Billet invité
La forte volatilité des prix financiers internationaux dans la semaine du 8 au 12 août a révélé l’absence totale de repères des opérateurs financiers dans la recherche d’un équilibre général des prix. La baisse générale du niveau des prix des actifs financiers a montré une interprétation pessimiste partagée de l’avenir : décroissance indéfinie de la production économique par rapport à ce qui était attendu dans les prix antérieurs à la chute des marchés.
Les banques françaises ont été attaquées en zone euro à cause de leur exposition au surendettement de l’Europe du sud. La défiance financière internationale à l’égard des banques françaises s’est exprimée dans la vente des CDS qui représente la garantie de leurs dettes. L’estimation de la fragilité hypothétique des banques françaises s’est répercutée sur le CDS de l’État français qui serait obligé de s’endetter davantage pour racheter du capital bancaire ou de prêter aux banques.
Une causalité financière fondamentale apparaît évidente dans l’auto-effondrement systémique en cours. La libre circulation internationale des capitaux passe par l’endettement interbancaire international. Cet endettement est transformé en liquidité par les banques centrales et reprêté aux États. En se finançant à bon compte auprès du système financier, les États en deviennent les garants illimités en dernier ressort au détriment des contribuables et des épargnants. La dette est devenue le masque d’une prospérité détruite dans la réalité économique.
Les paiements internationaux issus du commerce international et des mouvements de capitaux passent nécessairement par des emprunts interbancaires. Quand les déposants du système bancaire français décident de vendre des actifs exposés à l’Europe du sud pour racheter en Europe du nord ou hors de la zone euro, les banques françaises doivent emprunter les monnaies des actifs à acheter et placer les euros qu’elles conservent à leur nom.
Les banques françaises ont dû augmenter leurs positions de change et leurs positions d’emprunt interbancaire. Elles ont augmenté leur exposition à une dépréciation de l’euro et au coût de leur propre solvabilité. Les opérateurs financiers y compris des banques françaises ont traduit cette situation par la vente de CDS bancaires et du CDS de l’État français. Il fallait limiter les pertes en cas de poursuite de la défiance financière envers les banques françaises.
En plus des banques se couvrant sur leur risques interbancaires effectifs, des spéculateurs sont venus amplifier les mouvements en vendant les CDS français sans avoir d’actifs dans les banques françaises. Ils ont parallèlement vendu à découvert les actions ou les titres de dette des banques afin de faire baisser les cours et provoquer la revalorisation brutale des primes de CDS. La panique des opérateurs effectivement exposés au risque de crédit de la France et des banques françaises a provoqué les plus-values recherchées par les spéculateurs.
La manipulation libre du prix des CDS exprime l’absence d’ordre politique international et national financièrement efficient. La masse mondiale de crédits croît sans limite et sans équilibre selon l’intérêt des États-Unis à financer leurs déficits, l’intérêt de la finance internationale à réaliser des plus-values sur l’instabilité du système et l’intérêt des gouvernements à acheter leur réélection par la dissimulation du prix réel de la dette publique.
La zone euro est un modèle réduit du système financier international où l’émission monétaire par les dettes publiques et bancaires n’obéit à aucune règle d’équilibre entre les intérêts financiers publics et privés et les capacités réelles de production de richesse. L’Allemagne se retrouve créancière nette du reste de la zone en produisant davantage pour chaque euro emprunté que ses partenaires de la zone. Elle est moins insolvable que ses partenaires européens.
La zone euro est menacée d’éclatement par l’accumulation non maîtrisable de dettes intra-européennes. L’Allemagne et la France sont elles-mêmes virtuellement en défaut mais masquent leur situation par les créances nettes qu’elles détiennent sur le reste de la zone. La France a une productivité réelle par euro emprunté inférieure à l’Allemagne ; donc tout à fait insuffisante pour démontrer que toute dette sera remboursée.
La non-régulation du crédit public et bancaire a pour conséquence la surévaluation du pouvoir d’achat réel à terme du dollar, de l’euro et des autres monnaies de réserve internationales. Cette réalité est financièrement masquée par un système de prix relatifs évitant de comparer le total des dettes avec la productivité réelle de chaque emprunteur financier.
Tous les plans d’austérité annoncés pour rassurer les marchés précipitent l’effondrement. Ils détruisent l’économie réelle et la capacité de remboursement des États et déplacent les dettes sans les dévaluer des pays les plus surendettés vers des pays moins surendettés. Le fonds européen de stabilité financière (FESF) va seulement transférer les dettes non remboursables de l’Europe du Sud vers l’Europe du Nord.
La BCE a évité la flambée de la prime de crédit de l’Allemagne et surtout de la France en déversant des flots de liquidités pour racheter les dettes publiques de l’Europe du Sud portées par les banques allemandes et françaises. Le pouvoir d’achat réel à terme de l’euro comme de toutes les monnaies s’effondre non pas par la hausse des prix généralisée mais par le prix d’actifs et de monnaies refuges.
Les monnaies n’expriment plus que des prix financiers sans rapport avec les prix réels qui permettent de produire la richesse réelle qui rembourserait les dettes. Les gouvernements de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France font l’analyse de cette réalité déstructurée mais ne sont pas d’accord sur le moyen d’en reprendre la maîtrise.
Le Royaume-Uni se réjouit de l’effondrement de l’euro qui masque celui de la livre. La France prend prétexte de la défense de l’euro pour dessaisir son parlement de ses responsabilités budgétaires et fiscales. L’Allemagne seule est mécontente de la politique monétaire de la BCE qui dévalue l’euro et obligera le contribuable et l’épargnant allemand à porter la plus grosse part des pertes financières à venir.
L’Union Européenne reste unie sur le principe de la non-régulation financière par la libre circulation des capitaux à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. En dépit de sa longue expérience de régulation monétaire et financière, l’Union reste l’annexe des États-Unis qui ignorent radicalement la responsabilité de l’État sur la création monétaire. Les élites financières européennes sont les alliées des États-Unis pour jouer les dernières plus-values possibles sur la disparition complète des États.
Malgré Keynes, le financiarisme anglo-saxon imposé par le dollar à l’ensemble du monde ne comprend pas le rôle actif de l’État dans la régulation du crédit. L’assurance publique de l’équilibre des prix par une juste répartition des revenus est la seule garantie réelle d’une allocation des crédits reflétant la production des richesses. Cette assurance ne peut pas faire son effet sans le contrôle public des mouvements de capitaux et sans l’allocation de ressources publiques à la régulation de la convertibilité intérieure et extérieure des monnaies.
La mutualisation de dettes publiques européennes par le FESF restera sans effet sans régulation des changes ni régulation publique des banques et opérateurs financiers. Si la zone euro veut survivre comme espace de solidarité financière multinationale, elle n’a plus d’autre solution que de fermer ses frontières financières à toute nation ne partageant pas les règles qu’elle veut s’appliquer à elle-même.
Si la finalité du FESF est réellement de préserver l’union financière des pays de l’euro, cela implique que les euro-obligations financent une chambre de compensation financière en euro. Chaque banque européenne y dépose son capital y compris la BCE. Chaque État européen y dépose la prime de crédit de sa dette publique. Et chaque banque centrale nationale y dépose la prime de change de la monnaie nationale éventuellement rétablie.
La compensation européenne est l’existence de la loi de la démocratie dans la finance. L’évaluation de tout emprunteur étatique ou bancaire est publique et fondée sur l’égale obligation de toute personne publique ou privée de rembourser ses dettes, de participer à la formation des prix, de justifier le prix de ses engagements et de payer sa contribution fiscale à l’État de droit.
La compensation en euro a pour but de dévaluer les monnaies nationales européennes par rapport à la parité de change de l’euro dans les autres devises. Pour que les dettes publiques soient remboursables, il est impossible de ne pas dévaluer les monnaies qui libellent la dette par rapport aux devises créditrices nettes. Une dette publique se rembourse par le travail et l’investissement des contribuables.
Les pays qui souhaitent partager la même monnaie doivent avoir un trésor public commun contrôlé par un parlement financier commun votant les dépenses, les impôts et les autorisations d’endettement public. Si la France et l’Allemagne veulent conserver une même monnaie, elles n’y parviendront pas sans dessaisir leurs parlements nationaux de leurs pouvoirs budgétaires.
Il n’est pas de démocratie sans finance. Soit les pays de la monnaie unique créent un parlement financier confédéral élu par un corps de citoyenneté unifié, soit ils abolissent le principe fondamental de la démocratie qu’est le consentement des citoyens à l’impôt et à la dépense commune.
Voie intermédiaire : le rétablissement du deutsche mark et du franc conserve les prérogatives financières des parlements nationaux. Le FESF achète les primes de change des monnaies nationales rétablies afin de réguler les parités intra-européennes selon les objectifs économiques partagés, selon les régulations financières effectivement appliquées et selon la discipline budgétaire et fiscale de chaque État.
Quels que soient les choix financiers, monétaires et budgétaires de chaque membre de l’euro, le maintien en l’état de l’organisation de la zone sans régulation bancaire, sans régulation des dettes publiques et privées et sans ajustement des parités monétaires à la solvabilité réelle des emprunteurs de la zone est un suicide politique et économique par négation du réel.
Comme l’Union Européenne est la seule construction politique multinationale fondée sur la démocratie, la responsabilité de l’Union et de la zone euro dans les jours à venir est immense pour le monde. Ou bien les Européens se ressaisissent et construisent un modèle rationnel monétaire, financier et budgétaire de démocratie, ou bien c’est la descente aux enfers pour le monde entier : guerre civile et misère pour toute l’humanité.
Le modèle cosmologique de la raison immanente au monde est caduc. La sélection naturelle est le masque idéologique de la prédation de l’homme par l’homme et de l’homme sur la nature. Plus personne ne peut se soustraire à ses responsabilités. La neutralité est la spéculation des menteurs. L’homme ne peut plus se survivre à lui-même s’il n’apprend à délibérer ouvertement la rationalité de ses choix personnels et politiques.
131 réponses à “L’HEURE DES CHOIX RADICAUX, par Pierre Sarton du Jonchay”
Merci de cet article récapitulatif clarissime. Mais il n’y aura pas de solution par le haut : parlement financier confédéral (ou plutôt, en bonne justice, fédéral : car il faudrait éviter tout retour en arrière!) + régulation étatique et politique intra-européenne de la finance + protectionnisme européen…
… ces solutions suprêmement raisonnables me paraissent impossibles maintenant car ….en gros, cela fait déjà quelques années que l’Union Européenne n’est plus une « construction politique multinationale fondée sur la démocratie », au moins depuis le refus des élites de prendre en compte le rejet explicite de la Constitution européenne par plusieurs peuples …en détail : personnel politique d’une bassesse et d’une « ineptitude » (angl.) insignes (je mangerai mon panama s’il ressort quoi que ce soit de durable ou même d’utile de la rencontre Merkel-Sarko d’aujourd’hui) ; putride Système anglo-saxon (d’Obama à la City en passant par la Fed et les agence de notation ou leurs « pravdas » éconofondamentalistes) en voie d’implosion et donc d’autant plus acharné à détruire toute tentative de solution européenne continentale ; couple infernal Chinamérique dissolu mais indivisible ; etc.
Pour moi, les chevaliers de l’Apocalypse sont donc lancés. Cela peut et cela va aller très vite maintenant. Qu’est-ce qui va sauter en premier ? …on peut s’amuser à parier nos derniers deniers tant les facteurs déclenchants sont multiples : faillite ouverte d’une grande banque ; émeutes de masse ; nouveau coup d’éclat terroriste (cf. Khadafi p. ex.) ; nouvelle catastrophe à la Fukushima-BP ; etc.
Pour moi, il faut déjà envisager la question du jour d’après, dans le champ de ruines… l’effondrement du système néo-libéral « finance-is-all » va être probablement si soudain et si vaste qu’il y aura un peu de temps – peut-être – pour prévenir les conséquences morbides que vous évoquez justement : guerres civiles, ruptures des flux et donc famines, chômage gigantesque, guerres « locales », etc.
L’épuisement psychologique et idéologique est tel, l’empilement des crises (financière, écologique, agricole, énergétique, industrielle et technologique, guerrière, diplomatique, culturelle, éducative, spirituelle…) est si parfait (« perfect storm ») que tout sera soufflé, y compris, peut-être, pour un temps, les mauvais ferments…
Alors, quid ? Comment envisager le « jour d’après », car nous serons quand même à peu près tous survivants, du moins dans les pays ex-riches ?…
Finalement……faudrait savoir…………!!!!!!!………….
http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/08/16/le-fmi-appelle-les-etats-a-ne-pas-tuer-la-croissance-en-luttant-contre-la-dette_1559960_3234.html
……la quadrature d »un cercle …..beaucoup ont essayé…………!
Sachant que les propos ici tenus par Mme Lagarde ne sont pas tout à fait cohérents avec le discours qu’elle tenait en tant que ministre des finances, on aura compris le petit jeu du « sois mon prétexte, je serai le tien », qui permet, au final, de consacrer et de tenter de démontrer la véracité de « l’impuissance » déplorée par les politiques de droite au pouvoir.
Bref, cela permet de ne rien faire d’autre que de tondre les moutons que nous sommes pour la plus grande joie et les plus grands profits des ultra-riches (cf Warren Buffett, qui est loin d’être un innocent malgré tout, comme Soros)…moutons que nous accepterons d’être, jusqu’à quand ?
Je rajoute un élément que j’avais oublié :
Quand on sait que dans l’esprit des gentils apôtres du néo-libéralisme, des mesures d’économie qui n’entravent pas la croissance, c’est d’abord et avant tout la destruction du résultat de nos conquêtes sociales – recul de l’âge de la retraite, démolition du droit du travail pour « flexibiliser » (quel beau mot !!!) le statut des salariés et faciliter le licenciement (tout le monde sait que ça facilite l’embauche…et surtout l’affaiblissement du rapport travailleur/employeur et donc l’aboutissement à des conditions de travail, salaires et autres, toujours plus mauvaises), etc. – il n’y a malheureusement aucune raison d’être optimiste ou d’espérer un changement de paradigme quand on lit les déclarations de Mme Lagarde.
Oui cela semble s’annoncer comme cela… mais nous avons une responsabilité supplémentaire :
préparer aujourd’hui les conditions pour que si nous ne sommes pas en mesure de prendre le contrôle démocratique de la situation, le jour d’après ne soit pas l’horreur absolue.
Et les deux objectifs sont convergents mais difficiles à imaginer. Trop d’inconnues.
Ce qui nous conduits à des raisonnements de type complexe où une partie se développe en termes darwiniens mais dans un cadre qui en limite les absurdités. Par exemple, des marchés locaux/sectoriels dont l’Etat fixe les limites extrêmes. Les agriculteurs organisés en filière de production ont montré que c’était tout à fait réalisable à l’avantage de tous, y compris du consommateur.
Les théories sur les marchés montrent qu’ils ne fonctionnent que s’ils sont proches de leurs points d’équilibre, la responsabilité des Etats est de les maintenir dans les conditions telles qu’ils soient proches de l’équilibre. Ce qui implique que les inégalités entre acteurs économiques soient fortement réduites, comme le dit PSDJ. Et donc que nous prenions la main sur le fonctionnement économique par une démocratie plus développée où les conflits d’intérêts puissent se confronter et non pas comme aujourd’hui toujours se trancher dans le même sens !
Dissolution immédiate du parlement. Élection d’une constituante pour inscrire la maîtrise de l’économie dans la démocratie. Réorienter l’économie politique vers la production circulaire et les échanges équitables.
Je pense que les dégâts seront bien trop considérables pour que nous ayons le temps de raffiner la démocratie, comme vous l’entendez bien mais idéalement.
Les rapports de force seront toujours là, plus brutaux encore dans le champ de ruines, corrélés au désespoir (des dirigeants comme des ruinés) …pour commencer : des dizaines de millions de chômeurs. Ceci dans les pays ex-riches ; ailleurs : famines, guerres et exodes rapides, vite monstrueux. Réveil de tous les affrontements (dissolution du droit international déjà bien amorcé grâce aux USA depuis 2003).
Je ne vois pas comment nos sociétés décaties pourront trouver suffisamment de force et de souffle pour s’éviter la solution immédiatement nécessaire : autoritarisme (l’article 16 de la Constitution en fournissant la version la plus convenable) ou même fascisme d’un nouveau genre.
Mais oui, OK, dans le local, entre communautés réduites et relativement « éclairées », on peut espérer de nouvelles refondations sociales pour ne pas dire socialistes : monnaies locales, monnaie fondante, démocratie directe sur la base de collectivités réduites, autogestion, etc. toutes solutions qui paraissent ringardes et utopiques mais qui n’ont jamais été réellement utilisées à grande échelle (sauf – et avec succès – dans l’Argentine post-défaut).
Vers où nous poussera le nouvel empire, celui de la nécessité ?
Étonnant : le scénario que vous ébauchez en fin de commentaire ressemble peu-ou-prou à ceux qui sont fait par les peakistes (dont je suis) s’agissant des conséquences du Pic Pétrolier que nous sommes en train de vivre.
Et, bien entendu, le Pic Pétrolier signera définitivement la fin de l’ère du productivisme à laquelle sont adossés l’économie de marché et le capitalisme. Aucune dette ne sera jamais remboursée : l’énergie et la matière première de la croissance qu’on espère dans ce but n’existeront désormais plus à cause du peak oil…
Au fait, quelle est la différence entre une banque centrale indépendante et une banque privée ?
Aucune !!!
Banque centrale indépendante,indépendante de qui ou de quoi au juste ?
« …s’il n’apprend… »
il semblerait qu’il soit encore plus difficile d’imaginer une nouvelle « pédagogie » ou « épistémologie »
qu’une nouvelle « économie ».
Mais ce n’est pas le sujet de ce blog….
pourtant…
Rien de bien nouveau en effet :
« La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique . Il n’y a donc pas à s’étonner de la doctrine moderne que plus un peuple s’endette, plus il s’enrichit. Le crédit public, voilà le credo du capital. Aussi le manque de foi en la dette publique vient-il, dès l’incubation de celle-ci, prendre la place du péché contre le Saint-Esprit, jadis le seul impardonnable .
La dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette, elle doue l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée. Les créditeurs publics, à vrai dire, ne donnent rien, car leur principal, métamorphosé en effets publics d’un transfert facile, continue à fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire. Mais, à part la classe de rentiers oisifs ainsi créée, à part la fortune improvisée des financiers intermédiaires entre le gouvernement et la nation – de même que celle des traitants, marchands, manufacturiers particuliers, auxquels une bonne partie de tout emprunt rend le service d’un capital tombé du ciel – la dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne. »
Karl MARX
Le Capital – Livre premier
Le développement de la production capitaliste
VIII° section : L’accumulation primitive
Chapitre XXXI : Genèse du capitaliste industriel
Mais c’est surtout la manifestation empirique d’une déréliction promise par ce « modèle cosmologique » et en même temps, dialectiquement , l’illustration de cet autre commentaire anticipé du même excellent observateur de l’économie politique :
« À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves.
Alors s’ouvre une époque de révolution sociale.
Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure. Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel – qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse – des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout.
Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production.
Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. »
@Tropiques,
L’analyse marxienne est décidément lumineuse.
La numérisation de la connaissance humaine et la libre circulation de l’information par l’internet crée les conditions matérielles d’une mutation de la finance dans la démocratie. L’internet est une plateforme de compensation du capital et de la dette publique. La démocratie (dictature de la négociabilité des prix par le prix de la production prolétarienne libre) peut être immédiatement reconstruite au-dessus de la finance par une chambre de compensation multinationale.
Le Parlement Européen doit élire le président du FESF qui détient les primes de capital de la BCE et des banques centrales nationales ainsi que des primes de crédit des dettes publiques européennes. L’euro devient la monnaie commune de l’Union permettant de réguler le système financier européen et les monnaies nationales. Les démocraties nationales reprennent le contrôle de la démocratie européenne qui reprend le contrôle de la finance à travers l’euro. L’euro n’est plus un instrument de spéculation international mais la monnaie de financement de la démocratie.
Les citoyens de l’Europe doivent tous se retrouver dans la rue à la fin de ce mois pour réclamer la transformation du Parlement Européen en assemblée constituante de la démocratie financière européenne.
Démocratie financière : la monnaie est l’unité de compte de la démocratie ; la régulation financière est supranationale contrôlée par un parlement représentatif de la société des démocraties ; la finance hors la loi est filtrée aux frontières de l’Union monétaire.
TOUS LES CITOYENS EUROPEENS DANS LA RUE LE 28 AOUT, ALORS LA DEMOCRATIE RENAIT.
Je crains d’être désagréable, mais cette conclusion de message renvoie au post que je faisais hier pour faire écho de l’article de David S. Meyer publié dans le Washington Post du 12 août : « Les américains sont en colère. Pourquoi ne protestent-ils pas ? »
Au risque de passer pour un vieux disque rayé, je remets ici un bout des extraits que j’ai traduits :
Donc, un appel du 28 août. Relayé par qui ? Où ? avec quel périmètre ? Quels objectifs ? Quelle organisation ? Quels relais sur le terrain ?
Si ces questions ont déjà trouvé une réponse suffisante – donc, pas un simple gzaouillis ou babillage sur fesse de bouc – mes excuses, mais personnellement c’est la première fois que j’entends parler d’un appel du 28 août, tout comme hier j’ai lu un autre appel pour Bruxelles…
Encore une fois, OR-GA-NI-SA-TION. RE-LAIS DE TER-RAIN.
Sans cela, on ne fera que se faire de l’écho sur des blogs ou ailleurs, et à part faire des petites vaguelettes dans le cyberespace, cela n’aura aucun autre résultat.
(((((( ……..L’euro devient la monnaie commune de l’Union……..))))))
En s’arrêtant aux derniers chiffres officiels connus , voyez-vous un moyen de SIMULER les nouvelles équivalences monnaies théoriques nationales (MTN) vs €uro , voire , idéalement , simuler leurs évolutions respectives pendant les 5 prochaines années……….?
Pour faciliter le travail nous pourrions imaginer un trio constitutif selon vos critères : Allemagne-Belgique-France dont les statistiques fiables devraient permettre cette simulation détaillée (et éclairante pour beaucoup)…………Merci.
@Hououji Fu,
Ce que vous dites est on ne peut plus pragmatique, rationnel et de bon sens…
Hououji Fuu,
Quels objectifs ? : faire stopper la production excédentaire. De monnaie par exemple, la source de bien des tracas pour nos éconophiles et le système en général.
Pour la pub, voici une proposition de tract :
(Source)
Oui l’anthropologie marxiste de « l’homo economicus » n’a pas pris une ride, et le moins qu’on puisse dire est qu’elle fournit une parfaite intelligibilité de l’histoire qui se déroule « devant nos fenêtres » ( comme disait Hegel ) .
Dès lors la cohérence intellectuelle commande de se délester des chimères « idéologiques » , du genre de la « citoyenneté européenne » , à laquelle on pourrait facilement adresser les commentaires que faisait le même Marx sur la « citoyenneté allemande » de son temps .
ce qui vient , « ce qui arrive » , c’est la fin d’une époque , d’un cycle , et ce qu’on peut voir en « considérant de tels bouleversements » c’est que ce temps est désormais « une époque de révolution sociale » …
Une « praxis » à laquelle il manque encore une « théorie » du « que faire » … hic et nunc.
Des luttes et des conflits qui s’annoncent d’autant plus violents que dépourvus ( pour l’instant) de tout relai/médiation politique .
Mais que pourra-t-on faire quand tout se sera effondré , sinon saisir les banques , puis rétablir les droits des citoyens ( de l’Etat) sur le contrôle politique de l’économie , à commencer par l’émission de la monnaie .
Tout ceci porte en germe, déjà bien muri, les conditions concrètes, les rapports matériels réels, qui s’imposeront « de fait » à la superstructure . Car il est un fait d’évidence ( matérialiste) que rappelle Marx : c’est que la superstructure repose sur l’infrastructure et non l’inverse .
tropiques,
« Une « praxis » à laquelle il manque encore une « théorie » du « que faire » … hic et nunc. » : que tchi ! (Si il manque des trucs j’ai tout le matos dans le coffre). Ni luttes ni conflits violents : que du bon : la démocratie.
N’oubliez pas que vous parlez de structures humaines : ce sont les individus conscients qui construisent la structure : c’est à eux de formuler les valeurs qu’ils souhaitent pour leur vie, pour leur temps de vie ; valeurs qui servent de liens, de possibilités d’échanges – dans l’absolu : de monnaie – : et la structure se forme ainsi : la démocratie.
Au plaisir
Hououji Fuu
Vous aussi vous avez un barbecue le 28 ? Non parce que ça revient un peu au même ! Bref. 😀
@Hououji Fuu,
Il est donc un autre fait d’évidence finaliste que la superstructure détermine l’infrastructure. Et un autre fait d’évidence formaliste que la superstructure et l’infrastructure matérialisent et finalisent la structure. Et qu’est-ce que la structure ? C’est la langue contenant les représentations du citoyen par quoi la société délibère la relation entre l’infrastructure et la superstructure ; délibération que Marx appelle « lutte des classes ». La lutte des classes débouche sur l’écrasement du prolétariat par le capital ce qui fait disparaître la plus-value qui matérialise le capital.
Ce que nous discutons sur ce Blog est ce que nous ferons quand il n’y aura plus ni capital, ni lutte des classes, ni superstructure, ni infrastructure. Il ne faut pas exclure que la destruction matérielle des structures par le capital fasse aussi disparaître le sens du langage : il sera alors proprement compliqué de construire quelque chose puisque la délibération-même ne pourra plus s’instituer.
Je suis dispo le dimanche 28 août! MAis dans Quelle rue allons-nous nous retrouver? Et à quelle heure? Pas le matin !
Je propose devant la mairie de ma ville à son entrée la plus importante, et chacun devant la mairie de sa ville . Mais on peut choisir aussi le monument aux morts pour se souvenir des guerres dont la répétition nous effraie.
Un communiqué de presse unique serait opportun pour reproduire ce paragraphe: » la monnaie est l’unité de compte de la démocratie. Les citoyens de l’Europe doivent tous se retrouver dans la rue à la fin de ce mois pour réclamer la transformation du Parlement Européen en assemblée constituante de la démocratie financière européenne. » Et PSDJ lève son droit d’auteur sur ces 2 phrases.
Mais le dimanche c’est bien de prendre le temps de voir ses amis ou de jouer avec ses enfants.
Je prèfère un soir de la semaine (comme beaucoup je pense) et aussi plus tard dans l’année quand les activités d’été sont finies.
Bon, ok il faut se mobiliser ensemble sur des enjeux centraux.
Merci de cet article et de sa conclusion que je résume ainsi « la démocratie financière ou la mort ». C’est vendeur, non?
Dalio
Et pendant ce temps là, Me Merkel suivie de prés par M. sarkozy, font savoir au monde que si ils se voient aujourd’hui, c’est juste pour prendre le thé. Il n’est bien sur pas question de décider quoi que ce soit d’important.
Tout ça c’est du cinéma …
Nous ne savons rien de ce dont il est question dans les entretiens…
Ce ne sont pas les médias qui vont nous fournir l’info , : ils fabriquent le moule de ce que nous devons penser , nous , assujettis aux décideurs de ce monde , lesquels nous abreuvent de clichés, d’images d’Epinal et de bobards .
Bn.
Le sujet a été traité ce matin sur F. Inter avec des intreventions pertinentes.
Mise en scène, théatre certes mais de quel type ?
Tragédie, comédie, guignol ?
Il s’agit pourtant d’un sommet.
http://www.franceinter.fr/emission-l-invite-debat-sur-l-avenir-franco-allemand
Comment appeler démocratie la tyrannie du capital s’accumulant aux dépens de l’être humain et la nature?
Comment appeler démocratie le refus du résultat des votes sur le TCE, en France comme en Irlande ?
Il reste pour quelque temps encore des marges de liberté d’expression et d’association,
Il faut vite en profiter pour lutter et abattre cette tyrannie…
@Charles A.
La démocratie est encore au moins un concept présent dans beaucoup d’esprits y compris ceux de nos gouvernements. Pour que le concept puisse REformer la réalité, il faut lui reconnaître une prémisse d’existence concrète quelque part. Si l’on ne dit pas en quoi, il y a plus de démocratie en Europe qu’aux Etats-Unis ou en Chine, alors l’actuelle dissolution de l’Europe dans l’empire étatsunien lui-même en dissolution dans le capitalisme sauvage « chinoide » est un phénomène absolument « naturel » qu’il est vain de critiquer. S’il n’existe aucune démocratie nulle part, ce qui est en train de se passer est effectivement ce que les élites au pouvoir en disent : un épiphénomène certes un peu inquiétant ou désagréable mais parfaitement sous contrôle.
C’est peut-être l’occasion de faire un papier sur le GMT qui nous pend au nez…
bonjour,
« Pour que le concept puisse REformer la réalité, il faut lui reconnaître une prémisse d’existence concrète quelque part. »
Oui, mais peut être pas là où il n’est pas : la loi économique, seule reconnue par ce néo libéralisme, est bien des deux côtés de l’atlantique ; par ici elle est constitutionnalisée. Dans l’UE, le marché, « social par nature », efficient quant à l’allocation, est le socle et la clé de voûte du droit, la raison et le but de l’Union.
C’est en se faisant le meilleur porte parole de la société d’un coté, et de l’autre en se faisant discours de la nécessité, science, que le marché d’abord retire le gouvernement de l’état, lui laissant une gouvernance quelconque, d’apparat souvent, puis ensuite se met à légiférer (réformes structurelles : on s’adapte au marché…jamais la question de savoir comment la société peut s’adapter à elle même n’est posée. Pour cause : chacun sait implicitement que le marché et la société sont distincts.). Un plaidoyer à double entrée : un bon travail d’avocat*
L’UE n’est pas démocratique au sens classique ou au sens courant : aucun élu du peuple n’y exerce de pouvoir réel (ni non élu d’ailleurs :même la commission n’a, heureusement!, que l’initiative de la proposition, le pouvoir réel étant dans ce binôme commission-conseil, un peu comme si en france le pouvoir était entre les présidents de régions (ou les députés, mais ils sont très nombreux, alors que le conseil est restreint), et le président qu’ils nommeraient)).
Les pays européens, par contre ont de solides traditions de ce coté là. Pas toujours exactement les même d’ailleurs (en france, la Vème qui devait garantir l’indépendance politique a en fait servie à transférer la souveraineté à l’UE (transfert étrange, où le chef d’état s’infantilise quelque peu)). L’allemagne rappelle aussi souvent ses propres différences, ces temps ci…
C’est d’ailleurs sur cette base diverse, d’une hétérogénéité des régimes démocratiques (monarchies ou républiques, plus ou moins décentralisées, aux pouvoirs plus ou moins séparés) que vous imaginez ce bancor, si je ne me trompe pas.
« Si l’on ne dit pas en quoi, il y a plus de démocratie en Europe qu’aux Etats-Unis ou en Chine, alors l’actuelle dissolution de l’Europe dans l’empire étatsunien lui-même en dissolution dans le capitalisme sauvage « chinoide » est un phénomène absolument « naturel » qu’il est vain de critiquer. »
…La démocratie s’exprime par différents canaux. Par exemple, il y a la souveraineté nationale (les élus) qui existe un peu partout, et la souveraineté populaire (les référendums par exemple, voire le chef d’état au suffrage universel), ce qui est un peu plus rare (pas folle la classe dominante).
Sous den ziao ping (ortho?), monsieur « qu’importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris », la chine a pris le chemin de la prospérité industrielle. Je ne connais pas les proportions, mais les accords commerciaux du cycle de l’uruguay puis de l’OMC ne sont pas pour rien dans le développement industriel de cette région du monde. Un simple coup d’œil sur la consommation chinoise montre que leur politique était presqu’entièrement tournée vers l’exportation : des capitaux venaient s’investir pour produire et exporter en gros vers le lieu d’origine de ces même capitaux ; les chinois obtenant en échange un rattrapage industriel.
Cette législation fut bien adoptée à l’initiative des états unis, et avec l’appui européen.
Sous quelle stratégie, avec quelle marge de manœuvre, voire au nom de quels idéaux, sont des questions complexes. (certains s’imaginaient que les chinois produiraient des objets pendant que l’europe produirait des concepts! Comme complexe de supériorité, c’est intéressant. Comme décision politique…).
Le phénomène dit de « mondialisation inéluctable » est donc parfaitement artificiel…résultat d’une convergence de volonté et de puissance politique.
Sauf si :
– l’économie est une science décrivant des phénomènes naturels(D’ailleurs, le marxisme fait un peu de même…). Et c’est bien ainsi que s’est présentée la « contre révolution néolibérale ». Le politique se conforme aux lois de la nature, ou les contrarie. S’agissant de la science de la prospérité et de l’état providence, la voie était toute tracée : pour se réaliser, l’état providence devait disparaître!
– nos chers et tendres gouvernants oublient malencontreusement de nous rappeler que la mondialisation est un édifice juridique avant tout, résultat d’un demi siècle de négociation sous la gendarmesque surveillance de l’OTAN.
En passant : comment les élites peuvent elles dire 1 c’est naturel 2 c’est sous contrôle ?
(la science politique du « laisser faire »?)
On peut même remarquer, si gouverner c’est prévoir, qu’il est étrange d’avoir ouvert l’aire de jeu avant d’avoir les moyens d’y intervenir (se coupant même des moyens d’interventions locales) : les signataires (a fortiori encore plus les européens) ont joué à quoi? Comme le rappelle Julien Alexandre quelques billets avant, un espace économique doit correspondre à un espace politique (pas forcément un état), simple bon sens.
(la science politique du « laisser faire »?)
Un proverbe anglais dit qu’il est plus facile de faire sortir le chat du sac que de l’y faire entrer…
A se demander donc si nos signataires avaient conscience du toboggan (route obligée) qu’ils nous faisaient prendre, pourquoi n’ont ils fait constamment pression pour que cet espace politique soit créé (on voit certains politiques disserter dans les médias pendant des semaines, aucun conditionner l’unité économique à une union politique (en france la question fut enterrée sous mitterrand : cf son débat avec séguin), pas plus ceux qui soutinrent les traités en disant en vouloir d’autres, que les autre signataires. Encore aujourd’hui, ils sont relativement rares). S’ils n’en avaient pas conscience, se pose bien sûr la question de la compétence.
Ce n’est donc pas manquer la critique, au contraire, que de pointer du doigt les « responsables » politiques qui sont très souvent allé contre l’avis populaire, quand celui ci était demandé (le peuple est ignorant : la science sait.), et donc souligner le manque de légitimité de ces décisions (cela est valable aussi concernant les notations par le marché des politiques menées, notations que les états ont eux même « appelé » (non convertibilité imposée du dollar) par la création du marché des changes. Or il me semble évident que la note d’un état est au mieux teintée de politique, voire n’est que cela (jusqu’à l’idéologie) : j’imagine que la note de cuba ne vole pas haut…). C’est d’un point de vue démocratique que l’on peut critiquer le manque de démocratie.
Car si c’est bien par souci démocratique que l’UE est au milieu du gué, vulnérable, c’est aussi par décisions imposées que l’on s’est aventuré à traverser : les petits pas qui en résultèrent furent autant de paris risqués sur la stabilité internationale, et le numéro d’équilibriste obtenu une faillite en soi…
Le peuple reproche rarement les succès même s’ils sont les faits du prince.
D’ailleurs, c’est à se demander comment deux générations politiques ont pu s’aveugler à ce point (chevénement parle de « pari de Pascal » : c’est la construction européenne ou le néant. résultat : proche de zéro!) : il n’y avait sauf récemment aucune porte de sortie légale (clause imposée au nom de la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux même : tout un regard que l’ONU jette sur l’UE par cette simple injonction (sous la demande de juristes anglais)) .
Il était devenu (et est encore) courant que le personnel politique désavoué par les urnes (pour avoir soutenu les politiques européennes…voulues par son propre parti!!) se voyait proposait un poste au sein de l’administration européenne. Le plus emblématique étant barrosso que les portugais ne supportent plus.
Ainsi un personnel politique à double casquette, à l’idéologie marquée (en plus de la volonté d’union européenne), par affinité à droite, souci du moindre mal à gauche, a pu voir le jour : les décisions prises collégialement au niveau européen étaient présentées comme imposées ; l’impopularité se gérait en se répartissant les rôles et les postes, le niveau de secours, non élu, étant l’UE. Sur ce dernier point, les eurobonds suivent le même chemin.
Si c’était « le seul projet possible », à quoi riment les votes proposés à la population, si ce n’est à masquer l’étroitesse du chemin laissé par le nouveau paradigme politique?
(la science politique du « laisser faire »?)
Dans la pratique, les conclusions des négociations, les décisions collégiales, ne s’écartèrent guère du plus petit dénominateur commun : le marché efficace et l’anticommunisme pour la droite, le marché social et la dénonciation de l’autoritarisme à gauche. Le marché est là. Ce qu’il « est » : mystère. L’autorité l’a rejointe (le personnel politique en oratorio de la « règle d’or »).
Par contre, à défaut d’une perception claire d’une démocratie dans une institution existante (quoiqu’il existe quand même quelques pays sympathiques où les votes ont des effets, même si ce n’est pas toujours bien inspiré, la suisse par exemple), ou même malheureusement dans un idéal accessible (mr Chouard fait par ex un travail de citoyen très riche en interrogations sur ce sujet) la volonté est bien là, partagée entre le niveau européen pour certains et le niveau national pour d’autres, plutôt un peu comme ci pour la droite, plutôt un peu comme cela pour la gauche, de fait bloqué entre les deux oppositions dans la réalité.
Effectivement, sinon, ce serait déjà plié depuis longtemps! (il n’y a qu’à se souvenir de la première mondialisation : l’empire de victoria ( ou avant, l’empire napoléonien)).
(Pour en citer quelques uns quand même, juste pour le contre exemple : les mariages politiques/médias, comme une fascination réciproque (dsk, borloo montebourg…) ; les suites royales : mr Delors, suivi de sa fille mme Aubry, la petite fille ayant eu droit à un récent baptême médiatique. La troisième génération lepen aussi. Mr sarkozy a des petites tendances au népotisme aussi. Mr Mitterrand, aussi…petit à petit…On n’a pas encore eu la femme de l’ancien président contre le fils du précédent, mais à force…)
Mais : au niveau européen, ce ne serait guère mieux (imaginons une europe des dictatures : aucun ne serait d’accord pour s’effacer ; une europe des démocraties : aucun ne saurait décemment s’imposer. (à part une grande déclaration solennelle contre signée par un référendum à gros chiffre, marquant dans le marbre la fusion des peuples (en imaginant la fusion possible : non explosive), je ne vois pas comment on peut faire.))
A contrario, de votre système de bancor qui peut ménager la chèvre et le chou.
« S’il n’existe aucune démocratie nulle part, ce qui est en train de se passer est effectivement ce que les élites au pouvoir en disent : un épiphénomène certes un peu inquiétant ou désagréable mais parfaitement sous contrôle. »
Oui et non : le phénomène à mon avis, c’est l’effectivité du renoncement à un cratos national (quel qu’il soit, mais de facto à une démocratie : s’il existe un indice des démocraties, je serais curieux de voir ses variations…). La réalisation des accords internationaux, jusque dans leurs extrémités logiques.
Par contre, le cratos international reste une vue de l’esprit, lui.
Entre les deux, je vois à l’évidence deux gagnants : le système financier, et le gendarme mondial (les désordres provoqués par la mondialisation, s’ils ne se règlent pas par le marché, appellent un maintien de l’ordre, qui vient souvent de ceux qui imposent le marché).
« ‘Au Moyen Age, ce sont les cités italiennes (Venise, Florence…) qui ont été les instigatrices d’un système de dette publique. Le besoin de payer des mercenaires pour les conflits incessants entre les cités, et la présence de marchands riches, disposant de réseaux bancaires tentaculaires, incitaient à user de cette commodité financière. »
Il y a sûrement d’autres « gagnants » : la renaissance prend place à la même période, et pour ce qui nous concerne…nous sommes en plus quasi en guerre économique…
(*)me Lagarde nous enjoint d’ailleurs du FMI à nous endetter (« pour ne pas étouffer la croissance ». à croire que les taux ont baissé et qu’ils ne remonteront jamais!)…
Mon expérience de l’Union Européenne est tout autre.
J’ai adhéré pleinement au projet dans ma jeunesse,
jusqu’à défendre activement un fédéralisme européen.
Dès que j’ai eu les moyens de comprendre les rouages de l’économie,
j’ai constaté que le capitalisme était incompatible avec la démocratie réelle.
entendue comme le pouvoir du peuple,
et non comme les rituels qui visent à le déposséder du pouvoir,
à commencer par la comédie des urnes,
sous régime de domination matérielle et idéologique de la classe dominante.
L’oxymore « Révolution par les urnes » des dernier mitterrandiens
est l’expression même de cette comédie.
Bref, restent des acquis démocratiques, de plus en plus limités,
à défendre toutefois, à condition de ne pas prendre la comédie de démocratie européenne
pour autre chose que la poursuite de la tyrannie du capital par le meilleur moyen.
Comédie des urnes, derniers mitterrandiens, vraiment que de mépris pour ceux qui disent que la démocratie ne peut être obtenue et développée que par la démocratie.
Or que je sache, pour le moment on ne sait pas faire exprimer la démocratie autrement que par le vote…
Il faudra bien un jour nous expliquer comment vous dépassez cette contradiction.
Une dictature démocratique, voilà le prochain modèle. certains diront avec beaucoup d’intelligence, tant qu’il y a le mot démocratie. Du communisme Ultra-libéral, ceux qui ont tout, pouvoir et mafia, ceux qui travaillent (les veinards), pour payer tout, et ceux qui n’ont rien du tout et qui doivent la boucler et se la serrer.
Sinon c’est un bon post Mr Pierre Sarton du Jonchay.
Cela s’appelle Democrator ou Démocrature je crois …
» l’Union Européenne est la seule construction politique multinationale fondée sur la démocratie… »
Ah bon ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir voté pour élire les personnes qui la gouvernent .
Si la participation aux élections du parlement européen atteignait les 80% ou plus; peut-être que les gouvernements des états membres seraient plus enclins à lui accorder plus de pouvoir qu’il en a à l’heure actuelle…
Là où vous avez raison c’est quand il s’agit du « gouvernement européen » lequel n’est qu’un assemblage temporaire et hétéroclite de ministres appartenant aux gouvernements des états membres, ces ministres il est vrai n’ont pas été élus, mais nommés par leurs gouvernements nationaux. Ce sont eux qui forment le conseil des ministres de l’Europe, se réunissant quelques rares fois par an et tirant chacun dans la directions de leurs pays et non au nom d’une politique européenne cohérente.
C’est ainsi qu’il n’a jamais été possible de concevoir une politique fiscale et sociale harmonisée, les moins disants sociaux refusant systématiquement qu’on leur impose de se mettre au niveau des mieux disants sociaux. Et on a ainsi vu se développer un dumping fiscal et social en Europe au travers de la libre circulation des produits et des services, laquelle est de surcroit complètement distordue par des conditions inégales du marché, la compétition dépendant plus des conditions fiscales et sociales que de la qualité des produits et services ou de la compétence des unités de productions obtenue grâce aux travailleurs et à la compétences des gestionnaires techniques ou commerciaux.
Notons un effet particulièrement pervers au niveau des finances publiques;, le dumping fiscal entre pays membres de l’Union Européenne à conduit à une baisse générale de l’impôt sur les dividendes des sociétés, baisse effective bien qu’irrégulière selon les pays de l’Union Européenne, qui a conduit à une situation surprenante: l’impôt sur les dividendes des sociétés est plus élevé aux USA qu’en Europe : 40% aux USA et 25% en Europe (Pierre Larrouturou « Pour éviter le Krach ultime » préfacé par Stéphane Hessel, Nova éditions 2011)
Parmi les scénarios catastrophe Pierre Larrouturou reprends celui de la guerre, classique: états contre états, déjà envisagé en 2010 par Philippe Dessertine, Professeur à l’université de Nanterre. Il cite en particulier une guerre aux frontières de la Chine, le taux de chômage chinois touchant 22% de la population active. Cela même avant que la Bulle immobilière chinoise (deux fois plus grosse que celle des USA avant 2008) n’ait éclaté. Il fait remarquer que le budget militaire chinois a plus que doublé en 8 ans. scénario, dit-il semblable à celui qui a précédé la seconde guerre mondiale sans compter la volonté de revanche chinoise contre les japonais qui reste forte en Chine, or les Japonais n’ont pas caché qu’ils interviendraient en cas de guerre entre la Chine et Taïwan…
Pour finir ce message, je trouve les analyses et les propositions de Pierre Larrouturou très pertinentes. Mais qui en parle? Même dans des blogs comme celui-ci?
Les propositions qu’il formule sont pourtant concrètes, pragmatiques, rapides à mettre en œuvre et cohérentes d’un point de vue économique, social et écologique…
Rappelons qu’il fût l’un des rares avec Paul Jorion à prédire la crise financière de 2008.
Tout dernier point pour cet après-midi: tant qu’on analysera la situation actuelle par le prtit bou de la lorggnette financières et que donc on ne proposera que des solutions fionancières sans vraiment aller au fond des problèmes d’infrastructure de l’économie réelle, il n’y aura pas de solution viable pour la France, L’Europe ni la Planète.
Bien cordialement.
Paul T.
Ils nous déclarés la guerre, les choix sont faits.
Dans le même ordre d’idées je viens de publier un texte:
http://www.lacrisedesannees2010.com/article-le-federalisme-europeen-est-il-un-produit-politique-d-avenir-81600334.html
Merci pour vos commentaires.
@werrebrouck
Ayant suivi votre lien je tiens à vous remercier pour votre analyse de la crise actuelle.
Il important de bien comprendre ce qui oppose les tenants du keynesianisme à ceux du monétarisme à la Friedman.
D’un coté, la doctrine Friedman et l’école de chicago affirmant que, puisque la quantité de monnaie influe sur le niveau des prix, la politique économique (monétariste donc) doit imposer une quantité de monnaie fixe contrôlée par la banque centrale indépendante afin de maitriser l’inflation.
Pour faire simple, ce monétarisme affirme que plus la masse monétaire est importante, plus le niveau des prix et l’inflation seront élevés, alors que plus la monnaie sera rare, plus elle prendra de la valeur. La monnaie devient alors une marchandise comme une autre..
Tout ce qui est rare est cher dit le dicton populaire, donc une monnaie abondante perdra de sa valeur, et par conséquent, les marchandises exprimées dans cette monnaie abondante seront chères.Un gouvernement devra alors limiter la quantité de monnaie en circulation pour réduire l’inflation.
On se rappelle encore de la république de WEIMAR
.
De l’autre coté, après la crise de 1929 , KEYNES avait, appliqué une politique économique à l’opposé du monétarisme. La crise de 1929 avait aboutit à une dévalorisation massive du capital et une baisse des prix ;une forte déflation donc qui rendait les solutions monétaristes sans objet.
KEYNES proposa de relancer l’économie par une politique expansionniste faite de création monétaire et de déficits publics pour permettre le financement de grands travaux et soutenir les dépenses de consommation.
Bref, l’antithèse exacte des positions monétaristes.
Avec des gens comme Friedman et Rumsfield, les monétaristes font leur retour, malgré les bons résultats des politiques keynesiennes jusqu’aux années 70.
Aujourd’hui encore, les idées monétaristes inspirent fortement la BCE et la FED .
On le sait, lorsque les Banques centrales sont indépendantes des Etats elles ont tendance à se comporter en monétaristes ; par contre, les gouvernements, en ayant tendance à recourir à la Banque centrale pour financer leurs projets, sont par nature keynésiens.
Les premiers privilégient la stabilité monétaire et donc des prix, indépendamment des citoyens, qu’ils soient consommateurs et/petits investisseurs, les seconds sont censés privilégier les citoyens qui les ont porté au pouvoir.
Comment se fait il, dans ce cas, que les gouvernants se soient laissé lier pieds et poings en transférant aux banque centrale une totale indépendance dans la création et en se privant du droit d’y avoir recours pour leurs emprunts, devant, par obligation, se tourner vers le secteur privé qui, aujourd’hui dicte aux Etats leurs politiques économiques?
Pourquoi ,KEYNES est il oublié, lui qui a permis cet essor sans pareil des 30 glorieuses?
Vous posez une bonne question. J’ai personnellement une réponse simple avec mon idée de perennisation du fordisme par d’autres moyens, mais je ne suis pas sûr quelle soit suffisante. De fait pour de nombreuses raisons assez bien expliquées par l’école de la régulation, le fordisme reposait sur un compromis autour de gains de productivité abondants qui se sont affaissés dans les années 70. La mondialisation était une solution au problème posé en ce qu’elle autorisait des gains de productivité obtenus par d’autres moyens: délocalisations, maintien du pouvoir d’achat par importations moins couteuses, etc. Mais cette mondialisation est exigente en ce qu’elle suppose la parfaite circulation du capital, la convertibilité des monnaies,etc. Ce qui renvoit à la stabilité de ces mêmes monnaies. Il faut donc combattre l’inflation. voilà le contexte. maintenant il est vrai le monde académique notamment américain est intervenu dans le débat.
Ce qui serait intéressant serait de faire une ananyse historique détaillée pour voir comment les entrepreneurs politiques se sont laissés convaincre pour déboucher à peu près tous à l’abandon de la souveraineté monétaire. Il faut savoir que l’ex président Giscard D’ estaing a pu ^étre interrogé sur cette affaire (c’est lui qui a pris de fait la décision en france) mais sa réponse fût extrémement évasive.
Bien à vous.
@ Werrebrouck
Le spécialiste des ovnis et des scandales qui n’en sont pas qui a « interrogé » VGE a laissé un commentaire sur le blog de l’ex-président, auquel celui-ci a répondu. La raison de cette loi a été rappelée récemment ici même par Pierre Sarton du Jonchay : un gage de « crédibilité » et de « responsabilité » donné par les États aux marchés, à l’instar de la règle d’or dont on parle beaucoup ces jours-ci, pour empêcher les États de faire tourner la planche à billet et provoquer de l’inflation. Une pure lecture monétariste qui coïncide avec la prise de pouvoir idéologique de cette école de pensée sur la finance et l’économie occidentale.
Contrairement à ce que le petit groupe que vous fréquentez maintenant laisse entendre, il n’y a rien de « fumeux » derrière cela pour ce qui concerne la création monétaire, qui reste le privilège des banques centrales.
C’est une décision politique, criticable et amendable,
L’Angleterre, et plus largement les sociétés occidentales, sont dans une phase de transition économique et sociale dont les évènements de ces derniers jours sont un symptôme.
http://www.slate.fr/tribune/42359/emeutes-londres-mcshane
En fait vous proposez de créer un bancor européen?
@francis,
On peut nommer le bancor comme on veut : le principe est celui d’un étalon de crédit international :
1) qui mette les démocraties à égalité de droits et de devoirs les unes par rapport aux autres
2) qui soustraie la monnaie et le crédit à la prédation financière
Nationaliser les banques (leur part dépôts et crédits affectés, le reste ne nous intéresse pas) sans indemnisation.
Etablir depuis ces banques des échanges et des accords avec les banques centrales dans le monde qui fonctionnent démocratiquement et corrélativement réduire au minimum les échanges avec la BCE tant qu’elle ne change pas de statut et de fonctionnement.
Dans une guerre, il faut trouver des alliés ! Il y en a : ceux qui veulent des échanges équitables avec la France.
Merci à vous, Pierre, pour ce bel appel à la responsabilité et à l’engagement de chacun.
C’est notre affaire à tous, à commencer par celle « des grands » comme les appelle fort à propos notre céleste Paul (Paul d’Orion ? 🙂 )
Le réveil politique est proche, c’est sûr.
Aucun doute qu’il se manifestera, comme celui des indignés, là où on ne l’attend pas.
Aux États-unis ? En chine ? Pourquoi pas, lors de la très proche prise de conscience que le dollar est mort => ICI
En Angleterre ? Attendons de voir l’évolution des révoltes de la jeunesse.
En France ? Pourquoi pas ?
Ailleurs ?
La sphère financière, qui n’est en rien virtuelle (ou alors à la limite depuis l’abandon de l’étalon or, et ça n’est en fait qu’un détail, les chèques et titres existent bien évidemment avant), est importante certes, mais il faudrait surtout sortir du mirage consistant à croire que les problèmes viennent de là. Si le monde ne s’est pas écroulé dans 50 ans, ce sera un monde sans aviation et tourisme de masse, par exemple.
la seule chose dont nous devons avoir peur , c’est la peur elle même
« Franklin Roosevelt »
L Allemagne veut la jouer solo car elle a fait illusion depuis 1 an (par rapport à la force de son économie) mais elle est dans le même état que ces voisins .2eme trismestre croissance : 0.1 %….Soit nul,ils vont peut etre commencer à changer d’avis …
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=e91eefb8cfd696b3dc424aeb2fa923de
http://www.dhnet.be/infos/economie/article/364955/le-fmi-exhorte-a-ne-pas-tuer-la-croissance-en-luttant-contre-la-dette.html
René Thom, Esquisse d’une sémiophysique, Interéditions, 1988, pp. 127,128:
« On ne pourra que s’étonner -dans un futur pas tellement lointain- de l’étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d’action du soma sur le germen, tout mécanisme lamarckien. »
« Le rôle du génome apparaît finalement plutôt comme un dépôt « culturel » de modes de fabrication des substances nécessaires à la morphogénèse. Il n’est peut-être guère plus nécessaire à la morphogénèse que ne l’est la consultation des livres de cuisine aux réalisations gastronomiques d’un grand chef. »
Amha le TINA de Thatcher et Reagan repose en dernière analyse sur l’acceptation de la théorie néodarwinienne. Et si Thom avait raison? En tout cas je pense que le renversement de perspective peut s’avérer un exercice intellectuel salutaire.
René Thom grand Aristolécien sous l’éternel , étonnant que PJorion ne le cite jamais , à cause
du coté catastrophe ?
C’est probablement parce que vous ne lisez pas grand-chose de ce que j’écris.
« Il n’est pas de démocratie sans finance. »
Article compilant les défauts systématiques et structurels dévoilés depuis plusieurs semaines par Jorion et Leclerc. C’est une bonne synthèse.
Par contre, quand l’auteur s’aventure à tirer des conclusions définitives, il me semble qu’il se trompe. C’est exactement le contraire, à mes yeux : avec finance, pas de démocratie. Dès que les financiers mettent la main sur la régulation de l’économie et/ou sur la monnaie c’est le drame. Pas de consentement à l’impôt, effectivement, pas d’adhésion à la démocratie représentative – on le voit avec l’abstention qui croit -, la démocratie s’en va à mesure que la finance croit.
La solution n’est pas un « parlement financier », mais un parlement tout court. C’est d’abord reposer une page et une seule de valeurs et quelques lignes directrices économiques – à commencer en finir avec ces mots, ce dogme étouffant, dix mille répétés par les Barrroso et consorts, de la libre concurrence et de la compétitivité mêlées pour nous ruiner -, bref d’un Parlement français, d’abord, qui fasse son boulot.
Le Parlement européen ensuite devrait faciliter échange et coopération des états, et ne tente pas de mettre leur action, leur séculaire et singulière identité due à l’histoire de leurs peuples respectifs, sous un formatage paperassiers qui paralyse tout et tous, ou sous une règle monétaire quelconque, l’argent étant un moyen et non une fin, la monnaie devant remise dans les mains des états et gérée selon des règles simples, comme pouvait en émettre un certain Ricardo/
Et qu’on ne me parle plus d’euro comme « bloc » contre les USA, la BCE menant la même politique de soutien insensé au marché que la FED. Et qu’on ne nous bassine plus avec les Bourses, que les politiques reviennent à de sain propos sur la corbeille et l’importance serve des banquiers et boursicoteurs.
@Contempteur,
Il me semble que nous disons la même chose de deux façons différentes. Convenez-vous que la finance peut et doit être autre chose que celle qui nous est servie en négation de la démocratie ?
Sur ce plus petit dénominateur commun, nous sommes d’accord.
D. Chopra
Coucou,
Belle conclusion. Je ne crois pas aux temps zéro. L’homme est une « machine » à fabiriquer des dieux. le rationnel est un concept qui n’existe pas chez l’homme, ou de temps en temps, en se cognant dans des bribes de reel, avant de se perdre dans les limbes, des mots, des cris, des rumeurs , des envies, des desirs, des croyances …..
on peut esperer des temps differents, ou l’homme n’est pas qu’un loup pour l’homme, çà aide à vivre.
que vivent les hommes de bonne volonte !
(sauf dimanches et jours feriés, j’aime bien me reposer)
bon aller, biberon, rot et dodo
bonne journee
stephane
enfin un homme politique français qui monte aux créneaux, c’est Borloo .
Si la France et l’Allemagne arrivent à s’accorder sur une nouvelle gouvernance économique européenne, sur un calendrier précis de mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières, sur l’interdiction des ventes à découvert, la régulation des hedge funds et des paradis fiscaux, l’encadrement des effets de levier et l’étanchéité des activités de dépôt et d’investissement, alors nous aurons fait un pas historique vers un nouvel ordre économique et social. »
Damned ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?
Oups j’avais raté la
tribune de Montebourg dans libé de vendredi..
Et celle de Mélenchon sur France Inter du 12/8… qui a en plus l’avantage d’être émise par quelqu’un qui n’a pas été les mois derniers « vice-premier ministre »… Mais bon, comme dit Paul Jorion, du moment que ça va dans le bon sens ! J’ajoute quand même qu’il ne faut pas regarder toujours du même côté !
Et si ont se faisait une bonne petite banqueroute avec un bon vin blanc d’Alsace.
Ha…
Si on me prend par les sentiments…
oui ok mais avec du choux en saumure , bien mariné en tonneau de bois , pas un machin industriel , ah çà c’est bon et tout le reste on s’en balance
Oui « les chevaliers de l’Apocalypse semblent lancés…. » Que feront nous pour les arrêter?
Nos hommes politiques, au narcissisme pathologiquement sur-développé, vont ils enfin réaliser qu’ils ont déjà engagé la clé qui déverrouille la porte qui s’ouvrira sur la destruction de leurs peuples.
Leur addiction à consolider une Europe mortifère, n’est que l’expression de leur illusion d’exister.
Il leur faudra reconnaitre que la famille humaine, dont ils ont désiré gouverner le destin, a engendré des enfants définitivement délinquants d’autant plus dangereux que leur allure semble « présentable ».
Pourrons nous les convaincre d’accéder à une responsabilité autrement plus noble, celle là même dont ils se réclament faussement pour survivre : la sauvegarde de notre humanité .
En tout cas la démocratie fou le camp, les capitaux fond du marathon dans le BRICS et l’Europe fait un cent mètres dans une roue de Hamster. Je déclare ouvert les jeux Olympiques de la connerie…
Les places sur le dopium sont fortement convoitées, surtout les médailles d’or.
Très intéressant billet.
Mais bien sûr, je sursaute moi aussi à votre usage de l’affirmation selon laquelle nous sommes dans « la » démocratie.
Jean-Claude Michéa parle de « l’empire du moindre mal ». Je ne sais pas si cela nous avance.
Il me semble que l’on peut considérer que certains acquis démocratiques existent, mais que notre forme de démocratie est primitive, arriérée, à tout le moins radicalement limitée par les privilèges accordés au capital comme fonction centrale et aux classes sociales super-riches. Et bien sûr, la démocratie représentative néo-libérale actuelle, laisse le champ économique hors constitution et hors projet politique dans le vrai sens du terme. Dans la phase actuelle, le capitalisme financier est devenu la forme hégémonique, et son pouvoir de nuisance se déploie sans adversaire à sa mesure.
Le militarisme est sans doute un autre signe signe de l’arriération de notre forme de démocratie. Le complexe militaro-industriel est un véritable cancer dans la société, les dépenses dites de défense sont à la fois un moteur d’activité central, une partie de la dette publique, et une stérilisation de gigantesques masses de valeurs d’usage ou richesses matérielles. Si la production d’un char distribue certes des salaires, personne ne vit mieux du fait de l’existence matérielle de l’objet « char », dont l’usage éventuel, au contraire, va détruire et des vies humaines et des richesses matérielles. Mais le militarisme est aussi simplement la forme pure, sans fard, de l’autoritarisme aveugle et de la violence qui imprègne les relations sociales et les esprits. Un effet des relations sociales sur lesquelles il rétroagit.
En résumé, un premier devoir de la conscience critique est de cesser de parler de « la » démocratie.
Il faut trouver une expression plus précise, exacte, pédagogique, courte, qui évite le slogan et l’agressivité primaire. Une ou plusieurs.
À défaut de mieux et provisoirement, je recours à « démocratie représentative », « démocratie libérale », « démocratie spectaculaire marchande », « démocratie néo-libérale ».
Peut-être des lecteurs de ce blog feront-ils des suggestions.
La reconstruction est une source de « PIB »… de la croissance en lingots … de l’or pour les coffres suisses…
(voir épisode 16 de la saison 3 de la série : « Faut que ça bouge », celle qui résume l’activité humaine de 1939 à 1945 ainsi que les trente « glorieuses » qui suivent.)
(si quelqu’un a une solution pour ne vivre QUE les après-guerres, je suis preneur)
Monsieur Sarton du Jonchay,
qu’entendez-vous par « système rationnel monétaire »? Et cela dans le cadre européen?
L’euro vacille, pour des raisons que l’on connaît. On parle maintenant des « Euro-Bonds ». Ce sont surtout les banques et l’industrie exportatrices qui sont pour, ceux qui ont des options dans les pays structurellement faibles. Curieusement, les sociaux-démocrates allemands y compris les syndicats sont également pour, probablement dans le but de se démarquer des conservateurs. Je cite cet exemple pour dire: L’Europe est dominé économiquement par des lobbys, des tendances antagonistes les plus diverses, puis il y a des pays à structure économique faible comme la Grèce, l’Irlande….. Et Personne ne veut une union politique; les gens ont pris conscience que cela restera au niveau d’un mirage. Si une Europe unie serait « existable » (néologisme de ma part), elle existerait depuis longtemps. Et une véritable monnaie commune aussi.
@Germanicus,
La monnaie est un outil de matérialisation des finalités humaines concrètes à l’intérieur des réalités physiques limitées. La raison d’être de la monnaie est de faire la contrepartie de l’attribution d’un prix à un objet matériel. Un système de rationalité monétaire permet l’attribution et le règlement de prix à des objets contenant effectivement des finalités humaines. La monnaie de démocratie est émise à proportion des prix dont la finalité humaine est effectivement vérifiée. Cette vérification s’effectue par le processus de la compensation réclamé par Keynes au niveau international et fort bien décrit par Jean-Pierre dans la mécanique financière du fixing.
L’Europe est une passoire incontrôlable,
Sur des dizaines de kilomètres les port de Naples et probablement de Rotterdam accueillent tranquillement et par milliers (millions?) de tonnes, la contre-façon du monde entier.
La Campanie héberge des dizaines d’ateliers chinois clandestins.
Les frontières de l’Est sont une illusion.
Les capitaux circulent à la vitesse de la lumière.
Il faut retrouver une certaine étanchéité à nos frontière en premier lieu et savoir ce qui circule à l’intérieur du cercle…
Nous savons, par TINA, que la démocratie n’est maintenant plus qu’une façade.
Il me semble que l’effondrement est aussi contrôlé.
Le dernier choix qui nous reste se situe donc entre guerres civiles et guerre mondiale.
Laquelle est la meilleure..??
Guerre mondiale, non, il y a la bombe (20 000 environ ?)… même pas guerre d’usure genre « guerre froide » , car cela supposait des blocs idéologiques vigoureux.
Ce qui frappe, c’est l’épuisement… tous azimuths : ressources, psychologie, imagination, réserves financières, culture, agriculture, technologies dont technologies de guerre (cf. fiasco ahurissant des F-35 et F-22 US), etc.
Alors, oui, des « guerres civiles » locales, larvées, une nouvelle féodalité, le lent reglissement de l’humanité vers la barbarie, après cette nouvelle Rome que fut la mondialisation sous la houlette US.
Champ d’opportunités locales aussi…
Au fond il faudrait être assez fort et lucide pour souhaiter l’épuisement puis l’effondrement complet du Système, ne serait-ce que du point de vue écologique : on voit bien que plus rien ne se fait – si tant est que quelque chose ait jamais été fait, Kyôto, ha ha ! – face à l’urgence absolue d’un enraiement de la menace climatique, phénomène physique avec lequel on ne peut pas passer traités…
Attentione à la grippeu et aux filains viruses et aux bactéries.
Je soutiens votre appel à la raison. L’homme ne pourra pas se survivre à lui-même si il ne décide pas à se gérer. Et les jeux sont en passe d’être faits. Nous tappons nos tous derniers atouts.
Il nous faut des responsables, des gens non partisans qui osent dire les choses qui dérangent tant aux plus faibles qu’aux plus puissants. Il est urgent que tout un chacun reconnaisse qu’il vaut parfois mieux perdre ceci pour ne pas perdre cela.
Des responsables qui nous disent ,pour exemples,que le pic Pétrolier est une fable,que le réchauffement climatique anthropique est un bidonnage,que le néo-malthusianisme est à la manoeuvre ,
ou bien….?
les néolibéraux ont détruit l’industrie pour faire du fric (Délocalisation) ils ont détruit l’agriculture pour faire du fric (Concurrence déloyale en Europe). Ils s’entredévorent entre eux pour faire du fric tant mieux.
Avons nous leurs noms et adresses ??
Classement forbes.
Leur richesse ne tient évidemment pas compte de l’évasion fiscale.
(voir les surprises lorsque l’on découvre le différentiel entre la fortune officielle et la fortune réelle.)
Lorsque l’on a compris cela, on comprend mieux l’hypocrisie de celui-là :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/08/16/le-milliardaire-warren-buffett-plaide-pour-une-hausse-d-impot-pour-les-plus-riches_1559999_3222.html
Et surtout pourquoi il veut sauver son système à tout prix ainsi que se faire l’ « ami des peuples »…
Il sent le vent venir, le vieux truand.
@Xian
J aurais bien aimer mais le néolibéralisme ambiant empêche toute communication réelle entre humain plus ou moin normal si la normalité existe par ailleurs. L’esclavage étant encré d’une façon tellement rédhibitoire qu »il ne faut pas lutter. L’acceptation de norme idiote que ce soit en terme de financière ou humaine devient tellement patente il faut se taire. L humanité est morte place au mathématique est a la rationalité qui se plante d’une façon magistrale mais il ne faut rien dire . Vive la vie..
@ ploucplouc,
« Quand les gros maigrissent ,les maigres meurent »…..tant mieux?
@CV
Cher ami quant les maigres meurent comme vous dite les gros maigrissent et les gros vont perdre un gros tas de pognon Houlala ca fait peur!!!!
oui,mais les maigres,c’est nous !!!
Oui,ça fait peur !!!
Soyons clair les riches le pognon c’est important . les pauvre veulent devenir riche pour être important.Les riches ont besoin des pauvres pour exister. . La notion de richesse n’existe que si il y a des pauvres et des riches. La disparition des pauvres ne servira pas les riches car elle détruira leur existence . la disparition des pauvre entrainerait que les soit disant riche deviendrait subitement pauvre la phrase les gros maigrissent. Alors c’est quoi un pauvre en argent, vous croyiez que la seule facette de l’humanité est l’argent. Je vous plains.
Démantelez les marchés financiers et supprimez l’argent, car il est devenu maître.. Et nous savons que l’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître.. Les élites serviles vont modifier l’économie et la vie des citoyens pour satisfaire les financiers.. Si vous ne naissez pas avec une cuiller en or dans la bouche, vous êtes soumis à la dette dès votre naissance .. On supprime tout ça rapidement ..
La situation en Europe se dégrade, les émeutiers s’attaquent maintenant à la Suisse.
http://echelledejacob.blogspot.com/2011/08/les-emeutes-de-londres-aussi-en-suisse.html
… Terrifiant. Oui. Oui. Absolument ter-ri-fi-ant. Allez, manque plus que la conférence de presse conjointe Angela / Nicolas, et on aura atteint le sommet de la peeeeeeuuuur…