Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Ce billet met à jour pour ce trimestre l’analyse du chômage américain que nous avons précédemment effectuée, et qui montrait que la baisse du taux de chômage observée masquait en fait une importante hausse des américains découragés qui abandonnaient l’idée de trouver du travail. Voici où nous en sommes.
On constate que le taux de chômage a désormais cessé sa décrue, entamée en juillet 2010. Le nombre de chômeurs vient ainsi de dépasser de nouveau les 14 millions.
Si on s’intéresse à la variation du taux d’emploi (qui est le complément du taux de chômage, à savoir le nombre de personnes ayant un emploi, ramené à la population active = personnes pouvant et voulant travailler), on note que le rétablissement est relativement net, et semble en ligne avec les reprises de 1975 et 1983.
On constate bien un net retournement de tendance : le chômage augmente de nouveau. En fait, l’amélioration constatée depuis un an n’est pas aussi florissante qu’il n’y parait. Comme nous l’avons exposé, si le calcul du nombre de personnes employées est facile, celui du nombre de chômeurs l’est moins, car cette notion peut être extensive.
Rappelons que les statistiques officielles américaines partent de la Population Totale (312,5 millions en juin 2011), et définissent la Population Civile hors Institutions (Civilian Noninstitutional Population) comme étant celle des 16 ans et plus, qui ne sont pas pensionnaires d’établissements (prisons, hôpitaux psychiatriques, maisons de retraite). Elle est égale à 239,5 millions de personnes, qui pourraient donc potentiellement travailler. Un certain nombre ne le veulent pas (essentiellement les retraités – puisqu’il n’y a pas de limite d’âge dans la définition, beaucoup de personnes âgées travaillant aux États-Unis).
Cette population se scinde entre 153,4 millions d’américains désirant travailler, qui constituent la Population Active Civile (Civilian Labor Force) et 86 millions qui ne veulent pas, la Population Non Active (Not In Labor Force). Sur les 153,4 millions, 14,1 sont au chômage, soit 9,2 %. En mai 2010, on comptait 15,5 millions de chômeurs pour 154,5 millions d’actifs, soit 10,1 % de chômage : le taux de chômage a bel et bien nettement baissé (après un minimum à 8,8% en mars 2011).
Mais à la lecture de ces chiffres, on voit vite le problème : la population active a diminué dans l’année ! Or, on oublie fréquemment un point majeur : la population des États-Unis est une des plus dynamiques dans le monde développé. La population américaine croît de 1 million tous les 4 mois. Observons l’évolution de la population sur les 40 dernières années.
On constate que la population totale a une croissance très régulière, un peu supérieure au cours des vingt dernières années par rapport aux vingt précédentes. On observe la chute historique de la population employée et la hausse consécutive du chômage en 2008. Mais ce qui est plus intéressant est la quasi-stabilité de la population active depuis deux ans, alors que la Population totale ainsi que la Population hors Institutions ne connaissent aucune rupture dans leur évolution tendancielle. Zoomons.
On observe la chute énorme de la Population employée, qui est toujours sous son niveau de 2005 – ceci était attendu. Évidemment, la crise n’a eu aucun effet sur la Population totale, qui continue d’augmenter linéairement. Il en est de même pour la Population civile hors institutions.
Le point saillant est que la population active a cessé de croitre depuis l’automne 2008. Et qu’elle a même diminué depuis lors. Un tel phénomène n’est tout simplement jamais arrivé aux États-Unis depuis 40 ans, même au pire de la crise des années 1970. En conséquence, c’est la population non active qui a très fortement augmenté depuis 2009. Nous n’avons pas de statistiques détaillées sur ces travailleurs découragés, mais ce sont probablement en bonne partie des sexagénaires et des septuagénaires qui ont cessé de travailler, alors qu’ils auraient continué avant la crise. Et au vu des retraites misérables américaines, on comprend que cette population se retrouve en situation difficile.
Grossièrement, le bilan entre le 1/5/2007 et le 31/06/2011 est de : 11 millions d’américains en plus, dont 3 millions dans des institutions (y compris écoles dans ce sens) et 8 millions hors institutions. Ce sont 7,3 millions d’américains en plus dans la population non active, et à peine 700 000 en plus dans la population active. C’est 6,6 millions d’employés en moins, et 7,3 millions de chômeurs en plus.
Depuis 2007, si on prolonge la population active par sa tendance moyenne des 15 dernières années (elle a toujours été très linéaire), ce sont en fait 12 millions d’emplois qui manquent toujours à l’appel – bien qu’il n’y ait « que » 7 millions de chômeurs en plus. Le taux de chômage « officiel » sur cette base ne devrait donc pas être de 9,2 %, mais de 12,4 %. En fait, l’impact total de la crise affecte sans doute plus de 20 % de la population active, directement ou non (travail à temps partiel non choisi…).
Notre raisonnement est cohérent avec l’explosion de la population bénéficiant de bons d’aide alimentaire : + 18 millions en 4 ans. Il semble que la situation commence à peine à se stabiliser, mais il faudra plusieurs mois pour confirmer ceci. Ceci serait une bonne indication de la stabilisation de la situation de l’emploi (mais serait bien loin encore d’une franche « reprise »).
En fait, on observe que les États-Unis connaissent un phénomène nouveau pour eux, et tristement commun pour nous : le chômage de longue durée :
On note qu’avec plus de 4 % de la population active en chômage de longue durée, les États-Unis connaissent un chômage du double du pic historique de 1983… Et si on rajoute toutes les personnes découragées, on arrive à près de 7 % de la population…
On observe bien ceci sur les durées moyenne et médiane de chômage. Les courbes se passent de commentaire… Le pic de 1983 avait eu un impact bien plus limité.
Au niveau de la période récente, aucune amélioration n’est en vue, la durée moyenne augmente toujours mois après mois. Comme la durée médiane stagne, cela signifie que, d’une part, la durée moyenne des petites périodes de chômage et des grandes périodes de chômage augmente… Ainsi, une partie de la population est de plus en plus exclue du marché du travail.
On observe sur le graphique précédent que les exclus sont essentiellement les noirs, mais aussi les jeunes. Il y en fait peu d’écarts suivant le sexe.
Conscients de la problématique des découragés du marché du travail, on peut enfin représenter non plus le taux d’emploi (faussé par la définition de la population active), mais le ratio d’emploi civil, égal au rapport entre la population employée et la population hors institutions. Cet indicateur est beaucoup plus adapté à la situation du marché du travail américain.
On constate bien que la chute est historique. Elle semble marquer un retour vers les niveaux des 30 glorieuses, et la fin d’une des caractéristique du financiarisme aux Etats-Unis : le plein emploi, mais appuyé sur une hyper-consommation à crédit.
Comparons alors la situation durant différentes récessions :
Si on observe une récente amélioration, la situation de plateau depuis 20 mois reste inquiétante. Pour les crises de 1973 (1) et 1979 (2), la reprise de l’emploi a été très nette à la fin de la crise. Ce n’est pas le cas actuellement. Pire, la seule période en quasi-plateau a été en 1980/1981 (3), et avait été le prélude à la plus forte chute de l’emploi depuis 1929.
Comme :
- d’une part, contrairement à 1980, le plateau n’est pas « naturel », au sens où il résulte de mesures de soutien se comptant en milliers de milliards de dollars de création monétaire et de déficits publics. On observe d’ailleurs sur ce graphique officiel de l’administration américaine, de janvier 2009, qui évaluait l’impact positif qu’aurait le plan de relance américain de 700 Md$ par rapport à la situation alors prévue ; en rouge, la réalité…
Source : http://economics21.org
- d’autre part, la correction du taux officiel (pour le remettre sur la tendance historique de la population active) montre que si la chute est freinée, le taux ne cesse de se dégrader mois après mois,
il convient d’être très vigilants sur le devenir à court terme de l’emploi américain.
Pour conclure, nous pouvons enfin retoucher les taux officiels de chômage (le premier, U3, au sens classique, le second qui prend en compte toutes les situations de sous-emploi subi, U6) en réintégrant les découragés du marché du marché du travail, pour avoir une comparaison robuste avec la situation d’avant la Crise.
On observe ainsi qu’aucune amélioration n’a eu lieu depuis 18 mois, et que le taux de chômage complet est d’environ 20 %. Dramatique…
L’année 2011 porte toujours en elle des risques majeurs – d’autant que la situation semble commencer à se re-dégrader.
Olivier Berruyer est actuaire, et créateur du blog www.les-crises.fr.
Cet « article presslib’ » a été rédigé pour le blog de Paul Jorion. Il est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
35 réponses à “LA SITUATION RÉELLE DE L’EMPLOI AMÉRICAIN, par Olivier Berruyer”
On n’en parle plus beaucoup, mais le césium radioactif se dissémine lentement mais sûrement
dans la chaîne alimentaire. Mais il paraît que si vous n’en mangez pas souvent – du boeuf contaminé – il n’y a pas de problème!
merci
j’ajoute une petite précision.
il multiplie sa irradiation de ce qui l’entoure ..
Des jeux olympiques envisagés au Japon..
c’est dans les infos.
@Olivier Berruyer,
compliments pour ce billet.
En complément, j’ajouterais juste ceci (cerise sur le gateau):
une étude récente du Center for Labor Market Studies de l’université Northeastern montre que :
depuis la soi-disante « reprise » de l’économie américaine au deuxième trimestre de 2009 (coincidant avec le début des injections massives par la FED suite à ses programmes d’assouplissement quantitatif QE1 et QE2), 88% de l’augmentation de la valeur ajoutée (croissance du pib) est revenue aux profits des entreprises, 1% est revenue en salaires et autres compensations des employés.
88% pour les capitalistes, 1% pour les travailleurs : génial, non?
Cela fera peut être réflechir tous ceux qui pensent que les QE ont été un succès.
La quasi inégralité des sommes injectées par la FED s’est retrouvée dans les poches de Wall Street et des capitalistes du monde entier.
Bravo Bernanke, vous avez réussi là le transfert de valeur ajoutée le plus massif et le plus rapide de l’histoire de la part revenant au travail vers la part revenant au capital!
Pourquoi s’en étonner ?
Cette politique est parfaitement en adéquation avec la doxa ultralibérale qui dit « les profits des entreprises sont les emplois d’aujourd’hui et de demain ».
Notez qu’une inflexion a déjà été opérée dans cette doxa puisqu’on ne dit plus « les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain », ce qui serait logiquement plus juste mais comme on ne veut pas paraître indécent en ces temps de disette (enfin pas pour tout le monde)…
Tout se tient.
D’aprés les équations de population de Volterra la ‘saturation agricole’ a été atteinte aux USA vers 1910 . Epoque des quotas d’immigration et de création de la FED . Puis industrie puis tertiaire , banques . Et maintenant , ‘saturation’ , tout court , parce qu’ailleurs qu’aux USA , ‘saturation’ aussi . .
Quoiqu’il existe encore de vastes espaces , en Amérique du Sud , en Asie du Sud Est , en Afrique ,en Sibérie , mais quelques obstacles sociaux et politiques de taille.
A moins qu’on ne trouve d’autres techniques et/ou d’autres rapports à la nature et entre nous .
En attendant Geithner et Bernanke font tristes mines , en dehors du déficit fédéral on ne voit à court terme pas grand chose pour endiguer le chomage …
Quant aux Japonais , sont encore plus mal sur leurs petites iles , bien que l’Océan soit vaste .
Analogie : en France la ‘saturation’ aurait été atteinte au Temps des Cathédrales , ce qui a suivi
c’est la Guerre de Cent ans , la peste et le choléra . Espérons qu’on fasse mieux , où que
Volterra ce soit trompé . C’était quand méme un sacré mathématicien !
Sur notre petite planète , nous disposons de 2200m carrés de terre agricole par habitant. C’est peu, mais en utilisant des méthodes agrobiologiques, la population mondiale pourrait manger à sa faim.
(source , à voir absolument pour comprendre ce qu’est un sol).
En Europe, quelques chiffres à méditer:
Surface agricole par habitant, en mètres carrés:
Grèce: 3333 Portugal: 3800 Irlande: 13513 Espagne: 6400 Italie: 2557
Allemagne: 2072 France: 4790
(source)
Ces chiffres sont à pondérer bien sûr, en fonction de la qualité des sols et du climat, des techniques et des modes de faire-valoir utilisés. L’ agriculture grecque, par exemple, peu industrialisée, occupe 23% de la population active. Les agriculteurs grecs sont à 67% propriétaires de leurs terres, et travaillent de petites surfaces (4,5 ha en moyenne). En ce sens, pour faire face à une crise alimentaire mondiale, à des bouleversements entraînés par un éventuel effondrement du système financier, la Grèce aurait bien plus d’atouts que l’Allemagne ou la France, dont les agricultures sont hyperindustrialisées, et dont les populations vivent « hors-sol », déconnectées des réalités agricoles. En Grèce, ai-je lu récemment dans « le Courrier International », pratiquement tout le monde a conservé un bout de terrain familial sur lequel on retourne s’établir pour faire face à la crise.
Tout ça pour dire qu’on pourrait imaginer d’autres façons de calculer, d’autres façons de penser l’économie… Ainsi, un fort taux de population agricole (jusqu’à maintenant synonyme « d’arriération, de sous-développement ») pourrait devenir au contraire l’indice d’une société d’avenir!
L’Allemagne, la France? Placements risqués, population très urbanisée, agriculture totalement dépendante des combustibles fossiles..
La Grèce? Un excellent placement, à combiner avec du Portugal, de L’Espagne…Sans oublier l’Irlande et ses 1, 3 hectares de surface agricole par habitant! Un virgule trois hectare! Voilà qui compense largement l’acidité des terres et le climat un peu humide…
Et tout ça pour dire aussi que le fantasme de la grande crise où « moikavètouprévugrassamonpotagéanbiojemansortirètanpipourlézotres », ça commence à me défriser sérieusement les moustaches. Il n’y a pas de solution individuelle au boire manger dormir habiter se vêtir, mais des solutions locales comme disait Coline, rurales aussi bien qu’urbaines.
Terre à Terre (ce samedi matin sur F. Culture) donnait la voie à Ibrahim Coulibaly, fondateur de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali.
Remarquable intervention.
On peut faire tout à fait autrement, dans l’intérêt des populations et non d’une minorité.
Je n’ai pas suivi l’intégralité mais ça décoiffe sacrément. Je tacherais d’en faire une synthèse DQP.
« Nos dirigeants actuels sont bien pires que les anciens colonisateurs »
« Nos élites issues des villages restent cloîtres dans leurs bureaux et n’ont plus le contact avec leurs origines paysannes, leur villages » (de mémoire).
===> il faut revenir à une agriculture raisonnée…………de l’alter-agriculture.
http://www.franceculture.com/emission-terre-a-terre-souverainete-alimentaire-2011-07-16.html
« De tous les milieux naturels, le sol présente une caractéristique unique : il lie le vivant et l’inerte.
Le vivant, c’est le monde organique, l’inerte c’est le monde minéral. Ce sont les êtres vivants qui assurent ce lien, des plus petits, invisibles à l’oeil nu (bactéries, champignons) aux plus gros (insectes, vers de terre, etc). A chaque instant des milliards d’êtres vivants sont à l’ouvrage sous nos pieds. C’est pourquoi on peut considérer le sol comme une entité vivantes, et parler de SOL VIVANT. » dixit Blaise Leclerc que je re-cite pour son hommage aux vers de terre dans son livre Les jardiniers de l’ombre chez Terre Vivante. A consommer par tous les citadins et jardiniers
en herbe.
J’ai ri 10 bonnes minutes. Avez-vous jamais bêché ne serait-ce que 100m² sans aide motorisée pour oser parler de « peu »? Les rendements de la culture agrobiologique seraient-ils à ce point faibles qu’il faille 1/5 hectare pour subvenir à ses propres besoins (puisqu’on parle de 2000m²/hbt en moyenne.)
Étant moi-même propriétaire d’une surface de moitié moindre à celle que vous évoquez, et ne disposant de pas grand chose d’autre que mes bras pour l’entretenir, je peux vous affirmer sans détour que la tâche me paraît le plus souvent au delà de mes capacités, et nettement supérieure à ce que nécessiterait la couverture de mes besoins. Je me demande donc bien dans quelle mesure vous pouvez dire ce que vous dites sans avoir les genoux qui tremblent.
En France comme aux USA, il n’y a pas que des quadragénaires, quinquagénaires, sexagénaires et des septuagénaires qui sont découragés de rechercher un emploi mais un nombre croissant de jeunes qui n’ont jamais vu leurs parents ni même leurs grands-parents au travail ou en recherche d’emploi et qui abandonnent définitivement comme eux cette recherche d’emploi après le premier refus d’embauche pour se tourner, pour la survie, vers une activité souterraine répertoriée nulle part .
Ces chiffres qui n’apparaissent nulle part me font penser aux chiffres erronés des recensements de population en France, où les sans-papiers n’ouvrent pas la porte aux recenseurs ou cachent les nouveaux arrivants . C’est ainsi que les chiffres officiels du nombre d’élèves scolarisés sur lesquels se base le ministère pour prévoir des fermetures de classes n’a rien à voir avec le nombre réel des élèves à la rentrée suivante .
En matière de chômage, de population officiellement recensée et d’enfants à scolariser, toutes les prévisions sont basées sur des chiffres que tout le monde sait totalement faux .
@Mianne
Ah ok. Bien sûr. C’est la faute aux zenfants de sans-papiers non recensés, aux planqueurs de « nouveaux zarrivants », si on a pas assez de classes ouvertes à la rentrée pour les « avec-papelards » et les zenfants « d’anciens zarrivés ».
Je vois que vous ratez pas une occase pour nous la sortir votre rengaine rance, pour nous le tendre votre petit bout de lorgnette astronomiquement xénophobe.
Je raterai pas une occase non plus pour vous la renvoyer à la gueule, votre lorgnette, Mi-dame Mianne.
Vigneron, faudrait arrêter de regarder le monde à travers un cul de bouteille, ça déforme la vision. Mianne n’accuse personne, sauf les responsables de ne voir que les chiffres officiels sans tenir compte des biais pour saisir de la réalité.
Il faut leur reconnaître qu’eux n’ont pas, comme les entreprises de sondages par exemple, le droit de corriger les chiffres à la main et au pif.
@Nettoyeur HP
Ce n’est pas à vous de répondre ni de laver Madame de tout soupçon. Elle a en la matière – si je puis dire puisqu’il s’agit de matière malodorante et brunâtre, i.e. xénophobe – un petit passif avec arriérés d’explications.
Nulle envie d’aller rechercher les références, elle sait très bien de quoi je parle.
@HP,
O bojol Pif, bien sûr.
c’est pas sur l’emploi américain, mais des graphiques sur la notation des dettes par les chinois 🙂
http://www.rue89.com/graphique/2011/07/17/comment-la-chine-voit-note-les-dettes-europeennes-214518
ça pourrait générer du chômage au final 😀
L’agence de notation Chinoise Dagong sur l’économie US:
http://www.dagongcredit.com/dagongweb/english/pr/show.php?id=102&table=web_e_zxzx
Merci pour ces beaux graphiques!
Ce qui est dramatique: l’évolution rampante du chômage de longue durée, alors que le pays s’est vanté de son système d’assurance chômage « motivant » (contrairement à celui de la vieille Europe) , poussant les gens à trouver le plus rapidement possible un nouvel emploi.
La nouvelle politique qui guidera les gouvernements de l’occident sera plus que jamais focalisée sur la restriction budgetaire, pour faire des économies « à tout prix ». Ce qui aura inévitablement des répercussions sur le commerce extérieur, entre autres, et donc sur l’emploi aussi en Europe.On assistera à une révolution en ce qui concerne les habitudes de consommation et de la vie courante en généneral. Espérons que les pauvres et bénéficiers des minimas sociaux n’en souffriront pas trop.
On rencontre déjà des précourseurs d’un nouveau style de vie aux USA: les « Minimalistes » (www.missminimalist.com) ,ou les apôtres du « downshifting »; on s’y prépare à temps, c’est bien.
Quel dossier remarquable, bravo et chapeau bas.
Si pour chaque sujet majeur l’on disposait d’informations aussi claires on approcherait mieux la problématique et donc les solutions pertinentes (un problème bien posé….).
Pour le chômage en France je m’appuyais avant tout sur les données de :
http://www.chomiste-land.com/chiffrechomage.htm
en complément de ceux produits par l’INSEE.
A chaque fois je me demandais s’il n’était pas plus pertinent d’analyser plutôt le nombres d’actifs selon plusieurs axes (age, CSP, CDI/CDD, type d’entreprise…) et en comparaison avec les populations selon d’autres axes (enfants, étudiants, employables, retraités par âge).
Malheureusement, on dispose de données bien plus nombreuses et accessibles aux USA qu’en France…
Essayez de trouver ne serait-ce que les stats chômage en France sur 40 ans, vous verrez, c’est un plaisir… 🙁
Pas facile de faire de belles études…
Pour poursuivre mon raisonnement (voir plus haut), au risque d’apparaître par ailleurs très éloigné de la problématique de l’emploi américain, mais pas de celle des statistiques en général, je me demande:
– quel est le montant du P.I.B. mondial?
– quel est le montant de la dette mondiale?
– quel est le taux d’endettement de la planète Terre, en pourcentage du P.I.B.?
Quelqu’un a-t-il des éléments de réponse?
D’autre part, à propos de surfaces agricoles (encore):
Pour l’instant, le sol ne vaut rien, puisqu’il n’est considéré que comme un support inerte nécessitant l’apport d’intrants pour fonctionner: quelque part, c’est tant mieux! Mais il me semble, et je le crains, que compte-tenu de sa rareté et de sa nécessité, la terre pourrait constituer, bien plus que l’or, une ultime valeur refuge pour des spéculateurs aux abois. Ce qui pose la question de la répartition des terres, des modes de faire valoir, de la propriété des surfaces agricoles, en un mot: de l’interdiction de la spéculation sur les surfaces agricoles.
C’est ça qui est bien avec cette crise: elle nous force à prendre conscience que nous sommes tous dans le même bateau. Et du coup, on s’aperçoit que finalement, la planète Terre n’est pas un si mauvais placement! (Comme dit Claude Bourguignon, « tu sèmes un grain de blé, tu en récoltes cent: qui dit mieux? »). Peut-être même que l’humain, au fond, n’est pas qu’un support inerte nécessitant l’apport d’intrants pour fonctionner?
Il y a pourtant une solution simple à tout cela remplacer le mot compétitivité par le mot solidarité.
Même les plus riches qui en crèvent de se montrer vivraient tellement mieux si seulement ils osaient penser autrement.
@Reno Future,
suivant les chiffres du FMI, le PIB mondial en utilisant les taux de change annuels moyens (c’est à dire non ajusté au pouvoir d’achat réel des monnaies) était en 2010 de $63 000 milliards
tout dépend de quelle dette on parle.
Si on prend la dette de chaque pays comme étant la dette des administrations publiques plus la dette des ménages plus la dette des entreprises privées, excluant la dette des institutions financières qui sinon serait comptabilisée deux fois, cela donne :
pour les pays de l’OCDE (pib $43 000 milliards, ie 68% du pib mondial)
.administrations publiques : 105% du pib (d’après les chiffres de l’OCDE)
.ménages : 75% du pib (d’après un rapport de McKinsey datant de début 2010)
.entreprises : 90% du pib (idem)
dette totale = 270% du pib = $116 000 milliards
pour les pays en voie de développement (pib $20 000 milliards, ie 32% du pib mondial)
.administrations publiques : 40% du pib
.ménages : 35% du pib
.entreprises : 45% du pib
dette totale = 120% du pib = $24 000 milliards
ce qui donne une dette mondiale totale de $140 000 milliards (220% du pib) dont plus de 80% pour les pays de l’OCDE ( les pays sur-développés par le surendettement).
Merci pour ces chiffres, c’est parlant! Faudra-t-il privatiser jusqu’à l’air qu’on respire pour pouvoir payer ne seraient-ce que les intérêts? On voit bien que ce système est absurde!
Au fait, a qui les doit on ces milliards, au Martiens?
Dis-donc Vigneron quelquefois tu quittes ton écran pour aller t’aérer les neurones ?
@dissonance,
Connaissez-vous la Grelinette? C’est un genre de fourche à deux manches, très pratique pour aérer le sol sans se blesser le dos. Sinon, la traction animale, âne, cheval, boeuf,…, c’est pas mal non plus, avec un outil polyvalent comme ceux que concevait Jean Nolle. Mais le mieux, ce sont les lombrics, comme le dit @Mariange un peu plus haut: en jardinage biologique, tout comme en grandes cultures, on ne retourne plus la terre! Un bon conseil, dissonance, oubliez la bêche! C’est un instrument de torture totalement obsolète! En tous cas, chapeau, si vous arrivez à être autonome en nourriture sur votre « petite surface »! Dans nos pays industrialisés, où la base de l’alimentation est carnée, il nous faut en effet plus de 1,5 ha par personne pour nous nourrir…
>Dans nos pays industrialisés, où la base de l’alimentation est carnée, il nous faut en effet plus de 1,5 ha par personne pour nous nourrir…
Ah merci, je voulais justement poser la question.
@Reno et Dissonance :
une centaine d’ euro pour une fourche beche a 3 dents ! c’est de l’arnaque …
Utilisez du BRF …perso je n’ ai pas bèché depuis 4 ans ..la pédofaune fait ça mieux que moi .
Pour les possibilités d ‘auto suffisance d’ un pays , j’ai retrouvé cet échange sur OLEOCENE, au sujet de l’ Angleterre durant la guerre :
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Aerobar a écrit:
Alter Egaux a écrit:
la GB en 1936 en prévision du conflit avec l’Allemagne nazie : insulaire, elle a augmenté par planification sa résilience de façon inouïe, rien que par des décisions rationnelles et démocratiques.
Quelques chiffres pour quantifier cette augmentation « inouïe » de résilience ? « Rien que par des décisions rationnelles et démocratiques » : quelques exemples ?
Tu ne savais pas ? Comment crois tu que les anglais ont résisté seul, sur leur île, avec les sous marins allemands dans les parages ?
Le parlement britanique avaient institués 2 comités, le premier pour le plan de rationnement alimentaire, et pour l’autre, le stockage des marchandises, dès avril 1936. Les comités furent créés dans 476 districts.
1936 : 2/3 de l’alimentation était importées.
1939 : 12,9 millions d’acres de terres cultivées, 120 jours d’autonomie alimentaire.
1944 : 19,8 millions d’acres de terres cultivées, 160 jours d’autonomie alimentaire.
Etc… Tu as tout le détail dans « le manuel de transition » de Rob Hopkins, page 71 (vf), et plus dans le livre de A.F. Wilt, « Food of war : Agriculture and Rearmament in Britain before the second World War » (2001).
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Perso je cultive env 500 m2 et je pense , avec 4 poules couvrir plus de 60% de nos besoins alimentaires …. Il me manquerait une culture de stock (patates , blé ou haricots … ) sur la meme surface …pour combler le manque
POur la survie , l’animal est a éviter , il necessite la meme surface qu’un humain ….sauf a habiter pres de surfaces gratuites (montagnes , forets , rivieres …)
Ce qui me fait sourire c’est que les gens présentent le jardinage et la période ou elle dominait , comme une « galère » proche de l’esclavage …alors que ceux qui le pratiquent sont surpris d’ y trouver plaisirs , satisfactions et fierté , n’ ont plus trop envie de « vacances » ou de voyages …..Ca permet de s’interroger sur nos « besoins » réels et sur l’impact du système sur nos comportements ……..
Je conseille la methode de Jean Marie Lespinasse de Labrede (« un jardin naturel » ) : culture sur buttes de1,20 de large , maintenues par des planches …Une planchette amovible sert de banc . Le fait d’etre proche du sol permet une vision a 45degré rapprochée ,de cultiver sans pietiner le sol ,et de ne plus faire de lignes ……. Les travaux de repiquage et d’eclairssissage deviennent un réel plaisir …avec une biere ou un café ..
Jean-Marie Lespinasse à La Brède, pas Jean Michel connais pas. Ya Jean-François aussi…
Alors comme ça tu produis aussi ta bière et ton arabica girondin ? Vindiou…
Utiliser le BRF ok, je le fais aussi (depuis 2 ans), mais il vient d’où ce Brf.
A t on déjà calculé l’énergie nécessaire pour la gestion du BRF, quel est le rapport entre surface cultivée et la surface de bocage nécessaire à la culture.
Ceci dit, une symbiose entre haies et culture est la bien venue, c’est ce que je commence dans le jardin communautaire.
Ceci dit il est clair que la pédofaune travaille mieux que nous et le travail du sol est de moins en moins nécessaire.
Tout cela est évolutif et on n’y arrive pas du jour au lendemain.
Merci à tous ceux qui travaillent dans ce sens.
@Vigneron: qué jean michel ? je ne fais pas ma biere , mais j’ai un oranger en pleine terre .
@M. Lambotte:
Sur le site des « jardins de BRF » on a développé ces thèmes . l ‘apport nécessaire de BRF sur un terrain optimum en humus serait de moins de 1cm /an , ce qui rejoint les résultats des chercheurs chinois (les notres ont autre chose a faire , c’est Mon§anto qui les paient !) : 7 à 9 tonnes /ha de radicelles sont abandonnées par les arbres de façon structurelle (comme les feuilles) chaque année) .
Avec tres peu d’apport externe , une haie en courte rotation de 3m de large devrait suffire autours d’un terrain de foot ….ce qui d’autres part , ravirait le bassin versant , les piafs , les gosses , les amoureux et les peintres ..
Pour l’energie , un individu normal devrait pouvoir faire tourner un broyeur avec un volant d’inertie et un bon, dérailleur ou des bicepts ……s’il ny a pas de moulin ds le coin , mais 10A au compteur suffisent .
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http://www.afs-journal.org/index.php?option=com_article&access=standard&Itemid=129&url=/articles/forest/abs/2004/07/F4041/F4041.html
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Ce lien montre la producrion de radicelles inf a 0, 4 cm larguée chaque année ….il explique les resultats de l’agroforesterie et des BRF …….les branches terminales ont la meme composition que les radicelles en nutriment et lignine .
@dissonance,
A titre indicatif, 2200m2, sans intrants ça représente grosso-modo 2 litres de lait par jour, ou pas tout-à-fait deux kilos de pain. Ce qui n’est pas rien, même si c’est pas Byzance. Mais vous avez raison, cultiver à la main ça demande beaucoup de main d’oeuvre, et c’est là où je voulais en venir pour me rattraper aux branches du thème des taux de chômage. Si on calculait différemment, un fort taux de chômage pourrait apparaître comme quelque chose de positif: la capacité qu’aurait une société de laisser une partie de sa population active disponible pour les travaux des champs. Aux Etats-Unis, par exemple, la population agricole est de trois millions de personnes. Rapportée aux surfaces cultivables (373 millions d’ha), ça ne fait pas grand monde! Et rapportée aux trente millions de chômeurs et aux quarante et quelques millions de personnes qui vivent de bons alimentaires, cherchez l’erreur! Ce que je veux dire, c’est que finalement, on sait quoi faire, ce n’est pas le boulot qui manque, et on sait comment le faire (par exemple agrobiologie) pour que ce soit reproductible, viable, durable, équitable, etc. Mais ça ne rapporte rien, pas de profits juteux à espérer, et en plus ce serait dangereux que les quidams s’autonomisent. Donc, ça coince, on nous fait croire que notre seul horizon est d’être perpétuellement condamnés à essayer de redresser des « P.I.B. » qui s’affaissent, à « aller chercher la croissance avec les dents », à « se mobiliser pour retrouver un emploi »… Stop, stop et re-stop, y’en a marre!
» Quand on n’a pas de métier , il est temps de trouver un emploi » …
Quand on n’a pas d’emploi ( on parle d’ailleurs dans le jargon des idéologues financiers « d’équivalents temps plein » ) , il est peut être temps de trouver un métier :
« menestier ,mistier , puis mestier , issu du latin ministerium altéré en misterium, par l’infl.de mysterium- mystère-. C’est un doublet populaire de ministère, issu du latin chrétien pour » service divin » « .
Je n’ai jamais connu de métier à temps partiel, même si j’ai connu des » doubles ou triples actifs ». Dont toutes celles qui ont femme pour métier .
J’aime bien quand le métier creuse sa différence avec l’emploi là où ies Arts et Métiers s’épousent .
Mais je me désespère quand « de bons citoyens comme ceux d’Arcis , voudraient faire métier et marchandise de la sainte mission du député » – Balzac.
@Reno Futur
J’ai 62 ans et je travaille toujours à plein et pour moi l’emploi ne signifie plus rien, cela peut paraître paradoxal, mais c’est la réalité.
Alors, si vous en avez marre lisez la Troisième Vague d’Alvin Toffler, (1980) vous ne serez pas déçu, c’est ce qui se passe aujourd’hui.
une civilisation qui dépend du marché mais n’est plus dévorée par le besoin de construire, élargir, parfaire et intégrer cette structure. Une civilisation capable d’adopter un nouvel ordre du jour – précisément parce que le marché existe déjà.. »
http://gillesmartin.blogs.com/zone_franche/2009/06/index.html
Créer aussi la vraie démocratie
http://www.pauljorion.com/blog/?p=26228#comment-201883
« Quand on n’a pas de métier , il est temps de trouver un emploi »
Il vaut mieux naitre chomeur que l’etre devenu ( Bobby Lapointe)