Billet invité
Depuis quelques mois, j’observe qu’une expression revient assez souvent dans les commentaires journalistiques. C’est : « Le sujet n’est plus tabou ». J’ai des raisons de penser qu’il s’agit là d’une phraséologie moderne au sens premier du terme. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner dans quels contextes cette expression est utilisée.
Les exemples sont légion : qu’il s’agisse du report du calendrier socialiste (le sujet n’est plus tabou chez DSK ou Martine Aubry), des réunions européennes sur la crise des dettes publiques (le sujet n’est plus tabou : il va falloir restructurer la dette grecque), des discussions autour des vagues migratoires et de l’espace Shengen (le sujet n’est plus tabou : il va falloir procéder à des aménagements du traité de Shengen), des buts de guerre en Libye (le sujet n’est plus tabou : il va falloir faire tomber le régime libyen), ou encore à propos du président de la République (parmi les députés UMP, le sujet n’est plus tabou, et la question sur toutes les lèvres : qui pour remplacer Nicolas Sarkozy comme candidat à la présidentielle ?)
En fait, tout se passe comme si cette expression commode représentait à un moment précis du débat un « élément de langage » dont l’utilité (un peu magique) permettait de faire sauter en douceur les verrous pour permettre à des idées autrement plus abruptes d’émerger et de parader sans scrupules dans le débat. Une sorte de pastille menthol du langage, légèrement analgésique qui préparerait le terrain, le rendant plus meuble.
Si cette expression me semble moderne, au delà du fait qu’elle fleurit un peu partout en ce printemps, c’est aussi parce que je pense que nous assistons subrepticement à un certain nombre de renoncements qui en disent long sur les mutations actuelles de notre société. Et cela se retrouve également dans ces expressions en vogue.
La mise en orbite médiatique d’une Marine Le Pen, pour ne prendre que cet exemple, me semble assez caractéristique du phénomène. Tout doucement, d’articles en dossiers, d’interviews en invitations télévisées, de sondages en sondages, la charismatique leader du Front National, qui est un parti d’obédience fasciste, faut-il le rappeler, est en passe d’être naturalisée dans le paysage politique hexagonal. Il ne serait ainsi pas surprenant que d’ici peu un certain nombre de ses idées s’enracinent dans l’opinion et que certains journalistes soient amenés à écrire : « Le sujet n’est désormais plus tabou, l’islam en France pose un certain nombre de problèmes » ou bien « Le sujet n’est plus tabou : les étrangers sont trop nombreux en France » ou encore : « Le sujet n’est plus tabou : Marine le Pen sera présente au second tour de l’élection présidentielle », ou bien encore : « Dans les rangs de l’UMP, le sujet n’est plus tabou : il faut faire alliance avec le Front National »…
141 réponses à “« LE SUJET N’EST PLUS TABOU ! », par Vincent Migeat”
le FN est un parti d’obédience fasciste dites-vous ?
sans doute.
c’est aussi un parti national comme son nom l’indique. et c’est aussi un parti qui a donné récemment un sérieux coup de barre à gauche, en défendant un programme socialiste. si les tabous dont vous parlez venaient à tomber, il serait du devoir de tout démocratie de nommer sans tabou le nouveau FN, le parti « national socialiste » français, en rappelant pour les nuls en histoire que « nazi » en est l’acronyme en allemand.
le FN n’a donné aucun ‘coup de barre’ à gauche, il s’est contenté de plagier le programme économique des socialistes, par manque d’idées et par calcul électoral.
Le sujet n’est plus tabou
Si l’on veut bien se reporter à ce que dit le FN, je pense que P. Jorion a trouvé la formule exacte qui résume très bien l’ensemble : C’est le seul parti qui propose autre chose (que la mondialisation, etc) mais dans un cadre incohérent. Tout est dit !
Par rapport à la mondialisation en gros, à mon avis il est de gauche, puisqu’il n’est pas libéral. Il veut règlementer, flétrir les puissances de l’argent, etc. Le reste est incohérent, le capitalisme est combattu lorsqu’il s’agit de la mondialisation mais érigé en norme à l’intérieur, c’est pourquoi je pense que c’est le parti des petits artisans et commerçants, nostalgiques d’un monde révolu, celui de 1950…
L’incohérence est là…
@ Bob
C’est drôle de parler de manque d’idée au FN d’autres parlent de manque d’idées au PS et d’autres encore a l’UMP en fait je pense qu’ils ont tous raison alors plagier le manque d’idée des autres c’est génial ca permet au Fn de devenir un parti comme les autres avec lequel L’UMP pourra enfin fusionner, personnellement pourquoi pas un gouvernement d’union nationale pour regrouper toutes ces idées!! 🙂
Pour ceux qui ne sont pas encore au courrant un parti politique n’est pas la pour rassembler des idées et trouver des solutions aux problèmes de la société c’est juste un appareil qui a pour but de faire élire son représentant par tous les moyens essayez de proposer une idée innovante dans un parti dominant une idée qui ne soit pas déja dans le programme vous verrez a quel point on cherche des idées, a part les idées pour se faire élire, le reste on s’en fout un peu.
À la fin de votre 4ème ligne j’étais inquiet, la suite m’a rassuré. À défaut d’Internationalisme, si vous connaissez un vaccin contre le nationalisme, mais sans colle, dites moi le labo. La famille Renault va-t-elle récupérer les 15,1 % du Capital de l’État, en attendant le second procès pour le reste ? Vont p’tet même donner une prime de 1000 € aux descendants de deux générations d’O.S. On va enfin appliquer l’art 16 de « La déclaration universelle des droits de l’homme » pardon le 17 « Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété » p’tet inspiré par le 17 de 1789. « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité ». Y en a des qu’ont oubliés les préalables, p’tet les préliminaires aussi et v’la la chirurgie réparatrice. Qu’est-ce que ça a dû leur faire mal.
Le sujet n’est plus tabou ! Il était temps de réparer l’injustice.
Que ceux qui ont peur du sang s’éloignent de l’écran, ça va p’tet finir par gicler.
« De sérieur coups de barre à gauche ». Vaut mieux lire ça que d’etre sourd…
Un parti qui a défendu le sinistre Hortefeux, alors que même les gens de sa phalange le critiquaient pour sa gestion des Roms, et qui a refusé de le condamner plus tard pour ses propos racistes, sans parler de ses appels constants à l’expulsion de l’étranger, ses provocs permanentes sur l’islam et les juifs, même s’il y a une facade plus proprette, ce parti est le frère de celui de l’infect Fini, et autres Hollandais bruns. Sans parler de son anti-communisme viscéral et violent qui le caractérise également comme un parti fasciste grand teint.
Pour se laisser abuser par un ripolinage grossier, auquel les crétins et les aveugles vont se laisser prendre en masse, – comme ils le firent par la « rupture », par un cheval de retour gavé et autocratique -, il faudrait d’abord voir le FN dans une des manifs contre les retraites ou autre, ou le voir cesser sa rhétorique anti-syndicale obssessionnelle digne du MEDEF, ou encore ignorer ses positions sur l’UE qu’il se proposait allègrement de financer sans moufter, comme l’UMP, avant que son « programme » éco ne soit retiré, soi-disant pour être actualisé.
Le FN ? Un contenu de vieilles viandes avariées dans une boîte fermée hermétiquement.
C’est la définition du cercueil!
Bien vu Piotr. Des clous et Amen !
allez hop, tout est dit dit et redit et expédié, passons à autre chose comme une quatrième défaite successive à la présidentielle.
nb: ne pas analyser ce qui fait recette.
(+1 point ‘godwin’ pour avionnette)
http://www.rue89.com/2011/05/15/strauss-kahn-et-les-femmes-les-histoires-de-trop-203849#commentaires
les commentaires sur rue 89 à propos de l’affaire dsk, et les rapides dérivations réflexes… édifiant.
Nazisme : Le nazisme ou national-socialisme est l’idéologie politique du NSDAP, parti politique fondé en Allemagne en 1920. Cette vision du monde divisait hiérarchiquement l’espèce humaine en races, hiérarchie au sommet de laquelle se situait la « race aryenne ».
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nazisme
Si vous voulez lutter contre la xénophobie du FN il faudrait mieux éviter de se tromper dans ce qui le caractérise…
En 2012 nous aurons le choix entre un parti xénophobe qui retient des propositions économique intéressante même si son cadre d’application n’est pas pertinent et le statu quo.
Tant qu’une troisième voie n’apparaît pas, on est dans la m…
A AAA+++ avant qu’il y ait une 3ème voix, il faudrait déjà – question de bon sens – qu’il en existe une
2ème.
Le FN n’est pas un PARTI…
La haine n’est pas un PARTI
La maladie brune n’est PAS UN PARTI
Faire avec une idée aussi dégradante vous dévalorise et c’est dommage ..
Mare de cette bonne femme obsédée par le mal quelle déguise en bien..
AAA moins que…
Mélenchon fait un retour en arrière de 1981 à nos jours (à l’occasion des 30 ans de l’élection de Mitterand), de l’autre côté de la ligne politique.
C’est assez long mais j’ai trouvé ça vraiment intéressant et bienvenu.
Je l’ai visionné pas plus tard qu’hier soir. Effectivement, c’est un très long, mais extrêmement intéressant discours, qui déborde de culture politique et qui est épais dans le bon sens du terme.
C’est à ma connaissance le plus bel hommage, car en demi-teintes, ni Mitterrandolâtre ni Mitterrandophobe du président socialiste. A visionner sans modération.
à la limite mais sans le son pour juste voir ou au lieu des sons tiens celui-ci ; FBAS Furniture : Erik Satie × Karl Kliem
http://www.youtube.com/watch?v=I9zmWTgtvto&feature=related et sans l’image c’est encore mieux
Ah oui ce Melanchon qui hier sur RMC nous expliquait qu’il était scandaleux que les créanciers raquettent les grecs avec des taux d’intérêt supérieur à 20%..grosse ânerie.. ce type ne sait même pas comment fonctionne la finance à son niveau le plus basique!!
@CHR
ce type ne sait même pas comment fonctionne la finance à son niveau le plus basique!!
je ne sais pas ce qui vous permet d’affirmer ça ,
par contre je pense qu’il en voit bien les effets
sur les peuples grec , irlandais et portugais .
et si je peu me permettre , écoutez le parler finance et vous verrez
qu’il en connais assez pour avoir envie de la mettre au pas .
l’ émission d’arrêt sur image avec attali ou celle avec moatti
vous situerons vraiment ce qu’il en pense
Le sujet n’est plus tabou : le renoncement est plus simple que la lutte
Pour moi « Le sujet n’est plus tabou » signifie ce renoncement, le choiz de la acilité, du fatalisme comme de bien entendu.
c’est un peu vite dit non? la lutte peut mener droit vers la folie (collective), vers des nid de mitrailleuses en position ou des moulins à vent . reculez d’un pas est parfois prudent pour ensuite avancer en bon ordre, c’est dans tous les manuels militaires. perso, les débâcles sociales récentes sur tous les fronts m’ont bien refroidi.
« Le sujet n’est plus tabou » : je comprends cette expression moderne comme : « ce que je vous dis ce jour est le contraire de ce que je vous ai dit hier et de ce que je vous dirai demain; et alors ? »
… « et alors ? Pourquoi pas, après tout : Jean-Marine ? »
ils ont bon dos les tabous!
Les mots travaillent ! Vieux texte situationniste d il y a 40 ans
Les mots travaillent pour ceux qui les font travailler, c’est à dire pour la domination.
Et pour la contre-domination, si nous le voulons.
Les mots travaillent pour la domination, c’est un fait.
Ceux qui combattent la domination peuvent , et doivent, se réapproprier le langage et refuser la langue de l’ennemi, donner un peu de fraîcheur à certains mots en les précisant.
Je parle donc des anarchistes, de ceux qui aiment la liberté sans le capitalisme, des communistes comme étant ceux qui veulent mettre en commun ressources et talents sans un parti totalitaire, des socialistes, de la marchandise, etc.
Nous qui prétendons nous opposer au capitalisme et au marché libéralisé, nous devons mener une guerre sur les mots et redonner vie aux concepts critiques.
La critique du langage de l’ennemi est un préalable à toute critique.
Ce dont il faudrait parler, il me semble, en premier, c’est que ce parti socialiste n’est plus qu’un appareil…
Attali, sur son blog, évoquait récemment l’attitude des élus locaux et des dirigeants devant la perspective de la présidentielle 2012 :
…
Sans la nommer, Attali constate l’insincérité du soutien apporté aux ténors nationaux par les élus locaux. Chacun y pense à soi, selon son rang ; les Princes « parisiens » spéculent la redistribution des « postes » autant que les « affaires à faire », de leur côté, les Maires cherchent à se distancier des Princes afin de ne pas prendre de risque de perdre les leurs. Julien Remy, souligne que ces deux niveaux de la hiérarchie de l’appareil ne se conçoivent sans une base complice d’encartés alimentaires (apportant aux Maire le soutien de leur proches).
Le symétrique « à droite » de ce dispositif décrit « à gauche » va de soi, de plus l’affairisme politique ne se limite pas au sommet, il irrigue tout l’éventail des positions.
À propos du bâtiment de la médiatèque, Rohmer résume d’un mot : « politicaille », mais sa colère tient pour sans intérêt la dénonciation du « tous pourris et nous avec», elle vise l’architecte, et plus précisément le masque de l’architecte : son langage et plus précisément encore l’usage du mot « respectueux », déjà, tout comme Martine Aubry en « appelle à une société du respect« . Les rapports sociaux entre l’appareil et les électeurs de gauche sont médiatisés par des images absolument fausses, ne croyez-vous pas ?
@ Jean-Luce :
La féodalité socialiste, contre la tentation de la royauté présidentielle …
Les termes, mêmes : on utilise le mot ‘baron’ pour désigner les suzerains locaux. Sauf que les barons avait tenure directe du Roi.
Rien à voir en l’espèce, tout le contraire.
Ce qui est intéressant, c’est de constater que même la royauté de droit divin à la Louis XIV ne parvint pas à supprimer totalement cette féodalité : elle ne put que la contrôler.
Ce n’est qu’en coupant la tête que cette féodalité fut mise à bas.
Pour la féodalité socialiste, je dirais l’inverse : en couper les racines. Soit, que les barons règnent sur le néant du militantisme.
C’est en bonne voie, sauf que les fonctionnaires territoriaux sont suffisamment nombreux pour former encore de vastes bataillons …
« Le sujet n’est plus tabou » signifie que nous devons nous serrer la ceinture, que tout ce que nous pensions acquis depuis la deuxième guerre mondiale est remis en question (comme la retraite, par exemple). En clair, ce qui n’est plus tabou c’est le démantèlement de l’Etat social parce que, vous comprenez, quand y a plus y a plus !
A part cela, des tabous il en reste un certain nombre et pas des moindres et ceux là, nos élites n’ont pas encore décidé de s’y attaquer sans tabou.
Les tabous c’est comme les croyances, chacun la sienne, y compris dans sa négation.
Voir le petit docu Arte;illustration parfaite…
Le sujet n’est plus tabou = Le sujet n’est plus l’ineptie que je dénonçais hier
Le sujet n’est plus tabou = je peux enfin me libérer de la chape de plomb de la pensée officielle (entendez par là les paradigmes dominants du microcosme dans lequel j’évolue)
Déjà, en 1984, Pierre Juquin, alors membre du PCF, en révolte contre l’appareil, assurait vouloir discuter avec Georges Marchais « sans tabou »…
A la suite de quoi ledit G.Marchais avait ridiculisé ce brave Juquin en l’affublant du surnom de « Camarade-Tabou »…
Souvenirs….
« Le sujet n’est plus tabou » est de la même famille que le célèbre « je dis tout haut ce que les autres pensent tout bas: un formule pour nous faire accepter l’innaceptable et nous y préparer. Leur champ sémantique de connation permet de nous faire avaler ( et valider) tout et n’importe quoi. Toxiques et dangereuses ces expressions à mon sens.
Néanmoins je reconnais que je suis heureux que le dogme nucléaire ne soit plus tabou, mais à quel prix??
Leo Ferré ‘Il n’y a plus rien’ 1973
ça va faire 40 ans qu’on vous le dit!
Le sujet n’est plus de tabou
Il n’y a plus de tabou, puisqu’il n’y a plus rien!
C’est qu’à défaut d’une croyance forte (genre « le progrès ») qui pouvait s’autoentretenir après ses premiers succès, nous sommes dans un régime de butinage, de « stratégie du (p’tit ou grand) choc » , de circulation entre les « attracteurs d’opinions » (au sens mathématique des attracteurs et des modèles de Serge Galam par exemple).
Nous sommes dans un régime d’interaction entre réseaux sociaux (FBook) et réseaux de pouvoir (Pays arabes).
Dans ce régime, le journaliste est nolens volens un haruspice, même sans voir le foie d’un oiseau, il prophétise ce qu’il est bon de prophétiser (pour l’audience).
Comme le spéculateur qui cherche à trier profit de la volatilité, il tire parti de ce qu’il voit comme chocs « en formation » et les poussent jusqu’au point qui (lui) rapporte médiatiquement.
Ce point qui rapport, c’est forcément défini par une phrase de »rupture » : « le sujet n’est plus tabou ».
Après on a la logique (cf Bruno Latour) de comment être post(post) moderne, comment être décalé de décalé, et autres tourniquet dont la solution est dans l’interaction de deux réseaux (c’est du méta kercoz !), pas dans le dépassement unidimensionnel d’une (faussement unique) tendance.
(Ariane ma soeur) de quelle plume vidée, Vous courûtes à la pige où vous fûtes payée.
[…] du billet « LE SUJET N’EST PLUS TABOU ! », par Vincent Migeat sur le blog de Paul […]
j’avais le sentiment de délirer, en écrivant ce billet, vu l’absence de réactions : http://gauchedecombat.wordpress.com/2011/05/11/vers-un-gouvernement-de-droite-plurielle-incluant-le-fn-en-2012/
Vous me rassurez plutôt sur ma santé mentale… Il est déjà si peu tabou de se revendiquer islamophobe… Notre pays a la gangrène.
Justement le sujet devrait peut-être rester tabou. On avait dit qu’on ne ferait pas de politique sur ce blog, et c’était une sage décision. Mais avec l’entrée en scène du FN comme sujet… cette règle est rompue, au risque de la zizanie. Nous risquons de nous entre-déchirer. la politique se termine toujours en carnage.
Ce sont des lignes de fractures qui traversent même les familles… Je suis d’une famille socialiste; et pourtant ma mère a voté FN, elle qui a milité au MLF dans les années 70. Je ne plaisante pas.
En ce qui me concerne j’ai toujours voté socialiste… mais je suis contre l’immigration. Pourquoi ? Parce que tout le monde est pour, donc je suis contre ! juste pour embêter autrui. Parce que cela me donne l’impression d’avoir une opinion libre…
Je ne serai jamais d’aucun consensus.
Le Fn est une machine à perdre pour la gauche et utilisé à des fins électoralistes par l’UMP, mais… il est aussi la cristallisation des angoisses d’une part de la société.
« …Justement le sujet devrait peut-être rester tabou…. »
Tout à fait d accord, pour les raisons que vous évoquez!
Et encore, il y en a d’autres des phrases toutes faites.
Surtout chez les politiques.
Quelques exemples:
– nous sommes en sortie de crise (où ça? où ça?)
– la crise est derrière nous (nous, ce n’est pas forcément vous, mais c’est sûrement eux)
– je le dis en toute transparence (je lance un fumigène)
– je n’utilserai pas la langue de bois ( oups ! attention copeaux devant ! )
– vous utilsez la langue de bois ( votre « sciure » est trop bonne!)
– nous sommes pour le changement (de personnes, c’est-à-dire moi à sa place)
– les chiffres ne mentent pas (2+2 fait entre 1,5 et 12 selon ce qui m’arrange)
– je vais sur le terrain (terrain = contrée mythologique où vivent les « vrais gens »)
– la croissance repart ( nous, on veut qu’elle reste ! )
– je suis profondément choqué (de la profondeur d’une flaque, pas plus)
– nous allons créer un groupe de travail ( que font les autres groupes? )
– selon le haut observatoire… ( haut mais pas himalayain)
– je n’ai pas de tabous (sauf mes TOC, mes phobies, mes angoisses….)
– etc, etc…
@Tano,
Je me permettrai de rajouter non pas deux expressions, mais deux mots:
Le premier: « Réforme ». S’il y a un terme qu’il faut je crois manier avec d’infinies précautions, c’est bien celui-ci. En effet, dans la bouche des responsables de droite (mais parfois également de certains à gauche il faut bien l’avouer), réforme rime le plus souvent avec réduction drastique de l’état, crypto-projet d’abandon du principe de retraite par répartition (pour ne prendre qu’un exemple) bref, avec régression sociale. Ce mot a été tellement utilisé par eux qu’il est aujourd’hui vidé de son sens premier. Réforme, signifie: « modifier dans le but d’améliorer ». Réformer, personne n’est contre, car chacun mesure bien que la vie est mouvement. Il n’en reste pas moins vrai que les réformes, toutes nécessaires qu’elles soient ne doivent pas blesser la collectivité en obérant ses chances de développement, en réduisant les acquis sociaux, en faisant payer l’addition de la crise aux plus faibles. Une réforme digne de ce nom, devrait au contraire s’employer à moderniser la vie démocratique, à la rapprocher du citoyen, à la rendre plus intelligible.
Le second, c’est le mot « crédible ». Etre crédible, tenir des propos crédibles, c’est les situer implicitement à l’intérieur du périmètre du « cercle de la raison » cher au « grand » Alain Minc. Cela signifie que pour que des propositions soient jugées crédibles, elles doivent correspondre aux critères définis par un ensemble de gens ( ceux-là même qui ont provoqué la crise ou qui l’ont laissée advenir). Dés lors, le mot « crédible », ou « pas crédible » décide en un instant du sort d’une idée, ou d’un ensemble d’idées. Etre « crédible » c’est proposer des choses compatibles avec le système actuel. Cette pensée unique, savamment entretenue par ses thuriféraires, par ses grands prêtres est absolument terrible pour la créativité politique. Dans un monde en mouvement, elle est le plus sur moyen de faire du sur-place. Et donc, relativement, de régresser. Cherchez l’erreur…
Toujours l’histoire de la grenouille dans la bouilloire…
Je me rappelle d’une autre phrase qui était il y a peu à la mode :
« Contre toute attente… »
Contre toute attente, le sujet n’est plus tabou !
Allez plus de tabou…F.Miterrand a vendu l’espace audio-visuel français en 1983-84 a son meilleur ami friqué, qui l’a lui-même revendu à l’Italie…N.Sarko a déglingué la sécurité sociale au bénéfice des mutuelles obligatoires orchestré par son Frère qui espère se faire des boules en or et J.Chirac m’aura convaincu que la paresse est un droit éternel…Quand à Marine, il semblerait qu’elle arrive au moment où tous ces prédécesseurs ont tout mis en place pour que son ascension ne pause plus de problème…Merci la politique nous n’en attendions pas moins de votre part.
Rêve de printemps.
Et puisque le sujet n’est plus tabou, parlons zan : http://leweb2zero.tv/video/abe_634857fafc14659
(démago : Du grec ancien δημαγωγός, demagós, composé de δῆμος, démos (« peuple ») et ἀγωγός, ágogós (« guide »), littéralement « celui qui guide le peuple ». Latéralement : peuple à gogo.)
discours de george marchais alors président du front national en 1981?
reproduite dans le journal minute ?
« Je vous le déclare nettement : oui, la vérité des faits me conduit à approuver, sans réserve, la riposte de mon ami Paul Mercieca. (…) Plus généralement, j’approuve son refus de laisser s’accroître dans sa commune le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés » ; – En raison de
« la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leur familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. » – « La cote d’alerte est atteinte. (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. » – « Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. » – « Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration ». – « Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. » – « Quand la concentration devient très importante (…), la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d’aide sociale nécessaires pour les familles immigrés plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes »
http://militant.over-blog.net/article-lettre-de-georges-marchais-alors-secretaire-general-du-pc-49602926.html
Alors ce qui me déprime c’est qu’a la télé on nous envoie à longueur de journée des films ultra-violent, des affaires de meurtres, de viols, de violences aux enfants, de prostitutions, de peuples qui crèvent la faim etc……
et quant un homme politique ose dire deux mots: « immigration, bienfait ? »…….
OUUUUUUUUUUUUUHHHHHHH!!!!!!! là là là là là….
les bienpensants sont horrifiés………
« on ne peut supporter ce discours, ces mots obscènes, c’est monstrueux…… »
vraiment, je me demande dans quel monde on vit.
mais attention
ne me méprenez pas…
je ne dis pas que le FN est une solution à nos problèmes…
tout comme le npa,
non… surement pas…
mais la voie du milieu comme on nous la propose, certainement pas non plus.
(on voit le résultat)
il n’y a pas d’espoir…
tout continuera comme avant
les riches s’enrichiront
les pauvres s’appauvriront
et les bienpensants continueront de nous dire ce qu’il faut penser, comment il faut penser….
Si les pissenlits étaient difficiles à cultiver, ils seraient les bienvenus sur toutes les pelouses.
Andrew V. Mason
Mohamed Prend ta valise,
Et va nous chercher des devises.
Refrain d’une chanson de Kateb Yacine se moquant des families algeriennes envoyant
Leur fils en France pour vivre mieux eux au pays.
Tout le monde etait content ,et les families et le patronat francais.
Et Mohamed 15 Ans apres sera remplace par la robotique.
L’origine fasciste du FN ne fait aucun doute. Cependant la naturalisation de ce parti ne doit pas faire perdre de vue que ses idées, elles, se sont répandues depuis belle lurette dans la société politique française. Ce n’est pas le FN et son action qui peuvent expliquer à eux seuls le virage à droite de tout un pan de cette société politique française bien au delà de ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême droite. Le FN n’est pas un virus très dangereux qu’il suffirait d’isoler pour empêcher toute contamination des esprits par son idéologie. L’extrême droitisation de la société française n’est pas l’avenir mais déjà notre présent. Les propagandistes de la « lépénisation » ont tout aussi bien été les leaders du FN que ceux à droite comme à gauche par leurs discours manipulaient les peurs sociales. A toutes fins utiles je rappelle les : « la France ne peut accueillir toute la misère du monde » de Michel Rocard, » ; « l’invasion » évoquée à propos de l’immigration par Giscard d’Estaing, « Les odeurs et le bruit » évoqués par Chirac. Sarkozy est la cerise sur ce gâteau infect, dans la continuité d’un processus amorcé il y a plusieurs décennies qui aboutit à la création d’un ministère de l’immigration et de l’intégration. Je renvoie aux fines analyses de Jacques Rancières, notamment celles lumineuses qu’il développe dans Aux bords du politique (Gallimard, Folio essais, 1998)
Ce processus s’est aussi traduit par l’application de politiques anti-sociales et anti-humanistes depuis de nombreuses années, y compris dans la courte période où la gauche gouverna en France. Ces politiques ont coïncidé avec l’introduction du néo-libéralisme, Idéologie et politique économique par nature anti-sociale, anti-humaniste et anti-démocratique. Plus grave que le tabou, est le double langage. On en trouve un très bon exemple dans Démocratie française, le livre à succès que rédigea l’ancien président Giscard d’Estaing sous sons septennat. Ce livre commençait, je cite en substance, en disant, il existe une nouvelle pensée : le néo-libéralisme et c’est la voie d’avenir qu’il nous faut suivre. C’est une erreur intellectuelle que de se focaliser sur le FN sans voir que ces politiques régressives constituent le milieu dans lequel celui-ci a pu prospérer électoralement.
Conclusion, on ne combat jamais mieux le FN qu’en faisant la critique sociale du vide politique et en proposant de véritables alternatives à même de combler ce vide.
Le libéralisme absolu dans le capitalisme achevé n’a absolument plus besoin de la démocratie
Sujets extrêmement sensible, je ne sais pas s’il est possible d’en discuter sans s’énerver… étant donner le lourd passé qu’il évoque.
Alors, je ne sais pas si je vais oser poser la question, – de savoir s’il n’y aurait pas un fond anthropologique au racisme… ? C’est à dire un programme « génétique » de refus de l’autre. Après tout, vu le comportement de l’espèce humaine, cette question n’est pas illégitime. Et si l’on n’ose pas poser certaines questions, ne tombe-t-on pas hors du domaine scientifique pour rejoindre celui de la doctrine ? Le racisme est-il entièrement culturel ou bien aurait-il un soubassement éthologique pour le coup, serait-il donc un comportement « utile » à je ne sais quoi ? Il peut exister des comportements que nous condamnons moralement et qui pourtant ne sont pas inutiles à l’individu qui les produits….Par exemple la maxime, « en amour tout est permis », illustre cela. Tous les subterfuges, les mensonges, l’égoisme, etc. Beaucoup de stratégies « gagnantes » peuvent paraitre moralement déplaisantes…
Sujet extrêmement délicat. Enfin… l’homme n’est pas un animal de compagnie. Nous appartenons au règne de la nature, à celui des lions qui égorgent les petits de leurs rivaux… celui des hordes de singes qui entrent en guerre aussi. Le comportement décide de qui sera là à la prochaine génération, et qui n’y sera pas. Ceci est quand-même de l’ordre de l’inéluctable. Donc certains comportements, que nous réprouvons moralement, peuvent en théorie avoir une utilité au niveau de la machine génétique à laquelle nous ressortons…
« Le gène égoiste » : ce livre reproduisait la thématique de la sélection naturelle au niveau de chaque gène, à savoir que chaque fragment d’ADN donc devait lutter pour sa transmission.
Nous sommes le résultat de millions d’années de sélection… nous avons des programmes de comportements. Par ex pour chaque homme, aimer une femme ne lui vient pas de la culture. Il est « programmé » pour ça. Cela n’est pas de l’ordre de la volonté, de l’esthétique, de l’acquis, de l’intuition, Ah tiens… etc.
Je précise que je n’ai pas les réponses, je ne veux rien suggérer ni prouver quoique ce soit.
Nous, habitants de la terre, nous avons en commun d’être des humains, avec des histoires religieuses et philosophiques différentes.
N’oublions que c’est le modèle européen américanisé qui s’est imposé au reste du monde et que c’est maintenant le marché mondialisé qui veut faire de nous des égaux, mais non pas des égaux libres, mais des égaux dominés.
On sait de quoi on a peur : la peur est objective. L’anxiété née de la frustration est diffuse : elle ne connaît pas sa cause. Du coup, la moindre aspérité – et la différence en est une – lui fournira un support où aller se fixer.
Le remède est connu : la prise de conscience. Savoir d’où vient la frustration, nommer sa source et ensuite la combattre. Exemple : Orange ; la frustration vient des pressions liées à l’exigence d’une rentabilité inadaptée aux questions à résoudre.
Illustration intéressante dans l’actualité, la fondation Terra Nova qui se désintéresse des ouvriers : on les laissera à leur anxiété qui a commencé d’aller se déposer sur la différence. Ce que cela révèle : le nom de la source de la frustration des ouvriers est devenu tabou. On se recentre sur les « classes moyennes » – la nouvelle étiquette « chic » pour parler des prolétaires qui ne travaillent pas en usine. Mais comment décrira-t-on la source de frustration des classes moyennes ? Si on ne la nomme pas, ils iront rejoindre les ouvriers déjà abandonnés au FN.
Quand Giscard évoque l’invasion des étrangers ce n’est pas son programme génétique qui lui impose de le dire. Ou alors on tombe dans le travers de la socio-biologie.
Le rejet de l’autre, si toutefois l’on veut bien éviter de traiter la question du point de vue des généralités a-historiques, s’inscrit d’emblée dans un discours fait de distinctions catégorielles opérantes sur un plan politique et social et qui correspond à une prise de position sur un échiquier politique. La peur de l’autre s’enracine dans un substrat biologique, mais celui-ci a toute latitude pour s’exprimer ou pas, et quand il s’exprime selon des modalités et des degrés très divers selon les lieux et les époques. Cela va du refus de serrer une main tendue à l’élimination d’un groupe social. Autant dire que la peur de l’autre est un concept bien trop général pour avoir une quelconque signification philosophique et politique. La génétique n’éclaire pas le débat car précisément les humains se distinguent du règne animal par leurs capacités de réflexion qui leur permettent d’assigner des fins à leurs actions.
Paul Jorion
C’est le cas, les classes moyennes, du moins une partie, sympathise avec le FN. Jusqu’à présent, les électeurs du FN se recrutaient essentiellement parmi les ouvrier et les chômeurs. C’était le cas (selon les statistiques) en 2002 et en 2012. Le vent a changé.
De plus, le mépris que le PS et le nouveau mouvement « Terra nova » réservent aux deux classes citées pourrait se révéler néfaste pour la Gauche: les abstentionnistes, nombreux, seront peut-être cette fois-ci au rendez-vous, en 2012.
@Pierre-Yves
Et allons-y ! Rajoute-s-en une couche ! Comparer le Rocard avec Le Giscard ou le Chirac en omettant le principal de la phrase de Rocard soit , de mémoire, « blablablabla, mais elle doit en prendre toute sa part. »
Alors Monsieur ? C’est pareil ? Ça fait quoi de bêler avec les moutons ?
Quand je pense que pendant ce temps là Obama vient de déclarer que les 14 millions de clandestins aux US étaient une chance pour l’Amérique et qu’il voulait tous les régulariser… Mais c’est un pantin à la solde de Wall Street, pas un homme de gauche authentique, un ectoplasme… La France elle les aime ses Vrais hommes de gauche ! Elle les respecte ! Elle les traite comme des hommes de droite, elle les dissout dans la droite (Rocard, Delors…), les vire (Mendes) ou les assassine (Jaures).
L’avenir est toujours de l’autre coté de l’atlantique. C’est fini pour l’Europe et la France, et bon débarras ! Jorion ! Repars là-bas !
Rocard, c’est bien celui qui a récemment déclaré à un colloque du medef que les états étaient entrés dans leur phase de nuisance, et que puisque ce sont les entreprises qui sont face au réel, que celles ci devaient prendre les rênes.
ou Delors, inénarrable chantre du dieu marché…
« Vrais hommes de gauche » aux manières à droites. En tout cas, technocrates quand tout va bien, ploutocrates qd (non pas si, mais qd) çà tourne mal. démocrates qd çà les arrangent. limite tyrans d’eau douce.
14 millions de pauvres (5% de la population us!)du fait de wall street et consorts, c’est une chance?!
énorme!!
La france a assassiné Jaurès?!
gigantissime.
C’est pas lui qui a dit que la nation est le seul bien de ceux qui n’ont rien, ou dans ce goût…?
PY dit que l’ultralibéralisme fait le lit du fn (en fait c’est le film des médias : ds les urnes, c’est tout petit le fn), et vous volez sauver rocard…
chevaleresque, mais drôle de cheval de bataille…
Sinon, en aparté, vous êtes un adepte de la fuite? çà fait trois fois… geste théâtral aussi?
Vigneron
La citation complète est : « La france ne peut accueillir toute la misère du monde mais elle doit en prendre fidèlement sa part. » (1990). Je m’attendais un peu à ta réaction au sujet de mon commentaire citant Rocard. Je t’objecte que la production de la citation entière n’enlève rien à la critique de sa première partie, sur le fond. En l’occurrence, même si c’est à son corps défendant, qu’il s’agit d’une maladresse, est proposée une certaine catégorisation du monde qui fait écho avec un discours certes plus radical mais dont les prémisses sont les mêmes sur le plan de l’ontologie. Ce qui revient à combattre ceux auxquels on s’oppose politiquement en allant sur leur terrain au lieu de proposer une vraie analyse contradictoire. Je précise que Rocard n’était pas pour l’immigration zéro et qu’ il montra sa désapprobation à propos de la façon dont furent traités les occupants de l’Eglise saint Bernard.
Rancière fait cette analyse dans un passage du livre précité, dans un paragraphe intitulé Le multiple excessif :
: de Michel Rocard à Charles Pasqua :… « Qu’est-ce qu’on ne peut pas accueillir ? « Toute la misère du monde »? On pourrait, sans doute, se contenter de renvoyer cette phrase dans l’enfer logique des jugements indépendants. Simplement on manquerait ainsi le cœur de l’affaire : la force d’exclusion attachée à cette « mauvaise partie » de la misère que désigne le « pas toute ». Nul ne sait, bien sûr, qu’elle est cette « partie de la misère » que nous ne pouvons pas accueillir , quelles sont les propriétés qui distinguent la bonne de la mauvaise partie du tout. Le problème est ainsi inverse de celui qui nous occupait précédemment. L’analyse de Searle arguait d’une absence de propriétés objectives, là même où les propriétés distinctives se manifestaient avec assez d’évidence. Ici, à l’inverse, il s’agit d’établir ces propriétés inapparentes qui distinguent la partie de misère ou cette misère faisant totalité que nous ne pouvons accueillir. Qu’est-ce qui fait cette opération ? C’est la loi, l’instance de l’universel qui commande au particulier. Mais elle le fait d’une manière bien spécifique, non point en discriminant des propriétés mais en élaborant une catégorie spécifique du multiple comme catégorie de l’Autre qui ne peut être accueilli.
Nous pouvons partir, pour entendre ceci, des jugements généralement portés sur l’arsenal législatif des lois Pasqua-Méhaignerie sur l’immigration et la sécurité ne faisait que mettre en harmonie des dispositions dispersées déjà existantes et les soumettre à l’universel de la loi.
Mais il s’agissait d’abord d’autre chose : non pas tant donner le sceau de la volonté collective aux mesures empiriques imposées par la réalité mais proprement constituer l’objet de la loi et redéfinir son sujet. Les dispositions de la loi Pasqua et du code de la nationalité ont eu d’abord pour objet de constituer l’objet même auquel la loi s’appliquait : cet indéfinissable « pas tout » de la misère qui ne peut être accueilli, cet Autre dont les propriétés diffèrent des nôtres et ne peuvent en conséquence être accueillies dans le concept de notre identité. C’est d’abord à cette élaboration qu’a servi l’ »universel » de la loi. C’est d’ailleurs un usage assez fréquent de la loi aujourd’hui : prendre en charge ce qui n’est pas pensable, faire de l’ontologie sauvage…. »( Aux bords du politique,pp. 183-184)
Je t’accorde que Rocard n’est pas Giscard. Il n’empêche que toute la gauche dite de gouvernement, Rocard compris, a emboîté le pas à la vague néo-libérale au tournant des années 80 et ce jusqu’à Jospin qui déclara que l’Etat ne peut pas tout et qu’il n’était pas socialiste. Et pourtant le même Jospin était resté le coeur très à gauche, puisque c’est comme lambertiste qu’il était entré au PS. De même quel grand écart entre la vision démocratique de l’économie incarnée par l’autogestion prônée au PSU et la politique du moindre mal appliquée quand il fut ministre.
La différence entre la gauche et la droite est que la gauche a appliqué avec une certaine mauvaise conscience et surtout fatalisme des politiques économiques régressives au nom d’un réalisme économique qui s’accordait avec la vision naturaliste de l’économie des idéologues et économistes libéraux. Pour la droite libérale, c’est évidemment sans états d’âme, que ces politiques furent menées, car le programme d’inspiration hayékienne coulait de source. Von Hayek, interrogé au soir de sa vie sur le degré d’application de ses théories se montra d’ailleurs fort satisfait.
@Vigneron
Vous seriez pas un peu centriste ? 🙂
@Pierre-Yves D
Très bonne analyse. Cela dit, si je suis entièrement d’accord pour souligner la responsabilité de la social-démocratie dans la progression des idées néolib et in fine, dans la situation actuelle, il ne faut pas oublier la complicité d’une grande partie de la population, complicité passive ou non, partielle ou non, consciente ou non. Il ne sera pas facile d’expliquer aux gens que la rente c’est fini (pour tout le monde) et que pour retrouver un contexte moins explosif, il va falloir pour beaucoup accepter la perte d’une partie de leur épargne.
Mais là encore, le rôle de la deuxième gauche est accablant. En légitimant le corpus individualiste néolib, elle a décrédibilisé jusqu’au principe même de solidarité structurée, c’est à dire institutionnelle, et partant, finalement, tout projet de gauche. Il n’est pas étonnant de constater aujourd’hui la difficulté de progression d’une gauche assumée, comme le PG ou Die Linke par exemple, le transfert s’opérant sur la droite populiste et xénophobe, qui elle n’est pas marquée par le sceau « essayé et non approuvé » . Il faudra du temps et de la souffrance, probablement, pour reconstruire cette idée de solidarité…
@ Nicks
Je suis bien d’accord. Je regrette d’autant plus le départ (que j’espère transitoire !) de Vigneron qu’il n’a pas son pareil pour appuyer là où cela fait mal, du coté de l’épargne. Vigneron participe avec le talent qu’on lui connaît à la nécessaire prise de conscience générale s’agissant de faire le deuil de l’économie de la rente.
Chacun sur le blog exprime des sentiments, des idées, en apportant sa petite touche personnelle, qui par définition n’est pas celle du voisin. Ce n’est pas parce que nous ne jouons pas tous les mêmes notes ni ne jouons tous du même instrument, ni n’avons tous les mêmes amours ou les mêmes détestations, que ne se fait pas entendre sur le blog une petite musique en quelque sorte point de repère et de ralliement pour les combats décisifs, présents et à venir.
La déception j’ose espérer passagère de vigneron est à la mesure de l’intérêt qu’il porte au blog. Raison de plus pour que le dit Vigneron regagne son poste au plus vite ! 🙂
Vigneron je vous l’ai déjà dis j’aime bien vous lire, l’éthique y prend du corps, des attributs, des coups parfois, et l’énergie au blog que vous donnez vous épuise j’imagine… un blog on peut se demander ce que c’est, communauté aux contours imprécis d’autant qu’elle est virtuelle, évanescente, improbable, laboratoire dit-on (mais c’est quoi alors la gueule d’une communauté là-dedans?) fenêtres et portes aux vents où se mêlent des plages de temps différents, des espaces morts, exutoire et surface d’inscription, on en oublierait de lire les œuvres, les fruits mûrs, et de se rappeler à la question « comment ça fonctionne un blog? »… Deleuze qque part, à propos du mouvement ; « ruisseau sans début ni fin, qui ronge ses deux rives et prend de la vitesse au milieu. » ….. et le temps d’une nuit se réveiller Hjaltalín; http://vimeo.com/13008486
la vie est ailleurs… et j’attends de votre retour, votre rumination, votre billet invité, il est temps que vous preniez votre temps, à bientôt!
Armand Robin lu par Jean-Luc Godard
http://vimeo.com/17926590
mon commentaire s’est trompé de fil (svp le glisser sous comment de Vigneron n°35 — merci)
Nous n’avons pas le pouvoir de faire cela. Mettez-le au bon endroit en j’effacerai la première version.
Au lieu d’en prendre dévotement sa part elle ferait mieux de l’éradiquer ! C’est sûr qu’en considérant que la vraie, la seule, l’unique histoire, est celle qui est justifiée par ses propres croyances (c’est le capitalisme historique, les seigneuries et autre Seigneurie, les tyrannies, les guéguerres pour la Patrie ou pour son Seigneur, les théocraties, l’échange monétisé, etc.), on se trouve dans l’obligation d’accepter la misère, et même de la considérer comme le signe d’un manque ou d’une absence de foi en sa propre croyance. Et on colonise, et on ne parle que de ça pour être sûr qu’on ne parle pas d’autres choses…
AU SECOURS ! Qui peut m’aider ? Qui peut m’aider à comprendre pourquoi et comment l’espèce qui se considère comme le summum de ce que la nature a pu produire continue de croire à des futilités (il faut rester poli en toutes circonstances) du genre : l’échange monétisé est ce qui motive ma vie, c’est à lui que je dois la consacrer, je dois le vénérer en acceptant sans question (dégâts humains et (environne)mentaux) le salariat, et je dois aider les pauvres infidèles à se convertir, par la misère et la force s’il le faut ?
Merci d’avance..!
Pierre-Yves D. : « c’est la voie d’avenir qu’il nous faut suivre. »
oui. c’est même une autoroute sans sortie…jusqu’à l’automne dernier.
giscard est un type passionnant. il aurait du titrer son livre « comment, par la faillite, pousser les états à se soumettre enfin au marché ». avec des annexes pour les collectivités locales.tirage plus limité, mais public de connaisseur.
« proposant de véritables alternatives à même de combler ce vide. »
Ce qu’on veut…il y a pléthore de propositions (mr Jorion à l’immense mérite de se focaliser sur un point)…
Mais ce que l’on peut est assez restreint : une autoroute sans sortie. Parce que « vide » en fait, c’est l’ultralibéralisme qui est appliqué.
Vous parlez de « politiques régressives »…les directives européennes qui soumettent tout au marché (« libre et non faussé », complété d’accords de libre échange avec à peu près toute la planète) unique? c’est dans les traités européens en fait ex : http://www.marianne2.fr/Le-Conseil-europeen-fait-il-plonger-le-Portugal_a206056.html
Certes. Mais alors: quel sujet est devenu tabou? Tout aussi intéressant…
Est devenu tabou le refoulé, par exemple le désir de révolution.
les tabous pour la pensée c’est un peu comme les roulettes pour la bicyclette: grandir c’est trouver son équilibre.
ras le bol des bien-pensants et des soumis ramollis.
« La politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde mais pas trop. » e. herriot
le sujet n’est plus tabou
les gens sont à bout
de l’histoire il ne reste qu’un bout
le sujet n’est plus tabou
et les restes mis bout à bout
pourrait bien donner du goût
de l’histoire il ne reste qu’un bout…
si l’important vient de vous
les gens ne sont pourtant fous
la « rolls royce » est bien à vous
et les restes sont pour nous
le sujet n’est plus tabou
restez bien au chaud chez vous
vous avez le tout-à-l’égout
si en vous monte le dégoût
le bureau des plaintes est à vous
pour finir ma sérénade
j’aimerais qu’on écrivent une aubade
où les gens mis bout-à-bout
ne serait plus des sujets tabous
En ce qui concerne le FN, comme des autres maladies, il faut bien considérer les causes et les symptômes, et la relation dialectique entre les deux.
On administrera le traitement plus tard.
Quel traitement ? et quand ? après les nouveaux accords de Munich ?
Si l’on suppose que la théorie de la Relativité s’est trompée, n’était pas généralisable et a détournée les unités pour faire correspondre les calculs avec les données, est-ce encore tabou ?
Si on dit que la réussite sociale n’est pas forcément liée avec le niveau d’études ni avec le niveau de connaissances sera-ce donc toujours tabou ?
Il est possible de lever le tabou en montrant que de telles personnes ont des originalités, comme un handicap ou des facultés extraordinaires au détriment de leur personnalité ou de leur équilibre personnel. Mais si c’est quelqu’un d’ordinaire c’est toujours tabou ! Comme si l’humanité cherchait par tous les moyens à maitriser ce qu’elle ne peut pas maitriser puisque c’est toujours par définition imprévu.
L’imprévu est-il tabou ? Trouver la vérité est-ce tabou ? A-t-on tord d’être tabou si on est normal ? Etre normal : est-ce tabou ? etc….
Vu le niveau du blog de M. Jorion, je suppose que la plupart de ses lecteurs ont fait des études supérieures et ont actuellement une situation sociale qui leur permet de disserter (de loin) sur l’immigration et le FN. Ce n’est pas mon cas : je viens d’un milieu ouvrier, j’ai vécu parmi les immigrés (essentiellement Européens au début), j’ai travaillé dans un milieu laborieux (les chantiers du bâtiment et les triages de la SNCF) et j’ai commencé des études supérieures vers l’âge de 35 ans, en plus de mon boulot. Maintenant, je pense avoir la situation sociale de la plupart d’entre vous : milieu protégé à la campagne, voisinage cadre supérieur, enseignant ou bobo, cultivant l’entre soi et très ouvert à la « diversité » qu’il ne fréquente pas.
Il y a des choses qu’on ne peut comprendre si l’on n’en a pas eu l’expérience. Je me souviens que mon père me disait souvent quand j’étais gamin : « travaille à l’école si tu veux avoir une bonne situation ». Intellectuellement je comprenais ce que disait mon père, mais je ne l’ai vraiment compris que lorsque je suis entré dans le monde de travail. Il en est de même pour l’immigration : on ne peut comprendre ses effets sur les gens que si on la subit soi-même, pas occasionnellement mais tous les jours comme un problème qui se pose et se repose et empoisonne votre existence. C’est mon ex belle sœur qui quitte sa Cité parce que sa fille devenue ado se fait constamment harceler, parce qu’elle ne peut faire ses courses sans que les « jeunes » lui ouvrent son sac pour voir si elle a acheté du jambon ; c’est mon collègue de boulot qui avec ses enfants va vivre dans un mobil home parce que dans son immeuble il est « le Français » et qu’on jette les couches sales des gamins sur son balcon ; c’est la guerre dans le triage parce que les poêles ne doivent pas servir à faire cuire du porc, et qu’il n’est plus possible de casser la croûte ensemble ; C’est le fils d’un ami qui se fait traiter de « sale blond » et qui en raison de ses cheveux trop clairs doit se faire recoudre à l’hôpital ; c’est le smicard mort de trouille qui prend sa voiture plutôt que le tramway qui dessert une Cité…
Ce ne sont que quelques exemples anecdotiques mais vécus. Il ne faut certes pas les généraliser, c’est vrai. Ceux qui doutent de leur réalité devraient échanger leur vie contre celle de ces gens qui souffrent et qui votent FN pour changer leur existence (pas parce qu’ils son fascistes ou plus bêtes que vous). Car l’immigration est pour ceux qui la subissent une grande souffrance, un calvaire, une humiliation. Moi j’ai pu la fuir (mais elle va me rattraper comme elle va vous rattraper, question de temps n’en doutez pas) mais je reste solidaire de ceux qui la vivent encore.
Une précision pour finir : je ne vote pas FN, parce que la FN n’est que la soupape de sécûrité du système politique. Il n’est là que pour évacuer une partie de la haine et du ressentiment qui grossissent à cause de notre aveuglement, pour donner de l’espoir. Il permet au système de durer et aux souffrances de s’accumuler…
Je ne retiendrai de votre commentaire que la dernière phrase. Le reste me donne envie de gerber. Je suis ouvrier en chantier naval et mon statut d’ouvrier , j’en suis fier et n’en conçoit pas de frustrations particulières. Pour rien au monde je ne voudrais la place d’un de ces cadres qui appliquent consciensieusement les consignes patronales sans le moindre état d’âme .
Quotidiennement , j’ai honte pour ces gens qui expriment leur racisme ordinaire toujours plus librement. Ces gros beaufs qui se donnent de l’importance et évacuent leurs frustration en créant une hierarchie supplémentaire entre les » de souche » et les « d’origine ». Marre de leurs blagues pourries , de leur étalage de faits divers qu’ils assènent pour étayer leur philosophie d’abrutis. C’est facile d’énoncer des cas particuliers , mes collègues » d’origine » pourraient vous en écrire des kilomètres pour vous dire ce qu’ils vivent et vous donner raison sur ce point : le FN va permettre au système de durer et aux souffrances de s’accumuler.
@ Yves :
Bon, puisque personne ne vous répond, je m’y colle.
C’est un peu casse-gueule comme exercice mais c’est vous qui avez commencé … 🙂
Les vieux réac, les tordus de la haine raciale et les fondus de la nation, on les voit venir de loin, ce qui ne semble pas être votre cas. De sorte que, je l’espère, on pourra causer sur le fond.
Si vous acceptez bien entendu de parler avec quelqu’un dont la situation sociale est protégée (en campagne, of course de paté), cadre supérieur, cultivant l’entre soit et très ouvert à la diversité qu’il ne côtoie pour ainsi dire jamais. J’en rigole déjà.
Maintenant que les présentations sont faites (les civilités sont des outils sociaux pratiques mais peu digestes à la longue), je dois vous avouer que je partage, pour des raisons qui me regardent, le fait que la diversité culturelle, c’est parfois très pénible, mortifiant, écoeurant et j’en passe.
Mais que que pour ces mêmes raisons, je pourrais tout aussi bien vous dresser le tableau inverse, partant de l’immigré. Tableau, qui, vous en conviendrez, serait tout aussi justifié.
Car vécu, bien que vraisemblablement difficilement généralisable.
Tout comme le tableau, tout aussi justifié, que vous avez brossé.
Je ne dirais pas que vous vous trompez de colère car j’ai moi aussi ma colère aveugle : quand on est en colère, on n’en a qu’une et on sait d’où elle vient. Des tripes et pas des boyaux de la tête. De sorte que le type qui me dirait cela ne ferait que renforcer celle-ci : comment voulez-vous que l’on se trompe de colère si on n’en a qu’une ?
Mais ne pas utiliser les boyaux de la tête condamne aussi à ne pas y voir clair.
Ce que vous dites est vrai (je pars du postulat que vous ne mentez pas). De la même manière, Marine Le Pen peut très bien dire un truc vrai (si si), du style : « Les africains ont la peau noir ».
Ce qui est vrai, dans la grande majorité des cas. Puis, d’asséner : « Ils ne sont pas comme nous » (sous entendu, ils n’ont pas la même couleur de peau, ce qui est vrai dans la majorité des cas, bien que de très nombreux français ou résidant en France aient la peau noir, aussi).
« Donc, puisqu’ils ne sont pas comme nous, renvoyons les chez eux » (sous entendu, là-bas, en Afrique, noire, si possible car nous sommes humanistes : comprenez, nous sommes particulièrement attentifs à ne pas blesser les races, aucune race, quelle qu’elle soit, quant à un éventuel mélange des races, que nous réprouvons par ailleurs, soyez en sûr).
Que la diversité culturelle, issue en grande partie de l’immigration, créée des tensions, n’est pas chose nouvelle. Les italiens et les polonais s’en rappellent encore, depuis le 19ème siècle. Et pourtant, ils étaient eux aussi ‘inassimilables’, avant que les fils ou petits-fils ne viennent occuper durablement nos terrains de foot, talentueusement, par ailleurs.
Idem pour les juifs, que même la République mis quelques temps à accepter en son sein : leur religion, à ces apatrides, entravait le sentiment national …
Rien de nouveau sous le soleil donc.
Reste à savoir alors pourquoi.
Pourquoi un tel sentiment d’abandon, comme un champ en friche (dixit François Leclerc), que la République a laissé pourrir sur pied et qui aurait pu moissonner ses fruits, oh pas pire pas mieux que ceux d’avant ! mais une récolte, assurément. Des fruits qui auraient pu enraciner des arbres, quand, en lieu et place d’abattre des chênes, on piétine des arbustes.
De la marche des beurs en 1983, transformée en SOS Racisme, téléguidée par l’Elysée en 1984, en passant par le premier ministère de la ville avec Delebarre, d’abord, puisTapie, ensuite, jusqu’à Fadela Amara, Ministre du ‘Plan Marshall pour les banlieues’, on aurait de quoi dire sur les origines d’une telle jachère. Un jachère de l’action politique, englobant tous leurs habitants, mais notamment les immigrés, qui y sont sur-représentés parce qu’assignés, pour de multiples raisons, à résidence et que les ‘blancs’ en sont partis, dès qu’ils pouvaient, fin des années 70.
Un ‘espace’ laissé pour aride politiquement par les politiques libérales menées, peu ou prou, depuis 25 ans : quand on arrête de cultiver un champ, il serait miraculeux que les mauvaises herbes n’y poussent pas à foison. Dès lors, quoi de plus évident que d’incriminer les mauvaises herbes de leur prolifération ?
Rappeler aussi que ce fut Giscard qui, en pleine crise économique, octroya le regroupement familial aux immigrés (que l’on était aller chercher au fin fond du bled, faut-il le rappeler, aussi, pour participer à l’essor de la France glorieuse pour encore quelques années), sans intégrer le moins du monde ce que cela induisait en termes de politiques à mener.
Rappeler enfin que la politique ‘ultra-sécuritaire’ à la Sarkozy n’a jamais fait évolué un iota de la situation actuelle, bien au contraire (les émeutes de 2005 l’ont bien servi).
Bref, vous pourriez voter FN et ce serait votre droit : à ce que je saches, ce parti n’est pas interdit. Vous seriez en colère et ce serait toujours votre droit. Vous décririez l’absence patente actuelle de solution alternative politique que vient combler le FN, comme un monstrueux coucou difforme, que ce serait toujours votre droit, malgré tout conscient que ce coucou pondra dans ce nid un oeuf de vipère.
Je partage l’avis d’Emmanuel Todd, qui doit résonner en vous, certainement, disant que le FN est le seul parti en France a innover politiquement en prônant certes des solutions abracadabrantesques comme dirait Jacques mais qui ‘résonnent’ dans les oreilles des français.
Ce n’est pas la vieille antienne maurassienne de la nation, bien que ceci revienne ‘à la mode’, ces temps-ci d’européanité troublée.
Ni même le racisme banalisé, vieux fond de commerce d’une extrême-droite toujours en quête de respectabilité, pour la partie ‘notable’ de celle-ci.
Mais bien la technocratie européenne pilotant les politiques libérales depuis 20 ans (Maastricht) et même avant et la monnaie unique, dont le FN préconise, seul, la sortie.
Que ce soit incohérent au regard de son fond de programme économique, les français en sont conscient, pour ceux qui comme vous, semblent lucides (les autres sont hagards de l’ouest).
Que ceci soit jugé ‘infaisable’ ne fait que renforcer le ressenti d’un bon nombre que le FN a ‘visé juste’, comme lorsque tous les partis ‘de gouvernement’, les médias main stream s’emportait sur la nécessaire ratification du traité européen en 2005.
C’est parce que la gôche a, depuis presque 30 ans, abandonné le terrain de l’innovation sur l’immigration à la droite, qui l’a lui-même abandonné à l’extrême droite, que l’on en récolte les résultats. C’est parce que depuis le même nombre d’années que progressivement le PS désertait le milieu ouvrier que ceux-ci désertaient les sections, le virage libéral nécessitant un recentrage politique et sociologique.
De sorte que vous seriez bien en peine de trouver dans n’importe quel programme politique la mise en valeur d’un plan d’actions prioritaire pour les zones (et les citoyens) laissées en déshérence républicaine : elles rapportent bien moins de voix qu’un potentiel recentrage.
Le FN l’a compris. Il y prospère.
Vous ne vous trompez pas de colère.
Vous vous trompez d’outil : on n’éradique pas les mauvaises herbes avec un lance-flamme. Cela fait illusion, un temps. Puis les mauvaises herbes repoussent, car on n’a rien labouré ni semé.
C’est une bêche qu’il vous faut.
Seulement, cet outil n’est plus en stock auprès de nos politiques …
Il vous faudra leur tordre le bras, leur imposer un rapport de force. Le moment y est propice.
Ils auront besoin de vous écouter.
Si demain vous leur dites : arrachez les racines de nos maux ou récoltez ce que vous sèmerez.
« C’est ça ou l’abstention ». Ce qui pourrait fort bien être le FN, in fine. Mais vous n’auriez pas au moins les mains sales, et la nausée, d’avoir utilisé un tel outil pour se faire.
Les racines, toujours les racines : qui a eu besoin de faire venir les immigrés en France ?
Le patronat, pour peser sur les salariés français, notamment, dans le rapport de force social qu’ils entretenaient avec ceux-ci (qui était en leur défaveur fin des années 60).
Qui a permis le regroupement familial sans en tirer immédiatement les conséquences ?
La droite.
Que le PS se donne comme ‘sauveur’ celui de la Grèce et de l’Irlande (et bientôt du Portugal et sans doute de l’Espagne) et que le ‘Think Tank’ Terra Nova se jette dans les eaux troubles de l’endogamie sociologique dans l’espoir vain d’y repêcher son propre reflet soit pathétique, c’est un fait.
Mais cela ne doit pas vous obliger, en lieu et place de leur placer un couteau sous la gorge, de vous la trancher, de gorge.
http://www.politis.fr/Les-vieux-resistants-parlent-aux,14163.html
« Travailler les coopérations avec les peuples et les pays, en refusant l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. »
On confond trop facilement « immigré » et « lumpen prolétaire », comme Yves. Et donc le débat part en couille sur des questions culturelles, raciales, etc.
Ce qui fait le terreau du FN, c’est le combat entre prolétaires:
-entre prolétaires et lumpen prolétaires. (les premiers quittent la Cité pour ne plus fréquenter les seconds, qui sont certes malpolis)
-entre lumpen prolétaires (les uns gaulois, les autres d’ailleurs mais de toutes façons il n’y aurait que des lumpen prolétaires gaulois qu’ils se castagneraient quand même entre eux).
C’est juste le signe que le gâteau à se partager pour les gens d’en bas devient très mince. En période d’abondance, l’immigration ne fait pas problème. Dans les beaux quartiers non plus, l’immigration aisée ne fait pas problème.
Signé: un ex-lumpen prolétaire immigré.