Addendum (11 juin 2011) : Les organisateurs du festival ont fait part publiquement d’agissements malheureux : certains commentateurs du blog leur auraient envoyé des mails insultants. Si tel est le cas, c’est éminemment regrettable et je tiens à signaler que je ne suis bien évidemment pas à l’origine de ces attaques et que je les condamne fermement.
Je cite les propos des organisateurs :
Lorsque quelques jours auparavant Paul Jorion nous avait dit que s’il était attaqué « les gens de son blog sauraient le défendre », nous avions cru à de l’humour.
Ce qui prouve que les organisateurs du festival du documentaire savent reconnaitre le bon humour du mauvais, quand ils le veulent.
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Mercredi, à mon arrivée à Lasalle dans le Gard, pour le festival du documentaire, où je devais participer hier samedi à une table-ronde, l’un des organisateurs m’a pris à part pour m’expliquer qu’une équipe de clowns interviendrait, non seulement une fois la table-ronde terminée, mais aussi durant les débats. Les autres participants à mes côtés étaient Éric Hazan, fondateur et directeur des éditions La fabrique, qui publient entre autres Frédéric Lordon et « L’insurrection qui vient », et François Plassard, promoteur historique du Revenu Minimum Garanti et des monnaies alternatives.
Le thème de la table-ronde était : « Quand prendrons-nous le temps ? » et la couverture du programme du festival apporte une précision sur le temps dont il est question, puisqu’elle montre une petite fille portant un grand panier de cerises. J’ai dit à cette personne que les sujets qui seraient débattus étaient sérieux et se prêtaient mal à être tournés en dérision par les temps qui courent. Je n’avais bien entendu aucune objection à ce que les clowns commentent à leur façon nos interventions une fois que nous aurions terminé, mais je m’opposais personnellement à des interruptions pendant que nous parlions. J’ai cru lors de cette conversation que si l’on me demandait mon opinion, c’était pour qu’il en soit tenu compte. Les faits prouveraient que je m’étais trompé et la raison qui me fut alors donnée était que « ça se fait toujours comme ça », autrement dit, que la chose n’avait jamais été négociable. En réalité, on ne m’avait donc pas demandé mon avis.
Comme on pouvait le prévoir, cela s’est très mal passé. J’ai parlé le premier : j’ai évoqué à propos de « prendre le temps », les pêcheurs bretons d’autrefois qui disaient de la construction indispensable des casiers (nasses) à homards et à crabe, qu’ils la faisaient « à temps perdu », et l’un des clowns est alors monté sur le podium avec un caddy dans lequel se trouvait une horloge, montrant qu’il avait capturé le temps, comme on capture un crustacé. Pourquoi pas. Mais quand un autre est venu brutalement interrompre mon voisin au milieu de son plaidoyer en faveur du Revenu Minimum Garanti, j’ai réagi, disant que je préférais de loin entendre ce qu’il avait à dire. Quelqu’un dans la salle m’a reproché avec véhémence mon « manque d’humour ». Je lui ai expliqué que je n’avais rien contre le fait que chacun exerce son métier – clowns y compris – mais qu’un accord avait été passé entre les organisateurs et moi pour que la table-ronde et le cirque aient lieu l’un à la suite de l’autre et non simultanément.
Lorsque les débats furent terminés et que les clowns restèrent seuls en scène, je tins à aller participer personnellement à leur petit spectacle et lorsque les lumières s’éteignirent une première fois, je retrouvai la clownesse en-dehors de la salle, où nous eûmes une longue conversation amicale qui élimina – je l’espère – tout malentendu.
Une question me reste : qu’est-ce qui peut bien passer par la tête d’un organisateur de festival du documentaire qui décide qu’on améliorera la qualité d’une table-ronde en la faisant interrompre par des clowns ? Je ne connais pas la réponse, mais je connais le moyen de la découvrir : l’année prochaine j’irai, pour voir, interrompre la projection de quelques documentaires par des remarques humoristiques. Attention : pas de la dérision ! uniquement – comme cette année-ci durant la table-ronde – de l’humour, et de la meilleure qualité !
344 réponses à “LE MESSAGE, AVEC OU SANS IMAGES”
« Slam The Clown Live »
http://www.youtube.com/watch?v=2xj0jPKtWgU
intégration du waoow capitalisme?
Pas si vieux pourtant :
http://www.knowtex.com/nav/lordon-et-le-capitalisme-waoow_14458
http://www.economist.com/node/17035923?story_id=17035923&CFID=144334867&CFTOKEN=25154858
Il est vrai que c’est surprenant. Voire idiot.
Cela place le public dans la position de l’enfant qui doit être diverti et l’on retrouve les jeux du cirque romains…
Cela rejoint aussi le dégout que j’ai eu en découvrant un jeu, dans un rayon de supermarché, consistant à retrouver les publicités en fonction des marques ainsi que leurs logos.
Consternant.
Et, en même temps, je me demande si ce mouvement bien profond de manipulation ne va pas se retourner avec d’autant plus de violence contre ses auteurs.
Les psychologues fuient les « fortes têtes » non sans raison…
Pierre Larrouturou, auteur de «Pour éviter le krach ultime».
http://www.20minutes.fr/article/735353/interviewez-pierre-larrouturou-auteur-pour-eviter-krach-ultime
Excellent livre, excellent bonhomme
Une seule question : pourquoi le débat ne sort-il pas plus ???
bonne journée
« Une question me reste : qu’est-ce qui peut bien passer par la tête d’un organisateur de festival du documentaire qui décide qu’on améliorera la qualité d’une table-ronde en la faisant interrompre par des clowns ? »
Il était une fois un général rentrant à la capitale, auréolés de victoires arrachées et d’agapes sanglantes avec la mort; Sur son char, il pénétra la Ville, poussé par des cohortes aux yeux de Chimène, pour s’envoler, pour cueillir l’éternité, pour étreindre la gloire.
Il fallait bien un petit esclave posté derrière lui désigné pour souffler régulièrement au creux de son oreille « La gloire est éphémère.. »
Hello à tous…Un peu de musique:
Greg Pattillo ripping in the studio, PROJECT Trio
L’humour a ses limites, que seule la connerie dépasse…
@Paul Jorion,
vous auriez pu lui demander ce qui se passerait si un organisateur de festival du cirque décidait d’améliorer la qualité du spectacle en l’interrompant par des tables rondes sur des sujets sérieux?
Peut être pourriez vous en suggérer l’idée aux organisateurs du festival international du cirque de Monaco?
Par exemple, interruption du spectacle de haute voltige avec une table ronde Jorion / Lordon / Todd / Sapir sur la haute voltige dans la finance internationale.
En plus, à Monaco, cela pourrait intéresser pas mal de spéctateurs…
oui, mais là, on saurait qui sont les fauves =) et, il y aurait un grand plaisir à les mettre en cage !
bon courage au dompteur ! devra les empêcher de se dévorer entre eux ! quoique …
ensuite : le débat, animé et contradictoire, pourrait avoir lieu …sans langue de bois
rêvons …
A Groland, ils ont la solution.
http://www.youtube.com/watch?v=mcpHHhe03MI
Un peu expéditive certes!
Groland : La crise expliquée tout simplement
http://www.youtube.com/watch?v=1r00GL4F780
Golan : Tsahal a la solution. La crise (le massacre d’hier) expliquée tout simplement par Mark Regev, porte-parole du gouvernement israélien pendant les tirs :
http://www.youtube.com/watch?v=X-lJkOzhZnk&feature=player_embedded
La Quadrature du Net :
Jérémie Zimmermann s’exprime au forum e-G8
Lire la vidéo
« Nous ne sommes pas des voleurs » Article publié sur mon blog : http://neosting.net/video/lintervention-de-jeremie-zimmermann-au-forum-eg8.html Merci à FanSub Streaming pour l’origine de cette vidéo…
00:02:12
Ajoutée le 24/05/2011
945 visionnage(s)
Mai 2011
EDITO :
Ce mois de mai a été mouvementé, et principalement occupé par la préparation du « G8 de l’Internet » voulu par le président Sarkozy.
Cette rencontre des chefs d’États, et le « eG8 forum » qui l’a précédé ont été l’illustration de la rencontre malsaine entre les intérêts de gouvernements qui ne cessent d’attaquer Internet et nos libertés en ligne et ceux d’entreprises qui de plus en plus basent leurs modèles économiques sur le contrôle et la restriction.
Outre le lancement de l’appel à résistance créative g8internet.com (appel soutenu et relayé par d’impressionnants collectifs artistiques ou citoyens de par le monde!), le « eG8 forum » a été l’occasion pour Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net, de « s’incruster » pour tenter de faire entendre ce son de cloche dissonnant par une intevention lors de la table ronde sur le droit d’auteur, de nombreuses interviews, et l’organisation d’une conférence de presse réunissant d’éminents membres de la société civile invités pour faire bonne figure.
Les conclusions du G8 ne laissent aucun doute: en accord avec la politique dévoilée par le Commissaire européen Michel Barnier sur le futur du droit d’auteur en Europe, les chefs d’états appellent à toujours plus de répression, d’une façon étrangement alignée avec le contenu de l’accord ACTA. Ces appels à faire coopérer des acteurs privés dans la guerre contre le partage sont effrayants et doivent à tout prix se heurter à notre opposition la plus ferme.
Le vote prochain de l’ACTA par le Parlement européen sera l’occasion décisive de faire entendre notre voix.
ANALYSES ET DOCUMENTS PUBLIÉS PAR LA QUADRATURE
– Le spectre de nos libertés, par Félix Tréguer et Jean Cattan
– HADOPI : L’Aveuglement, par Jérémie Zimmermann
– LQDN répond à la consultation IPRED
Je vous trouve bien patient et maître de vous, Mr Jorion. Moi j’aurais déjà pété un plomb à la première vision de ces grotesques professionnels de l’humouuuuuur.
Enfin ,très content de lire ici des commentaires critiques du barnum alter « faut-laisser-le-peuple-s’exprimer » censé démontrer à la ménagère matant les infos du 20 heures que la contestation c’est « sympathique ».
« … de le connerie en barre toute la journée! »
http://www.youtube.com/watch?v=sZ_L9HPq67E
Autre acteur… Autres tragédies…
La pianiste Isabelle Huppert [final scene]
En lisant les commentaires j’étais trop mord de rire vive les clowns Surtout le boss !!
* Fitch says a potential Greek debt exchange if voluntary, could still be considered a default event
* Fitch says Greek debt exchange would be a default if bondholders terms were worse than original terms
* Fitch says stressed sovereign debt exchange with worse terms is a technical default even if deemed voluntary
zhedge
@Paul Jorion
ce n’est pas la première fois que votre discours est interrompu par un clown. Je me rappelle , un jour, à l’instigation d’Attali, vous avez été invité sur LCP à l’émission Bibliothèque Medicis. Et je me rappelle bien, alors que vous ne disiez rien, il y a un clown grimaçant qui s’est mis à interrompre l’interlocuteur du moment pour vous prendre à parti « dis toi, le barbu je t’aime pas » , c’était très drôle là aussi.
Et c’était même pas Clown-Blanc-Auguste-Nuage-Blanc-Clio-etc. 😉
D’ailleurs, les images de Clown Blanc, le chou-fleur (à ne pas confondre avec la choucroute, pas plus que biomimétique, avec gastronomique), l’ananas, face nord, face sud me manque un peu …
mais tout de mêmes des images des « indignados », place de la Catalogne, 27/5/2011
http://www.designk.es/acampada/general/barcelona.php
Tiens oui, où qu’il est passé l’ennemi aux cent visages ?
« Qu’ont-ils vu, tous, qui aurait rendu un adulte fou ?
Quelle chose innommable ? Obscurs souvenirs… Pour les uns, momie aux yeux de goudron frais, pour d’autres, oiseau-roc monstrueux, lépreux au nez amputé, loup-garou, vampire à la bouche hérissée de lames de rasoir…
Tous avatars de Grippe-Sou, le Clown ! ÇA !
L’ennemi aux cent visages… »
Stephen King, ÇA
http://www.youtube.com/watch?v=LD4BBtOSv1A
Nol : » Enfin , très content de lire ici des commentaires critiques du barnum alter « faut-laisser-le-peuple-s’exprimer » censé démontrer à la ménagère matant les infos du 20 heures que la contestation c’est « sympathique « .
Pardonnez-moi Nol mais il semblerait que vous fassiez ici une confusion. Vous parlez de façon méprisante du » barnum Alter « , on peut vous suivre jusqu’à un certain point peut-être mais il ne faut pas non plus regarder le doigt quand on vous montre la lune. Je m’explique.
Il s’agit ici moins d’un « barnum alter » que de personnes au RSA ou d’ »intermittents du spectacle » embauchés par un festivalier qui a besoin pour inviter des intellectuels exigeants de subventions publiques …et donc au vu de l’idéologie dominante » face book » ( On ne véhicule que des propos « positifs » ) ce dernier à eu la sombre idée de rendre festif tout et n’importe quoi en invitant des …..clowns et en parasitant son propre festival. Étrange histoire !
Les clowns sont à plaindre ici par rapport à l’indigence de leur art, mais il semblerait que la « direction artistique & conceptuelle » du festival ait plus de soucis à se faire que ces pauvres intermittents du travail qui cherche maladroitement pitance.
Visiblement pourtant exigeant puisqu’il invite M.Paul Jorion et d’autres personnalités pour débattre du réel tel qu’il ne se donne pas toujours à voir, le directeur du festival – par un tropisme bien étrange – a décidé de se saborder par un lâchage de clowns pendant une agora qui tente de faire participer un public non averti avec les rouages de la haute finance et inquiets par la crise économique mondiale. Bref, la ruine totale pendant l’éveil à la pensée.
Il s’agit ici plus d’une kermesse de la misère que du simple » barnum alter » que vous semblez mépriser tant. Oui, ce qui est dommageable ici , ce n’est pas qu’il y ait des clowns pendant le festival qui gagnent leur croûte difficilement, c’est qu’ils fassent mal leur job par l’accumulation de clichés usés et de pantomimes ringardes, tout en tuant le travail d’autrui. C’est le festivalier lui-même qui se déshonore en gâchant stupidement l’apport apporté par M.Jorion et d’autres dans la difficile communication avec les citoyens largement déjà ravagés par la « CUCULISATION » du monde.
Et c’est à ce point là que le bât blesse. Quand on est » ARTISTE « , on ne fait pas n’importe quoi. Lire Guy Debord, Witold Gombrowicz, George Orwell c’est le B.A BA aujourd’hui si on a un peu d’ambition, fut-elle grimée d’un nez rouge. Nous assistons visiblement ici non seulement à un art indigent mais surenchérissant sur le ravage contemporain. On a presque envie de rire tellement c’est stupide de bêtise. Quitte à savourer le réel tel qu’il se donne, je préfère personnellement revoir « les Idiots » de Lars von Trier plutôt que de communier dans la « beaufitude » exacerbée. La » berlusconisation » ne passera pas par moi.
Les saltimbanques contemporains ont du pain sur la planche puisqu’ actuellement le système économico -médiatique a largement repris à son avantage financier leur art pour le désubstantialiser. Le clown professionnel contemporain n’a pas affaire au bourgeois rigoriste chrétien d’hier, il a en face le phénomène de » la cuculisation de la population » dénoncé en son temps par Witold Gombrowicz. Bref, pas facile d’être clown aujourd’hui ! Il va falloir aux clowns travailler plus profondément pour survivre à leur art et à eux-mêmes, s’ils ne veulent pas se faire humilier plus longtemps en humiliant les autres. En l’occurrence lors de ce festival M.Paul Jorion et consort.
Le mot d’ordre était : « Il faut en rabattre hein ! OK ? » – Mais c’est ignoble !
La résistance, la contestation aujourd’hui ce n’est pas d’en rabattre, au contraire c’est d’en remontrer ! EN REMONTRER ! Pigé les clowns ? Mais pas en faisant n’importe quoi !
On ne se laissera pas dresser ni avec des rires enregistrés, ni par des clowns sinistres qui se trompent d’époque et ont oublié de travailler » les classiques » – Nous ne sommes pas des intermittents du Spectacle ! A bas le Spectacle ! Non à la soumission forcée qui voudrait que l’on rie sur commande ou que l’on se marre sous l’assaut d’ injonctions paradoxales !
Et pour sourire un peu au delà de mon propos : Le clown maléfique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Clown_mal%C3%A9fique
Vous y étiez donc ?
Note pour « Jeff »
ici, mon intention première était de faire allusion à la critique – à l’eau régale – de Chaplin par Debord et consorts.
l’Internationale lettriste N°1 .
Serge Berna, Jean-L Brau, Guy-Ernest Debord, Gil Wolman.
Novembre 1952
@ jean luce Morly
Votre citation fait vite cas de Chaplin; n’oublions pas » Le Dictateur » avant de le traiter de faccho !
À propos du texte précédemment cité et rédigé à l’occasion du lancement de Limelight au Ritz,
L’internationale lettriste se révoltait contre « le culte que l’on rend communément » à Chaplin.
en résumé, ce genre d’événement montre comment on va progressivement de la déstructuration à la destruction du débat. La World cie, elle, peaufine et structure le sien avec bien plus d’ordre et d’efficacité. La preuve, les portugais viennent d’élire leurs bourreaux, et ça, c’est pas des clowns!
Vont pas rigoler nos frères lusitaniens…
couper la parole,
c’est empêcher de parler,
c’est stopper l’émergence d’une idée qui commence à se propager,
c’est enfin permettre la dégringolade de son auteur si par malheur il devait monter trop haut dans l’opinion.
Tous les moyens sont bons pour encadrer ce qui s’échappe du pré carré
S’acharner sur une personne par le biais d’une « petite phrase », dénaturer un débat par l’intervention de clowns ….
Ces idées me sont venues à la lecture du dernier billet de Jean François Kahn, et je ne sais pas pourquoi, j’y ai mis un trait d’union avec les clowns du « festival du documentaire » …
http://www.marianne2.fr/jeanfrancoiskahn/Avis-aux-populations_a198.html
Dommage que J.-F. K. jette l’éponge par dépit, alors qu’il a tant donné au journalisme et tant fait pour permettre à ceux qui ne pensent pas nécessairement comme lui d’exprimer leurs idées.
Il fallait le voir à la Maison de l’Europe, printemps 2010 où dans un débat resté fameux qu’il avait organisé et qui réunissait notamment Lordon et Jorion, endossant le rôle du modérateur ne décourageant nullement ses invités d’exprimer des positions aux accents quasi révolutionnaires, suscitant l’enthousiasme du public et des applaudissements nourris.
Jorion de dire — déjà — qu’il n’y avait plus grand chose à attendre de ceux qui nous gouvernent, qu’il nous appartenait donc à nous citoyens de prendre notre destin en main, et Lordon de dire que le moment venu il faudrait répudier les dettes, prendre le contrôle politique des banques.
Pour un journaliste centriste, et même un ex élu du Modem, avouez qu’on a connu plus mou du genou !!! 🙂 Mais je soupçonne Jean-François Khan d’adopter une façade modérée pour faire passer plus facilement dans l’opinion publique des idées nettement plus radicales ! 😉
On aimerait à gauche avoir chez plus de politiques cette liberté de ton et de parole, et surtout ce goût immodéré du débat.
Pas tout à fait.
Pour moi, JFK a une « pathologie » : renvoyer dos à dos.
Ce pour quoi il lui faut deux opinions opposables, et lui , JFK, qui va introduire the synthèse.
C’est un peu un biais psychologique, comme un qui voudrait au fond éviter la lutte en disant « mais vous vous battez alors qu’il y a sûûûrement une troisième chose qui n’est aucune des deux votres ».
Ce qui ne m’empêche pas de reconnaitre qu’il a sublimé ce biais tant et plus, pour le bonheur de nombreux lecteurs.
@ Pierre Yves et Timiota
Dans son billet, JFK écrit ceci :
Il a donc l’intention de passer à la vitesse supérieure, comment je n’en sais rien, son blog doit ré-ouvrir en septembre prochain, nous verrons bien.
@timiota
Blablablabla.., « JFK a une « pathologie » : renvoyer dos à dos », « biais psychologique », « qui voudrait au fond éviter la lutte ». Clichetons primaires et vaste blague.
JF Kahn a été, est toujours, d’abord et avant tout, un putain de bon journaliste. Un journaliste rare dirais-je même. Et un « créateur » ou directeur de journaux tout aussi rare – les Nouvelles Littéraires puis le mythique Autre Journal , l’évènement du jeudi, Marianne… Je l’ai jamais vu dévier de ses convictions, Jamais du club des dirigeants du Monde de l’Obs, de Libé, du Point, etc, comme d’autres, endetté éternel, Irritant souvent, maladroit quelquefois, malhonnête jamais. Critique avec la presse comme aucun autre. Dèfenseur de la presse idem.
Et puis merde l’affaire Ben Barka en 65, deux jours après l’enlèvement, c’est qui ? Lui et Derogy reprters à l’Express. Qui était en première ligne contre de Gaulle à l’époque ou contre Sarkozy hier et aujourd’hui ? Il était pour le oui au traité constit en 2005 et aussi la voix la plus forte à s’élever contre le traitement médiatique mainstream ouvertement anti-nonistes.
Juste en illustration et en manière de résumé du zig, la liste des titres de ses essais :
La Guerre civile, Seuil, 1982
Et si on essayait autre chose ?, Seuil, 1983
Les Français sont formidables, Balland, 1987
Esquisse d’une philosophie du mensonge, Flammarion, 1992
La Pensée unique, Fayard, 1995
On prend les mêmes et on recommence, Éditions Grasset & Fasquelle, 1997
Les Poèmes politiques, Fayard, 1998
Tout était faux, Fayard, 1998
Demain la révolution, Flammarion, 1999
Chacun son tour, Stock, 2000
Complot contre la Démocratie, Denoël, 2000
Le Retour de terre de Djid Andrew, Critique de la raison capitaliste, Fayard, 2000
Victor Hugo un révolutionnaire, L’Extraordinaire Métamorphose, Fayard, 2001
Moi, l’autre et le loup, Fayard, 2001
Les rebelles, ceux et celles qui ont dit non, Plon, 2001
Ce que Marianne en pense, Éditions Mille et une nuits, 2002
Le Camp de la guerre, Critique de la déraison impure, Fayard, 2004
Dictionnaire incorrect, Plon, 2005
Comme deux frères – mémoire et visions croisées (avec Axel Kahn), Stock, 2006
Les Bullocrates, Fayard, 2006
Tout change parce que rien ne change, Fayard, 2006
L’Abécédaire mal-pensant, Plon, 2007
Sur l’invariance en politique, Fayard, 2008
Où va-t-on ? Comment on y va, Fayard, 2008
Pourquoi il faut dissoudre le PS, Larousse, 2008
L’Alternative. Oui, c’est possible !, Fayard, 2009
Dernières salves. Supplément au Dictionnaire incorrect et à l’Abécédaire mal-pensant, Plon, 2009
Faut-il croire les journalistes ?, avec Philippe Gavi, Edwy Plenel, Jean-François Kahn et Serge July, Éditions Mordicus, 2009
Philosophie de la réalité. Critique du réalisme, Fayard, 2011.
Petit César : comment a-t-on pu accepter ça…, Fayard, 2011.
Alors ? « Renvoyer dos à dos », « Biais psychologique » ?
Et sur son opinion de la presse, une interview de 2003 :
http://www.press-list.com/Interviews/Marianne.php
Et me parlez pas des apparts de la Ville de Paris, please…
@vigneron
Que JFK ait su faire marcher des journaux là où ça marchait, vous avez raison mille fois.
Qu’il ait su se démarquer des cercles convenus du NouvelObs/Libé/LeMonde, très vrai aussi.
Qu’il puisse aligner une vision du monde, là c’est limite (et c’est sans doute tant mieux car sinon il aurait arrêté le journalisme).
J’ai l’impression qu’il a juste trouvé le point de fonctionnement pour broder disons à deux niveaux logiques au-dessus de « tout change pour que rien ne change ». C’est vrai que c’est déjà assez efficace pour fissurer ce qu’il y a de « monstre doux » dans Le Monde etc. Trouver dans chaque demi-paragraphe la comparaison qui change le point de vue (« et qu’aurait-on dit si c’était truc qui avait fait le même coup à machin »), il le fait supervite, superbien.
Et sur des sujets de « demi-fond » comme l’immigration et le discours angélique du PS, le besoin de sécurité, c’est très bienvenu.
C’est sur l’autre bordure de son discours (j’ai pas lu tous ses livres,mais ses edito/bloc-note à Marianne un bon peu), le côté anthropologique, qu’il est moins solide, il ne reconstruit pas comme peut le faire un Todd sur ses terres, un Jorion ici, un (illisible) Stiegler, allez, un (et la tendresse) Braudel.
Du coup, j’ai l’impression de « voir la ficelle », chez JFK car la virtuosité me semble être passée devant le fond. Il n’y a qu’une ligne de crête entre les « bassins attracteurs » des discours dominants, il est un des rares à savoir s’y maintenir. Son art d’envoyer une pique de chaque côté a atteint la vituosité, et lui vaut un succès mérité. J’ai bien forcé le trait en le présentant comme un « biais » lourd pour me faire comprendre.
Et sur le cas précis de son « troussage »/DSK, je pense qu’il a été victime d’un raccourci dans sa tête parce que la ligne de crête, cette arête d’alpiniste qu’il affectionne et d’où il avait conquis la possibilité de tacler les uns et les autres, elle bifurquait trop vite. A 6500 m sans bouteille d’oxygène, tout excellent alpiniste qu’il soit, le terrain miné du printemps ne lui a pas pardonné (moi si).
Rendez vous à son prochain bivouac.
Plus de commentaires d’actualité «immédiate», mais des sujets de fond.
Le Soir dit
JFK a quitté le journalisme et Yves de Chaisemartin, le conseiller Europe pour le Carlyle Group qui a racheté 25 % de Marianne, son journal il y a 4 ans, « façade modérée pour faire passer plus facilement dans l’opinion publique des idées nettement plus radicales »…..
Mais vous me direz sans doutes que De Chaisemartin agit en son nom propre et sait établir la différence entre sa participation privée au capital de Marianne et ses fonctions au sein du groupe Carlyle…….
Pourquoi cet « honnête homme », brillant de surcroit, ne serait-il pas après de justes indignations, tout bonnement écœuré par le milieu médiatique qu’il fréquente depuis 50 ans et cet « radicalité » dans la désinformation, la censure, les tabous et l’omerta généralisée?
Il me semble qu’il y a un comité de rédaction à Marianne et que c’est lui qui décide de l’opinion de Marianne (qui est souvent duale, les journalistes s’étripant entre eux). Il me semble aussi que Marianne dénonce le capitalisme financier avec véhémence depuis plusieurs années. Si De Chaisemartin fait pression sur le journal, il faut reconnaitre qu’il n’est pas très efficace.
@JA
« Sarkozy dénonce le capitalisme financier avec véhémence depuis plusieurs années. Si Wall street et le CFR font pression sur lui, il faut reconnaitre qu’ils ne sont pas très efficace……. » 🙂
De Chaisemartin serait plutôt con d’aller contre le positionnement de Marianne alors que c’est ce qui fait son tirage et lui rapporte de l’argent.
Exactement Chris. Marianne n’est pas le Figaro et je n’ai pas le souvenir de l’équivalent d’un édito annuel à la Dassault par De Chaisemartin dans « son » journal.
Deux Fauteuildupont n’est pas propriétaire de Marianne contrairement à Dassault ou Rotschild au Figaro ou à Libé, juste un gros actionnaire et un directeur général, soit trois fois que dalle, point :
Combien de lecteurs de Marianne connaissent de Chaisemartin et les intérêts du groupe Carlyle ?
Combien de lecteur du Figaro connaissent Dassault et ses mirages ?
Deux faces opposées d’un même monde qui se complètent, le monde des antagonismes désamorcés…….
@Vigneron
Quand on coule, c’est souvent la faute à « trois fois que dalle » et au directeur en général……
@JA
Vous êtes égal à vous même, parfois. très décourageant et parfaitement injuste et discriminent.
Il n’y a aucune raison valable à censurer ma réponse à chri06 et à vous sur la « conscience » des lecteurs de ces titres. Où ai-je pêché ?
@chris06: « De Chaisemartin serait plutôt con d’aller contre le positionnement de Marianne alors que c’est ce qui fait son tirage et lui rapporte de l’argent. »
Exact chris. Amusant et révélateur que Julien n’aie pas du tout compris le sens de ta phrase.
Des idées réellement subversives pour le capital peuvent-elles rapporter de l’argent à des capitalistes? Je ne pense pas.
Le journal de Marx fut, lui, interdit. Voici ce qu’il disait comme épitaphe de son journal:
En guise d’adieu, nous rappelons à nos lecteurs les paroles de notre premier numéro de janvier :
« SOULÈVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE DE LA CLASSE OUVRIÈRE FRANÇAISE, guerre mondiale – voilà le sommaire de l’année 1849 »
Et déjà une armée révolutionnaire composée de combattants de toutes les nationalités s’oppose à l’Est de la vieille Europe coalisée et représentée par l’armée russe, et déjà, de Paris, menace la « République rouge ».
http://www.marxists.org/francais/marx/works/1849/05/km18490519.htm
Ce qui gêne est combattu et éliminé. Ce qui n’est pas combattu ne gêne pas. Et souvent même, cela sert. Ceci vaut pour Marianne et JFK (ce dernier ne prétend d’ailleurs pas non plus être un révolutionnaire, je lui reconnais l’honnêteté intellectuelle). Certes, Marianne n’est pas le Figaro, mais ce n’est pas non plus la gazette rhénane. C’est pire que le Figaro, c’est là pour donner l’illusion aux gens qu’ils sont « libres » et « rebelles », qu’ils sont « conscients » (et même « bons conscients »).
J’ai toujours en tête ce que disait Chomsky de ces journalistes « libres »:
http://www.wikio.fr/video/journalistes-sont-ils-libres-noam-chomsky-5081594
Merci Moi, mais j’avais parfaitement saisi le sens de la phrase, au demeurant peu complexe, tu en conviendras. En substance, si cela rapporte du pognon, peu importe comment.
C’est toi qui plaques ta propre perception des choses sur ces lignes et en dénature le sens en prétendant faire dire à Chris (qui me corrigera si je me trompe, mais pour lire entre les lignes, il faut qu’il y en ait au moins 2, hors ici il n’y en a qu’une) que si De Chaisemartin n’intervient pas, c’est parce que Marianne ne dérange personne. Tu lui fais donc dire que le positionnement de Marianne est une façade prospère et finalement peu subversive. Ce n’est pas ce qui est écrit.
Par contre, lorsque tu imagines que des idées subversives ne peuvent pas rapporter d’argent aux capitalistes, c’est leur faire trop d’honneur, et la référence à Marx – 1 siècle et demi – ne tient pas : il est l’auteur le plus vendu et le plus lu au monde aujourd’hui ! Trop cons les capitalistes ? Non, trop avides. Rappelles-toi « jusqu’à la corde pour les pendre ».
Ps : j’ai fait « simple » au niveau des phrases 😉
@Julien: les phrases les plus simples ne sont pas toujours les plus faciles à comprendre.
« Tu lui fais donc dire que le positionnement de Marianne est une façade prospère et finalement peu subversive. Ce n’est pas ce qui est écrit. »
Exact. Ce qui est écrit est que Marianne rapporte du pognon. Juste cela et c’est la description d’un fait peu contestable.
Rapporter du pognon au capitalisme financier tout en critiquant le capitalisme financier, là c’est moi qui interprète, y voit une contradiction apparente qu’il faut résoudre et y donne une réponse que je crois sous-entendait la phrase aussi dans la pensée de chris. Attendons donc la réponse de chris. Mais qu’il partage cette pensée ou pas, ne retire rien au fond de ma pensée.
« la référence à Marx – 1 siècle et demi – ne tient pas : il est l’auteur le plus vendu et le plus lu au monde aujourd’hui ! »
C’est un drôle d’argument que tu opposes là à ma thèse. Surtout en surlignant « aujourd’hui ».
Moi, je me dis que les écrits de Marx d’il y a un siècle ne sont plus du tout subversifs aujourd’hui, c’est pourquoi on peut en faire du fric. Comment l’expliques-tu toi? Juste l’avidité des capitalistes?
« Rappelles-toi « jusqu’à la corde pour les pendre ». »
J’attends de voir pour le croire. Ou je les sur-estime ou tu les sous-estimes. J’ai des tonnes de bouquins d’histoire pour me faire penser d’eux ce que je pense. Qu’est-ce qui te fais penser toi qu’ils creusent leur tombe et non pas la nôtre?
T’inquiètes Julien, Monsieur Moi va pas tarder à t’expliquer que le Carlito, ben il était p’têt pas et en tout cas n’est plus du tout si subversif que ça, la preuve ça se vend…
Et Chomsky ? Records de vente ! Et d’toutes façons il a un agent double de la CIA en Am-Sud qui lui fait un battage monstre…
@Julien & Moi,
l’interprétation de Julien était la bonne.
L’auteur? C’est pas J.K.Rowlings?
Je pensais en fait au petit livre rouge de Mao (900.000.000 de copies). Evidemment, le number one, c’est Dieu lui-même : 6 milliards de bibles en circulation 😉
Et merci pour la confirmation.
@julien
Mao : 900 000 000 de copies.
Moa : 0 copie
Conclusion : Moa est le number one des auteurs authentiquement subversifs anti-capitalistes. CQFD.
😉
Ca m’étonnerait que Mao (le petit livre rouge) soit toujours l’auteur le plus lu aujourd’hui.
En fait, je pense qu’il n’est plus humain. C’est une machine.
bah, une machine ne peut pas être un auteur. Ou si?
@ Julien ?
Le petit livre rouge de Mao ? On nous le distribuait GRATIS dans la rue et sur les marchés en 1968, ainsi que de belles grandes affiches colorées représentant la jeunesse chinoise agitant de grands drapeaux avec enthousiasme . A l’adolescence, mes enfants les ont retrouvées et affichées dans leur chambre, sans doute par dérision…
Mais Mianne, au tout début des années 70, dans les tout premiers numéros du très catholique mensuel Okapi (taliste) de la rue Bayard – auquel on m’avait très sagement abonné, dans un de ses célèbres dossiers spéciaux, on nous chantait, à nous jeunes préados pré-communiants, les louanges de la vie très communiste des petits chinois de notre âge vivant très industrieusement sous les préceptes au père Mao, photos souriantes, bd champêtre et guillerette, dazibaos, développement harmonieux, solidarité et tutti quanti…
Je dois avoir la collec complète enfouie dans un grenier, preuve à l’appui…
Vous m’direz 71/72, de Gaulle avait reconnu la Chine de Mao depuis 7 ans, Nixon rendait visite à Mao (gráce à Forrest Gump ! ), Pompidou allait faire de même grâce au zéle d’un certain ministre délégué nommé André Bettencourt (ça c’est vrai, le mari de sa femme et le patron de la petite entreprise de sa femme aussi). La Chine signait des contrats économoques un peu partout en Afrique et ailleurs, déjá… Alors Okapi..
Pas d’images disponibles que l’on puisse juger sur pièce du talent des uns et des autres, et de la réaction du publique dont on ne parle pas comme étant victime finale de ces ratés mais comme d’éventuels abrutis égarés dans un cirque « alter » ? C’était gratuit l’entrée ? C’était Wood-stock ?
Entre être juge et parti, et témoigner à chaud dans l’émotionnel et le « témoignages » de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours, je dois dire que je reste sur ma faim, et passablement consterné par certains commentaires « définitifs ».
Pierre,
Certes. Mais la question n’est pas pour moi celle du talent, mais bien plutôt celle de la nature et du rôle du langage dans la communauté politique.
D’un certain point de vue tout les intervenants furent parfaits si l’on en juge au nombre de réactions suscitées par les faits relatés par Paul. Personne n’est resté indifférent, là-bas et ici. L’incident a permis de révéler l’enjeu tout à la fois éthique et politique de tout acte de langage public.
Sur son versant éthique le langage a rapport à la parole donnée et que l’on attribue à une personne particulière. Sur son versant politique cette parole donnée échappe à son locuteur originel en devenant publique prenant alors possiblement une signification nouvelle parce que ce qui fait sens c’est autant ce que dit l’interlocuteur que la situation dans laquelle la chose est dite. C’est ainsi tout le paradoxe de la situation que des personnes invitées à débattre d’un sujet précis se retrouvent à dire des choses pas prévues au programme.
Coté éthique l’organisateur n’a pas tenu compte de la parole d’un invité, mais du fait même que cette parole ne fut pas écoutée, il s’en est suivi un incident, lequel par l’entremise des clowns de service a permis de faire éclater le cadre contraint, et c’est ainsi que nous nous retrouvons avec tous ces commentaires de nature éthique, morale et politique. Ce festival est finalement une réussite, certes pas de la façon dont organisateurs et les intervenants auraient pu s’y attendre ! Bref, le langage est vivant parce qu’il y a des locuteurs particuliers et des situations particulières. Toute situation impose son cadre à l’expression langagière, de même que tout individu particulier a une capacité potentielle de renverser une situation, aussi figée fût-elle, parce que l’expression langagière peut créer une situation nouvelle, ce en quoi réside la puissance même du langage.
La question ou l’affirmation (?) du billet est : « Le message, avec ou sans image »
– L’image a son langage et un vocabulaire d’environ 2000 mots pour la décrire individuellement.
– Le « temps qu’il fait » nous donne une image plus ou moins « heureuse » du maitre du lieu.
– Le message économique de Paul Jorion se décline actuellement sous la forme d’une bande dessinée, « un bon dessin valant mieux qu’ un long discours. ».
– Le blog se passionne régulièrement pour le cinéma et ses acteurs, la musique et ses musiciens sur des supports visuels.
– Nous nous repérons majoritairement dans le fil avec des « gravatars »………
De fait le message de Paul Jorion s’appuie en permanence sur l’image.
La question est donc : « L’image est-elle de talent ou non? »
Quand on dit un « Pascal », peut sont ceux de ma génération qui voient une brouette…….. et encore moins la République de Weimar. 🙂
A la relecture de ma prose, je suis désolé que mon image puisse en prendre un tel coup.
« S comme Cinglé », je me suis noyé hors de l’orthographe…..; C’est pas beau un noyé. 🙁
L’histoire de Lassalle dit aussi qu’à l’issue de la conversation « amicale » que vous avez eu avec la clown, vous lui auriez tendu un billet de 50€ – qu’elle a refusé. Curieusement vous ne le mentionnez pas. Qu’est-ce qui peut bien passer par la tête de Paul Jorion avec ce billet de 50€? Je ne connais pas la réponse non plus : dédommagement – de quoi? votre participation à son revenu minimum d’existence? Remord? Et pourquoi 50€ et pas 100€ ou 25€. Quel enjeu avez vous essayé de monnayer à 50€?
J’étais dans la salle à Lassalle. Moi aussi j’ai été agacée par les interruptions clownesques. Je ne commenterai pas ici la pratique. Mais s’il est exact que vous ayez eu ce ce geste méprisant et méprisable, alors vous avez tiré une balle dans le pied de tout votre discours.
Agonie du capitalisme, disiez-vous?
Je n’en ai pas parlé parce que c’était une affaire entre elle, la clown, et moi. Il s’agissait d’argent qui venait de m’être offert pour me dédommager de mon déplacement. J’ai dit en public que le plus déplorable était que nous soyons obligés de nous affronter, eux les clowns et moi. Ensuite, quand nous nous sommes parlés en privé, je lui ai dit que j’avais le sentiment de l’avoir dépossédée de quelque chose, elle et son compagnon, en devant défendre les orateurs dans leur apport propre, et je la priais d’accepter le plus gros billet dans mon portefeuille. Ce qu’elle a refusé. C’est à ce moment-là que vous vous êtes approchée et vous êtes mêlée à notre conversation. Vous vous souvenez sans doute de ce que vous avez dit : « C’est plutôt moi qui en aurait besoin ! », et vous vous souvenez sans doute de ce que je vous ai dit alors : « Alors, je vous les donne volontiers », et je vous ai tendu le billet. Vous m’avez alors injurié pendant plusieurs minutes, réaction que j’ai attribuée au fait que vous étiez décontenancée par le don que je vous faisais.
J’avais il y a bien longtemps un ami, qui m’a un jour jeté sa haine au visage, et la raison qu’il me donna, c’est que je l’avais humilié pendant des années en l’aidant financièrement comme une chose qui allait de soi. Je parle de choses qui se passaient il y a quarante ans. Il y a quelques semaines, après une intervention que je faisais dans une ville française, une dame s’est approchée de moi, je ne la reconnaissais pas bien qu’on se soit rencontré une ou deux fois, mais elle connaissait beaucoup mieux mon ami d’autrefois, et la raison pour laquelle elle tenait à me parler, c’était pour me dire une seule chose : « Votre ami, il ne vous l’a peut-être jamais dit, mais il vous était très reconnaissant. Un jour où j’étais tentée de refuser un cadeau qu’il me faisait, il m’a dit : ‘Ne vous inquiétez pas : Paul me donne toujours un coup de main’ ».
Vous vous trompez Mr Jorion, je n’ai pas assisté à la scène et je n’ai certainement pas dit que j’en avais besoin. On m’a rapporté la scène – ce qui explique que j’ai employé dans mon post le fameux conditionnel de précaution. Je ne vous ai pas adressé la parole, et je ne le regrette pas. Je ne suis ni votre amie, ni n’ai de haine à vous jeter au visage. Tout au plus un billet de 50…
Mais pourquoi la Clown s est elle prêtée à ce jeu, non pas d alteraltion (alter- autre) du discours (ce qui est sa fonction), mais d’ obstruction ?.
Paul a du penser que c était par nécessité et a donc accompagné le geste a la parole, pour corriger cet état de nécessité, un tant soi peu.
C est le sens que je donne à son geste.
Le problème qui est posé à Paul, est ici le même que celui auquel il a été confronté a la television en face du Ministre : dans un exploit de mauvaise foi, celui ci mettait dans la bouche de Paul des propos que Paul n avait pas tenu, des idées qu il n avait pas défendues.
C était un traquenard, il n y a aucun moyen d y échapper, sauf a être poète soi même, et en temps réel….
Même le sens d un Don sincère, sera perverti par ces gens et leurs idiots utiles, plus ou moins « a l’ insu de leur plein gré ».
On est mal barrés.
chez les Anglais on dit communément deux choses intéressantes:
– on en veut toujours à ceux à qui on a causé du tort.
– on a plus de gratitude pour ceux à qui on a donné que pour ceux dont on a reçu.
Ces histoires Cevennoles, de bobos, ne sont pas tres fraiches !
Je préfere alors sentir souffler les vents dans les rues étroites de Houat et le ressac iodé dans son petit port qui remonte dans mes souvenirs à une quarantaine d’années.
Hoedic était pas mal non plus, dans le genre.
C’est à ce Jorion la que je crois, celui d’une jeunesse qui a croisé la mienne! Arrétons ces clowneries !
C’est quand même plus cool en pays cévenol qu’aux states, après une conversion privée, de proposer un bifton de 50 même si l’effet est d’outrager une dame. La scène au départ privée est devenue publique et plus elle est dépliée, plus elle me rappelle la scène de ménage où, plus on s’explique, moins on se comprend. Le programme du Festival offrait plus de mérites que ce couac et toutes les tentatives de sa lecture.
Peut-on rire de tout ? est une vieille question.
Déjà la réponse s’engage différemment sur une scène privée ou publique, a fortiori quand on en brouille son genre.
Voir les pièges où des propos privés d’Hommes publics sont déportés publiquement et révèlent l’écart entre le masque de la personne physique et le masque du représentant de la personne morale.
Le peuple aime la moralité des personnes morales mais aime aussi les écarts de vie des idoles offertes où envie et réprobation le divise.
La scène publique requiert une fidélité de discours et de pratique aux valeurs en activité dans la société ambiante notamment celles qui figurent sur le frontispice de ses monuments publics. On peut pisser dessus en cachette ensuite, tant que ça ne se voit pas, ça peut même faire rire les privilégiés du regard.
La scène privée offre plus de liberté de parole mais c’est un fait que chacun ne peut guère rire de ce qui piétine ses valeurs sauf à ce qu’un autre lève dans le cadre d’un mot d’esprit son propre refoulé. Les meilleures histoires qui visent une communauté dans sa caricature et ce que celle-ci dévoile de vérités, sont fabriquées par les membres de cette communauté et pas par ses ennemis.
Je garde ma solidarité sous mon matelas, et ne la place ni chez P.J. ni chez les clowns, je prendrais l’option de l’investir selon mon intérêt privé le moment venu, dans l’intérêt public bien entendu.
Je suppose qu’il ne faut pas interpréter ce geste,comme une confiance excessive en la zone Euro.
C’était un geste sympa de la part de Paul, envers des intermittents qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui, pas plus que lui, ne pouvaient faire leur métier jusqu’au bout dans ce contexte stupide où ils se trouvaient, ainsi que Paul, piégés par les organisateurs . Ce geste sympa fut pris malencontreusement pour le geste d’un Gainsbourg brûlant son gros billet ( sans l’offrir à personne, lui) pour exprimer le mépris de l’argent qu’éprouvent les bien nourris qui en ont trop.
C’est là qu’on voit que les gestes sympas, les relations humaines, sont empoisonnés par l’argent.
On ne peut donner de l’argent qu’indirectement aux inconnus et aux amis que l’on veut aider, sinon c’est mal perçu . D’ailleurs, Coluche l’avait bien compris, lui qui laissait un bocal en verre rempli de billets de 100F à l’entrée de chez lui, où les invités dans la dèche pouvaient puiser anonymement sans rien demander à personne .
Dans ce genre de situation, cela cause moins d’embarras d’inviter ses « adversaires » à discuter un moment autour d’une bonne bouteille ou à manger un morceau, même si cela ne les aide pas vraîment à payer la facture de gaz en retard .
Les gens vous font toujours payer les services qu’on leur rend (Céline)
@ Annie OD
C’est une situation de double injonction contradictoire. Faut-il jeter la pierre à Paul ?
*(injonction contradictoire vis à vis des organisateurs : leur faire plaisir en acceptant ce qu’ils ont prévu, vs. leur montrer qu’ils perdent du sens dans leur propre but)
**(injonction contradictoire vis à vis des clown(e)s : leur gâcher leur job, dire qu’on apprécie leur job sur un autre plan)
Rappelons nous les sentiments analogues que suscita l’annulation du festival d’Avignon (en 2003).
Lapidation?
http://www.youtube.com/watch?v=bDDrKuJ76AM
@Piotr
Merci de m’avoir fait me souvenir de ce qui suit :
Ou bien… ou bien…, dilemme kierkegaardien (du Temple)
@ Annie OD
« l’histoire de Lassalle dit que »…
Part ces mots s’annonçait déjà une grande justesse du propos, basée sur une connaissance précise des événements et des points de vue échangés par les deux parties.
Enfin j’espère que vous avez retiré de l’intervention de Paul (« que vous ne commenterez pas » ) autre choses que ces histoires de queues de cerises.
Si, pendant un cours de theatre dramatique, et precisement en plein développement d une idée , d un concept cher a l enseignant , celui ci est interrompu au moment précis ou il va démontrer quelque chose, par le bruit d’ un rôt prolongé, ou le barrissement d un éléphant enregistré sur téléphone portable, si enfin le perturbateur se lève, et se met un gros nez rouge, alors il est pardonné par au moins la moitié de la Salle ?
« oh mais tu ne m a pas rendu le litre d huile que je t ai prêté »
-« ‘pourquoi devrais-je te le rendre ? »
-« parce que tu t’ y étais engagé »
– » mais pas du tout, mon engagement était une blague, et je croyais bien que tu le savais, c est bien un don que tu m a fait. Ne te prends pas tant au serieux, en échange je t ai fait rire. C est drôle non ? »
Il y en a qui ne perdent jamais, ils vivent sur l éternelle division de la foule…
Il y aura toujours des Antoine la dedans pour trouver cela utile et bon.
C est comme pour la spéculation.
P.Jorion : « Je n’en ai pas parlé parce que c’était une affaire entre elle, la clown, et moi. »
– Huis-clos de Jean -paul Sartre !!(?)……… J’ai gagné ? Hein, j’ai gagné ?
….
Il faut dix bon points pour avoir une image à coller dans votre livret.
C’est comme ça que la caisse d’épargne « vendait » des livret A dans les écoles publiques en 1966.
C’est comme ça que j’ai rempli le mien…….. Je devais être sage. 🙂
Pierre,
Je me demande si cette pratique de donner des images aux enfants sages existe toujours dans les écoles.
« Sage comme une image » est une expression un peu tombée en désuétude, sans doute parce qu’à l’heure de l’industrie des produits dérivés de la culture, les images ne sont plus ce qu’elles étaient. Et cela ne date pas d’aujourd’hui, Walter Benjamin déjà dans les années 30 diagnostiquait qu’à l’age de leur reproductibilité technique les images perdent ont perdu leur aura. L’image, au lieu d’éloigner le spectateur en tant qu’elle est un substitut représentatif et unique d’un au delà d’elle-même, devient pour les masses un objet courant, à consommer donc chez soi. C’est une fonction de l’image diamétralement opposée à celle de l’image culturelle qui dans certains cas n’était même pas destinée à être vue.
La sagesse qu’était censée incarner l’image, même à l’école publique, participait d’une certaine édification morale, dans l’ordre symbolique du mérite de la république, tout en restant dans la filiation de l’image pieuse des figures de la chrétienté : l’image fut d’abord sage parce qu’elle renvoyait à une réalité idéale et transcendante dont la figure archétypale était celle du christ, à la fois homme et Dieu. Nous sommes les héritiers de cette tradition multi séculaire d’un certain usage des images.
Andy Warhol avec ses sérigraphies d’hommes et femmes célèbres marque d’une pierre de touche la signification sociale et culturelle nouvelle des images dans le monde contemporain, car celui-ci en réfléchissant la nature iconique des images leur soustrait dans le même geste toute dimension transcendante. Les photographies qu’il retouche et stylise sont les figures de la célébrité — les nouvelles icônes — figures de la célébrité au nombre desquelles chacun pourra figurer au moins un quart d’heure dans sa vie dixit Warhol.
Nous y sommes. Les images à force d’être reproductibles, désormais d’un clic, ont perdu l’aura déjà affaiblie des images d’hommes célèbres. Chacun est devenu à la fois producteur et consommateur d’images. Il serait même plus exact de dire que chacun est devenu amateur d’images car les images de plus en plus ne sont plus achetées, mais échangées grâce aux facilités du numérique. Peut-on dire dans ces conditions que l’image participe toujours aussi activement à la société du spectacle ? Ou bien au contraire peut-on y voir la possibilité d’une nouvelle puissance de l’image, mais que cette fois il est loisible à chacun de s’approprier ?
@PYD
« PoKemon »,, « joueurs de foot », Pikachu,Raichu Capumain,Capidex
Chartor,Heledelle Skitty,Etourvol Charmillon,Scorplane …etc…… Vous ne connaissez pas ????
Pannini est le « faux monnayeur » milliardaire qui rackette toujours les cours d’école et les tirelires de nos enfants et petits enfants……
Pierre,
Si si, je connais, mais c’est pas la maîtresse qui distribue les pokémons. 😉
Au cas où certains méconnaîtraient la spécificité d’un certain festival du film sans paillettes ni palmarès, ni champagne,…
Allez vite sur le site http://www.festivaldelasalle.org
Près de 6000 entrées en deux jours et demi le w-e dernier avec les meilleurs documentaires d’auteurs venus débattre avec leur public comme M. Gaumitz, W. Karel, S. Breton, H. Le Paige, P. Guzmàn, J-R. Viallet, G. Rigby, etc
Et ça fait 10 ans que ça dure ! Il est vrai qu’en Cévennes, ils font de la résistance depuis plus de 4 siècles, alors …? L’humour, ça se mérite peut-être !…
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Bonsoir Paul,
Je suis vraiment stupéfait par ton papier et le déchaînement qu’il provoque à l’encontre du festival de Lasalle de la part de gens qui n’en connaissaient pas l’existence avant que tu ne manifestes ton courroux ( mais sans doute, est-cela, aussi, un « forum »). Comme je participe au festival depuis au moins 7 ans pour y présenter mes films et/ou intervenir dans différents débats ( avec clowns) et que, par ailleurs, j’ai insisté personnellement- au nom de notre vielle histoire commune- pour que tu acceptes l’invitation à y intervenir, je me dois de réagir à tes propos.
Je ne connais pas les termes de votre discussion préparatoire sur l’organisation du débat, je n’ai assisté qu’à une partie du débat ( engagé dans d’autres discussions autour de certains films), je ne suis pas toujours convaincu de la pertinence des interventions des clowns ( ni même sur son principe mais pas toujours non plus convaincu de la pertinence de certaines interventions non « clownesques »- : à chacun son jugement !, cela fait partie de l’exercice) mais il me semble que cela était clairement indiqué dans le programme et le déroulement de la matinée et que cela fait partie du choix des organisateurs, choix partagé ( ou, en tous cas, non contesté) jusqu’ici par l’ensemble des participants aux débats parmi lesquels on trouve des intellectuels, des cinéastes, des experts, des responsables d’organisations ou d’associations,des militants, des citoyens dont le point commun est précisément la critique de la société du spectacle et des dérives médiatiques. ( il suffit de se rendre sur le site du festival pour s’en rendre compte :http://www.festivaldelasalle.org/accueil.html )
Le festival de Lasalle est un festival exigeant, organisé par des bénévoles exigeants, fréquentés essentiellement par un public lasallois et cévenol exigeant. On y exerce une critique forte de la société capitaliste et de ceux qui la gouvernent ou s’en accommodent. Les films présentés à Lasalle représentent le sens même du cinéma documentaire dans tout ce qu’il a de plus fort : l’interrogation sur la relation avec l’autre, l’expression de points de vue qui vont à l’encontre de tout ce que représentent aujourd’hui les médias dominants, et cela, toujours dans une écriture qui refuse la facilité et laisse une place déterminante au spectateur. Cette année, les films de Patrizio Guzman ( dont l’extraordinaire « Nostalgie de la Lumière, ou le plus ancien « Chili : la mémoire obstinée ») illustraient mieux que tout discours cette exigence qui caractérise le festival de Lasalle. Alors quand je lis, à propos de cette manifestation, des commentaires sur la course à l’audimat ou aux subsides, et autres propos qui n’ont rien à voir avec la réalité de ceux qui font et assistent à ce festival, je me demande comment tes mots peuvent provoquer un tel déchainement.
J’ai souvent critiqué le mélange des genres – et on peut discuter de ce point de la forme de l’intervention des clowns- – tu pouvais aussi refuser de participer au débat dans ces conditions ou même le quitter en t’en expliquant mais balayer d’un revers de Blog tout ce que représente ce travail essentiel et qui contribue, à sa manière, à « l’agonie du capitalisme » me semble incompréhensible et même inacceptable. Je précise que je poste cette réaction après l’avoir d’abord communiquée à titre personnel à Paul Jorion et Henri De Latour, délégué général du Fetsival de Lasalle.
Hugues,
Ta réaction est mesurée et apporte des précisions importantes, j’apprécie beaucoup au contraire que tu fasses connaître ta position au lecteur de mon blog. Comme tu as dû le voir, ma réaction restait mitigée quand j’ai constaté que mon avis sur la séparation des genres avait cependant été totalement ignoré, mais la ridiculisation de Plassard, dont la démonstration en faveur du RMG a été brutalement interrompue, suivie de son humiliation en lui faisant enfiler un gilet de sauvetage, m’a mis hors de moi. Nous ne faisons pas de films sans doute, mais cela ne fait pas de nous des sous-hommes !
Paul Jorion,
Dans mon post précédent, je parlais des rôles qui se sont inversés dans notre société. L’humoriste est aujourd’hui un despote populaire qui impose sa conception d’une pensée qui ne souffre plus ni complexité ni rigueur ni austérité. A cette loi se soumettrait peu à peu l’intellectuel, réduit au rôle à la fois de vassal et de caution du fantaisiste.
Votre réaction aux fausses explications d’Hugues Le Paige en est une illustration. Je l’interprète comme une réaction de repli, un plaidoyer plus qu’un réquisitoire. Que vous soyez tenté de vous justifier est en effet révélateur d’une situation où toute spéculation intellectuelle, tout discours conceptuel devant un public semble devoir céder le pas à la dictature du spectacle, à l’absolutisme du rire. La situation serait telle, maintenant, que l’intellectuel est mis en demeure soit d’accepter dans son discours l’intermission de clowns, soit de « refuser de participer au débat dans ces conditions » ! Le fait que vous ayez tenu « à aller participer personnellement à leur petit spectacle », tout comme le fait que vous ayez jugé utile de nous le préciser ici, participent du même processus de repli.
Je ne sache pas, soit dit au passage, que ce genre de manifestation où l’on mélange les genres pour divertir un public initialement réuni autour d’un sujet de réflexion qui ne le nécessitait pas, contribue, « à sa manière, à l’agonie du capitalisme ».
Mon Dieu, protège-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge.
Saint-François D’assise
@ Le Paige , Duchesne
Le volume et la vivacité des commentaires à propos de l’incident de Lassale marquent assurément la présence d’un analyseur , poursuivons… ?
Monsieur Le Paige, Vous écrivez (je vous souligne) :
Comment conciliez-vous votre position sur la société du spectacle dont Lasalle, selon vous, serait la dénonciation exemplaire et celle de Debord qui « par avance » dénonçait votre propre position ?
Guy Debord, Commentaires sur la Société du Spectacle, Paris, avril-février 1988.
Nous sommes tenant d’un jeu qui individuellement nous dépasse : selon Guy Debord ,la société du spectacle correspond au fait que les rapports sociaux y sont médiatisés par des images, de telle façon que leur réalité en soit masquée et que les rapports engendrés par la production du masque s’y substituent comme une réalité inversée. Avec bien d’autres, les journalistes produisent le masque porté par notre société et de ce masque, nous nous couvrons tous ;toutefois, le blog de Paul Jorion en témoigne, le verni craque tandis que s’arcboutent les forces qui, de l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche s’opposent à son abandon.
Considérez l‘inversion de la précarité absolue de la position sociale de Paul Jorion : comment pouvez-vous vous retrouver sur une même scène ? Le plus drôle, c’est encore lorsque l’un quelconque « nemo… » pseudo révolutionnaire (veuillez m’excusez « nemo », je vise le principe)!
A+
Jean-Luce Morlie
Des images, oui, mais pas toutes les images, ce qui implique qu’il existe des cas où les images peuvent révéler une vérité. C’était d’ailleurs une dimension de l’action situationniste que de jouer avec les images pour les détourner de leur objectif premier.
De plus Debord n’avait pas prévu Internet où le texte Et l’image, séparément ou en complément l’un de l’autre, sont capables de renverser les masques avec une force inégalée. La Société du spectacle est en train d’être dépassée parce que chacun peut maintenant devenir producteur de ses images et à la vitesse de l’éclair les communiquer grâce aux possibilités du numérique et cela pour un coût dérisoire. IL est faux de dire que les images ne puissent échapper à la logique médiatrice des rapports sociaux sous le règne de la marchandise. L’emprise totalitaire de la société de spectacle a du plomb dans l’aile.
Les images transmises par la révolution tunisienne ont ainsi joué un grand rôle dans l’embrasement du ciel dictatorial des pays arabes.
Si les images médiatisent effectivement les rapports sociaux c’est donc dans les deux sens : le capital se sert des images pour masquer les rapports sociaux, mais tout aussi bien des images peuvent contribuer à la transformation de ces mêmes rapports sociaux.
Il faut se départir d’une vision purement iconique de l’image, éléments culturels comme simple reflet d’une infrastructure, elle-même substitut séculier de l’image cultuelle expression d’une transcendance. L’image n’est pas un agent passif, parce que ceux qui les regardent ne les regardent pas nécessairement passivement. L’image est ce que la société et les individus en font.
Mais je m’éloigne du sujet. Dans le cas Lasalle ce n’est pas tant l’image en tant que telle qui est à blâmer — ce serait même un comble s’agissant d’un festival du documentaire filmé, qu’un usage inapproprié de l’image pour faire une critique sociale, car en l’espèce l’intervention des clowns venait brouiller des interventions déjà en soi critiques de la société, et allant même jusqu’à proposer des réponses, comme dans le cas de Plassart.
A propos de gilets de sauvetage, quand allons nous, nous autres « humanitaires » en envoyer massivement au Maghreb ?
On prête « généreusement » de l’argent aux Tunisien pour faire de la pub pour leurs plages, quand 250 cadavres de Boat-peapol viennent s’y échouer……
Bienvenue au club.
Merci Monsieur Le Paige.
Tout vient à point qui sait attendre.
Je ne connaissais pas le festival de Lasalle. Vous m’avez donné envie d’y passer quand j’irai visiter ma filles et ses copains « alter » chez vos voisin Ardèchois.
Merci pour l’adresse de leur site qui n’avait pas encore était fournie ici.
C’est un signe des temps. Encore que ça ne date pas d’hier. De nos jours, la conscience de l’éphémère et de l’unicité de toute existence conduit inexorablement à l’ennui, compagnon gênant, quoique fidèle, de tout un chacun. Pour se débarrasser de ce chaperon chagrin, tout doit être ludique. C’est ainsi que, de l’actualité la plus grave à la simple réflexion « sur les choses de ce temps », aucun sujet ne touchera le public s’il ne s’accompagne de la promesse d’intermèdes, s’il ne sert de prétexte à un spectacle, s’il ne brille des néons d’une attraction foraine.
Bien avant l’invasion des places publiques par homo ludens, Rabelais le disait déjà : un montreur de singe menant son âne bariolé aura toujours plus de chances d’avoir à lui les badauds qu’un bon prédicateur. Que ce soit à l’occasion de conférences dans une salle publique ou de débats-shows sur le petit écran, les penseurs de nos jours doivent s’y résoudre : ils seront des divertisseurs ou ils ne seront pas. Certain néo-philosophe, bien connu des plateaux télé, est d’ailleurs un exemple parfait de cette conversion de l’intellectuel en amuseur public. Voyez-le briller dans son nouveau métier, en véritable saltimbanque. Sa coupe de cheveux et son costume de scène, de renom international, marquent davantage les foules que le développement de sa pensée.
Il n’y a donc rien d’anormal ni de surprenant à ce que des clowns viennent interrompre un tribun ou un conférencier. Simplement, les rôles sont inversés. L’humoriste est devenu un roi populaire et démocratique pour qui la pensée ne saurait plus être ennuyeuse, ni austère, ni rigoureuse, un monarque désormais résolu à ne pas faire d’Hamlet sans caser des jeux. Et c’est le penseur qui est maintenant tout à la fois son vassal et son bouffon.
Une vidéo de présentation des fameux clowns (sauf erreur de ma part), pour comprendre un peu leur démarche.
http://www.dailymotion.com/video/xd91zt_le-regard-du-clown_creation#from=embed
Un Clown du vrai de la réalité toute cruelle quelle est exactement ?
http://www.youtube.com/watch?v=bHKH4loiRl4&feature=related
Je demande la permission à Paul Jorion d’intervenir sur cette question une ultime fois – S’il l’accepte je l’en remercie vivement. Fidèle lecteur du blog de Paul Jorion depuis plusieurs années, il est vrai que je me suis permis d’intervenir ces derniers jours suite à son commentaire publié ici par rapport à un fait précis et rien que sur ce fait précis. Cela me tenait à cœur. Pas pour détruire mais pour alerter.
Je ne me serais pas permis d’intervenir si je ne me sentais pas concerné quelque part , tant par rapport à la question de la communication » politique » contemporaine qui a de plus en plus de mal à émerger dans la société – tant le terrain a été abrasé et laminé par l’adversaire pour que plus rien ne repousse jamais ou difficilement – que par la problématique de l’art dans une société où la communication a pris le relais non seulement de l’univers symbolique mais prétend de plus en plus le remplacer totalement.
C’est de cela dont il est question ici. Et c’est pourquoi M.Jorion, après son expérience qui aurait pu rester tout à fait anecdotique, a eu l’intuition ou ressenti la nécessité de l’exposer en pleine lumière. Il pose une question, il n’attaque pas.
Il a rencontré un écho certain, il est vrai. Comme d’habitude. C’est tant mieux. Cela ne m’étonne pas outre mesure car le problème est complexe et il recouvre bien des angles d’attaques. Il me semble que le point soulevé est un carrefour, la rencontre non seulement d’un » malaise dans la culture « , la crise de » l’intermittence du spectacle » , et la condition de production sociale du travail intellectuel à l’heure d’aujourd’hui. Sa reconnaissance. La reconnaissance de tous et de toutes. Si je me permettais une saillie pour faire court, je dirais que « nous sommes tous des clowns aujourd’hui « , puisque le travail de chacun est largement démonétisé pour assurer un pur rendement gestionnaire du grand consortium économique qu’est devenu « La Société » . Nous voilà ensemble » fonctionnalisés » , passé d’un état d’être, d’un état qualifié et singulier à une distribution de simples fonctions, de simples « rôles » plus ou moins repérables et opératoires selon que le moule culturel dans lequel nous avions fondé en partie nos identités professionnelles sont encore tolérées, nécessaires ou en voie de disparition.
C’était un premier point d’une réflexion rapide et personnelle. Je voudrais préciser dans la foulée plusieurs aspects plus particuliers et importants :
– A aucun moment la direction du Festival ou le Festival de Lasalle n’a été attaqué dans la totalité des ses activités. En rien la spécificité et la notoriété qui préside à la présentation de documentaires pendant ce festival n’a été dénigré. Personnellement je n’ai fait que pointer un fait précis retransmis par M.Jorion….. mais qu’hélas on voit trop souvent dans nombre de festivals : Une sorte de bloubi blouga artistico-culturel qui sent bon l’amateurisme mais flaire hélas trop souvent l’indigence et l’ennui. La qualité du Festival de Lassalle n’est pas en jeu. On parle ici d’un épiphénomène et il faut raison garder.
– Remerciant « le clown » ( message 87), pour l’envoi de la vidéo présentant le travail des dits clowns ayant fait leur prestation dans le festival de Lasalle , il est certain que cela aide à la compréhension de leur travail. Je veux donc en parler une dernière fois à cette aune et si ceux-ci me lisent et bien c’est tant mieux.
1/ On voit que ces clowns -« Gazoline et Léni « – sont des personnes qui se posent de bonnes questions et que ce sont des professionnels. Soit. Très bien.
2/ Les professionnels ont ceci de différents d’avec les amateurs, c’est qu’il savent pertinemment, voire cruellement , que leur art mérite la plus haute exigence.
3/ Les professionnels évoluent du fait même qu’ils s’appliquent à eux -mêmes une critique impitoyable.
4/ Il ne s’agit pas de savoir si l’art ici de « Gazoline et de Léni » est encore d’actualité depuis les révolution des arts circassiens, cela ne regarde que les artistes. Il s’agit de les écouter parler de leur art. Comprendre sur quoi ils fondent celui-ci. Je ne veux pointer qu’un point précis dans le commentaire que j’ai entendu dans la vidéo présentant leur travail. « Gazoline » dit, répondant à son interlocutrice :
……………….« Tout ce qu’on peut se permettre de dire … aux puissants »
Que l’art de « Gazoline et Léni » se base sur une » contre -parole » par rapport à celle, unique, des » Puissants « . Pourquoi pas ? ça se tient. C’est parfait. Cependant, et c’est là qu’ il me semble qu’il faut réfléchir posément sur cet aspect singulier pour enfin se déciller dans la foulée…….. d’une bien grossière illusion.
Il n’ y a aucun « puissants » qui passent par le Festival de Lasalle. Aucun ! Faut arrêter de rêver. Les « Puissants » n’y sont pas et ils n’y viendront jamais. C’est une grave illusion que de croire que les « Puissants » s’invitent à Lassalle.
Quand « Gazoline et Léni » en brisant le cercle des invités qui rament à parler à des gens concernés mais peu avertis pour la plupart des faits généraux qui se passent à l’échelle du monde, tout en s’imaginant moucher les « Puissants » présents, c’est non seulement illusoire, mais complètement « contre-productif » ( hein ! ) et c’est sacrément se leurrer.
Un art conséquent ne se leurre jamais sur ses buts véritables ni surtout sur ses cibles. Paul Jorion,Éric Hazan, François Plassard ne sont pas des « Puissants ». Ce sont des amis. On ne tire pas sur les amis. On ne prend pas ses amis pour des adversaires, des ennemis ou des « Puissants » Et cela, non pas parce que « nos amis » n’ont aucun pouvoir, mais parce que leur pouvoir ne tue pas. Leur pouvoir est une puissance ouverte, partageable à l’infini, à la différence du pouvoir précisément des salauds.
Que les clowns aient quelque chose à remontrer aux salauds ; OK, cela va sans dire. Mais dans ce cas là on ne brise pas le cercle des amis. On les laisse parler, formuler leurs idées difficiles et exigeantes et dans un second temps, on élargit le cercle entre amis pour goûter le bonheur du clown. Celui qui va nous parler sans nous rejeter, sans brouiller les cartes du territoire dans lequel il est déjà si difficile de s’orienter.
Je partage une chose essentiel avec « Gazoline et Léni ». C’est que je suis d’accord, moi aussi, pour mordre. Mais nous devons savoir qui est à mordre et qui est à préserver. Nous devons aujourd’hui nous préserver ensemble et cesser de nous tirer une balle dans le pied mutuellement sous prétexte que certains nous ont enjoint plus ou moins inconsciemment de le faire… entre nous. Seulement entre nous.
L’ordre viendrait d’en haut paraît-il.
Pas d’accord:
Les puissants ne se résument pas aux décisionnaires, ni aux possédants… Dans un monde rationaliste, les puissants seront toujours ceux qui sont considérés comme bien pensants. Les décisionnaires, les possédants, c’est la résultante de l’organisation sociale des biens pensants, qui, finalement, par la domination de l’instinct qui gouverne notre nature, ont orchestré les rapports de force primaires, et se sont drapés une position sociale hors de tout blâme.
Que de saines pensées émanent de sages réflexions, pas de problème. Mais le rationalisme met ces saines pensées sur un piédestal, et de fait, Monsieur JORION et compagnie créent l’événement.
La pensée, dans la vie, ce n’est pas tout, et la dérision, l’absurdité est heureusement là pour le rappeler. Les choses simples comme le plaisir de réchauffer les draps avec la chaleur de son corps valent selon moi toutes les pensées du monde, et même Einstein n’aura jamais su procurer un tel plaisir, ni même Gandhi.
@antoine
« Réchauffer les draps… » Vous avez des « plaisirs » bizarres.. En été ou en hiver ? Votre grand-mère était-elle blanchisseuse ? Pas un aïeul cartographe quand même ? Ou bien Saint Antoine serait-il le saint patron des draps tièdes ?
Vous dites que « dans un monde rationaliste, les puissants seront toujours ceux qui sont considérés comme bien pensants ». Inversez cette proposition : vous obtenez l’histoire de la Révolution française – de l’assemblée de Vizille jusqu’au renversement de l’ordre établi par les puissants, de la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen » à l’abolition de l’Ancien Régime.
S’il y a eu des divertisseurs et des « clowns » dans la foulée, ils ont respecté l’œuvre des encyclopédistes et des penseurs en menant, très à l’écart et dans leur domaine propre, un combat parallèle. Ils n’en ont été que plus convaincants. Marie-Antoinette joua elle-même avec beaucoup de conviction, à Versailles, des scènes de Figaro de Beaumarchais, au grand plaisir du roi. Tandis que les tribuns, dehors, haranguaient les masses contre l’arbitraire et l’absolutisme.
Chacun fit son job, en respectant l’autre, et les moutons et les vaches de la reine furent bien gardés !
DUCHESNE,
Si je vous suis bien, l’inverse de ma proposition serait dans un monde non rationnel (religieux), les puissants ne sont jamais ceux considérés comme biens pensants…
Et la révolution fut l’avènement du règne des bien pensants, tout ceci sans même que l’absurde et la dérision, desquels nés l’art et le beau, puisse prendre sa place pour rappeler que la vie est juste bonne à croquer.
Je ne nie pas le fait. Où vous voulez en venir?
@ Jeff, Antoine
N’est-ce pas la rencontre de personnes (Jorion, Léni et Gaozline) qui cherchent à reconstituer des savoir-faire évacués par la désublimation de la société (vocabulaire Stieglerien : prolétarisation = perte de savoir-faire/savoir-vivre = cadre de France Télécom (faisons court) ou moi cherchant à m’y retrouver devant une gondole d’hypermarché (frustrant si vous lisez les étiquettes pour comprendre que 50m3 de non-choix sont devant vous) ) ?
Moyennant quoi, les uns ont à coeur de remonter l’édifice intellectuel, les autres l’édifice affectif, mais aucun n’y parvient par le fait de la désublimation : Cette désublimation est ici le besoin supposé du public de rompre sa concentration, car le public est friand de la volatilité (celle d’internet, pour faire cliché et court), donc son inapprentissage à suivre une digression. Ce qui désublime la relation avec PJ.
Et côté clowns, la logique de « relativisation » des puissants, qui sert en entreprise à enlever la froideur du discours managérial et à y réinjecter de l’affectif (là je serais moins spinoziste que Lordon, je dirais que l’entropie fait du bien à l’entreprise), devient en somme superflue si la relativisation vient sur un discours qui révèle la puissance par en bas et non par en haut. Cas limite, imaginons une réunion syndicale (du temps que…) où les récits et analyses se succèdent pour montrer l’exploitation etc… Le hiatus serait grand,
…mais peut être l’enfermement de la logique syndicale (française) dans un pré carré très petit (par un patronat qui n’a guère de mal à le faire) est lui-même à mettre en cause.
C’est extrêmement intéressant ce que vous dites là.
Est-ce à dire que le terme de « puissant » désignerait toute personne capable de se distinguer de la masse, ne serait-ce que par son bagage intellectuel ?
Ca m’en a tout l’air, et c’est triste.
Triste, en effet… Mais ce que je dis, c’est assez facile à vérifier il me semble…
Alors que j’étais collégien, un mépris se ressentait sur ceux qui finiraient par faire hôtellerie ou un CAP, car pas assez « doués » pour faire une générale… Et ce mépris se cultive partout, en tout lieu et en tout temps. Pas besoin d’être riche et décisionnaire, intelligent et être reconnu de ses pairs, ça suffit pour se sentir être quelqu’un.
Oh mais je n’ai malheureusement aucun doute à ce sujet, c’est juste que vous avez soulevé un point qui m’a semblé important.
Je n’irai pas aussi loin que vous. Les sages (souvent des personnes ayant un bagage intellectuel, mais ce n’est pas systématique) n’ont pas besoin d’éprouver du mépris pour autrui pour se sentir être quelqu’un.
@antoine,
Certes, mais sommes nous dans un monde rationaliste? J’ai plutôt l’impression qu’on vit dans un monde qui se veut rationaliste mais est en fait toujours largement dominé par l’émotionnel. Et dans ce monde là, les vrais puissants sont ceux qui savent et peuvent le mieux jouer et manipuler nos émotions.
Dans ce monde là, les puissants sont… les clowns et leurs commanditaires.
@chris06
Vous mettez dans le mille…
Nous vivons dans un monde où notre industrie a été méthodiquement démantelée pour confier le travail aux soutiers du tiers monde, un monde où tout ce qui échappe à la compréhension de nos dirigeants comme les services informatiques a été systématiquement externalisé.
En fait, un monde dominé par des médiocres qui n’ont été que trop contents de pouvoir mettre au pas ces enquiquineurs de travailleurs en organisant leur mise en concurrence systématique ce qui a fait le lit de ces personnalités manipulatrices.
Bon. Et maintenant que le constat est posé, je pense qu’il devient à peu près clair qu’il va falloir davantage qu’un coup de serpillière pour nettoyer toutes ces rentes de situation…
@cayla
Vous retardez d’une guerre. Ouvrez les yeux, il est ici le quart-monde. Le quart-monde. C’est bien joli les pauvres hors les frontières, mais il en faut intra-muros, pour nettoyer vos bureaux en nocturnes ou le cul de vos parents en diurne. Du quart-monde d’économie résidentielle comm’y disent. Un « Formidable réservoir d’emploi ! », 25% de chômeurzéprécaires au service commandé de 75% de moyennards grognonnant ronroncochonnant que l’auge se vide un peu trop vite, ou se remplit pas assez vite. L’industrie ? Très joli ça mais pas danq mon jardin, ou alors de la bien propre, high tech avec plein de zolis zolies zinzénieurs bac plus Jean vingt trois… Pfffff. « Et Oukèsson les Puissances Maléfiques de l’Arzent ? Ces « Médiocres » ! Ces Draculas ! Ces Zinfâmes Marionnettistes ! Qu’on se lâche un peu… »
Un des commentaires les plus pertinents, faisant fort bien la part des chose. Brisant le mal entendu . Le mélange des genres a ses limites. La dérision est un art subtil qui mal employé loupe son objectif. L’enjeu actuel étant la défense de la dignité humaine et la dénonciation du sacrifice humain sur lequel repose nos pseudos civilisations.
La tâche de ceux qui s’emploient à analyser les tenants et les aboutissants ,des mécanismes qui conduisent à la destruction de millions d’existences, pour l’épanouissement d’une petite multitude de privilégiés. Ainsi que la tentative de penser et de formuler une alternative à hauteur d’ »Homme » méritent un espace temps nécessaire à l’élaboration et à l’expression de la pensée. Fruit d’un long travail d’artisan.
Artisans de la pensée et artisans de la respiration de la pensée par le rire ne doivent pas être mis en compétition dans un espace temps confiné ou chacun dispute à l’autre ,l’attention du public comme des catcheurs sur un ring. La pensée en est morcelée et le rire n’est plus qu’une pauvre grimace. L’art des uns blesse celui des autres, ils se desservent mutuellement . La pensée ne respire plus, elle cesse d’exister. Cela n’est digne ni des uns, ni des autres, ni du public.
Pour moi c’est un accident, une maladresse, une erreur. C’est humain et réparable puisque ce qui à réunit toutes les présences en ce lieu et en ce jour c’est l’Amitié du genre humain. Les arts ne sont pas rivaux, ils sont complémentaires, nécessaire l’un à l’autre. Parfois ça dérape…oups!
Chacun en est quitte pour quelques égratignures à son amour propre, quelques bleus à l’âme, et de la fatigue.Tout cela est désagréable mais on s’en remet. Chacun retourne à son art, le prochain rendez-vous n’en sera que meilleur.
Quant aux organisateurs, qui n’organise rien, ne prend pas le risque de commettre une erreur ,en toute bonne foi. Les compétences se nourrissent de tout. Quelqu’un cherche-t-il une faute, ou un quelconque fautif ? Perte de temps. Tant de choses à faire.
C’est juste un point de vue.
Tchin tchin à la santé du festival, des penseurs et des clowns.
Merci pour nous.
Grand bien leur fasse! Qui sème la connerie la retrouve dans son jardin.
Amitié.
Cela s’adressait à Jeff.
Flûte!
Boa..tant pis.
@ Antoine : » Les choses simples comme le plaisir de réchauffer les draps avec la chaleur de son corps valent selon moi toutes les pensées du monde, et même Einstein n’aura jamais su procurer un tel plaisir, ni même Gandhi. »
Qu’en savez-vous ? Pourquoi le pensez-vous ainsi ? Ne croyez-vous pas que leurs pensées,affects et actions furent et restent jubilatoires et qu’ils ne furent pas eux aussi prodigues en caresses ? Pourquoi vous fiez-vous à vos propres et seuls préjugés en la matière pour parler d’eux ainsi ?
Vous insinuer que M.Jorion est sur un piédestal et qu’il s’agit dès lors de le détrôner. Incroyable pensée qui tue avant même que d’autres s’en chargent…
C’est votre propre ressentiment décidément à courte vue qui vous fait voir certaines personnes sur un piédestal là où précisément celles-ci aident à hisser le commun des mortels au dessus de la ligne d’horizon que certains abaissent considérablement ces derniers temps.
Vous voulez « tuer le père » là où il n’ y a que des » frères » – Vous ne voyez pas que sous ce prétexte là, vous souffrez vous même du » complexe de Caïn « .
Votre pensée courte se retourne contre vous. Qu’on nous épargne cette « haine de soi « qui veut rabaisser l’autre coûte que coûte ! Cela suffit ! Réfléchissez bien à ce que je vous dis là. Pensez à fond et vous verrez que votre désir de détrôner tout le monde et n’importe qui à n’importe quel moment n’est pas aussi pur et sain que vous croyez que cela fut et en a toujours l’air. Au mieux, c’est ridicule.
Vous jouez contre vous-même et en bon rigoriste vous vous acharnez une fois de plus à séparer l’âme et le corps. Il va falloir arrêter de décoller la têtes des autres, même symboliquement, pour mieux penser la votre.
M. Jorion avec cette histoire anecdotique de clowns confisquant la parole jubilatoire pour imposer un rire qui ne jouit pas, a lever un lièvre. Je ne sais pas exactement lequel, mais il a touché juste.
On doit rire avec la bouche mais ne rien en dire et ne rien en penser. Une piste de réflexion comme une autre parmi des milliers. Difficile effectivement de fermer sa gueule. Bonne continuation.
Le plaisir, le sentiment de justice, la compassion, et tous ses sentiments et sensations n’ont pas besoin d’un être éclairé pour que quiconque puisse les connaître.
S’il s’agit de rabaisser l’homme doué de raison au statut d’homme, en effet, je détrône le roi. Je ne vise pas particulièrement Monsieur JORION, pour lequel je ne doute pas que son action soit sincère, et que sa pensée soit salutaire, au même titre que l’action d’un Gandhi ou de la découverte d’Einstein.
Mais sans les connaître, et sans s’adonner à la raison corps et âme, l’homme, peu importe qui il est et ce qu’il apporte à l’autre, ne serait ce que ça présence, est tout aussi digne d’intérêt et d’importance.
Nous ne partageons pas le même point de vue. Si vous me le permettez, je préfère rester aveugle.
Le commun des mortels, je ne connais pas. Il y a des hommes, des femmes, et des enfants, avec une soif de vivre dans la joie.