L’HUMAIN ? COMPLEXE… TROP COMPLEXE !, par FP

Billet invité.

Quand je suis arrivé en Inde, j’ai commencé par croire que je ne comprenais rien à cette société. J’ai donc parlé, beaucoup, avec des gens différents, d’âges différents, appartenant à des castes différentes, de professions différentes, des religions différentes, des régions différentes… et puis j’ai lu, beaucoup, la littérature indienne, les sociologues occidentaux… et finalement je suis arrivé à la conclusion que, certes, je ne comprenais pas l’Inde – rien de nouveau jusque-là – mais aussi que l’Inde ne se comprenait pas elle-même – mieux, que personne ne la comprenait (sans que cela ne l’empêche pour autant d’exister – je parle de l’Inde) ! Bien sûr, certains possédaient une connaissance fine de tel ou tel contexte, mais aucun savoir de surplomb – scientifique – objectif – théorique ne permettait de s’en faire un idée définitive – « claire et distincte » aurait dit Descartes.

Et puis en rentrant, je n’ai pu m’empêcher de tracer le parallèle avec l’économie mondiale, ô combien plus complexe encore que l’Inde, avec ses milliards d’agents, ses millions de marchandises, ses organisations infiniment diverses, ses multitudes de circonstances infiniment variables, sa dépendance d’avec les structures sociales, politiques, culturelles, sa perpétuelle évolution historique, etc. (Combien de livres faudrait-il pour décrire l’économie mondiale dans toute sa complexité ?)

Tout cela pour dire que la « science économique » s’attaque probablement à l’un des « objets » les plus complexes que les êtres humains puissent étudier : un réseau possédant des milliards de nœuds, des milliards de milliards de connexions – proche du cerveau de ce point de vue-là – et pourtant considérablement plus complexe puisque chaque nœud – chaque personne – est un cerveau entier, au comportement infiniment complexe et varié.

Face à cette (inimaginable) complexité, deux méthodes ont été suivies par les économistes – une fois dépassée – à tort ou à raison ? – la posture de l’honnête homme issue de la Renaissance (soit des Précurseurs jusqu’aux Classiques).

Pour faire simple, d’un côté Marx (et plus généralement l’approche historique allemande, à laquelle s’ajouterait Max Weber et les institutionnalistes variés) : c’est la voie de la connaissance encyclopédique (doublée ou non d’une synthèse de type hégélien), qui conduit à l’historicisation du capitalisme, et rapproche l’économie de l’histoire.

De l’autre Walras (et plus généralement toute l’économie académique actuelle, ce que l’on appelle aussi la théorie néoclassique), c’est la voie de l’abstraction du problème doublée d’une formalisation mathématique, qui conduit à la naturalisation du capitalisme, et rapproche l’économie de la physique (comme elle, écrivait Walras, « l’économie est une science mathématique »).

Keynes est singulier de ce point de vue, puisqu’issu de cette seconde tradition, il a refusé malgré tout l’usage d’un formalisme pour décrire sa conception du capitalisme – et cela, tout comme Hayek d’ailleurs, parce qu’il avait conscience de l’incertitude (impossible à probabiliser, par opposition au risque, probabilisable) inhérente au capitalisme – raison évidemment pour laquelle, seul, il a pu faire une théorie des crises financières et des bulles spéculatives.
Mais je m’enflamme… et l’on partirait trop loin.

Tout cela pour dire que la critique – triviale – selon laquelle l’économie n’est pas une science / est une mauvaise science, etc. me paraît – à la fois – juste et stupide.

La vraie question à se poser serait plutôt : mais qu’attendons-nous donc de l’économie ?

Si vous souhaitez prendre connaissance d’une tradition regroupant les plus brillants esprits des temps passés parmi tous ceux qui ont étudié les questions économiques, eh bien plongez-vous dans la science économique en lisant les écrits qui la composent (cela devrait être obligatoire au cursus de n’importe quelle formation de citoyen digne de ce nom, tout comme devrait l’être l’étude de tous les domaines du savoir – même si cela paraît difficilement réalisable dans un monde comprenant six milliards d’être humains).

Mais attention, si par hasard vous le faites, vous y perdrez vos illusions !

Car l’objet même de l’économie défie nos capacités d’appréhension : personne ne peut comprendre scientifiquement le système capitaliste; il ne s’agit là que d’un fantasme (au mieux) ou de l’alibi d’une domination (au pire).

Et de ce point de vue-là, l’économie se rapproche effectivement de l’histoire. Posez donc des questions analogues à celles qui motivent certaines interventions sur ce blog à des historiens : demandez-leur de prédire le futur, demandez-leur les causes précises d’une transformation majeure du passé, demandez-leur des plans détaillés pour réformer la société actuelle, croyez-vous qu’ils pourront vous répondre « scientifiquement » ? En déduirez-vous que l’histoire n’est pas une science pour autant ?

Cela étant dit – et si l’on devait faire le procès de l’économie contemporaine, les deux fautes majeures que l’on pourrait lui reprocher sont, d’une part, la naïveté scientiste de la tradition dominante qui croit comprendre le capitalisme en le purifiant mathématiquement (et particulièrement des certitudes antipolitiques qui en découlent, je parle de la prétention de savoir avec laquelle se leurrent la plupart des économistes – ce que la psychanalyse nommerait « infatuation du moi »), et d’autre part la corruption théorique de ceux qui ont vendu leur réflexion aux intérêts financiers dominants (mais le plus souvent, comme toujours, par ignorance, bêtise, bref finitude humaine). Deux grandes fautes, c’est certain – mais qui se doublent d’un fantasme de soumission bien facile chez les citoyens (l’économie, c’est trop compliqué pour moi, je préfère regarder la télévision ; ou dans sa variante opposée, les économistes sont nuls, moi je sais tout, bienvenue au comptoir du bistrot !).

Et malheureusement, c’est cette servitude volontaire (La Boétie est à la mode ?) qui me laissera toujours sceptique (ou totalement idéaliste c’est selon) ; puisque je ne vois pas dans quelles conditions nous pourrions dépasser cet antagonisme « prétention de savoir / soumission devant les experts ». Le problème fondamental que nous touchons là, l’ajustement par rapport au savoir de l’ensemble des citoyens, n’a rien à voir avec l’économie, le même problème se pose en ce moment par exemple avec le nucléaire, et c’est bien la même raison qui poussait Platon, il y a déjà plus de deux mille ans, dans La République en l’occurrence, au plus profond pessimisme sur le fonctionnement de la démocratie. – Comment une société complexe peut-elle démocratiquement se gouverner elle-même ? Ou si vous préférez, comment créer autant de citoyens que de sapiens, soit plus de six milliards d’un coup et par magie. Compte tenu de la complexification des savoirs contemporains et de l’accélération de l’histoire à laquelle nous assistons – j’avoue ne pas DU TOUT savoir comment répondre à cette question…

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129 réponses à “L’HUMAIN ? COMPLEXE… TROP COMPLEXE !, par FP”

  1. Avatar de Thom Bilabong
    Thom Bilabong

    La république de Platon n’était-elle pas un tantinet « bananière » ?

  2. Avatar de Thomas

    Paul, vous me faites penser à Hary Seldon, aux prémisces de la psychohistoire….

  3. Avatar de Martine-bxl
    Martine-bxl

    Quand ils sont venus chercher les communistes,
    Je n’ai rien dit,
    Je n’étais pas communiste.

    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
    Je n’ai rien dit,
    Je n’étais pas syndicaliste.

    Quand ils sont venus chercher les juifs,
    Je n’ai pas protesté,
    Je n’étais pas juif.

    Quand ils sont venus chercher les catholiques,
    Je n’ai pas protesté,
    Je n’étais pas catholique.

    Puis ils sont venus me chercher,
    Et il ne restait personne pour protester

  4. Avatar de objectionvotrehonneur
    objectionvotrehonneur

    Fatso :
    ▪ « … la simplification à outrance est aussi stérile que son pendant complexe… »
    ▪ Je ne sais pas si l’on se comprend bien.
    Il ne s’agit pas de vouloir tout simplifier à outrance, mais de risquer l’idée que l’économie , pour complexe qu’elle soit, ne restera jamais qu’un outil au service de la politique…
    ▪ Toute conviction politique étant forcément sous tendue par des convictions philosophiques, avant d’aborder des questions de théorie ou de science économique (des questions de boite à outils) , il convient déjà d’exposer ses convictions philosophiques..
    .Ce qui est loin d’être simple…


  5. Avatar de quid34
    quid34

    Comprendre n’est pas tout….La mouette comprends t-elle l’air, le poisson l’eau ?
    Ils ont juste intégré certaines règles…inné, apprentissage, expérience
    Ne suffit-il pas de vivre et d’aller à son essentiel ?
    L’homme est complexe et l’économie est l’histoire de tous les hommes…cqfd
    « Plus je sais, plus je sais que je ne sais pas tout…. »
    Chacun sa mission, chacun sa carotte…chacun ses limites, et au royaume des aveugles…

  6. Avatar de celuiquibraille

    Pourquoi l’être humain préfère-t’il si souvent les mensonges simples au vérités complexes ?

    1. Avatar de quelqu'un a
      quelqu’un a

      Moi, je préfère les vérités simples, aux mensonges complexes.
      (NB: je ne suis pas un alien)

  7. Avatar de nol
    nol

    Moi je n’ai toujours pas compris qui signe ce billet ? Jorion ? Ce n’est pas son style. Qui est FP ?

    1. Avatar de Julien Alexandre
      Julien Alexandre

      C’est un pseudo comme un autre, n’est-ce pas Nol ? Le billet n’est pas de Paul, mais d’un/une commentateur/trice qui a le droit de rester anonyme comme les autres.

      1. Avatar de nol
        nol

        Mais ce commentateur/trice a parfaitement le droit de rester anonyme, cher Julien Alexandre, comme moi-même souhaite le rester, là n’est pas la question. Je m’interrogeais au vu de certains commentaires qui semblaient attribuer ces écrits à Paul Jorion.
        Autrement (comme dirait mon côté alsacien), ce billet ne fait qu’ajouter à la complexité et à la confusion.
        Mais Lisztfr , 11 avril 2011 à 16:47 , le dit mieux que moi.

        1. Avatar de Julien Alexandre
          Julien Alexandre

          Ok nol, alors je vous confirme simplement qu’il s’agit bien d’un commentateur/trice qui a simplement posté ce texte en commentaire. Après en avoir pris connaissance, Paul et moi avons souhaité lui donner une plus grande visibilité, gageant que la discussion qui en suivrait pourrait être fructueuse.

      2. Avatar de GéBé
        GéBé

        Que signifie alors : « 11 avril 2011 par Paul Jorion » ?

        1. Avatar de Paul Jorion

          Que c’est moi qui l’ai mis en ligne.

          Quand il n’y a pas de nom d’auteur dans la ligne de titre, c’est que c’est moi qui ai écrit le billet : comme mon nom est dans « Blog de Paul Jorion », je suis, par défaut, l’auteur du billet.

          Quand il y a un nom dans la ligne de titre, il faut que vous preniez cela au sérieux.

    2. Avatar de quelqu'un a
      quelqu’un a

      FP ??? C’est François Premier , non?

      1. Avatar de Lisztfr
        Lisztfr

        Mon premier est un tout petit poisson, mon second est un arbre fruitier, mon tout est un roi de france, qui suis-je ? (il a un déf

      2. Avatar de Lisztfr
        Lisztfr

        En tout cas FP pose une bonne question, qui mérite toutes sortes de développements… Chacun étant dépositaire d’un fragment de souveraineté serait en droit de clore le débat par le « joker » wébérien d’éthique de conviction ou quelque chose du genre qui se traduit par la formule à la mode « j’assume » ! Nos édiles assument tout et ceci ne coute pas très cher. L’éthique de conviction consiste à agir alors qu’on n’est sûr de rien. C’est la phroenéis grecque, la prudence grecque dans l’action cependant, opposée à la délibération philosophique pure. Il y a heureusement toujours un volet « pratique » qui suit le traité principal et dans la pratique, c’est selon le jugement de chacun.

        La complexité peut elle être en tant que telle, un obstacle à la gestion démocratique des sociétés ? On peut noter que rien n’est entamé pour lever cet obstacle. Il ne semble donc pas prioritaire, sinon on inciterait les gens à l’étude et on débattrait. Pour le moment personne ne débat plus sur aucun sujet (nucléaire, politique économique, etc).

        Je pense que la complexité n’est pas l’essentiel, mais le fait que cette société va s’écrouler pour des raisons très simples, décrites pas J.B.Say. Il n’y a pas de progrès en économie par rapport à la loi des débouchés, sinon comment donner un sursis au malade. Le capitalisme a toujours été à l’agonie, il y a eu en tout 20 ans de gloire aux USA, de 1945 à 1965 si l’on en croit l’auteur de l’âge des extrêmes, Hobsbawm. J’avais un prof qui disait qu’on ne connait jamais l’état d’un pays c’est pourquoi il était très difficile de prononcer le discours sur l’union des USA, mais il est clair que l’état des USA n’a jamais été bien fameux, pour une plus ou moins grande part de la population.

  8. Avatar de Pascal
    Pascal

    Au sujet de la complexité, il semblerait que celle-ci doive suivre une croissance exponentielle inexorable la conduiisant à l’hyperinflation : dans ces conditions et à ce rythme, il me semble inévitable que les sujets humains les uns après les autres n’en viennent à succomber étouffés par autant de complexité qui finira par exiger la possession d’un mode d’emploi en permamence pour piloter sa propre existence !!

    Rire !!

    D’un autre côté, laissant de côté ces considérations au terme desquelles l’humanité est réputée vouée à périr d’hypercomplexité, je prétends pour ma part que chacun individuellement, perdu pour perdu, quelque soit son niveau d’étude et son statut social, peut reprendre son existence en main et la soustraire partiellement à ce processus sordide de complexification incessante.

    cette démarche implique certe un effort, mais quitte à accomplir un effort, autant que ce soit au service d’un dessein qui permet d’envisager de sortir la tête du bain de complexité dans lequel nous sommes plongés au risque de boire la tasse !

    Et non seulement chacun peut essayer de se sauver par lui-même (ie de s’embarquer sur une sorte d’arche de Noé de l’humanité simplète 😉 — encore une fois, quitte à périr, autant périr libre –, mais dans le même temps chacun peut essayer de mettre son effort en commun avec quelques quidam de son entourage désireux de suivre une trajectoire analogue.

    Nul besoin de revendiquer le sauvetage du monde, nul besoin d’un statut d’expert pour non pas sauver le système, mais pour essayer de se sauver soi avec celles et ceux qui aspirent à renouer avec une existence soustraite autant que faire se peut aux ratiocinations des maitres-artisans de la complexification induite du monde qu’ils contribuent à édifier selon une méthodologie qui relève de la croyance et qui consiste à poser que les difficultés nouvelles engendrées par la complexité ajoutée seront toujours susceptibles d’être réglées grâce à l’adjonction de davantage de solutions complexes !

    Claude Allègre, le plus grotesquement illustre des représentants du scientisme, ne proclame-t-il pas urbi et orbi que la science telle qu’elle est pratiquée dans nos contrées saura toujours répondre aux défis nouveaux soulevés par ses réalisations précédentes ! Une promesse qui ne mange pas de pain et qu’il est difficile de contester avant le game over !

    Alors d’ici là, osons questionner l’hypothèse de la simplicité partagée …

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      Claude Allègre, le plus grotesquement illustre des représentants du scientisme, ne proclame-t-il pas urbi et orbi que la science telle qu’elle est pratiquée dans nos contrées saura toujours répondre aux défis nouveaux soulevés par ses réalisations précédentes ! Une promesse qui ne mange pas de pain et qu’il est difficile de contester avant le game over !

      http://www.lacosmo.com/dossierallegre.html

      Moins médiatique mais amha plus dangereux, il y a eu J.L. Lions, professeur à l’école polytechnique, digne successeur de Laplace, inventeur/promoteur de la théorie du contrôle, coauteur avec Dautray (du CEA )d’une bible post laplacienne de quelques milliers de pages. Aux antipodes de l’attitude thomienne.

  9. Avatar de kercoz
    kercoz

    Le terme « COMPLEXE » ou complexité est encore une fois mal utilisé . On lui attribue trop souvent le signifiant « compliqué » , alors que son sens mathématique est tout autre .
    Il se rapporte a des modélisations qui utilisent des equa complexes , differentielles , caractéristiques de tout système vivant ou naturel .
    Ce terme n’est pas un qualificatif que l’on peut employer a tout va ….. Dire que que l’économie actuelle est complexe est faux ……Car la gestion des échanges a en premier lieu été linéarisé pour des gains de productivité (spécialisation) …Ce qui exclue la possibilité de conserver les qualités des systèmes complexes auto-organisés , ..Qualités dont la principale est la stabilité résultant des attracteurs .
    Pour l’Inde , une des premieres tentatives de civilisations qui a voulu centralisé un système …on peut voir dans le système des castes une tentative de solution a l’impasse de l’hypertrophie des groupes :……: reformer des groupes a l’interieur du méga-groupe , de façon a limiter les effets pervers du gigantisme ………
    Il n’y a qu’une seule façon de gérer correctement un groupe , en tenant compte de son existance dans sa « chaine trophique » et des equilibres globaux, c’est la structure fractionnée , fractales, seul système en usage dans la nature .C’est le seul système qui peut utiliser le terme « complexité » dans son sens mathématiques .

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      La notion mathématique de complexité n’est pas intrinsèque, elle est toujours liée à la nature du formalisme utilisé pour la décrire. Ainsi des formes topologiquement simples peuvent être algébriquement très complexes (nous, qui sommes topologiquement une boule à éventuellement quelques trous) et réciproquement (par exemple la transformation dite du boulanger est algébriquement simple et topologiquement compliquée).
      La notion classique de complexité est quantitative, thermodynamique (entropie thermodynamique généralisée par Kolmogorov-Sinaï). La notion de complexité topologique est plus récente (Whitney, Thom, Smale).
      Cela laisse aux optimistes la possibilité de clarifier mathématiquement tout ça puis à exporter la théorie hors des mathématiques.
      Thom, je crois, faisait partie de ces optimistes et il s’est donné beaucoup de mal pour tenter de convaincre.

      1. Avatar de Kercoz
        Kercoz

        Je réagissais a l’utilisation abusive du terme « complexité » . Outre son utilisation  » compliqué » par tout un chacun , les scientifiques actuels en font eux , un usage « mathématique » qui tient souvent de l’ « impressionnisme » ( comme E. Morin et bien d’autres) . Il me semble que le concept développé par la « Th. du chaos » soit souvent récupéré dans ces usages . Il est dommage que ce concept soit repoussé (peut etre le terme « chaos » fait il fuir) . Je me permets de ne pas etre d’accord sur une notion « non intrinsèque » de complexité …les differentes « écoles » qui réutilisent ce terme , utilisent aussi les caracteristiques principales développées par le Chaos (attracteurs, fractales , temps caracteristique .. ) Il est toujours possible de trouver des equa differentielles qui n’ induisent pas d’attracteurs …mais , par def ,on peut affirmer que tout ce qui existe et qui vit suit un modèle (stabilité) qui en développe .
        Certaines ecoles tentent de se justifier en arguant le faible nombre d’intrants utilisé ds la Th . Du Chaos , alors qu’ils en multiplient le nombre ….. En fait (de façon toute intuitive ) il est probable que dans des système comme des boucles-chaine trophique (pédogenèse par ex) , le nombre d’intrant ne modifie pas notablement la forme de l’attracteur , mais doit agir sur sa sa qualité ‘attraction , donc sur une « pente » aux limite de l’attracteur .

        S’il se trouve que j’ai raison , il suffirait donc de qqs intrants importants pour modéliser le système et envisager de localiser un attracteur futur . POur la pénurie energetique , par ex , le nombre de modèles conjecturables va dépendre des possibilités de prod energetique bon marché , et de la pression de la demande des emergeants plus que de notre demande …on peut imager l’attracteur a assez court terme en esclaves virtuels ou KW passer de 120 actuel a 20 ou 30 par ex .

  10. Avatar de soi
    soi

    Il me semble que la société indienne est similaire à l’ensemble des sociétés du monde: elle est patriarcale. Je propose toujours une voie, une « sortie » vers un humaniarcat où aucun humain ne serait dévalorisé, où la base serait la valorisation de l’humain quel qu’il soit. : personnellement, je ne connais personne qui aime être dévalorisé. Peut-être est-ce un concept qui permet de construire un ensemble?A mon sens, suite au traumatisme de la seconde Guerre Mondiale, la France et d’autres pays ont tenté des expériences qui ont eu des résultats positifs à mon sens quant à la mise en forme d’un « respect », certes encore imparfait, entre les humains, telle l’expérience du Conseil National de la Résistance. Peut-être nous faudrait-il apprendre à entendre toutes les voix d’une humanicratie, à entrevoir des structures plurielles de gestion,de progrès, à concevoir des dynamiques qui auraient la capacité à ne pas se scléroser ou qui, au moins auraient été conçues avec des « sorties possibles » en cas de sclérose, à entrer dans un « esprit » différent ainsi que nous réussîmes à le faire après 1789 , comme le suggère le célèbre titre de Montesquieu  » L’esprit des lois »?

    J’ai entendu qu’une civilisation avait une carte (sur un rocher, si mes souvenirs sont bons) permettant de résoudre, de mieux vivre les difficultés de la vie que les gens allaient consulter mais je n’ai jamais retrouvé le nom de cette civilisation, ni eu la chance de pouvoir voir cette carte, si d’entre-vous peuvent m’aider, ce ne serait pas de refus. Merci par avance. 🙂

  11. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    FP,bonjour vous faites reference a la societe Hindouiste ,et vous posez la question d’un fonctionnement ideal,alors que justement, dans l’hindouisme .il est percu que ce qui est , est mouvement ; l’injustice est le terreau de la justice qui a son tour va creer de l’injustice .
    Amities a tous et pour Paul, Francois et tous les autres un grand merci.

  12. Avatar de idle
    idle

    … »Une matière première, tout entière, douée de formes diverses, de degrés différents de substance. » Milton (le Paradis Perdu, livre V).
    La révolution produite dans l’ancienne chimie par Avogadro constitua la première page du volume de la Chimie Nouvelle. M.Crookes vient de tourner la seconde page et indique hardiment ce que pourra être la dernière…En effet, le protyle une fois accepté et reconnu, comme l’a été l’éther invisible, car touts deux représentent des nécessités scientifiques…La chimie aura virtuellement cessé d’exister : elle reparaîtra, dans sa réincarnation, sous forme de « Nouvelle Alchimie » ou encore de « Méta-Chimie »…Celui qui a découvert la matière radiante aura fini par rendre justice aux antiques ouvrages qui traitent de l’occultisme, et mêmes aux Védas et aux Pourânas…Que sont en effet, la « Mère » manifestée, le « Père,Fils,Mari » (Aditi et Daksha, une forme de Brahmâ, comme Créateurs) et le « Fils », les trois « Premiers-nés », si ce n’est simplement l^hydrogène, l’oxygène et ce que, dans sa manifestation terrestre l’azote…Les descriptions, même exotérique, de la Triade « Premier-née » donnent toutes les caractéristiques de ces trois « gaz »…Priestley fut celui qui découvrit l’oxygène, c’est à dire ce qui était déjà connu de toute antiquité…Pourtant tous les poètes et philosophes de l’antiquité, du moyen âge et de notre époque, ont été devancés, même dans les ouvrages exotériques hindous, en ce qui concerne les tourbillons élémentaux mis en mouvement par l’Esprit universel, le « Plenum » de matière de Descartes, différencié en particules; « le fluide éthéré » de Leibnitz et le « fluide primitif » de Kant dissous en ses éléments; le tourbillon solaire et le système de trourbillon de Kepler…Bref, depuis Anaxagore jusqu’à Galilée, Torricelli et Swedenborg et, après eux, jusqu’aux plus récentes théories mystiques européens tous cela se trouve dans les hymnes hindous ou Mantras, adressés aux « Dieux, Monades et Atomes » dans leur ensemble, car ils sont inséparables…Dans les enseignements ésotériques, les conceptions les plus transcendantes de l’Univers et de ses mystères, de même que les théories les plus matérialistes en apparence, se trouvent conciliées, parce que ce savoir embrasse tout le champ de l’évolution, depuis l’Esprit jusqu’à la Matière…Comme la déclaré un savant qui souhaite rester anonyme :
    « Les Monades de Leibnitz peuvent, à un certain point de vue, être appelées des forces, provenant d’une autre matière. Pour la science occulte, force et matière ne sont que deux aspects de la même substance. »
    Que chacun se souvienne de ces « Monades » de Leibnitz, dont chacune est un vivant miroir de l’univers, chaque monade reflétant toutes les autres et qu’il compare cette théorie et cette définition à certaines Shlokas sanscrites, traduites par Sir William Jones, dans lesquelles il est dit que la source créatrice de l’Esprit divin…Cachées derrière un voile d’épaisses ténèbres, formait des miroirs avec des atomes du monde et projetait un reflet de sa propre face sur chaque atome… »
    Aussi, lorsque M. Crookes déclare :
    « Si nous pouvons prouver comment les prétendus éléments chimiques ont pu êtres générés, il nous sera possible de combler une formidable lacune dans ce que nous savons sur l’univers. »
    La réponse est toutes prête…Le savoir théorique se trouve dans la signification ésotérique de toutes les cosmogonies hindoues que renferment les Pourânas; la démonstration pratique est entre les mains de ceux qui ne seront pas reconnus durant ce siècle, sauf par un petit nombre.

    Alors, l’économie, la politique de tous ces pauvres incultes qui nous gouvernent, je m’en fiche..Je les ignorent de la même manière qu’ils ignorent jusqu’à ce jour tous ces savants et ces érudits.
    Good luke les matérialistes sensuelles…Le point de non retour est proche.

  13. Avatar de huurd
    huurd

    faisons un peu de science fiction : imaginons qu’un jour, arrivent en masse de l’espace des navettes en plein jour, stationnent des heures entieres dans nos ciels a la vue de tous sur tout le globe, sana laisser le moindre doute sur le fait que se ne sont pas des creations humaines, mais sans faire le moindre mal a quiconque.
    Imaginons meme que leurs occupants se laissent voir egalement, et nous expliquent qu’ils viennent d’une galaxie proche, qu’ils ne nous veulent que du bien, qu’ils nous connaissent deja depuis fort longtemps…
    Les religions en prendraient un sacre coup : on nous avait dit que les hommes sont l’unique creation de Dieu, et voila que d’autres creatures existent…
    De facon generale ce serait un choc generalise : comment sont venus ces gens si ils habitent si loin ?… on nous vait dit que meme a la vitesse de la lumiere il faudrait des centaines ou des milliers voire des millions d’annees pour aller dans la galaxie la plus proche….. comment fonctionnent donc leurs navettes ?… et cette technologie, elle ne pourrait pas servir pour fournir de l’energie et des modes de transports non polluants ici sur terre ?…. etc… etc….

    C’est ce genre de choc qui pourrait faire changer les choses radicalement, qui pourrait nous faire sortir en masse de nos petites obsessions mesquines, nous faire tout simplement changer de paradigmes a l’echelle de l’humanite…
    Je ne pretends pas que ca se produise, simplement que si ca se produisait ca remettrait tout en perpective de facon radicale …

    1. Avatar de idle
      idle

      …Et bien se sait que la pensée peut d’une certaine façon nous conduire vers des horizons plus proche d’un « Uni-Son » harmonique mais de là à envisager la venue d’un autre plan pour purifier notre rang ou anneau comme vous voudrez…La chose semble agréable à l’idée…Mais hélas l’homme est perfectible et seule l’expérience vaut…Donc point de salut de l’ »haut.de.Las »…Juste une continuité sans fin et sans faille de se qui est accompli et de ce qui suit…

    2. Avatar de Zevengeur
      Zevengeur

      huurd

      Cela n’arrivera jamais non pas parce que nos extraterrestres n’existent pas mais pour une raison très simple : ethnocide.

      Si des ET venant d’une autre étoile nous visitent, ils doivent absolument éviter le contact de masse car sinon cela signifierait la fin de notre culture « écrasée » par celle de nos visiteurs.

      Sur Terre, cela s’est passé ainsi à chaque fois qu’une culture plus avancée a rencontrée une culture moins avancée.
      Ex : Aztèques

      1. Avatar de huurd
        huurd

        peut etre, mais je ne vois pas d’autres facons pour qu’un changement profond arrive : entre nous, on restera eternellement comme des gamins immatures….

  14. Avatar de COLLOT Bernard

    La réponse à la complexité est celle… du cerveau : la simplexité ! Notion récemment élaborée par le neurobiologiste Alain BERTHOZ (2009)

  15. Avatar de François78
    François78

    Les lois de la thermodynamique ne se déduisent pas directement des systèmes sous-jacents (particules) qui sont pourtant assez précisément modélisés.

    Pour la « science économique », les systèmes sous-jacents (individus, collectivités de diverses tailles) ne sont qu’approximativement modélisés, au moyen de pétitions de principe qui sont presque des actes de foi (connectés malgré tout au réel par l’histoire et l’analyse, cf. ce blog …). Bien souvent, la meilleure solution pour une modélisation macro-économique se cantonne aux techniques de stimulus-response (essais et erreurs) en essayant de minimiser les erreurs, dans un cadre qu’il faut bien délimiter . Le danger est ici le credo, ou l’école de pensée unique.

    La politique et le volontarisme peuvent néanmois conduire à réduire la complexité de problèmes qui seraient autrement inabordables, quand cette politique n’est pas laissée aux mains d’irrespondsables ; mais là on entre dans une autre problématique complexe,

  16. Avatar de FP
    FP

    @TELQUEL

    « vous faites reference a la societe Hindouiste »
    Je parlais de la société indienne – non de la pensée hindoue !

    @Lizt.fr

    « Je pense que la complexité n’est pas l’essentiel, mais le fait que cette société va s’écrouler pour des raisons très simples, décrites pas J.B.Say.  »

    J’hésite souvent à vous répondre parce que je ne comprends guère le rôle que vous faites jouer à la loi de Say… car Say soutenait précisément le contraire de ce que vous me semblez lui faire dire (mais notez votre lapsus : décrites « pas » !)

    Keynes a baptisé « loi de Say », l’idée – fausse à ses yeux – que « l’offre crée sa propre demande » ; c’était pour lui une manière de caricaturer le libéralisme de ses prédécesseurs en le résumant par un slogan ; Say, lui, disait plutôt quelque chose comme « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits », et il en concluait que les crises de demande n’existent pas.

    Maintenant, remarquez que la raison pour laquelle Keynes a pu montrer l’insuffisance de la loi de Say (et donc la possibilité de crises), c’est précisément parce qu’il fut le premier à prendre en compte l’incertitude radicale, seule capable d’expliquer – toujours à ses yeux – pourquoi les gens thésaurisent (d’où leur « préférence pour la liquidité » – expliquant ainsi la fuite qui rend caduque la loi des débouchés); en un mot sa thèse était que c’est précisément parce que les gens ne savent pas et ne peuvent pas probabiliser le futur de l’économie qu’en temps de crise, comme aujourd’hui, un climat global de défiance s’installe.

  17. Avatar de celuiquibraille

    Curieux, cet article et ces commentaires qui débattent sur la notion de complexité dans les organisations,réalisations et découvertes, sans la moindre mention à Edgar Morin ni à la

    Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot « complexus », « ce qui est tissé ensemble ». Les constituants sont différents, mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure d’ensemble. Le vrai problème (de réforme de pensée) c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. Relier, c’est-à-dire pas seulement établir bout à bout une connexion, mais établir une connexion qui se fasse en boucle. Du reste, dans le mot relier, il y a le « re », c’est le retour de la boucle sur elle-même. Or la boucle est autoproductive. A l’origine de la vie, il s’est créé une sorte de boucle, une sorte de machinerie naturelle qui revient sur elle-même et qui produit des éléments toujours plus divers qui vont créer un être complexe qui sera vivant. Le monde lui-même s’est autoproduit de façon très mystérieuse. La connaissance doit avoir aujourd’hui des instruments, des concepts fondamentaux qui permettront de relier.

    1. Avatar de quelqu'un a
      quelqu’un a

      C’était certainement une des plus grandes prise risque de l’humanité d’avoir lancé cette perles devant les pourceaux…d’avoir lancé que l’homme puisse être à l’image de Dieu…alors qu’il ne l’est franchement pas…pas encore?
      Si l’homme ne se montre pas digne de cette image -maintenant – je suis incliné à croire qu’il n’aura plus la chance de l’être et il disparaîtra comme un mauvais rêve, comme une méchante bulle qui éclate.
      Oui, l’Homme est aussi complexe que le monde dans lequel il est tissé – la création ou simplement le monde – comme on voudra , puisque ça n’y change rien, sauf le fait que nous ne pourrons échapper au devoir de choisir.

  18. Avatar de celuiquibraille

    Curieux, cet article et ces commentaires qui débattent sur la notion de complexité dans les organisations, réalisations et découvertes, sans la moindre mention à Edgar Morin ni à la pensée complexe

    1. Avatar de Kercoz
      Kercoz

      Lui meme a squatté ce concept …Il etait (comme moi en californie ds les années 70…. ) Des congres , forum etc florissaient sur les progres de la Th du chaos a tous les coins de rue ….Meme si le terme Chaos doit dater de 1975 , le concept etait boosté grace aux ordi… et on en parlait partout .
      Sur sa 2e ed des « paradigmes » (1er ed en 73 ) il passe son intro a justifier d’une antériorité pour moi inexistante …… Meme si le terme n’apparait pas en 73 (sa 1ere ed) , il aurait du se baser sur ces découvertes (math donc science dure) qui font de la complexité plus qu’un adjectif !! , pour développer sa thèse sur l’homminidification….. ..
      Pour le reste , malheuresement il est plus proche de la litterature que de la sociologie .

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

  2. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

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