Ce texte est un « article presslib’ » (*)
L’année dernière, je me suis rendu au Forum Économique de Krynica, en Pologne. Je vous rappelle que ce sommet aspire à être pour l’Europe Centrale et de l’Est, l’équivalent de Davos en Europe Occidentale.
J’ai été réinvité cette année-ci, et en particulier pour parler des agences de notation. J’ai initialement accepté l’offre. Mon enthousiasme a tiédi lorsque l’invitation s’est transformée en une table-ronde dont le nombre de participants n’arrêtait pas de croître, au point qu’aux dernières nouvelles (le 30 août), le temps de parole de chacun des intervenants s’était réduit à une brève introduction (moins de deux minutes), suivie d’un exposé (quatre minutes maximum). Aller en Pologne, pour parler moins de six minutes, et me battre ensuite avec cinq autres pour grappiller un peu des 24 minutes que le modérateur ne prendrait pas pour lui-même ? La proposition n’est pas véritablement alléchante.
Mais j’y serais allé quand même, car j’avais lancé ma propre proposition : un entretien d’une demi-heure que je sollicitais de chacun de mes co-panellistes. À savoir : un professeur d’économie dans une grande université européenne, le régulateur en chef d’un grand pays d’Europe Centrale, le Vice-Président de l’Association des Banques du plus grand pays d’Europe de l’Est, le Président d’une des grandes agences de notation pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Sud, ainsi que le Président d’une autre grande agence de notation pour un grand pays d’Europe Centrale.
Ma proposition n’a pas suscité l’enthousiasme – c’est le moins qu’on puisse dire. Je n’ai reçu qu’une seule réponse, en provenance d’une dame, « responsable des relations avec la presse » de l’une des deux agences de notation qui seront présentes, qui m’écrivit :
« Cela nous aiderait beaucoup que vous puissiez préciser :
– Comment utiliseriez-vous l’information obtenue durant l’entretien ? Questions et réponses, ou bien au sein d’un article plus général ?
– Quel serait le thème d’un article où les propos d’un représentant de l’agence X seraient utilisés ? Serait-ce un article spécifiquement consacré à X ? Ou aux agences de notation en général ? Ou à un sujet plus vaste encore ?
– Quelles seraient vos question spécifiques, ou quels sujets spécifiques voudriez-vous aborder ?
– Nous donneriez-vous l’occasion de vérifier les citations ?
– Pour qui écrivez-vous ? Pour l’agence Bloomberg ? »
J’ai répondu que mon approche serait critique, mais non inamicale, et que la balle était entièrement dans leur camp pour ce qui touchait au format : j’adopterais la formule de leur choix.
Depuis, là aussi : silence radio.
La Grande Muette, c’est donc désormais la finance. Le moindre mot peut en effet faire tomber ce qui demeure encore en place du fragile édifice, et on ne peut donc guère lui en faire le reproche. Mais on me permettra – s’il n’y a vraiment plus rien à dire – de rester chez moi.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
37 réponses à “LA NOUVELLE « GRANDE MUETTE »”
Édifiant!
Inquiétant!
En vous remerciant!
Chaleureusement!
Monsieur Jorion,
J’ignore si vous êtes conscient d’une analogie avec les pays de l’est. Il était raconté ici que les régimes communistes avaient très peur des dissidents car ils disaient la vérité. J’ignore ou doute si la vérité est aussi puissante que ça.
Votre texte me fait penser que vous les croyez dans la situation actuelle. Dans mon analogie vous êtes le dissident et la finance représente les régimes communistes de l’époque.
Si cette analogie correspond à quelque chose, la finance est dans la position des pays communistes dans les années 80. Pas mal.
Je pense que vous tendez vers cette idée avec votre analogie entre les banquiers centraux et les marins ne sachant vraiment plus que faire. Alors ils prient.
@ Didier F
Vous avez bien sûr raison de faire cette analogie. Le monde financier est un immense village Potemkine.
Euhhh, les villages Potemkine, c’était pas lors des ballades en calèche de la Grande Catherine ?
@ Julien Alexandre,
Bonsoir,
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/09/01/les-cables-diplomatiques-de-wikileaks-diffuses-sur-internet_1566125_651865.html
@ Marx :
non non non, lors des ballades à vélo de la Grande Christine.
A moitié hors sujet.
S’il vous plaît, vous serait il possible de rajouter une fenêtre sur la page d’accueil du blog, dans laquelle seraient indiquées les dates, jours, lieux et heures des différentes interventions de Paul JORION.
Ca permettrait peut être à un public plus nombreux de s’organiser pour se déplacer et pour vous écouter.
Quitte à éffacer les dates, où à rajouter les mentions sous reserve, où en attente, en cas d’annulution ou d’inappétance aggravée.
Le monde financier est un tout petit petit monde
et dans le village, il occupe la superficie d’une niche.
@Xas > j’appuie cette suggestion (que j’ai déjà formulé), mais ça ne semble pas facile à mettre en place 😉
Cher Monsieur Jorion, toute vérité nouvelle suscite d’abord la raillerie, ensuite une forte opposition pour l’empêcher de sortir du puits, et enfin, elle devient une évidence pour tout le monde; bon, eh ben vous êtes dans l’étape intermédiaire, au milieu du gué, dirions nous, et vous leur foutez la pétoche; c’est assez plaisant!
Bonsoir, Paul
Tu sais, je pense qu’avec ce qu’il se passe actuellement dans le monde, ce n’est plus la crise économique qui a de l’importance, cette crise est devenue, relativement, marginale par rapport aux vrais évenements.
Nous sommes dans la verticalité gaussiénne d’un systéme qui s’éffondre inexorablement.
De quoi demain sera t’il fait ? personne ne peut le dire, les dés sont jettés, il faudra attendre qu’ils ne tournent plus pour le savoir.
Dans l’attente, il serait mieux, je crois, de revenir vers l’anthropologie car ce n’est pas un systéme financier qu’il va falloir reconstruire, non, ce sera un nouveau systéme sociétal à l’échelle de notre planéte, et là, aussi, je pense que tu pourrais avoir de bonnes idées.
La Verticale gausséenne, je ne la vois qu’un peu dans une « Courbe de Gauss », icone assez bien diffusée aujourd’hui pour devoir y croire et s’y retrouver, mais à laquelle je ne connais rien.
Il est vrai que bien des articles aujourd’hui décrivent la catastrophe et les rustines pour l’emballer.
Ce qu’il faudra reconstruire, sortira des évènements que l’humanité vivra : on ne savait pas en 14 qu’on octroyerait le suffrage universel en 18, ni en 39 qu’on ferait la sécu généralisée en 45 (je parle de la Belgique).
Autonomie alimentaire et énergétique des communautés, suivant leur territoire, etc. Tout sera à improviser, on peut à peine anticiper. Anticiper l’après-Fukushima, par exemple, était-ce concevable ?
Mais que faire DURANT la chute, durant « la drôle de guerre » ? Voilà le thème à développer. Acheter du riz, du sucre, des conserves, de l’or, des bûches ? Que planter et cultiver ?
@chabian
Ouais, le seul truc qui me chiffonne, c´est qu´on a eu besoin de dire « plus jamais ça », si on pouvait éviter d´en passer par là cette fois, ça n´arrangerait pas que moi, je crois. Non ?
Au risque de paraître simpliste, l´histoire me semble bien faite de Révolutions et de Contre-Révolutions, sur fond de crises naturelles ou causées par l´Homme, je laisse la providence aux superstitieux.
Oui et non, c’est pourquoi Luc Chatel prescrit des leçons de morale.
Je pense que c’en est à un point où… c’est pourquoi dans le film mélancholia (ouf, j’ai réussi à le placer), le tableau de Brueghel montre les oiseaux qui tombent car rétrospectivement le monde s’écroule jusqu’en l’an 1500.
N’empêche qu’une barque sur l’océan, la merveille de Ravel est toujours aussi joli à écouter. Un rayon de soleil amical…
Un rayon de soleil amical et ce qui commence a m’apparaitre comme un luxe ……se dire « bon l’année a venir je reprends des cours de guitare »….prévoir l’année a venir…… !
Les leçons de morale de copé et de son copain vendeur d’armes et de pétrole takkiedine affleurent… mais j’aime aussi La plainte au loin du faune, pour le tombeau de Claude DEBUSSY de Paul DUKAS.
Evitez le Pacifique…
2 études de simulation / dépôt sur le sol de césium-137
-Par le CEREA Centre d’Enseignement et de Recherche en Environnement Atmosphérique
http://cerea.enpc.fr/en/fukushima.html
-et par les chercheurs de l’Université de Kyushu et de l’Université de Tokyo
http://sprintars.riam.kyushu-u.ac.jp/FKS2011/press110622.mov
musique! Japan – Nightporter http://www.youtube.com/watch?v=blD3uDd5QTo
Krynica, pas loin des Carpates et terroir d’un des grands ancêtres de la finance : Dracula.
Le crachin breton est plus sain que ces forêts humides.
Dans le zoo de Pologne les anges volent à l’envers.
Même les avions s’écrasent comme de grandes mouettes silencieuse, le bec dans la poudreuse…….
bah le gars qui dit la vérité est toujours ennuyeux … ^^
Vous voilà tout alarmé face à la grande muette……
L’alarme, c’est pas à l’œil. 🙂
A force de vouloir corriger les effets, nous n’avons plus réfléchi à la cause.
Et il est trop tard pour s’y consacrer maintenant.
Nous serons 7.000.000.000 sur terre cette année et nos systémes organisationnels ont été pensés pour n’en gérer que 2 ou 3 milliards, tout au plus !
Soit nous neutralisons l’empire ( pas plus de 100.000 personnes, à mon avis) soit l’empire raméne la population mondiale à ce que son systéme sait gérer, c’est à dire 2 ou 3 milliards d’hommes.
Il ne nous reste plus qu’a faire mentir l’allégorie de la caverne, Platon avait raison !
Je pense plutôt que c’est « la grande menteuse ».
Dès qu’une personne émet un avis objectif et réaliste sur l’état actuel de la finance mondiale.
Il est immédiatement enseveli sous des centaines de dépêches rassurantes et affirmant le contraire.
Dédicace pour Monsieur Jorion :
http://www.youtube.com/watch?v=Dq8CyzMJNWY
Un peu à côté. Mais quand même, pour PJ, si il ne connaissait pas: Un éclairage très clair sur l’historique de la dérive des paris spéculatifs sur les comodities
http://www.youtube.com/watch?v=t3Xl0L21PjU&feature=player_embedded
Il me semble qu’il s’agit là plutôt d’une réaction de gens aux abois.
Belle (et espiègle) tentative…
En tout cas, 580.000 visiteurs sur votre blogue en août. C’est un score, non?
« Depuis, là aussi : silence radio. » Comme quand je pose des questions (simples !) ici !
La finance est une ponction comme les autres, nécessaire au fonctionnement du système. Comme les autres elle a fini par atteindre ses limites. Dire que faire de l’argent de manière sale n’est pas bien (sauf pour les financiers), c’est comme dire que la guerre ce n’est pas bon (sauf pour les guerriers).
Oui donc, la finance est (fut) nécessaire au fonctionnement de l’économie : la solidarité est conditionnée à la production (pensez-y : c’est insensé !) – aujourd’hui de superflu, d’inutile -, et si les salariés récupèrent une part trop importante de la richesse produite le système s’effondre par manque de main d’oeuvre contrainte par le besoin d’argent.
Donc question : que fait-on avec l’argent récupéré de la finance ? Soit une autre ponction vient prendre (par nécessité) la place laissée libre, soit c’est la manière de vivre les uns avec les autres qui change. Je préfère cette seconde solution, moins shadokienne. Mais si on n’en parle pas, si on ne prépare pas ce nouveau vivre-ensemble, alors le système s’en sortira une nouvelle fois.
La démocratie ça se construit. Il faut du temps. Comment libérer du temps (ce serait humainement, de manière humaniste, la moindre des choses), ce cadeau dont nous disposons tous au départ ? Comment libérer du temps, pour tous, pour que tous puissent participer à la construction de la démocratie – c’est un travail –, et non pas pour quelques élus que l’on va payer grassement pour qu’ils s’occupent de nos tâches ménagères, Économiques, de vivre-ensemble, de solidarité ?
PS : si ça ne vous dit pas de répondre, je veux bien accorder à chacun un entretien, non pas de son foyer mais d’une demi-heure, ou plus si affinité.
Oh capitaine, mon capitaine !
A voir leur fonctions, tous ces messieurs ( tiens, pourquoi que des messieurs?) sont là pour défendre un système, à l’extrême limite, pour l’amender à la marge si pas possible de faire autrement, certainement pas pour en penser un autre, il faudra faire sans eux.
Soyez d’abord Ok, rasez-vous la barbe et les poils aux pattes.
Ecrivez et exprimez-vous d’abord comme nous autres, c’est-à-dire de manière beaucoup plus académique, fonctionnez également pour ne pas trop faire de vagues et de remous, surtout dans notre temps et vous mériterez alors le droit de recevoir tous les honneurs et médailles de la terre, petits fours et compagnie. Ne vous plaignez pas trop Paul d’être pas plus souvent invité sur les plateaux, moi personne ne sait que j’existe remarque c’est pas plus mal qu’est-ce que je pourrais dire de plus pour les gens de mon temps. J’aurais tellement voulu devenir entomologiste sur le propre petit monde des insectes dans le monde de la finance.
Mais peut-être qu’un jour et avant que la nouvelle censure se mette progressivement en place, il deviendra beaucoup plus possible de relire toute l’intégrale de JJ, j’ai déjà beaucoup trop donné de moi-même sur la crise, ah si je savais seulement mieux écrire plus clairement les choses, alors à défaut je viens de temps en temps dans la taverne de Paul dans l’espoir qu’un jour quelqu’un me surprenne.
En attendant je me lamente comme le premier lamentin, mais peut-être que je ne devrais pas et devrait plutôt suivre le premier devoir terrestre du plus grand nombre et qui bien évidemment oligera sans cesse les êtres à devoir constamment se conformer aux nouvelles directives globales de plus en plus visibles, inhumaines, intenables, on n’est pas tous non plus des machines.
formation accélérée d’argents doubles.
La grande muette
La nouvelle grande muette a toujours été derrière la traditionnelle grande muette c’est à dire l’armée.
Paul me parle de la grande muette et moi je pense déjà aux mouettes, mais pourquoi je fais certains rêves au sujet des animaux et autres espèces en voie de disparition forcée.
Gens de mon temps lorsque vous verrez même des mouettes volaient au-dessus de vos têtes et cela après l’autre grippe de plus des banquiers sur les marchés, prenez alors tout de suite vos jambes à votre cou, ne pensez même plus comme nos premières élites mondiales, à prendre davantage bagages et bijoux. N’attendez pas non plus la permission de la grande muette elle sera en fait de plus en plus obliger et contrainte de marquer davantage les gens, surtout lorsque la loi martiale sera de nouveau mise en vigueur, histoire de mieux nouveau faire respecter l’ordre et la morale, faut pas faire non plus trop de vagues d’un coté où de l’autre lorsque par exemple le Ciel vient progressivement nous tomber sur la tête.
Au fur et à mesure que les choses se gâtent, se dégradent, se décomposent, se délitent, le grand spectacle du monde ne dure bien sur plus du tout personne sauf les premiers, c’est sur et certain dans un tel monde d’aveugles et de naïfs ce sont surtout les grandes muettes qui vont bientôt prendre la relêve, en plus avec les nouveaux moyens et jouets modernes cela ne risque pas d’épargner grand monde à la prochaine, déjà l’atome et la grande muette à Fukushima.
Combien ont déjà perdus la vie, l’honneur, la dignité, la raison, la santé, l’équilibre, l’espoir, la foi, leur civisme à cause des plus sourds et aveugles de notre temps, nos élites mondiales ne se rendent absolument pas compte de l’état actuel du monde dans le tout terrestre marchand.
Oui je ne sais pas pourquoi je me mets parfois à écrire des choses pourvu que je puisse encore échapper à la grippe
et à la mauvaise santé pour demain.
Les financiers silencieux seraient-ils taoïstes, qui mettent en pratique cette sage maxime:
Celui qui parle ne sait pas;
Celui qui sait ne parle pas.
Partout le silence des cimetières:
» Pétrole: un secret bien gardé
Le gouvernement refuse de dévoiler les quantités d’or noir extrait du sous-sol québécois
… Le Devoir a demandé, en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, les documents faisant état des quantités de pétrole extrait des puits forés depuis 2008 par les entreprises Junex et Pétrolia sur le territoire du Québec dans le cadre des opérations d’exploration qu’elles mènent afin de cibler les gisements propices à une exploitation commerciale.
Mais le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a signifié son refus de «transmettre les documents demandés»…. »
Alexandre Shields 31 août 2011 Actualités économiques
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/330396/petrole-un-secret-bien-garde