LA RÉVOLTE SANS LA SOLUTION, par Jérôme Grynpas

Billet invité

Ce qu’il y a de patent, c’est le sentiment d’impuissance, à l’échelle des individus comme au niveau le plus élevé des décideurs des États les plus puissants. On ne peut que constater l’incapacité de ces décideurs et de leurs conseillers de penser hors du système, alors même qu’ils en fustigent les errements. Il faut dire qu’ils ont une excuse et ceci est vrai aussi pour les sphères dirigeantes européennes et leurs experts. Où puiseraient-ils un discours politique cohérent qui puisse être un contre- projet novateur et réalisable ?

L’indignation et ensuite ?

Il ne reste aux citoyens qu’une indignation plus ou moins violente. Ce n’est pas neuf. Rappel. Avant le XVIIème siècle, on a connu des révoltes jamais abouties et toujours durement réprimées comme celle des « fratellini » dans l’Italie du moyen-âge, la guerre des paysans en Allemagne à la Renaissance, les « troubles » causés par les famines à travers toutes les époques, etc.

Maintenant, l’indignation est toute de gesticulations. Dans les pays arabes, plus vigoureuse, cette indignation est soit réprimée (Syrie, Émirats, etc.), soit forte d’un premier succès (Égypte et Tunisie). Elle n’en reste pas moins grosse du meilleur comme du pire. En effet, les seuls à avoir un discours cohérent, quantitativement significatif, avec une vraie capacité organisationnelle, sont les religieux. Les autres ont des indignations, des aspirations mais cela ne fait pas un projet politique propre à conquérir idéologiquement une fraction importante de la population. La même situation d’indignation (pour le moment non violente) se déploie sous nos yeux tant en Europe (Israël compris) qu’en Amérique.

Rien ne fonctionne sans idéologie

Toutes les sociétés sont construites sur des idéologies. Dans l’antiquité, elles se construisent sur les religions du Livre, le bouddhisme ou en Chine à travers le confucianisme… Toutes ont vécu sur des corpus idéologiques – des textes. Ceux-ci avaient pour prétention, d’une part, d’offrir une représentation du monde ici-bas (et pour la plupart de l’au-delà) et, d’autre part, de proposer une pratique tant collective qu’individuelle déduite de cette idéologie.

À partir du milieu du XVIIème siècle, la modernité occidentale a suivi la même voie. Elle s’est exprimée d’abord idéologiquement dans ce qu’on appelle les « Lumières ». Celles-ci, face au pouvoir monarchique absolutiste appuyé par une caste de privilégiés, ont développé la théorie de l’égalité juridique de tout un chacun et, donc, sa capacité (selon ses mérites) à participer de plein droit au pouvoir et dans tous les secteurs de la vie au quotidien. Certes, il s’agissait de principes et le développement a été long et en dents de scie. Mais la démocratie, l’État de droit, la solidarité étaient nés. Les révolutions américaine et, surtout, française en sont les enfants légitimes.

À la charnière des XVIIIème et XIXème siècles, le libéralisme économique donne à la révolution industrielle sa légitimité (Adam Smith, Ricardo, etc.) tout en suscitant à partir du milieu du XIXème siècle surtout à travers la doxa marxiste, la constitution d’une contre-idéologie globale – sur la base d’un compendium écrit – capable de s’opposer au capitalisme triomphant.

Le capitalisme, idéologie mondiale

Tant que le capitalisme usait de sa force pour se sustenter toujours davantage par l’exploitation coloniale, par exemple, il continua à se développer. Développement qui entraîna les premières lourdes contradictions (guerre et révolution). Pour des raisons, trop longues pour en parler ici, le contre-projet révolutionnaire des bolcheviques de plus en plus oligarchique et donc de plus en plus policier, échoua de la pire des façons : l’implosion. En Occident, ceux qui tentèrent, tout en s’accommodant du système, de l’améliorer – les socio-démocrates – connurent d’abord des succès, puis peu à peu se firent gestionnaires. Quand le soviétisme s’effondra, ils se turent définitivement se contentant de privilégier faute de mieux des « avancées sociétales » tout en pratiquant les « bonnes oeuvres ».

Globalisé, sans contradicteur idéologique crédible, le capitalisme – à partir des années 80 – passa à la vitesse supérieure : la financiarisation du monde. Il se trouvait ainsi à l’abri des États – étant hors loi. Mieux encore, il fit accepter par les gouvernants et les gouvernés (dans une large majorité) que le profit privé était l’alpha et l’oméga de tout développement possible. Il ne s’agissait plus d’une « idéologie » puisque, claironnait-il, les idéologies étaient mortes. Tout cela est scientifique, disaient les experts médiatiques. Et les gens « sérieux » n’y voyaient rien à redire.

Autrement dit, le drame – intellectuel et politique – de notre époque, c’est l’absence de tout contre-projet idéologique. Les possédants et tous ceux qui vivent convenablement au sein de ce système n’ont pas besoin de théorie nouvelle, leur seul projet c’est de se maintenir. La gauche de la gauche, très minoritaire, fait semblant de chercher auprès du vieux Marx des réponses. Visiblement, ce n’est pas sérieux.

Aujourd’hui, de par son développement même, le capitalisme a mis à nu son incapacité à se réguler au point de tendre à la déliquescence et l’opinion publique comme ses dirigeants le reconnaissent, mais se sentent incapables de penser à une solution viable au long terme. Il n’y a pas de projet, pas de « nouvelles Lumières ». On s’indigne et on a peur. La révolte sans la solution. Face à un capitalisme même malade, c’est peu.

Conclusion

Beaucoup se disent in petto : cela ne durera pas. « Ils » vont devoir réagir pour leur propre bien. Mais, ils sont empêtrés dans un quotidien dont ils vivent bien (que mon voisin fasse le premier pas…) Cet avantage, ils tiennent à le conserver. Sans compter qu’ils estiment que leurs certitudes sont l’expression d’une réalité irréfragable. Le néolibéralisme, le libre-échange planétaire ne sont-ils pas des faits de nature ? On ne peut pas empêcher la terre de trembler, au mieux on peut construire des bâtiments selon des méthodes antisismiques toujours améliorées. Peut-on faire mieux dans la sphère du politico-économique puisque la théorie novatrice capable de modifier notre paradigme économique ne se déploie nulle part ?

Quel individu, quel groupe proposera, au-delà de l’indignation et de la peur, une théorie et une pratique capable de porter un projet novateur ?

Jérôme Grynpas
Philosophe

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257 réponses à “LA RÉVOLTE SANS LA SOLUTION, par Jérôme Grynpas”

  1. Avatar de hakim

    Le Confucianisme c’est la face « morale » de la pensée Chinoise, ne pas oublier la face beaucoup plus théologique ou mystique, qu’est le Taoisme, et l’Antiquité c’est aussi les païens (Egyptiens, Grecs, Romains et aussi Sumériens, Achéménites etc), non ?

  2. Avatar de Leboutte
    Leboutte

    Moi je ne m’inquiète pas.

    Il faut penser les temps qui se chevauchent.
    Il y a le temps d’une existence humaine, au sein de laquelle nous sommes très impatients, et celui de l’histoire par exemple – sinon celui des rythmes géologiques, dans lesquels l’humanité commence à intervenir autant qu’elle commence à les connaître. Ne parlons pas du temps des législatures, qui est malheureusement l’horizon de décision des gouvernants que se donne notre forme de démocratie très limitée.

    Les défis dans lesquels nous sommes ont certes un caractère pressant et angoissant, mais il est certain qu’ils sont posés au temps historique et non au temps individuel.

    Vous nous dites qu’il y a une révolte qui pointe le nez, et pas de solution. Heureusement! Ceux qui ont la solution sans mouvement social, on les connaît. Ce sont les généraux sans troupes de la gauche de la gauche.

    D’où les solutions peuvent-elles venir?

    Moi, je fais le pari qu’il y a actuellement un Siècle des lumières à l’oeuvre.

    Quand Ricardo Petrella publiait avec le Club de Rome, Halte à la croissance (1970), un livre de critique du capitalisme néo-libéral sortait tous les ans ou tous les six mois. Aujourd’hui, il s’en édite plusieurs par semaine, et vu que les éditeurs tiennent des comptes, cela nous dit qu’il y a un sacré lectorat, outre le fait que les auteurs se multiplient.

    Qui aurait prévu la chute du mur de Berlin la semaine avant qu’il ne s’écroule? Le printemps tunisien? Les indignés espagnols?
    D’innombrables semences sont posées dans d’innombrables cerveaux.

    L’histoire est en mouvement, en plein mouvement.

    1. Avatar de coco
      coco

      et comme dirai Jodorowsky
      « Il n’y a pas de solutions, car il n’y a pas de problèmes »

  3. Avatar de Un chomeur de plus
    Un chomeur de plus

    « Autrement dit, le drame – intellectuel et politique – de notre époque, c’est l’absence de tout contre-projet idéologique »

    Je ne suis pas d’ accord il y as des gens qui proposent des solutions.

    Mais le système tient tout le monde politique de droite à gauche par les c….. par la corruption, la menace, le chantage…. CF Coluche à son époque.
    Je crois à un Collège d’ hommes instruits et qui ont fait preuve durant leur carrière d’ intégrité et de véritables convictions comme Mr Jorion notamment, Jean Pierre Petit, Albert Jacquart
    Aussi d’ écrivains comme Bernard Werber entre autre!
    C ‘ est à ces gens qui NE SONT PAS DES POLITIQUES qui proposent des solutions réelles et non violentes non racistes de nous prendre en main!
    Mais malheureusement il faut ( en tous cas pour la France et en Europe de l’ ouest ) que les gens crèvent un peu de faim pour réaliser toute cette mascarade de société. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Plaque_de_d%C3%A9chets_du_Pacifique_nord
    Il faut un effondrement pour une prise de conscience.

    CONTINUEZ LES GARS VOUS FAITES DU BON BOULOT CA VA VENIR CAR LA JEUNESSE
    VOUS ECOUTE ET SAIT DISCERNER LES ESCROCS DES VRAIS HOMMES.

    1. Avatar de Robert
      Robert

      Vous oubliez Paul Ariès !

  4. Avatar de dyllanne
    dyllanne

    @jjerome

    Il y a un bon point de départ, c ‘est ce qu’a dit paul jorion dans l entretien de france 24.
    En gros il dit que les hypothèses de concurrence et parfaite qui font de la théorie smithienne la meilleure des théoties dans notre monde ne sont plus respectées.

    Ces hypothèses quelles sont elles : 1/ atomicité des agents ( ce que paul jorion appelle les rapports de force). On voit bien aujour dhui qu il y a plusieurs catégories ( travailleurs, politiques, actionnaires ) qui ont des intertets divergents qui se sont accentués.
    2/transparence de l’information : on voit bien que cette hypothèse cruciale est sujette à bp de problemes. Les banques possedent des informations exetraordianires et sont capables de reunir sur le meme toit une quantité d interet divergents ( clients, fonds propres …). Ce qui fait qu elle peut prendre des positions qui lui seront benefiques mais pas globalement.
    3/ libre circulation des facteurs de production travail et capital. A mon sens c est l hypothese la plus fausse qui est fondamentale. Le capital est en effet doté d une parfaite mobilité alors que le travail est lui intrinsequement immobile du fait qu il correspond à l etre humain.

    Une autre chose qui met un frein au paradigme néoclassique, c est l hypothese de ressources illimitées. Or on sait que c est pas le cas. Introduire le concept de ressources limitées ne peut aller que vers une solution ou l etat reglerait par la loi les comportements individuels. Il n y a qu a voir la violence avec laquelle le tea party rejette ça ( rejet du rechauffement de la planète, droit des americains à leur mode de vie….) pour vous dire que ce concept est une vraie breche dans l edifice libero liberal/

  5. Avatar de Wildleech
    Wildleech

    Que l’opinion publique se sente impuissante, nul n’en doute. On ne s’acharne pas à la diviser et à la manipuler pour rien.
    Ses dirigeants, vivants convenablement du système et appartenant souvent aux possédants, n’ont pour but que de se maintenir, et de maintenir l’idéologie « libérale », en place.
    Nous nous dirigeons donc probablement vers un renforcement de l’état policier, jusqu’à l’explosion.
    A quand la démocratie ?

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Je pense comme vous nous sommes en marche s’ils continuent sur cette lancée pour le fascisme et peut être allons nous voir resurgir aussi des sortes de Stasi.

      Hier je lisais qu’une de proposition pour faire face à la dette italienne, c’était de supprimer tous les jours fériés tombant en semaine pour les mettre au dimanche pour assurer plus de compétitivité.

      Compétitivité de quoi de la connerie humaine ????

      Ils ont vendu nos emplois (grâce à cet euro fort qu’ils ont tellement voulu) aux pays à bas coup pour qu’une minorité détenant les capitaux s’en mettent plein les poches et ils veulent qu’on soit compétitifs ????

      Et le servage direct, allons y tout de suite puisque c’est ça qu’ils demandent

  6. Avatar de wykaaa
    wykaaa

    « La gauche de la gauche, très minoritaire, fait semblant de chercher auprès du vieux Marx des réponses. Visiblement, ce n’est pas sérieux. »
    Et pourquoi ne serait-ce pas sérieux ?
    Seriez-vous l’un de ceux, nombreux, qui confondent marxisme et communisme qui en est sa forme totalement dévoyée.
    La théorie et la pratique, capable de porter un projet novateur est de replacer l’humain au centre de la société (à la place de l’argent). Chacun doit pouvoir éduquer ses enfants, manger à sa faim, se loger décemment, pratiquer un minimum de loisir sans se ruiner, etc. (on pourrait dresser une longue liste). Aujourd’hui, les pays les plus riches jettent 30% de leur nourriture (gaspillage) alors qu’un milliard d’être humains ne mangent pas à leur faim. On marche sur la tête.
    Le système (il n’y a pas besoin de théorie ou d’idéologie nouvelle) est de réguler fortement les activités financières en les taxant, de définir une fourchette de salaire (et de rémunération autre que salariale) qui soit décente et acceptable par tous. Tout ceci est possible.
    Je sais, tout cela ne fait pas un programme, mais si on se débarrasse d’abord des maffias qui nous gouvernent alors le peuple peut reprendre le pouvoir. Evidemment cela passe par une période de chaos car il faudra bien faire une révolution. C’est inévitable car les maffias ne donnent jamais le pouvoir, il faut le lui arracher.

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      La gauche de gauche, cad indépendante des politiciens,
      fait bien de ne pas proposer de système, de solution clé en main.

      Il est plus utile de faire un bon diagnostic:
      l’appropriation privée des moyens de production conduit à la catastrophe économique,
      mais aussi sociale et écologique.
      Et de travailler à abattre cette tyrannie du capital, condition de la démocratie.

      La fin de cette tyrannie permet d’envisager et d’expérimenter,
      avec les variantes propres à chaque culture et héritage,
      toutes les formes de propriété démocratique, cad collective et sociale.

      La démocratie, cela veut dire justement de ne pas arriver solution clé en main.
      De priviligier l’expression de chacun et la décision démocratique.

      Le role d’un parti pour la révolution n’est pas seulement être un outil de la révolution.
      C’est, sur la base des expériences passées (tentatives avortées de socialisme),
      de proposer et défendre les formes les plus avancées de démocratie,
      sans jamais prétendre à exercer le pouvoir.
      Au contraire en défendant un pouvoir des travailleurs et des citoyens.

      Voilà l’ambition de la gauche qui n’a pas renoncé.
      Elle est porteuse d’avenir, car sans illusion sur la tyrannie,
      et défend la démocratie dans toutes ses dimensions.

      1. Avatar de jducac
        jducac

        @ Charles A. 12 août 2011 à 10:18

        Comme beaucoup d’autres, vous cherchez une voie pour sortir des difficultés dans lesquelles nous nous trouvons. Depuis que l’on vous lit, on constate que pour vous, la solution passe par l’extermination du capital et la sacralisation de la mise en commun.

        En imaginant une voie qui se construit à la fois sur l’exclusion et sur l’exclusif, êtes vous bien certain de faire le bon choix ? Tout miser sur le radicalisme, n’est-ce pas se priver des avantages de ce que peut apporter chacune des solutions en concurrence ?

        A contrario, c’est vrai, chacune des 2 options, prise dans son orthodoxie la plus pure, comporte des inconvénients. Mais ils se sont se révélés de manière suffisamment marquante dans la vie de l’humanité, pour nous rendre vigilants. Il devrait donc être possible d’éviter leur réédition en prenant des dispositions préventives pour ne pas qu’ils se renouvellent.

        Personnellement il me semble que la recherche d’une voie qui associe la défense du capital et de la mise en commun me semble être la seule qui puisse nous offrir une porte de sortie. Que chacun adopte un esprit de protection du capital mis au service du bien commun des humains d’aujourd’hui et de demain, voila probablement la meilleure voie à prendre.

    2. Avatar de jducac
      jducac

      @ wykaaa 12 août 2011 à 00:42

      Je sais, tout cela ne fait pas un programme, mais si on se débarrasse d’abord des maffias qui nous gouvernent, alors le peuple peut reprendre le pouvoir

      Il y a quand même un sérieux problème avec le pouvoir. C’est, semble-t-il, un terreau fertile pour faire naître et se développer les maffias. Cette chienlit, ce chiendent, s’acclimate sous toutes les latitudes. Les peuples et leurs gouvernements, généreront probablement toujours des maffias sous diverses formes, tant que la morale -ou l’éthique, pour ceux qui préfèrent ce mot- n’aura pas reconquis la place qu’il lui faut occuper dans la conscience de chacun pour réellement servir l’humanité et pas seulement quelques-uns de ses piètres représentants.

      Les formes de maffia sont multiples, certaines sont même redoutables. Elles peuvent mettre les démocraties sous leur coupe.

      Evidemment cela passe par une période de chaos car il faudra bien faire une révolution. C’est inévitable car les maffias ne donnent jamais le pouvoir, il faut le lui arracher.

      Pourquoi, en évoquant le chaos et la révolution, ouvrir la porte à ce qu’il y a de moins noble chez l’homme ?

      C’est très difficile de s’éloigner de la violence et de la barbarie. Il nous a fallu des millénaires pour progresser un peu. Ne serait-il pas plus raisonnable de faire une infinité de révolutions dans les consciences individuelles, pacifiquement, intelligemment, de façon réfléchie, raisonnée et rationnelle ?

      Arracher le pouvoir à une maffia pour le confier à une autre, où serait le progrès ?

      1. Avatar de Julien Alexandre

        Il me semble que dans ce début de discussion, l’utilisation abusive du mot « maffia » nuit à la tenue du débat.

      2. Avatar de Dinaiz
        Dinaiz

        Les peuples et leurs gouvernements, généreront probablement toujours des maffias sous diverses formes, tant que la morale -ou l’éthique, pour ceux qui préfèrent ce mot- n’aura pas reconquis la place qu’il lui faut occuper dans la conscience de chacun pour réellement servir l’humanité et pas seulement quelques-uns de ses piètres représentants.

        Entierement d’accord. Vous avez tout resumé en quelques lignes ! 🙂

      3. Avatar de GL
        GL

        L’infiltration mafieuse dans la politique se traduit par l’infiltration des institutions d’un état par des organisations criminelles se consacrant à des activités telles que vente d’armes, trafic de drogue, proxénétisme, racket, jeux d’argent, contrebande et se caractérisant par le fait qu’elles survivent à ceux qui en font partie (Cosa Nostra existe depuis le milieu du XIXe siècle.) D’après Wikipedia, le produit économique des mafias italiennes représenterait un chiffre équivalent à environ 15 % du PIB de l’Italie, soit près de 220 milliards d’Euros.

        Quand des hommes politiques utilisent des pratiques illégales pour se procurer de l’argent pour leurs fonds électoraux voire dans un but d’enrichissement personnel, quand ils font appel aux services de trafiquants d’armes ou au milieu, etc, on est tenté de parler de méthodes mafieuses mais ce type de pratiques est plus facilement dénoncé par la presse et combattu par la justice.

        Le lobbying se pratique lui de manière tout à fait légale…

  7. Avatar de Franck Terlin
    Franck Terlin

    Etre la vérité ou avoir raison ?

    C’est peut-être cet échec du sens, cet « échec de la raison », dont parlait Albert Camus qui nous poussera collectivement à nous détourner de l’idée et de son développement l’idéologie. Cette civilisation de la raison est-elle déjà à l’agonie ?
    Que sais-je que je n’ai pas appris ?
    Toutes les religions portent en elles un enseignement ésotérique désignant la même vérité : l’idée est un phénomène, une forme, et les avant-postes de la physique contemporaine ont rejoints les Upanishads et le cœur de la philosophie Bouddhiste en détruisant l’illusion d’une matière objective !

     » On peut douter de tout sauf de celui qui doute. »

    C’est une civilisation de l’être qui pourra remplacer une civilisation de l’avoir.

    Franck Terlin

    Photographe

    1. Avatar de eza
      eza

      Ou une absence de l’être individualiste

      1. Avatar de liervol
        liervol

        Quand je regarde autour de moi, ce n’est pas gagné.

      2. Avatar de Franck Terlin
        Franck Terlin

        On pourrait semble-t’il s’appuyer sur un effet de seuil qui s’appuyant sur une quantité croissante d’individus matures déclencherait une transformation collective. Il faudra d’abord faire soi-même le chemin vers cette maturité. Elle se mesure par notre capacité à reconnaitre notre impuissance et notre ignorance et notre volonté d’être d’abord responsable avant d’être libre.
        Dans mon cas, il reste beaucoup de travail mais je vois que quelque chose est possible. pour les autres, je n’ai pas à préjuger ni même à m’en inquiéter.

      3. Avatar de Marcel
        Marcel

        Je ne voudrais pas qu’un Occident ayant connu sa « chute du mur » jette le bébé de l’individualisme avec l’eau sale du bain néolibérale.

  8. Avatar de Leboutte
    Leboutte

    La solution se construira entre intellectuels et mouvement social, non?

    Le mouvement social, il surprend toujours. Il est indécidable.

    Du côté des intellectuels, je dirais qu’il y a les oeuvres de démontage et de déligitimation du capitalisme, et les chantiers de l’utopie. Le site où nous intervenons ici est quelque part dans ces eaux-là.

    Du côté des auteurs, il y a Jacques Généreux et son ouvrage La dissociété, il y a Serge Latouche et ses travaux sur la décroissance, et plus généralement le Mauss et le dévoilement du don à l’oeuvre dans toute société humaine – un secret bien gardé et quasiment impensable dans notre société obsédée par l’économie envahissante.

    Il y a je pense un courant d’émancipation qui a été historiquement sali et déformé par les pouvoirs de toutes sortes, les pouvoirs bourgeois historiques autant que ceux qui se sont installés en se réclamant de Karl Marx. Ce courant déprécié mais incontournable a pris la forme de l’anarchie (des anarchies) et du socialisme radical pré-marxiste et non marxiste. Ces mouvements expriment le désir éternel des peuples, qui est le vrai défi que posent à l’humanité les temps historiques: comment construire une société fraternelle axée sur le vivre ensemble et la protection de tous, en particulier des plus faibles, une société qui combat en l’homme les tendances innées à la prédation et au meurtre à l’intérieur même de l’espèce.

    Les jacqueries allemandes du haut moyen-âge exprimaient déjà haut et fort cet objectif, qui est resté, pour eux, très …idéal.
    Nous ne l’atteindrons pas la semaine prochaine, ni l’année prochaine, peut-être pas ce siècle-ci, même, mais il est le seul qui vaille pour les petits-enfants de nos petits-enfants.

    Et donc pour nous aujourd’hui et tout de suite.

    1. Avatar de Merlin II
      Merlin II

      @Leboutte

      comment construire une société fraternelle axée sur le vivre ensemble et la protection de tous, en particulier des plus faibles, une société qui combat en l’homme les tendances innées à la prédation et au meurtre à l’intérieur même de l’espèce.

      Les kibboutz sont (étaient) une forme de réponse à cette question. Les communautés religieuses aussi.
      L’idée, dans ce monde aux ressources limitées, ce serait de produire 80% de nos besoins localement et de limiter le commerce au strict nécessaire.
      En produisant et consommant localement, on vit en symbiose avec son environnement, on favorise la démocratie parce que la démocratie est impossible à grande échelle, on réduit les conflits parce que le contrôle social peut s’exercer, on évite les déperditions d’énergie sociale; pas besoin de banques, d’assurances, de police, de justice, de prisons, pas de fonctions commerciales inutiles, pas d’hypermarchés, et pourquoi pas – à terme – plus d’argent
      Réfléchissons aux gaspillage d’énergie sociale que représente la tertiarisation de la société.
      Travaillons plutôt dans les champs, les vergers, les énergie renouvelables, l’éco-construction, la petite manufacture.
      Du tertiaire, ne gardons que l’éducation, la santé et la recherche.
      Et produisons des biens et équipement durables au lieu d’entretenir le cycle capitaliste « extraire, transformer, vendre, jeter »
      Les solutions sont à notre portée.
      Plus de capitaux, plus de capitalistes !
      Il va bien falloir creuser sérieusement cette idée de décroissance

      1. Avatar de Franck Terlin
        Franck Terlin

        Mon pays, c’est la paume de ma main.

  9. Avatar de Alexis Demko
    Alexis Demko

    Une suggestion. L’ »assemblearisme » pourrait-il être cette idéologie qui manque tant selon vous pour que les révoltes actuelles puissent être porteuses d’un projet politique s’apparentant à une solution? Je vis à Barcelone, et depuis le 15 mai, l’horizontalité et le fonctionnement par assemblées sont ce qui structure le mouvement des « indignés ». C’est loin d’être parfait, et on est beaucoup plus en phase d’apprentissage qu’en mesure de proposer LA solution, mais comme disent certaines pancartes des manifestants: « nous allons lentement, parce que nous allons loin »

  10. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Bonsoir,
    Non il n’y aura pas un Livre nouveau qui guidera les masses. Ou plutôt pas encore. C’est par l’apprentissage , difficile, d’une vie dans l’interstice de ce que l’on nous laisse, qu’une accumulation d’habitudes, de procédures nouvelles, qu’un jour, peut-être, viendra une lumière qui saura en faire la synthèse. Pour l’instant, déliquessons ensemble.. la rapacité n’a pas encore usé la corde sur laquelle elle se maintient.
    Cordialement

  11. Avatar de Cécile
    Cécile

    Marcel Duchamps disait quelque chose de ce genre : « il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions », …
    Cette espèce de maxime, peut-être ce sont plus la tendance « activiste », (ex: Jose Bové contre les OGM), mais aussi d’autres, qui réussissent de la porter (le PS est bien handicapé de l’ouvrir)
    mais sur ce blog, il est bien quelques idées très concrètes (reste à suivre, il faut du temps pour faire remonter les idées -même pour les « activistes »-, après si elles sont mises en oeuvre, peut-être feront elles avancer les choses ou les faits vers la solution …

    1. Avatar de hakim

      Et Rimbaud écrivait « Oui l’heure nouvelle est au moins très-sévère. »

      Une saison en enfer et les illuminations, clairement les livres les plus actuels aujourd’hui (et depuis un moment)

  12. Avatar de Jftam
    Jftam

    Interdiction des ventes à découvert adoptée dans 4 pays, dont la Belgique… Effet Jorion? Vers la fin de la spéculation ou mesure de diversion?

    1. Avatar de sp
      sp

      Il s’agit juste d’une mesure temporaire (l’interdiction durera 15 jours). Les autorité de surveillance des marchés veulent simplement calmer le jeux un petit moment, mais en aucun cas fermer le casino !

  13. Avatar de Un Belge
    Un Belge

    Pour le redire encore une fois, la théorie de la « rivalité mimétique » de Girard décrit à mon avis très simplement ce qui est en train de se passer. On pourrait le comparer aux prémisses d’une bagarre générale à l’échelle du monde, la violence étant physique, économique, verbale… ou intellectuelle selon le tempérament et les compétences des protagonistes.

    Comme cela a été suggéré par plusieurs commentaires, la rage destructrice des émeutiers de Londres est de la même nature que les « pillages » toujours recommencés des spéculateurs. Les uns et les autres sont possédés par une même volonté de détruire ce qui est à leur portée (et qui pourrait être n’importe quoi) avec leurs outils respectifs.

    Ils ont chacun trouvé un « bouc émissaire », non pas à un niveau rationnel, motivé par une décision, mais à un niveau irrationnel (et inconscient), tout comme cela se produit dans la violence conjugale, dans le vandalisme ordinaire… ou dans certaines diatribes passionnées contre un individu ou un groupe isolé, devenu responsable de tous les maux : le musulman, le rom, le nègre, Jean-Claude Trichet, Obama, Bush, la sorcière du Moyen-Age, Papa, Maman. L’étape suivante, ce peut être la mise à mort du bouc émissaire, par meurtre isolé ou lynchage collectif (ou d’abord par son simulacre symbolique)… Et c’est évidemment regrettable de croire que les sacrifices humains appartiennent à une époque révolue.

    Selon Girard, la rivalité mimétique consiste à désirer ce que l’Autre désire déjà, (par exemple, l’argent ou la renommée), alimentant à son tour le désir de cet Autre. Une rivalité croissante, potentiellement violente, se développe alors rapidement. Le rite est un moyen de canaliser cette violence, de lui donner une structure répétable sans victime réelle. C’est ce qui peut fonder une culture collective, si ce rite est admis par une communauté.

    Etant « déjà là au niveau animal », la rivalité mimétique n’est pas une mauvaise habitude due à une intelligence médiocre ou à une morale défaillante. Elle est à l’oeuvre nécessairement dans toute relation humaine : affective, sociale, économique, politique… et ici et maintenant entre nous sur ce blog. Au cours du vingtième siècle, la télévision puis Internet ont seulement élargi la portée de ce mécanisme à la planète entière, accélérant et décuplant ses effets. En même temps, dans l’ombre du discours romantique, chacun s’est rêvé (et se rêve encore sous nos climats) essentiellement autonome, libéré, maître de lui ou d’elle-même.

    Or, NE PAS SAVOIR QUE CE MECANISME EST A L’OEUVRE, c’est évidemment accroître son pouvoir. Dans le cas de la crise actuelle, commenter les événements en terme d’erreurs stratégiques ou de déchéance morale, c’est manquer la dimension non rationnelle du processus et de sa violence croissante. C’est aussi sous-estimer dramatiquement sa propre participation à ce processus et à cette violence, dans son propre comportement jour après jour (en voiture, au supermarché, en famille, etc).

    La solution n’est donc pas à chercher seulement dans le domaine rationnel du discours ou de l’analyse, même si l’effort d’information et de pédagogie réalisé sur ce blog est admirable et nécessaire.

    « Tous les penseurs voient l’origine de la société dans une décision volontaire, née… de la nécessité de s’entendre sur certaines choses. (…) C’est cette idée d’un point de départ réfléchi contre lequel je m’insurge. (…) Il n’y a que les universitaires et les bureaucrates pour s’imaginer que tout commence toujours par des comités. » (Quand ces choses commenceront… , Arléa, 1994 — je précise que j’ai moi-même été universitaire et que je me retrouve souvent assis à mon bureau, donc pas de problème avec ça.)

    On peut discuter les positions de Girard sur la psychanalyse et sa lecture des Evangiles, mais je crois que c’est dans un premier temps secondaire, tant la force de son intuition centrale est remarquable et féconde.

    Maintenant, de trois choses l’une à mon avis :

    1) l’escalade (« mimétique », dirait Girard; « symétrique » dirait Bateson) se poursuit et la violence converge de manière non rationnelle vers un « bouc émissaire mondial » dont la destruction est censée évacuer la violence. Guerres, massacres, au niveau local et/ou global : on sait ce que cela a donné au vingtième siècle.

    2) l’escalade se poursuit et conduit l’humanité à retourner sa propre violence contre elle-même, par exemple lors d’une catastrophe écologique ou nucléaire (locale et/ou globale) éventuellement d’une ampleur jamais vue. Elle pourrait naître d’une « négligence » ou d’une « erreur fatale », rationnellement inexplicable car d’origine tout aussi irrationnelle. Ici, il faudrait relire Jung. Au départ, ce peut être aussi bête que le déchargement de déchets radioactifs dans l’Ain, avant hier. A ce sujet, le récent petit livre de Thérèse Delpech, « L’Appel de l’Ombre », est fondamental.

    3) l’escalade est enrayée par une prise de conscience de la « crise mimétique » à l’oeuvre. Dans ce cas de figure, à un niveau local et/ou global, une part significative de l’humanité fait une sorte de saut qualitatif et émerge à une forme de rapport au monde renouvelé.

    Naturellement, une combinaison des trois est possible, et le processus peut prendre du temps. En fait, n’y sommes nous pas déjà, suspendus (tous ensemble) à notre propre effort de dépassement ?

    1. Avatar de Nab

      Bonjour!

      Vous devriez lire Thorstein Veblen, si ce n’est déjà fait, et notamment son concept de consommation ostentatoire. C’est très interessant.
      Merci pour Girard que je ne connaissais pas.

      Bien à vous.

      1. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        Très intéressant en effet. A voir si Veblen tient la consommation ostentatoire pour une tendance sociale ou psychologique susceptible d’être corrigée… ou (comme Girard) pour l’expression particulière (parmi d’autres) d’un mécanisme de comportement au coeur de notre nature d’être vivant… Je note en tout cas la référence. Merci à vous.

    2. Avatar de nol
      nol

      Je ne connais pas Girard mais le point 2) que vous évoquez me parait essentiel.

      1. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        Alors, c’est plutôt vers Jung qu’il faut aller voir, notamment ce qu’il dit de l’Ombre et de l’Animus/Anima. Voir par exemple « L’Homme et ses Symboles », chez Laffont, très accessible et clair (et illustré).

    3. Avatar de Jérémie
      Jérémie

      Stop arrêtez-vous ! Ce belge mérite d’être relu plusieurs fois.

    4. Avatar de Merlin II
      Merlin II

      @Un belge

      Tout à fait d’accord avec vous et René Girard
      Il y a aussi la thèse développée dans le film d’Alain Resnais; « Mon Oncle d’Amérique » (inspiré d’Henri Laborit) ou l’on voit qu’en situation de stress (dans le film ce sont des rats de laboratoire, ou deux collègues de bureau en situation de concurrence), il n’y a que trois alternatives possibles:
      * La lutte
      * La soumission
      * La fuite

      Quelle solution va-t-on adopter collectivement face au capitalisme débridé ?

      Pour être complet il y aurait aussi la solution zen, comme mettre une chaussure sur sa tête.

      1. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        D’accord avec vous sur la pertinence du film du Resnais.
        J’ajoute que quand ni la lutte, ni la fuite ne sont possibles, Henri Laborit parle (dans le même film) du circuit biologique de l’Inhibition de l’Action, qui débouche sur l’angoisse et une vulnérabilité accrue à toute pathologie.
        Grâce à vous, j’entrevois aussi que le koan Zen met exactement l’élève dans cette situation, dont il ne peut se sortir par la réflexion, mais uniquement par le saut (involontaire et miraculeux) dans l’action efficace.

        Par exemple :

        « Qu’est-ce que ceci ?
        Si tu me dis que c’est est un bâton, je te frappe.
        Si tu me dis que ce n’est pas un bâton, je te frappe.
        Si tu ne dis rien, je te frappe. »

    5. Avatar de Franck Terlin
      Franck Terlin

      3) l’escalade est enrayée par une prise de conscience de la « crise mimétique » à l’oeuvre. Dans ce cas de figure, à un niveau local et/ou global, une part significative de l’humanité fait une sorte de saut qualitatif et émerge à une forme de rapport au monde renouvelé.

      C’est ce qui me semble de plus en plus probable. Je sens tellement d’intelligence à l’oeuvre en ce moment que j’espère assister de mon vivant à cette mutation.
       » L’heure la plus sombre est juste avant l’aurore. »

      Merci

      1. Avatar de Un Belge
        Un Belge

        Merci aussi.
        Souhaitons-nous de vivre ce passage avec vigilance, conscience, et si possible en beauté.

  14. Avatar de zébu
    zébu

    Désolé pour le fil mais important (me semble-t-il) :

    «  »C’est la pire chose à faire maintenant, estime Abraham Lioui, professeur à l’Edhec, cité par le FT. Cela envoie le signal aux marchés que quelque chose de très grave est en train de se produire ». »

    April Group, Axa, BNP Paribas, CIC, CNP Assurances, Crédit Agricole, Euler Hermès, Natixis, Paris Ré, Scor et la Société Générale.
    Que les banques soient citées, nulle surprise.
    Que les assureurs et bancassureurs le soient, on ne l’est pas non plus exagérément (quoique, AXA et CNP en même temps, c’est du très lourd).
    Mais que l’on cite des réassureurs, comme Scor, alors là, on atteint les niveaux d’AIG de 2008 …

    Concernant l’Espagne, FT Alphaville publie le communiqué (en anglais dans son article mais avec un lien vers l’original).
    Alors que l’autorité de régulation française ne ait que suspendre les ventes à découvert pour 11 organismes pendant 15 jours, l’autorité espagnole elle précise ceci :
    « La prohibición cautelar afecta a cualquier operación sobre acciones o índices,
    incluyendo operaciones de contado, derivados en mercados organizados o
    derivados OTC
    , que suponga crear una posición corta neta o aumentar una
    preexistente, aunque sea de forma intradiaria. Se entenderá por posición corta
    aquella que resulte en una exposición económica positiva ante una caída del precio
    de la acción. »
    La mention des dérivés, en chambre de compensation ou en OTC, n’est pas passée inaperçue puisque l’autorité française ne la mentionne pas …
    La différence par contre entre Espagne et France est pour l’une les caisses et pour l’autre la présence des réassureurs/assureurs.

    Et il s’avère que pour chacun des pays, les restrictions sont quelque peu différentes.
    Pour la Belgique, c’est plutôt ceci :
    « A partir du 12 août 2011, la notion de « transactions à découvert” est élargie, en ce sens que la couverture par des actions empruntées n’est plus considérée comme une couverture complète[2]. Sont donc désormais interdits non seulement le « naked shorting », mais également le « covered shorting ». »
    La liste des organismes concernés : Ageas, Dexia, KBC Groep et KBC Ancora.
    On y retrouve évidemment Dexia.

    Par contre, étrangement, sur le site de la Consob, on ne trouve pas d’annonce sur ce type d’action.
    Une liste trop longue ?

    Globalement, tout ceci nous permet de définir ‘l’empire du mal’ :
    ventes à découvert, produits dérivés (en chambre de compensation ou en OTC), couverture incomplète (actions).
    Peut-être commencent-ils à voir qu’une interdiction globale des paris provenant de ce type d’actions est nécessaire et pas que pendant 15 jours, et que même des positions ‘couvertes’ doivent l’être par un certain type de sous-jacents (en gros, dont le prix n’est pas lui-même sujet à fluctuations, comme les actions : donc, non cotées).

    On va rentrer dans le dur, là …

    1. Avatar de zébu
      zébu

      J’attire l’attention sur quelques points :
      – SCOR Global Life est un poids lourd mondial de la réassurance … Vie, ce qui expliquerait cela : si des obligations sont plombées, les effets se feront sentir chez ceux qui fournissent de l’AV, soit les assureurs et bancassureurs (AXA et CNP, notamment), d’où la nécessité que le réassureur tienne le coup, ce qui apparemment n’est pas forcément le cas. Après le réassureur, il n’y a plus que l’Etat, comme pour AIG. Or, nous savons depuis 2008, l’Etat ne peut plus. Reste donc la BCE … ;
      – Euler Hermès, c’est encore autre chose et ça sent pas bon : n°1 mondial de l’assurance-crédit des entreprises … Là, pour le coup, on intègre la dette privée, celle des entreprises.
      « Leader mondial de l’assurance-crédit, Euler Hermes assure ses clients contre les pertes découlant, d’une part, des défaillances des acheteurs domestiques ou étrangers, d’autre part du risque politique. »

      En gros, si on comprend bien la décision des autorités de régulation, on décide de protéger contre la spéculation ceux-là même qui sont censés protéger ceux qui assurent contre les risques, que ce soit pour les entreprises ou pour les particuliers, soit les derniers remparts.
      Sachant que les états ne sont plus fonctionnels et que la BCE a déjà ré-entamé (on saura à quel niveau lundi) son programme de rachats des obligations italiennes et espagnoles, on sait donc maintenant que les spéculateurs attaquent le dernier maillon.

      Après, il n’y a plus rien.
      Soit le système, dans son ensemble, pète, soit l’euro explose.

      Echec et mat.

      1. Avatar de zébu
        zébu

        Et si tout ceci n’est pas du vent ou de la manip monstrueuse et au vu des entités nommées côté français, je comprends mieux pourquoi Sarko s’est pointé dare-dare à l’Elysée …

        15 jours.

      2. Avatar de Paul-Alain

        Tout à fait d’accord avec çà Dark Vador est à la manoeuvre , il se bourre de CDS acheté avec
        effet de levier , par crédit à tx presque zéro auprés des premiers dealers de la FED qui eux l’ont
        à zéro . Contraindre à se refugier en Treasureries , financer l’empire du Mal , et ramasser le prix
        de son ignominie .

    2. Avatar de Alain A
      Alain A

      Il faut surtout espérer que la mesure d’interdiction de ventes à découvert ne soit pas temporaire mais à long terme, voire définitive et pas seulement pour les financières mais pour toutes les valeurs.
      Les propos de de Lioui sont l’exemple même de la mauvaise foi de ceux qui défendent la spéculation.
      Ce matin, on en a encore eu un bel exemple sur l’émission « Matin première » de la RTBf où l’on a, grande première quand même, opposé le dirigeant du PTB (parti des travailleurs de Belgique), marxiste bon teint à Bruno Colman, capitaliste grand tient. A remarquer le profil très bas de l’habile ex-patron de la Bourse de Bruxelles sur les fondamentaux théoriques mais son raidissement et ses pirouettes intellectuelles (brillantes) dès que des mesures concrètes limitant la spéculation sont avancées.
      Je trouve qu’il serait bien de se (nous) lancer dans la rédaction d’un petit ouvrage sur « les réponses aux sophismes des défenseurs du marché spéculatif ». Utile et clarifiant nos propres positions, ne serait-ce pas?

      1. Avatar de fujisan

        « Les marchés fonctionnent bien, la preuve en c’est qu’ils sont volatiles » Bruno Colman @ 890
        LOL 😉

  15. Avatar de HP
    HP

    La révolution a mit fin à l’idéologie d’une société basée sur la royauté de droit divin soutenue par la théologie, le sabre et le goupillon, on a eu l’idéologie sociale basé sur l’état et la démocratie, après guerre, et depuis l’effondrement de l’URSS c’est le temps de l’argent-roi et de sa théologie particulière.
    Je suppose que la prochaine étape, celle qui commence maintenant, sera, par réaction, « pas d’idéologie du tout ». Pas de part belle au capitalisme ou à la souveraineté populaire ou religieuse, juste une discrète mécanique redistributrice qu’on ne tripote pas tout le temps pour raisons électoralistes.
    La démagogie et l’électoralisme sont les cancers de la démocratie, ne devraient accéder à des fonctions publiques importantes que ceux qui ont fait leurs preuves, pas les petits mégalos manoeuvriers.

    La Belgique est un curieux pays : relativement démocratique, avec plusieurs gouvernements régionaux plutôt proches du peuple, pas de gouvernement fédéral, donc pas de majorité ni d’opposition (à quoi??). Et puis ça marche quand même, et plutôt bien, par rapport à ce qu’on voit ailleurs. Le gouvernement sortant, sortant depuis plus d’un an, et notamment le premier ministre considéré au début comme un peu benêt, est maintenant bien rôdé, travaille efficacement en collaboration avec le parlement et les instances européennes, tout en se faisant discret.
    Peut-on espérer mieux?

    1. Avatar de Béotienne
      Béotienne

      Oui, les apparences sont trompeuses, la Belgique n’est déjà plus « un pays ».
      Ce qu’il en reste est complètement bloqué, l’impuissance politique et démocratique font illusion.
      Personne ne sait vers quoi la « Belgique » s’oriente et les « Belges » retiennent leur souffle avant le dénouement final.

  16. Avatar de Jftam
    Jftam

    Ce n’est pas un projet novateur puisqu il a été proposé il y a 60 ans mais pourquoi ne pas proposer, sur base de l’initiative adoptée ce soir par la France, l’Italie, l’Espagne et la Belgique pour interdire les ventes à découvert, un pacte de paix tel que celui qui a été à la base de la construction européenne? Pour rappel, l’Europe a été construite pour éviter de revivre une 3eme guerre mondiale! Le Traité CECA, signé en 1952, assurait une régulation de la production de charbon et d’acier (instruments de guerre à l’époque) et devait assurer les conditions de paix! 6 pays fondateurs, dont la France et l’Allemagne (mais aussi la Belgique), à l’époque à la manoeuvre. Par la suite, la construction européenne a dévié de sa trajectoire initiale, pour créer aujourd’hui à nouveau elle-même les conditions de guerre (les émeutes anglaises en sont peut être les prémisses, la montée généralisée des fascismes en est en tous cas un symptôme). Proposons un nouveau traité de paix européen pour maintenir la paix, avec cette fois la régulation de l’instrument de destruction massive que représente le capital! Sautons sur l’initiative prise par ces 4 pays pour interdire la spéculation et recréer les conditions de développement d’une Europe economique au service du social…

  17. Avatar de HM
    HM

    « Quel individu, quel groupe proposera, au-delà de l’indignation et de la peur, une théorie et une pratique capable de porter un projet novateur ? »
    est précédé de
    « La gauche de la gauche, très minoritaire, fait semblant de chercher auprès du vieux Marx des réponses. Visiblement, ce n’est pas sérieux. »
    Si on évacue d’avance la source des solutions, l’analyse marxiste et la lutte des classes, ne nous etonnons pas d’être dans l’impuissance. Vous contribuez vous-même à cette impuissance M.Grynpas. D’autre part la pensée marxiste est vivante et en pleine évolution, intégrant aussi bien les leçons des échecs du stalinisme que les questions écologiques!
    Allez voir le site du Parti de Gauche et vous trouverez quelques débuts de réponse.
    PS:La gauche de la gauche « très minoritaire » a quand même fait 10% aux cantonales avec le Front de Gauche, malgré un système médiatique clairement hostile et est en pleine progression.
    Allez voir aussi les conférences de Remi Herrera: http://vimeo.com/21013336
    Renseignez-vous sur les mouvements de la décroissance.
    En résumé, les solutions sont tout autour de nous, il est seulement de bon ton de les ignorer dans certains cercles.

  18. Avatar de Fatso
    Fatso

    Encore un constat. C’est bien, surtout qu’il est plutôt lucide.
    Mais toujours aucune proposition.

    Quel individu, quel groupe proposera, au-delà de l’indignation et de la peur, une théorie et une pratique capable de porter un projet novateur ?

    Normalement, toute action engendre une réaction, alors pourquoi rien de sérieux n’émerge ?

  19. […] Source Share this:TwitterFacebook"Aimer" ceci :"J'aime"Soyez le premier à aimer ce post. […]

  20. Avatar de Homere
    Homere

    il me semble qu’il existe une idéologie politique parfaitement constituée et forte de nombreuses réflexions et idées radicalement anti-capitalistes : c’est l’écologie politique. Une économie respectueuse des équilibres et des ressources, une vision sociale d’entraide et de participation.

    Anti-capitaliste et novatrice par excellence : par la redéfinition de la valeur intrinsèque des objets échangés, par le refus d’accumuler les plus-value grâce au capital pour préférer un réinvestissement immédiat sous la forme d’une économie de moyens, par l’abandon du principe de base du capitalisme qui est d’épuiser les ressources et de spéculer sur la rareté …
    Etc, on pourrait développer… l’écologie politique est véritablement une idéologie qui synthétise les oppositions théoriques au modèle capitaliste, libéral, global.

    Et c’est aussi une forme revivifiée d’humanisme… donc…

    1. Avatar de Mathieu
      Mathieu

      Entièrement d’accord avec vous. Pour moi c’est la seule variante de la gauche qui est porteuse d’une vision pour l’avenir. Les jeunes ne s’y trompent pas: beaucoup de mes étudiants/amis sautent sur des emplois moins bien rémunérés, mais qui ont une connotation verte, preuve qu’ils aspirent à « autre chose ».

      La question à cinq francs est « pourquoi l’écologie politique n’est pas prise sérieux dans les milieux intellectuels? ». C’est maintenant un corpus intellectuel raisonnablement bien charpenté qui allie revenu inconditionnel, promotion de l’autonomie de la personne, de la liberté (de participer et d’entreprendre), égalisation des capabilités, gestion des limites et du capital naturel, économie tenant compte des sphères physique et sociale, subsidiarité. Je pense que les propositions de Paul Jorion s’y intègre assez naturellement (mais je ne suis pas sûr qu’il soit de cet avis).

      Il y a certainement le problème d’une certaine image « hippie », écolo-rigolo. Il y a aussi le fait que les paris écologistes ne défendent pas un groupe social déterminé (les travailleurs et chômeurs pour la gauche, les commerçants, cadres et capitalistes pour la droite, les chrétiens pour les partis d’obédience chrétienne, etc…), ce qui rend le discours suspect au niveau politique. Finalement, c’est une vision qui boulverse fondamentalement l’ordre établi, et qui rencontre des résistances de toutes parts (des syndicats ET des patrons!). Voyez-vous d’autres blocages?

      1. Avatar de Homere
        Homere

        Allez lire la réponse de Jean-Francois au commentaire nº22 ; ça devrait vous intéresser…

      2. Avatar de hema
        hema

        C’est maintenant un corpus intellectuel raisonnablement bien charpenté

        Voyez-vous d’autres blocages?

        Je vous suis sur l’axe à suivre, cependant quand vous dites que c’est un corpus raisonnablement bien charpenté, je vous trouve « déraisonnablement » optimiste, pour la raison que vous évoquez vous-même, personne parmi les leaders d’opinion et les corps constitués n’en veut, et ça constitue un sacré blocage.
        Il reste l’initiative locale , voire individuelle, forcément restreinte,… et la foi pour espérer que ces initiatives auront le temps de croître, de s’agréger puis de faire masse, alors on arrivera peut-être, si il n’y a pas de guerre entre les différentes « tribus », à un corpus intellectuel raisonnablement bien charpenté.
        J’ai tout de même le sentiment:
        1) que ça prendra du temps,
        2) que l’issue positive est incertaine,
        3) qu’il faudrait autre chose…
        Si vous avez des idées sur le 3 , je suis à l’écoute.

        Cordialement

  21. Avatar de Dinaiz
    Dinaiz

    Voila un article, clair, brillant, profond, et qui replace la crise actuelle dans une perspective historique sans laquelle elle est impossible à comprendre.

    Cependant, je le trouve nul. Ce n’est pas pour être méchant, vous êtes certainement un homme intelligent et brillant, cela se voit à votre façon de vulgariser pour nous, le commun des mortels, tout en gardant l’essence de votre pensée, cependant vous exhibez le meme defaut que la plupart des gens de gauche (dont je suis d’ailleurs et je suppose que vous etes, si tant est que ce clivage ait encore un sens aujourd’hui ….) : une excelente analyse du probleme et l’incapacité à, ne serait ce que proposer une solution !

    Résultat : quand je lis votre article mon moral baisse et mon angoisse monte. Etait-ce votre but ? J’en doute !

    Vous etes philosophe. Je crois, si je ne m’abuse que votre metier est de proposer au grand public des pistes de pensée pour comprendre la Vie. Ca c’est ma definition au feeling…Celle donnée dans la wikipedia est plus précise : « une personne qui réfléchit avec sa raison sur le monde et la pensée, pour accéder à la sagesse ou pour comprendre le sens de la vie, dans l’espoir d’être plus heureux ou libre ». Mmmmh oui elle est bien plus précise.

    Bref « Quel individu, quel groupe proposera, au-delà de l’indignation et de la peur, une théorie et une pratique capable de porter un projet novateur ? » , pour moi, c’est votre boulot de répondre à ce genre de question.

    Mon introduction, et la mise en paralelle, volontairement provocatrice, avec votre metier de philosophe, à pour but d’introduire une idée simple, mais que je trouve relativement peu répandue. Très certainement, parcequ’elle est stupide, mais je me permets tout de meme de l’exposer à votre regard de professionel de la pensée : et si cette crise n’etait pas une crise économique mais spirituelle ?

    Non s’il vous plait, ne me taxez pas de hippie, j’ai horreur de ça 🙂

    Ce que je veux dire par là, c’est que malgré les tentatives répétées des economistes (à quelques exceptions pres, dont l’auteur de ce blog, mais aussi Stiglitz et quelques autres qui font un vrai effort de vulgarisation) de nous faire croire que l’économie est une science réservée à une petite élite, , le probleme économique de fond actuel est relativement simple, me semble t’il :

    1) les marchés sont transnationaux
    2) les peuples n’ont donc aucun controle dessus (je ne me souviens pas avoir voté pour les membres de la banque mondiale, du FMI, ou meme de la BCE ….)
    3) les marchés eux, par contre ont un controle direct sur les peuples, au travers des états qui ont, plus ou moins les pieds et poings liés.

    Imaginons que l’on ait un vrai president de gauche voulant faire une vraie politique de gauche. Il serait bien embetté de trouver le budget necéssaire etant donné :
    – les interets de la dette nationale à verser
    – le fait qu’augmenter les prélevements obbligatoires (ou en tout cas, à les remodeler) menerait à des délocalisations des entreprises et à l’evasion fiscale des plus riches, donc à un chomage et un cout de la solidarité nationale plus élevé.

    Evidemment, je passe sur les subprimes et autres « détails » , mais grosso modo, le concept est relativement simple.

    Ce qui est intrigant, c’est : qu’est ce qui pousse les gens à faire ça ? Qu’est ce qui pousse les traders, les dirigeants de grandes multinationales, les banques d’affaires, et plus généralement, les gens ayant trait à la finance de haute volée, à faire fi de l’existence de milliers de salariés, pour amasser de l’argent, dont, objectivement ils n’ont pas besoin ?

    L’affaire Mark Zuckerberg contre les frèeres Winklevoss en est un exemple troublant : prétendant avoir la paternité de Facebook, ces derniers ont attaqué le premier en justice, se sont vus offrir une compensation « à l’amiable » de 60 millions de dollars U.S, l’ont refusée et on continué leurs periple judiciaire.

    Je ne sais pas vous, je manque peut etre d’imagination, mais je n’ai AUCUNE idée de comment je pourrais, meme en sur-gatant mes amis, ma famille, et les SDF de ma ville arriver a depenser autant d’argent, à l’échelle d’une vie.

    Aussi, s’est insinuée en moi la question qui est : le probleme ne vient il pas simplement d’une quete de sens ?

    Au début de votre article, vous mentionnez plusieurs fois les religions. Ces dernieres et leurs nombreuses contradictions (ma préférée étant l’exode de Moïse d’Egypte vers la terre promise, alors qu’a cette époque, selon les historiens, la terre d’Israel etait sous controle égyptien. Fin de l’annecdote amusante), ont eu du mal à survivre aux attaques conjointes de l’Histoire et de la Science (Dieu créateur vs Big Bang par exemple) et de la philosophie des lumieres. A l’exception peut etre de l’Islam.

    Cependant malgré tous leurs defauts, ces religions avaient l’avantage de donner un semblant de sens à la vie de l’homme. Que ce soit à travers de l’espoir d’un au dela meilleur, ou au travers des ideaux de bonté, de générosité, d’aitruisme qu’elles préchaient, du moins en théorie.

    Tout ceci à simplement disparu. Le dieu actuel s’apelle le Dollar. Le prochain s’apellera le Yuan. Et aucun de ces dieux ne nous apportera les réponses aux questions existentielles que nous nous posons tous ici bas : qu’est ce qu’on fout là ? C’est quoi le but du jeu ?

    Je pense que nous avons été un peu trop vite en dénigrant toute spiritualité au fur et a mesure des percées dans la conaissance du monde physique, en oubliant un peu vite qu’il y a une barriere que nous ne pourrons jamais franchir (et vous devez le savoir mieux que quiconque en tant que philosophe) : c’est la barriere située entre le monde des phénomenes, le monde phyisique, et le monde métaphysique.

    Autrement dit, tout le monde s’est rabattu sur le matérialisme, comme mon chat sur sa gamelle de croquettes….faute de mieux ! Meme les religieux, pour la plupart, se complaisent dans des dogmes surranés sans pour autant essayer -au moins, essayer – de revenir au fond des choses.

    Pour moi, resoudre la crise économique sera un effet de bord, de la resolution de la crise spirituelle à laquelle nous faisons face. Et ça…..c’est votre boulot ! 🙂

    En esperant que vous pardonnerez ma provocation du début, et avec mes salutations respectueuses. J’espere que vous daignerez réagir à l’expression respectueuse de mon humble avis.

    1. Avatar de philippe
      philippe

      Donc, l’article n’est pas si nul.

      je note dans les commentaires, un fait nouveaux, spiritualités, analyse par le religieux ( Girard), sans que se lèvent les hallebardes.
      c’est presque « réconfortant » en ces temps où l’amathème est roi, la dénonciation tout azimut est telle, que le peu de voix « sage » devient inaudible, et que ceux qui « pourraient » en sont réduit à la « contriction » dans une telle ambiance.

    2. Avatar de Jean-François
      Jean-François

      Vous serez intéressé par cet essai de Marc Augé paru en 2003 : « Pourquoi vivons-nous »

      Présentation sur l’amazone :

      « Pour quoi vivons-nous ? La question a-t-elle seulement un sens pour nous qui avons pris acte du désenchantement du monde et de la mort de Dieu ? Oui, sans doute, puisque rien n’est plus caractéristique des sociétés occidentales depuis la fin des grandes idéologies que le sentiment du vide, l’aspiration à donner un sens à sa vie
      Au cœur du désarroi actuel, le silence des grandes institutions sur les finalités de l’expérience humaine. A l’ambition politique elles préfèrent la gestion ; au vacarme de la rue, le silence des living-rooms à vingt heures ; à l’imagination, l’apologie de l’immédiateté et de la consommation. Or cette montée du silence – la fin des questions entraînant celle des réponses et réciproquement -, c’est très exactement ce que les ethnologues ont eu l’occasion de repérer dans les années 1970, quand les rodomontades du colonialisme se sont tues. C’est pourquoi les anthropologues ont, plus que d’autres sans doute, à nous dire sur nos ambivalences actuelles, sur ces conforts que nous souffrons de payer au prix fort, mais aussi sur les voies qu’il nous est loisible d’arpenter pour en sortir. Et d’abord ceci, en forme d’avertissement : le global s’évertue à tuer les fins en faisant mine de les réaliser. Nous n’avons pourtant jamais été aussi près de pouvoir effectivement les percevoir pour ce qu’elles sont : des incitations à la fraternité, à la pensée, au savoir. »

      1. Avatar de Homere
        Homere

        effectivement : le préambule à toute économie, c’est la représentation du monde que nous proposons en un lieu et un temps donné. Egalement vrai, ce silence, ou plutôt le refus de poser les questions essentielles.

      2. Avatar de Dinaiz
        Dinaiz

        Merci, ce livre à lm’air interessant en effet 🙂

    3. Avatar de loire42
      loire42

      Excellent
      Perso je suis arrivé a la même conclusion, et je ne suis pas croyant.
      L idéologie libérale a été inventé par des gens croyant, et en generale craignant dieu.
      Les capitaines de bateaux sont les seuls maitres a bord apres DIEU.
      Le roi soleil ( comme tous les rois ) , était extremement croyant et n osait imaginé aller a l encontre de la volonté divine.
      Tous ses gens avaient un blocage mentale qui limitait leur ego, leur puissance.
      Aujourd hui nous avons des patrons qui gagnent 3,4,5 000 000 d euros plus stock option, parachute doré, retraite faramineuse, un trader peu gagné plusieurs millions de $ par an.
      Il n y a plus de limite, les hommes sont devenu fou. Des hommes peuvent gagner autand que le PIB d un pays. Leur royaume est mondiale, et surtout sans contre pouvoir.
      ILS NE CRAIGNENT PLUS RIEN NI PLUS PERSONNE, ILS SONT ( S IMAGINENT) DES DIEUX

    4. Avatar de Gyps
      Gyps

      @Dinaiz – Raisonnement intéressant. Nous sommes nombreux à chercher une « vérité ». Elle est multiple bien sûr. Votre question du SENS est vital aujourd’hui. Notre époque, dans les pays développés, est axée sur l’individu, l’individualisme, la jouissance, le toute de suite, le narcissisme, le nombrilisme… Alors que l’Homme est de toute évidence un être social, donc lié. O. Todd propose quelques idées à ce propos dans « Après la démocratie ».

  22. Avatar de Albert Lecoanet
    Albert Lecoanet

    Bravo Jerome! votre billet a un merite principal : il pose LA bonne question que personne ne pose ailleurs (en tout cas pas dans les mainstream media). Esperons qu’il (votre message) sera entendu. Merci en tout cas de l’avoir ecrit.

  23. Avatar de Man
    Man

    pourquoi ne parlez vous pas des émeutiers à Londres ? Sont – ils différents de ce qui passe hors de l’Europe.

    En Europe, la révolution gronde. Il n’y a qu’à écouter les gens de la rue pour s’en apercevoir…

  24. Avatar de idle : ma note : (o!o)---0000000000
    idle : ma note : (o!o)—0000000000

    Quel individu, quel groupe proposera, au-delà de l’indignation et de la peur, une théorie et une pratique capable de porter un projet novateur ?
    Réponse : Paul Jorion il suffit de lire ces livres pour comprendre qu’il fera probablement partie d’un groupe de penseurs qui nous permettra d’avancer vers ce que nous semblons ignorer ou en tout cas ce dont nous nous sommes éloignés peut-être involontairement…Mais il n’est jamais trop tard pour réellement changer.

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Imaginons que l’on ait un vrai president de gauche voulant faire une vraie politique de gauche. Il serait bien embetté de trouver le budget necéssaire etant donné :
      – les interets de la dette nationale à verser
      – le fait qu’augmenter les prélevements obbligatoires (ou en tout cas, à les remodeler) menerait à des délocalisations des entreprises et à l’evasion fiscale des plus riches, donc à un chomage et un cout de la solidarité nationale plus élevé.

      En choisissant la gauche impuissante, un autre mitterrand (Mélenchon compris), il est facile de conclure sur l’impuissance de l’action politique et le besoin du refuge « spirituel ».
      La réponse d’un vrai pouvoir de gauche, c’est d’abord d’abolir la présidence,
      ensuite, sur les deux points cités:
      – répudier la dette vis à vis des banksters
      – exproprier le capital, ce qui réduit à néant tout chantage de celui-ci.
      Autrement dit, la démocratie n’a rien à craindre quand elle est fondée sur la fin de la tyrannie du capital.

      1. Avatar de idle
        idle

        Expéditif, mais efficace…Et comment doit-on si prendre pour atteindre un tel objectif…Vite la recette, que je m’entraîne au plus vite.

      2. Avatar de toutouadi
        toutouadi

        yeah!!! pour y arriver il suffit de rien faire et c’est bien parti

      3. Avatar de Dinaiz
        Dinaiz

        Ah oui …on peut voir les choses comme ça, cependant je prends les paris avec vous que si par miracle ça arriverait, on se retrouverait direct avec les tanks americains à nos frontieres. Je vous renvoie à « l’engrenage » de JP Sartre qui met en scene ce scénario précis.

        Le seul moyen pour que votre solution fonctionne est que le meme genre de revolution arrive à la fois dans tous les pays puissants industriellement et militairement (c’est pas une idée nouvelle, elle est déja citée dans le manifeste du Parti Communiste ecrit en … 1848 !).

        Quand vous dites « il est facile de conclure sur l’impuissance de l’action politique et le besoin du refuge « spirituel ». », je trouve au contraire qu’il est très difficile pour des rejetons de l’idéal démocratique que nous somme d’accepter ce fait.

        Mais il n’y a que deux solutions :
        – changeons le Systeme et l’Homme suivra : tenté maintes fois, et à chaque fois ce furent plus ou moins des echecs (Stalinisme par exemple … :-/)
        – changeons l’Homme et le Systeme suivra. C’est l’idée que je propose. Ce sera long, très long (on ne verra surement pas le resultat de notre vivant), très difficile, mais c’est la seule chose qui a une chance de fonctionner.

      4. Avatar de toutouadi
        toutouadi

        @ dinaiz

        le pb, c’est que je crois pas que la planète est encore du temps!!!

  25. Avatar de Leopard Blanc
    Leopard Blanc

    « La gauche de la gauche, très minoritaire, fait semblant de chercher auprès du vieux Marx des réponses. Visiblement, ce n’est pas sérieux. »

    Eh ben voilà, emballé c’est pesé : « Très minoritaire », « fait semblant », « vieux » « pas sérieux ». Alain Minc, Philosophe. Bon, je note que le refrain change : ça n’est plus « on est désolés, mais il faut vous serrer la ceinture, parce qu’il n’y a pas d’alternative » mais « c’est dramatique, personne n’a trouvé d’alternative, mais gardez vous bien de perdre votre/notre temps en regardant du cote du vieux Marx ».

    Chassez le naturel, il revient au galop 😉

    1. Avatar de nico_38
      nico_38

      Ce passage m’a effectivement gêné.

      « très minoritaires » : cela peut changer en fonction des circonstances, et du charisme de ses représentants…
      « fait semblant de chercher après du bon vieux Marx » : il n’avait pas tord sur tout… et les programmes des partis de la « vraie » gauche ont largement été réadaptés.
      « ce n’est pas sérieux » : c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je les aie lu et qu’ils m’aient convaincu…

      Curieusement, les seuls en mesure d’imaginer des méthodes pour faire évoluer l’économie plus ou moins dans la direction proposé dans ce blog sont les partis anticapitalistes (front de gauche, NPA , altermondialistes et composante gauche d’EELV).

      1. Avatar de hema
        hema

        Curieusement, les seuls en mesure d’imaginer des méthodes pour faire évoluer l’économie plus ou moins dans la direction proposé dans ce blog sont les partis anticapitalistes

        Pourquoi vous trouvez ça curieux ? c’est plutôt normal de retrouver quelques synergies, Paul ne me semble pas un ardent défenseur du capitalisme actuel.

        Toutefois pour aller plus loin, il me semble que le coté très « syndicaliste » du NPA ou du front de gauche, (qui a été très performant à une époque, dans un monde en cours d’industrialisation et avec un PIB en croissance), rendent ces partis un peu démunis face aux nouvelles contraintes (limites de la planète et recul subséquent de l’industrialisation de masse et des emplois qui allaient avec).
        Il suffit de participer à une manifestation et d’y discuter avec les uns et les autres pour s’en rendre compte.
        Et sur ce sujet, malgré les efforts louables de Mélenchon par exemple (transition écologique, promotion des SCOP,…) son discours reste encore massivement axé sur son « public » traditionnel, et en ce sens, les solutions qu’il peut proposer sont parfois un peu dépassées.

        Quand à EELV, j’ai beaucoup de mal à voir où ils veulent aller et comment ils veulent y arriver.
        Entre Yves Cochet qui nous prédit l’apocalypse pour demain et d’autres qui se contenteraient d’une couche de vert sur le système actuel, chui un peu paumé.

        En fait la « solution » rêvée par « Politis » m’irait bien:
        http://www.politis.fr/Les-cent-jours-qui-ont-change-la,14957.html

  26. Avatar de Aulerque
    Aulerque

    Ce matin annonce de l’interdiction des ventes à découvert sur les valeurs financières. Revue de presse rapide (Monde, Figaro, Libé). Aucun ne cite Paul qui préconise depuis longtemps et sans relâche cette mesure. Un comble.

    1. Avatar de M
      M

      il y a eu en libre accés, hier ou avant-hier, sur Mediapart, une allusion à un Breton-Wood , appel social-démocrate ? …

      aujourd’hui, article « prédateurs d’en haut, prédateurs d’en bas »:
      http://blogs.mediapart.fr/blog/dominique-g-boullier/120811/londres-predateurs-d-en-haut-predateurs-d-en-bas
      La prédation comme événement
      … »Anthropologie de la prédation

      Dans la prédation telle que la décrit l’anthropologie, ses cibles doivent être ni trop proches ni trop lointaines, dit Descola, pour pouvoir être incorporées. Il ne semble pas venir à l’idée des émeutiers de piller la City, car elle est trop loin et surtout ses biens sont trop invisibles et impossibles à s’approprier (des titres immatériels et des valeurs mobiles, attaquer un siège social n’a guère de sens). Mais la prédation s’impose, malgré cela, comme un schéma de relation partagée. Descola a proposé un tableau des relations entre les êtres, dans lequel la prédation prend toute sa place, comme une forme présente dans toutes les sociétés et non seulement dans les sociétés traditionnelles. Il la distingue du don et de l’échange, puisqu’elle est orientée négativement, mais aussi de la production, de la protection et de la transmission (qui tisse des relations asymétriques et génétiques entre les entités). Or, si l’on reprend chacun de ces schémas, qui composent toute société à des degrés divers, il faut alors se souvenir que les diagnostics, savants ou ordinaires, sur les causes des émeutes mentionnent finalement sans cesse l’affaiblissement de tous les autres schémas, affaiblissement qui favoriserait ainsi l’extension du domaine de la prédation. Transmission problématique voire disparue (et la présence d’enfants de dix ans parmi les émeutiers en est un indice), production anémiée (et absence de postes de travail, industriel ou de service), protection démantelée (comme celle des services sociaux du modèle de l’état providence), don réduit aux occasions rares ou aux solidarités très proches ou militantes, échange dominé par le marchand mais raréfié par la faiblesse des ressources. Reste la prédation, dont l’avenir est certain, mais qui a toujours eu sa place.

      La prédation financière

      A tel point que l’on doit même considérer qu’elle constitue le mode dominant des relations instituées par l’économie financière. Depuis trente ans en effet, la répartition des richesses a basculé massivement du coté de la rente et des actionnaires qui prélève une part de en plus en plus importante sur la valeur ajoutée des entreprises. Mieux encore, toute une partie de la rémunération de ces actifs financiers repose de plus en plus sur des montages spéculatifs qui profitent autant des hausses que des baisses, dans l’indifférence complète aux supposés « fondamentaux » d’une supposée « économie réelle » et de la supposée « valeur ». La prédation par la finance fait en réalité partie de ces fondamentaux désormais, aussi irrationnelle soit-elle si l’on se situait dans un autre cadre d’analyse que celui de la prédation. De façon symétrique, certains s’étonnent de l’irrationalité des émeutiers qui détruisent en même temps leurs propres quartiers, et y sabotent tous les liens de sociabilité, en perdant le sens des « valeurs ». Mais les valeurs comme la valeur sont désormais portées par les rapports de prédation et sont dès lors tout à fait explicables à condition d’éviter le registre de l’indignation qui peine à reconnaitre le monde qui est le nôtre. Les prédateurs d’en haut comme ceux d’en bas ont le sens des valeurs, mais ce ne sont pas celles d’une démocratie solidaire ni celles d’une production industrielle… »

  27. Avatar de Tigue
    Tigue

    Comment résoudre autrement que par l affrontement (judiciaire ou non) le litige exposé ci apres :
    http://www.romandie.com/news/n/_L_UE_porte_plainte_aupres_de_l_OMC_sur_des_energies_vertes_au_Canada110820111608.asp

    Nous avons ici deux pays qui se soucient de promouvoir les énergie renouvelables, des usagers qui ont accès a de l énergie bon marché, et pourtant il existe une insatisfaction de l UE.

    Ne pourrait on pas plutôt se focaliser sur une solution qui permettrait d’ obtenir une compensation de meme nature pour les usagers de l’ UE, plutôt qu une compensation qui passe par la monnaie, dont les usagers ne verront jamais la couleur…Comment les citoyens de l’ UE peuvent t ils atteindre leurs cousins de l Ontario pour s entendre directement avec eux, est la veritable revolution, car elle permet de se passer des Machins qui les empêchent de le faire.
    Se passer des machins et SE parler EST le premier pas.
    C est en toute logique là que le système va concentrer toute sa puissance destructrice, pour sa propre survie.

    Pour PSDJ : Le système du Bancor peut il produire cet effet ?
    Peut il rendre ce type de litige impossible ?

  28. Avatar de Thomas

    Oui,
    Et en attendant, cette absence de projet laisse le champ libre
    A de nouveaux horribles.

  29. Avatar de jacquesson
    jacquesson

    henri Bergson raconte dans un de ses ouvrages « l’arrivée » de la première guerre mondiale. Elle était à la fois impossible et probable. Personne ne pouvait imaginer qu’une telle chose put arriver. Et soudain elle fut là, avec une facilité déconcertante. De même aujourd’hui personne n’imagine que ça puisse s’effondrer. Et pourtant, tout, depuis 1971- data à laquelle Nixon a supprimé l’arrimage du $ à l’or- le ver est dans le fruit. Maintenant le fruit est rongé jusqu’au trognon…Plus personne n’y peut rien…

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