Billet invité
La mécanique de l’autodestruction financière fonctionne avec une précision mathématique. Les dettes toxiques inondent tout comme l’eau de refroidissement des réacteurs de Fukushima. Le système financier international est intégré par le dollar et dans un moindre mesure par l’euro. Les mégabanques sont les pompes et la tuyauterie du réacteur financier international en fusion.
La liquidité de secours est issue de la dette publique des États émetteurs de monnaie de réserve internationale. La crise des subprimes a asséché la liquidité interbancaire. La transformation des dettes en activité économique réelle s’est interrompue avec la mise en défaut des emprunteurs subprimes.
Les États ont accru massivement leur déficit budgétaire pour soutenir la demande. Et émettre la dette que les banques centrales transforment en liquidités afin de dissimuler la réalité des pertes de crédit des banques aux actionnaires, épargnants et déposants. Les pertes du système financier n’étant pas imputées et menaçant les créanciers en euro et en dollar incitent tous les investisseurs et tous les épargnants qui le peuvent à mettre leurs liquidités à l’abri hors des zones dollar et euro.
Depuis 2007, les dettes publiques sont mises en pension dans les banques centrales. La liquidité centrale est prêtée aux banques qui la reprêtent aux États. Les nouveaux emprunts publics génèrent de nouvelles liquidités. Cependant, l’économie réelle en zone dollar et zone euro n’est pas financée faute de rentabilité prévisionnelle eu égard à la chute probable des revenus réels.
La liquidité en dollar et en euro va grossir les réserves de change des émergents. Les pays non dollar et non euro accumulent des excédents commerciaux contre des créances en dollar et en euro dans les comptes financiers internationaux. L’économie étatsunienne et européenne vit globalement à crédit.
L’explosion des crédits en dollar et en euro accroît l’insolvabilité des emprunteurs publics et privés étatsuniens et européens. Le dollar et l’euro se dévaluent à proportion de l’inquiétude croissante sur la solidité du système financier international. Mais la dévaluation ne traduit pas l’ampleur des pertes mondiales de crédit que les pays créanciers nets ne souhaitent pas comptabiliser dans leur réserves de change.
L’économie réelle se met à l’arrêt aux États-Unis, en Europe et au Japon. Elle ralentit dans le reste du monde à cause de la baisse probable des exportations et de la rentabilité des investissements. Tout est dissimulé par la pyramide mondiale des crédits. Tous les paiements internationaux vont se bloquer d’un coup quand un emprunteur systémique, État ou banque annoncera son défaut.
La croissance des charges d’intérêt par les primes de crédit et les déficits emplois-ressources va conduire un emprunteur majeur à avouer la banqueroute. La seule question encore sans réponse dans le bluff généralisé est l’identité du gouvernement ou du banquier qui sera désigné responsable de la chute d’ensemble.
Le blocage est politique et décisionnel. Les gouvernements et les banques se tiennent réciproquement. Il n’existe aucun dispositif international d’imputation des pertes de crédit sur les parités de change des monnaies de réserve. Les États emprunteurs en dollar et en euro ne peuvent pas renégocier leur dette sans renoncer au statut de monnaie de réserve qui fonde le système monétaire international.
Le défaut du système est la divergence ingérable entre la croissance économique des emprunteurs en monnaie de réserve et le service de la dette qu’elle implique pour l’économie réelle. La prime de crédit assumée par l’économie réelle en zone dollar et en zone euro croît plus vite que la rentabilité des investissements ; laquelle est grevée par des taux de change surévalués au regard de la compétitivité économique réelle.
La masse mondiale des crédits se retrouve déconnectée du potentiel de production économique. Les taux de change entre monnaie déterminent un prix mondial des dettes très supérieur au prix de la production réelle des emprunteurs. Il apparaît que soit les États et les banques sont globalement insolvables, soit les monnaies valent globalement moins que ce que croient les créanciers et épargnants.
Pour restaurer la liquidité des échanges mondiaux, il faut nécessairement ramener le prix actualisé des dettes à ce que peuvent effectivement rembourser les emprunteurs systémiques qui ne peuvent pas disparaître. Et il faut informer les créanciers et épargnants de ce qu’ils n’ont pas et doivent par conséquent produire par davantage de travail et de production rémunérés.
L’apurement des pertes de crédit, l’ajustement des parités de change et la relance des économies domestiques pour reconstituer l’épargne perdue impliquent un étalon monétaire international ; qui soit à la fois le prix stable de toute richesse à produire, le prix réel de crédits internationaux effectivement remboursables et le prix liquide de tout engagement international réel ou financier.
Une chambre de compensation internationale des primes de crédit par les primes de change est la solution imposée par la logique du droit. L’alternative est l’imputation sauvage des pertes de crédit par la force physique, la manipulation politique et la spéculation financière des produits dérivés.
La dévaluation des monnaies surendettées suppose une évaluation internationale concertée des États et banques emprunteurs nets avec les États et banques prêteurs nets dans ces monnaies. Elle implique que les emprunteurs cotent officiellement leur prime de crédit. Le dépôt des comptes validés par les garants permet aux créanciers internationaux de mesurer le risque qu’ils prennent à conserver leurs créances.
En échange d’une cotation officielle régulée de leur prime de crédit les États et banques emprunteurs nets obtiennent la possibilité de dévaluer la monnaie d’emprunt. Mais cette dévaluation doit être officiellement négociable par la prime de change. Elle est proposée à la souscription libre des déposants internationaux qui subissent potentiellement dans leur monnaie la dépréciation de leurs avoirs internationaux.
La cotation officielle et transparente de primes de crédit et de primes de change offre des critères objectifs de négociation générale de l’équilibre des crédits et des changes. Le prix nominal international du total des dettes et monnaies internationalement garanti définit l’étalon international. Le prix international de n’importe quelle dette en monnaie nationale se calcule par conversion à la parité nominale en monnaie internationale.
Une monnaie insuffisamment dévaluée compromet la compétitivité de l’économie domestique qui remboursera la dette publique et l’ensemble des emprunts en monnaie nationale. Une monnaie insuffisamment évaluée d’un pays financièrement excédentaire expose les épargnants domestiques à des pertes de change immédiates sur l’excédent des paiements courants.
Tout le temps que les gouvernements perdent à décider de la mise en œuvre d’une compensation internationale régulée des changes et des crédits approfondit les destructions d’emploi, les pertes de revenus et les pertes de crédit public. Les conflits politiques et sociaux nationaux et internationaux s’amplifient inexorablement. Les opérateurs financiers accumulent des profits fictifs qui disparaitront dans la compensation, dans les émeutes ou dans les procès politiques ou judiciaires.
La mise en défaut des États par les dettes publiques met un terme logique au paradigme de l’asymétrie financière de l’émission monétaire. Ni le calcul politique, ni le calcul financier ne peuvent forcer la confiance dans l’équilibre économique des prix anticipés par le crédit. Si l’emprunteur ou le prêteur est mis en infériorité de compréhension du prix à terme négocié l’un ou l’autre finit par se dérober à force d’être leurré.
Il reste le scenario du risque maximal par maintien de l’asymétrie financière : état d’urgence mondial avec blocage des dépôts dans les banques, suspension des Parlements et administration des paiements internationaux par les banques nationalisées garanties sans limite par les budgets publics. Dans ce scenario, les frontières se ferment ; les États répudient leurs dettes et recouvrent leurs créances par la pression militaire et le chantage économique et politique.
82 réponses à “LE CHEMIN DU DÉFAUT GÉNÉRALISÉ, par Pierre Sarton du Jonchay”
Si, si…il reste peut-être une petite chance à l’Humain….
Lors de la faillite de l’Argentine au début des années 2000, les Argentins ont crée des monnaies entre eux, d’abord dans un quartier, puis des villes. ..
Initialement basées sur des échanges, puis des petits biens, certaines rémunéraient le travail et étaient même imprimées…
Les Argentins ont souffert mais ils ont eu le mérite de montrer qu’ils pouvaient se passer du « système ». Ils ont obligés les politiques à tenir compte du « peuple » .
Et j’ai le sentiment que leur sens de la « débrouille » et de l’entraide ont évité une guerre avec les créanciers, ou des émeutes généralisées…
Peut-être pourrons nous faire pareil?
Mon Pierrot,
de deux choses l’une,
soit je suis devenu méga super intelligent depuis 3 semaines, à force de manger du poisson ou autre, je ne sais,
soit vous avez fait un effort incroyable de façon à permettre au crétin que je suis -donc- toujours de commencer le début du commencement d’une compréhension de vos textes.
Imaginez bien que je privilégie la deuxième hypothèse.
Pas que je suis totalement de votre avis (maintenant que je comprends)… Mais un vrai grand merci.
Bonne soirée.
Idem et je trouve la comparaison avec la centrale de Fukushima réaliste et pédagogique !
Salutations !
Je crois que nos décideurs et les peuples seraient plus enclin à réfléchir sur un nouveau Bretton Woods que sur une chambre des compensations, cela rappelle qu’il n’en a pas toujours été ainsi.
(et dire que j’ai vu un film en 3D à 6 ans et qu’aujourd’hui c’est une nouveauté et les petits cinémas s’excusent de ne pas l’avoir encore, alors que cela fait plus de 20 ans que des films en 3D existent, on est vraiment malléable).
Bien sur en soi cela ne résout rien, ça complique un peu même avec cet or dont on ce passerai bien et les tenants du progrès (avec leurs nouvelles lunettes 3D à leurs vues) qui expliqueront que c’est dépassé.
Mais ce sénat qui franchit les millénaires d’une Grèce à un empire, ces droits de l’homme, qui ne sont que poussière de savoir d’écolier (il faudra que je trouve d’autres exemples), des qu’on les réveilles c’est comme ci ils avaient été toujours là.
Jamais vos textes n’ont atteint ce degré de limpidité. Sera-t-elle suffisante pour que des bénéficiaires du sytème évaluent que le risque de se faire sauter avec la machine devient inexorable ? Des types dans le genre du duc d’Aiguillon, du vicomte de Noailles ou de Le Guen de Kérangal !
Explosition d’une bombe financière imminente?
CNBC says US Government is bracing themselves for a S&P downgrade as early as today.
S&P has no comment on whether credit announcement is soon regarding US.
zero hedge
@psj je voulais seulement vous feliciter , votre article est brillant et dieu sait si vous avez parfois une ecriture complexe. Mais là, cet article est lumineux
L’experience CLOUD qui prouve que le rechauffement climatique n’est pas le resultat des hommes. C’est surtout les rayons cosmiques et les formations de nuages qui en sont la cause principale.
Les resultats de cette experiences ont mis deux ans a etre publies. La sience est emminemment politique. Reportage ARTE de ce soir.
Je suis heureux que les fables a Al gore et autres charlatans soient detruites par les scientifiques.
@scaringella arretez vous faites comme les libertariens americains à réfuter l irréfutable.
Je ne vois pas le rapport avec le billet ci-dessus. D’où une grosse suspicion quant à l’honnêteté intellectuel du propos. Propagande ?
Je n’ai pas vu ce documentaire, mais il est très sain qu’une chaîne comme ARTE donne la parole à des scientifiques climato-sceptiques s’ils ont des arguments. De là à sauter sur l’occasion pour traiter des milliers de scientifiques de fabulistes et de charlatans, il y a un très grand pas à franchir…
Je l’ai vu hier soir , très instructif ,très étayé avec des savants en général vieux qui n’acceptent pas que l’on réfute leurs analyses, il est vrai que cela gène le dogme en cours , et pas que les écolos , mais tout les gens qui comptent profiter ou profite déja de l’industrie verte , voir meme les gens du nucléaire industrie sans rejet de C0².
La terre aussi, avec son noyau de fer qui tourne sur lui-même, déclare un champ magnétique (pôle nord / pôle sud), et là aussi ce champs magnétique oscille, (les variations enregistrées par les poteries sont une des méthodes de datation en préhistoire),
Il semblerait que peut-être lui aussi aurait un cycle, que lui-aussi serait en relation avec l’eau atmosphérique, le climat,
Il paraîtrait qu’actuellement l’intensité du champ magnétique terrestre serait plutôt faible (peut-être que lui-aussi est influencé par les cycles magnétiques de la galaxie ou du soleil)
« la terre cet aimant géant » documentaire France 5, 52 mimutes
http://www.internationalnews.fr/article-inversion-des-poles-la-terre-cet-aimant-geant-documentaire-52-50113469.html
@cécile
J’ai vu ce docu sur les inversions du champ magnétique terrestre. Le Nord qui se barre en sucette ! adorable ! L’est pas belle la vie ?
Wiki :
http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Inversion_du_champ_magn%C3%A9tique_terrestre
à Marcel
quelque part, peut-être le lien est là, la scientifique du documentaire d’Arte, sur les nuages intervient aussi à la fin de cet autre documentaire de la RTBF:
« Pôle magnétique, la Terre perd le nord »,
http://www.notre-ecole.net/rtbf-pole-magnetique-la-terre-perd-le-nord/
(dans, son intervention, il contredit le réchauffement anthropique, non pas de parce que l’homme en polluant ne perturberait pas le climat, mais parce que la galaxie est plus forte)
Le documentaire, daté de 2005, traite du champ magnétique non pas solaire, mais terrestre, l’accélération de son oscillation, l’ accroissements de la distance de ses déplacements, la baisse d’intensité de son champ
(-existe-t-il un rapport avec ce fait, qu’ on change d’étoile polaire, régulièrement ?
le centre du ciel, (le ciel tourne autour de la polaire, qui montre le nord),
et l’axe de la rotation de la terre, forme un angle)
Je ne comprends pas ce que sont ses rayonnements cosmiques
(mais, si j’ai bien compris, ils intéressent beaucoup le CEA (recherche sur l’atome) et l’ASN ou (mais protection de radiations nucléaires)
Depuis quelques années, les grandes chaleurs inquiétantes de juin sont compensées par un mois d’Août pourri . Au final, ne s’agit-il pas simplement d’un déplacement des saisons dans l’année, toutes avancées d’un mois ?
Dans le réchauffement, il y a convergence entre le cycle du soleil, le cycle magnétique et sans doute aussi la pollution a-t-elle un impact sur la bonne santé de l’environnement.
Bref, tous, adeptes du réchauffement anthropique, mais aussi climato-septiques semblent dire un réchauffement, et aucun d’entre eux n’encouragent à poursuivre la pollution
[…] This post was Twitted by Apprendre2pt0 […]
Un pays comme la Chine, créancier des USA, a donc intérêt à vendre et à prêter en yuans pour exiger ensuite d’être payée pour ses exportations et pour les remboursements des dettes de ses débiteurs dans sa propre monnaie, le yuan, même s’il est sous-évalué, plutôt qu’en monnaie de singe, un dollar incertain .
Euh , j’ai bossé de nuit ..un peu fatigué ..mais au paragraphe 3 ..
…Les États ont accru massivement leur déficit budgétaire pour soutenir la demande.
Et émettre la dette que les banques centrales transforment en liquidités afin de dissimuler la réalité des pertes de crédit des banques aux actionnaires, épargnants et déposants…
ou ..
…Les États ont accru massivement leur déficit budgétaire pour soutenir la demande.
et émettent de la dette que les banques centrales transforment en liquidités afin de dissimuler la réalité des pertes de crédit des banques aux actionnaires, épargnants et déposants…
Super article et bàv
alain
Merci pour cette analyse très poussée et ces suggestions aussi intéressantes que pertinentes.
Alors que cette crise de la dette d’Etats était parfaitement prévisible depuis 2008 (voire avant)pourquoi, à votre avis, une telle cécité jusqu’à ce jour ? Les Etats espéraient ils une quelconque indulgence des « financiers » ? Ceux là même qui ont tout intérêt à affaiblir les Etats, surtout les plus velléitaires en matière de régulations financières…
Je suis assez d’accord avec « Daniel » : les banques doivent être remises à leur place. Cette place est celle du développement économique au service de l’Homme. Et elle est noble. Bien plus noble que celle qu’elles occupent aujourd’hui. H. Ford (qui ne peut pas être qualifié d’anti capitaliste primaire…) ne disait – il pas : « une entreprise qui ne produit que de l’argent est une entreprise médiocre ». Nos banques actuelles sont donc, dans leur grande majorité, des « entreprises médiocres ». Les propositions que vous faites peuvent contribuer à cette remise en place. Mais elles induisent un courage politique certain. Espérons que nos dirigeants auront ce courage car la solution de facilité nous mène tout droit au scénario du risque maximal… qui nous mène tout droit vers la fin de la société humaine telle que nous la connaissons via des guerres (et pas que économiques) et/ou des révolutions des peuples contre les Etats aussi démocratiques soient ils.
Les gouv. occidentaux ont jusqu’à maintenant « réussi » à escamoter une tiers-mondialisation rampante: financer à crédit le train de vie des pays européens. Les banques centrales, et notamment la FED, ont fait le nécessaire pour mettre en oeuvre une politique économique charactérisée par des bulles. C’était le seul moyen pour cacher une évolution indésirable tout en maintenant le système tel qu’il est.
On commence à se rendre compte aujourd’hui que cela ne marche plus. Il faudra donc revoir ces deux facteurs: trouver des moyens pour dompter la mondialisation d’une part, et de réformer le système financier d’autre part.
Mais je doute fortement que cela se pourrait faire avec la classe politique actuellement en place.