Billet invité
Le débat autour de la mondialisation et de la démondialisation rappelle celui sur la croissance. Il va de soi que le temps de la mondialisation heureuse chère à Alain Minc est largement dépassé, à supposer que celui-ci ait jamais existé et qu’il n’ait pas été un simple leurre destiné à dissimuler la prise de pouvoir des multinationales. Nul ne peut nier en effet que la mondialisation qui a été réalisée a conduit à des délocalisations massives, liées au différentiel de salaires et au dumping social et environnemental, délocalisations parfois encouragées indirectement par les contribuables des pays du Nord. Si ces transferts de production ont permis la croissance des pays du Sud, ils n’ont pas pour autant assuré un développement équilibré et ont largement permis des enrichissements massifs grâce à une nouvelle forme d’esclavage dans des usines fonctionnant 24h sur 24 pour des salaires de misère. Cette liberté absolue du marché, débarrassée de toute règle autre qu’une prétendue concurrence – qui n’a de pure et parfaite que le nom, s’est faite au détriment du droit des États et sans création corrélative d’une gouvernance mondiale qui défendrait une forme d’intérêt général, c’est-à-dire les droits des humains en tant que terriens (rapport à la planète), salariés (rapport au travail) et consommateurs (rapport au prix et la qualité des produits).
Pour autant, l’idée de mondialisation n’est pas à rejeter en totalité, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la mondialisation est une réalité qui peut être déplaisante mais qui est incontournable. Ensuite, certains sujets sont par nature planétaires et ne peuvent être renationalisés ou régionalisés. Ainsi, les questions climatiques, de biodiversité ou touchant aux océans et de manière plus générale macro-écologiques, imposent une vision planétaire. De manière paradoxale, on pourrait même soutenir que nous manquons de mondialisation effective et efficiente sur ces sujets, pour permettre de créer une cohérence et une synergie entre les activités et les politiques nationales et régionales. Enfin, certaines activités et services sont par essence ouverts et mondialisés; il en va ainsi de la planète internet et de l’économie 2.0 qui se met en place.
Pour autant la notion d’ »économie plate » est dépassée. Celle de « frontière » reprend ses droits et surtout, celle de « proximité » redevient essentielle dans une économie décarbonée. Par exemple, dans le domaine agricole, la mondialisation apparaît comme une hérésie, source de l’abandon de l’agriculture vivrière en Afrique, de la subvention du maïs irrigué en Europe, du drame de l’élevage en Europe ou encore de la marche forcée de certains pays vers la monoculture destinée aux grands marchés internationaux. Plus encore, c’est la mondialisation qui est à l’origine de la spéculation sur la matière première agricole, de la pression pour une conversion vers une agriculture OGM, destinée par l’intermédiaire des brevets à nourrir Monsanto, et de la folie des agrofuels. De la même manière, l’émergence du concept de décentralisation énergétique qui doit permettre aux territoires de produire à terme leur propre électricité en fonction de leurs caractéristiques spécifiques donne un nouveau sens au local. Enfin, l’idée selon laquelle la production industrielle relèverait d’une économie dépassée, seuls les services étant créateurs de valeur, est elle-même aujourd’hui complètement dépassée et la reconquête industrielle est un impératif pour les pays du Nord. Dès lors, plutôt que d’aborder le sujet de la mondialisation de manière globale, sous une forme binaire du tout ou rien, il est beaucoup plus judicieux de l’aborder sous l’angle de la post-mondialisation.
Par post-mondialisation, il faut entendre la capacité d’une mondialisation sélective, à géométrie variable, qui doit être construite en fonction de la nature des activités et des sujets. Un tel modèle, de manière assez paradoxale, impose une gouvernance mondiale qui reconnaisse une organisation beaucoup plus décentralisée des marchés dans un certain nombre de domaines.
Dans ce contexte, la capacité de l’Union Européenne à créer un espace qui accepte l’idée de frontière, sans laquelle il ne peut y avoir de projet, est déterminante. Il ne s’agit pas d’un protectionnisme, au sens du XIXe siècle, qui serait destiné à protéger le marché intérieur à l’égard des tiers. Il s’agit de nouvelles formes d’organisation de l’économie du monde dans laquelle les considérations environnementales et sociales deviennent de véritables considérations économiques en ce qu’elles sont comptabilisées. Or, à partir du moment où les économies externes sont internalisées, la post-mondialisation prend tout son sens puisqu’elle repose sur un calcul économique devenu rationnel, intégrant la réalité et la totalité des coûts et des avantages.
La mondialisation, considérée comme le marché global des biens et des capitaux, mais malheureusement aussi comme celui des hommes et des biens publics, nous a conduits au gouffre de l’économie financière devenue tentaculaire et à l’enrichissement parfaitement injustifié et injustifiable des multinationales et de quelques élites qui les soutiennent. La post-mondialisation, envisagée comme un double mouvement de planétarisation – pour reprendre le mot d’Edgar Morin – en ce qui concerne la solution des problèmes globaux, et de relocalisation, en ce qui concerne les conditions de vie quotidienne, est la réponse non dogmatique à une simplification qui tourne à l’anathème, entre partisans et adversaires de la mondialisation.
128 réponses à “MONDIALISATION, DÉMONDIALISATION, POST-MONDIALISATION, par Corinne Lepage”
Corine?
Personnellement, je préfère Franck:
http://www.youtube.com/watch?v=oNJo-E4MEk8
Excellent Reno Future…Magistral la démonstration de Franck Lepage…C’est vrai que Corinne (ex Catherine de…) n’a pas le talent de Franck, mais possède les mêmes attributs de discours dans son billet…Sauf que Franck, nous fait franchement rire dans sa dérision du jeu…
Quel talent et quel bel homme ce Franck!
Excellent et combien vrai. Mais il faut du temps pour s’en rendre compte……
Il y a de faux sujets, des sujets mal posés à dessein (banlieues en oubliant l’économie), et il y a des phrases plus difficiles à critiquer, comme par ex Sophie Wanish hier sur Fr C, à propos des indignés : Les Français ne sont pas attentifs aux intellectuels, ils aiment bien critiquer les fromages, mais les essais d’intellectuels… or après tout l’intellectuel comme le fromager ne fait que son boulot. Grosso modo.
http://www.franceculture.com/emission-contre-expertise.html-0
25.07.2011 – Contre-expertise
Indignation, désobéissance, révolution. Enjeux du mouvement des indignés espagnols 4
Discussion avec l’historienne Sophie Wahnich, la philosophe Sandra Laugier, le journaliste Juli Marti et un entretien inédit de Stéphane Hessel.
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Sandra Laugier était la plus écoutable. Les autres, non. Même Hessel, qui souhaite que les syndicats encadrent les indignés, sinon, danger.
Hessel : « je ne suis pas du tout sûr que ce soit le cas pour ceux qui s’indignent en Espagne » (que ce soit justifié)
Extraits :
– Sophie Wahnich, l’indignation en tant qu’émotion ?
– La question c’est pas en termes de ressources d’actions, c’est un étayage et un point d’appui pour démarrer quelque chose, et en l’occurrence pour pouvoir retourner la violence qui est faite sur les personnes, vers l’adversaire, c’est à dire c’est une forme de colère qui se répercute sur ceux qui ont produit cette colère, par l’injustice organisée, et de ce point de vue là, l’indignation c’est pas lié à tout et n’importe quoi, c’est lié au sentiment que la justice a été bafouée. Et donc il y a quelque chose qui se noue, avec des principes qu’on peut décliner mais avec un sentiment intime qu’on décrit très tôt chez l’être humain etc face à la question de la justice, et c’est donc la nécessité de voir rétablir un ordre face au scandale, car le scandale c’est le désordre, et donc on est dans une configuration historique où on préfère le désordre à la justice, désordre financier, social, politique, etc
Une émotion c’est la possibilité de faire parler l’articulation de ce qu’on appelle au 18è s la raison sensible et le corps en tant qu’il est mobilisé par des sentiments, et donc la voix est le lieu par excellence de cette articulation de la voix et du corps, et ils affirment qu’ils sont des indignés non simplement parce qu’ils sont en colère, mais parce que leur voix n’est pas entendue jusqu’à ce jour et qu’il faut donc trouver des formes aujourd’hui etc, et que le mot démocratie ait des réserves empiriques un peu plus sérieuses que celles qui sont données par la réinjection d’argent dans les banques.
– Vous comprenez le recul, la distance que prend S Hessel face à ce mouvement qu’il a inspiré ?
Je pense qu’il a inspiré le mouvement par sa capacité peut-être éditoriale, c’est pas quelqu’un qui a une confiance quelconque dans les émotions, dans son texte même « Indignez vous », il prend immédiatement du recul, sur cette question émotive, je crois qu’il ne la comprend pas, parce qu’il est dans une logique qui est celle de toute sa génération, de faire l’éloge de la raison contre ce contre quoi ils ont combattus c’est à dire le fascisme et le nazisme qui avaient manipulés outrageusement les émotions populaires, et qu’on a oublié qu’il y avait quelque chose d’extrêmement ambivalent dans la question émotive c’est à dire que ça peut être sublime ou abjecte etc. Il pense que les émotions c’est toujours abjecte et que si indignation il y a c’est juste un moment de sursaut, mais c’est un social démocrate il ne s’en est jamais caché, il est pour la défense des formes institutionnelles qui ont été promues après la 2nd guerre mondiale, je pense qu’elles arrivent à un essoufflement évident, et qu’aujourd’hui il y a la nécessité de penser un avenir tout autre. Ce tout autre ne fait pas partie du registre du tout de S. Hessel, du tout, c’est le point de départ de la Puerta del Sol, nous sommes en train de changer le monde, complètement.
– Cette indignation est sincère …
– C’est même pas la question de la sincérité, c’est qu’elle a des raisons d’être qui sont aussi importantes que les arguments qui pouvaient être ceux des résistants, sauf que c’est d’autres arguments, on est face à des démocraties, et pas face à Vichy ou le nazisme …
(…
– S’agit-il d’une ré-appropriation de l’espace public ?
– Bien en fait la question de l’espace public et de la confiscation, ce serait plutôt les places aujourd’hui, c’est des lieux de circulation, avec tout ce que cela implique en termes de de flux, et donc dans les mouvements protestataires, depuis au moins 1995, il y a l’idée que pour pouvoir intervenir il faut interrompre les flux, ça peut être bloquer la circulation des trams, bloquer la route, ça peut être camper sur une place, cf le Mexique, dans la capitale devant le parlement, où on a tous les enjeux d’une démocratie participative et la présence des sans voix qui réclament à se faire entendre. Donc c’est un modèle très contemporain d’anthropologie du politique qui réfléchit flux/interruption des flux, et donc interrompre les flux c’est interrompre un certain mode de domination au profit de la possibilité de ralentir quelque chose et de prendre le temps de réfléchir ensemble. Donc c’est refabriquer des pratiques d’assemblées, et de ce point de vue là c’est reconstituer de l’espace public non pas en tant qu’il aurait été confisqué mais en tant qu’il a été annulé tout simplement, parce qu’on n’a plus d’agora, même les partis politiques ne sont pas des lieux d’agora, ils sont des lieux de distribution des places disponibles pour le prochain scrutin. Donc il n’y a nulle part pour discuter politique dans les pays européens, c’est pas spécifique à la france, il y a un manque extraordinaire…
(…)
S. Hessel : certainement l’encadrement de ces mouvements est nécessaire, est ce que ces mouvements se laisseront encadrés par des syndicats, par des partis politiques, je l’espère, ce serait une bonne chose… Il y a actuellement un certain scepticisme de la part du citoyen de base à l’égard de ce qui pourrait l’encadrer, c’est quelque chose de grave, car ça peut conduire à un pur désordre, à une pure manifestation hooliganesque, et qui elle ne servirait absolument à rien, il faut donc bien que les Tunisiens trouvent bientôt une constitution, que les Egyptiens s’organisent, avec un référendum, tous ces mouvements là c’est pas facile pour eux, il faut que nous soyons à leur côté pour les aider, mais pas pour les aider seulement dans la révolte, qui serait sans suite, mais pour les aider dans la création d’une nouvelle forme politique de démocratie dont tout le monde a actuellement besoin, des exemples précieux pourraient nous être donnés dans tel ou tel pays…
– W :
C’est le noeud de ce qui est refusé. Ont fait la preuve de leur trahison cf les banques.
1792 Isnard :
« les peuples sont en général tranquilles et bons. Lorsque les malveillants parviennent à les irriter contre leurs représentants, contre les lois, c’est qu’ils ont eu à souffrir de quelque grande injustice. Que ceux qui les gouvernent descendent alors dans le fond de leurs consciences, ils y trouveront la cause première des écarts qu’ils veulent réprimer. »
http://www.royet.org/nea1789-1794/archives/journal_debats/an/1792/legislative_1792_08_09.htm
Merci Lisztfr
Je note que certains thèmes de Sophie Wahnich recoupent les marottes de Bernard Stiegler.
La justice et la honte (« dike » et « aïdos », la vergogne) comme moteur, et même comme moteur fort : le « nitrométhane du conatus » dirais-je aux lordo-spinozistes de passage (NB : le nitrométhane au lieu de l’essence transforme la mobylette en kawasaki 350).
Sublimation et désublimation chez Stiegler ; même base émotionnelle sans doute (« libidinale » dans le discours freudo-stieglerien). Après avoir lu Damasio & Rifkin, on peut revisiter la constellation « libidinale », « conatus », « émotion », « jugement », pour faire une place à cet effet de sublimation ou désublimation. Sans doute la théorie d’Aristote de la formation du prix par le statut dans la paire acheteur-vendeur dépend-elle aussi de ce duo émotion-raisonnement, qui permet à l’un de juger de la qualité, du range, et de la conviction de l’autre. Jorion ne dit-il pas que le pécheur ne souhaite rien plus que vendre fièrement en vis à vis sa pêche, même s’il en tire moins que dans une vente à l’aveugle (souvent il en tire plus, je crois…). N’emploie-t-il pas l’expression « avoir à coeur de … », notamment dans la description de la « philia », qui n’est pas une simple provision de circonstance pour garder intacte les conditions du jeu (ne pas massacrer le terrain de foot, ne pas compromettre le AAA de la dette US), mais qui est le résultat d’une sublimation de l’influence de la société sur l’individu, sa co-individuation , etc.
Côté Richard Sennett (« Respect », « La conscience de l’oeil », « ce que sait la main », ) on retrouve aussi diverses composantes du mix émotion/raisonnement. Bref, il faut que j’écoute l’émission sur FC…
Et j’oubliais flux et délinéarisation des flux, pour les points communs entre Wahnich et Stiegler.
(pour Stiegler : rendre les vidéos consultable et controlable par le videaste, pour éviter le « sens unique » de la télé, c’est une des N figures de la délinéarisation des flux à laquelle il a travaillé à Compiègne)
@Reno Future
Excellente initiative, parfaitement à propos et avec l´humour en plus. Chapeau bas.
J´ai choisi un angle plus doux pour expliquer à Madame Lepage à avancer un peu plus loin. Je ne peux pas croire qu´une personnalité politique n´est pas moyen d´expliquer un peu plus avant les raisons qui la font agir en politique, le pourquoi et le comment des succès et des échecs passés, les espérances quand au type de société qu´elle souhaiterait voir progresser au moins..
Enfin bref, je ne lui demande pas un programme politique clé en main, je lui demande une contribution personnelle pour faire part des ses expériences et connaissances, les difficultés rencontrées, dans le but d´éclairer les réflexions démocratiques.
Pour ce qui est d´avoir ma voix dans des institutions comme celles que nous connaissons ? Vous plaisantez, j´espère. Vous pourriez l´avoir pour participer à une constituante, à la limite.
Alors, Madame Lepage, bas les masques, si les politiques rencontrent les pires difficultés à concilier les intérêts équilibrés de chacun, internationalement, vous pouvez le dire, nous sommes tous au courant et nous serions ravis de contribuer aux débats et actions, chacun en fonction de son engagement personnel choisi.
Fraternellement, Vincent.
Qui a peur de la démondialisation ?
titre Frédéric Lordon sur son blog
( http://blog.mondediplo.net/2011-06-13-Qui-a-peur-de-la-demondialisation )
Et il écrit en préambule :
« On n’abandonnera donc pas le débat de la démondialisation sous prétexte que le FN qui a senti la bonne affaire s’y vautre avec délice ! »
Or je ne vois nulle part son article tellement commenté. Ni confirmé ni infirmé. Or ses écrits sont suffisamment remarquables pour qu’on en vienne à s’interroger : Pourquoi éviter à ce point de parler de ses analyses? Comparativement, cet article de Madame Lepage paraît dénué de force, englué dans des banalités (« Tout d’abord, la mondialisation est une réalité qui peut être déplaisante mais qui est incontournable.’ ) ou des sophismes…
je vous comprends thierry Mercier, mais il y a aussi nolens volens, un art de la séduction verbale consommé, chez Lordon, qui renforce beaucoup l’adhésion.
En étant injustement méchant : « que de belle façon ces choses là sont dites ».
Mais quand vous sortez de la salle et qu’il faut mettre en place la « récommune » en contrôlant la synergie de votre « conatus » avec celui de votre voisin (de votre banquier, de votr employeur, de votre bloggueur préfére) , je vous attends au tournant.
La facilité discursive de Lordon n’enlève rien à la valeur de son discours, mais fait qu’on en surestime l’applicabilité car l’adhésion est emportée en partie sur un mode émotif. C’est un peu pour les mêmes raisons que j’ai lu pendant des années le Diplo : la prose de Claude Julien, puis des Halimi, Cassen, Ramonet, etc, tranche sur le reste de la presse, mais quand on sort des piques ainsi assénées à ce qui ne va pas, on est assez gros-jean comme devant. C’est pourquoi je me tourne volontiers vers des illisibles, comme Stiegler, ou des lisibles, comme Richard Sennett, mais qui eux mettent l’acteur (vous, moi, notre « milieu associé », nos savoir-faire & savoir-vivre) davantage au centre de leur discours (modulo différents concepts certes).
D’un autre côté, il faut le mode émotif pour avancer, c’est bien cela aussi l’indignation.
Bonjour timiota,
Je pense que tous les gens que vous citez (y compris Lordon) ont l’immense mérite de nommer les concepts et de démêler les ficelles utilisées à longueur d’article (et à dessein?) dans les médias traditionnels. (cf. Référendum Europe 2005, débat sur la (dé)mondialisation lancé par Valls juste pour utiliser le mot (pour la charge « émotionnelle » justement qu’il contient) et décrédibiliser l’autre sans entrer dans les nuances et la complexité pourtant indispensables avant de demander aux gens de « trancher » comme s’il détenait une vérité révélée). C’est assez rageant pour des gens qui tentent de faire l’effort de comprendre les mécanismes en jeu.
Je vous suit à peu près, titi.
Mais il me semble que faire bouger par le pouvoir du concept ne marche pas à l’instant T, ça fournit des armes pour plus tard. Ce qui marche, c’est une sorte de stratégie du choc à l’envers. A l’occasion d’un évènement inattendu, on peut oublier le disque précédent, et commencer à en changer. Et c’est juste dans ces interstices qu’une décantation sur un des nouveaux concepts se fait. Par exemple, le « fédéralisme fiscal » est un mot qui vient d’atteindre les grands médias, « grâce » à l’impasse des pays endettés comme la Grèce.
Et vous, une fois que vous avez compris, vous appelez Grominet pour la suite à donner ?
A Timiota : Visiblement, il vous reste à lire les propositions de F Lordon (SLAM) avant de m’écrire « je vous attends au tournant » .
Car s’il était décidé qu’il ne fallait pas critiquer un état de fait, sans apporter immédiatement dans le même écrit des réponses pratiques…. que cela serait dangereux.
« Oui vous critiquez, mais alors vous proposez quoi?…. » évite d’ouvrir les yeux, de faire un état des lieux.
La forme de la prose de Lordon (et autres) a le mérite d’appeler un chat …. un chat, sans fioriture.
Vous avez raison Thierry Mercier, autant pour moi avec le SLAM.
Mais la mise en pratique ne sera pas mise en pièce comme Dodd-Frank l’a été seulement si il y a de bonnes raisons. Je croyais qu’elles avaient été réunies en 2008-2009, mais la suite a prouvé que non.
C’est dans ce sens que je dis que le renversement des choses a besoin de plus que l’analyse et même plus que la première proposition logique qui vient en face de l’analyse.
Comment faire un humus pour la « récommune » ou le « SLAM », cela me semble aussi important que le concept lui même, et il me semble qu’il faut passer par des choses que nous vivons dans notre vie de tous les jours et qui sont « prolétarisantes » au sens de Stiegler (perte de savoir-faire etc, qu’on soit cadre ou grouillot de base) pour pouvoir se déconditionner et imposer des choses de l’ampleur Lordonnienne sans se faire laminer peu à peu.
@timiota
je ne sais pas comment je dois prendre la dernière phrase
pour le reste je suis plutôt d’accord avec vous mais pour que la décantation puisse opérer il faut bien que les concepts aient été démêlés avant pour que les alternatives vers lesquelles se tourner soit claires
@ titi
je veux dire ([ajouts]).
« et il me semble qu’il faut passer par [s’opposer et surmonter] des choses que nous vivons dans notre vie de tous les jours et qui sont « prolétarisantes » au sens de Stiegler (perte de savoir-faire etc, qu’on soit cadre ou grouillot de base) pour pouvoir [prendre le pli de] se déconditionner et [retrouver ainsi la capacité pour] imposer des choses de l’ampleur Lordonnienne [et y arriver pleinement] sans se faire laminer peu à peu [entre le projet proclamé et son application]. »
Je suis un elliptique qui se soigne peu, désolé.
àTimiota:
/////Comment faire un humus/////
C’est là notre constante erreur ……L’humus se fait mieux sans nous qu’avec nous ….Le mieux que l’on puisse faire c’est d’éviter au maximum de contrarier ou perturer la pedogenèse .
@kercoz
idée sympathique, mais n’est-elle pas courte dans la mesure où structures émergentes il y a ?
Une société qui ne ferait pas de structures émergentes imprévues , et qui seraient donc contrariantes potentiellement pour la pédogénèse (l’humus qui serait là, et que un peu comme Rousseau et la bonne nature de l’homme; on doit laisser s’exprimer), une telle société serait une société quasi morte.
Dans la série gloubi boulga verbal, Stiegler parle du « double redoublement épokhal ». Comprenne qui peut sous cette formulation, mais j’avais cru y lire que chaque structure émergente (sociale, et technique, individuelle et collective) donne lieu à adoption (sublimation, cf Sophie Wahnich, l’émission FQ pointée par lisztfr…) ou à la seule adaptation désublimante (primat des tendances « abjectes » du peuple pour Sophie Wahnich), comme le font aujourd’hui les « industries de programmes » à coup mise en tutelle de cerveau disponible, avec la complicité de tout ce que la planète compte de consumériste.
Le programme Lordonnien là-dedans, s’attaque aux parties de la désublimation proche de la tête pourrie du poisson (SLAM) et un peu du corps (« récommune »), mais il est mince anthropologiquement.
Admettons qu’il y ait plusieurs facettes à notre débat et que, dans une biodiversité intellectuelle, elles soient présentes à nos esprits cote à cote, avec un peu de bon sens pour aiguiller les choix et leurs applications. Donc pas seulement à coup de gouvernance et d’organisme régulateur d’environnement (ce qui je le crains sera en mode « adpatation », pas mode « adoption »…) , pour reprendre le fil de Mme Lepage…
@TIMIOTA:
//////Une société qui ne ferait pas de structures émergentes imprévues , et qui seraient donc contrariantes potentiellement pour la pédogénèse (l’humus qui serait là, et que un peu comme Rousseau et la bonne nature de l’homme; on doit laisser s’exprimer), une telle société serait une société quasi morte.////////
Vous faites passer le film beaucoup trop vite ….Si des structures émergent , elles mettent des milliers d’années a le faire ds un système naturel .
ET dire qu’ une société est morte si elle ne « progresse pas » , c’est un discours suspect peut etre , politique certainement (je ne vous accuse nullement , c’est là une croyance scientiste dominante et inconsciente) .
Pourtant la nature (ou le système chaotique) est en perpetuel essais et a regarder les etudes antropo , sur l’extreme variabilité des comportements de groupes archaiques voisins , les echecs sont le lot le plus courant …Mais la multiplicité de ces sociétés et de ces essais en réduit les dégats .
La réflexion proposée par C.Lepage est intéressante bien que soulevant une série de remarques (je rejoins ici en particulier celles de Sylla), qui étant formulées attendent des réponses.
Rares sont les billets invités qui, ayant des réponses des lecteurs, n’en laissent apparaître aucune de l’auteur…
Ce qui pourrait être un échange n’est plus qu’un tract. L’auteur étant un élu on peut également y voir l’un de ces « ballons d’essai » dont les politiques sont friands. Dans un cas comme dans l’autre, dommage que ce blog en soit le support…
Dommage en effet que Madame Lepage n’ait pas jugé nécessaire de participer à la discussion après avoir présenté son billet.
En revanche n’accusez pas le blog qui n’est que le messager…
En ce qui me concerne, j’avais participé aux travaux de la Convention sur le Futur de l’Europe, dont le texte devait servir de base à un futur traité constitutionnel.
A l’époque j’étais invité à ces travaux comme membre de la Plate-forme Sociale Européenne dont les membres représentants divers secteurs sociaux européens ont fait leur possible pour essayer d’orienter le texte vers des articles plus respectueux des politiques sociales. Malheureusement aucun des futurs opposants de gauche à ce texte constitutionnel ne sont venus nous prêter main forte lors de ces débats pour exiger des textes plus sociaux.
Parmi les actions que nous avions menées, nous avions poussé pour l’intégration directe de la CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX DE L’UNION EUROPÉENNE, au texte même du futur traité pour lui donner plus de valeur qu’en étant simplement annexé en préambule. Ce que nous avions obtenu.
Si le texte de la charte des droits fondamentaux avait été intégré à ce niveau, ce qui n’est pas le cas dans le traité de Lisbonne qui a remplacé le texte soumis aux votes des Européens, Les politiques scandaleuses employées par le gouvernement français vis-à-vis des Roms auraient été illégales.
Mais comme la France n’avait pas accepté la version où cette charte était intégrée au texte du traité, cette charte des droits fondamentaux n’avait pas de valeur contraignante pour la France.
Par ailleurs deux pays qui étaient opposés à cette charte, l’Angleterre et la Pologne, sont arrivés à obtenir une clause d’exception: l’Angleterre trouvant ce traité trop interventionniste au niveau social et mas assez en faveur du marché. La Pologne ne voulant pas accepter la non discrimination entre autre envers les homosexuels, et aussi sur l’égalité « Homme-femme » et le droit des femmes à disposer de leur corps.
Les ex pays de l’Est ne voulaient pas non plus que cette charte des droits fondamentaux vienne les empêcher de continuer à exploiter leurs mains-d’œuvres avec des salaires et des conditions de travail déplorables et ainsi de concurrencer les autres pays de l’Union Européenne plus socialement avancés.
J’ai suivi la campagne électorale pour ce référendum avec la plus grande attention.
J’ai trouvé que dans la campagne de la droite pour le oui il y avait peu d’enthousiasme, probablement pour les mêmes raisons que les néolibéraux anglais qui trouvaient ce texte encore trop « social » à leur goût…
La Campagne pour le oui venant de la gauche n’était pas bien nerveuse non plus et n’a fait aucune allusion à cette charte des droits fondamentaux, ni aux articles concernant la démocratie participative:
ARTICLE I-47
Principe de la démocratie participative
1. Les institutions donnent, par les voies appropriées, aux citoyens et aux associations représentatives la possibilité de faire connaître et d’échanger publiquement leurs opinions dans tous les domaines d’action de l’Union.
2. Les institutions entretiennent un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile.
3. En vue d’assurer la cohérence et la transparence des actions de l’Union, la Commission procède à de larges consultations des parties concernées.
4. Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre
significatif d’États membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la Constitution. La loi européenne arrête les dispositions relatives aux procédures et conditions requises pour la présentation d’une telle initiative citoyenne, y compris le nombre minimum d’États membres dont les citoyens qui la présentent doivent provenir.
Ni la charte des droits fondamentaux ni cet article n’a été cité par les journalistes ni par les intervenants. Il n’a jamais été dit que les associations représentatives du secteur social ainsi que les syndicats avaient participé à l’élaboration de ce texte.
Sauf une fois Jean Luc DEHAENE, vice président de la convention sur le futur de l’Europe. Sa remarque mentionnant la participation des associations et des syndicats est passée sur les ondes au journal de 7 h, mais a disparu au journal de 13 h
J’ai plusieurs fois interpelé France Inter à ces sujets sans jamais que ma question ne soit sélectionnée…
Je pense que les partis politiques et même les journalistes voient d’un mauvais œil la démocratie participative: ils sont bien installés avec leurs interlocuteurs habituels: les hommes et les femmes politiques ainsi que les « partenaires sociaux » syndicats salariés ou patronaux… Ils saisissent mal ce qu’on appelle « La société civile ».
J’ai voté OUI au référendum, bien que sans grande conviction, le texte ayant déjà été bien retoqué à la baise, en particulier au niveau social, lors du Conseil de ministres de l’union Européenne qui a précédé les votes dans les pays membres.
Mais j’aurais voté NON au texte du traité lamentable de Lisbonne. J’ai d’ailleurs trouvé bien moles les réactions des anciens opposants au premier texte devant ce nouveau texte, encore plus orienté vers le néolibéralisme et opposé aux politiques sociales, que ne l’était le premier texte soumis au référendum.
Le traité de Lisbonne viole tout autant les droits des électeurs qui avaient voté OUI dans d’autres pays, que celui des électeurs qui avaient voté NON en France ou ailleurs.
Bien cordialement.
Paul T.
Querelle byzanine dans nombre de commentaires: Corinne Lepage est-celle habilitée à s’exprimer en raison de son passé ? Corrine a-t-elle changé d’avis ? Désormais sa parole est-elle légitime ? Exemple type de perte de temps en palabres inutiles… Le fond: ce qu’a écrit Corine Lepage dans ce blog est tout à fait pertinent et de quels moyens nous pourrions disposer pour contrecarrer ce quelle dénonce fort justement… voilà ce qui m’importe.
Foi du charbonnier?
Pour ma part, c’est non.
1-Les idées sont confuses, voulant ménager la chèvre et le choux.
2-La personne,- sa personnalité, son passé, sa clairvoyance, son courage,
sa constance et sa fermeté- joue un rôle essentiel en rapport avec la crédibilité
politique.
Un « bon » projet, et celui-là ne l’est pas- porté par une personnalité inadéquate
ou inappropriée n’est pas crédible. Il est automatiquement marqué par la suspicion.
Il nous faut les deux, -un bon projet et un bon porteur- . Une félure n’est pas
acceptable.
D’une part, nous avons été trop souvent trompé par ceux qui promettaient
la lune ou qui n’ont pas vu les risques socialement inacceptables.
D’autre part, nous avons le devoir d’ examiner et choisir. Et nous en avons malheureusement le temps…
J’aime pouvoir intervenir dans ce « billet invité ». Malheureusement mon activité de parlementaire me laisse peu de temps tout au long de l’année.
Je savais très bien en proposant ce billet à Paul Jorion le retour que j’aurai concernant ma participation à un gouvernement de droite, mon engagement en faveur de l’Europe, etc.
Même si cela peut ressembler à quelque chose de redondant dans ce que j’ai déjà dit, je le répète haut et fort : mes interventions dans la vie politique ont toujours été réalisées en qualité de femme issue de la société civile, à Cabourg en tant que maire adjointe en m’illustrant contre la corruption, au ministère de l’environnement du gouvernement d’Alain Juppé avec, à mon bilan, le moratoire sur les OGM, le non redémarrage de Creys Malville (qui conduira à son arrêt), le vote de la loi sur l’air, la négociation de nombreuses directives européennes (notamment pendant la présidence française du Conseil) ou encore la création du comité de prévention et de précaution.
Mon engagement européen est aussi incontestable ce qui ne m’empêche pas de voter contre la commission Barroso lors de son installation et de me battre contre les conflits d’intérêts à l’EFSA et l’EMA en tant que vice présidente de la commission Environnement.
Le traité de Lisbonne n’était pas la panacée mais il était tout de même mieux que le Traité de Nice dans le sens où il reconnaît quelques contre-pouvoirs à la société civile et renforce le poids de l’institution démocratique qu’est le Parlement européen. Que son application soit encore un grand combat est une réalité (comitologie ou pétition) mais c’est un des combats que nous menons au Parlement européen.
Qu’il y ait en son sein des articles dont je ne partage pas le sens, certes, néanmoins c’est la règle que se donnent les 27 Nations en tant que plus petit dénominateur commun pas forcément de la meilleure des façons (Référendums en France, Pays Bas et en Irlande).
Le traité de Lisbonne fait suite à des engagements déjà pris par ailleurs notamment par le traité de Marrakech instituant l’OMC. Il y a dans le traité de Marrakech des clauses de sauvegarde rarement activées par les Etats par exemple sur la protection de l’environnement. Il est vrai qu’à ce traité international, je préfère la déclaration de Philadelphie, l’assortiment de tous les engagements internationaux au respect des 8 conventions fondamentales de l’OIT, la non discrimination des femmes et un accord contraignant en matière d’environnement. Oui je défends la création d’un tribunal pénal de l’environnement et un organe de régulation pour l’environnement. Oui je défends une taxe sur les transactions financières et d’ailleurs ce combat porte ses fruits à en croire les derniers votes du groupe politique auquel je suis inscrite au parlement européen.
Alors oui j’évoque des secteurs qu’il faudrait protéger de la concurrence, mais pour autant, je ne souhaite pas que tous les secteurs soient ainsi soumis à un protectionnisme et je l’assume. En revanche, je me bats contre les pratiques de lobbying qui permettent des avantages concurrentiels et je me bats aussi pour l’intégration de toutes les externalités (sanitaires, sociales, symboliques, fondamentales, assurancielles et environnementales…) dans les prix des produits parce que c’est ainsi qu’on arrive aussi à un régime de responsabilité des producteurs.
Bonjour!
D’abord, bonnes vacances!
« Le traité de Lisbonne n’était pas la panacée mais il était tout de même mieux que le Traité de Nice dans le sens où il reconnaît quelques contre-pouvoirs à la société civile et renforce le poids de l’institution démocratique qu’est le Parlement européen.
…
Le traité de Lisbonne fait suite à des engagements déjà pris par ailleurs notamment par le traité de Marrakech instituant l’OMC. …Il est vrai qu’à ce traité international, je préfère la déclaration de Philadelphie… »
« Oui je défends une taxe sur les transactions financières et d’ailleurs ce combat porte ses fruits à en croire les derniers votes du groupe politique auquel je suis inscrite au parlement européen. »
Sinon, on reste avec Lisbonne, et ce sera pire : c’était en gros aussi l’argument de Sarkozy.
Le traité de lisbonne (tfue ici) comporte quelques articles, dont :
Article 32
Dans l’exercice des missions qui lui sont confiées au titre du présent chapitre, la Commission s’inspire:
a) de la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers,
Article 39
1. La politique agricole commune a pour but:
a) d’accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique, en assurant le développement rationnel de la production agricole ainsi qu’un emploi optimum des facteurs de production, notamment de la main-d’œuvre,
Article 63
1. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
2. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
la constitution française : »
ARTICLE 2….
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
ARTICLE 3. La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.
ARTICLE 4. Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.
ARTICLE 5. Le Président de la République veille au respect de la Constitution. »
Une modification constitutionnelle a même du précéder ce vote du traité de Lisbonne.
Évidemment, je n’ai pas l’intelligence stratégique d’un politique, mais le vote au parlement fut une forfaiture constitutionnelle : tout parti l’ayant signé devrait être dissout.
Je ne comprends pas non plus la stratégie politique qui consiste à créer un marché unique, sans les outils politiques afférents. Cela souligne les priorités ; voire, la crise est largement prévisible.
Je comprends encore moins en ce qui vous concerne la logique qui consiste à se dire contre, et à voter pour.
En quoi cet alourdissement du poids démocratique qu’est le PE peut servir de raison à voter contre le referendum? Nier l’expression démocratique, au nom d’un plus démocratique…?!? Je trouve cela faux. Un démocrate défend la démocratie avant ses options partisanes, le reste n’est que piètres excuses.
D’ailleurs, puisque vous évoquez cette taxation financière, vous savez sans doute aussi, étant député européen, que le parlement a eu l’autorisation royale de la commission de pouvoir en débattre…jusqu’en 2018.
Le moratoire sur les OGM…vraisemblablement a fait long feu, ceux ci étant autorisés par la commission : au nom des traités, bien sûr.
Quoiqu’il en soit :
Pourriez vous préciser ce gain démocratique? Cette institution, la seule qui ressemble de loin à quelque chose de démocratique, a quel pouvoir, quelles compétences? C’est sûrement très important, pour avoir occasionné cette coalition de partis contre le referendum, au point de dépasser les clivages habituels, et de soutenir l’action présidentielle…
Plus généralement, au sujet de la démocratie, la séparation des pouvoirs, dans l’UE, çà en est où? J’en suis resté à l’initiative des lois à la commission (non élu), approbation du conseil (exécutif) ; ainsi que les juges européens nommés par la commission (résultat : à 90% d’accord avec la commission, c’est à dire pour l’esprit néo libéral. Le pain se gagne à la sueur froide, pour certains).
Vous inscrivez, à raison, la signature du traité de Lisbonne dans une dynamique internationale de signatures de traités (c’est cela, la mondialisation, rien d’autre.), ici l’OMC. On pourrait remonter au GATT ou à l’avortement de la charte de la Havane, ou plus avant…
Pourriez vous rappeler qui défend les volontés européennes, à l’OMC? Sur quels principes?
Et à l’ONU, puisque vous parlez de l’OIT, suite au traité de Lisbonne qui a votre approbation, les volontés européennes sont représentées par…?
La perspective que vous tracez laisse songeur : c’est sur cette voie donc que se signeront les traités futurs…? Le poids interne de la commission ayant gagné bien plus de poids que le parlement, le poids externe étant ce qu’il est, je ne vois pas pourquoi çà changerait. Heureusement les BRICS négocient ferme, eux…
« Alors oui j’évoque des secteurs qu’il faudrait protéger de la concurrence, mais pour autant, je ne souhaite pas que tous les secteurs soient ainsi soumis à un protectionnisme et je l’assume. » Merci pour l’explication des externalités (symboliques fondamentales?!).
Je ne saisis vraiment pas comment, on protège sans protection…Personne je crois n’est pour un protectionnisme total.
Vous dites que vous vous agissez…Les gens veulent beaucoup de choses, mais concrètement, qu’est ce que vous pouvez faire au sein de ces traités?
« les droits des humains en tant que terriens (rapport à la planète), salariés (rapport au travail) et consommateurs (rapport au prix et la qualité des produits). »
Je ne saurais qualifier cela de maladresse sous la plume d’une avocate : qu’entendez vous par droit des humains en tant que terriens (salariés et consommateurs)?
Les Droits de l’Homme, c’est où?
La démocratie?
P.S. : J’ai pu écouter la conférence de mr Morin (« crise et mondialisation »). Je considère son optimisme comme béat : il parle de métamorphose (au sens de chrysalide et de nymphe), une auto organisation surgirait on se sait trop comment, apportant la solution : le gouvernement mondial et décentralisé qui sert à faire patienter.
N’avons nous pas besoin non pas d’une révolution radicale menée pour/par un futur organe de régulation pour l’environnement, mais d’abord d’une connaissance collective qui soit mise en oeuvre par des citoyens qui « sachent trouver leurs sachants » ?
Le bel organe de régulation dont il est question, si une éducation/connaissance/responsabilité de l’environnement n’a pas été fortement amplifiée dans toute la population, tombera aisément dans les travers Latour-iens d’être une tentative de plus d’ »adresser » les « objets hybrides » (réchauffement, nucléaire, H1N1, OGM,…), des organes ballotés entre le fantasme de l’expertise technique, celui de répondre à la sensibilité émotive et enfin le non-fantasme de la bureaucratie (mise en formulaires de choses qui ne correspondent pas à une attention, à un soin du sujet).
Je mets un peu ma casquette de lecteure de Stiegler, mais pas seulement.
Bref, il faut aussi (ou surtout…) un humus pour que les régulations soient faites par des gens qui prennent soin de leur travail, et trouvent des interlocuteurs de leur niveau. Se préoccuper de l’institution sans indiquer de piste pour l’humus conduit à risquer très fort de faire perdure et multiplier les « machins européens » (un vilain raccourci, … il y a des choses à sauver même à Bruxelles/strasbourg)
/////N’avons nous pas besoin non pas d’une révolution radicale menée pour/par un futur organe de régulation pour l’environnement, mais d’abord d’une connaissance collective qui soit mise en oeuvre par des citoyens qui « sachent trouver leurs sachants » ?/////
non .
Corinne Lepage,
Bonjour. Que diriez-vous d’un projet (prêt à l’emploi et gratuit) d’organisation du vivre-ensemble qui réinvestit l’individu dans sa citoyenneté (l’expression doit être d’un certain Pierre S.) ?
Par exemple la post-mondialisation y est considérée « comme le marché global des biens et des capitaux », mais » heureusement « aussi comme celui des hommes et des biens publics » : vous aurez noté que le mal ne peut disparaître que si le marché n’est pas nécessairement monétaire. Les échanges entre individus, entre êtres humains ne sont pas nécessairement monétaires. Où alors il faudrait expliquer pourquoi ils le sont, nécessairement monétaires…
Dans l’attente d’une réponse de votre part,
Écologiquement et humanistement vôtre.
PS pour Éva Joly : http://www.junodownload.com/ultraplayer/1661739-02-01-01.m3u?r=0&c=0&s=01-01
Mondialisation …….Démondialisation / Y a t il réellement un choix ? ..
Le problème est exactement celui de la DECROISSANCE . La pluspart des gens « choisissent » croissance ou décroissance comme une option clim ds une bagnole …..En réalité les chiffres imposent une décroissance liée a une déplétion économique elle meme liée a une déplétion énergétique ……C’est juste inéluctable .
Pour la démondialisation , c’est la meme chose : a terme elle est inéluctable pour des raisons énergétiques , mais la dynamique centralisatrice en cours a une inertie forte qui peut faire perdurer le modèle globalisateur ……..NOTRE problème tien au fait que c’est l’énergie gratos qui a initié ce proccessus centralisateur , …et que s’il se pousuit sans cette énergie gratuite ce sera au détriment du peu d’équité qui subsiste …et c’est gravissime de constater que le concept centralisateur a des adeptes infoutus de voir ce coté des choses : A l’insu de leur plein gré ces gens condamnent leurs enfants a un avenir désenchanté .
Etes vous contre les paris sur la fluctuation des prix ?
pour çà il faut un état mondial décentralisé. La post mondialisation, c’est après. Là ils ne sont pas à l’os: pour preuve, çà bouge encore.
Quand çà ne bougera plus, çà s’auto-organisera (ben oui, sinon, c’est que c’est mort).
Ou alors il n’en restera qu’un seul.
Un genre de darwinisme social, mais en plus grand.
Je devrais lui demander pour les paris sur les constitutions et les fluctuations de votes.
Je crois que je deviens politophobe.
Tout d’abord, la mondialisation est une réalité qui peut être déplaisante mais qui est incontournable.
Depuis quand une idéologie que vous appelez la réalité est-elle éternelle? lisez vos livres d’histoire même récente : le IIIème Reich ne devait durer que mille ans
Depuis quand un Dieu est-il éternel? visitez n’importe quel musée: ils sont remplis de Dieux morts
Depuis quand la moindre chose humaine est-elle éternelle? Relisez M.Eliade où vous trouverez quelques schémas humains qui ont l’air de durer mais vous verrez qu’il n’y en a pas beaucoup et en tout cas pas une idéologie.
Nous contournerons la mondialisation telle quel est proposée et vous serez oubliée : dommage
Je vous appréciais pour votre travail avec la CRIIGEN.
Chaque chose n’a qu’un temps
« Paris n’est rien, ni la France, ni l’Europe, ni les Blancs… une seule chose compte, envers et contre tous les particularismes, c’est l’engrenage magnifique qui s’appelle le monde. »
Ella Maillart
Les erreurs de la construction européenne ne doivent pas nous conduire à jeter le bébé avec l’eau du bain. Du traité Euratom à l’opacité des agences on ne peut que regretter certains ratés de la construction européenne. On ne peut pourtant pas nier la légitimité représentative des parlementaires européens, de leur validation des juges de la cour de justice, des commissaires choisis par les gouvernements des pays et dont le collège est validé par les parlementaires. Ainsi sur ces institutions, nous avons un commencement de fédéralisme. La vraie absence de légitimité se situe dans le Conseil et sa nécessaire unanimité qui paralyse les institutions. Je crois dans le projet européen contrairement à beaucoup d’entre vous mais cela ne m’empêche pas de critiquer en partie sa construction. Du fait de l’unanimité, où sont passés les condamnations de la Grèce pour avoir menti pour son entrée dans l’euro (ce n’était pas la seule par ailleurs). Pourtant aujourd’hui, l’Union ne devrait pas obliger la Grèce de se départir de ses biens publics, de ses symboles et de ce qui fait le fonctionnement fondamental d’un Etat. Encore une fois les décisions prises le sont par le Conseil et non par la Commission, ni même par le Parlement européen.
Après que l’on constate que certaines institutions fonctionnent comme un syndicat d’intérêt, je n’en suis pas surprise.
Mais oui, mais oui Madame Lepage…
Quel puissance, quelle argumentation, quel souffle dans cette (pauvre) réponse.
Vous êtes fonctionnaire ou députée ?
Oui…et non en fait, cette formulation prête à confusion : la commission a l’initiative de la proposition. Pas de proposition ; pas de décision.
Un peu comme si je vous disais quoi dire et quand. Le conseil n’a en réalité que le pouvoir d’acquiescer ou de refuser.
Stricto sensu, le conseil décide autant qu’un enfant peut décider. Enfant signifie « celui qui ne parle pas ».
Le conseil constitué des 27 chefs d’état et de gouvernement, nomme le président de la commission à l’unanimité. Celui ci nomme ses commissaires (validés par le parlement).
Ensuite, c’est la commission qui a l’initiative de la proposition de loi, sur la plupart des sujets, a fortiori ceux importants, l’unanimité du conseil étant requise pour l’adoption. En admettant que la commission déroge à sa mission de garante de l’application des traités, tous les états ont un veto.
Contrairement à vous, je ne pense pas que le principal problème se situe là : il est normal qu’un traité à portée constitutionnelle et internationale ait cette configuration. Jusqu’à preuve du contraire, à l’ONU, les peuples sont en droit souverains. Ce point est d’ailleurs aussi souligné dans la constitution française.
Ce qui pose problème est que cette constitution n’est pas un texte de droit, qui organise la constitution du politique et la répartition des rôles, normalement sous couvert de démocratie, au moins représentative dans nos contrées, mais un texte de droit économique, sanctifiant une approche très partisane, sous l’autorité d’un quasi-despote, actif et concentrant des pouvoirs exécutifs et législatifs, sans compter la nomination des juges (vous nous confirmez que le parlement n’a que le pouvoir d’acquiescer ou de refuser), despote choisi par l’unanimité de chefs d’états, certes eux élus, mais à l’assise électorale étroite.
Les valeurs portées par ce traité, derrière les belles paroles, ne sont que la concurrence, génératrice des bienfaits du marché, et optimisant l’allocation des ressources. Sans ergoter sur le fait que cette optimisation est en train de mettre le système économique mondial dans tous ses états, je vous imaginais plus dans l’émulation que la mise à mort.
Vous affirmez que l’on ne peut nier la représentativité de ce parlement, passant sur le paradoxe d’un vote contre le referendum démocratique, au nom de la démocratie, pour un traité qui court-circuite la démocratie.
« Participation en France aux élections européennes
1979 60,7 %
1984 56,7 %
1989 48,7 %
1994 52,7 %
1999 46,8 %
2004 43,1 %
2009 40,5 % » Soit 60% d’abstention! Record historique!
« Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe ? (2005)
Non : (54,67%) Oui : (45,33%) Abstention : 30,66% »
Ce n’est bien sûr pas spécifique à la france.
S’ils ne sont pas particulièrement représentatifs, nos parlementaires, au moins sont ils peut être juste et compétents?
Un tour d’horizon rapide : wiki :
« Les arguments avancés contre le traité ont notamment été :
* La difficulté de faire évoluer à l’avenir, un texte qualifié de « constitution » et soumis comme les autres traités à une condition d’unanimité pour sa révision.
* L’inscription « dans le marbre » de choix politiques et économiques, en particulier du libéralisme économique. L’inscription d’orientation de politique notamment économique dans un traité constitutionnel a été critiquée. Le « marché libre » et la « concurrence libre et non faussée » réaffirmés dans ce texte prenaient une valeur politique, juridique et symbolique plus forte rendant impossible leur éventuel retrait des objectifs de l’Union et figer ainsi les politiques économiques.
* Le fait que le texte reprenait les traités précédents qui n’avaient pas tous été soumis à référendum.
* Le doute que l’initiative citoyenne soit une avancée réelle, puisque sans rôle contraignant sur la Commission.
* Le rôle insuffisant, bien que renforcé, du Parlement européen, qui n’a pas obtenu l’initiative en matière de législation européenne.
* La réforme de la composition de la Commission européenne, qui ne garantit plus à chaque État d’y être représenté, alors même que cette institution détient un quasi-monopole d’initiative en matière de législation européenne.
* La Charte des droits fondamentaux, jugée comme pas assez contraignante (avortement par ex.), ou au contraire trop (« liberté de manifester sa religion » par ex.). Certains ont également mis en doute la force juridique contraignante de la Charte.
* L’espoir que le rejet de ce texte amènerait à une nouvelle négociation (dite plan B).
* Le « statu quo » (institutions de Maastricht-Nice en particulier) vu comme un moindre mal, notamment parce qu’il met l’accent sur l’intergouvernementalité plutôt que la supra-nationalité.
* La difficulté de comprendre le texte pour les non-spécialistes. »
On ne peut pas dire ne pas avoir été prévenu…Sans parler des lobbys.
Mais je rajouterais bien volontiers quelques lignes aux contre :
L’interdiction de gêner la libre circulation des capitaux (art 63) qui intéresse votre combat pour une taxation financière ; l’incitation à une agriculture industrielle, en but, la réduction des effectifs(art 32) ce qui devrait intéresser votre combat pour l’environnement…
Et aussi :
» Titre VIII : la politique économique et monétaire Article 119
1. Aux fins énoncées à l’article 3 du traité sur l’Union européenne, l’action des États membres et de l’Union comporte, dans les conditions prévues par les traités, l’instauration d’une politique économique fondée sur l’étroite coordination des politiques économiques des États membres, sur le marché intérieur et sur la définition d’objectifs communs, et conduite conformément au respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre.
2. Parallèlement, dans les conditions et selon les procédures prévues par les traités, cette action comporte une monnaie unique, l’euro, ainsi que la définition et la conduite d’une politique monétaire et d’une politique de change uniques dont l’objectif principal est de maintenir la stabilité des prix et, sans préjudice de cet objectif, de soutenir les politiques économiques générales dans l’Union, conformément au principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre. »
Une défense européenne peut être?
« Section 2 : Dispositions concernant la politique de sécurité et de défense commune Article 42
1. La politique de sécurité et de défense commune fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune. Elle assure à l’Union une capacité opérationnelle s’appuyant sur des moyens civils et militaires. L’Union peut y avoir recours dans des missions en dehors de l’Union afin d’assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale conformément aux principes de la charte des Nations unies. L’exécution de ces tâches repose sur les capacités fournies par les États membres.
2. La politique de sécurité et de défense commune inclut la définition progressive d’une politique de défense commune de l’Union. Elle conduira à une défense commune, dès lors que le Conseil européen, statuant à l’unanimité, en aura décidé ainsi. Il recommande, dans ce cas, aux États membres d’adopter une décision dans ce sens conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.
La politique de l’Union au sens de la présente section n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre.
3. Les États membres mettent à la disposition de l’Union, pour la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune, des capacités civiles et militaires pour contribuer aux objectifs définis par le Conseil. Les États membres qui constituent entre eux des forces multinationales peuvent aussi les mettre à la disposition de la politique de sécurité et de défense commune.
Les États membres s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires. L’Agence dans le domaine du développement des capacités de défense, de la recherche, des acquisitions et de l’armement (ci-après dénommée « Agence européenne de défense ») identifie les besoins opérationnels, promeut des mesures pour les satisfaire, contribue à identifier et, le cas échéant, mettre en œuvre toute mesure utile pour renforcer la base industrielle et technologique du secteur de la défense, participe à la définition d’une politique européenne des capacités et de l’armement, et assiste le Conseil dans l’évaluation de l’amélioration des capacités militaires.
4. Les décisions relatives à la politique de sécurité et de défense commune, y compris celles portant sur le lancement d’une mission visée au présent article, sont adoptées par le Conseil statuant à l’unanimité, sur proposition du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ou sur initiative d’un État membre. Le haut représentant peut proposer de recourir aux moyens nationaux ainsi qu’aux instruments de l’Union, le cas échéant conjointement avec la Commission.
6. Les États membres qui remplissent des critères plus élevés de capacités militaires et qui ont souscrit des engagements plus contraignants en la matière en vue des missions les plus exigeantes, établissent une coopération structurée permanente dans le cadre de l’Union. Cette coopération est régie par l’article 46. Elle n’affecte pas les dispositions de l’article 43.
7. Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres.
Les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. »
En clair l’UE fait partie de l’OTAN, sous commandement américain. Sauf si les membres de l’UE, actuellement membres de l’OTAN, s’en retirent TOUS.
Au passage, vérifions la complémentarité : traité de L’OTAN : « Article 2… Elles s’efforceront d’éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques internationales et encourageront la collaboration économique entre chacune d’entre elles ou entre toutes.
Article 3 Afin d’assurer de façon plus efficace la réalisation des buts du présent Traité, les parties, maintiendront et accroîtront leur capacité individuelle et collective de résistance à une attaque armée. »
Autre « détail » de la reconfiguration de l’OTAN : « 4. Forte de ses expériences dans les Balkans et travaillant à partir de la perception, largement partagée, selon laquelle il n’existait aucune menace militaire directe contre le territoire de l’OTAN, l’Alliance est parvenue à un consensus sur la nécessité d’un nouveau principe d’organisation, celui d’opérations expéditionnaires « hors-zone », venant en complément de la mission de défense collective.
http://www.nato-pa.int/default.asp?CAT2=1765&CAT1=16&CAT0=2&COM=1781&MOD=0&SMD=0&SSMD=0&STA&ID=0&PAR=0&LNG=1 (2009)
Nous sommes sur combien de guerres en même temps, ce moment? « hors zone » pour employer la terminologie qui transforme une force de défense en force d’attaque…
Observons aussi les conséquences de ce président (ou cette ambassadrice) que mettaient en avant les pour :
Il n’a pas de pouvoir. Il est nommé par la commission, elle même nommée par le conseil. Lui est élu. Un peu comme des présidents de régions françaises qui pourraient choisir le chef d’état, qui nommerait à son tour un représentant diplomatique.
Il représente l’ensemble des pays européens à l’ONU. Que s’y passe t il à l’ONU? Le concert européen disparu dans l’insignifiance, d’autres voix peuvent se faire mieux entendre.
Il est d’ailleurs question de remettre les veto anglais et français au conseil de sécurité à l’UE. Ce sera encore plus calme.
L’OIT que vous défendez, est bien dépendant de l’ONU, je crois. Et notre président européen, « défend » les « valeurs européennes » des traités, j’imagine : le marché concurrentiel (…etc.). La supra nationalité, aussi peut être…L’OIT, ou l’ONU s’en trouvent ils renforcés dans leur mission?
Vous n’avez pas non plus répondu à la question de nos représentants à l’OMC (institution que je connais peu). C’est au niveau européen, que cela se décide, non?
« Les arguments avancés pour le traité ont notamment été :
* La nécessité d’adapter les institutions européennes à l’élargissement de l’UE à 25, pour un fonctionnement beaucoup plus efficace que le traité de Nice (système de vote au Conseil très complexe, source à terme de paralysie ; Commission européenne pléthorique (à 25, dont 6 seulement pour les États les plus peuplés) ; quasi-impossibilité de coopérations renforcées tant les garde-fous sont nombreux, etc.) ;
* Un président pour l’Europe et la fin de la présidence tournante (changement tous les 6 mois du pays présidant l’union), et un ministre des Affaires étrangères de l’Union ;
* Plus de démocratie par un meilleur équilibre des pouvoirs entre les diverses institutions, notamment par un renforcement significatif du Parlement européen : pouvoir de contrôle de la Commission, extension du domaine de la codécision (avec le Conseil des ministres) ;
* La possibilité collective de peser sur les décisions et orientations de l’Union grâce à l’« initiative citoyenne » : pétition d’un million de citoyens européens demandant un acte juridique pour mieux remplir un objectif de la Constitution. Sans caractère contraignant, permettant ainsi d’éviter d’étudier des positions qui pourraient être dérangeantes
* L’intégration de la Charte des droits fondamentaux au niveau du droit européen, lui conférant ainsi valeur et portée constitutionnelles, alors que le traité de Nice la cantonnait à une simple déclaration d’intentions ;
* La perspective grâce aux articles 86, 87 et surtout 122, ainsi que l’arrêt Altmark et le rapport Int’Veld d’une loi cadre garantissant la fourniture et le financement des services publics par les autorités nationales. Voir Service public dans l’Union européenne ;
* L’absence d’un « plan B » et l’improbabilité que des négociations à 25 aboutissent à un traité très différent puisque le texte relevait d’un équilibre extrêmement fragile, après plus de 18 mois de négociations ;
* Le caractère illusoire, aux yeux d’observateurs européens[Qui ?] , de l’espoir d’annuler un jour la référence au « marché libre » dans les traités de l’Union, omniprésent dans les traités et décisions depuis le traité de Rome de 1957 ;
* La possibilité de faire évoluer le texte, même à 25, 27 ou 30 : les autres traités ont été modifiés et complétés maintes fois depuis 50 ans, malgré l’exigence de l’unanimité, nécessaire jusqu’à présent à l’essentiel de la construction de l’Europe ;
* Le caractère de compromis du traité, tenant compte des nombreuses parties, par opposition à ceux qui réclamaient une Europe « sociale », synonyme à leurs yeux d’anti-libérale »
Au nom de l’efficacité (sic!), au nom de l’improbabilité de modifier les traités (pas de plan B) ET au nom de la possibilité de faire évoluer le texte (SIC!), au nom de la démocratie (SIC!) et de la séparation des pouvoirs (sic!), la « possibilité de peser,…, sans caractère contraignant » (sic!), pas au nom du social (sic! surtout venant de « socio-démocrates »), au nom du marché libéral.
Un commentateur de ce Blog (mr Tréhin, je crois) y ayant participé a pu nous dire que la charte des droits fondamentaux ne faisait pas partie du traité signé.
La seule chose qui tienne debout, au final, c’est ce marché.
Le fédéralisme qui se construit en urgence sur les coups de la crise, à commencer par les eurobonds, leur nécessaire ministère et impôt, se construit en bonne partie sur lui même : les traités favorisant les capitaux nous mettent, sous les coups de capitaux « libérés », dans l’obligation à plus d’intégration. Ce qui va dans le sens souhaité par les spéculateurs : Junker a parlé de 12000 milliards d’euros de dette fraîche à venir.
« Après que l’on constate que certaines institutions fonctionnent comme un syndicat d’intérêt, je n’en suis pas surprise. »
On a quand même des traités qui promeuvent la gloire de la concurrence et de l’intérêt bien compris ; et des états bien noyautés par les intérêts privés. Vous avez eu affaire à AREVA, je crois…
Un résumé :
« L’UE, c’est la sécurité ». pas sociale…
« l’UE, c’est la paix ». Depuis la guerre en Yougoslavie, de nombreux conflits armés à l’extérieur, pour la plupart douteux, et une guerre économique. La défense européenne, n’est pas européenne, et n’est pas une défense.
« L’UE, c’est la prospérité » lanterne rouge mondiale en matière de croissance ; vu d’une banque ou de la rue grecque, la perception se nuance. Les écarts de revenu croissent plus vite que la croissance.
« L’UE, c’est le social ». Si on prend social=société civile=marché, d’accord. Charité ou business donc.
« L’UE, c’est la démocratie ». pareil, avec démos=société civile=marché. Socio-démocrate, quoi. Et encore. Le despote peut changer d’avis.
« L’UE, c’est les droits de l’Homme ». Le consommateur/salarié, comme vous le rappelez dans votre billet. On est en passe d’inventer les droits universels des marchés : « tous les marchés ont été créés libres et égaux en droit, etc… »
« L’UE, c’est la liberté » concurrentielle et non faussée.
« L’UE, c’est la solidarité ». Solide, dans le sens de figé, peut être bien…Ce traité de Lisbonne stipule d’ailleurs que les pays ne peuvent s’aider « sauf catastrophe naturelle imprévisible ». Ils ont dû contourner cet article pour aider la Grèce à regarder ses taux grimper.
« L’UE, c’est un modèle politique pour l’avenir ». Qui partirait en mer sur un échafaudage pareil? çà évolue exclusivement sous les crises, dans le sens que veulent les responsables des crises.
Vous appelez cela « erreurs », « ratés », appelez même la critique de l’UE. Un cauchemar, çà se critique? Un absolutisme, çà se critique? Une autoroute sans sortie, çà se critique?
Sans en tirer de conclusions, je constate un gouffre entre la réalisation européenne, et les « désirs d’europe » exprimés, même par ses plus sincères défenseurs.
Bonjour Madame Lepage,
Pas grand chose à en dire, une banalité.
Simplement regretter des ratés ne suffit pas quand il s´agit de décisions coûtant des vies humaines ou engageant des dépenses considérables et surtout des coûts cachés non provisionnés comme les démantèlements, les déchets et leur sécurisation définitive, les soins aux travailleurs des mines (enfin eux, vu qu´ils sont pas entrés dans l´Histoire, ils peuvent attendre),, etc.
Le choix initial du nucléaire pour la France a été prit par un général à des fins militaires pour produire du Pu pour la bombe dans un contexte de guerre froide.
Le passage au stade industriel massif pour produire de l´électricité, tant qu´il était aux mains de fonctionnaires indépendants et soucieux de la sécurité, pouvait à la limite se comprendre dans le contexte de l´époque (crise énergétique, fonction publique très respectée et respectable, croyance en la croissance te le progrès permanent, …). Mais compte tenu de nos connaissances, nous savons maintenant que nous ne maîtrisons pas suffisamment les risques pour garantir qu´un accident n´arrivera jamais. Or, précisément, nous ne pouvons permettre un accident. Déjà un accident n´ayant « que » des conséquences locales est proprement insupportable, mais aussi, il peut advenir des conséquences globales :
une explosion majeure dans un réacteur chargé massivement en MOX (donc Pu) ou d´une piscine de stockage transitoire a potentiellement la capacité de causer une nouvelle extinction de masse. Extrait de l´article Wiki sur le Pu :
Combien de tonnes de Pu à Fukushima ? On fait une division « Masse de Pu à Fuku » par « population mondiale » Et encore, on sera loin du compte pour évaluer les conséquences puisque toute la chaîne alimentaire serait contaminée pour des temps non humains. Cette photo initiale ne serait que très optimiste.
Alors, oui, il faut sortir du nucléaire. Bien sûr, on sait que les énergies alternatives ne fourniront pas les services dont nous avons besoin (même s´ils peuvent être réduit dans un facteur considérable) Raison de plus pour mettre le paquet sur la recherche sur les énergies propres. Charge à nous ensuite d´utiliser proprement ces énergies propres.
Je suis Ok pour que nous continuions de la recherche fondamentale sur l´atome, mais pas de passage au stade industriel tant que nous maîtrisons si peu.
C´est un point de vue. Conforme à l´esprit jacobin qui anime la démocratie française. Je ne suis pas d´accord, je développe un peu au paragraphe suivant.
Un commencement de fédéralisme… Certes, mais quel genre de fédéralisme ? Un fédéralisme aux pouvoirs toujours plus concentré vers le sommet de la pyramide ? J´appelle pas ça du fédéralisme, ou alors, le fédéralisme à la façon parti politique. Beurk !
On peut pas envisager un jour une confédération ? Un fédéralisme où les décisions viennent d´en bas.
Certains me diront peut-être: « vous n´y pensez pas ! Les gens ne peuvent pas ! Ils sont trop cons ! Cela ne les intéresse pas ! »
Il se trouve que les gens qui crient à la perte de souveraineté expriment bien le fait que ça les intéresse la démocratie. Simplement, ils ne savent pas trop ce que c´est vu qu´ils n´ont connu pratiquement que la démocratie centralisatrice.
Évidemment, ça implique pas mal de changements dans beaucoup de domaines. Toute l´économie-politique doit être revue. Pour s´intéresser à la démocratie et la gérer, il faut être mis en condition et en capacité. Il faut du temps, il faut une éducation populaire, il faut le pouvoir de choisir où, quand, comment et pourquoi travailler, il faut que les compétences soient mises au service et pas à profit. etc…
Effectivement, cela bouscule la chaîne de pouvoir, les rentes de situation, les bonnes places au coin du feu héritées ou conquises. effectivement, cela ressemble fort à une nuit du 4 août. Je parie même que pas mal d´oligarques participeront à cette nuit du 4 août, comme en 1789.
D´ailleurs, il y a un évènement ce 4 août (cf. Madame Lagarde), ce peut être une occasion.
Frat´ Vincent.
///// Les erreurs de la construction européenne ne doivent pas nous conduire à jeter le bébé avec l’eau du bain.
Pas grand chose à en dire, une banalité.//////
Pas d’accord , Vincent W.
Affirmer celà c’est dire que le problème est conjoncturel et non structurel ; c’est dire que le choix structurel est toujours valide et que les echecs ne peuvent venir de cette structure .
Et pourquoi donc ? qu ‘est ce qui permet non seulement de l’ affirmer mais d’en faire un « DOGME » ?
Il me semble (intuitivement d’accord) que le Kmetrage des tuyaux augmente exponentiellement avec la taille du système ce qui rend le Modèle IMPOSSIBLE sans perte des interactions .
Y’a t il un matheux dans l’avion ? qui puisse valider ou invalider mes propos .
@Kercoz
Je ne vais pas m´avancer sur ce que veut dire Madame Lepage par là, je vais vous expliquer ce que je voulait dire. Je l´invite cependant à clarifier son propos.
Je trouve la tournure de phrase banae et surtout, elle n´en dit pas assez et de manière pas assez claire. En s´arrêtant là, on est sûr de contenter une majorité. en ce sens, vous avez raison de rebondir.
Ensuite, quand je soutiens le bébé, reste à définir quel bébé. Pour ma part, ce bébé est la tentative de faire converger des intérêts pacifiquement et de manière organisée et acceptée par chacun. Que la volonté des Peuples avec leurs différences culturelles, de ressources, …puisse être respectée dans un ensemble coopératif et non plus concurrentiel.
Il me semble assez clair que les institutions telles qu´elles sont actuellement ne répondent pas à cet objectif.
Plus clair ? Et merci d´avoir rebondi.
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