« Faut-il enterrer le capitalisme ? », un compte rendu de Le capitalisme à l’agonie (Fayard 2011), par Gérard Moatti.
Moins favorable que celui du Monde, le critique écrit : « L’auteur avance que « le prêt à intérêt contribue de manière tout à fait automatique à la concentration du patrimoine », ce qui est historiquement contestable. » Curieux : c’est pourtant l’un des arguments qui, chez la quasi totalité des autres commentateurs, fait mouche.
142 réponses à “LES ÉCHOS, « Faut-il enterrer le capitalisme ? », jeudi 7 avril 2011”
SUR LA NOTION DE CLASSES
Paul Jorion,
Mon commentaire du 8/04 – 21 :48 publié sous le billet de recension de votre dernier livre, dans Le Monde, étant passé inaperçu, je le reproduis, ici, autrement rédigé.
Votre notion de classes (je ne parlerai ci-après, que du « Triparti » capitaliste-patron-travailleur, laissant de côté le marchand) et leur lutte, dans le processus de production, pour la répartition de la plus-value, rend fort bien compte de ce qui se passe dans les entreprises cotées en bourse et ce, d’autant plus lorsque le patron est en même temps actionnaire, par la grâce des stocks-options.
Les petites et moyennes entreprises (et même certaines grandes) qui ne sont pas cotées en bourse, en vue de se financer autrement que sur fonds propres, empruntent de l’argent auprès des banques.
Je me pose (et vous pose), dès lors, la question suivante : un banquier fait-il vraiment partie, au sein de l’entreprise à qui il prête son argent, de la classe des capitalistes ?
C’est ce que vous semblez dire dans « Le capitalisme à l’agonie » (notamment page 33). Mais la situation – ou le statut -, au sein de l’entreprise, d’un actionnaire et d’un banquier, n’est-il pas foncièrement différente ? L’actionnaire n’est-il pas propriétaire de l’entreprise au prorata du montant des actions qu’il détient ? Est-ce le cas aussi du banquier, au prorata du montant de son prêt ? Son statut de propriétaire n’autorise-il pas un actionnaire à se prévaloir de certains droits (voter à l’AG, être membre du CA) ? Est-ce le cas aussi du banquier ? Le souci de l’actionnaire-propriétaire n’est-il pas, sous formes de dividendes, un retour sur investissement important ou pas et variable d’une année à l’autre ? Le souci du banquier-prêteur n’est-il pas le remboursement son prêt (intérêts compris) à échéance et à montant fixes ?
Finalement, dans les entreprises non cotées en bourse, le nombre de classes ne se réduit-il pas à deux : patron et travailleurs ?
Merci d’éclairer ma lanterne !
Bien à vous.
Votre question justifie le fait que j’écrive aussi des livres et pas seulement des billets de blog, parce qu’elle demande une réponse entre 10 et 20 pages. Quand la réponse n’est pas de plus de 5 pages – vous l’avez peut-être vu – je reproduis ici un extrait du livre en question. Dans ce cas-ci malheureusement, je dois vous renvoyer à l’un de mes livres (version papier) : Le prix (2010) : 229-236 (Le partage du risque) et 243-248 (Location et métayage ; Risque, chance ; Autres formes de partage du risque).
D’accord! J’achète votre livre. Je reviendrai à vous lorsque j’aurai lu les passages en question.
En complément des questions que je me (et vous) posais, il y a aussi celle-ci : face à son banquier qui aurait la prétention de se mêler de la gestion de son entreprise, un patron n’est-il pas en droit de l’envoyer au diable en lui disant : »Vous n’avez aucun droit de regard sur ma boite! Je rembourse votre prêt rubis sur ongle, contentez-vous de cela ! » ? Ce que ne pourrait jamais dire un patron face son actionnaire, et encore moins lorsqu’il possède des stocks-options! C’est, à mon avis, toute la différence entre ces deux catégories de capitalistes que sont le banquier et l’actionnaire ; et c’est ce qui me fait douter – sous réserve de ce que j’apprendrai à la lecture du « Le Prix », – de l’existence de trois classes au sein des entreprises non cotées en bourse.
Dans le cas d’actions, l’actionnaire devient en même temps propriétaire de l’entreprise, un changement juridique qui n’aurait jamais dû intervenir. Sinon le prêteur est simplement celui qui consent des avances dans une logique de métayage. Tout cela se trouve dans Le prix (2010), aux pages indiquées.
Soit nous regardons la réalité en face et nous organisons dans le temps, par la concertation et la coopération les diverses décroissances:
– population mondiale
-consommation des ressources de la Terre par habitant
entre autre.
Soit, nous refusons de regarder la réalité en face et nous poursuivons la fuite en avant actuelle.
Dans ce cas la décroissance, se fera sous la forme d’effondrement du système, avec tout le cortège de catastrophes incontrôlées qui ira avec.
Je crois qu’il n’est plus temps de finasser.
Mais je crains, car il faut être lucide, que ce ne soit malheureusement la seconde option que l’humanité ait déjà implicitement choisi: guerres( course aux armements), pollutions diverses (golfe du Mexique, gaz de schistes, Three mile Island, Tchernobyl, Fukushima…), OGMs terminator, empoisonnement chimique de la nourriture, trou dans la couche d’ozone, empoisonnement des océans et des nappes phréatiques, fonte des banquises polaires et réchauffement climatique, disparition de milliers d’espèces, sélection involontaire ou pas de souches bactériennes ou virales hyper-résistantes, disparition des abeilles etc …)
Comme disaient déjà les américains sous Reagan et Bush: » Notre mode de vie n’est pas négociable. »
Je crains que le prochain livre à écrire soit: « L’Espèce humaine à l’agonie », mais il est vrai que pour les capitalistes nihilistes qui pilotent à vue le système ce n’est pas un problème. Du moment qu’ils se seront bien rempli la panse de leur vivant… Si, nous ne nous régulons pas nous même, mère Nature s’en chargera et elle ne sera pas tendre avec nous. « To be or not to be that is the question ? »
De futurs visiteurs venus de l’espace pourront édifier un monument où sera écrit:
« Ici gît l’espèce humaine, qui aura péri par sa propre folie et incapacité à atteindre un niveau de conscience plus évolué que ses prédécesseurs les Dinosaures, qui eux disparurent suite à un cataclysme cosmique. »
Ou alors une nouvelle espèce qui prendra notre relais, pourra faire des études sur cette civilisation technologique, qui sombra corps et âme, il y a bien longtemps pour n’avoir pas su réguler à temps ses tendances à la consommation frénétique et au saccage corrélatif de son environnement.
Enfin, aujourd’hui il fait soleil, c’est le printemps, allons nous promener, respirer un bon coup, tant qu’il n’y a pas trop d’iode ou de césium radioactif dans l’air et que les capitalistes nihilistes ne nous facturent pas encore l’air pur, produit industriellement et livré en bonbonnes.
Julien Alexandre :
▪ « La notation des candidats aux primaires socialistes se fera donc en fonction du nombre de reprises d’idées exprimées sur le blog. »
Les idées ont-elles un propriétaire ou sont-elles dans l’air du temps…?
▪
Les idées « exprimées » sur le blog, pas « propriétés du blog. Autre chose ?
non, merci