues comme un fou en criant « Aux armes! » dans mon quartier. Évidemment, ça finissait à Sainte-Anne, c´t´affaire.
Je vous jure, ça fout la trouille.
Aucune réflexion approfondie pour l´instant, dites moi juste si ça vous fait le même effet.
Ce qui était annoncé ce n’était donc pas la fin de l’histoire mais juste son oubli?
La chose qui me chagrinerait le plus si je croyais possible une solution par les politiques actuels sans que les populations s´en mêlent sérieusement, ce serait peut-être :
– Je considèrerais que les politiques sont sincères mais s´abusent et abusent.
– malgré tout ils devrait leur rester une part de sincérité.
– et puis, je vois Christine Lagarde qui dit à quelques jours d´intervalle, en fonction du poste qu´elle occupe, une chose et son contraire, le tout avec la même conviction, le même sérieux, la même morgue que lui fournit son expertise mondialement reconnue.
Comment imaginer que, honnête, se rendant compte qu´elle s´est trompée à ce point jusqu´alors, elle ne nous ait pas fait un discours historique de contritions et de regrets, indiquant qu´elle n´avait pas tous les éléments pour analyser la situation, bla bla bla…
Juste une question que je me pose.
@Vincent Wallon
Un pote me disais récemment, quand je lui parlais de quelqu’un d’évidemment bien plus sympathique : « Hitler aussi, il était sincère. » Le Bien est une girouette. Peut-être est-ce ce qui énervait don Quichotte.
@ Vincent Wallon 12 septembre 2011 à 17:08
Je n’ai pas suivi la dernière déclaration de Mme Lagarde. Celle qui m’avait marqué était sa condamnation de la politique économique de l’Allemagne qui pourtant me semblait bonne, puisque ce pays est en moins mauvaise posture que les autres en l’Europe.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/03/15/04016-20100315ARTFIG00496-christine-lagarde-appelle-berlin-a-modifier-sa-politique-.php
Aurait-elle dit l’inverse récemment ? Pouvez- vous me donner un lien SVP ?
@jducac,
Je parlais de ses déclarations selon lesquelles les banques françaises allaient très bien du temps où elle était ministre de l´économie puis subitement, elles nécessitent d´urgence une recapitalisation depuis qu´elle est directrice du FMI.
@ Vincent Wallon 12 septembre 2011 à 22:50
Merci pour votre réponse. Il n’y a pas qu’en France que les banques veillent à être moins vulnérables.
En Grande-Bretagne elles font mieux que la ligne Maginot, elles en sont à la muraille de Chine.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/09/12/04016-20110912ARTFIG00668-londres-lance-une-grande-reforme-bancaire-lancee.php