Billet invité
Le 14 septembre prochain, Edgar Morin et Stéphane Hessel publieront ensemble « les chemins de l’espérance ». Après « indignez-vous ! » véritable bible des indignés à travers l’Europe c’est donc avec Edgar Morin, lui aussi figure emblématique de la résistance française que Stéphane Hessel a choisi de prolonger son message.
Relisant récemment Edgar Morin et observant les récentes évolutions (ou non-évolutions) de la crise de la zone Euro mais également, outre manche, les secousses sociales (en attendant les répliques) il m’est venue l’idée de revisiter les cinq principes d’espérances du philosophe et sociologue qui figurent en conclusion de son dernier ouvrage « la Voie ».
Le premier principe d’espérance qu’Edgar Morin évoque est : le surgissement de l’inattendu et l’apparition de l’improbable.
Il fait ainsi référence à certains moments clés de l’histoire aussi déterminants qu’inattendus par exemple la résistance grecque face au « géant » perse pendant les guerres médiques et qui ont permit la naissance de la démocratie cinq siècles avant notre ère ou encore la « congélation » de la stratégie de défense statique d’Hitler face à l’armée rouge par d’inattendues températures extrêmes empêchant la creusée de tranchées allemandes à l’automne 1941 et qui constitua le point de départ d’une remise en question de la suprématie militaire nazie.
Ces exemples qui illustrent ce premier principe d’espérance ont un point commun : le contexte guerrier. La période de paix mondiale actuelle (certes toute relative) empêcherait-elle la manifestation de ce principe d’espérance ? Probablement.
En tout cas et en y réfléchissant bien, le surgissement de l’inattendu ou l’apparition de l’improbable pourrait prendre aujourd’hui la forme d’une mise en échec coordonnée (ou non d’ailleurs) du type de logique financière et commerciale qui s’est progressivement imposée au processus de mondialisation dans lequel nous vivons. Quelques pistes ? Un électrochoc fédéraliste budgétaire européen, une réforme de fond du système monétaire international, un retour à la charte de la Havane en matière de commerce international.
En guise de deuxième principe d’espérance, Edgar Morin mentionne les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l’humanité.
Le philosophe applique l’analogie biologique qui veut que les cellules souches possèdent des propriétés régénératrices ou génératrices à l’état dormant aux phénomènes socio-économiques inhibés (souvent marginaux) qui sommeillent dans toute société.
En prolongeant l’analogie biologique, ce motif d’espérance souffre de la manipulation cellulaire provoquée par le système néolibéral qui a inhibé à grande échelle les vertus génératrices/créatrices de nos sociétés. Le crédit privé (jusque 2008) lui-même associé à une agréable désinflation « made in china » et les effets de richesse dus à l’immobilier ont largement concouru à cette situation.
Il est donc permis d’espérer que ces manipulations du corpus social par les apprentis biologistes néolibéraux prennent fin (trappe à liquidité, effets sur l’emploi de la désindustrialisation devenu intenables, disparition des effets de richesses dus à l’immobilier…) et puisse désinhiber les vertus créatrices de nos sociétés.
Les troisième et quatrième principes d’espérance sont respectivement, les vertus de la crise et les vertus du péril.
Edgar Morin cite ici Friedrich Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve ».
La principale question que posent ces deux principes d’espérance est de savoir si nous sommes déjà au bout de la crise ou du péril afin de voir apparaître leurs vertus ? J’ai mon avis sur la question et il n’est pas très optimiste, en raison notamment de la situation critique de totale disharmonie du monde actuel.
La disharmonie est observable à plusieurs niveaux.
Politique tout d’abord, il suffit de songer à la polarisation du débat politique outre atlantique avec la percée des mouvements les plus extrêmes, Tea party en tête. En Europe cette disharmonie politique voudrait bien nous être cachée à coups de sommet exceptionnel franco-allemand ou de la zone euro, en vain. Economique ensuite, avec notamment des déséquilibres de balances commerciales toujours aussi criants. Au niveau social, cette disharmonie étant la conséquence logique des écarts de revenus et de concentration des richesses devenus insupportables, même semble-t-il pour ses incarnations les plus évidentes (Warren Buffet, G. Soros).
Enfin, la disharmonie est également écologique, sur ce domaine les exemples sont malheureusement trop nombreux.
C’est par ailleurs justement sur cette notion d’harmonie qu’Edgar Morin fonde son dernier principe d’espérance à savoir l’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie.
Sans vouloir donner aux cinq principes d’Edgar Morin le goût de l’illusion, le chemin semble encore long pour que cette espérance rencontre sa « métamorphose » que le philosophe appelle de ses vœux. Edgar Morin résume bien ce labeur d’espérance en citant Machado, le poète espagnol :
« Caminante no hay camino, se hace el camino al andar »
« Toi qui marche, il n’y a pas de chemin. Le Chemin se fait en marchant »
Antonio Machado
Alors marchons et vivement le 14 septembre !
78 réponses à “« Caminante no hay camino, se hace el camino al andar », par Franck Janura”
Il vaudrait mieux laisser tomber tout ce bla-bla. Je ne pense pas que nos amis grecs croient aux « vertus de la crise » et ils ne sont pas les seuls. L’espérance est une notion un peu attentiste. L’indignation ne fait ni un programme, ni une action politique. Elle manque singulièrement d’idées même si elle est louable. Je preferre le courage et l’action. J’aime beaucoup Machado mais par les temps qui courent marcher ne suffit plus.
@ Cathy
Avant tout remède, il faut poser un diagnostic lequel s’appuie sur une anamnèse et une analyse des causes possibles de la maladie. Le diagnostic sera d’autant plus fiable s’il s’appuie sur une connaissance précise de toutes les interactions physiologiques, en d’autres termes de la complexité biologique. Le rôle d’Edgar Morin, un des plus grands intellectuels français vivants et grand théoricien de la complexité, est de nous aider à porter un diagnostic en l’éclairant de son analyse. L’action n’est pas son domaine, mais son rôle est tout aussi vital car ce sont les analyses des intellectuels comme lui qui contribuent à construire, à structurer, à penser, à donner un sens, un souffle et une légitimité à l’action.
Dire qu’ « il vaudrait mieux laisser tomber tout ce bla-bla » relève, à mon sens, d’une méconnaissance du rôle crucial que les intellectuels (philosophes, scientifiques,…) ont joué dans notre Histoire. A moins que vous ayez voulu dire que le temps de la réflexion était passé et qu’il fallait maintenant passer aux actes. Si c’est le cas, je vous rejoins.
Ah! Que je partage ce que vous dites!
Et aussi ceci que dit FOD: »A moins que vous ayez voulu dire que le temps de la réflexion était passé et qu’il fallait maintenant passer aux actes. Si c’est le cas, je vous rejoins. »
La valeur des chiffres est indifférente, insensible, abstraite, plate, froide ….. ,
Son histoire n’est pas tournée du côté du vivant, de l’écologie, de la biologie,
mais de celle de l’objet du profit, de l’objet de marchandise, qui ne pense pas, n’a pas d’état d’âme, ne réfléchit pas, ne vit pas,
(irresponsable, irresponsabilité du chiffre)
En d’autre temps & lieux…..
« Ce n’est pas la Voie (Tao) qui agrandit l’homme, c’est l’homme qui agrandit la Voie (Tao).
Confucius – Entretiens -15.29 .
Montherlant disait dans le même genre :
Ceux qui croient sont là pour donner un spectacle à ceux qui ne croient pas.
Ceci me fait penser aux « ruptures créatrices » chères à Patrick Lagadec
Ah oui, tout à fait d’accord avec cet article. On ne peut sous-estimer la force de l’inattendu, ni la résolution de l’improbable… oui, ce n’est pas pensable, mais c’est ce qui nous reste… D’autre part, je trouve que ce blog est un parfait exemple de ce que rappelle Hölderlin dans le vers qui est cité. A quoi je rajouterai un autre vers, celui-ci de Rimbaud, auquel je ne cesse de penser ces derniers temps (et qui en quelque sorte me rappelle que la vie est bien au-delà de toutes nos angoisses et crises), presque une ode à la nature, extrait des Illuminations :
…retiré de nos horreurs économiques, la main d’un maître anime le clavecin des prés…
En même temps, qu’est-ce qui nous retiens dans des rets ?
Si nous avons confié notre coeur d’information à des tables de chiffres,
des Excel-eries sans fin, nous voila fort dépourvu sans ces mémoires.
Notre support de mémoire nous a donc capturé assez fort et a repoussé l’inattendu.
Les situations de guerre ont peut être cette propriété qu’elles sont inédites, sauf à faire la guerre par la méthode confucianiste (labelle histoire où les stratèges montrent leur plans à un arbitre).
Enfin, si je peux risquer une métaphore, l’inattendu, la sortie de rets,
se serait donc une dés-Excel-lence.
Mes bien chers frères, mes biens chères soeurs, DesExcellons avec moi tous en coeur :
pas de spéculation avant vos prières du soir …
J’aime l’excellence… c’est ce qui me fait d’ailleurs lire ce blog. Quant au logiciel, il m’est assez indifférent…
Que des technologies du virtuel produisent de l’indécidable ou que ce soit notre univers indécidable qui suscite ces technologies en retour, cela même est indécidable. (Jean Baudrillard, Écran total)
À partir de ce très beau poème de Machado, J.M. Serrat a fait une célèbre chanson:
http://www.youtube.com/watch?v=2DA3pRht2MA
Tout passe et tout demeure,
mais notre affaire est de passer,
passer en faisant des chemins,
des chemins sur la mer.
Je n’ai jamais cherché la gloire,
ni laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson;
j’aime les mondes subtils,
aériens et gracieux
comme des bulles de savon.
J’aime les voir se colorer de soleil et de pourpre,
voler sous le ciel bleu,
trembler subitement et éclater.
Je n’ai jamais cherché la gloire…
Voyageur, le chemin ce sont les traces de tes pas et rien de plus,
voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant,
en marchant on crée le chemin et quand on regarde en arrière
on voit le sentier que jamais on ne foulera plus.
Voyageur, il n’y a pas de chemin, mais des sillages sur la mer…
Il y a quelque temps dans ce lieu,
là où les bois aujourd’hui s’habillent d’aubépines,
on a entendu la voix d’un poète crier:
voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant…
Coup après coup, vers après vers…
Il est mort le poète loin de chez lui,
il se trouve sous la poussière d’un pays voisin,
en s’éloignant on l’a vu pleurer,
voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant…
Coup après coup, vers après vers…
Quand le chardonneret ne peut chanter,
quand le poète est un pèlerin,
quand prier ne sert à rien,
voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant…
Coup après coup, vers après vers…
Magnifique. Epitaphe pour une vie sans remord et sans regret.
Ils croient qu’ils savent mais il ne savent pas qu’ils croient » de je ne sais plus qui..
C’est Alain Besançon qui a dit ça, mais au singulier.
@tout le monde ça y est j ai découvert jorion c stefen j canell
@mcgyver
Je viens de voir l’agence tout risque, c’est vrai qu’il y a vraiment quelque chose
Paul, retirez votre masque
You never know what is enough, unless you know what is more then enough.
(W. Blake, Proverbs from Hell)
In french : On ne sait que c’est assez… que quand c’est plus qu’assez.
(Amateurs de calembours, à vos claviers…)
Merci, M. Paul, pour cette respiration.
A chacun(e), Good night and good luck.
Adelante companeros !
Hasta la victoria siempre !
Del dicho al hecho,
Hay gran trecho.
Du dire au faire,
Il y a un grand pas.
J’en connais une autre :
La Cucaracha , la Cucaracha no se puede caminar
Porque no tiene , porque le falta , marijuana que fumar …
Authentique chant révolutionnaire , quoique peu orthodoxe .
Le « se » est de trop: « la cucaracha no puede caminar ».
http://www.youtube.com/watch?v=B_27Hi1In6o
« La cucaracha, la cucaracha, ya no puede caminar », pour avoir le bon nombre de syllabes (sept) dans le deuxième vers.
« la cucaracha,
la cucaracha,
ya no puede caminar,
porque le falta,
porque le falta…
la patita principal ! »
version de mon abuelita (mamé) à moi…
il y a……….. houuuuuuuu….. !!!!!!
très longtemps.
la suite, c’était :
« en el rio principal,
se piquo la cucaracha ! »
H.G. Adler, Un voyage, (Eine Reise), Postface de Jeremy Adler, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgeois Éditeur, 2011
« Personne ne vous a demandé; cela a été décidé. On vous a regroupés sans un mot de réconfort. Beaucoup d’entre vous ont tenté de trouver un sens, ainsi c’est vous-mêmes qui vouliez poser la question. Mais il n’y avait personne pour répondre. « Cela doit-il forcément se passer ainsi? Encore un tout petit moment … une journée … quelques années … Nous tenons à la vie. ». Mais le silence régnait, seule parlait l’angoisse, et elle, on ne l’entendait pas. Les vieux ne pouvaient pas s’y retrouver. Leurs lamentations étaient écœurantes, si bien que devant les regrets de ceux qui n’étaient pas concernés s’est dressée une paroi d’où émanait un froid haineux, le mur de l’absence de pitié. Le sourire en coin reste inoubliable, il a survécu à toute la lassitude et s’est installé alors que l’on était encore dans les logements détruits. À vrai dire, ils n’étaient pas du tout détruits, ces logements, ils se trouvaient alors dans des immeubles en bon état et sous des toits intacts. Dans la cage d’escalier s’accrochait cette odeur incrustée qui confère à chaque maison son inextinguîble singularité, tant qu’elle tient encore debout ». (p. 15)
« nous ne sommes plus rien désormais que les outils d’un voyage sans fin, car depuis qu’il n’y a plus de maisons on nous a donné congé de nous-mêmes. » (p. 73)
« Tout est calculé avec précision et, à proprement parler, il n’arrive donc rien du tout : les choses ne font que se dérouler. Personne ne pourrait dire comment. Des épisodes en dents de scie se produisent selon des schémas immuables, tristement, mais sans plaintes. Ils atteignent une longueur infinie et se déroulent pourtant d’un seul coup, parce que c’est ainsi qu’on s’est exercé à les vivre. L’abolition du destin est un fait accompli dès que les instructions sont transmises ». (p.185)
« Mais lorsque tout semble être révolu, lorsque le passé ne se rappelle rien qui soit encore, on reprend tout d’un coup conscience de ce qui nous est le plus proche, seulement tout le reste est passé comme une gigantesque expiration que l’on a essayée et endurée. Il serait inutile de chercher à dépister dans un nouveau grand soupir la vapeur que l’on a soufflée, cela ne fonctionne pas. (p.128)
« On ne disait de personne qu’il était malade parce que l’endémie avait tout décalé, mais lorsqu’on la remarqua enfin il était trop tard ». (p.114)
Imre KerteÌsz, Weimar visible et invisible, in L’Holocauste comme culture Actes Sud, 2009
« Comme je suis un artiste, le destin a peut-eÌ‚tre bien fait de me mener à Weimar, plus preÌciseÌment à Buchenwald : finalement, il est plus vertueux d’apprendre par sa propre souffrance que par celle des autres. (……) Quelque seize ans plus tard, c’est un homme adulte qui est revenu dans cette ville pour proceÌder à une inspection des lieux. Cet homme – moi, en l’occurrence – qui savait preÌciseÌment ce qu’il cherchait n’a rien trouveÌ. Ni le restaurant, ni le carrefour. Et surtout il ne s’est pas retrouveÌ lui-meÌ‚me, sujet et objet d’un instant veÌcu. Il a erreÌ comme un eÌtranger dans des lieux inconnus ouÌ€ il s’est perdu comme dans un palais des glaces. Il s’est arreÌ‚teÌ au sommet d’une colline, s’attendant à ce que la vision qui s’offrirait à lui le bouleverse et le terrasse. Mais c’eÌtait un simple flanc de colline deÌnudeÌ, couvert d’herbe et de fleurs des champs, qui s’eÌtalait devant ses yeux. Alors, il a compris ce qu’on appelle l’eÌvanescence des choses, il a compris à quel point tout ce qu’elle pouvait lui faire perdre lui eÌtait cher. Cela a deÌtermineÌ sa vie – c’est à dire la mienne. J’ai compris que, si je voulais affronter les lieux qui changent et ce moi qui s’estompe, je devais tout recreÌer… »
Il ne faut pas sous estimer la puissance de feu d’un petit livre comme celui de S.Hessel « indignez-vous ». Les soulèvements populaires récents dans le monde qui s’en inspirent le prouve. Il convient de pousser les feux et l’association Morin-Hessel est pertinente. Nous devons nous féliciter de voir les intellectuels français revenir en première ligne dans la lutte des idées pour enfin terrasser le délire anglo-saxon de l’ultralibéralisme.
Pourtant, il y a quelques temps, vous disiez avoir été banquier « orthodoxe », il est vrai « repenti » !
ah, voilà, tout est dans le « repenti » !
Il vous sera donc beaucoup pardonné …qui sait !
pousser les feux … terrasser …vous êtes bien « militaire » pour un ex-banquier …il est vrai que c’est la guerre.
@M
On peut avoir été « banquier orthodoxe » et crypto révolté ! La banque est un excellent observatoire de la nature humaine et de ses noires passions et la première se nourrit de ces dernières.
Ce n’est pas la morale qui guide ni la banque, ni les usagers, mais l’intérêt (le pire). C’est pourquoi cette institution est incompatible avec le libéralisme (qui plus est ultra)
Une impression comme çà .
» là où croit le péril , croit aussi ce qui sauve » .
» le surgissement de l’inattendu et l’apparition de l’impropable » .
C’est pas çà : le miracle .
Tout cela me fait un effet , incantation rituelle , baton de pluie pour tout dire . A quand la procession ?
Avec tant d’harmonie en ce monde , comment le Mal peut-il exister ? Simple illusion d’optique ?
Les voies de la providence ne sont plus impénétrables , voilà la bonne nouvelle . Je me sens
d’humeur pour une chemise à fleur : Peace and Love Frathers and Sisters .
Frathers-) tous phraseurs …
C’est très bon tout ça. Et ça rejoint ce que professait Gandhi.
Bon, ben je vais lire Morin.
Apres la lecture de ces commentaires on ne peut s’empêcher de penser à: « La culture, c’est comme la confiture. Plus on l’étale, moins il y en a épais »
Ce qui n’interdit pas de se cultiver, d’être cultivé (et au delà des arts et belles lettres et de la culture bavardo mondaine). Mais l’étaler à ce point!
Heureusement qu’il y a les billets. Ça sauve le blog qui serait sans cela un rassemblement de vieux profs de lettres.
L’élitisme pète-sec est parmi nous. Merci pour ce coming out.
Vous avez raison Albéric de la Bastide,je l’ai déjà dit ,il y a quelque chose de l’ordre de l’atelier d’écriture dans ce blog dopé au moteur de recherche, et dans le même temps ,une forme d’humilité à ne pas prétendre penser par soi-même,une tendre politesse à ne pas vouloir dire mierdre.
Pas étonnant qu’il y ait une crise de la dette ,nous sommes tous des emprunteurs.
@ Albéric
Tu es si inculte que ça? Ce qu’on apprend sur ce blog te rappelle trop ton inculture « inétalable »? Si ça te fait si mal la culture des autres, va acheter « La Culture générale pour les Nuls », « Leçons particulières de culture générale » ou « 2500 QCM de culture générale », lis-les et tu n’auras plus besoin d’écrire ici des bêtises aussi grosses que celle que tu as écrite ce matin.
Permis de rêver ?
Stéphane Hessel : 94 ans, Edgar Morin : 90 ans
En Afrique, les anciens, on les écoute…
Chez les Indiens aussi, on les écoutait.
« Mes jeunes gens ne travailleront jamais. Les hommes qui travaillent ne peuvent rêver. Et la sagesse nous vient des rêves. »
Smohalla, chef indien Sokulls
Dans ce temps là, les sociétés étaient quelque peu figées dans le temps cyclique.
Notre temps n’est pas de cette sorte.
Je sais pas où on va, mais on y va, ça c’est sûr.
« Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller… et le plus vite possible ! »
(Les Shadoks)
j’apprécie cet article. Il n’évoque pas un idéal d’espérance religieuse, il convoque les capacités de l’homme à créer, à inventer sa vie parce qu’il se cogne sans cesse au réel. Sortir de nos croyances nous fait tenir debout, ne pas en sortir nous fait courber l’échine.
« Il est donc permis d’espérer que ces manipulations du corpus social par les apprentis biologistes néolibéraux prennent fin (trappe à liquidité, effets sur l’emploi de la désindustrialisation devenu intenables, disparition des effets de richesses dus à l’immobilier…) et puisse désinhiber les vertus créatrices de nos sociétés. »
mouais, les états ne pourront bientôt plus qu’imprimer pour nationaliser les banques (cf dernier article de Lordon).
Alors l’immobilier qui reviendrait à un prix accéssible à tous, et des autres actifs aussi….ce serait bien, mais si l’inflation sur l’euro ou la nouvelle devise explose, le résultat sera le même :
seul les 10% les plus riches s’en sortiront!
société de merde.
Les relations économiques se font à partir de sa langue universelle la comptabilité.
C’est le politique qui fixe la grammaire et impose le travail à livre ouvert..
C’est le culturel (universitaire, philosophe’ chercheur.artiste) qui lance les idées.
Il faut arreter de délirer sur Hessel et Morin!
Le CNR avait promu la séparation des banques de dépot et d’affaires.
Jamais entendu ce son de cloche chez Morin et Hessel…????
Mon avis? Pipo total…
Blabla blabla, aucune analyse économique , aucune solution…N’importe quoi.
Ces gugusses sont-ils contre les CDS, les titrisations, produits dérivés, interdiction des paris sur les prix?
Non! Trop largués….Bla bla bla!
Attrappe couillons pour bien pensants….
Amen!
Edgar Morin restera dans l’histoire des idées, quant à izarn ???
Comme dit Roby 69 :
« Les relations économiques se font à partir de sa langue universelle la comptabilité.
C’est le politique qui fixe la grammaire et impose le travail à livre ouvert.
C’est le culturel (universitaire, philosophe’ chercheur.artiste) qui lance les idées. »
Si le politique ne se réfère plus à une solide réflexion, à des idéaux universalistes, comme « le bien de TOUS », et à une prise de conscience de la complexité, il arrive ce qui se passe actuellement, l’errance par manque de repères.
Connaissez-vous les références culturelles du principal dirigeant français – et je ne parle pas de philosophie, c’est sûrement un gros mot – ? L’un explique l’autre.
Quelqu’un qui doit beaucoup à « La Méthode » d’Edgar Morin.
Merci aussi à Stéphane Hessel.
Essayez un peu de vous identifier. Qu’auriez-vous fait en 1939 – 1940 – 1941 – 1942 – 1943 – 1944 – 1945 ? Eux, ils ont dit merde au marché noir. Et ils ont failli y laisser leur peau. Point barre. Vous en effet blabla, belle médaille monsieur. 2011 : toujours le marché noir et plus que jamais.
Je me demande comment on peut – même si l’on n’est pas d’accord sur bien des points – avoir un regard si à côté de la plaque, pour ces deux hommes, entre autre. Ils sont éminemment respectables . Leur vie parle pour eux .
Ils ne font pas tout un pataquès des épreuves passées et dépassées, transformées.
Ils sont un exemple. Un exemple que la vie est plus forte que tout . ( ce que nous ne savons plus ).
Ils n’ont pas peur de prendre fermement position sur des sujets totalement « interdits de parole », en France. Justement parce qu’ils n’ont pas perdu le fil de ce qui est juste, tolérable, et de ce qui ne l’est pas.
Ils sont trés âgés, et prennent de la hauteur par rapport aux difficultés actuelles : c’est l’essence même d’un âge mur qu’ils nous apportent . Profitons en ! Dans leur inquiétude, ils ont gardé une forme d’espérance en l’humain, que nous n’avons guère. Probablement parce qu’ils ont
surmonté bien des choses. Cela se sent : cela s’appelle TRANSMETTRE . C’est précieux ! c’est en voie de disparition . Et, indispensable à l’humanisation . Nous sommes relié(e)s par un fil
à nos trés lointains ancêtres, par le biais de la parole, du dit, de l’histoire .
Des nocifs ont tenté de nous non-lier avec leur fin de l’histoire : je ne sais s’ils perçoivent la gravité de ce qu’ils ont fait.
Qu’ils ne nous parlent pas d’affaires bancaires, par le menu, n’a aucune importance : ce n’est ni leur métier, ni leur rôle .
Comme ils sont libres, ils nous laissent libres, libres de ne pas être d’accord.
L’argent, enfin, n’a jamais été le moteur de leur vie – même s’ils ne sont pas à plaindre sur ce plan – et, rien que cela, actuellement est précieux, et estimable.
Bah:
« celui qui fait quelque chose a toujours contre lui ceux qui auraient voulu faire la même chose, ceux qui auraient voulu faire le contraire et surtout l’immense armée de ceux qui ne font rien ».
Des vieux ont résisté, une fois dans leur vie, et c’est tout à l’honneur, mais qu’ont-ils fait depuis, si ce n’est participer, avec toute la Gauche, à la vente de la souveraineté au Capital mondialisé ?
C’était pas les mêmes vieux.
Voulez dire d’autres ? ou qu’ils ont changé en se ralliant à la « démocratie représentative » ?
Tant que nous n’aurons pas identifié ceux à qui profite cette crise, nous sommes condamnés à la subir.
Le chemin semble en avoir été tracé et nous devons découvrir qui détient la carte.
S’en remettre à la Providence et à ses supposées vertus, c’est bon pour les petits moutons.
Alors, « téléonomie » de la crise…? Je ne sais, mais il est beaucoup trop facile de rejeter le débat en brandissant opportunément l’anathème du « complotisme ».
De plus, invoquer les vertus salutaires de la Providence ne fait que transcender l’hypothèse d’un complot, domaine dans lequel il me semble que l’Humain a plus d’une fois fait ses preuves. Rejeter la responsabilité sur le « Divin » juste pour n’avoir pas à pointer du doigt les profiteurs, qui pourraient très bien être parmi nous, me semble sinon une grande lâcheté, du moins un parfait aveuglement.
Toutes les pistes doivent être explorées et tout présupposé restrictif n’est pas scientifique.
Une piste : un certain M. Lloyd Blankfein n’a-t-il pas un jour affirmé qu’il accomplissait l’œuvre de Dieu ? A en croire ce Monsieur, ce serait donc lui le « guide Michelin » de la crise.
Mais le plus étrange, c’est que toutes les solutions (inefficaces) apportées à la crise ont clairement pour but de renforcer le libéralisme jusqu’à le rendre totalitaire en quelque sorte.
Ce qui est nommé crise ne pourrait-il pas être essentiellement le produit de contradictions impossibles à dépasser pour le capitalisme et donc pour l’argent, les contradictions étant les limites internes et externes d’un système en fin de vie (ou en coma dépassé) ?
Soit, admettons.
Le capitalisme est moribond, et quelques initiés ont été informés avant tout le monde que le malade entrait en phase terminale. Alors, ne pourrait-on imaginer qu’ils soient occupés à le maintenir en vie uniquement pour en tirer un dernier profit?
N’ayant plus d’espoir de le sauver, ils sont résolus à essayer n’importe quel traitement qui leur permet de rester accrochés à la dernière mamelle vivante et d’en sucer l’ultime goutte.
C’est une autre catégorie dans le complot, opportuniste et moins « noble » car plus proche du charognard que du prédateur de haut-vol. Mais est-ce moins condamnable?
J’utilise différentes expressions pour parler de cela ici depuis quelques années : « vider la caisse avant fermeture définitive », « se consacrer entièrement à la construction des radeaux », etc.
Soldats de la paix, guerres justes, discrimination positive, tolérance zéro…..
Les maitres de nos mots sont les maitres de nos pensées.
Le « complotisme » vient d’entrer au dictionnaire Larousse, après dix ans d’existence médiatique.
Le complotisme est dorénavant et sans contradiction possible le seul complot « autorisé ». 🙂
Bonjour Paul,
Et une fois la destruction des États menée à bien, ça va en faire des radeaux. Car on dirait bien que le dépeçage du capitalisme putride n’est pas la seule bacchanale en cours.
Nos États-nations commencent à faisander et du côté d’Athènes on s’apprête déjà à abandonner quelques morceaux de choix à la meute.
Quelle épée pour garder les caisses du trésor du radeau de la tortue?
Et si le généreux Général Jorion lançait un appel au don pour équiper la milice de son blog ?
On la nommerait « White Water » …… Spéculons sur sa victoire face aux « dark-pools ».
Ne faites plus de complexes, vive le militaro-industriel du pauvre !
Vive les « rebelles », vive la révolution en couleurs, vive L’OTAN.! 🙂
à Pierre, et aux autres,
« Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et toute hors du monde, l’imaginent et la sentent en leur esprit, et encore la savourent, et la servitude ne leur est de goût, pour tant bien qu’on l’accoutre. »
Etienne de La Boétie.
Discours de la servitude volontaire.
à Jean-Pierre Monfort,
Les initiés sont seulement ceux qui ont les yeux ouverts.
Marlowe,
Garder les yeux ouverts ne suffit pas. Aveugler la concurrence me parait être l’action décisive.
@JP Monfort
Si le gallinacé a désespérément l’œil sec , c’est qu’il n’a pas de pot, pierre….. 🙂
Take the money and run …. 🙂
Pas mal non plus.
j’ai la nostalgie de l’ambiance des films de woody Allen, alors merci de m’en donner « un brin »
🙂
« Dépeçage du capitalisme putride »
jean pierre Monfort
Relativement au schéma linéaire, ABCD, l’intérêt du schéma batesonnien envisage la possibilité d’une régression de contexte ; selon ce cadre, le stade « nouveau » -le D- est construit par retour aux éléments de contexte ancien. Aucun complot n’est nécessaire, la régression de contexte est inconsciente et l’ immobilisme (la paralysie hypocrite « dublinoise ») s’explique du pressentiment des groupes sociaux ayant le sentiment qu’ils tireront parti de la situation.
S’intéresser à cette possibilité permet l’action, il s’agir de désigner « ce qui grouille dans le ventre de la bête en décomposition »
http://www.pauljorion.com/blog/?p=18775#comment-126294
Pour quelques pistes , éventuelles, voyez l’embryon de discussion avec Dissy, Nessi et Ponsy Roma:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=25613#comment-197233
Il est par ailleurs intéressant de constater que le rapport social de redistribution en tant que rapport de domination a rarement été considéré au même titre que le salariat : Prolétaires – Redistributeur – Bourgeois. Il est d’ailleurs étonnant, ou de part et d’autre de la méditerranée, il soit fait si grand usage du terme « corruption » et que l’on ne relise pas la Boétie, lequel en considérait le principe comme « le secret de la domination ».
Parallèle au salariat, la -ligne de commandement- par la corruption descend loin : au chômage avec un enfant à charge, vous ne dénoncerez pas l’incompétence la gabegie, etc. avec laquelle votre société de « logement social » rénove votre immeuble en arrosant d’argent public les petits copains tout autant incompétents, que » cassolettants » avec les municipalistes locaux . Guerini se justifait par « je fais de la redistribution » ( cf. mediapart mais je n’ai plus la ref. de l’article)
Redessiner la carte des rapports de forces entre groupes sociaux en prenant en compte le noyau des groupes qui tirent leurs prébendes de la redistribution me paraît un travail nécessaire à « l’empowerment » des indignés: « Viva Buffet » .
PS redistribuer la pénurie , c’est toujours redistribuer.
Créer la pénurie, c’est toujours créer……
Pour redistribuer, il faut au préalable une première distribution.
Les corons puent quand les forges conspirent.
Êtes-vous plus clair que moi, Pierre ?
Je veux dire qu’il y a une différence sensible entre « payer directement des salaires justes » (adaptés au niveau de consommation justifié par la production) et instaurer des mécanismes de redistribution permettant de parer aux carences engendrées par le niveau insuffisant des salaires. En soi, et en outre de sa fonction antiémeute, la redistribution pourrait être un « salaire de solidarité », mais le fait est que depuis Bismarck et Beveridge ce secteur distributif s’est constitué, pour soi, en un excellent fromage pour les « redistributeurs ». L’économie sociale et solidaire en fera un « en soi et pour soi », aussi,dans soixante ans, le troisième larron déclarera à son tour avoir « gagner la lutte des classes ».
La main mise par certains groupes sur la circulation de l’argent public constitue une rente de situation, qu’il convient de ne pas dénoncer, ni à gauche ni à droite, le jeu des classes sociales se joue non pas à deux, mais à trois. Il importe donc de faire croire qu’il se joue toujours à deux,, ce à quoi Buffett s’emploie, et de continuer à lire la Boétie tout de travers.
L’exemple des russes montre que les « occidentaux » peuvent affronter sans révolte radicale un niveau élevé tant de pénurie, que de corruption élevé. Les révoltes du monde arabo-musulman partent d’un niveau de pénurie et de corruption sans doute encore plus élevé, il serait très intéressant de comprendre comment ces sociétés vont affronter la corruption ordinaire, en Belgique quand un homme politique est de notoriété publique trop corrompu, et il est invité à prend une retraite confortable, affaire classée. Dès le citoyen se sent parfaitement légitime lorsqu’il s’agit de tirer parti de « sa combine » et inversement la pratique des petites combines insensibilise contre les grosses combine du dessus; j’ai cité, quelquefois, le nom d’un sociologue qui écrit la même chose des Français.
« Redessiner la carte des rapports de forces entre groupes sociaux en prenant en compte les prébendes de la « re »distriburion….. ».
La géostratégie et le dessous de ses cartes sont étrangement ignorés sur ce blog.
« Viva Buffet ! »
Marie-Georges ? 🙂
@ Pierre, voudriez-vous préciser; je vous en serais reconnaissant, sincèrement.
Sans compter les Elie Cohen ou Dessertine qui s’indignent à longueur de plateau que la Grèce n’est pas encore commencer à dépecer son service public.
Croient-ils vraiment au bien fondé de leurs obscènes propos ou sont-ils payé en douce pour les proférer? Ou les deux?
J’aimerai savoir.
Hello !
début de réponse ici :
http://piratages.wordpress.com/2011/08/13/elie-cohen-l%E2%80%99unique-economiste-de-france/
Tiens, à propos de Dessertine, qui rejoint souvent les analyses de Paul, j’aimerais bien avoir l’avis de ce dernier sur la teneur générale de ses propos, tenus lundi dernier à C’est dans l’air et compilés ci-dessous…
Phillipe Dessertine – Crise financière française… par MinuitMoinsUne
Personnellement, je n’ai jamais vu Paul trépigner d’indignation à la constatation qu’on ai pas encore baissé les salaires des fonctionnaires en France. Je n’ai jamais lu Paul considérer comme normal et naturel que les marchés dirigent les états. Je n’ai jamais lu Paul se scandaliser que ces « salops de Grecs » n’ai pas encore vendu leur pays à l’encan. Je n’ai jamais vu Paul avoir une quelconque arrogance. Je n’ai jamais vu Paul être peremptoire.
En fait, quand j’écoute Dessertine(assez peu j’avoue car je crains de virer dans le gauchisme sauvage au bout de deux minutes)j’ai l’impression d’écouter un anti-Paul.
Edgar Morin , celui-là qui fut sollicité par le prdt de la république ? De qui se moque-t-on , dans ce blog ? ! il fera une belle paire avec l’indigné Hessel …
De taratata ? J’ai bon ?
Apprenons l’indignation dans la continuité. 🙂
Les vieux ne manquent pas de souffle. ….. Tar atata.
Ce n’est qu’un combat, continuons le début. !
Longue vie au conseil international de la résistance !
A bas le « Ohm sweet Ohm » mondialiste !
La létalité de la révolte est une question d’ampérage et de fusibles…….
[…] Blog de Paul Jorion » « Caminante no hay camino, se hace el camino … Le 14 septembre prochain, Edgar Morin et Stéphane Hessel publieront ensemble « les chemins de l'espérance ». Après « indignez-vous ! » véritable bible des indignés à travers l'Europe c'est donc avec Edgar Morin, … Source: http://www.pauljorion.com […]