Billet invité
Vous savez qu’Obama est communautarien ? C’est en tout cas ce qu’a expliqué Julie Clarini dans sa chronique « Les idées claires » du 23 Juin 2011. Je la cite :
«..l’historien James Kloppenberg, spécialiste de l’histoire intellectuelle américaine,… voit chez Obama tous les traits d’un homme marqué par la pensée communautarienne. Le mot n’évoque rien de ce repoussoir qu’est pour nous en France la communauté, ou au communautarisme. C’est une école philosophique qui répond au libéralisme en l’attaquant sur sa conception de l’individu ; le libéralisme postule un individu sans attache, exclusivement rationnel ; cet être-là n’existe pas aux yeux des communautariens pour qui l’homme est autant relationnel que rationnel. La dépendance vis-à-vis de l’autre est tout aussi constitutive de l’homme que sa raison. L’homme est toujours issu d’un groupe et porteur de valeurs qui le façonnent. »
J’ai voulu creuser un peu plus la question et je n’ai pu éviter quelques textes très documentés d’Alain de Benoist sur cette controverse américaine libertarien-communautarien . Depuis quelques temps, je mène une réflexion qui m’a emmené du côté d’Auguste Comte et de la sociocratie qui pourraît très facilement s’inscrire dans la généalogie de la pensée communautarienne, tant elle a de points communs avec elle. La fécondation de la pensée d’Auguste Comte avec la cybernétique a permis à Gérard Endenburg d’appliquer la sociocratie de façon cohérente au management auto-organisé de son entreprise dans les années 70-80. Son expérience se poursuit aujourd’hui dans le monde entier sous l’égide du « Global Sociocratic Centers Website ». Je voudrais souligner que la sociocratie d’Endenburg tient plus que tout à ce que l’entreprise ou l’organisation ne soit plus le siège « d’aucune objection argumentée d’aucune personne», ce qui est cohérent avec une démarche systémique pour laquelle plus l’information disponible est juste et large et mieux il sera possible de guider le système. Il s’agit donc d’un mode d’organisation qui non seulement n’écarte pas les objections des participants, mais de plus les souhaite et s’en enrichit.
Alain de Benoist est connu pour ses anciens liens avec l’extrême droite et quelques démêlées avec le MAUSS et j’étais quelque peu troublé par cette proximité qui me semblait contre nature entre son penchant communautarien et l’extrême droite. Pas moyen pour moi de mettre Obama et le FN dans le même sac. Dans un premier temps, j’ai pensé que ce temps était révolu, qu’Alain de Benoist avait évolué. Mais non, il en ressort qu’il adhère aux thèses essentialistes très élaborées de Michael J. Sandel sur l’identité, thèses que chacun peut retrouver, soit parfois en clair, soit en filigrane, dans les thèses du FN. Je cite Alain de Benoist :
Les communautariens affirment ainsi que tout être humain est inséré dans un réseau de circonstances naturelles et sociales qui constituent son individualité et déterminent, au moins en partie, sa conception de la vie bonne. Cette conception, ajoutent-ils, vaut pour l’individu, non en tant qu’elle résulte d’un « libre choix », mais parce qu’elle traduit des attachements et des engagements qui sont constitutifs de son être. De telles allégeances, précise Sandel, « excèdent les valeurs que je peux maintenir à une certaine distance. Elles vont au-delà des obligations que je contracte volontairement et des “devoirs naturels” que je dois aux êtres humains en tant que tels. Elles sont ainsi faites que je leur dois parfois plus que la justice ne le demande ou même ne l’autorise, non du fait des engagements que j’ai contractés ou des exigences de la raison, mais en vertu même de ces liens et de ces engagements plus ou moins durables qui, pris tous ensemble, constituent en partie la personne que je suis ».
La boucle est bouclée, le glissement subtil vers l’identité essentielle, communautariste, semble alors fondé.
L’accès d’Amin Maalouf à l’Académie Française m’a remis en mémoire son livre sur « Les identités meurtrières« . Dans ce livre, il dépeint la cohabitation de plusieurs identités en lui, sans qu’il éprouve le besoin de nier l’une au profit de l’autre. Il s’attaque, ainsi que le titre l’indique, aux identités exclusives, aux identités vécues comme essentielles, c’est à dire faisant partie intégrante de notre personne, ces identités meurtrières. C’est un livre que j’avais beaucoup apprécié à sa sortie, me sentant moi-même habité d’une multitude d’identités (rural, urbain, Breton, Français, Européen, citoyen du monde, catholique, agnostique, animiste sur les bords…) et ne me sentant pas dans l’obligation de choisir l’une ou l’autre au détriment de toutes les autres. A sa façon intuitive et réflexive, Amin Maalouf nous accompagne dans une découverte de notre vie intérieure qui nous éloigne d’une vision nauséabonde de l’identité, qui nous éloigne du « français de souche » et des thèses identitaires castratrices et pathologiques propres à tous les fascismes.
Si Amin Maalouf nous éloigne de l’identité animale de la meute en nous démontrant la pluralité de nos habitus, il ne fait toutefois pas le saut qualitatif qui nous ferait résolument percevoir l’identité humaine comme un processus cognitif et non comme un processus proche de l’empreinte animale. C’est ce petit effort supplémentaire que j’aimerais le voir accomplir pour nous aider encore un peu plus à nous débarrasser des identités meurtrières, à passer de sa vision multiculturaliste à une vision communautarienne (je n’ai pas dit communautariste) ou sociocratique cognitive. Nous passons d’un milieu social à un autre en un éclair, nous pratiquons les codes propres à l’entreprise, à l’association, à la famille, au groupe d’amis… chacun pouvant prétendre à un morceau de notre identité, alors que ces codes peuvent être incompatibles, certains se rapportant à une hiérarchie puissante, alors que d’autres sont égalitaires. Est-ce pour cette raison qu’on peut nous affubler de schizophrénie ? C’est que l’identité est en fait un processus cognitif, un apprentissage et non une essence. Ce qui peut nous donner l’illusion de l’identité-essence, c’est la complicité qui peut se développer entre les pratiquants aguerris du même jeu de codes, c’est le goût de la subtilité partagée qui procure cette illusion. Certains éléments de code comme les phonèmes, et sans doute bien d’autres, sont plus difficiles à acquérir avec l’âge, ce qui renforce probablement l’illusion de l’identité-essence.
Je crois que le courant communautarien moderne s’écarte des anciennes thèses essentialistes de l’identité et est assez en phase avec cette vision dynamique et systémique de formation d’un jeu de codes communs. Le communautarisme à l’ancienne écarte et réprime les objections, ainsi que les objecteurs, alors que la bonne compréhension du guidage des systèmes conduit au contraire à encourager et organiser les objections et faire une place à chacun des objecteurs. C’est, je crois, toute la différence entre l’organisation communautarienne ou sociocratique et l’organisation communautaire classique. Le statut de l’identité, essentialiste ou cognitive, y joue un rôle de premier plan
Il reste le poids de l’engagement. Dès lors qu’on s’engage pour une cause, quelle qu’elle soit, notre perception s’en trouve radicalement transformée. L’engagement est peut-être le moteur de transformation le plus puissant de l’identité cognitive dans l’illusion de l’identité-essence. Le tableau de Magritte « Ceci n’est pas une pipe » peut-il nous aider à remettre la perspective à l’endroit ? A faire en sorte que nous soyons habités par nos identités mais que celles-ci ne nous possèdent pas ? A nous soigner de notre folie identitaire universelle ?
Vous avez un truc pour ça, vous ? La laïcité peut-être ?
177 réponses à “AMIN MAALOUF, ENCORE UN PETIT EFFORT !, par Michel Martin”
Ce que vous dites, est très sévère et pas complétement faux.On juge les gens à leurs actes et pas à leurs prétendues appartenances,ce qui d’une certaine façon met un point final à ce débat de haute volée.Debussy un peu décalé c’est bien.
Réponse à nérima-kun.
@ Piotr,
Je vous suis entièrement sur ce que vous pointez très justement.
1. Pendant que nous parlons d’identité, nous ne sommes pas dans le faire mais dans la paralysie que nous impose ce concept de toutes les façons indigeste et dont la puissance est celle de nous faire asseoir chacun de nous pour qu’il délie une pelote imaginaire.
2. Depuis mon humble expérience humaine, je dirais que nous sommes simplement des êtres en tension, et ce :
1. entre une multitude d’orientation qui, d’ailleurs pour certaines, sont variables selon l’humeur et les temps vitaux ;
2. avec un mix qui nous particularise
Ceci étant posé, on perçoit bien l’intérêt de polluer la richesse qu’offre cette vie en tension en tentant de mettre fin à cette tension. Et c’est exactement ce que permet la notion d’identité. Autrement dit, en rangeant la multitude sur l’une ou l’autre des polarités multiples qui existent et qui couvrent tous les domaines de notre vie, on la rend impuissante (la multitude).
Alors au lieu de perdre son temps, assis sur son rocher à penser et ressasser une identité qui n’a jamais existé, cultivons notre indéfinissable mouvement : celui-ci nous rend parfois chaud, parfois tiède, parfois froid; il nous fait rencontrer les autres mais nous autorise aussi à nous reccueillir dans la solitude et le silence.
Ceux qui polarisent le font parce qu’ils se sont eux-mêmes polarisés écrasés qu’ils sont par un naturalisme atrophié et ignorant. Leur bénéfice est une accumulation de richesses disproportionnée dans une moitité de vie qui les rend certes dangereux, mais tellement inintéressant.
Alors, soyons indéfinissable à l’extrême, débordant de potentialités et non de performance. Le grain de sable ne s’en cristallisera que fort mieux et la machine finira par pêter un cable.
Eux mangeront leur lingot d’or et nous nous construirons d’autres potentialités. Au passage, nous aurons renvoyé dans sa grotte, le monstrueux fascisme dont la cybernétique n’est pas tout à fait étrangère.
L’humain n’est pas un gadget fait de hardware ou de software et accompagné de mode d’emploi. Cette analogie est l’une des plus terrifiante qui soit et doit impérativement être mise de côté.
Ne jouons pas ce jeu mais plutôt celui de brouiller les pistes en permanence et ce de façon sereine.
Forte hausse du chômage en France en mai:
Le nombre de demandeurs sans activité a ainsi progressé de 17’700 en mai par rapport à avril, soit une hausse de 0,3% sur un an et celui des personnes en quête d’emploi ayant exercé une activité réduite a bondi de 39’400, atteignant son plus haut niveau depuis la crise de 2008. La hausse est de 3,8% sur un an.
Avec les départements d’outremer, la France compte au total 4,341 millions de demandeurs d’emploi.
Toutes les catégories ont vu leur situation se détériorer. Ainsi, après une décrue ces derniers mois, le nombre des demandeurs d’emploi jeunes (moins de 25 ans) a augmenté de 1,3% sur le mois à 429’000. Les jeunes ayant exercé une activité réduite sont aussi plus nombreux à rechercher un travail (+1,3% à 621’00O).
http://www.romandie.com/news/n/FranceChomage_hausse_du_nombre_des_demandeurs_d_emploi_en_mai280620111806.asp
« Nous passons d’un milieu social à un autre en un éclair, nous pratiquons les codes propres à l’entreprise, à l’association, à la famille, au groupe d’amis… chacun pouvant prétendre à un morceau de notre identité, alors que ces codes peuvent être incompatibles, certains se rapportant à une hiérarchie puissante, alors que d’autres sont égalitaires. Est-ce pour cette raison qu’on peut nous affubler de schizophrénie ? »
Quand j’ai commencé la pratique ( du zen ) , je voyais les montagnes comme des montagnes.
Puis au fur et à mesure que je pratiquais, je ne voyais plus les montagnes comme des montagnes.
Aujourd’hui que j’ai atteint le satori, je vois de nouveau les montagnes comme des montagnes.
( in » Le chemin des nuages blancs n’est plus ce qu’il était » )
Hello Brothers…Comme vous auriez aimés entendre dire B.O, I’am comming and « I DO IT »! …But…Isn’t it…So big deal…In France …The only way we have to seen now, in the present…So.. »Art-ZO »..Aujourd’hui nous possédons au moins une valeur de plus qu’il y a dix ans…Plusieurs femmes postule à l’élection présidentielle…Et ça c’est un grand progrès, chez les Français, je dirais même un immense progrès…Il y a seulement 15 voir 10ans …Will be impossible…Today is possible…Une femme « Présidente »…Yes we can(‘T(kant)… quel progrès!…Voilà, c’est tout ce que j’ai à déclarer ce soir…Merci de me lire…Aussi pour B.O…Je préfère J.O.B(°!°)…Allez loue Ya…On finit en musique, en espérant que cela vous aura distrait.
http://www.youtube.com/watch?v=qbphJHiAfdU
Une petite dédicace spécial pour Régoris :
http://www.youtube.com/watch?v=2RVrZOMOfXc&feature=related
Idle….Il n’est pas question de « pitié pour les croissants » sur ce site…Regoris est « bien trop à l’ouest » pour les censeurs et les penseurs …de ce site…En aucun cas, ils ne peuvent admettre le coté Belge et absurde de Régoris 😉
Très bon article. Mais soyez francs, dites-vous qu’un métis a une identité-cognitive plus riche et plus complexe qu’un blanc ou un noir? Que l’identité-cognitive est plus riche et plus complexe si l’on navigue entre plusieurs milieux culturels tel le patron du FMI plutôt que si l’on est un pauvre plouc qui n’est pas sorti de son village ou de son petit milieu culturel étriqué?
Là on en arrive à des considérations beaucoup plus triviales que les envolées lyriques concernant ce nouveau clivage entre libertariens et communautariens.
En musique une blanche vaut deux noires…
Je vais faire une ronde…
Rien de trivial dans mes propos Piotr, sauf la forme. Lorsque Maalouf parle des identités meurtrières, il parle des gens qui sont trop attachés à une identité culturelle. Autrement dit, il parle des gens qui ne savent pas relativiser les identités culturelles. Autrement dit, il parle des gens qui n’ont pas réussi à intégrer de multiples identités culturelles mais sont au contraire possédés par une identité culturelle.
Donc, pourquoi ne pas avouer franchement t trivialement que c’est cette position que l’on défend? A-t-on peur de se faire comprendre des identités-cognitives moins riches et plus engagées? A être clair, on pourrait pourtant aussi discuter plus clairement des avantages et inconvénients de l’une ou l’autre situation.
un pauvre plouc qui n’est jamais sortie de son village, ça me fait penser (par opposition), au personnage de Miss Marple, d’Agatha Christie
Moi,
Je suis assez d’accord avec Levy Strauss pour dire qu’il n’y a pas de sous-culture, à moins d’adopter un point de vue utilitariste.
Ceci dit, je crois qu’on a démontré qu’il y avait un lien entre la richesse du vocabulaire et la délinquance ou la réponse violente aux situations de la vie.
Je ne vois pas bien le rapport avec mes questions. Un hybride culturel (pour reprendre la terminologie de kercoz) peut avoir la même richesse de vocabulaire qu’un « mono-culturel ». Et l’inverse. Certains disent par exemple que si les enfants apprennent des langues étrangères très tôt, cela affaiblira leur maîtrise de la langue maternelle. D’autres soutiennent le contraire. Je pense en ce qui me concerne que cela n’a aucun rapport avec l’hybridation. (contrairement à l’engagement affectif, qui là est clairement lié à l’hybridation ou à son manque, l’article fait bien de l’appuyer)
Si j’ ai bien compris , l’ hybridation (en tout cas végétale) , peut apporter l’amélioration d’ UN caractere , mais en général est récessif sur la majorité des caractères ………….Ce qui , en fait est un plus , car ie métis dispose de plus d’adaptibilité que ses géniteurs . Si son hybridation lui fait reculer qqs bifurcations , ces bifurcations sont AUSSI des interdictions de possibilités de bifurcations future (suis pas trop clair , mais c’est un concept interessant).
Je n’ai pas compris, mais vous, vous avez compris de quoi je voulais parler: les avantages et inconvénients de l’hybridation (j’aime bien ce terme qui me semble paradoxalement moins biologiquement connoté que « métissage »).
Pouvez-vous développer votre idée svp? Je suis nul en biologie. Pourriez-vous par exemple exposer l’idée en termes sociologique ou culturels (quitte à voir ensuite qu’elle doit se cantonner à la biologie)?
@Moi .
Je suis désolé , mais suis aussi assez nul en bio ….J’avais entendu ce concept qui me plaisait tout en étant effrayé de la possibilité de son usage raciste , j’ai pas trop cherché mais ça reste a confirmer ou infirmer :
La « spécialisation » d’ une espece sous une contrainte externe (environnementale ou concurencielle) , lui permettait une « bifurcation » pour améliorer un créneau de prédation (couleur du poil , bec plus long etc …)…mais que cette spécialisation etait d’un autre coté une faiblesse parce qu’irréversible (a moyen terme) ………….L’ hybridation pourrait etre un moyen de revenir en arriere sur plusieurs bifurcations …… l’ idée est séduisante parce que c’est une possibilité supplémentaire de frein a l’entropie de la spécialisation .
Si un bio qui tient la route nous lit , ce serait sympa qu’il donne son avis …est ce vraiment stupide ?
Pour les langues , il parait évident qu’en enfant maitrisant tres tot plusieurs langues va booster ses capacités a jongler avec des concepts et surtout avec les nuances de ces concepts , qui varient d’une langue a l’autre et tous les 20 km ds la meme langue ….
Si « Me » Non…Il nous reste entre NOUS encore une chance :
http://www.youtube.com/watch?v=fLL1dfDvGhw
Pour B. Obama , bain moussant comme j’aime a l’appeler…J’ai une dédicace bien « Frenchy » pour lui :
http://www.youtube.com/watch?v=oYLYGbyiHJA
On communique parce qu’on se sent comme unique.
Ce sentiment d’unicité ne peut s’eprouver que dans l’action,a
La condition qu’ideal du moi et moi ideal soient à l’Unisson.
Et pourtant pour un mot d’elle j’ai change de modele.
Toutes ces réflexions d’origine anglo.américaines
montrent que ce peuple (les USA ) a été fondé par des intolérants
eux-mêmes victimes d’intolérance.
Ou, dit autrement, parmi tous les héritages dont ils pouvaient
se prévaloir , ils n’ont magnifiés que celui des Pères Pélerins.
Aucune notion de synthèse, tout ou rien.
l’ Autre menace et « oblige » à se définir.
(Sauf si cet Autre a à offrir des dindes…)
Au même moment, plus au nord, des français rejoignaient
les Indiens, en adoptaient les coutumes et fondaient des familles.
Les Pères Blancs bénissaient ces mariages négligemment et écrivaient
des dictionnaire ou établissaient des monographies, travail
autrement sérieux.
On imagine bien l’horreur -la déchéance – des « coureurs des bois »
au yeux des Anglais titulaires d’une mission
divine : apporter la civilisation ( manifest destiny).
Nous sommes une terre de liberté et laique, et tolérante
parce que la sphère privée est respectée .
Tout autre est l’embrigadement et la restriction personnelle
par une définitions obligée et contraignante.
C’est peu de dire que nos libertés sont menacées maintenant que
l’intolérance et le volonté normalisatrice deviennent des
« valeurs » à prendre en compte.
Il y a des flous, des incertitudes, des innommés, tous
bénins, à préserver: ne vous définissez pas.
oui, c’est effrayant, sauf pour les grands obsessionnels …
pas de carcan ! restons libres de nos incertitudes, de nos doutes, de ce qui, peut-être, pourrait advenir …ou pas, ou ailleurs, ou autrement …
tout ceci n’est pas innocent : on veut soumettre les populations à l’Hubris de quelques uns :
pas un poil qui dépasse ! rompez !
ça jamais! : ici, nous pensons que la Loi protège ( le faible contre le puissant ), mais nous sommes aussi volontiers ananar ( les petits doigts sur les coutures du pantalon, c’est définitivement non !)
Simplement mais magnifiquement dit !
Simplifier à outrance les phénomènes physiques peuvent les rendre incompréhensibles.
D’une certaine façon la pression n’est que l’effet visible de la complexité intrisèque et peut être même incompréhensible (théorie du chaos) du mouvement de ce nous pensons être des particules.
Ici ce qui m’intéresse c’est que d’une certaine manière « l’effet » est perceptible même si la cause est incompréhensible. C’est une piste de recherche actuelle sur la compréhension de la gravité.
Et si mon identité culturelle, tous mes « moi » réunis, étaient du même concept. J’ai un « effet » autour de moi dont j’ai conscience et les autres aussi… Mais mon identité dans tout cela est-elle si compréhensible et même « formulable » ?
schizophrénie, le terme est un peu fort comme le souligne un intervenant, disons dissociation générale.
billet pratique pour déclamer sans conséquence sa foi en la déstructuration identitaire que porte un système aux abois, mais dont on profite bien. je lisais donc avec circonspection ces banalités et conjectures tendance schizoïde sur le nouvel immortel que l’auteur eut aimé voir se fourvoyer, mais un immortel ne l’est pas pour rien non plus, en effectuant le saut qualitativement stupide suivant:
l’immortel en question qui doit s’y connaitre, si l’on tient compte de la consonance arabo-musulmane de son patronyme, ne pouvait décemment faire un saut qui s’inscrit par ailleurs tout à fait en contre avec ce que représente l’institution dont il fait partie aujourd’hui, à sa plus grande gloire, au moins personnelle s’entend.
puis vient la conclusion du billet, seule partie véritablement intéressante et emprunte de lucidité:
c’est un fait, ici s’exprime un pas de deux, structurant et déstructurant… comme il est plus difficile d’incarner et de mener que de renier ou jacqueter, dans les milieux intellectualo-socialisant il est à présent définitivement acquis que la défaite idéologique a fait basculé les penseurs de salons du côté du système de la rapacité organisée, quitte à vendre les bijoux de famille identitaires déjà bien ramollis, et pour le reste de s’essuyer les pieds.
ah si seulement j’étais français, cultivé, catholique, mais surtout riche… qu’est ce qu’être (éventuellement) métis pourrait être excitant !
ah si seulement la vie pouvait n’être que virtuelle, le hasard programmable, les athées passeraient presque pour sincèrement intelligents.
malheureusement, on ne peut pas faire semblant d’être courageux…
http://www.communautarisme.net/Plus-les-societes-deviennent-inegalitaires-plus-elles-sont-attachees-a-la-diversite_a1036.html
Méthode,
j’apprécie votre argumentation et comprend le ton nostalgique de votre commentaire. Mais je crois que nous avons à reconstruire des collectifs face aux forces libertariennes, pour des raisons d’équité et pour des raisons écologiques. Mais je ne crois pas que nous puissions le faire aujourd’hui sur le mode identitaire ancien. Le courant communautarien me semble porteur d’espoir tant qu’il saura ne rien lâcher sur l’importance de faire une place à chacun, à chaque objection et à chaque objecteur. La tentation communautariste sera très forte, mais si elle venait à dominer à nouveau, je la vivrais personnellement comme une régression vers les identités meurtières.
Bonjour à tous
Il y a deux « saltimbanques » qui ont bien posé la question de l’identité et de son aliénation dans une société occidentale:
Charlie Chaplin au début des « Temps modernes »
Stanley Kubrick dans « Full Metal Jacket »
ces deux illustrations sont assez en accord avec les processus identifiés par R. Girard..
@Vigneron
« La seule forme de pensée économique qui soit conforme aux Évangiles, c’est le libéralisme !
In « Des lions menés par des ânes » de Charles Gave, le libertarien/conseil financier (ou le contraire) tendance M. Friedman, auteur du texte de conseil financier/libertarien (ou le contraire…) mis en lien par Gilles. »
La parabole des talents indique clairement la non pertinence des critères comptables matériels dans le » royaume ».
En conséquence, il ne peut y avoir d’économie et donc de pensée économique dans ce monde là- Il semble que ce Gache soit expert en matière de contraindre des pensées carrées dans des trous ronds!
Cordialement
« …Vasubandhu, de son côté, confirmera également cette analyse à propos de la question de la distinction que les êtres effectuent, quasi mécaniquement, entre les termes de ce qui est, pourtant, une unique et identique réalité, écrivant: « C’est la connaissance gui se dédouble en sujet et en objet, en moi et en non-moi, et apparaît abusivement sous ces deux aspects. » C’est donc bien la connaissance, l’acte de la conscience, qui est à l’origine de l’erreur, c’est la conscience… qui se trompe lourdement et se méprend sur l’interprétation qu’il convient de donner aux impressions immédiates qui traversent en permanence les facultés de perception. C’est la connaissance, par l’effet du dédoublement se produisant continuellement entre le sujet et l’objet, qui se trouve donc à la source de l’illusion, c’est elle qui est responsable des impressions fallacieuses et des absurdes certitudes qui nous emprisonnent tragiquement à l’intérieur d’un univers dépourvu de vérité. On est donc en droit de se demander ce qui pourrait constituer véritablement l’essence, le fondement de la réalité, puisque, si on accorde une certaine crédi-bilité aux positions exposées par Asanga et Vasubandhu, rien ne peut être retenu, ni accepté, des certitudes à partir desquelles nous avions antérieurement instauré notre mode d’être au monde. Le problème semble même prendre une dimension supérieure, si l’on veut bien considérer que les premières bases de nos évidences habituelles se révèlent être fausses, car c’est alors l’ensemble de nos présupposés les plus assurés et convictions les plus installées, qui s’effondrent définitivement dans le même mouvement de dévoilement déconstructeur que réalise, sans aucun ménagement, l’école Yogâcara… »
Jean-Marc Vivenza dans TOUT EST CONSCIENCE
« On est donc en droit de se demander ce qui pourrait constituer véritablement l’essence, le fondement de la réalité »
« La distraction spéculative ne s’explique psychologiquement que par un commerce assidu avec l’histoire mondiale, avec le passé. Au lieu d’être tout à fait en éveil sur soi-même comme quelqu’un qui vit dans le présent et a l’avenir devant lui, pour se laisser ainsi mettre en état de reproduire psychologiquement le moment individuel, qui n’est qu’un facteur dans l’histoire mondiale, on mélange tout et on veut anticiper son propre passé – pour en venir ensuite à l’action, bien qu’il semble pourtant assez facile de comprendre que ce n’est qu’une fois qu’on est dans le passé qu’on a agit. »
« … je ne la comprends que quand je la réalise vivant dans mon intelligence, et non comme les enfants quand ils cassent la montre en morceaux pour saisir la vie qui est en elle, et non comme la spéculation qui transforme l’individu dont il s’agit en quelque chose de tout différent pour ensuite, le comprendre. Mais de lui, en tant que mort, je ne puis apprendre ce qu’est la vie ; cela je dois l’apprendre par moi-même, et c’est pourquoi je dois me comprendre moi-même, et je ne puis au contraire après avoir compris de travers l’individualité en question à la façon historico-mondiale, aller plus loin et laisser cette fausse compréhension me venir en aide pour me comprendre moi-même tout aussi faussement, comme si moi aussi j’étais mort. » (p 131)
Kierkegaard pose toutes les questions que se posent les psy (et pas seulement) à propos de la théorie et de leur rapport avec la théorie analytique, le danger d’une fermeture dogmatique que contient toute théorie. L’inanité de la réponse préconçue qui n’apporte rien, etc.
D’où vient que le penseur le plus sympathique et le plus vrai, pour moi, soit chrétien ? mystère….
D’où l’inutilité du débat sur l’identité nationale et autre, ces petites étiquettes, ces colifichets dérisoires. Ce sont des normes nationales tout au plus…
Un article de Jean Zin, brillant comme d’habitude, sur notre animalité qui apporte beaucoup d’éléments à ce débat.
Désolé , il a une bonne tete , mais je bloque dès le début :
//////Il est tout aussi indéniable que nous nous séparons de l’animalité par le langage, exigeant le respect des autres et de ne pas être traités comme des animaux mais comme des hommes libres et responsables ; ce qui ne veut pas dire qu’on n’aurait plus rien d’animal, ni qu’on ne devrait pas traiter beaucoup mieux les animaux qu’on ne fait.. //////
Y’ a pas grand chose de vrai ni de pertinent là dedans .
Le langage n’est pas la démarcation , s’il y en a une .
Le respect des autres , c’est juste « sa place ds le traffic » , la hierarchisation , en usage chez tous les animaux sociaux …Le reste c’est Bisounours ….
C’est Louis Dumont, Norbert Elias, Enriquez, Mauss, B-Naguy, etc. (la liste est très longue), qui m’ont aidé à comprendre en quoi le socius, le collectif, le communautaire fait partie de nous, que quand on dit Je, on dit aussi Nous.. Et ce qui m’a intéressé, c’est justement de comprendre comment se tressait le familial, le communautaire et la dimension personnelle. Quelle marge de manoeuvre on avait pour dire Je au milieu de ce fatras de « racines » comme dit Duchamps. « Il faut apprendre à nager au-dessus des racines ».
Mais je crois que c’est le religieux qui permet le mieux de penser la difficile identité quand on est pluriel, parce que traditionnellement, les religions se combattent : « Gott mit uns ». Et quand on est comme certains un mélange de plusieurs religions familiales, on doit travailler à ne pas se rabattre sur l’une ou l’autre des religions, sinon on se coupe un bras. On peut alors sans synchrétisme (c’est à dire sans pour autant abolir les différences), se constituer comme UNIFIE dans la diversité des acquis de chaque univers religieux qui nous a influencé. On prend alors les différences intérieures comme des signes de richesse, une capacité de comprendre le monde, d’entrer en relation avec des gens de tous horizons, accrue de ces savoirs, qui ne scindent plus, mais deviennent ainsi complémentaires.
Qu’Amin Malouf ait abordé ce sujet n’est pas indifférent, venant du Liban, il sait ce que sont ces identités où communauté/religion/quartier/région sont quasiment homothétiques. Pour arriver à s’en sortir quand on est un « Mischling » (je reconvertis ce mot nazi en mot positif pour décrire le mélange dans une personne), il faut donc beaucoup détricoter l’identitaire mono-culture pour aller vers un identitaire unifiant..
Le travail que sans doute Obama a dû faire étant donné ses origines.
http://anthropia.blogg.org
Merci à Paul Jorion pour avoir accepté de publier ce billet sur « les je et les nous » qui me tenait à coeur, merci à tous d’avoir passé un peu de votre temps à le commenter, certains commentaires vont continuer à produire leur effet encore longtemps, et merci beaucoup aux modérateurs pour leur sens aigü de la tenue de route.
Cioran voyait déjà venir l’agonie:
« Les temps qui viennent seront ceux d’un vaste désert ; le temps français sera lui-même le déploiement du vide. La France est atteinte par le cafard de l’agonie. »
« Lorsque l’Europe sera drapée d’ombre, la France demeurera son tombeau le plus vivant. »
D’autre part il a su mesurer une partie essentielle de ce qui nous constitue :
« On n’habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c’est cela, et rien d’autre. »
Attaquées de toutes parts les langues vivantes demeurent jusqu’à présent le cœur d’un engagement ou d’un abandon à la férocité de l’expert. Pas d’autre choix que l’invention – c’est une respiration – au moment même de l’asphyxie générale. Je peux très bien jeter en l’air la structure mais avec un minimum d’humour. Le jeu apporte une grande fraîcheur aux esprits fatigués.
Le fameux « Je pense donc je suis » n’est pas à prendre au pied de la lettre.
Je crois y voir un immense vertige. Passer et repasser sa main sur son front au moins pour essuyer les sueurs froides.
Comme il était génial ce peintre qui a dit : Je pense donc je m’écroule.
Michel Serre dit que l’identité c’est une question administrative (prénom, nom, date de naissance, adresse et éventuellement quelques caractéristiques physiques qui sont susceptibles de changer). Mais qu’en fait ce qui est appelé « identités » ne sont que nos diverses appartenances, multiples, à divers territoires, croyances, vision du monde, etc.
Ceci permet de sortir du communautarisme qu’il soit une appartenance historique à un groupe ou un territoire, ou une appartenance volontaire à telle ou tel groupe de croyance, de pensée, d’action, etc.
tout autant que du libertarisme, puisque nous sommes toujours issu d’une famille et d’un groupe humain plus ou moins large et qu’il nous faudra prendre conscience de ce que cela implique (en quoi cela nous détermine à agir ou à nous empêcher de penser et d’agir dans une certaine direction).
Il n’y a pas d’identité essentielle, à moins de considérer que notre prénom et notre nom ou notre date de naissance détermine notre être, non seulement dans ce que nous « sommes » mais dans ce que nous pensons et les actes que nous posons ! (Il faut dire que certains croient que le prénom détermine le caractère…)
Si Serre dit ça , il dit des conneries ! une « identité » c’est pasq réducteur a une « carte » …c’est ce qui a « formé » ou formaté un individu , a l’insu de son plein gré . Un etre humain , n’est pas humain sans son groupe et le « groupe » actuel , ne forme que des etre incomplets , néoténiques , non adultes et de plus en plus dépendants du système …l’ identité de l’individu se rapproche de celle d’une fourmi , identique a sa voisine …. il faudrait arriver a réaliser que l’aliénation issue d’un groupe restreint , si elle est forte , autorise une plus grande réalisation de la personalité d’un individu .
http://www.counterpunch.org/
Obama en guerre contre les dénonciateurs
De tendance décroissantiste, je ne crois pas à un retour à des unités de vie de 35000 habitants, où chacun devrait apprendre les gestes qui permettent la survie d’une communauté ramassée…Pour autant, je suis convaincue que la fin du pétrole, mais aussi des métaux est pour bientôt. Que faire jusque là? attendre? développer des solutions basées sur l’exploitation de ces métaux, et on est sauvés?
Les décroissantistes je pense sont divers, et ceux qui comme moi, mettent la politique, la question des rapports de force, à la base de tout combat écolo (éco-socialisme?) ne sont pas des grands naifs, des ‘y a qu’à » « faut qu’on ». Mais par ailleurs, ceux qui décident de commencer par eux même en choisissant un mode de vie totalement décroissant, et bien, tant mieux: leur choix n’est pas un programme politique mais l’occasion de questionnement. Et c’est déjà ça.