Mise à jour n°150 (mardi 23h30)
Selon NHK, qui rapporte les propos d’un technicien non identifié, le niveau de radioactivité à l’intérieur des bâtiments des réacteurs n°1 à 3 interdit d’entrer dans ceux-ci. A l’extérieur, plus de 100 millisieverts sont mesurés, tandis qu’à l’intérieur les niveaux sont trop élevés pour être mesurés par les détecteurs utilisés. Des poches d’eau hautement contaminée sont par ailleurs dispersées sur le site, multipliant les dangers pour les travailleurs.
L’INRS a par ailleurs publié une étude sur « l’impact sur le milieu marin des rejets radioactifs » provenant des rejets des réacteurs, des retombées atmosphériques et du lessivage des terrains contaminés.
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Mise à jour n°149 (mardi 20h20)
Les 1.500 litres de silicate de soude injectés autour et sous le puits « apparaissent », selon Tepco, comme contribuant a diminuer le volume de l’eau hautement contaminée qui s’infiltre vers la mer. Les injections se poursuivent dans l’espoir d’arrêter entièrement la fuite.
L’environnement maritime proche a été déjà sérieusement contaminé, non seulement par de l’iode-131 dans d’énormes proportions (7,5 millions de fois le maximum admissible), mais également par du césium-137, dont l’opérateur ne parle que rarement. Des quantités excédant le maximum admissible ont été détectées en mer au-delà de la limite des 20 km.
Par ailleurs, le test d’aspersion de résine sur les débris radioactifs qui parsèment le sol du site n’a produit aucun effet.
Enfin, la mise en place de couvertures destinées à contenir les radiations provenant des réacteurs ne pourra intervenir qu’au plus tôt en juin prochain (correction: septembre), vu le niveau actuel de radioactivité qui en interdit la pose. Ces couvertures seraient munies d’ouvertures pourvues de filtres, afin de laisser passer l’hydrogène et recouvertes sur leur face intérieure d’un produit absorbant les radiations, non spécifié. Certains spécialistes sont sceptiques sur leur efficacité.
Les expédients auxquels l’opérateur en est réduit se révèlent d’une mise en œuvre tardive quand ce n’est pas d’une efficacité douteuse. Les conditions sont loin d’être réunies pour qu’il puisse comme nécessaire s’installer dans la durée.
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Mise à jour n°148 (mardi 10h48)
« Sourouzane », une usine flottante russe de traitement de déchets radioactifs liquides conçue pour le démantèlement des sous-marins à propulsion nucléaire, va être utilisée à Fukushima dès qu’elle y sera acheminée. Sa capacité de retraitement est de 35 mètres cubes quotidien.
Correction à 12h20 Ce projet est encore à l’étude, risquant de prendre la suite de tous ceux qui ont été annoncés et n’ont pas été mis en application.
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Mise à jour n°147 (mardi 08h52)
Tepco n’est toujours pas parvenu à colmater la fuite d’eau hautement contaminée qui se déverse dans la mer. De nouvelles mesures font apparaître que la concentration d’iode-131 est de 7,5 millions de fois le maximum admissible. Rien n’est dit à propos de la présence d’autres radio éléments, qui pourraient aider à comprendre le processus à l’origine de cette contamination.
Afin d’y parvenir, l’opérateur va désormais injecter du silicate de soude (un produit hydrofuge et dessiccateur) en dessous du puits, là où l’eau contaminée est supposée s’infiltrer vers la mer. Les tests de coloration de l’eau afin de suivre son cheminement n’ayant pas été probants.
3.600 tonnes d’eau moins contaminée ont déjà été déversées à la mer. La NISA, l’agence de sûreté japonaise, a annoncé qu’une capacité de stockage de 60.000 tonnes d’eau au total étaient en cours d’acheminement par mer vers le site de la centrale, pour y parvenir vers la fin du mois : une île artificielle flottante (« megafloat »), des réservoirs et une barge de l’US Navy. L’intention est de ne pas répéter l’opération en cours de déversement dans la mer d’eau contaminée.
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Mise à jour n°146 (lundi 20h28)
C’est en pleurs et en demandant pardon qu’un porte-parole de Tepco a annoncé ce matin à la télévision le début du déversement des 11.500 tonnes d’eau contaminée dans l’océan Pacifique.
Il n’y avait pas le choix : c’était cette eau qu’il fallait déverser, ou bien celle découverte sous les réacteurs n°2 et 3, très hautement contaminée, pour laquelle il n’y avait plus de place pour la stocker dans les réservoirs de condensation, qu’il est donc nécessaire de vider. C’est que l’on appelle un arbitrage courageux dans le langage des gestionnaires.
1.500 tonnes d’eau contaminée ont par ailleurs été découvertes dans les sous-sols des réacteurs n°5 et 6, dont on parle peu puisqu’ils sont refroidis grâce à des groupes de secours miraculeusement épargnés. Il a fallu également prendre la décision de la vider, pour la déverser dans la mer, car en montant elle risquait de mettre en panne les installations de refroidissement.
Problème : l’opérateur n’a donné aucune explication sur la présence de cette eau contaminée sous ces 2 réacteurs présentés comme sans problèmes et distants du groupe des 4 autres. Ces réacteurs sont décrits à l’arrêt et dans l’état de «cold shutdown », ce qui signifie que leur système de refroidissement est à la pression atmosphérique et sa température en-dessous de 95° C. D’où vient l’eau contaminée ?
Pendant ce temps, l’eau hautement contaminée continue de se déverser dans la mer, la fuite n’ayant toujours pas pu être colmatée. Toutes les informations et schémas disponibles à son propos s’arrêtent au pied du bâtiment de réacteur, laissant le plus grand des mystères planer sur ce qui se passe en son sein.
S’il se révèle possible d’arrêter la fuite, les aspersions et injections d’eau de refroidissement vont devoir continuer, avec pour conséquence un nouveau problème: les réservoirs des systèmes de condensation seront à un moment ou à un autre à nouveau remplis jusqu’à la limite de leurs capacités…
La société russe Rosatom a été appelée à la rescousse, afin de fournir un système d’évacuation des eaux radioactives, conçus pour le démantèlement des sous-marins atomiques, afin de réaliser ces transferts à haut risque.
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Mise à jour n°145 (lundi 16h50)
La mesure des taux de radioactivité devient un enjeu grandissant.
A deux reprises mis en cause pour des erreurs dans celles-ci par l’Autorité de sûreté japonaise, Tepco vient d’annoncer un renforcement de ses équipes dédiées à cette tâche et le renfort d’entreprises japonaises.
L’AEIA a de son côté effectué des mesures, accréditant par l’un de ses résultats celles que Greenpeace avait engagé, qui a de son côté annoncé multiplier les siennes et mesurer également la contamination du lait et des légumes.
Des données relatives aux réacteurs sont disponibles sur le site de la NISA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, dont l’interprétation réclame l’analyse de spécialistes.
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Mise à jour n°144 (lundi 09h55)
« Aux grands maux les grands remèdes ! » Tepco vient finalement d’annoncer que les 11.500 tonnes d’eau contaminée allaient être rejetées à la mer à partir de mardi, faute d’autres solutions.
La contamination de cette eau est estimée à 100 fois la valeur normale, mais il ne s’agit que d’une moyenne trompeuse. Correction : L’eau très contaminée sera stockée dans les structures actuellement pleines d’eau moins contaminée.
Entre deux maux choisir le moindre ! L’urgence de la reprise des travaux de relance des installations prime.
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Mise à jour n°143 (lundi 09h20)
En dépit de l’utilisation de produits absorbants, n’ayant pas réussi à colmater la fuite d’eau hautement contaminée, l’opérateur a utilisé un colorant pour déterminer d’où elle se répand dans l’océan. L’idée est d’installer devant et dans la mer des « barrières » créant des accumulations de vase. Il est espéré ainsi contenir le plus possible l’eau contaminée dans une zone limitée.
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357 réponses à “LA SITUATION À FUKUSHIMA (VII), par François Leclerc”
Je reste abasourdi par la folie des néolibéraux.
Je me demande jusqu’à quand, jusqu’à quel nouvel événement terrible retomberont-ils sur terre et se haïront d’avoir agi ainsi… D’avoir tant défiguré, sali, meurtri tant l’humanité que la Terre, en si peu de temps.
Quand se rendront-ils compte qu’ils ont poussé leur jeu trop, beaucoup trop loin, et que leur attitude égoïste et immature a condamné une grande partie de l’humanité à vivre dans des conditions de misère, de pauvreté, d’indignité ? Qu’ils hypothèquent sans conscience l’avenir de tous, y compris celui de leurs enfants, et que ce sera aux générations suivantes de payer leurs pots cassés ?
Quand tomberont-ils de leurs piédestaux ?
Quand ?
Mais jamais ! :
C’est une question de vécu, de hard ware, pas de compréhension ou de conscience.
Ils resteront comme cela, bien féroces, jusqu’à la mort.
C’est simplement la génération suivante qui pourra être différente, par son vécu différent.
Le problème c’est que nous sommes tous un peu néolib’, même farouchement opposés aux néolib’. Nous devons tous changer, imaginer de nouveaux mythes fondateurs, imaginer un demain encore inimaginable. Imaginer.
Et combien c’est difficile de le faire tout en continuant à affronter le quotidien tout imprégné de l’imaginaire qui a failli, mais qui est là, encore là, comme un obstacle. Il faut être fou, double, multiple, les yeux ouverts, pour quitter la folie des œillères…
Prendre le vélo, ne pas arriver en retard, apprendre le monde obsolète d’hier et faire comme s’il allait m’être utile demain. Depuis longtemps la boussole ne sait plus où donner de l’aiguille. On fait quoi? comment? Si nous le savions, nous n’aurions pas besoin de ce blog.
Le pire est qu’il est en qui croient dur comme fer savoir que faire.
Ben, ils tomberont pas de sitôt des piédestaux!
Pour cela, il faudrait que les piédestaux s’affinent, deviennent de plus en plus maigres.
Généralement, c’est ce que démontre l’histoire:
il n’y a pas d’assaut par qui observent, pour eux il toujours trop tard.
Alors que les occupants des piédestaux s’élèvent tellement haut ainsi qu’ils se l’imaginent pour preuve, tandis que tellement d’autres les observent, leur piédestal s’amincit et se fragilise.
C’est le piédestal qui cède finalement, il se brise, ce n’est pas un roseau, et tombe celui qui s’y est installé.
Pour l’instant, avec les réseaux, les piédestaux du néo-libéralisme sont encore épais, et accueillent beaucoup de personnalités statufiées en réseau.
Mais soyez patients, chacun d’entre eux ne résistera pas à se différencier, et apparaîtront autant de frêles piédestaux, que de chutes futures….
Tandis que d’autres neufs et plus solides piédestaux, montant pas très haut mais bien épais, pas seulement constitués des débris de ceux effondrés, s’érigent patiemment, suivant la patience de la jeunesse.
Pour faire descendre les néo-libéraux de leurs piédestaux il faudrait leur construire une échelle pour la descente, en plus leur proposer un piédestal de substitution bien solide, et une échelle pour y montée.
De véritables bébés ces anciens….
Au troisième millénaire, peut-être, on aura inventé la grue!
Déverser l’eau de depuis trois semaines moyennement moins contaminée vue que c’était moins pire que le pire de maintenant ou à venir ou déverser l’eau de maintenant peut-être la pire ou la moins pire du pire à venir.
De toutes façons il faut déverser l’eau y en a trop et dans 1 semaine cela sera pareille. Il faudra déverser l’eau pire ou pas.
Comment habituer l’opinion, comment s’habituer à l’apocalypse.
@Francois Leclerc
Que pensez-vous de ce qui est écrit ici?
http://www.nytimes.com/2011/04/03/science/03meltdown.html?ref=science
Bon, ils disent eux-même dans l’article « it’s all about reassurance », ce qui ne donne pas 100% de confiance.
Ce qui m’inquiète dans la description c’est que rien n’est dit du réacteur 3. Je suis aussi perplexe: c’est le réacteur 1 qui ne me semble pas être le plus problématique (pas d’eau contaminée dans les sous-sols?) qui semble avoir subi la fusion la plus importante. Je suis un peu perdu…
Vous n’êtes pas le seul, on le serait à moins !
J’ai lu les slides d’Areva et l’IRSN a fait également état de simulations en cours, sans jamais en donner les résultats. Certaines informations japonaises, comme le relève l’article du NYT, ne pouvaient provenir que de l’utilisation de telles méthodes, les instruments de mesure des réacteurs ne fonctionnant plus faute d’alimentation électrique.
Par ailleurs, Tepco sera toujours soupçonné de dissimuler de l’information, ou même de la truquer. J’ai pour ma part l’impression qu’ils sont d’abord totalement dépassés par les événements.
soupçons serieux sur le reacteur 1
http://vimeo.com/21881702
Bonjour
J’avais émis la même hypothèse le 25 mars
oscillation de la fission à l’origine de flux neutroniques comme à Oklo
réitéré ici
et encore une autre fois sur ce blog et sur sciences2 aussi le 1er avril….
Je fais quelques recherches et je vous les fait partager. De nombreuses personnes apportent beaucoup d’infos ici, et de qualités, que cela continue!
Une intervention d’un expert Japonais sur la crise le 17 mars dernier:
Liens des 3 vidéos en Japonais (3 x 15′):
http://www.youtube.com/watch?v=37sStCJjH14&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=ACa_4AQjPTM&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=2SjaWC1_dQg&feature=related
Traduction résumé en pdf:
En Français:
http://www.next-up.org/pdf/Alerte_Protection_population_Voir_la_realite_en_face_sur_etat_de_la_situation_par_Takashi_Hirose_28_03_2011.pdf
Cela confirme ce qui ce dit ici…
Je rajoute le dernier bulletin pdf de glasnost sur Fukushima fait par un spécialiste du nucléaire qui provient du blog financier de Early Bird :
http://www.cijoint.fr/cj201104/cijwXuNJ7h.pdf
Enfin, pour ceux qui ont du temps et qui comprenne l’anglais, un documentaire absolument terrifiant sur le recyclage et l’enterrement des déchets nucléaire dans un site Finlandais :
http://www.youtube.com/watch?v=aThAce3EIuw
NEWS ADVISORY: Radioactive iodine 7.5 mil. times legal limit found in seawater near No. 2 reactor
Sont partis là bas pour aider à limiter les degâts..
joke..
Zero risque et aussi zero courage pour les promoteurs de cette daube
Mais pourquoi ce serait mal de donner son avis? C’est à cela que ça sert un Blog non? Votre attitude ressemble un peu à du terrorisme intellectuel. Si on donne son avis sur ce Blog, il est confronté à des avis différents et surtout il n’est pas automatiquement mis en oeuvre par les instances dirigeantes.
En plus je ne vois pas ce que cela a à voir avec le courage, il est bien évident que si on est pour le nucléaire on se soumet aux mêmes risques que les autres.
@RUTILY,
Personnellement j’aime bien lorsqu’il y a des critiques à mes dires. Je trouves ça constructif.
Je n’ai pas eu l’impression que c’était du terrorisme intellectuel, mais bien un fait réel.
Le nucléaire génération1 n’est-t-il plus défendable? Si c’est le cas c’est un grand pas pour l’homme.
On a parfois l’impression que certains d’entre eux ont fait en quelque sorte leur travail, soit persuader le gros du public susceptible de s’intéresser au sujet qu’il n’y avait pas de danger, pas de catastrophe, pas de questionnement à avoir. Autrement dit, occuper le terrain jusqu’à ce que les médias principaux relèguent Fukushima-Daiichi derrière le premier fait-divers venu, contrer grossièrement l’argumentation de ceux qui tentent de comprendre, afficher un consensus faisant passer toute réflexion et toute anticipation comme déplacées et passer à autre chose…
Dans l’hémisphère sud.
Luxy lucke sévit toujours…
Mon petit Vendez! Vendez!,
Vous n’avez probablement pas bien lu mes posts : j’ai juste discuté certaines affirmations criticables d’un point de vue scientifique. Je peux comprendre, vu l’ambiance du blog qui vire à la chasse aux experts (je n’en suis pas un), que cela me rende suspect, mais vous allez un peu vite en besogne lorsque vous dites que je ne doute pas du nucléaire.
Honnêtement, je me passerais volontiers des 2 réacteurs de 1300 MWe qu’EDF a construit à 40 km de chez moi… Si on fermait ces installations, je dormirais un peu mieux. Mais un peu seulement, car il resterait toujours plusieurs usines seveso dans rayon de 20 km. Certaines ont déjà dégazé des saloperies de manière accidentelle. Je ne vous parle pas non plus des usines sidérurgiques, qui crachent leur CO² et leurs particules fines, et contribuent efficacement à la réduction de mon espérance de vie (de trois ans inférieure à la moyenne nationale). Et tant qu’à faire, puisque je suis dans ma liste de récriminations contre la société industrielle, j’aimerais bien aussi qu’on ferme l’aéroport situé à 15 km au Nord, dont l’utilité sociale me paraît hautement discutable, dès lors qu’il ne sert qu’à transporter (au-dessu de ma baraque) des charters remplis d’européens adipeux en route vers les plages du tiers-monde. Et dans le même ordre d’idées, on pourrait aussi raser les axes autoroutiers qui ceinturent ma ville au Nord, à l’Est et à l’Ouest (celle du Sud est en projet) et qui ne servent qu’à faire rouler des camions pleins de saloperies fabriquées par ces usines chimiques et sidérurgiques avec de l’électricité nucléaire.
Par ailleurs, tout le monde sur ce blog parle du nucléaire en général, mais la plupart des intervenants ne visent que l’électrogénération nucléaire. On pourrait ouvrir un peu le débat, en parlant aussi de la production d’isotopes à usage médical. Personnellement, cela m’intéresse assez bien, dans la mesure où j’habite à côté d’une usine qui a relâché accidentellement 45 Gbq d’iode radioactif dans la nature (accident de niveau 3 sur l’échelle INES). Ce genre d’accident est récurrent : pour preuve, en 1998, les Espagnols ont réussi à fondre une capsule de cesium 137 à usage médical dans un haut-fourneau, envoyant ainsi balader 1850 Gbq de poussières radioactives.
Dans tous les cas, c’est infiniment moins qu’à Fukushima ou Tchernobyl, mais compte tenu de l’incertitude sur les faibles doses, ne pensez-vous pas que, par précaution, on devrait aussi bannir ce genre d’activités ? Ou bien le fait que l’usage soit médical justifie-t-il qu’on prenne ces risques ?
Tout cela pour dire que la question de l’utilisation des technologies nucléaires ne peut pas se réduire à la seule question de savoir s’il faut ou non fermer les centrales nucléaires. Le nucléaire, c’est l’allégorie de la société industrielle et, partant, de la consommation de masse.
La réflexion doit porter globalement sur la manière dont nous voulons vivre demain, la question cruciale étant « quelles énergies pour quels usages ? ». Croire qu’il suffit de fermer les centrales nucléaires pour résoudre tous les problèmes, c’est naïf.
Sincèrement, malgré ce dernier message, il je pense qu’il est important que vous continuiez de « sévir ».
Avoir plusieurs tendances, quelque soit ses propres opinions, est toujours intéressant. Et effectivement, votre propos semblent mesurés (surtout ce dernier post que je trouve assez pertinent).
Bien cordialement « mon petit luxy »….; )
Ce n’est pas un complexe de supériorité, M’sieur… C’est juste que mes parents m’ont fait assez grand…
J’ai une question pour les spécialistes concernant la contamination interne par inhalation de particules radioactives.
Vu la masse spécifique du plutonium (je crois que c’est le plus nocif, non ?) , une molécule projetée en l’air (comme lors d’une explosion de bombe, par exemple) est-elle susceptible de voyager très loin ou retombe telle au sol très vite ?
Le plutonium passant dans la chaine alimentaire (poissons…) est-il détectable avec un compteur geiger, ou bien l’ingestion atténue t-elle suffisamment le rayonnement pour le rendre indétectable ?
La masse du plutonium n’a rien à voir.
Tout objet lancé en l’air sur la terre est soumis à la gravité et retombe à la même vitesse et met le même temps pour rejoindre le sol.
Pour les poussières en suspension (comme les produits rejetés) c’est un peu plus compliqué car elles sont suffisamment légères pour que des courants d’air ascendants les portent très haut et au grès des vents elles peuvent dériver très loin et faire le tour de la planète jusqu’à retomber.
Le plutonium est surtout émetteur alpha, nos dosimètres de poche ne le détectent pas.
Le rayonnement alpha est absorbé (interagit) dès sa rencontre avec le moindre obstacle. Il ne peut pas « fuir » par exemple hors du corps.
Lorsqu’il est ingéré il va se fixer quelque part (os, tissus) et délivre sa dose qui risque de provoquer un cancer.
« Tout objet lancé en l’air sur la terre est soumis à la gravité et retombe à la même vitesse et met le même temps pour rejoindre le sol. »
…, en fonction de son aérodynamisme/proportionnalité, de la composition de l’air ambiant, de la gravitation g=9,81XXXXXXX m*s-² (qui varie de manière infime), des vents, … (DSL je chipote mais c’est important d’inclure toutes les variables connues et d’essayer d’en trouver d’autres, les modèles ne seront que plus exactes)
Le gros problème ici c’est bien entendu les poussières, et pire, les particules à l’échelle moléculaire, qui sans vent, s’élèvent aisément grâce à l’emmagasinage calorifique provenant du rayonnement solaire.
En fin de compte, mais ce n’est qu’un avis personnel, la perspective d’un « scénario noir » semble s’éloigner: la création de « torchères nucléaires » résultant de la reprise de la criticité, du contact entre un corium et de l’eau, de l’assèchement des piscines, etc…avec des successions d’explosions et de rejets radioactifs dans l’atmosphère interdisant toute présence humaine dans un large rayon autour de la centrale…et des conséquences majeures et irréversibles pour le Japon.
Cela dit, le « scénario gris » qui se profile va durer plusieurs mois, sinon plusieurs années, un travail titanesque: une lente remise sous contrôle effectuée par les « samouraïs du nucléaire », un vaste nomand’s land à cartographier, avec sans doute des zones inhabitables puisque les activités agricoles, la pêche, l’aquaculture, le tourisme, et une vie normale ne pourront reprendre qu’après des décennies.
Je ne vois pas ce qui vous permet d’exclure le scénario noir.
Pour ma part, je pense que le black-out total sur l’info est plus qu’inquiétant. Surtout qu’il ne concerne pas que les médias officiels.
Quand on y réfléchi, c’est plus qu’inquiétant. En effet, si le scénario n’était que gris, TEPCO et toute la clique se vautrerai dans un luxe de détail sur la « maîtrise » du processus.
Rien de tel ici. Je trouve que ça ressemble plutôt à une volonté d’éviter une panique mondiale stérile aux conséquences incalculables.
En terme de probabilité mathématiques, ce sarcophage d’info indique plutôt que le scénario noir est plus crédible que jamais.
On n’en est plus à la volonté, mais au simple espoir, au dérisoire espoir. Tout est sur une inconnue majeur: le corium, pardon, les trois coriums vont-ils se refroidir avant de rencontrer une grosse masse liquide?
Et ici, l’analyse de la couverture des destructions…..par le contribuable japonais!
http://pro.news-assurances.com/blog/artdossiers/la-couverture-du-risque-nucleaire-au-japon/0169184304
Le « scénario noir » n’est jamais que le « scénario gris » accéléré par une ou des explosions. A long terme, ils ont la même gravité, car celle-ci dépend principalement des quantités initiales de matières radioactives.
Bien vu, Batracien.
Je vais vous faire « rire »…
http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Fukushima-de-l%E2%80%99herbe-tres-faiblement-contaminee-detectee-a-Caen_6346-1753415-fils-tous_filDMA.Htm
« Basée à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro, cinq salariés) a trouvé de l’herbe « très faiblement contaminée » par le panache radioactif japonais dans cinq des dix-sept endroits en France où des prélèvements ont été effectués. Soit à quelque 15 000 km du lieu de l’accident nucléaire japonais. »
Déjà, 15 000 Kms, les gars oublient que la planète ne change pas de sens de rotation tous les jours…
D’où, je ne vous explique pas aux US…
Quoique. Entre un ou deux neurones, ils ne verront pas beaucoup la différence.
N.B. : pour les anciens de Mururoa, vous devez le savoir, les gars.
Le niveau d’intelligence des autochtones a montré une chute importante dont la seule explication est la série d’essais nucléaires réalisés.
Entre nous, cela est assez logique dans le sens où le développement du cerveau est ce qui le plus facile à perturber dans le développement du foetus.
Va falloir inventer l’expression : plus con qu’une barrique d’eau chaude irradiée.
Notez, si Accro a trouvé de l’herbe, nous ne serons pas étonnés non plus.
Sympa comme bled, Hérouville, néanmoins. Comme toute la Normandie, notez.
ce qui m’inquiète, c’est que j’ai du mal à voir à quoi correspond ce scénario gris que de toute évidence on nous vend actuellement la certitude sans vraiment nous en donner les conséquences.
va-t-on vivre ( le « on » concerne-t-il uniquement les japonais ? ) avec des fuites pendant des semaines ?
que cela voudrait-il dire au niveau de l’effet cumulatif ?
le ressenti ( pas la vérité ? ) , c’est qu’on est en train de nous « endormir » : à juste raison ?
la perte de confiance envers les « experts » est terrible car on ne sait plus qui croire : c’est ce qui est plus angoissant , enfin pour moi.
car, on ne peut s’empêcher de penser au passé et à la manipulation perpétuelle des peuples pris pour des grands enfants ( de Tchernobyl à l’irak )
cela me fait penser au serpent du livre de la jungle : ayez confianceeeeeeeeeeee
Si le scénario gris avait la faveur des scientifiques, on entendrait AREVA sur toutes les ondes relayé par notre NS national vanter l’excellence de la filière française, l’excellence de ses ingénieurs qui en 6 mois de rudes labeurs viendront à bout de la catastrophe.
Avec à la clé des contrats de remise à niveau de toutes les centrales de l’univers.
Sauf erreur de ma part, les politiques, les scientifiques d’AREVA, son PDG se sont rendus sur place et … silence radio.
Pour ma part c’est un piètre aveu démontrant combien la problématique est immense et donc le risque majeur.
Quelle est la différence entre un scénario noir (explosion d’un réacteur) et un scénario »gris » dans lequel il y a un rejet continu durant plusieurs mois de particules radioactives dont le niveau de radioactivité n’est pas divulgué ?
Si actuellement en Europe nous dissertons sur la couleur du scénario, je pense que pour les japonais et les pays environnants la situation est grise tendance opacité.
Est-ce que tous les réacteurs – ou seulement le N°3 – sont-ils chargés au MOX ?
Au MOX d’Areva.
Les autres le sont peut-être avec celui de TEPCO… ou je me fais des idées…
Seul le n°3, d’après Tepco.
En voilà un qui est optimiste :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/planete/20110404.OBS0750/fukushima-on-peut-penser-que-le-pic-de-la-crise-est-passe.html
Il y a les bears et les bulls du nucléaire …
L’avenir nous dira, si ce monsieur, a passé le pic de la mauvaise foi !
A mon avis: un bel exemple de très haut degré de contamination incestueuse…Quod erat demonstrandum…
Faut arrêter, ce mec est un ancien du CEA et un actuel d’AREVA. Autant demander à un ancien de l’équipe Bush et actuel d’Halliburton de critiquer la guerre en Irak.
A remarquer: il reconnait que font défaut les informations sur le césium-137, dont la demi-vie est beaucoup plus longue que l’iode-131.
35 m3 à la journée????
A mettre en relation avec les 500T à l’heure balancée dans les réacteurs….
une question :
l’autre centrale de Fukushima est à moins de 20 km de la catastrophe , me semble-t-il ?
comment est-elle gérée ?
Le 3 qui était en fonctionnement ….et les 4, 5 et 6 qui étaient à l’arrêt mais néanmoins chargés ou partiellement chargés et/ou dont les piscines renferment du Mox !
(quote)
(/quote)
Les particules de plutonium retombent dans un rayon de 15 à 30 kms autour du centre de l’explosion puis pénètrent rapidement dans les sols. Elles ne sont pas entraînées dans/par l’atmosphère.
Idem dans l’eau.
Elles ne présentent que très peu de danger au plan radioactif. Le plutonium est toxique par ingestion ou inhalation.
Par contre, elles peuvent être absorbées par les plantes terrestres et aquatiques (particulièrement les algues, les champignons…) ou se déposer sur celles-ci et donc entrer dans la chaîne alimentaire.
Pas de sushi, donc.
Gouwy…
Elles contaminent les éléments en contact et proches. Et provoquent aussi éventuellement leur mutation.
Il est clair qu’une molécule aussi lourde ne se promène pas loin. Mais, en dehors des véhicules que tu cites, il faut tenir compte des éléments différents mais voisins de cet isotope.
La flore et la faune de Tchernobyl devrait nous donner beaucoup d’infos de ce point de vue là. Or, les techos d’Areva hésitent à aller faire des prélèvements dans les cours d’eau proches.
meme si ça ne change pas grand chose,il faut savoir que la densité de l’oxyde de plutonium PO2 du MOX a une densité nettement plus faible 11.5 que le plutonium metal 20
Certains chlorures d’uranium (reaction avec l’eau de mer?) ont une densité de 5.5
sans doute certains sels de plutonium ont aussi une densite du meme ordre
Très juste Dupontg.
Cela expliquerait aussi le fait qu’il ait arrêté l’eau de mer pour les bains bouillonnants des curistes.
Jusqu’à maintenant, je n’avais vu que l’aspect sel dans le sens du dépôt qui favorise une reprise de criticité par isolation thermique.
Pour l’histoire du sel qui bloque les vannes, ça, c’est juste bon pour la propagande auprès du « grand » public.
La fiche IRSN sur le plutonium indique des risques radiologiques par ingestion ou inhalation.
http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/fiches-radionucleides/Documents/sante/Fiche-Radionucleide-Pu.pdf
La présence bien étudiée de traces de plutonium depuis Saint-Laurent des eaux jusqu’à l’estuaire cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Saint-Laurent montre que nous avons en France une expertise dans la diffusion du plutonium, qui ne semble pas toujours rester dans un rayon de initial de 15 à 30 km.
Mise à jour n°147 (mardi 08h52)
la concentration d’iode-131 est de 7,5 millions de fois le maximum admissible.
encore une erreur de calcul ? de traduction ?
il est temps de fermer hermétiquement le sarcophage médiatique !
Et voilà, vous êtes tombé dans le piège du brouillard des informations contradictoires, selon Tepco.
Qui parle des dizaines de tonnes de sel – 45 T ? – qui » isole »le corium ?
Qu’en est-il d’une « task force internationale » ?
Avons-nous peur d’envoyer nos meilleurs cerveaux et techniciens sur site ?
finie l’epoque ou les ingenieurs descendaient les premiers dans les puits lors des eboulements.
maintenant les « cerveaux » restent à bonne distance
Eh oui .. mon père mineur de fond charbon
Et moi vers 1975 .. en redoutant le chomage .. entré à Framatome ( Assurance Qualité ) période » mal vécue » pour moi .. puis .. puis
Voilà l’histoire de 2 vies .. résumées ainsi !
Now les chefs restent en arrière
comme les généraux pendant guerres telles que 1870, 1914
« Sourouzane »
11500 T SOIT a 35/jour
329jours
A condition que les techniciens russes qui seront « prêté » avec l’engin acceptent de venir à qq centaines de mètres de la centrale et prendre le risque de repartir bien irradié….
Hum… C’est vrai qu’on ne parle plus des piscines ? Sont-elles stabilisées ? Ou… fondent-elles en corium, et se rajoutent aux coriums des coeurs ?
S’agissant du sel , présent dans les enceintes et les piscines ( à la louche, entre 30 et 45 T ), une partie a du fusionner au contact du corium ( le sel entre en fusion vers 800°C selon mes vieux souvenirs ); quant au reste, source d’inquiétude pour l’IRSN eh ben, ça doit le faire à peu près comme dans la recette du bar en croûte de gros sel: comme son nom l’indique, à thermostat 200°, le sel forme une croûte permettant au poisson d’exhaler tout son fumet…
@ Kerjéan: je n’exclus pas un scénario noir, mais je pense que la phase la plus critique est passée, vu que la puissance résiduelle des réacteurs diminue; bon ça c’est valable pour les réacteurs, mais pas pour les piscines; et comme l’on ne voit pas bien sur les photos et les communiqués ce qui se passe, j’ai employé l’expression « semble s’éloigner »….
???
comment le sel ou l’eau salée aurait il pu se retrouver en contact avec le corium ?
Elle n’a été mise que dans le « dry well » c’est ça ?
Mais les liens entre « tore de supression », drywell (=cavité sèche)(= enceinte béton ? ) et système de secours restent un peu confus pour moi. D’après vous, l’eau salée serait restée entre drywell et tore ?
Oui… l’eau salée a été injectée à basse pression (celle de la pompe) dans la cavité sèche par la tubulure du circuit de secours et/ou la tubulure passive mais cette eau n’a jamais été à l’état liquide (d’où le nom de cavité sèche).
Elle est transformée en vapeur à …disons 110 à 160° suivant la pression qu’on parvient à maintenir en fonction du débit et maintient la cavité à la température de cette vapeur …mais pas forcément la cuve qui subit un échange thermique entre la cavité et sa chaleur intérieure.
Il n’est pas impossible qu’une partie des minéraux tombe en fond d’enceinte pendant le processus de vaporisation mais la grande majorité est éjectée dans l’atmosphère avec la vapeur.
Par contre, les endroits où l’eau est à des pressions ou des températures moindres (+-100°) comme à l’entrée ou à la sortie, vannes etc… le sel s’accumule, empêchant le fonctionnement et/ou réduisant le débit.
C’est aussi le cas au dessus du couvercle de protection de la cuve avec les arrosages aériens et les camions, créant une « croûte » qui réduit la dissipation thermique.
@ Gouwy: remarque exacte; j’aurais du écrire fusion du sel du fait de la chaleur dégagée par le corium et pas « au contact »
Cela dit, pour le nucléaire, je suis du niveau CM2, mais à l’occasion d’un exercice PPI, j’ai pris un cours avec un technicien de la centrale en question…
J’ai un doute, Gouwy.
Le sel recristallise avec une baisse de température, ok. Mais l’ébullition sur les éléments crée une séparation qui doit le faire cristalliser surtout sur eux.
Je ne serais pas surpris de réactions proches de la cristallisation style électrolyse.
???
La réaction ne diminue pas. Elle augmente : ça s’appelle reprise de criticité.
Même en l’absence de reprise de criticité, elle ne diminuerait pas. Il faut entre 3 et 4 ans dans une piscine refroidie pour abaisser suffisamment la température de barres en bon état mécanique mais complètement « usées » pour espérer pouvoir les contenir !
Na Cl ça doit former des chlorures de U, de Pu etc d’americium etc ( cf classification Mendeleieff)
mais qui se décomposent aussi peut être ou qui s’oxydent en chlorates*
en perchlorates ( là c’est explosif ..
Malgré ma lointaine formation d’ingénieur chimiste, le fait que j’ai dû m’adapter fait que ce que je savais je l’ai pas mal oublié ..
That’s life
Les américains pensent qu’ il faut élaborer un plan d’évacuation pour New York
(mais n’ont aucune idée quant à sa réalisation. En cas de catastrophe nucléaire, la centrale de « Indian Point », à 40km de NYC, exigerait l’évacuation de quelques 20 millions de personnes, alors que déjà en temps normal, la ville permet pas vraiment de circulation fluide..
New York braucht Evakuierungsplan
104 Atomkraftwerke stehen in den USA und liefern gut 20 Prozent der Elektrizität. Eine Anlage bereitet den Verantwortlichen nicht erst seit der Katastrophe in Japan Kopfzerbrechen: Das Kernkraftwerk Indian Point im Westchester County – gut 40 Kilometer nördlich von New York City. Im Ernstfall müßte die Millionenmetropole komplett evakuiert werden.
104 centrales nucléaires se trouvent aux USA et fournissent bien 20 % de l’électricité etc ..
= et donc bien sûr pays qui est 1er .; heureux pour lui avec des grandes superficies .;
Indian Point je sais pas sui c’est BWR ou PWR ça doit se trouver
En effet, ont intéreêt à vérifier leur plan d’évacuation .. sinon
WALL STREET en caleçon … la Nass cacq
Europe » notre microcosme » ce serait différent si un pb ..
Indian Point, une vieillerie des années 1970 (mais pressurisée apparemment) avec des explosions dedans il y a quelques mois (et des fuites de temps en temps) :
http://www.nydailynews.com/ny_local/2010/11/07/2010-11-07_explosion_closes_indian_point_nuclear_power_plant_near_new_york_city_no_danger_o.html
Qui peut nous expliquer comment fonctionne Sourouzane ?
C’est une usine de retraitement :
Pour dire les choses simplement : elle évapore l’eau, retient les éléments et les particules (dont ceux radioactifs) et les solidifient avant de les « emballer ».
Ca ne diminue en rien le « potentiel radioactif » des rejets ni ne résout le problème de son stockage. Ca évite juste des rejets incontrôlés.
Qui va récupérer ces containers et les traiter « définitivement » par la suite ?
De plus, il est difficile de savoir l’efficacité que va avoir cette usine.
Elle est capable de compacter 30/35 m3 par 24 heures mais elle est prévue pour récupérer les « fonds de cuves » et les circuits des réacteurs de sous-marins….c’est sans commune mesure avec les rejets de 6 réacteurs + piscines d’une centrale !
Merci Gouwy!
Cela me rassure que de savoir que l’on peut « déradioactiver » l’eau par évaporation ou autre distillation 🙂 . On va ressortir les alambiques !
Il n’y a donc pas de possibilité de pollution atmosphérique par évapotranspiration des sites contaminés ainsi que de l’océan?
Quid de l’acide borique ? Qui le fabrique ? En a-t-on des stocks suffisants pour 4 (et plus) accidents simultanés au point de transporter en urgence 100 T par avion plusieurs jours après le 11 mars ? pas/plus de stock au Japon ? Qui en a ? Etats-Unis d’amérique, Russie, France (on en avait un peu..).Quel est la capacité de production ? et pour ceux qui comme moi voudraient revoir l’ensemble du processus quelques liens vers Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Accidents_nucl%C3%A9aires_de_Fukushima
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_des_accidents_de_la_centrale_nucl%C3%A9aire_de_Fukushima
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Fukushima_Daiichi
A jour au 1er avril et assez complet.
Merci, Shima, pour le lien Wiki.
Pour ceux qui auraient des questions sur l’avenir du Japon, voilà la phrase qui tue :
« Le 28 mars, le Ministère de la Santé demande aux usines et distributeurs fournissant en eau potable le Japon tout entier de ne plus recueillir l’eau de pluie[194] et de stopper le puisement des rivières à la suite d’éventuelles précipitations. Depuis le 27 mars, les réservoirs à l’air libre doivent en outre être recouverts d’une bâche. »
L’acide borique..??
BASF doit en produire un paquet. Vu la consommation de BF3 des raffineries pour l’huile synthétique.
Ouais..
C’est du triflorure de bore, pour les non connaisseurs. Un produit sympa qui s’éclate à devenir de l’acide borique au contact de l’eau.
Soit, il vaut mieux éviter de le respirer.
En gros, en raffinerie, en cas de pépin, le mot d’ordre est de regarder la manche à air au-dessus de l’installation, et de courir à 90° par rapport au sens du vent.
Au début, ça fait drôle, mais on s’habitue très vite.
de courir à 90° par rapport au sens du vent
le b-a-ba de toute information donnée par les services HSE des sites chimiques
C’est pas plutot 180 ° ?
L’Ukraine avait projeté de fêter les 25 ans de Tchernobyl (le 26 avril prochain) en annonçant un ambitieux projet de décontamination par la culture du colza, sous le contrôle scientifique d’ingénieurs japonais. (source : Courrier International).
Le programme des festivités et leurs invités risquent d’être perturbués …
Oui! En effet, je suis retombee sur l’article par hasard hier: je cherchais des vieux journaux pour ranger mes pompes. No du 22 decembre au 5 janvier 2011, p. 38. On avait encore de l’espoir a l’epoque! Un autre monde, maintenant…
Tiens, grâce à ce dessin du NYT, je viens d’apprendre qu’ils déversent de l’eau « faiblement contaminée » dans 2 endroits différents vers la mer . Il y a donc la fuite qui provient du réacteur n°2 , mais aussi une autre autour des réacteurs 5 et 6 dont les générateurs diesels risquent d’être noyés.
Mais cette dernière fuite elle vient d’où ?
http://www.nytimes.com/interactive/2011/04/05/world/asia/20110405-japan-leak.html?ref=asia
Ils sont attendrissant avec leur « eau faiblement contaminé »(cent fois la dose maxi quand même). Élément type de langage sorti des services de com du lobby nucléaire et repris tel quel, sans guillemet par tous les medias.
Sur Libé, le blog de la « spécialiste scientifique » ( experte dirait « les pieds dans le plat ») S. Huet est consternante. Hier, dans son papier elle a dit deux fois cet élément de langage et même « eau très faiblement contaminée. Sans jamais donner un chiffre.
Aujourd’hui, cette « experte » s’émerveille (sans rire) de la « transparence totale » de l’IRNS et allume la méchante CRIIRAD.
Et c’est ça des journalistes?
Kerjean,
Sur mon interrogation réponse plus bas.
Sinon Sylvestre je pense que c’est un prénom masculin et qu’il s’agit d’un homme … très soucieux de ne pas affoler la population.
Je copie/colle un mail (global) assez intéressant et que je viens de viens de lire :
Ben voilà. Là , le pire est expliqué sans euphémisme.
Je crois que si j’étais gouvernant je répondrai:
« je fais ce que je peux, je prie à chaque instant et je suis d’accord avec vous d’ailleurs on en est tous conscients. Maintenant vous voulez quoi? Qu’on annonce au monde entier qu’à tout moment ce peut-être la fin de l’humanité? Quel serait l’intérêt de lancer un tel message? Quel serait le seul intérêt comparé au risque de le lancer et de se retrouver avec une décomposition totale de la civilisation qui vaudrait le pire scénario.
Non cher Monsieur, en bon gouvernant, je prévois. Aussi, comme lors d’une retraite, on met un rideau défensif pour faire croire à l’ennemi qu’on ne bouge pas, on continue le bizness as usual mais, dans la plus grande discrétion, on prépare quand même les abris atomiques prévus pour les guerres nucléaires, on réactualise les victuailles, on selectionne et organise l’éventuelle venue des heureux gagnants, dont, évidemment, moi, le gouvernant. Votre gueule à vous? c’est regrettable mais elle compte moins que la mienne. Vous voyez bien que je suis prevoyant. »
http://www.zerohedge.com/article/fukushima-radiation-literally-charts
Des niveaux incommensurables de radioactivité.Bêtement, je n’y avais même pas pensé : en cas de radioactivité trop forte, les détecteurs sont grillés eux aussi !?…
il s’agit d’un commentaire attirbué à Michel FERNEX (
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/04/fukushima-les-shadoks-et-leau-radioactive.html)
Michel Fernex est professeur émérite de la Faculté de Médecine de l’Université de Bâle. Il est membre des Physiciens pour une responsabilité sociale et de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire. Il était membre du comité directeur sur les maladies tropicales au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé. Il est aussi président de l’organisation « Les enfants de Tchernobyl Belarus »[1].
Sa femme, Solange Fernex, était une femme politique du parti des Verts français.
Il a dirigé la campagne pour l’indépendance de l’OMS par rapport à l’Agence internationale de l’énergie atomique.
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VERS L’EXTINCTION DES ESPECES ANIMALES À TCHERNOBYL
Le rôle de la radiophobie et le film d’Arte
INTRODUCTION
Pour que le nucléaire prenne un nouvel essor, il faut effacer Tchernobyl. Déjà en 1958, un groupe d’étude de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS Série Rapport Technique 151) prônait l’ignorance pour permettre à l’industrie nucléaire de proliférer sans rencontrer d’opposition dans la population. Pourtant, cette démarche était fond
amentalement contraire à la Constitution de l’OMS, qui impose à cette organisation » d’aider à former, parmi les peuples, une opinion publique éclairée » (Documents Fondamentaux OMS Genève).
En 1956, les cinq puissances nucléaires installaient l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) au sommet de la hiérarchie de l’ONU, sous leur surveillance directe. En 1959, l’OMS signait l’Accord (WHA 12/40) qui la soumettait dans le domaine du nucléaire à l’AIEA dont le premier objectif statutaire est « d’accélérer et d’accroître la contribution de l’énergie nucléaire à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier ».
Après l’explosion du réacteur, les isotopes radioactifs ont été propulsés en hauteur par la chaleur de l’incendie. Les vents les ont dispersés sous forme de poussières ou nanoparticules dans les fumées ou de gaz pouvant s’élever très haut. Certains nuages ont fait le tour de l’hémisphère Nord de notre planète en guère plus d’une semaine, laissant sur les pays des empreintes radioactives. La majorité des retombées ont atteint l’URSS, l’Europe centrale et la Turquie; 50% restent sur les trois nouvelles républiques voisines du réacteur: le sud-ouest de la Fédération de Russie, l’Ukraine et le Belarus, qui est le plus contaminé.
Contrairement au Bélarus et à la Fédération de Russie qui ignorent ou minimisent les dommages sanitaires engendrés par l’explosion du réacteur, l’Ukraine informe périodiquement la presse sur l’état de santé de ses populations. Son ambassade à Paris a fourni le 26 avril 2005 les chiffres suivants: 3,5 millions d’Ukrainiens ont été fortement irradiés, parmi eux, 1,3 millions d’enfants. 160.999 citoyens ont été évacués; et on compte dans leurs rangs 84,7% de malades. Le gouvernement indique qu’il y a 89,85% de malades dans les familles qui demeurent dans les zones contaminées. Le suivi médical de ces populations, montre que chaque année la proportion de malades s’accroît (1).
LA « RADIOPHOBIE »
La « radiophobie » est le terme réinventé il y a dix ans, pour tenter de supprimer de la mémoire des peuples toute les anomalies ou pathologies qu’entraîne Tchernobyl. Chacun devrait faire pénétrer dans son cerveau que ces maux sont le fruit de la peur des rayonnements et du stress causé par les informations alarmantes propagées par les médias. Tous doivent s’efforcer de croire que les invalides qui coûtent si cher à l’Ukraine sont dus à la « radiophobie ». La « radiophobie » causerait le vieillissement précoce, les cancers et les leucémies, les décompensations cardiaques chez les hommes jeunes, les maladies neuropsychiques, endocriniennes, ophtalmologiques, infectieuses ou autoimmunes comme le diabète grave du petit enfant et la maladie de Hashimoto, de même que l’augmentation des malformations congénitales et de la mortalité prénatale que les médecins sur le terrain attribuent aux radionucléides artificiels du réacteur de Tchernobyl. C’est ce que tente de nous enseigner l’AIEA.
Comme il est peu vraisemblable que la « radiophobie » soit transmissible aux animaux sauvages, il semble judicieux de profiter des recherches scientifiques entreprises autour de Tchernobyl pour mesurer l’impact des radiations sur la faune. En effet, ces animaux sauvages dans un rayon d 30 km autour de Tchernobyl souffrent moins du stress qu’ailleurs, du fait de l’interdiction totale de la chasse depuis 25 ans dans cet espace. Les médias n’ont pas de prise sur les espèces sauvages et les humains ont déserté les 2 044 km carrés entourant le réacteur détruit. Dans ce vaste espace protégé, les animaux sont à l’abri des hommes et ne risquent pas de succomber à des accidents de la circulation. Ils ont rapidement appris que la chasse n’y était jamais pratiquée.
Cette zone d’exclusion fait l’objet d’études dont on parle peu. Ce silence permet à l’AIEA et l’UNSCEAR de rassurer les Nations Unie, suite au Forum 2006, en rapportant des anecdotes et négligeant ces travaux scientifiques réalisés sur place. Ainsi les gouvernements réunis par l’ONU apprennent que cet espace est devenu un paradis naturel pour les bêtes qui s’y reproduisent allègrement. Les gouvernements semblent ignorer les publications en anglais que les chercheurs sur le terrain à Tchernobyl publient régulièrement dans de bonnes revues anglo-saxonnes. Les pays représentés à New York envisagent de créer une zone touristique qui deviendrait un Parc National sur le territoire qui entoure le réacteur. Au centre de ce Parc d’Attraction, on construira un monument géant, comparable aux pyramides d’Egypte. Beaucoup d’experts considèrent ce deuxième sarcophage comme totalement inutile, mais il coûtera 700 millions de dollars et le duo Bouygues-Vinci bénéficiera de cette somme payée par les nations.
Pour défendre l’idée de l’exploitation commerciale de ces paysages idylliques, de ce « paradis onusien pour les bêtes sauvages autour de Tchernobyl », un film a été diffusé par la chaine binationale ARTE :
« TCHERNOBYL, UNE HISTOIRE NATURELLE? »
Le titre contient une interrogation qui devrait inciter les spectateurs à élucider l’énigme que ce reportage pourrait révéler. Cependant les images de divers animaux filmés près de Tchernobyl permettent momentanément d’oublier les quelques 9 millions de victimes humaines des retombées radioactives qu’évoquait en 2001 Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies. Il prévoyait que ce chiffre pourrait augmenter (2).
Ce documentaire sur la faune sauvage de Tchernobyl aurait permis d’illustrer les problèmes de survie des espèces animales, car les travaux résumés ci-dessous montrent que toutes souffrent, au même titre que les centaines de milliers d’humains qui habitent encore sur de vastes territoires contaminés. En effet, les familles des communautés rurales demeurent en permanence soumises à des faibles doses de rayonnements ionisants, surtout internes, suite à la consommation d’aliments contaminés. Les habitants des villages sont les principales victimes car ils récoltent les petits fruits et les champignons très abondants, partout gratuitement disponibles dans la nature. Ils produisent eux-mêmes leurs légumes et leur lait produit au village. Ces aliments sont encore chargés de radionucléides artificiels comme le radiocésium (Cs-137), le strontium (Sr-90) ou des dérivés de l’uranium.
Fallait-il que ce documentaire occulte en grande partie les difficultés que rencontrent depuis 25 ans les animaux chroniquement irradiés pour se reproduire? Le film a montré certains obstacles que rencontrent les hirondelles, oiseaux qui ne passent guère plus de la moitié de l’années à Tchernobyl, le reste de leur temps étant consacré aux migrations et à l’hivernage en Afrique. Cette séquence a donné l’impression aux spectateurs que les hirondelles constituent une exception pour la faune et non la règle sur ce territoire.
Le film a été encore plus superficiel, quand il a été question des petits rongeurs forestiers. En effet, l’image s’attarde à plusieurs reprise sur un homme qui piège des campagnols et des mulots et prétend que ces animaux abondent et se portent bien dans ce milieu fortement contaminé. Puis cet homme se vautre pour sa sieste sur un sol forestier dont on nous laisse entendre qu’il est très radioactif. Cette provocation est complétée par l’image d’un vieux monsieur, le seul sujet qui vive illégalement dans cette zone particulièrement contaminée, en train de consommer des produits de son potager. Il aurait été instructif de rappeler aux spectateurs que cinq cent milles enfants sont encore contraints de consommer des aliments contaminés par les radionucléides de Tchernobyl, et que 80% d’entre eux sont malades.
Dans ce contexte, des images de chevaux des steppes de Mongolie lâchés à Tchernobyl, contribuent à la désinformation.
Revenons aux rongeurs des forêts de cette région que des chercheurs russes et biélorusses ont étudiés dès 1986. Exposés aux radiation des premiers jours après l’explosion, une partie des rongeurs sont morts des suites du choc radiologique initial. On parle de choc d’iode, du fait de la très haute proportion d’iode-132 les premiers jours, suivi par l’iode-131 qui reste dominant pendant quelques semaines, accompagné dès le début par cent autres radionucléides. Irina Pelevina note que les rongeurs survivants sont devenus hypersensibles aux rayonnements artificiels, même à très faibles doses. Pelevina montre que c’est aussi le cas aussi pour les enfants. Elle trouve chez les rongeurs, comme chez les enfants un faible pourcentage de sujets résistants (3). Dans la nature, la mort des sujets les plus sensibles, peut faire émerger des lignées de rongeurs résistants. L’administration soviétique sélectionnait pour le travail dans l’industrie nucléaire, un personnel relativement résistant aux rayonnements ionisants.
L’arrêt du financement des recherches a obligé d’interrompre ces études à Tchernobyl car ce sujet ne convenaient ni aux autorités ni à l’AIEA, la principale source de financement dans ce domaine au Belarus. Bien des publications ont été censurées, même les actes de la conférence sur les accidents nucléaires, conviée à Genève par l’OMS, du 24 au 27 novembre 1995. Ce congrès avait réuni trois ministres de la Santé et 700 médecins et experts. Les participants ont été surpris que les actes qui rassemblaient plus de cent travaux, promis pour mars 1996, ne leur parviennent jamais. Le Dr Hiroshi Nakajima, ancien Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui avait organisé cette conférence, explique en direct à la Télévision Suisse Italienne, en 2001, que la non-publication des actes est due aux textes juridiques qui lient l’OMS à l’AIEA (4).
Les équipes du laboratoire de génétique du Prof. Rose Goncharova ont suivi les rongeurs de Tchernobyl sur 22 générations, soit de 1986 à 1996. Pour mettre en évidence une augmentation des mutations chez les foetus il faut disséquer les femelles, et comparer leur génome avec celui des foetus. C’est ainsi que l’augmentation de la fragilité du génome, de génération en génération, a été démontrée. Les animaux et leurs descendants sont ainsi génétiquement fragilisés (5). Ce n’est qu’au bout de 20 générations, qu’une sélection naturelle des lignées de campagnols plus résistants au stress oxydatif induit par les rayonnements, débouche sur un certain équilibre dans cette population de campagnols. Cependant après 10 à 15 générations, les généticiens constatent de plus en plus de foetus morts dans l’utérus maternel. Cette augmentation est statistiquement hautement significative (6). Parler de la bonne santé de ces rongeurs, après en avoir saisi un avec deux doigts, comme cela a été montré dans le film, n’apporte au spectateur qu’une information inexacte : sans autopsies des rongeurs, cette forte mortalité passe inaperçue.
Goncharova montre que les zones les plus contaminées par Tchernobyl, ne sont pas les seules qui constituent un danger pour la faune. Jusqu’à 330 km du réacteur, les campagnols présentent encore, mais plus progressivement pendant les dix années d’étude, une augmentation des mutations de génération en génération. Cette augmentation est due à l’instabilité génomique probablement initiée par le choc d’iode, puis entretenue et aggravée par une très faible irradiation persistante. Transposé chez les humains, 20 générations correspondent à 3 ou 4 siècles.
À 200km de Tchernobyl, dans une zone où les retombées radioactives ont rapidement baissé à la surface des sols, Goncharova avec Sloukvine, un biologiste spécialisé dans l’élevage industriel des carpes, étudient la reproduction de ces poissons dans des étangs alimentés par une eau impeccable. On retrouvait une activité spécifique de Cs-137 d’à peine un curie par km carré, uniquement dans la vase du fond des étangs. Pourtant 70% des oeufs fécondés des carpes donnaient naissance à des larves informes, dont les cellules présentaient beaucoup d’anomalies et le développement cessait. Chez les alevins qui ont survécu, Sloukvine trouve en automne de multiples malformations de la bouche, des nageoires, du squelette ; les opercules peuvent manquer. Il faut aller à 400 km de Tchernobyl pour trouver des jeunes poissons normaux dans les élevages (7).
BON SUJET POUR UN REPORTAGE CINEMATOGRAPHIQUE
Grâce à la présence de A.P. Møller, du CNRS à l’Université Paris Sud et de T.A. Mousseau de l’Université de South Carolina, Columbia, USA, qui travaillent autour de Tchernobyl depuis plus de dix ans, un réalisateur indépendant aurait eu la possibilité de choisir des sujets à filmer sur la base des travaux réalisés ou en cours. Ces travaux concernent les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les batraciens, ainsi que des invertébrés, comme les insectes et les araignées.
Dans leur réponse à des critiques de personnes sans expérience propre dans ces domaines, l’équipe de Møller et Mousseau est amenée à les éclairer en leur expliquant la portée de leurs travaux. Ils expriment leur surprise que d’autres recensements de la faune avec un suivi de quelques années manquent partout ailleurs. Ils notent que cette carence touche aussi le suivi des populations humaines (8).
Pour les trois pays voisins de Tchernobyl, l’Ukraine constitue dans une certaine mesure une exception en ce qui concerne le suivi médical des populations. Pour des cohortes de victimes des bombes atomiques au Japon, le suivi avait débuté peu après le départ des Américains, et a duré plus de 60 ans. Il est enfin question de commencer ce type de suivi à Tchernobyl, avec un retard de 25 ans…
Déclin de la faune sauvage.
Avec des collaborateurs venus de nombreux pays, Møller et Mousseau réalisent des inventaires quantitatifs pour des vertébrés et pour des arthropodes, insectes pollinisateurs, papillons et bourdons, végétariens, sauterelles, et prédateurs, taons et araignées. Sur la base de protocoles clairs, ils répètent les comptages pendant quelques années consécutives, pour valider les résultats. En outre des spécialistes étudient les mécanismes qui réduisent la survie des animaux irradiés et multiplient les échecs lors de la reproduction. Ils montrent en particulier que les bêta carotènes, la vitamines A et E sont des antioxydants protecteurs, mais que les radicaux libres ou peroxydes que génèrent les rayonnements épuisent la capacité des bêta carotènes de prévenir ou rapidement réparer les dommages dans les cellules. La perte des bêta carotènes passe aussi par la mue annuelle du plumage dont la couleur vive repose sur ces caroténoïdes. À cette perte s’ajoute celle consécutive à l’effort et au stress qu’impose la migration. En outre, les femelles enrichissent leurs oeufs en bêta carotènes (9).
Les recensements des équipes de Møller et Mousseau ont lieu prioritairement sur les 2 044 km carrés évacués par les humains en 1986, mais ouverts sur l’extérieur pour toute la faune. Cet espace constitue leur laboratoire de recherche. Au début, H. Ellegren venu de Suède, avait déjà défini une zone de contrôle sur un territoire demeuré relativement peu touché par les retombées radioactives de 1986, situé à Kanev au centre de l’Ukraine (10). Kanev fournit la possibilité de comparer statistiquement les données collectées dans la zone d’exclusion dont les sols sont très variablement mais parfois très fortement contaminés avec cette zone de contrôle remarquablement épargnée. Ces comparaisons renforcent la valeur scientifique des recherches.
Pour collecter sur le terrain des données exploitables, il faut connaître la biologie des espèces étudiées. Par exemple, pour les araignées on compte, par unité de surface, les toiles qui sont renouvelées la nuit. Tôt le matin, les fils sont mis en évidence par les gouttelettes de rosée. Pour tous les arthropodes l’augmentation de la radioactivité des sols entraine une réduction significative des populations (11). Pour les mammifères, on compte les traces dans la neige qui couvre cette région trois mois par an. Pour dénombrer les passereaux, il faut savoir reconnaître avec certitude une centaine d’espèces à leurs cris et surtout à leurs chants.
Indépendamment des recensements réalisées par les biologistes, des techniciens mesurent sur le sol les rayonnements artificiels alpha, bêta et gamma, là où les décomptes ont lieu. Les biologistes n’ont pas connaissance des mesures de la radioactivité artificielle. Ultérieurement, des statisticiens confronteront les inventaires et l’activité spécifique des radionucléides. Ces dernières mesures sont comparées à celles d’experts gouvernementaux ; elles coïncident.
L’absence d’autres inventaires est surprenante et explique le fait que les diplomates réunis à New York considèrent le périmètre du réacteur comme un paradis pour la faune. On raconte, à titre de preuve, l’arrivée dans ce site de l’élan, de l’ours et du loup qui n’étaient pas présents avant l’explosion. Le film montre ces espèces de grande taille (très peu d’images de loups, mis à part des passages flous pris la nuit avec l’éclairage infra-rouge), qui ont trouvé un refuge dans ces 2 044 km carrés abandonnés par les humains. Il n’y a pas de véhicules qui circulent, pas de chiens ni autres animaux domestiques et avant tout pas de chasse sur ce territoire. Se réfugier dans un tel espace protégé est un comportement qu’on observe dans toutes les réserves intégrales.
Pour les oiseaux, les chiffres fournis par les ornithologues comportent deux dimensions : d’abord le nombre d’espèces (biodiversité), puis pour chaque espèce le nombre d’individus ou de mâles chanteurs, dans des milieux donnés. Pour la corrélation statistique la radioactivité du milieu est exprimée en logarithme des µgray/h (12, 13). Pour toutes les espèces, l’augmentation de la radioactivité au sol va de pair avec une fonte des l’effectifs. Les différences entre les relevés réalisés à Tchernobyl et ceux réalisés à Kanev sont hautement significs différentes : l’hirondelle de cheminée, le rougequeue noir, le moineau domestique ; la première espèce hiverne au sud de l’équateur, la seconde autour de la Méditerranées et le moineau est sédentaire (16).
Des résultats ont été diffusés par la BBC par Matt Walker sous le titre de « Les oiseaux de Tchernobyl ont un petit cerveau », il est question de « harmful legacy » : l’héritage, c’est un volume crânien réduit chez 550 oiseaux répartis sur 48 espèces, qui sont nés l’année précédente à Tchernobyl dans un environnement hautement radioactif. Ces oiseaux nés dans un milieu hautement contaminé ont un cerveau d’un volume de 5% plus petit que ce le cerveau des adultes. Ces handicapés cérébraux courent le risque de ne pas surmonter des difficultés, d’avoir des difficultés d’adaptation dans un environnement hostile, ou des problèmes d’orientation pendant les migrations. La différence est statistiquement significative (http//dx.plos.org/10-1371/journal.pone.0016882).
La raréfaction des prédateurs (17).
Pour mesurer quantitativement la population des oiseaux prédateurs, on utilise selon l’espèce, des méthodes différentes. Par exemple, pour estimer le nombre des prédateurs d’hirondelles comme les faucon hobereaux et les éperviers, on compte les attaques de ces deux rapaces le matin où l’on réalise le baguage de la colonie d’hirondelles. Le dérangement des couples chargés du nourrissage des petits, fait tourbillonner et crier toutes les hirondelles au dessus de la colonie. La fréquence des attaques des rapaces dans différentes colonies est comparée. On constate qu’il y a moins d’attaques de prédateurs au dessus des colonies implantées sur des terres hautement contaminées, qu’autour de colonies d’importance égale, mais dans un environnement avec moins de radionucléides sur le sol. Le territoire contrôle de Kanev fournit des chiffres normaux pour des colonies dans un milieu radiologiquement propre. On peut interpréter ces résultats, comme étant la conséquence de la stérilité des rapaces qui consomment des proies radioactives et n’ont donc pas de progéniture à nourrir au printemps.
Pour les prédateurs des petits rongeurs, on parcourt à plusieurs reprises des trajets routiers déterminés en comptant les rapaces proches de ces axes ou les franchissant dans un sens. Les secteurs fortement radioactifs ne retiennent guère les buses variables et les faucons crécerelles, alors que les effectifs augmentent dans les régions peu contaminées. Ces différences, liées à la radioactivité des milieux, sont statistiquement significatives. Tant que les proies, campagnols et mulots n’ont pas été comptés, on serait tenté de rapporter la rareté des prédateurs à un nombre réduit de proies, ce qui est la règle en biologie. Cependant, à Tchernobyl une autre explication reste possible : les proies excessivement radioactives sont devenues toxiques pour les prédateurs qui n’ont, en conséquence, pas de progéniture à nourrir, comme ce fut le cas dans les années 60 avec le DDT qui fit presque disparaître le faucon pellerin d’Europe.
En 2011, Møller et Mousseau rassemblent les données qu’ils ont accumulées durant 15 ans sur l’ensemble du territoire étudié, et cela pour tous les taxons. Il s’avère que des mammifères aux insectes on retrouve sans exception que plus la radioactivité artificielle du sol est élevée, moins l’espèce est représentée (18). Dans un milieu naturel ouvert, l’arrivée d’animaux venant des territoires voisins évite l’extinction définitive des espèces.
CONCLUSION ET COMMENTAIRE SUR LE FILM.
L’histoire naturelle de Tchernobyl aurait dû être ce qui se déroule dans la nature dans la zone d’exclusion de 30 km de rayon autour du réacteur atomique détruit en 1986. Des chercheurs encore sur place ont consacré des années à l’étude de la faune et au suivi de différentes espèces. En réalisant un bon documentaire, un cinéaste indépendant aurait pu faire profiter les spectateurs de découvertes importantes faites dans ce laboratoire à ciel ouvert. Il pouvait faire appel au naturaliste du CNRS de Paris Sud, qui travaille sur le terrain depuis plus de dix ans. Avec la collaboration de spécialistes de nombreux pays, Møller & Mousseau décrivent l’impact des rayonnements ionisants sur l’ensemble de la faune. S’en tenir à deux rongeurs médiocrement étudiés sur le terrain et présenter de façon assez confuse ce qui se passe chez les hirondelles, comme si cette espèce était l’exception et non la règle, c’est insuffisant. Volontairement insuffisant.
Pour le monde végétal, le film nous apprend que les pins sont vulnérables, et les bouleaux moins, ce qui permet à cette espèce pionnière d’envahir de nombreux espaces, y compris la ville abandonnée de Prypiat. Les fourrés de bouleaux sont d’une grande pauvreté à côté des forêts qui accompagnent les rivières et les fleuves du Bélarus et de l’Ukraine. Il faudra des siècles pour qu’une forêt digne de ce nom renaisse autour de Tchernobyl.
Les spectateurs auront résolu l’énigme proposée par le titre du film. Ils auront découvert la cause de la médiocrité de l’information livrée. À quoi sert cette permanente accumulation de mensonges par omission dont est composé le scénario? À qui rapporte le crime? Certes, le réalisateur n’est pas le premier bénéficiaire.
Retenons que le principal objectif statutaire de la puissante agence de l’ONU, l’AIEA, c’est « l’accélération de l’augmentation de la contribution de l’énergie atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier ». De toute évidence, ses membre comme tous ceux qui touchent indemnités ou salaires de cette institution ne peuvent être que juge et parti face aux problèmes que soulèvent les victimes des accidents nucléaires, principalement quand il s’agit d’humains. Mais l’AIEA est à nouveau contrainte par ses statuts d’étendre la propagande pro-nucléaire dont elle a la charge, en masquant la souffrance de la faune et en inventant des slogans comme « les animaux se sont rapidement remis du choc radiologique qui a suivi l’explosion de 1986. Ils prospèrent magnifiquement ». L’AIEA ne peut plus se servir de la « radiophobie » dont elle a déjà tellement abusé. Les biologistes constatent que de vastes espaces demeurent impropres à la survie de nombreuses espèces; seule la permanente recolonisation par des animaux venant de l’extérieur, comme chaque printemps les oiseaux migrateurs ou erratiques, permettent le maintien d’une vie maladive dans ce milieu contaminé.
L’AIEA, l’agence la plus haut placée dans la hiérarchie de l’ONU, dépendant directement du Conseil de Sécurité, soutient le lobby de l’atome qui pour accélérer son accroissement, doit à tout prix nier la vérité sur les conséquences de Tchernobyl pour la santé de la faune comme pour celle des humains.
REFERENCES
1) L’Ambassade d’Ukraine à Paris fournit le 26 avril 2005 aux autorités et à la presse les chiffres suivants; L’accident de Tchernobyl a sévèrement irradié 3,5 millions d’habitants dont 1,3 millions d’enfants. 169.999 Ukrainiens ont été évacués et 89,85% d’entre eux sont malades. Chez ceux qui vivent encore dans les zones contaminées, 84,7% sont malades. Le suivi médical montre que la proportion des malades augmente, année après année. En 2004, 94,2% des liquidateurs étaient malades. L’Ukraine considère que 2.646.106 citoyens ukrainiens sont des victimes de l’accident.
2) Kofi Annan, Secretary General of the United Nations, Foreword of Chernobyl a Continuous catastrophe. The OCHA report to the United Nations, 2000. Zupka D. OCHA-representative at the international Conference co-organized by the WHO, in Kiev, 14, 08, 2001.
3) Pelevina Irina & Titov L. Témoignage et rapport illustré, in Tribunal Permanent des Peuples; TCHERNOBYL, Conséquences sur l’environnement, la santé et les droits de la personne. Vienne, 12-15 avril 1996. Tribunal Permanent des Peuples. Paris Ecodif, ISBN 3-00-001534-5, 1996
4) Hiroshi Nakajima en direct à la Télévision Suisse Italienne, déclare que la non-publication des actes des Conférences Internationales de l’OMS en novembre 1995, est due aux liens juridiques qui lient l’OMS à l’AIEA, Film de Tchertkoff W. & Andreoli E. : Mensonges nucléaires. 2001
5) Goncharova R.I et al. Transgenerational accumulation of radiation dammage in small mammals chronically exposed in Chernobyl fallout. Radiat Environ Biophys 45: 167-177, 2006 / Ryabokon N.I. & Goncharova R.I. Transgenerational accumulation of radiation damage in small mammals chronically exposed to Chernobyl fallout Genetic processes in chronically irradiated populations of small mammals. Environmental Management and Health. no5,11: 443-446 , 2000
6) Ryabokon N.I., Smolich I.I., Kudryakov V.P. & Goncharova R.I. Long-term development of the radionuclide exposure of murine population in Belarus after the Chernobyl accident. Radiat Environ Biophys 44: 169-181, 2005
7) Goncharova R.I. & Sloukvine A.M. Study on mutations and modification variability in young fishes of Cyprinus carpio from regions contaminated by the Chernobyl radioactive fallout. In Russian-Norwegian Satellite Symposium on Nuclear accidents, Radioecology and Health , Abstract p. 27-28 October, 1994
8) Møller A.P., Mousseau T.A. & de Koe F. Anecdotal and empirical research in Chernobyl Invited Reply Biology Letters do:10.1098/rsbl.2007.0528 p 1-2.
9) Møller A.P., Karada T.A. & Mousseau A. Antioxydants in eggs of great tit, Parus major, of Chernobyl and hatching success. Journal of Comparative Physiology B178, p735-743, 2008
10) Ellegren H., Lindgren G., Primmer C.R. & Møller A.P. Fitness loss and germeline mutations in barn swallows breeding in Chernobyl. NATURE Vol. 389: 593-595. 9. October, 1997
11) Møller A.P., Mousseau T.A. Reduced abundance of insects and spiders linked to radiation at Chernobyl 20 years after the accident Biol. Lett. of Royal Society 5(3): 356-359 , 18 March 2009 12) Møller A.P., Mousseau T.A. Species richness and abundance of forest birds in relation to radiation at Chernobyl. J Ornithol 130:239-246 , 2009
13) Møller A.P. & Mousseau T.A. Determinant interspecific variation in population declines of birds after exposure to radiation at Chernobyl. Journal of Applied Ecology 44:909-919, 2007
14) Møller A.P., Mousseau R.E., Milinevsky G., Peklo A., Pysanets E. & Szép T. Condition, reproduction and survival of barn swallows from Chernobyl. Journal of Animal Ecology 74 : 1102-1111, 2005
15) Møller A.P., Mousseau R.E., Lynnm C., Ostermille S., Rudolfsen G. Impaired swimming behavior and morphology of sperm from barn-swallows, Hirundo rustica, in Chernobyl. Medicine Research 650: 210-216, 2008
16) Møller A.P. & Mousseau T.A. Biological consequences of Chernobyl: 20 years on. Réf. Trends in Ecology and Evolution, 2008
17) Møller A.P. & Mousseau T.A. Reduced abundance of raptors in radioactively contaminated areas near Tchernobyl. J. of Ornithology, 150: 245-239, 2009
18) Møller A.P. & Mousseau A. Efficiency of bio-indicators for low-level radiation under field conditions. Ecological Indications 11: 424-430, 2011
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Je dois avoué que moi aussi je me suis fait avoir par la propagande.
Et dire qu’on parle avec dédain de l’URSS….
Pardon, « avouer ».
Édifiant…
Michel Ferbex vient de donner une interview à rue 89 :
http://www.rue89.com/2011/04/06/fukushima-tchernobyl-loms-repete-les-chiffres-de-laiea-198646
très bonne lecture à tous