Un entretien avec Anne-Sophie Hache.
La spéculation sur les matières premières est-elle un phénomène nouveau?
« Dès le milieu du XIXe, des gens créent un marché à terme essentiellement au début sur les matières agricoles, du blé, du maïs… pour se prémunir contre les variations de prix importantes sur ces marchés qui dépendent de choses aléatoires, comme les conditions climatiques. Producteurs et acheteurs se mettent d’accord à l’avance sur les prix et les quantités. Il y a toujours eu des spéculateurs sur ces marchés à terme, se disant qu’ils pouvaient gagner de l’argent : ils achètent et misent sur une hausse des prix ou vendent et misent sur la baisse. »
Si la spéculation n’est pas nouvelle, pourquoi pose-t-elle aujourd’hui problème?
« Parce que récemment, la spéculation sur ces marchés s’est amplifiée. Deux éléments l’ont relancée : depuis le début de la crise en 2007, on s’est dit que le dollar allait se déprécier (perdre de sa valeur). Du coup, pour se protéger de cette baisse, ceux qui ont des dollars en argent liquide, essentiellement des institutions américaines : États, universités, musées, hôpitaux, fonds de pensions… sont allés les placer sur le marché des matières premières, se disant que même si le dollar baisse, le prix des matières premières va rester stable ou monter. Provoquant une hausse des prix en 2007 et 2008.
Deuxième élément : le 6 mai 2010 s’est produit un mini krach sur le marché boursier américain : une vaste fraude – liée à des opérations à haute fréquence, des milliers d’opérations factices en quelques secondes – a été dévoilée. Du coup, en un mois, 30 % des gens présents sur les bourses américaines en sont sortis et se sont reportés sur les marchés des matières premières. Contribuant à une nouvelle vague de montée des prix entre mai 2010 et aujourd’hui. »
Mais la spéculation ne fixe pas seule le prix ? Les « fondamentaux », intempéries, sécheresse, etc. jouent un rôle ?
« Bien entendu. C’est ce qui fait le rapport de force entre acheteurs et vendeurs. Mais à peu près 80 % du volume des transactions sur la plupart des marchés à terme des matières premières est un volume spéculatif. Or le volume est l’élément déterminant de la fixation du prix. Par conséquent, 80 % de la détermination du prix est spéculative. »
Y a-t-il des matières premières qui échappent à la spéculation ?
«Par exemple, le riz : il n’y a pas vraiment de marché à terme sur le riz parce que essentiellement les pays qui ont besoin de riz, le produisent eux-mêmes. Surtout, les pays qui dépendent énormément du riz peuvent mettre en œuvre des mesures politiques, du type en interdire l’exportation, par exemple. Ce marché n’est donc pas fiable pour le spéculateur, il n’y va pas.
Pour les pays, il y a un enjeu politique autour de la spéculation sur les matières premières : il ne faut pas que la spéculation devienne un obstacle à la reprise économique d’un pays, en rendant par exemple le prix du pétrole extravagant. Les dirigeants politiques se rendent compte que la spéculation représente plus qu’un problème commercial mais tient aussi du maintien de l’ordre politique.
On parle de plus en plus d’une régulation des marchés à terme pour éviter que les spéculateurs poussent les prix excessivement à la hausse ou à la baisse. »
Peut-on contrôler cette spéculation ?
«Il faut interdire l’accès de ces marchés à ces gens qui n’ont rien à vendre ou à acheter mais qui sont simplement là pour gagner de l’argent sur la variation des prix. Leur argument, toujours le même, est de dire : « nous apportons de la liquidité », c’est à dire un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs, mais ils l’apportent à un niveau de prix spéculatif qui est dommageable pour tout le monde ».
35 réponses à “LA VOIX DU NORD, « Un prix spéculatif est dommageable pour tous », vendredi 13 mai 2011”
Les vrai speculateurs sont les banques elles memes. Les autres cherchent pas autant a speculer que a se proteger de la dilution du pouvoir d’achat de leurs avoirs par impression de monnaie fiduciaire. Car il savent comment le systeme fonctionne et pour le peu qu’ils n’ignorent pas l’histoire des hommes ils en voyent la projection. Si il y avait une vraie monnaie de reserve et les banques gerées correctement il n’y aurait pas beacoup de speculation car les gens sont en general raisonnables. Mais quand vous regardez la mise en scene (voir chaines americaines) et l’encouragement qui est fait pour le jeu (bourse et paris) on comprend que c’est ce qui est recherché par les organisateurs economics actuels a la place de vouloir limiter cela. Voir aussi toute la pub en France depuis un an, ou on associe des personnalités par ailleurs respectées du public a cette debauche de irresponsabilité. Par contre on montre bien le script en petit (dependance, risque, endetement etc) pour des raisons legales, car la loi a deja eté ecrite pour empecher des revendications d’ordre ethique et moral. Mais les vrais gagnants sont jamais ceux qui regardent (la boite a lobotomiser) et pour qui ce marché est créee.
@Vigneron: la naivete est un atribut aussi de ceux qui face a ces ecrans succombent a ce lissage de perception, car ce sont les medias officiels et donc on y croit. C’est tellement bien fait d’ailleurs par rapport aux failles beantes d’un cerveau humain.
Bien vu, Gigi.
Et cela rejoint un ex-copain dircom qui disait qu’il achetait avec ses tripes. (un peu en dessous, mais je vais éviter de détailler)(cela fait partie des morceaux nobles hors animal)
Juste une chose.
Le cerveau humain est ce qui existe de plus malléable et nous procure la meilleure adaptation du règne animal.
Et là, ce qui va être amusant, sera quand les tripes vont commencer à gargouiller de famine que le cercle vicieux s’inversera.
Que serait une tarte au Maroilles sans Maroilles. Ou sans pâte..??
(N.B. : si certain(e)s me trouve une obsession momentanée de fromage, voir Piotr, il en est responsable…)(et puis… après une bonne choucroute, ça s’impose)
Une choucroute avant une tarte au maroille?? Mais non, la tarte au Maroilles, c’est en entrée. Avec une Chimay!
Et des gaufflettes en dessert!
Bonjour,
« le volume est l’élément déterminant de la fixation du prix. ».
Tiens donc ! Les coûts de production seraient donc secondaires ?
« L’élément déterminant de la fixation du prix ». Pas « l’élément déterminant du prix ».
Bonjour,
Aie aie aie ! J’ai pas lu « le prix », non par manque d’intérêt mais de temps, et ça va se voir … J’ai honte.
Bon, cette phrase : « le volume est l’élément déterminant de la fixation du prix », elle me chagrine un peu, ce qui m’a fait réagir.
Elle est certainement vraie dans certaines circonstances et acceptions, mais dans les cas que je me représente le mieux (ceux dans lesquels j’ai fixé des prix, sur des marchés absolument pas spéculatifs il est vrai), je ne comprends simplement et purement pas ce que le volume vient faire là-dedans. Enfin si, quand j’achète « en grosses quantités », j’espère un rabais, économies d’échelles oblige, mais je doute que le volume soit entendu dans ce sens là.
De même, sur les marchés boursiers français que j’observe, les volumes ont eu une franche tendance à chuter, ces dernières années, ce qui n’a pas empêché une tendance nettement haussière des actions dans le même temps, pour le volume entendu dans ce sens, je ne vois tout simplement pas le rapport.
Davantage dans le sujet, le marché que j’ai essayé d’étudier un peu est le pétrole. Sur ce marché très spéculatif, en termes de volume d’échange, l’élément marquant de ces vingts dernières années est l’évolution du coût marginal du baril.
Il y a vingt ans, le pétrole conventionnel suffisait encore à répondre à la demande, avec des coûts de production « tout compris » de l’ordre de 15 à 30 dollars 2010.
Aujourd’hui, le pétrole conventionnel subit un cruel effet ciseau : sa production diminue, depuis 2006, quand la demande augmente. On fait donc appel pour compléter à des pétroles plus difficiles d’accès, dont l’ultra profond et sables bitumineux, dont les coûts de production « tout compris » sont plutôt de l’ordre de 80 dollars 2010.
Donc, pour moi, lorsque les prix du pétrole, comme en ce moment, sont aux alentours de 100 dollars le baril, c’est plutôt le coût de production du dernier baril produit qui représente 80% du prix …
Alors après, évaluer les paramètres d’importance de la fixation du prix a de l’intérêt si l’on maîtrise le rapport entre fixation du prix et prix, ce qui doit s’entendre au cas par cas selon les marchés, j’imagine, rendant osée toute généralisation.
C’est de la théorie à vue d’applications, ou de la théorie « théorique » ?
Le prix du baril de pétrole des sables bitumineux n’est pas de 80 $US mais tourne autour des 35-40 $US
Deux-Montagnes Québec
J’avoue ne pas être parfaitement informé des modes d’établissement du prix du pétrole issu des sables bitumineux ou des huiles de schiste, mais je subodore qu’un tel prix n’aurait de sens qu’en considération des coûts « externalisés ». Les choses ( l’environnement, les sites, l’atmosphère, le climat…) ne sont pas dans le même état après extraction qu’avant. Le prix cité intègre-t-il la remise en état des choses? A l’évidence, non : c’est pour l’instant le marché qui fixe le prix, et il n’y a pas beaucoup de moyens de le forcer à « internaliser » tous les coûts.
En conséquence, le prix d’une énergie n’est pas une considération pertinente, à elle seule, pour choisir une stratégie énergétique pour l’humanité.
BJR Paul !
Merci pour cet ITW dans La Voix du Nord (que je lis de temps en temps).
Il n’y a donc pas de spéculation sur le riz ..
Et sur le Riz Corée ?? ( jeu de mot d’un » gars contrarié » ..)
@ tous :
Il semble que le pétrole baisse un peu, mais réaugmentera t il bientot ?? peut être ?
En + Inflation a l’air de se renforcer ..
Quel monde ! s’il y a de la spéculation sur les frites ..
Mon pauvre grand père ( qui était carillonneur à BERGUES, bien avant le film » Bienvenue chez les chtis » ) doit se retourner dans sa tombe
Bon am
Donc pour résumer, si j’ai bien compris, le spéculateur (tendance paris>investissements) prélève plus de pommes qu’il ne contribue à en produire et affaiblit le pommier ou plutôt ceux qui s’occupent de le faire pousser et donner des fruits.
Pas seulement sur un seul pommier mais sur tous les autres pommiers, poiriers, et autres arbres frutiers, c’est la bonne ivraie quoi ! N’avons-nous pas préférer plutôt semer la bonne semence dans le champ de plus en plus large et immense de notre propre activité irréfrénée.
Des nuages de sauterelles à l’échelle de plusieurs hectares n’en feraient pas mieux pour mettre davantage l’humanité au bord de la famine à feu et à sang.
Et on prétend dire pays après pays que la crise est terminée pour le monde et bien dis donc faut vraiment avoir beaucoup de m……. ou de mauvaise foi devant les yeux à partir d’une certaine position bien confortable.
Sur cette question qui revient souvent dans vos propos, je n’ai jusqu’à présent pas vu de réponse à une critique qui vous a souvent été formulée:
Vous expliquez bien en quoi « l’apport de liquidités » par les spéculateurs pose actuellement plus de problèmes qu’il n’en a jamais résolu, du fait justement de l’abondante présence de ces spéculateurs.
Par contre à aucun moment je n’ai trouvé de votre part par quoi vous remplacerez cet apport de liquidité ou pour quelles raison vous pensez que ces marchés à terme peuvent s’en passer.
Que devant une inondation on pense d’abord à ne pas se retrouver noyé est assez logique, mais n’est-ce pas un peu excessif d’en tirer la leçon qu’il faut bannir l’eau?
Laissons les marchés se passer de cet « apport de liquidité », on pourra observer alors si les marchés deviennent illiquides au point de ne plus pouvoir fonctionner convenablement (ce dernier mot étant laissé à l’appréciation bien évidemment des participants en mesure de livrer/prendre livraison des titres et marchandises échangées, et pas des spéculateurs dans l’incapacité de fournir ou prendre livraison).
On pourra se poser la question alors de savoir par quoi il faut remplacer l’apport de liquidité. S’il y a des vendeurs et des acheteurs, il n’y a aucune raison qu’un risque de liquidité se matérialise. Dans le cas contraire, c’est surtout un problème d’insuffisance de l’offre ou de la demande pour lequel d’autres mécanismes, notamment de régulation, peuvent jouer.
Ou pour le dire autrement : une forte liquidité n’est pas nécessaire pour former un prix. Le nombre d’intervenant sert surtout à rassurer les parties qui n’ont pas réellement besoin d’un contrat « future ».
Une solution pour simuler la liquidité est de publier un prix à la fermeture ou une fois par jour, qui indique la moyenne des prix de la journée et leur nombre, les contrats se traitant « en privé » entre producteurs et assureurs.
Suivant ceci http://en.wikipedia.org/wiki/Onion_Futures_Act , les transactions portant sur les oignons sont interdits, aux USA, sur les marchés à terme.
Message codé :
J’ai nin retrouvé l’comparateur eud’prix qui’avote sus’site d’eul Voix d’che Nord.
Si y’avote un ch’ti qui savote d’quau in discute, teu m’l’dis, fils.
vlan
voila un qui comprends vite mais avec du temps..
bisous chenapan
@ Yvan : B’jour min fieux !
traduction :
» J’ai pas retrouvé le comparateur de prix qu’il y avait sur le site de » La voix du Nord »
S’il y avait un chti qui saurait de quoi on discute, tu me le dis, fils ! «
l’argent est un moyen simple d’irriguer quand même..
le sang irrigue les cellules de manière harmonieuse..
Si vous avez un virus qui vous humilie et vampirise ?
vous faites QUOI ?
On régularise?
Stress test ?
Non ,à mon avis ils font une saignée ..
déjà + de 2000 Ans qu’ils discutent sur la Bible ..
On dirais que le langage (science économique par ex)comme si voler est une science ?
le verbiage anesthésie et en redemander ici ,c’est gratos..
C’est quand même hallucinant qu’il faille (s’)expliquer que faire de l’argent sur de l’argent ce n’est pas bon, non ?
Le salarié travaille, et pour un très grand nombre se plaint de cette obligation, et parfois même du travail lui-même. Qu’on lui dise que cette obligation vient de ce que la richesse qu’il produit est captée par des ponctions diverses, et il ne réagit pas ? Qu’on lui dise que ces ponctions imposent également un rythme d’enfer aux plus pauvres dans le monde, qu’elles imposent la destruction de notre environnement, et il ne réagit pas ? Le salariat rend sourd.
C’est dire si pour le reste ce n’est pas gagné… : qu’on lui dise que les ponctions sont nécessaires à la survie du système, comme l’est sa non-prise de conscience et comme elle le montre !, et il crie au fou ! Y’a eu les guerres, les théocraties, les tyrannies, les seigneuries et autres pharaonies…Y’a que la forme qui a changé, mais depuis des éternités le fond reste identique : capitalisme := soumission a priori à une croyance.
Il faut un électrochoc.
QE2: Captblogain, your ship is sinking
« So imagine the corn crop report comes out and it surprises on the upside at up 30%
What happens? The price of corn probably starts to fall. Commercial buyers back off, farmers rush to hedge, and, overall, players of all ilks try to reduce positions, get short, etc.
A few weeks later it’s further confirmed that the farmers are producing a massive bumper crop.
What happens? The same adjustments continue.
But what if that crop report was wrong? What if, in actual fact, there had been a crop failure? And market participants never do get that information?
What happens? Prices go down for a while as described above, but at some point they reverse, as sellers dry up, and as consumption overtakes actual supply price work their way higher, and then accelerate higher, even if no one ever actually figures out there was a crop failure.
QE is, in fact, a ‘crop failure’ for the dollar. The Fed’s shifting of securities out of the economy and replacing them with clearing balances removes interest income. And the lower rates from Fed policy also reduces interest paid to the economy by the US Treasury, which is a net payer of interest.
But the global markets mistakenly believed QE was producing a bumper crop for the dollar. They all believed, and some to the of panic, that the Fed was ‘printing money’ and flooding the world with dollars.
So what happened? The tripped overthemselves to rid them selves of dollars in every possible manner. Buying gold, silver, and the other commodities, buying stocks, selling dollars for most every other currency, selling tsy securities, etc. etc. etc. in what was, in most ways, all the same trade.
This went on for months, continually reinforced by the pervasive rhetoric that QE was ‘money printing’, and that the Fed was playing with fire and risking hyperinflation, with the US on the verge of suddenly/instantly becoming the next Greece and getting its funding cut off.
Not to mention Congress with it’s deficit reduction phobia.
So what’s happening now? While everyone still believes QE is a bumper crop phenomena, QE (and 0 rate policy in general) is none the less an ongoing crop failure, continuously removing $US net financial assets from the economy.
And so now that the speculators and portfolio shifters have run up prices of all they tripped over each other to buy, the anticipated growth in spending power-underlying aggregate demand growth needed to support those prices- isn’t there. And, to throw more water on the fire, the higher prices triggered supply side repsonse that have increased net supply along with a bit of ‘demand destruction’ as well.
Last week I suggested that higher crude prices were the last thing holding down the dollar, and that as crude started to fall I suggested its was all starting to reverse.
It’s now looking like it’s underway in earnest. »
L’ABC du « Quantitative Easing » (QE)
Irlande chute prix immo 52 % depuis 2007 , 13% /an….remboursement impossible….durée prêt=250 ans , alors pourquoi renflouer les banques hypo irlandaises , c’est criminel , il faut restructurer l’engagement , déspéculer , répartir la charge sur les précedents.
Ceci va arriver en France car le nuage de la spécul est bien passé comme celui de tcherno-bille , sauf chez les allemands eux savent que ou passe la spécul , l’économie trépasse.
Bonjour chez vous.
Merci pour cet article: limpide!
Bonjour,
Pour compléter votre argumentaire, pourriez-vous m’indiquer quel(s) mécanisme(s) non-spéculatifs pourrait(ent) être mis en place sur les marchés à terme pour assurer le niveau minimum de liquidité requis à leur fonctionnement ?
Je vous pose la question parce que j’argumente souvent avec des personnes qui ont une vision dogmatique et utile de la spéculation à cause de la liquidité. J’aimerais pouvoir leur dire : « tiens, à la place des spéculateurs, le niveau minimal de liquidité pourrait être garanti de telle ou telle manière… »
Merci
Le minimum de liquidité nécessaire est celui qui permet d’écouler l’offre des négociants du côté producteurs. La liquidité offerte à des prix spéculatifs est spectaculaire et non seulement sans intérêt pour les négociants mais dangereuse pour le marché.
Une discussion a déjà eu lieu ici à ce sujet. Un négociant n’arrêtait pas de dire qu’il lui fallait davantage de liquidité que celle nécessaire à vendre sa marchandise. Il ne voulait pas dire pourquoi mais je revenais sans cesse à la charge, lui demandant pourquoi. L’explication est finalement venue, tragique dans sa banalité : il voulait AUSSI pouvoir spéculer.
Pourriez-vous indiquer la référence de cette discussion?
Peut-être avoir une sorte de FAQ sur ce genre de points qui reviennent fréquemment?
Paul,
Votre interview est parue dans la double-page « économie » de la Voie du Nord, du côté gauche. Avez-vous lu l’interview figurant du côté droit ? Un économiste y explique que la spéculation n’est en rien (ou presque en rien) responsable de la hausse des prix des matières première. C’est ce qu’on appelle le droit au contradictoire, n’est-ce pas ?
Non, je n’ai pas vu ça.
Voici l’article.
Merci. Oui, Chalmin, c’est ce genre de choses là qu’il dit.
Vous remarquerez que l’interview a été quelque peu réorganisée :
L’avant-dernière question (sur le riz) a été supprimée, mais votre phrase « Il n’y a pas vraiment de marché à terme […] il n’y va pas. » figure dans l’encadré en haut à droite intitulé « Le riz, un cas à part. »
En revanche, le passage : « Pour les pays, il y a un enjeu politique […] pour éviter que les spéculateurs poussent les prix excessivement à la hausse ou à la baisse. » a carrément été enlevé.
Quoi qu’il en soit, merci Paul d’avoir rehaussé l’espace d’un instant le niveau du journal.
C’est bien dommage qu’il n’existe pas, en français contemporain, deux expressions distinctes pour désigner, d’une part, la spéculation de l’agriculteur du Nord-Pas –De-Calais, citée en exemple par Chalmin, et, dans part, l’autre spéculation dénoncée par Paul Jorion.
Dans le Dictionnaire historique de la langue française de Alain Rey, on trouve, à l’entrée « spéculer », des considérations intéressantes. Jusqu’à la fin du 18ème siècle, le sens de spéculer avait le sens propre au latin « speculari » (transitivement : observer, guetter, espionner ; intransitivement : être en observation), dérivé de specula (lieu d’observation, hauteur), lui-même dérivé de specere (regarder).Dans cette acceptation, on disait spéculer (ou, encore, espéculer) les phénomènes naturels, les astres (les observer) ; quelqu’un (le regarder) ; quelque chose (en tenir compte, créer des théories) ; sur quelque chose (le considérer philosophiquement en esprit, le méditer).
C’est donc à la fin du 18ème siècle, que spéculer est entré dans le vocabulaire commercial (je cite Rey) « où, de l’idée de « réfléchir », on passe au sens de « faire des opérations financières, profiter des fluctuations naturelles du marché pour réaliser des bénéfices » (1792, Robespierre). Par extension, spéculer sur (qqch.) signifie (1835) « compter dessus pour réussir un projet, obtenir un profit » (cf. jouer) » (souligné par moi).
« Spéculateur » a subi le même sort : disparition en tant qu’observateur (en général et plus particulièrement, observateur des phénomènes naturels, des astres, ou dans le sens plus spécialisé d’inspecteur) et même en tant que théoricien (opposé au praticien); seul le sens financier de « personne qui spécule » a subsisté. A propos de cette personne, A. Rey dit quelque chose de stupéfiant : « Le mot latin speculator, confondu avec le bas latin spiculator « bourreau » eu ce sens en moyen français » (souligné par moi).
Je propose que, dorénavant, les termes de spéculation et spéculateur soient réservés à la bonne spéculation et au bon spéculateur, et d’appeler la mauvaise spéculation « spiculation » et le mauvais spéculateur « bourreau ».
En l’absence de grand timonier, les prix sont fixés par la spéculation, à la hausse comme à la baisse…A la hausse les producteurs augmentent leur production et vice Versa.
Des spéculateurs gagnent, d’autre perdent. Il est ridicule de faire croire que spéculer et gagner de l’argent sont synonymes, sinon tout les joueurs de loto seraient riches!
La spéculation du cacao, du pétrole et co ….
(jamais , variment au grand jamais aucun rapport et rien à voir avec les guerres …
« Et sur les matières premières alimentaires, ce sont les grandes banques, les hedge funds et les firmes spécialisées de trading qui gagnent des fortunes en s’amusant à rendre impossible le droit à un repas par jour pour les centaines de millions de défavorisés de la planète. »
Marc Florentino
Analyse
Quand les spéculateurs ne savent plus quoi faire de leurs matières premières
Source : La Tribune.fr – 14/05/2011
http://L9.fr/81f