LA SITUATION À FUKUSHIMA (XI), par François Leclerc

Mise à jour n° 189 (mardi 11h05)

La course de vitesse se poursuit. Tout à ses efforts d’évacuation de l’eau contaminée du site, l’opérateur continue de scruter centimètre par centimètre l’évolution de son niveau dans les différentes tranchées qui joignent entre eux les réacteurs, ainsi que celui de sa contamination.

Des deux points de vue, la situation semble stationnaire auprès du réacteur n°2, là où elle est pompée et la plus fortement contaminée. Par contre, les cotes d’alerte fixées par Tepco elle-même sont dépassées dans les abords des réacteurs n°3 et 4, où les niveaux d’eau et de contamination montent régulièrement, sans que les opérations de pompage puissent commencer faute d’installation de stockage disponibles. Laissant pour l’instant l’opérateur sans autre ressource que de continuer à observer la progression des eaux contaminées, au risque d’un débordement ultérieur des tranchées à l’air libre où elles circulent.

Tepco poursuit ses plans d’inondation pour mi-juillet des enceintes de confinement des réacteurs n°1 et 3, afin d’assurer le noyage intégral des barres de combustible au sein de leurs cuves. Il est prévu d’augmenter progressivement le débit d’injection d’eau de 6 à 14 tonnes d’eau par heure, tout en surveillant grâce à des robots entrés dans le bâtiment l’apparition d’éventuelles fuites sur les enceintes de confinement, signe d’efforts trop intenses imposés à la structure. Autre course de vitesse en perspective: pour accroître le niveau d’eau, il faut remplir l’enceinte d’eau plus vite qu’elle ne s’évapore en raison de la température.

Exercice très incertain, car l’apparition de fuites pourra être un signal trop tardif, l’opérateur diminuera le débit si celles-ci sont constatées. Mais quelle autre méthode employer ? Les autorités de sûreté japonaises ont demandé à Tepco de prioritairement s’assurer que les enceintes de confinement pourront dans ces nouvelles conditions de pression interne accrue (et dépassant les normes des constructeurs très probablement) résister à de nouvelles secousses sismiques, sans assortir cette consigne d’une préconisation méthodolique…

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Mise à jour n° 188 (dimanche 11h36)

La construction de réservoirs destinés à stocker l’eau hautement contaminée est en cours. Une capacité de stockage de 31.000 tonnes sera installée début juillet sur le site, en retard sur le planning initial qui prévoyait une capacité de 27.000 tonnes fin mai.

Environ 70.000 tonnes d’eau contaminée sont au total à évacuer des sous-sols des réacteurs et de leurs bâtiments, mais cette quantité augmentera tant qu’une solution alternative de refroidissement des réacteurs et des piscines ne prendra par le relais des injections actuelles.

En conséquence, Tepco prévoit d’accroître mensuellement, à partir de juin, cette capacité initiale de réservoirs pouvant contenir 20.000 tonnes, au cas où le nouveau système de refroidissement des réacteurs en circuit fermé ne pourrait pas être mis en service comme planifié en juin.

Le stockage de l’eau interviendra en fonction de trois degrés de contamination – faible, moyen et haut – une capacité de 10.000 tonnes de réservoirs spécialement conçus pour cette dernière catégorie étant prévu.

Tepco a par ailleurs dressé une carte de la contamination du site, dans le cadre des efforts qu’elle a entrepris pour en enlever les très nombreux débris radioactifs qui en jonchent le sol. Un rayonnement de 900 millisieverts par heure a ainsi été mesuré sur un gros morceaux de ciment près du réacteur n°3.

L’enlèvement des débris avec des engins télécommandés a débuté le 6 avril et devrait se poursuivre jusqu’en juillet, étant donné le grand nombre de débris localisés, comme en témoigne la carte qui en a été dressée. Les conditions dans lesquelles ces débris vont être stockés n’ont pas encore été déterminées.

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Mise à jour n° 187 (dimanche 10h31)


Les mus de soutènement de la piscine du réacteur n°4 sont décrits par l’opérateur comme « sévèrement endommagés », suite à l’examen de prises de vue par un hélicoptère télécommandé. La création le plus vite possible de piliers la supportant est à l’étude.

Le niveau des radiations au sol rendrait possible, selon Tepco, la présence de travailleurs, mais il reste encore à évaluer le temps maximum dont ils pourraient disposer.

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Mise à jour n° 186 (samedi 10h43)

Dans le cas de la piscine n°4, où 1.535 barres de combustible sont stockées, TEPCO prend très en considération le risque de surcharge et de fragilisation de la structure, en particulier des murs déjà endommagés qui la soutiennent en hauteur. Le poids de l’eau est en lui-même un problème.

Mais la température de l’eau est d’environ 91°C, plus de 50°C au dessus de la normale et proche du point d’ébullition à la pression atmosphérique. L’opérateur est donc à nouveau pris dans une contradiction. Il cherche à n’injecter que la quantité d’eau correspondant à celle qui s’évapore, tout en évitant une élévation de la température, afin d’éviter que les barres de combustibles soient découvertes.

Ces dernières continuent de dégager beaucoup de chaleur. Si elles n’étaient plus noyées dans l’eau, elles pourraient dégager de très importants rejets de radioactivité dans l’atmosphère, la piscine étant désormais à l’air libre.

L’installation d’une caméra étanche de surveillance dans la piscine a été étudié, afin de mieux maîtriser ce délicat dosage, mais il a du y être renoncé en raison de la température.

Un projet pharaonique est par ailleurs étudié, afin d’essayer de contenir le ruissellement de l’eau hautement contaminée dans le sol du site, ainsi que dans la mer. Tepco pourrait construire autour des réacteurs des murs souterrains d’une profondeur de 15 mètres les entourant avant de trouver une assise imperméable et de construire une sorte de cuve.

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Mise à jour n° 185 (samedi 04h30)

Dans ses tentatives de diminuer et stabiliser la température au sein des réacteurs n°1 et 3, Tepco doit faire face à un nouveau problème.

En continuant de remplir d’eau les enceintes de confinement, dans laquelle baignent les cuves et le combustible des réacteurs, l’opérateur risque d’en mettre en cause l’intégrité en cas de nouveau séisme, selon l’autorité de sûreté japonaise. Un risque que Tepco nie.

Six tonnes par heure d’eau sont injectées dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1, le niveau de l’eau ayant déjà atteint la mi-hauteur de celle-ci. Selon l’opérateur, l’eau se vaporise sous l’effet de la température avant de se condenser. L’objectif est d’atteindre le niveau supérieur des barres de combustible, qui sont dans ce réacteur considérées comme étant le plus sérieusement endommagées .

Cette situation est analogue à celle que l’opérateur rencontre avec le réacteur n°2 : en tentant de diminuer la température interne des réacteurs par des injections massives d’eau, elle crée ou risque de créer de nouveaux importants problèmes. Dans le cas du réacteur n°2, il s’agit de la fuite d’eau hautement contaminée.

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Mise à jour n° 184 (vendredi 13h10)

Une large région au Nord-Ouest de la centrale, comprenant 5 municipalités et située au-delà de la zone interdite de 20 kms de rayon autour d’elle, va devoir être évacuée dans le mois qui vient, a décidé le gouvernement. Les personnes y habitant risqueraient, selon lui, d’être exposées à une dose cumulée annuelle de radiations de 20 millisieverts ou plus. Le nombre d’habitants concerné n’a pas été communiqué.

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Mise à jour n° 183 (vendredi 11h45)

Les ouvriers continuent leurs opérations de nettoyage du site, afin d’en diminuer la dangerosité. Le pompage de l’eau hautement contaminé se poursuit, se traduisant par la poursuite d’une lente décrue dans le puits où son niveau est mesuré. Le déblayage des nombreux débris radioactif qui jonchent le sol, après les explosions d’hydrogène initiales, va reprendre. La ronde des engins télécommandés a repris.

Sauf incident, une longue période de travaux est entamée, afin d’améliorer la situation sur le site. Des travaux qui ne sont encore que préliminaires. Leur suite va réclamer des solutions inédites, en raison des conditions inhospitalières mesurées à l’intérieur des réacteurs.

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Mise à jour n° 182 (jeudi 06h28)

Le gouvernement a déclaré interdite la zone de 20 kms autour de la centrale, d’où 80.000 habitants avaient été évacués, mais où il a été trouvé par la police une soixantaine de familles qui continuaient d’y vivre.

Un habitant par famille aura, « dans les semaines à venir », le droit d’aller chercher pendant deux heures de temps des effets personnels, munis de vêtements de protection et d’un dosimètre. Cela ne sera pas possible dans un rayon de 3 kms autour de la centrale.

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Mise à jour n° 181 (jeudi 06h10)

Tepco a divulgué de nouvelles informations à propos de la situation à l’intérieur des réacteurs, peu encourageantes quant à une future intervention humaine en leur sein et à la réalisation des travaux de restauration d’un circuit fermé de refroidissement d’eau.

De très haut niveaux de radioactivité ont été découverts par les robots à l’intérieur des réacteurs n°1 et 2 (les mesures concernant le n°3 n’ont pas été rendues publiques). 18,9 millisieverts et 6,46 millisieverts ont été respectivement mesurés en 50 minutes, excluant la présence d’être humains dans ces zones.

Un taux d’humidité de 94 à 99% a été enregistré dans le réacteur n°2, résultat d’une fuite d’eau radioactive. Dans le réacteur n°3, il a été observé qu’une armoire électrique été ouverte, suite à l’explosion d’hydrogène du 14 mars dernier, faisant craindre que le système d’alimentation électrique est endommagé. De nombreuses plaques d’acier sur le sol font obstacle à la progression au sein du réacteur.

Depuis mardi, le pompage de l’eau hautement radioactive des sous-sols du réacteur n°2 se poursuit au même rythme de 10 tonnes par heure. Mais il se confirme que la fuite continue d’alimenter les zones inondées. Si le niveau de l’eau continue de lentement baisser dans le puits, ce n’est pas le cas dans le sous-sol de la turbine. Dans le tunnel qui va vers le réacteur n°3, il a été enregistré qu’elle montait. C’est également le cas – de quelques centimètres en une semaine – dans les sous-sols des réacteurs n°5 et 6.

Tepco n’a assorti ces informations d’aucun commentaire sur sa capacité à totalement assécher les zones inondées.

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strong>Mise à jour n° 180 (mercredi 09h53)

Pompée au rythme de 10 tonnes par heure, l’eau contaminée descend très lentement dans le puits où son niveau est mesurée : 1cm en un jour. La situation paraît de ce point de vue stabilisée.

Mais les sous-sols des réacteurs n°5 et 6, distant du groupe des 4 autres et jusqu’ici épargnés, sont parallèlement atteints, Tepco ignorant comment. C’est également le cas de ceux des réacteurs n°3 et 4, via le réseau de tunnels de service qui joignent les joignent aux n°1 et 2.

L’ensemble des sous-sols du site de la centrale est contaminé.

L’exploration des réacteurs par des robots rencontre de grosses difficultés. Dans le cas du n°2, des masses de vapeur probablement contaminée et provenant du tore endommagé ont instantanément aveuglé la machine, qui ne peut être dirigée. De gros débris radioactifs font obstacle à la progression de l’autre, dans le réacteur n°3. Tepco recherche un robot capable de déplacer des obstacles pouvant peser jusqu’à 100 kgs. Dans le réacteur n°1, le dernier robot a pu progresser de 40 mètres le long de la paroi Nord.

La possibilité de faire intervenir des humains dans ces enceintes n’est pas établie dans l’état actuel des choses, étant donné par ailleurs le niveau mesuré des radiations qui limiterait considérablement leur présence. Ce qui pourrait mettre en cause la perspective de l’installation d’un nouveau circuit de refroidissement des réacteurs et faire obstacle au retour d’un minimum de normalité.

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Mise à jour n° 179 (mardi 21h15)

Suite à un accord avec Areva – le groupe industriel français – c’est en juin que Tepco souhaite débuter la décontamination de l’eau dont il a commencé le transvasement hors des sous-sols des réacteurs.

Un procédé chimique permettrait de décontaminer dans des proportions allant de 1/1000 éme à 1/10.000 éme 1.400 tonnes d’eau par jour, l’opérateur souhaitant pouvoir ensuite utiliser celle-ci pour assurer le refroidissement des réacteurs, lorsque le nouveau système en circuit fermé qu’il entend mettre en place sera en état de fonctionner.

Il reste toutefois à concrétiser la possibilité d’effectuer les travaux correspondants, dont une partie devra avoir lieu dans des enceintes hautement contaminées.

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Mise à jour n° 178 (mardi 10h44)

Le pompage de l’eau hautement radioactive a repris. 26 jours devraient être nécessaires à l’opérateur pour transvaser des sous-sols du réacteur n°2 et de ses bâtiments techniques annexes quelques 10.000 tonnes d’eau, à raison de 480 tonnes par jour.

Tepco estime que 25.000 tonnes d’eau sont répandues dans ces sous-sols, empêchant tous travaux. Sur l’ensemble du site, 67.000 tonnes d’eau sont à évacuer.

Les injections d’eau de refroidissement dans les trois réacteurs et les quatre piscines devant par ailleurs impérativement se poursuivre, cette masse d’eau contaminée au fur et à mesure augmente en permanence. L’enjeu est donc de la pomper plus rapidement qu’elle ne grossit.

Une capacité de stockage de 30.000 tonnes d’eau contaminée est pour l’instant disponible, d’autres capacités seraient en cours d’acheminement.

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Mise à jour n° 177 (lundi 15h48)

L’exploration par des robots télécommandés du 1er étage de l’intérieur du bâtiment du réacteur n°1 a duré 50 minutes, celle du réacteur n°3 presque deux heures. Malgré leurs chenilles, la progression des robots était rendue difficile par de nombreux débris.

Par ces explorations, Tepco a tenté de déterminer les lieux de plus faible niveau de radiation, en vue d’interventions humaines ultérieures.

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Mise à jour n° 176 (lundi 14h09)

Dans le cadre de ses opérations de calfeutrage de la centrale en vue de limiter les émissions radioactives qui se poursuivent, Tepco va progressivement asperger le sol du site et les débris qui y sont répandus – suite aux explosions d’hydrogène intervenues dans les réacteurs n°1 et 3 – avec une émulsion polymère destinée à fixer et éviter la dispersion des poussières contaminées.

L’ensemble du site devrait être couvert fin juin, priorité étant donnée aux alentours des réacteurs d’ici la fin mai. C’est seulement ensuite que les réacteurs seront recouverts par des bâches.

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Mise à jour n° 175 (lundi 12h07)

La version moderne du film-culte « Le salaire de la peur » de Georges-Henri Clouzot se déroule à Fukushima.

Engagée depuis plus d’un mois maintenant, la lutte acharnée et sans répit menée avec des moyens improvisés pour tenter de reprendre le contrôle de situation se poursuit dans un environnement hautement contaminé. Elle va être de longue durée, sans jamais avoir la certitude de pouvoir la mener à son terme étant donné les obstacles rencontrés, prévisibles ou non.

Les robots et les engins télécommandés ne peuvent pas tout faire. Mettre en place les nouveaux circuits de refroidissement annoncés, consolider ou colmater des structures pour empêcher des effondrements ou arrêter des fuites vont impliquer des interventions humaines prolongées dans des zones très contaminées. L’enlèvement de barres de combustible de la piscine n°4 va nécessiter des trésors d’invention. Les enjeux humains et techniques vont se multiplier.

Si un nouveau dérapage incontrôlable devait intervenir, il pourrait à priori résulter de nouvelles répliques – ou bien d’explosions d’hydrogène – provoquant des ruptures de structures des piscines, des enceintes de confinement ou d’autres installations des réacteurs.

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Mise à jour n° 174 (lundi 10h25)

Mesuré par des robots, le niveau des radiations au premier étage des bâtiments des réacteurs n°1 et 3 laisse peu de marge de manœuvre pour des interventions humaines.

Les niveaux maximums enregistrés sont respectivement de 49 millisieverts par heure et 57 millisieverts par heure, ce qui autorise une présence cumulée d’environ 4 heures et 4 heures et demi maximum pendant un an, au regard du maximum autorisé de 250 millisieverts d’exposition annuelle pour les techniciens du nucléaire.

L’opérateur va déterminer quels travaux pourront, dans ces conditions, être effectués.

Par ailleurs, le niveau d’eau hautement contaminée continue de monter dans le puits attenant au réacteur n°2, dans l’attente – pour la poursuite de son pompage – de la disponibilité de moyens supplémentaires de stockage, prévue pour la fin de la semaine. La hausse du niveau de l’eau est attentivement suivie, dans l’espoir qu’un débordement pourra être évité.

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Mise à jour n° 173 (dimanche 15h30)

Parmi les mesures complémentaires du plan annoncées par Tepco figurent aussi la consolidation de la structure de la piscine du réacteur n°4 ainsi que le colmatage avec du ciment adhésif de la brèche de la structure du réacteur n°2, d’où provient l’eau hautement contaminée.

L’ensemble des travaux annoncés montre l’étendue de ce qui reste à faire pour commencer à contrôler la situation. Leur faisabilité reste par ailleurs à établir, notamment en terme d’accessibilité des lieux par des ouvriers.

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Mise à jour n° 172 (dimanche 12h45)

La bataille de l’eau hautement contaminée reste incertaine. Les prélèvements dans le sol du site de la centrale font apparaître une constante élévation de la contamination, tandis que son niveau dans le puits (et les tranchées qui y conduisent) continue de monter, menaçant de déborder dans l’océan.

Par ailleurs, dans le cadre d’un nouveau plan qu’il vient de rendre public, Tepco souhaite mettre en service sous trois mois un système parallèle de refroidissement des réacteurs et des piscines, condition préalable, dans un premier temps, à la stabilisation de la température dans ceux-ci grâce à l’augmentation du débit des injections d’eau. La remise en service des installations existantes est donc abandonnée, impraticable.

Afin de limiter les interventions humaines au maximum, ce nouveau système sera greffé sur les installations existantes et fonctionnera en circuit fermé. L’eau provenant du réacteur – qui fuit dans le bâtiment adjacent à l’enceinte de confinement – sera pompée, décontaminée grâce à des filtres et refroidie dans des échangeurs de chaleur avant d’être injectée à nouveau en son sein.

La faisabilité des travaux pourrait toutefois être mise en cause une fois connues les analyses et prises de vue de l’intérieur des installations effectuées par un robot télécommandé.

Simultanément, le bâtiment du réacteur n°2 – le plus fortement endommagé, responsable d’une importante proportion des fuites radioactives – sera rafistolé afin de limiter les émissions. (Le projet de couvrir à terme les 3 réacteurs avec un ensemble de bâches munies de filtres, pour évacuer les gaz, est maintenu.)

Ce n’est que dans une seconde phase que sera entamé le refroidissement progressif des installations afin que la température de l’eau descende en dessous de 100°C.

Enfin, des équipements destinés à décontaminer l’eau dont le transvasement a été commencé, puis provisoirement stoppé dans l’attente de vérification d’étanchéité d’un réservoir pouvant contenir 30.000 tonnes, seront mis en service.

C’est la première fois que l’opérateur présente un plan d’ensemble offrant un minimum de visibilité sur la suite des opérations, permettant selon lui de reprendre à terme le contrôle de la situation.

Les incidents imprévisibles intervenus ces dernières semaines laissent à penser qu’il pourrait être aisément déjoué. Dans le meilleur des cas, le calendrier prévu pourrait être fortement allongé.

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Mise à jour n° 171 (dimanche 09h26)

Trois mois seront nécessaires pour que le niveau des radiations soit stabilisé sur le site de la centrale, après avoir instauré « un refroidissement stable » des réacteurs. Entre six et neuf mois seront ensuite nécessaires pour que le niveau des fuites soit réduit à un niveau « très bas », en diminuant la température et la pression des réacteurs (95 degrés à la pression atmosphérique, soit une situation de « cold shutdown »).

Tel est le calendrier que vient d’annoncer Tepco, dont les calendriers de travail prévisionnels n’ont jamais brillé par leur exactitude.

Dans l’immédiat, un robot américain télécommandé de 70 cms de long et 53 cms de large va être utilisé – après avoir ouvert une porte et pénétré dans le bâtiment du réacteur n°3 – pour mesurer la température, le niveau des radiations et la concentration d’oxygène à l’intérieur. L’objectif est de déterminer dans quelles conditions une intervention humaine serait éventuellement possible et analyser le travail nécessaire pour reprendre le contrôle sur le réacteur. Le tour des réacteurs n°1 et 2 viendra ensuite.

Tepco annonce ses deux priorités : prévenir de nouvelles explosions d’hydrogène dans les trois réacteurs et stopper les fuites d’eau hautement contaminée du réacteur n°2. Des injections d’azote sont dans le premier cas le moyen. Aucune méthode n’est définie dans le second (si elle est connue, l’origine de la fuite n’a pas été divulguée).

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Mise à jour n° 170 (samedi 21h31)

Petit à petit, Tepco prend la mesure des énormes difficultés qui l’attendent, mettant ainsi mieux en valeur les délais mis pour s’en rendre compte et l’inadéquation des solutions apportées dans un premier temps.

Devant la tâche – qui se révèle impossible – de remise en service du système de refroidissement des réacteurs et des piscines, Tepco étudie la mise en place d’un nouveau système en parallèle. Celui-ci fonctionnerait en circuit fermé, et bénéficierait d’échangeurs de chaleur refroidis à l’eau de mer (5 à 6 par réacteur). Commande a déjà été passé pour de tels équipements.

Ce système serait installé en dehors des enceintes de confinement, au sein desquelles la radioactivité est trop élevée pour permettre des travaux, et utiliserait les tuyaux déjà actuellement utilisés pour injecter de l’eau afin de minimiser les interventions humaines en leur sein. Il devrait permettre de mieux refroidir les réacteurs et les piscines de stockage et de cesser d’alimenter les nappes d’eau contaminée, comme les injections actuelles d’eau le font (aux fuites près).

L’opérateur ne serait pas pour autant au bout de ses peines, ayant constaté que le niveau de la radioactivité continue de monter dans la mer, aux abords proches des installations, en dépit de toutes les précautions prises pour le limiter (installation de barrières flottantes et de parois d’acier, déversement de sacs de sables mélangé avec de la zéolite…). Ce qui signifie que le ruissellement d’eau hautement contaminée se poursuit.

Par ailleurs, le gouvernement américain a proposé d’envoyer par avion un hélicoptère cargo sans pilote dont disposent les U.S. Marines. Celui-ci peut soulever 1.400 kgs et permettrait d’assembler les éléments d’une énorme grue destinée à hisser dans la piscine du réacteur n°4 des casiers destinés à stocker des éléments de combustible, avant de les enlever. En raison de la quantité de combustible qui y est stockée, cette piscine représente en effet un risque potentiel majeur.

Il semble toutefois que l’assemblage des élément de la grue surplombant la piscine nécessiterait un niveau de radioactivité plus faible qu’actuellement. Chaque solution envisagée se heurte ainsi à un obstacle.

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