Billet invité.
La multiplication des mesures annoncées au fil des jours par Tepco – pour certaines abandonnées avant même d’avoir été exécutées – met en évidence l’accumulation et l’imbrication des difficultés que l’opérateur rencontre pour mener à bien ses tentatives de reprise en main de la situation. Ainsi que les contradictions dans lesquelles il se trouve concrètement placé.
Le tableau ainsi tracé illustre les dangers de la longue dérive de la catastrophe qui se poursuit. Elle reste difficilement maîtrisée, du bout des doigts, sans garantie pour la suite. Prenant l’aspect d’une sorte de glissade vers l’inconnu et laissant en suspens planer le risque de très importants rejets radioactifs, si la piscine n°4 venait à s’effondrer ou une enceinte de confinement à finalement se briser. La stabilisation de la situation qui est intervenue est donc très relative. Fukushima est décidément une catastrophe de troisième type: une catastrophe rampante.
Il est peu probable que les nouvelles explorations des bâtiments des réacteurs par des robots japonais – plus aptes à franchir les obstacles que les précédents – aboutisse à la conclusion que des interventions humaines seront dans un proche avenir possibles. Une conclusion qui va mettre en cause toute perspective d’amélioration du système palliatif actuel de refroidissement des installations, notoirement insuffisant, contribuant aux énormes difficultés rencontrées, qui ne manquent déjà pas.
On a ainsi appris que la température au sein de la piscine n°4, après avoir hier baissé en raison de nouvelles injections de 210 tonnes d’eau – malgré le danger que représente la fragilité de ses murs de soutènement – avait à nouveau remonté, le niveau de l’eau étant 2,50 mètres en dessous de la normale.
Autre manifestation des contradictions dans lesquelles se trouve l’opérateur, il a également reconnu impossible dans l’immédiat – en raison de la radioactivité – la mise en œuvre du projet d’installation d’un système de filtrage d’eau contaminée et d’échange de chaleur au sein du réacteur n°1, où 70% du combustible est considéré endommagé et 6 tonnes d’eau sont injectées par heure afin de contenir toute élévation de la température. Le niveau de l’eau n’atteint cependant toujours pas le haut des barres de combustible.
De nouvelles informations ont également été données à propos des travaux d’enlèvement des débris radioactifs qui parsèment le site et dont une carte a été dressée et est mise à jour régulièrement. Des émissions de 300 millisieverts par heure sont dégagées par des débris aux abords du réacteur n°3, celui qui a connu la plus forte explosion d’hydrogène. La zone autour du bâtiment administratif a pu être dans une large mesure dégagée, depuis que le début des travaux a commencé, le 6 avril dernier. Les travaux se poursuivent désormais aussi lentement autour des réacteurs n°3 et 4. Une quantité importante de débris ont déjà été recueillis, stockés dans une cinquantaine de containers placés à l’écart, d’où se dégagent à un mètre de distance de ceux-ci des émissions radioactives de 1 à 2 millisieverts.
Tout est long à réaliser. Tout est source de pièges et d’embûches.
La précarité de la situation reste forte. Deux scénarios possibles s’en dégagent prioritairement. Soit la poursuite des incertitudes actuelles, sans autres moyens que ceux qui sont déjà mis en oeuvre, soit la rupture inopinée d’une ou de plusieurs structures, aboutissant à un dégagement massif de la radioactivité, dont l’essentiel est pour l’instant contenu.
Moins spectaculaire, le premier n’en serait pas moins insidieux, car il est peu probable que l’opérateur parvienne à limiter les émanations émises en continu par la centrale, aboutissant au fil des temps à une fuite cumulée importante de radio-éléments type césium-137. Ce scénario serait donc celui d’une lente montée de la contamination, aboutissant inévitablement à l’élargissement de la zone d’interdiction et au renforcement de mesures de restriction dans une zone pouvant déborder très largement autour.
Déjà, la préfecture de Fukushima a décidé de limiter à une heure par jour la présence des enfants, lors de leurs activité à l’extérieur des écoles, dans 5 sur 13 des parcs qui se situent sur son territoire. Les visiteurs des parcs en question sont invités à ne pas porter du sable à la bouche, se laver les mains et se gargariser en les quittant.
Des méthodes d’amélioration de la mesure de la contamination de l’eau des réseaux de distribution sont par ailleurs à l’étude, y compris pour Tokyo. Elles visent à prendre en compte les effets d’une propagation sur de larges étendues de la contamination par les vents – selon leur direction – la pluie et les sols, atteignant finalement des nappes phréatiques.
Toute la mesure de la catastrophe ne va donc se révéler que progressivement, si rien ne vient la précipiter. La saison des typhons va par ailleurs commencer en mai.
Ici les dernières mises à jour sur l’évolution de la situation à la centrale.
115 réponses à “SCÉNARIOS POUR FUKUSHIMA, par François Leclerc”
Attention les yeux : le Japon ne veut surtout pas devenir une île contaminée.
http://www.lepoint.fr/monde/tchernobyl-et-fukushima-ce-n-est-pas-la-meme-chose-insiste-tokyo-26-04-2011-1323269_24.php
« »La quantité de radioactivité relâchée (à Fukushima) a représenté environ un dixième » de celle relâchée à Tchernobyl, a-t-il insisté. « Nous avons été capables d’éviter l’explosion des réacteurs », a-t-il ajouté, en référence à l’explosion, il y a un quart de siècle, du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl. »
Il est clair qu’avec des arguments tels que ceux-là, ce gouvernement est bien décidé à faire en sorte que le Japon ne devienne pas une île contaminée.
C’est mauvais pour le commerce.
Et suit une partie de la logique de « zone interdite » qui permet de verrouiller l’information.
Sauf que je me demande qui ils peuvent encore convaincre, les gars.
En tout cas, cela pourrait donner un énorme argument de poids gigantesque pour mettre sur le dos de cette catastrophe toute l’hyper-inflation à venir.
Soit, pour les financiers, une opportunité magnifique.
Censure des médias au Japon
Je viens de tomber sur ceci :
Source : http://next-up.org/
Et voilà, comme prévu, tout va être fait pour étouffer, minimiser, et faire accepter l’inacceptable …
C’est assez symptomatique
La banque ne passe pas le stress test, changeons le stress test.
Les radiations sont supérieures à la norme, changeons la norme.
L’histoire ne me convient pas…
Ou comment diluer les doses (non non, c’est pas de l’homéopathie) :
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/04/26/a-dampierre-avec-les-nomades-du-nucleaire_1510216_3244.html#ens_id=1504462
Je vous conseille la « visite » de centrale… :
http://www.rue89.com/2011/04/03/nucleaire-visite-en-bd-sur-le-site-de-marcoule-dans-le-gard-195075
Propagande ad nauseam.
Il est vrai que dans un monde où les enfants et les hommes politiques pensent que les poissons sont carrés et que le lait est produit par tétrapack, allez expliquer que si l’on contamine les sols, l’air, l’eau il ne suffira pas de changer de magasin pour trouver de la nourriture non touchée.
La bélarussie c’est le problème, ils ont été fortement contaminés car ils ont continué à manger localement, faute d’autre chose. Notamment les enfants et le lait. Et maintenant ils continuent avec en plus peu de structure sanitaire pour prendre en charge les conséquences.
On est à 25 ans de la catastrophe, encore en plein dans la période des effets retardés sur la santé des rayonnements.
Hervé dit « »Il est vrai que dans un monde où les enfants et les hommes politiques pensent que les poissons sont carrés et que le lait est produit par tétrapack, allez expliquer que si l’on contamine les sols, l’air, l’eau il ne suffira pas de changer de magasin pour trouver de la nourriture non touchée. » »
Là, pour moi, vous êtes au coeur du problème.
c’est en fait le même problème qu’en économie.
quand c’est une banque qui a un gros problème, c’est un gros problème mais cela concerne une banque, c’est localisé, le dommage est circonscrit.
avec la mondialisation, on mondialise les problèmes, même quand ce sont des petites doses, des petits problèmes, cela devient des problèmes de tout le monde et l’effet domino, cher à paul, joue en plein.
les dominos des problèmes de santé mondialisés / les dominos des problèmes de finance mondialisés.
Oui, c’est comme pour l’économie, et bien d’autres choses encore en terme de concentration de moyen, et de puissance en terme de dégats.
Quand à l’origine de tout cela, pour moi, elle est dans la fin du monde agricole et dans l’éloignement d’un nombre conséquent de personnes du sol, de la terre, des choses simples et palpables..
Devoir produire des efforts musculaires pour cultiver la terre est une école d’humilité, et de réalité. Et ce que je vois dans les projets aujourd’hui, c’est plutot un mélange de croyance et de prétention.
@ françois,
Bonjour,
http://www.youtube.com/watch?v=nYc9AfgSB28
Abracadabra AREVA! TEPCO Fukushima Radioactive Water Processing Facility Unveiled In France
http://www.youtube.com/watch?v=a1vtjHtQt7A
Merci, les bulletins vidéo de NHK sont assez instructifs.
Vu qu’il a des spécialistes içi et ce cas me turlupine
Just une idée » comme ça » notament pour le réacteur N°3 +> une demarche de « debunking » ne serait-ce que » visuelle ».
Mais faudrait savoir les plans exact de cette centrale, situer precisements les élement, reporter les dimensionnement sur les documents ( Vidéo, photo) pour voir , déjà, ce « qui manque » et est parti pendant l’explosion.
En effet, sur ce sujet , j’ai quand même l’impresion que l’on lit tout et n’importe quoi, et cela donne du champs aux hypothèses les plus délirantes.
Ce doit, je pense être possible, y compris une reconsttution 3D , c’est peut-être fait, en tout cas je serais « aux manettes » c’est une des première chose que j’aurais demandé de faire, en plus cela n’aurais pas mobilisé de spécialistes » nucléaires », qui, je suppose ont d’autres chats à fouetter.
J’avoue que moi aussi, cela me » turlupine », cette impression ( mais cela nous joue des tours) que ce réacteur a été sévèrement decaloté.
Mais je me méfie des impressions visuelles et du spectaculaire.
Mais bon, j’écris peut-être une stupidité.
@phimouk , j’ai pas très bien compris votre petite histoire de cochonnailles…Mais peut-être que celle-ci, apportera un angle de vue et un sens plus pertinent aux autres…Je vous laisse à vos métaphores culinaires!
Je ne sais pas bien raconter les histoires
Je vais encore essayer
Deux cochons discutent dans un pré
Leur paysan les nourris bien
L un dis le paysan est gentil
Il les lave et les logent
L un dis le paysan est bon il nous lave nous fait une petite maison
Dans le camion qui les emmènes a l abattoir l un dis tu vois il est gentils il nous emmène en voyage
A la sortie de l usine l un et l’autre ne dise rien car ils sont saucisson
Pour dire qu’il faut bien examiner une situation sous ses divers aspect et que la gentillesse et l attention ne sont que rarement gratuite