Billet invité
La forte volatilité des prix financiers internationaux dans la semaine du 8 au 12 août a révélé l’absence totale de repères des opérateurs financiers dans la recherche d’un équilibre général des prix. La baisse générale du niveau des prix des actifs financiers a montré une interprétation pessimiste partagée de l’avenir : décroissance indéfinie de la production économique par rapport à ce qui était attendu dans les prix antérieurs à la chute des marchés.
Les banques françaises ont été attaquées en zone euro à cause de leur exposition au surendettement de l’Europe du sud. La défiance financière internationale à l’égard des banques françaises s’est exprimée dans la vente des CDS qui représente la garantie de leurs dettes. L’estimation de la fragilité hypothétique des banques françaises s’est répercutée sur le CDS de l’État français qui serait obligé de s’endetter davantage pour racheter du capital bancaire ou de prêter aux banques.
Une causalité financière fondamentale apparaît évidente dans l’auto-effondrement systémique en cours. La libre circulation internationale des capitaux passe par l’endettement interbancaire international. Cet endettement est transformé en liquidité par les banques centrales et reprêté aux États. En se finançant à bon compte auprès du système financier, les États en deviennent les garants illimités en dernier ressort au détriment des contribuables et des épargnants. La dette est devenue le masque d’une prospérité détruite dans la réalité économique.
Les paiements internationaux issus du commerce international et des mouvements de capitaux passent nécessairement par des emprunts interbancaires. Quand les déposants du système bancaire français décident de vendre des actifs exposés à l’Europe du sud pour racheter en Europe du nord ou hors de la zone euro, les banques françaises doivent emprunter les monnaies des actifs à acheter et placer les euros qu’elles conservent à leur nom.
Les banques françaises ont dû augmenter leurs positions de change et leurs positions d’emprunt interbancaire. Elles ont augmenté leur exposition à une dépréciation de l’euro et au coût de leur propre solvabilité. Les opérateurs financiers y compris des banques françaises ont traduit cette situation par la vente de CDS bancaires et du CDS de l’État français. Il fallait limiter les pertes en cas de poursuite de la défiance financière envers les banques françaises.
En plus des banques se couvrant sur leur risques interbancaires effectifs, des spéculateurs sont venus amplifier les mouvements en vendant les CDS français sans avoir d’actifs dans les banques françaises. Ils ont parallèlement vendu à découvert les actions ou les titres de dette des banques afin de faire baisser les cours et provoquer la revalorisation brutale des primes de CDS. La panique des opérateurs effectivement exposés au risque de crédit de la France et des banques françaises a provoqué les plus-values recherchées par les spéculateurs.
La manipulation libre du prix des CDS exprime l’absence d’ordre politique international et national financièrement efficient. La masse mondiale de crédits croît sans limite et sans équilibre selon l’intérêt des États-Unis à financer leurs déficits, l’intérêt de la finance internationale à réaliser des plus-values sur l’instabilité du système et l’intérêt des gouvernements à acheter leur réélection par la dissimulation du prix réel de la dette publique.
La zone euro est un modèle réduit du système financier international où l’émission monétaire par les dettes publiques et bancaires n’obéit à aucune règle d’équilibre entre les intérêts financiers publics et privés et les capacités réelles de production de richesse. L’Allemagne se retrouve créancière nette du reste de la zone en produisant davantage pour chaque euro emprunté que ses partenaires de la zone. Elle est moins insolvable que ses partenaires européens.
La zone euro est menacée d’éclatement par l’accumulation non maîtrisable de dettes intra-européennes. L’Allemagne et la France sont elles-mêmes virtuellement en défaut mais masquent leur situation par les créances nettes qu’elles détiennent sur le reste de la zone. La France a une productivité réelle par euro emprunté inférieure à l’Allemagne ; donc tout à fait insuffisante pour démontrer que toute dette sera remboursée.
La non-régulation du crédit public et bancaire a pour conséquence la surévaluation du pouvoir d’achat réel à terme du dollar, de l’euro et des autres monnaies de réserve internationales. Cette réalité est financièrement masquée par un système de prix relatifs évitant de comparer le total des dettes avec la productivité réelle de chaque emprunteur financier.
Tous les plans d’austérité annoncés pour rassurer les marchés précipitent l’effondrement. Ils détruisent l’économie réelle et la capacité de remboursement des États et déplacent les dettes sans les dévaluer des pays les plus surendettés vers des pays moins surendettés. Le fonds européen de stabilité financière (FESF) va seulement transférer les dettes non remboursables de l’Europe du Sud vers l’Europe du Nord.
La BCE a évité la flambée de la prime de crédit de l’Allemagne et surtout de la France en déversant des flots de liquidités pour racheter les dettes publiques de l’Europe du Sud portées par les banques allemandes et françaises. Le pouvoir d’achat réel à terme de l’euro comme de toutes les monnaies s’effondre non pas par la hausse des prix généralisée mais par le prix d’actifs et de monnaies refuges.
Les monnaies n’expriment plus que des prix financiers sans rapport avec les prix réels qui permettent de produire la richesse réelle qui rembourserait les dettes. Les gouvernements de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France font l’analyse de cette réalité déstructurée mais ne sont pas d’accord sur le moyen d’en reprendre la maîtrise.
Le Royaume-Uni se réjouit de l’effondrement de l’euro qui masque celui de la livre. La France prend prétexte de la défense de l’euro pour dessaisir son parlement de ses responsabilités budgétaires et fiscales. L’Allemagne seule est mécontente de la politique monétaire de la BCE qui dévalue l’euro et obligera le contribuable et l’épargnant allemand à porter la plus grosse part des pertes financières à venir.
L’Union Européenne reste unie sur le principe de la non-régulation financière par la libre circulation des capitaux à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. En dépit de sa longue expérience de régulation monétaire et financière, l’Union reste l’annexe des États-Unis qui ignorent radicalement la responsabilité de l’État sur la création monétaire. Les élites financières européennes sont les alliées des États-Unis pour jouer les dernières plus-values possibles sur la disparition complète des États.
Malgré Keynes, le financiarisme anglo-saxon imposé par le dollar à l’ensemble du monde ne comprend pas le rôle actif de l’État dans la régulation du crédit. L’assurance publique de l’équilibre des prix par une juste répartition des revenus est la seule garantie réelle d’une allocation des crédits reflétant la production des richesses. Cette assurance ne peut pas faire son effet sans le contrôle public des mouvements de capitaux et sans l’allocation de ressources publiques à la régulation de la convertibilité intérieure et extérieure des monnaies.
La mutualisation de dettes publiques européennes par le FESF restera sans effet sans régulation des changes ni régulation publique des banques et opérateurs financiers. Si la zone euro veut survivre comme espace de solidarité financière multinationale, elle n’a plus d’autre solution que de fermer ses frontières financières à toute nation ne partageant pas les règles qu’elle veut s’appliquer à elle-même.
Si la finalité du FESF est réellement de préserver l’union financière des pays de l’euro, cela implique que les euro-obligations financent une chambre de compensation financière en euro. Chaque banque européenne y dépose son capital y compris la BCE. Chaque État européen y dépose la prime de crédit de sa dette publique. Et chaque banque centrale nationale y dépose la prime de change de la monnaie nationale éventuellement rétablie.
La compensation européenne est l’existence de la loi de la démocratie dans la finance. L’évaluation de tout emprunteur étatique ou bancaire est publique et fondée sur l’égale obligation de toute personne publique ou privée de rembourser ses dettes, de participer à la formation des prix, de justifier le prix de ses engagements et de payer sa contribution fiscale à l’État de droit.
La compensation en euro a pour but de dévaluer les monnaies nationales européennes par rapport à la parité de change de l’euro dans les autres devises. Pour que les dettes publiques soient remboursables, il est impossible de ne pas dévaluer les monnaies qui libellent la dette par rapport aux devises créditrices nettes. Une dette publique se rembourse par le travail et l’investissement des contribuables.
Les pays qui souhaitent partager la même monnaie doivent avoir un trésor public commun contrôlé par un parlement financier commun votant les dépenses, les impôts et les autorisations d’endettement public. Si la France et l’Allemagne veulent conserver une même monnaie, elles n’y parviendront pas sans dessaisir leurs parlements nationaux de leurs pouvoirs budgétaires.
Il n’est pas de démocratie sans finance. Soit les pays de la monnaie unique créent un parlement financier confédéral élu par un corps de citoyenneté unifié, soit ils abolissent le principe fondamental de la démocratie qu’est le consentement des citoyens à l’impôt et à la dépense commune.
Voie intermédiaire : le rétablissement du deutsche mark et du franc conserve les prérogatives financières des parlements nationaux. Le FESF achète les primes de change des monnaies nationales rétablies afin de réguler les parités intra-européennes selon les objectifs économiques partagés, selon les régulations financières effectivement appliquées et selon la discipline budgétaire et fiscale de chaque État.
Quels que soient les choix financiers, monétaires et budgétaires de chaque membre de l’euro, le maintien en l’état de l’organisation de la zone sans régulation bancaire, sans régulation des dettes publiques et privées et sans ajustement des parités monétaires à la solvabilité réelle des emprunteurs de la zone est un suicide politique et économique par négation du réel.
Comme l’Union Européenne est la seule construction politique multinationale fondée sur la démocratie, la responsabilité de l’Union et de la zone euro dans les jours à venir est immense pour le monde. Ou bien les Européens se ressaisissent et construisent un modèle rationnel monétaire, financier et budgétaire de démocratie, ou bien c’est la descente aux enfers pour le monde entier : guerre civile et misère pour toute l’humanité.
Le modèle cosmologique de la raison immanente au monde est caduc. La sélection naturelle est le masque idéologique de la prédation de l’homme par l’homme et de l’homme sur la nature. Plus personne ne peut se soustraire à ses responsabilités. La neutralité est la spéculation des menteurs. L’homme ne peut plus se survivre à lui-même s’il n’apprend à délibérer ouvertement la rationalité de ses choix personnels et politiques.
131 réponses à “L’HEURE DES CHOIX RADICAUX, par Pierre Sarton du Jonchay”
Pour ma part, la radicalité en termes de violence se présente à mes yeux d’une intensité sans précédent.
Car le capitalisme ( et plus largement le rationalisme, du fait de l’instinct de domination qui le gouverne) me paraît être fondé sur un rapport frustration/soulagement :
il s’agit d’éveiller le besoin chez les individus, suivant différents vecteurs (pub avec les médias, ou plus simplement le manège qui tourne à côté du toboggan du jardin public). Ainsi le sentiment de ne pas avoir crée le besoin. Pour acroître ce sentiment, la paresse est caressée dans le sens du poil (jouer au tennis ou au vélo, mieux à une course auto sur le canapé, boire une bière sans avoir à vider la bière dans un verre…).
Et le problème, c’est qu’on arrose toujours à grand coups de pub ou de déballage l’éveil du besoin sans possibilité de soulagement. D’où une attente insatisfaite, de la jalousie, et une envie de détruire, pour ne pas dire tuer, qui sera plus que jamais difficile à canaliser.
Inouï : Lagarde se convertit à Keynes et prône la relance!
http://www.marianne2.fr/Inoui-Lagarde-se-convertit-a-Keynes-et-prone-la-relance_a209373.html
http://www.pauljorion.com/blog/?p=27550#comment-214762
C’est à mourir de rire… ou de honte pour nos politiques de droite: c’est les riches qui demandent à être taxés !
A la base la BCE devait contrôler et limiter l’inflation
Maintenant elle rajoute de l’huile sur le feu en rachetant des milliards d’obligations pourries
L’Europe une démocratie? une belle idée transformée en burocratie
Faire payer l’ensemble des populations pour sauver des banquiers, je ne vois rien de démocratique là dedans
Les marchés financiers.. Un truc qui ne doit plus exister..
Il faut se rappeler que le seul moyen de rembourser une dette, c’est de faire de la croissance et que le seul moyen que nous connaissons pour faire de la croissance, c’est de consommer du pétrole.
Sachant cela, je vous laisse imaginer ce qui va se passer quand tout le monde aura enfin compris qu’on a actuellement le derrière assis sur le pic mondial de production du pétrole (peak oil)…
Du pétrole ,il y en a encore énormément,jalousement gardé et inexploité par les grandes puissances que sont les USA (ils détiennent d’énormes gisements potentiels sur leur territoire)et la RUSSIE. Le jeu c’est d’extraire et d’exploiter le pétrole du grand moyen orient et de garder ces immenses réserves pour après. Stratégie de domination oblige,ok?
La croissance de l’économie physique va avec la croissance démographique humaine,et l’intensité des flux d’énergies utilisées.Le problème actuellement ,c’est la déconnexion et le déséquilibre entre l’émission de crédits/dettes/monnaies/dérivés et la production réelle de richesse.C’est pour cela qu’il est plus qu’important que « l’économie » redevienne une vraie économie politique,et qu’elle soit dirigée par de vrais représentants « du Peuple,par le peuple, pour le Peuple ».
Je suis désolé de vous contredire, mais votre scénario est contredit par 100% des géologues pétroliers (ce sont eux qui cherchent le pétrole et déterminent la quantité et la qualité des réserves). Vous ne faites que relayer une thèse fumante qui alimente la théorie du complot. La réalité de terrain est bien plus pragmatique : nous sommes actuellement au pic de production du pétrole.
Vous devriez lire les publications de l’ASPO, de TheOilDrum, ou de feu Matt Simmons, et de bien d’autres (je tiens une centaine de références à votre disposition si la réalité géologique du pétrole vous intéresse plus que la fumisterie) pour vous faire une idée de la réalité physique du monde.
Notez que les USA ont par exemple passé leur pic en 1970 : il n’y a donc pas d’immense réserves aux États-Unis (d’ailleurs, c’est combien « immense » pour vous ?, sachant que la planète consomme 85 millions de barils de pétrole… par jour…).
Les « gros » réservoirs après Gawhar en Arabie Saoudite sont les schistes bitumineux de l’Alberta et de l’Orénoque (Vénézuela), qui sont des protopétrole énergivores à exploiter (ah oui, j’oubliais de vous parler de l’EROEI) et cataclysmiques pour l’environnement… et dont les débits (du fait même qu’il ne s’agit d’un protopétrole qui demande beaucoup de traitements) sont incompatible avec la demande mondiale.
Et je n’invente strictement rien : je condense mes lectures de centaines d’articles sur le sujet de sources tellement diverses qu’il serait difficile d’y voir la la main d’un complot comme vous le sous-entendez.
Et vous pouvez souhaiter toute la reconnexion du monde entre la finance et l’économie, le pétrole reste l’énergie et la matière première de cette économie. Sans lui, elle disparaît. Et c’est ce qui nous attend.
Il y a d’autres solutions technologiques. Exemple 4 carrés de 100 km de côtés tapissés de panneaux solaires et judicieusement placés autour du globe, suffisent pour assouvir la consommation d’énergie du monde entier pendant les 5 siècles prochains..
Voilà, il suffit de jeter nos défauts et de s’aimer les uns les autres, très chers bipèdes de mon coeur !! ..
Oui,si la Population humaine diminue drastiquement….1 à 2 Milliards maximum de « bipèdes »,comme vous le dites…c’est ça quand on prône l’amour,on en oublie l’horreur de la situation à venir.
Soyez humain,réveillez vous….
Ben non, ils ne le feront pas.
Ca risque de faire grimper le cours de l’argent métal.
Déjà que JP Morgan & Co ont du mal à le maintenir aussi bas !
Voudrais pas chicaner….mais…..
http://www.ddmagazine.com/314-combien-panneaux-solaires-energie-monde.html
SANS OUBLIER les pertes dues au TRANSPORT et aux stockages intermédiaires ( TRADUIRE = surplus compensatoire de surface )
Bonne confrontation.
Petite recommandation: lisez le livre de Tim Jackson « Prospérité sans croissance »
C’est possible et des auteurs bien plus anciens y ont pensé, tels que Buckminster Fuller dont la vision économique pourrait se résumer à « Arriver à faire plus avec moins » pour cela réfléchir plus, pour produire plus intelligemment c’est à dire en utilisant moins de matières premières, moins d’énergie, moins d’efforts physiques; il prônait la création d’une science du « design » au sens conception intelligente, pas au sens design artistique…
Avec les récents progrès de la productivité nous devrions pouvoir travailler 20 heures par semaine tout en conservant de bons niveaux de revenus, voire même en les augmentant. Juste le contraire du slogan « Travailler plus pour gagner plus » on devrait pouvoir travailler moins pour gagner plus, à condition que les gains de productivité soient plus équitablement répartis entre travail et capital…
En effet, notons que de 1850 à 1960, la productivité horaire du travail a doublé, toutefois durant cette période la durée du travail a environ été divisée par deux (on travaillait au milieu du 19ème siècle environ 80 heures par semaine et sans congés payés, et les enfants de 8 ou 10 ans travaillaient, la retraite n’était pas réglementée) et dans les années 60 au XXème siècle on travaillait environ 40 heure par semaine, avec des congés payés et une retraite réglementée par un nombre d’années de travail et de cotisation ainsi que d’âge. Cela avec un maintien voire une augmentation des revenus salariaux.
D’où une augmentation du niveau de vie moyen. certes au prix de gaspillages d’énergie et de déshumanisation du travail dans certains cas, mais une augmentation réelle du niveau de vie moyen.
Depuis les années 60 la productivité a été multipliée par un facteur 5 or la durée hebdomadaire du travail n’a pratiquement pas changé et les revenus n’ont pas augmenté, la part des salaires dans la valeur ajoutée a même baissé d’environ 15% dans tous les pays de l’OCDE. Et bien entendu la déshumanisation du travail s’est souvent accélérée sans aucune compensations dans le niveau de vie bien au contraire.
Si les économies occidentales avaient au moins en partie redistribué les gains de productivité réalisés depuis les années 1960, nous n’aurions pas eu de crise en 2008, pas de problème de financement des retraites ni d’explosion de la dette publique, sans compter, surtout aux USA l’explosion de la dette privée, sensée compenser la baisse de la demande finale… Mais au prix de crédits à taux réduits et accordés avec des risques élevés. Voir le mécanisme des sub-primes et la crise des actifs toxiques qui en est découlée.
Il faut insister sur le concept de « Cupidité » qu’a développé Joseph Stiglitz dans son dernier livre « Le triomphe de la cupidité »: C’est cette cupidité à tous les niveaux de la société, et pas seulement celle des financiers qui a conduit aux désastres que nous connaissons.
C’est parce-que l’économie réelle ne fonctionnait pas que nous avons eu la crise: chômage endémique et inégalités graves sont à l’origine de la crise, même si une fois enclenchée, la crise aggrave de manière catastrophique le chômage et les inégalités.
Encore une fois sortons de la vision étroitement financière des problèmes actuels qui ne sont que le sommet de l’Iceberg du désastre économique et social que nous traversons.
Redevenons Marxistes en analysant les infrastructures de la crise, les changements dans les rapports de production qu’ont entraîné les diverses évolutions technologiques advenues depuis les années 1950 et 60 et voyons en quoi ces évolutions des infrastructures ont influencé les superstructures bancaires financières et au delà, gouvernementales, qui leur sont devenues inféodées.
Je pense que le capitalisme mourra de ne pas avoir su maitriser l’évolution technologique récente et surtout pas su redistribuer une partie des gains réalisés grâce à ces technologies, Les capitalistes et les dirigeants salariés qui font marcher les organisations économiques industrielles et commerciales ne comprennent même pas qu’ils sont en train de scier la branche confortable sur laquelle ils sont assise : celle d’une économie fondée sur l’existence d’une demande finale alimentée par les revenus du travail de masse demande que ne remplaceront pas les consommations de luxe des quelques privilégiés profitant du système, et encore moins les machines qui auront remplacé les salariés…
En 1929 c’était déjà à cause d’une évolution importante des technologies et de la productivité, induisant des baisses de revenus salariaux et des mises au chômage donc des baisses de la demande.
Déjà à cette époque, les spéculateurs cupides se sont mis à spéculer sur du vent (achats de terrains en Floride, rien que parce-que leur cours augmentait en Bourse…) Personne n’était allé voir à quoi ressemblaient ces terrains: une spéculation financière déconnectée de l’économie réelle, déjà à l’époque…
Et Les autres valeurs boursières suivaient à la hausse. jusqu’au moment où quelques « réalistes » sont allés voir les terrains en Floride et ont vu qu’il s’agissait de marécages insalubres… Ils ont vendu, vendu et vendu et tout le monde s’est mis à vendre. l’économie américaine s’est effondrée en premier, puis l’économie mondiale…
Le même phénomène est en train de se reproduire avec les avancées technologiques liées à l’informatisation cela a commencé dans les années 1960 environ. C’est en grande partie selon mon analyse que nos économies dites développées sont en train de s’éffondrer. (je ne suis bien entendu ni le seul ni le premier à y avoir pensé.)
J’ai déjà exprimé sur ce blog l’idée que ce sont des changements similaires dans les rapports de production liés à des évolutions technologiques trop complexes et rapides qui ont en grande partie entrainé l’effondrement de l’empire soviétique et celui de ses satellites: les plans qui avaient déjà du mal a organiser la production nécessaire à la satisfaction des besoins du peuple dans une économie relativement stable d’un point de vue technologique, économie où les coefficients d’échanges inter industriels n’évoluaient que très faiblement au cours du temps, se sont trouvés incapables de suivre l’évolution technologique qui modifiait ces coefficients d’échanges inter industriels plus vite que les planificateurs n’arrivaient à modifier leurs modèles de planification.
Cependant, là aussi cet effondrement du système a été précipité par la cupidité des cadres supérieurs et des petits « protégés » de la nomenclature: Pendant qu’à Moscou ou dans les campagnes les gens du peuple crevaient de faim, les apparatchiks se goinfraient au soleil dans leurs villas au bord de la Mer Noire ou leurs superbes Datchas de la banlieue de Moscou.
Mais il convient d’ajouter un facteur souvent négligé, avec les progrès technologiques tels que la télévision et le téléphone, les populations ont reçu des informations que les gouvernements centralisés des états soviétiques ne pouvaient plus contrôler, du moins pas de manière aussi stricte…
On fera sans peine l’analogie avec l’effondrement annoncé du capitalisme: des marchés incapables de réagir face à des changement de technologie devenus de moins en moins prévisibles: où investir dans des productions de biens et services relève du jeu de hasard quand de nouveaux produits ou processus de production peuvent apparaître bien avant que la période de mise en œuvre du développement, de la fabrication et de la commercialisation ait pu s’installer. D’autre part, la cupidité des dirigeants voulant eux même gagner plus en travaillant moins et surtout en risquant moins a conduit à un désinvestissement dans les domaines productifs donc générateurs d’emplois. Ici aussi, il convient d’ajouter au tableau une information de moins en moins contrôlable circulant en dehors des médias officiels… Créant de plus des opportunités de nouvelles inventions technologiques ou commerciales venant encore complexifier la situation de manque de prévisibilité dans nos sociétés.
Je persiste à croire que ni les industriels ni les financiers ni les dirigeants politiques n’ont été capables de comprendre ces changements fondamentaux dans l’évolution des technologies, pire même, celle ci ne semble pas les intéresser, ni même intéresser les hommes et femmes politiques ni même le syndicats et les associations à caractère social dans lesquelles j’ai beaucoup travaillé: la plupart restent au niveau des « superstructures »: lois, réglementations, organisations de gouvernance nationales et européennes. Pourtant toutes ces superstructures n’ont de sens que si on essaie de comprendre les infrastructures matérielles: technologiques et humaines, qui les sous-tendent et même les conditionnent.
Les auteurs qui se sont intéressés à ces sujet n’ont eu que peu de succès auprès de instances politiques, même s’ils ont parfois eu un succès médiatique temporaire Jeremy Rifkin est un de ces auteurs on relira avec beaucoup d’attention « La fin du Travail ( publié en1996 en Français 1995 en anglais) ou « L’âge de l’Accès » ( publié en français en 2000)
Ses idées ont été reprises en détail dans le cas de l’évolution technologique en informatique et automatisation de tâches plus complexes que celles automatisées par la mécanisation industrielle, dans le livre de Martin Ford: « The Lights in the tunnel » disponible gratuitement sur internt, cela, à la demande de l’auteur…
En France Pierre Larrouturou a repris les mêmes thèses en les enrichissant d’exemples et d’analyses économiques précis et actualisés… La myopie des analystes économiques avait en effet fait rejeter l’analyse de Rifkin dans « la fin du travail » car une courte embellie de l’emploi en 1997 venait soit disant infirmer ses prédictions, dont la portée était et reste structurelle et non conjoncturelle…
L’analyse de Pierre Larrouturou dans ses deux livres les plus récents (« Crise, la solution interdite » et « Pour Eviter le Krach Ultime) montre bien cet aspect structurel de la baisse de la part du travail dans les économies dites développées, et comme les récentes statistiques le montrent, c’est également le cas en Chine et dans d’autres pays aux économies où on trouve de la main d’œuvre à bas coût et sans protections sociales. (Le taux de chômage en Chine dépasse maintenant le 20 %)
Le rapatriement d’entreprises délocalisées se fait très souvent sans augmentation du nombre d’emplois dans les entreprises concernées, car les emplois délocalisés sont remplacés par des machines automatiques, lesquelles au dire des patrons sont moins sujettes à des maladies, n’ont pas besoin de congé payés, ne sont pas soumises à des charges sociales , ne font pas grève et peuvent facilement être déplacées ou changées si besoin s’en fait sentir…
Notez que Martin Ford Cité ci-dessus) pourtant lui même un entrepreneur dans le domaine des hautes technologies, propose dans son livre l’établissement de charges sociales sur les machines qui remplacent des travailleurs. Bon, son analyse est plus complexe que ce simple aperçu mais il m’a semblé être cohérent.
Mais qui a entendu parlé de la thèse de Martin Ford sur la nécessité de trouver une solution sociale au remplacement des humains par les machines et de l’impact que cela a déjà et continuera d’avoir sur les revenus et les niveaux de vies des travailleurs du monde entier?
Pour ce qui est de la soit disant « règle d’or » du zéro dette publique, ce n’est ni plus ni moins que le renoncement à toute possibilité de politique Keynésienne dans le futur, en gros une institutionnalisation du monétarisme libéral… Mais que pouvait-on espérer de personnes qui sont des fondamentalistes du libéralisme économique.
Bien que la dette publique ne puisse être un mode de fonctionnement permanent dans une société sainement gouvernée, les gouvernements doivent toutefois pouvoir y avoir recours pour répondre à des situations particulières et temporaires où cette dette publique s’avère productive et dans ce cas peut constituer une outil efficace de gouvernement.
Mesdames et messieurs les socialistes ou écologistes, ne vous laissez pas prendre à ce piège expliquez que vous êtes opposés à la dette publique comme mode de fonctionnement de base mais que vous voulez pouvoir disposer de cet outils quand vous en aurez besoin…
Par ailleurs ces personnes Mme ‘Merkel et Mr.Sarkozy restent, elles aussi, au niveau des interventions sur les superstructures telle que la gouvernance financière de l’Europe ou la taxe sur les transactions financières, sans dire par exemple à quoi cette taxe pourrait être utilisée dans l’économie réelle, par exemple à des investissements d’infrastructure dans tous les domaines, pas seulement celui qui prévalait du temps de Keynes: infrastructures de transports et énergie mais dans les infrastructures de l’intelligence collective: éducation, santé et réseaux de communication ainsi que l’amélioration des économies d’énergies dans les différents modes de transports des personnes, des biens et de l’énergie elle même. Toutes activités de l’économie réelle propres à créer de l’emploi à très court terme et donc à réduire considérablement les déficits publics mais aussi les déficits privés, là aussi à très court terme tout en préparant des infrastructures à long terme, celles pour lesquelles les investisseurs privés sont incapables de prendre les risques….
Bien à vous.
Paul T.
Je ne répondrai qu’à cette phrase, par ce qu’elle me permet de réfuter intégralement votre raisonnement tant elle montre que vous n’avez pas saisi l’enjeu du problème :
La productivité qui nous permettrait de travailler 20h par semaine, nous la devons à une augmentation considérable du nombre de machines qui nous assistent. Ces machines ne sont que matière première (pétrole) et énergie (pétrole, charbon, atome — soleil + vent = anecdotique dans la production énergétique mondiale). Sans pétrole, plus de machine et plus rien pour les faire avancer : la productivité qui sert de pivot à votre raisonnement s’évanouit.
Si vous creusez la question, vous verrez que la civilisation du temps libre, des loisirs, et globalement tout ce que nous englobons dans le progrès social est directement lié au temps que les machines nous ont rendu. Moins de pétrole, moins de machines, moins de temps, et plus de régression sociale.
@Paul Tréhin,
Le processus que vous rappelez de détournement de la productivité du travail par le capital repose sur le principe de la loi privée instaurée au XIXème par la société anonyme. Toutes les innovations technologiques, organisationnelles et cognitives venant du travail humain sont captées par les « propriétaires » du capital qui s’attribuent arbitrairement les plus-values de l’inventivité humaine. La privatisation de la plus-value sociale a son pendant dans la non-régulation du crédit par la démocratie. Les critères de la solvabilité sont définis par les banques et opérateurs financiers qui absorbent la plus-value par des primes de crédit arbitraires sur des appréciations unilatérales de l’allocation du crédit sous-jacente à l’émission monétaire. Merci de votre commentaire lumineux.
+1 , Contrainte carbonne .
J’ajouterais qu’il y a double gain de productivité ….puisque tout ce que nous appelons modernisme et qui caractérise notre modèle sociétale est obtenu grace au premier gain de productivité : celui gagné sur les biens essentiels (nourriture ,chaleur, toiture transport) ….
si actuellement nous avons (avions ?) 2 « nourrisseurs » pour 100 personnes toute la quincaillerie qui caracterise cette société est produite sur ce gain .80%des activités sont dépendantes de ce gain
il est difficile d’imaginer de retourner a 30 ou meme 20 pour cent de nourrisseurs …..
Les 20h sont a mon sens possible , si l’on n’ y compte pas l’auto-production de la moitié de sa nourriture , la préparation d ‘ycelle , la réparration de sa toiture et de sa cloture , et une partie de l’éducation de ses enfants ….
Et en attendant on raconte n’importe quoi
http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-effondrement-moral-selectif-de-99069
La city des fous
Eternelle Lagarde
«les marchés peuvent être de deux avis: s’ils désapprouvent une dette publique élevée – et peuvent saluer une forte consolidation budgétaire – ils apprécient encore moins une croissance faible ou négative»
En conclusion, il nous faut une « Ri Lance ».
Et dire qu’elle est payée pour cà …
L’enquête sur Lagarde officiellement lancée pour l’affaire Tapie.
L’enquête sur Christine Lagarde pour « complicité de détournement de biens publics et de faux » visant un arbitrage en faveur de Bernard Tapie en 2008 a été officiellement ouverte mardi, a-t-on appris auprès du parquet général de la Cour de cassation.
Le parquet a signé le « réquisitoire introductif », formalité indispensable pour le lancement concret de cette procédure décidée le 4 août à l’encontre de l’ex-ministre de l’Economie devenue en juillet directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Une commission d’instruction de trois juges indépendants de la Cour de justice de la République va désormais commencer son travail. Christine Lagarde sera nécessairement entendue, voire mise en examen, dans un délai qui n’est pas connu. Elle nie toute malversation et exclut de démissionner…
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE77F0CM20110816
Votre post est cohérent avec une logique Européenne d’intégration financiére . Il me laisse
cependant perplexe du fait qu’il me semble ignorer quelques points fondamentaux qui me semblent étre à l’origine du probléme .
1) globalement l’euro est surévalué méme pour l’Allemagne .
2) Depuis 20 ans des capitaux pour un montant trés conséquent ( 15 % du pib en France et au sud plus encore ) ont été engagés dans l’immobilier avec quelques éléphants blancs comme le superbe aéroport prés de Madrid qui ne reçoit qu’une dizaine d’avions low-cost subventionnés .
Ces capitaux me semble-t-il sont à l’origine des pb des éts financiers au Sud .
Ils se sont substitués à un véritable investissement préparant l’avenir .
3) l’Allemagne n’a pas les moyens ( y compris Pays-bas et Finlande) d’éponger cette gabegie .
4) Pour la France , voir ces déficits actuels , sur les 4000 projets d’investissements dans le monde pour cette année 1 seul en France . Quand à son immo , à mon avis les pbs commencent .
Pour moi donc , nous ne sommes qu’au début de la note à regler , si on s’en tient aux échéances actuelles , vos propositions sont réalistes ; si l’on envisage ce qui va suivre , non .
Les CDS à mon avis , certes aggravent la situation , mais ne l’ont pas créée , sans eux les
banques ont , auront des défauts , uniquement masqués par artifice comptable .
Reste une possibilité , les Allemands rappellent qu’ils possédent 3400 t d’or , heureusement ils ne les ont pas à disposition , ils sont à New-york pour la plus grosse part . Nous pouvons espérer les tirer vers le bas , mieux plus bas que nous en leur laissant le fardeau , c’est un jeu dangeureux car ils peuvent conclure des accords avec les Russes et éventuellement les Chinois .
« Les banques françaises ont été attaquées en zone euro à cause de leur exposition au surendettement de l’Europe du sud… » peut-on estimer les montants et la géographie ?
« l’endettement interbancaire international… » y-a-t’il une évaluation possible ?
@morvandiau,
L’endettement interbancaires international est approximativement le total des réserves de change déposées dans le système bancaire international.
…et le total des réserves de change ?
merci
Les entretiens Merkel Sarkosy ont débuté ce jour.
L’ambiance est chaleureuse (vu de Prusse, c’est un exploit).
Le dernier sommet n’était que cordial
Donc l’Europe est sauvée !!!
Quant à ces féroces soldats, ils font rien qu’à mugir dans nos campagnes
(pour les fans de Desproges)
Pierre,
Yo ! Du coup je comprends encore moins pourquoi ma semaine des quatre jeudis ne soulève pas l’enthousiasme général, puisque pour prendre ses responsabilités citoyennes afin de construire la démocratie il faut du temps. Or actuellement :
– Notre temps (de vie, de cerveau disponible, de citoyenneté, de démocratie) est accaparé par l’échange monétisé via le salariat, notre unique richesse est accaparée (impossible d’en sortir !) : c’est insensé, humainement et techniquement.
– la solidarité – base de la démocratie – est conditionnée par la production…de choses de plus en plus inutiles (sauf économiquement : elles servent à faire tourner le bouzin : consommation/salariat/production…) Pour résumer : on se décharge de la solidarité à des organes qui, arrivés à un certain stade de développement, se retrouvent imités par leur propre gestion économique. C’est insensé, humainement et techniquement.
– La monnaie est créée avant la demande d’échange monétisé : c’est ce qui les impose. No more. Et qui fait que la monnaie est excédentaire : « on » ne peut pas relâcher la contrainte du salariat (/échange monétisé imposé), ça « nous » fait peur (j’en ai déjà parlé et suis prêt à recommencer : on ne « sait » pas comment vivre ensemble autrement, comment nous tenir : ça fout les j’tons !!!). Ainsi, quel que soit le système les mécanismes sont identiques : il faut se débarrasser à tout prix de l’excédent pour ne pas que la machine s’engorge. Et les possibilités de ponctionner sont nombreuses : guerres, armée, églises, seigneurs, pyramides, etc., et aujourd’hui finance.
La finance est une ponction nécessaire au fonctionnement du système.
Donc : question : Paul souhaite « réinvestir dans le salaire ce qui sera récupéré de la mort ou de l’amputation de la finance : comment va fonctionner le bouzin : consommer plus ou travailler moins ? »
La question est simple : grand merci d’y répondre.
PS : les autres peuvent répondre aussi (je repasse dans quelques jours relever les copies des citoyens en herbe).
@Fab,
Réinvestir dans le salaire la plus-value captée par la finance revient à consommer ce qu’on produit et à produire ce qu’on consomme. Il n’est donc plus nécessaire de produire plus que ce dont on a besoin pour être sûr d’obtenir satisfaction. En revanche l’identification de ce dont on a vraiment besoin reste un problème. On y réfléchit avec plus de sérénité en n’étant pas criblé de dettes. Plus de sérénité signifie potentiellement plus d’humanité ; mais il n’y a pas de nécessité. Il faut le décider.
Pierre,
J’entends bien : « produire ce qu’on consomme » c’est la mort de la société de consommation : on consomme moins…on produit moins…on travaille moins (2 jours par semaine ça paraît bien non !?)… OK ! Donc question : on fait quoi ?, quel va être notre nouveau vivre-ensemble ?, comment allons-nous parvenir à vivre-ensemble de manière démocratique ?, comment allons-nous occuper notre temps de vie, de cerveau nouvellement disponible ?
Il manque une considération déterminante à votre logique : l’aspect humain, potentiellement conscient, de la soumission (aujourd’hui à la tyrannie de l’échange monétisé, mais hier et avant-hier à d’autres croyances : c’est une soumission de civilisation !) : cette soumission est volontaire. On n’en sort pas d’un coup de baguette – financière – magique, il faut traiter ses causes et non les symptômes qu’elle a produits.
Et il manque votre appréciation de « mon » programme.
PS : prenez votre temps : la question est basique, philosophique, humaine : elle le vaut bien.
Pierre,
Alors nous sommes d’accord : c’est la mort de la société de consommation. Et donc la mort de la contrainte par le salariat. Mais après ? Comment on s’organise ? Quel sera le nouveau vivre-ensemble ? Et comment « le décider » avant de retomber (comme à chaque fois dans l’histoire) dans une nouvelle soumission empêchant la prise de conscience et donc l’émergence de la démocratie.
J’aimerais également connaître votre avis sur « ma vision » de l’économie et de la finance présentée dans mon précédent message.
Merci.
@Fab, @Pierre
« L’identification de ce dont on a besoin est un problème »
Je crois que le « besoin » est un pour l’essentiel un problème de « valeur ». Il n’est pas inutile de rappeler que la « société de consommation », est une en ordre principal, une société d’échange de signes portés par des objets consommés, du moins si nous nous référons aux travaux de Veblen théorie de la classe des loisirs et de Baudrillard, système des objets, économie politique du signe. L’essentiel étant la fonction de différentiation sociale portée par l’objet signe, « papa moi aussi j’y ai droit à de la marque ».
Dans cette perspective, je ne suis guère optimiste sur l’abandon du modèle de la « consommation » car la fonction signe peut tout aussi bien être portée dans le cadre de la sobriété volontaire que de la gabegie organisée. Je voudrais encore ajouter que l’aspiration à « l’être » d’une Pierre Rabhi, ne fonctionnera pas dans le monde « des fermiers de mon coin », certes il s’orienteront vers une agriculture raisonnée et la construction de circuits courts, mais il s’appuieront sur la législation déjà existante en matière maraîchage( et pousseront à son développement ) pour profiter de la main-d’œuvre disponible dans les Centres Publics d’aide sociale.
J’avoue que je ne maîtrise pas la question de la valeur en sociologie, il y des tas d’étude empirique la dessus -je trouve ça « bébête » – d’abord la valeur en sociologie n’a que peu à voir avec la « valeur » en économie. Bien entendu je suis d’accord avec Paul qu’il en fallait sortir la valeur pour retourner au « prix » comme rapport de force. Mais j’ai beau faire, le rapport de force autour de l’objet désiré dépend de la valeur que chacun donne au désir de l’autre de s’approprier l’objet ; la vision Girardienne n’est pas très bien vue mais, si Girard est effectivement un couteau suisse, un couteau suisse c’est utile !
Il y a quelques années, i l m’avait semblé qu’une piste possible pour approcher la valeur était le désir de transmettre liée à l’espérance que cette transmission réussira, que l’espoir que ce qui est projeté sur le futur sera réalisé à terme. Dans ce cas « le besoin » au sens psychologique et presque physiologique s’inscrit également dans une perspective d’être effectivement en vie « demain ».
Comment un fermier peut-il cesser de s’indentifier à la terre qu’il transmet, il faudrait disposer du cadastre général des terres agricoles en terme de « propriété » et voir « qui » a « quoi ». Mais je ne sais pas où trouver les cartes ! ce sont peut être les banques qui ont déjà tout râflé?
« Si on a un revenu garanti, je ne suis pas sûr qu’on va décider d’aider sa voisine âgée ; le risque est grand de se ruer sur sa playstation pour atteindre le niveau 82, et puis c’est tout. C’est un risque qui est réel. » Daniel Tyradellis, Arte, Paris – Berlin, 19 nov 2009, Sommes-nous vraiment faits pour travailler ?
http://www.dailymotion.com/video/xb8um8_sommes-nous-vraiment-faits-pour-tra_news&start=793
Effet rebond – wikipédia
« D’une manière très générale, l’effet rebond peut être défini comme « l’augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une technologie, ces limites pouvant être monétaires, temporelles, sociales, physiques, liées à l’effort, au danger, à l’organisation…» 1 Il en découle le corollaire suivant : les économies d’énergie ou de ressources initialement prévues par l’utilisation d’une nouvelle technologie sont partiellement ou complètement compensées suite à une adaptation du comportement de la société. »
@Fab
«Donc : question : Paul souhaite « réinvestir dans le salaire ce qui sera récupéré de la mort ou de l’amputation de la finance : comment va fonctionner le bouzin : consommer plus ou travailler moins ? » »
Je vous entends bien, mais je crois qu’il faut bien réaliser que la majorité de la population ne se pose pas ces questions en ces termes, car leur préoccupation c’est « Comment est-ce que je vais pourvoir ne pas crever de faim, ou boucler mes fins de mois, ou ne pas tomber en faillite… » C’est obsessionnel, ça accapare l’esprit. Le genre de questions que nous nous posons ici, ne concerne que la petite minorité de l’humanité qui s’est libérée de ces préoccupations.
« comment va fonctionner le bouzin » demandez-vous. Mais pour la majorité de la population, ce sera « Ouf ! Enfin, je vais pouvoir envisager l’avenir sereinement. »
fujisan,
« Ouf ! Enfin, je vais pouvoir envisager l’avenir sereinement. » : au début d’accord, mais après ? La question reste posée : comment allons-nous occuper notre temps sans contrainte salariale (ceux qui font fonctionner la salle des machines de la société de consommation le font précisément pour « ne pas crever de faim, ou boucler mes fins de mois » : c’est la contrainte ! ) et sans retomber dans une nouvelle soumission comme ça a été les cas à chaque fois que l’homme s’est débarrassé d’une tyrannie*? Tant que cette question ne sera pas sérieusement abordée aucun dirigeant sensé ne prendra le risque de pousser la société dans un cul-de-sac mortifère.
Ca me semble évident, aussi ai-je le sentiment que Paul, Pierre & Co n’ont – contrairement à leurs dires – pas bien achevé le Père Noël. Un exemple : « la finance comme ponction nécessaire à la survie du capitalisme (économique ou pas) » : la finance n’est plus la cause du mal, ce qu’ils ne peuvent admettre…d’où l’absence totale de réponse.
Comment faire pour que la société, puis l’humanité, se libère de « ces préoccupations », de manière viable of course ?
* C’est le Capitalisme historique, de civilisation, non uniquement économique… qui « veut » ça : la soumission volontaire pour être tranquille…
Que vive la démocratie !
La démocratie, c’est la participation active et consciente de chacun.
Le capitalisme, c’est la soumission volontaire de tous. Soumission à un tyran – Déité, Pharaon, Roi, Échange monétisé, etc. – précisément pour éviter d’avoir à prendre conscience : a-démocratique donc.
La crise est donc de civilisation : « Je ne pense pas (« pas l’temps ! ») donc je ne peux participer à la construction de la démocratie » : c’est la sclérose.
Le travail – l’activité principale de l’homme – est contraint par la société à l’échange monétisé (après l’avoir été au Roi, odieux, etc.). Le temps de vie sur une poussière d’étoile est contraint. C’est d’une tristesse à faire pleurer un être humain. Une abeille ou une fourmi pas sûr, mais l’humain oui. En théorie.
Car il existe une autre théorie, économique, qui s’appuie sur la conviction que c’est la société qui fait l’homme : l’homme qui pleure d’être contraint y est défaillant, l’activité (effrénée) économique doit se poursuivre et continuer à faire adhérer à tout prix le plus grand nombre : je refuse d’y adhérer, on ne me répond pas, on m’exclut, on refuse ma « participation active et consciente », on veut contraindre mon activité et ma conscience à l’économique. Où est la démocratie là-dedans !?
Même sur le plan économique (puisqu’on m’impose la lutte et les armes) leur théorie ne tient pas :
La monnaie impose sa propre production, il faut nourrir la reine. On crée des emplois rémunérés uniquement pour que le plus grand nombre consomme et produise : la monnaie est créée avant la demande d’échange monétisé. C’est fini, le ver est dans le fruit : la monnaie est excédentaire, il faut éliminer l’excédent : par la guerre, la construction pharaonique, versaillaise, la lourdeur des ministères, la finance, etc.
La théorie économique refuse la simplicité pour survivre. Elle refuse d’imaginer un autre vivre-ensemble. Elle est tyrannique : a-démocratique.
Quelle crise ?
@Fab
« La crise est donc de civilisation : « Je ne pense pas (« pas l’temps ! ») donc je ne peux participer à la construction de la démocratie » : c’est la sclérose. »
Il y a plus que cela. il y a aussi : « Je ne veux pas penser (« même si j’avais l’temps ! »), je ne veux participer à la construction de la démocratie » : c’est l’apathie. »
« Car il existe une autre théorie, économique, qui s’appuie sur la conviction que c’est la société qui fait l’homme »
Il y a plus que cela, il y a aussi transformation de l’imaginaire social par les hommes. C’est la poule et l’œuf. Il y a des processus émergents qui transforment radicalement nos sociétés.
Vous vous lamentez qu’on ne vous réponde pas, mais votre écoeurement du totalitarisme du marché vous fait adopter une posture inverse vis-à-vis de l’échange monétisé. En vous focalisant contre l’échange monétisé, vous vous y enfermez, vous renforcez son l’imaginaire (JL Morlie saurait mieux le dire que moi).
Nous vivons dans une société complexe, il y a division du travail. Vous voulez abolir l’échange monétisé ? Soit. Et comment on fait ?
fujisan,
« Vous voulez abolir l’échange monétisé ? » : non, juste sa tyrannie. Ainsi que la possibilité que toute autre tyrannie s’installe : se débarrasser de la soumission volontaire.
« Et comment on fait ? » : j’ai mon idée, elle n’a d’intérêt que si le débat est lancé : c’est la démocratie. Il nous faut tenter la démocratie, la participation active et consciente de chacun…pour cela il faut du temps…deux jours de travail social imposé par semaine devraient suffire dans un premier temps…ainsi la solidarité sera assurée avant toute autre production de richesse ; il faudra également définir le travail comme une taxe sur la consommation : le salaire contient la réparation des dégâts humains et environnementaux causés par ce travail.
Let’s go ?
Aloreuh ?
Si on ajoute toutes les dissidences (économique, écologique, énergétique, politique, alter-mondialistes, etc.) on doit pas être loin du compte commun non ?
Aloreuh ? Qu’est-ce qu’on attend ?
dernières nouvelles du couple infernal:
http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/679253/merkelsarkozy-une-taxe-sur-les-transactions-financieres.html
DALLAAAAS… ton univers impie-toyaaaableue !!!!
Les voilà, tes radicaux, Pierrot :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/08/16/comment-l-amerique-a-bascule_1560129_3234.html
« Si un parti politique cherchait à abolir la Social Security (caisses publiques de retraites et divers autres programmes sociaux) ou l’assurance-chômage, à éradiquer les lois du travail et les subventions aux agriculteurs, vous n’en entendriez plus jamais parler dans notre histoire politique. Certes, il existe un groupe pas plus grand qu’une écharde qui croit en ces choses : quelques milliardaires pétroliers texans (…). Mais leur nombre est négligeable et ils sont stupides. » »
@paul@françois@pierre
Une solution » facile » peut être dans le recours à l inflation, en effet une inflation de 3% supérieure à celle d aujourd’hui hui soit 5 % pendant 10 ans c’est 40 % de dévaluation de dettes en plus.1.05^10-1.02^10=40%.
De votre expérience pensez vous que la banque centrale soit capable de gérer une cible d’inflation plus haute sans dérapage hyper inflationniste ?
Cela ne marcherait que si les revenus salariaux étaient indexés sur l’indice des prix comme c’était pratiquement le cas en France quand l’augmentation du SMIC (on parlait alors encore du SMIG) suivait plus ou moins l’inflation.
Je mùe rappelle des cours d’économies qui vantaient les mérites d’une inflation aux alentours de 5% par an:
Cela incitait à l’achat aujourd’hui plutôt que dans quelques mois, cela faisait moins ressentir le poids des impôts puisque ces derniers sont calculés sur un revenu de l’année passée et payés avec un revenu réévalué de l’année en cours.
Avec une inflation zéro ou proche de zéro, on a tendance à thésauriser plutôt que de consommer, ce qui était dans les années 60 et 70 la croyance de base en économie.
On peut se rappeler que cette croyance remontait à bien avant en relisant « Le Meilleur des mondes » livre écrit avant la seconde guerre mondiale, où l’auteur avait envisagé pas mal des évolutions que provoqueraient unes société possédant une contraception efficace avec les slogans ainsi que des drogues douces pour apaiser les populations, mais au prix aussi d’un eugénisme forcené poussé jusqu’à la conception uniquement artificielle des enfants dans des cuves de gestation artificielle, pire, prévoyant à l’avance qui serait ouvrier et qui serait chef… A relire ou à lire si vous ne l’avez pas lu… Les réservoirs à produire des embryons humains ne sont pas là mais les conditions de développement des petits enfants dans des habitations de qualités diverses aux environnements plus ou moins favorables à une éducation de qualité font un peu de même…
Paul
« Achetez, ne réparez pas, » et autres slogans de même nature.
@pierre-françois,
La solution de l’inflation est déjà celle adoptée par les politiques monétaires de la Fed et de la BCE. Mais cela n’est pas dit à cause du caractère anti-démocratique de l’inflation. La dévaluation de la monnaie par l’inflation revient à leurrer les propriétaires de droits non matérialisés au profit des propriétaires de droits matérialisés par des objets physiques : L’inflation opère un transfert de richesse des salariés et créanciers nets de l’Etat de droit vers les propriétaires de capital physique.
Une autre raison de ne pas avouer l’inflation en cours en dollar et en euro est qu’elle est exportée dans les pays émergents. Les Etats-Unis et l’Union Européenne espèrent que les émeutes de la misère d’inflation auront lieu chez les émergents de façon à proroger un peu la domination financière et monétaire de l’Occident. L’Allemagne qui est créancière nette de l’Union Européenne et du reste du monde n’est bien sûr pas d’accord avec la politique d’inflation de la BCE comme la Chine n’est pas d’accord avec la politique d’inflation de la Fed.
La guerre de l’inflation va dégénérer et les marchés qui l’anticipent vont continuer de dévaluer les actifs et de faire monter les primes de risque. La politique étatsunienne et européenne d’inflation est une politique de liquidation du système : provoquer les émeutes et les guerres pour faire disparaître les institutions politiques. Les néo-libéraux espèrent un nouvel équilibre sans État et les démocrates espèrent exister encore après l’effondrement de l’ordre politique actuel.
Contrainte Carbone dit :
17 août 2011 à 11:06
Je ne répondrai qu’à cette phrase, par ce qu’elle me permet de réfuter intégralement votre raisonnement tant elle montre que vous n’avez pas saisi l’enjeu du problème :
Je disais :
« Avec les récents progrès de la productivité nous devrions pouvoir travailler 20 heures par semaine tout en conservant de bons niveaux de revenus, voire même en les augmentant. »
Vous disiez :
« La productivité qui nous permettrait de travailler 20h par semaine, nous la devons à une augmentation considérable du nombre de machines qui nous assistent. Ces machines ne sont que matière première (pétrole) et énergie (pétrole, charbon, atome – soleil + vent = anecdotique dans la production énergétique mondiale). Sans pétrole, plus de machine et plus rien pour les faire avancer : la productivité qui sert de pivot à votre raisonnement s’évanouit. »
J’ai bien montré dans mon message que pendant toute une période de 1850 à 1960, où la productivité horaire a ‘’simplement’’ doublé d’ailleurs en partie pour les raisons que vous indiquez : mécanisation du travail mais pas seulement, il faut ajouter une meilleure organisation de la production et des services, du moins du point de vue des entrepreneurs. Cette accroissement de la productivité a été suivi d’un raccourcissement du temps de travail et d’une augmentation du niveau de vie.
Or l’augmentation de la productivité au cours des 5 dernières décennies a vu un phénomène très différent se produire au niveau de la durée du travail qui n’a que très peu diminué, même en y incluant le travail à temps partiel non désiré dont le rôle s’est manifesté dans une baisse des revenus. Et aussi la rémunération du travail a diminué, en effet aussi en partie de la présence de machines de plus en plus perfectionnées. Le problème que je soulève avec Pierre Larrouturou (qui le fait bien mieux que moi), c’est que les gains de productivité qui avaient au moins en partie été redistribués au facteur travail sous forme de la réduction du temps de travail et du maintien voire de l’accroissement des revenus salariaux dans la première longue période1850 1960, ont disparu dans la période 1960 2008 qui a pourtant connu un accroissement de la productivité d’un facteur 5, ces gains de productivités n’ont pas été équitablement redistribués, cela suite à deux phénomènes : d’une part l’augmentation considérable de la rente du capital liée à la cupidité des investisseurs, dont bon nombre sont d’ailleurs institutionnels, comme les fonds de pension ou les grandes banques et de l’autre part, une lutte stupide et suicidaire entre les entreprises, par la concurrence sur les prix. Celle-ci en grande partie liée au phénomène de mondialisation mais pas uniquement. Au lieu de se faire concurrence sur la qualité des biens et des services, et en maintenant pour cela un niveau d’emploi important, les entrepreneurs se sont lancés dans la guerre des prix par la baisse des coûts, engloutissant une très grande partie des gains de productivité dans une baisse des prix, mais comme il n’y avait pas ou peu de redistribution de ces gains de productivité vers les salaires, même avec la baisse des prix, il y a eu une baisse relative de la demande. Baisse de la demande que les américains en particulier ont essayé de compenser par la facilitation du crédit, avec les dégâts que nous connaissons.
Vous dites ensuite :
« Si vous creusez la question, vous verrez que la civilisation du temps libre, des loisirs, et globalement tout ce que nous englobons dans le progrès social est directement lié au temps que les machines nous ont rendu. Moins de pétrole, moins de machines, moins de temps, et plus de régression sociale. »
C’est justement là qu’interviennent les concepts de prospérité sans croissance et de « produire plus avec moins » que j’ai évoqués dans mon message précédent.
Cette capacité de « produire plus avec moins » est sans doute unique à l’espèce humaine et ne date pas des années ni des siècles récents : dès la préhistoire les être humains ont été capables de produire de plus en plus en utilisant de moins en moins de ressources ; par exemple avec un nodule de silex de 1 kilo les premiers outils fabriqués par l’homme tiraient environ 10 cm de tranchant. Vers la fin du paléolithique avec le même kilo de silex nos ancêtres arrivaient à obtenir deux mètres de tranchant et plus coupant que les 10 centimètres précédents.
Là où je vous suis c’est qu’avec l’apparition du pétrole et surtout des moteurs à explosion puis des moteurs électriques les humains ont temporairement commencé à produire plus avec plus » au lieu de continuer à essayer de continuer à « produire plus avec moins »
Exemple simple quand il fallait aller très loin chercher du bois pour se chauffer, à pied ou avec des moyens de transport rudimentaires on faisait attention à ne pas le gaspiller et on essayait de tirer le plus de chaleur possible avec le moins de consommation de bois possible.
Avec l’avènement de la motorisation thermique, vapeur au début puis à explosion ensuite avoir du bois à disposition a nécessité de moins en moins d’efforts immédiats, seul du travail mort stocké sous forme d’unité monétaire devait être dépensé.
Si on observe les construction des maisons en bois norvégiennes on s’aperçoit que pour obtenir plus de chaleur avec moins de bois, les anciens norvégiens utilisaient une très grande partie de leur bois pour construire des maisons résistant au froid au lieu de conserver des cabanes où ils auraient brulé tout leur bois pour garder une température de survie à l’intérieur de l’abris. Ils obtenaient donc plus de chaleur chez eux en utilisant moins de bois venant de la forêt.
L’accès en apparence facile à d’autres énergies à conduit à faire moins attention dans ce domaine du chauffage domestique comme dans bien d’autres domaines.
Ce que je dis et ne suis pas seul à dire c’est qu’avec une plus grande intelligence de l’utilisation des ressources et une meilleure redistribution des gains de productivité on pourrait augmenter la prospérité de tous sans déplétion des ressources naturelles ni augmentation de la création de déchets dans l’atmosphère ou plus généralement dans la nature.
Mais cette intelligence du « design » demanderait que nos dirigeants politiques aient d’autres vues que leur réélection au mandat suivant et qu’en plus elles et ils aient quelques connaissances scientifiques et technologiques, ce que beaucoup n’ont pas ayant été principalement formés aux matières politico juridiques et financières et n’ayant que peu d’attraction pour la compréhension des phénomènes physiques chimiques ou même psychologiques des environnements dans lesquels elles et ils exercent leurs pouvoirs politiques.
On est encore dans cet éloignement de l’économie réelle…
Paul T.