Le 15 avril, de 9h30 à 11h00, je débattrai avec Jean Peyrelevade au Forum Libé Rennes. On a eu l’amabilité de me demander de quoi je voulais parler. Voici le petit texte que je viens de rédiger.
Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Une fenêtre d’opportunité pour modifier le rôle que joue la finance dans l’économie, et partant dans la vie sociale en général, a existé dans les semaines et les mois qui ont suivi l’effondrement de la finance qu’avait provoqué la chute de la banque d’investissement Lehman Brothers en septembre 2008. Dans la période qui a immédiatement suivi le plus fort de la crise, une refondation indispensable a très justement été évoquée.
Depuis, cette fenêtre s’est lentement refermée. Rien ne s’est passé, ou si peu, le moment des véritables décisions a été repoussé de réunion en réunion et à mesure que le temps passait, le souvenir de velléités de refondation s’estompant peu à peu.
Aux États-Unis, les textes déjà bien timides que rédigèrent en grande partie les lobbys ne seront pas mis en vigueur : la nouvelle majorité républicaine a compris qu’elle peut en empêcher l’application en refusant – au nom d’une très saine rigueur budgétaire – les fonds qui permettraient de mettre en place les équipes. La nation s’est par ailleurs découvert comme planche de salut, la planche à billets : la possibilité qui lui reste offerte, quarante ans après la dénonciation des accords de Bretton Woods par Richard Nixon, d’imprimer à la demande des dollars, survivance du statut de monnaie de référence de la devise américaine. Ce faisant, les États-Unis exportent leurs difficultés, confiant à la planète entière le soin de les régler à leur place.
La zone euro s’est retrouvée quant à elle paralysée lorsque, dans un contexte d’effondrement financier, l’absence d’intégration fiscale des pays qui la constituent a fait apparaître en surface ses ramifications. Ce sont les achats de la dette publique des pays européens en difficulté par la Chine et le Japon qui ont pu empêcher jusqu’ici l’éclatement de l’euro. Le tremblement de terre et le raz-de-marée qui endeuillent le Japon, obligent désormais celui-ci à rassembler la totalité de ses ressources pour assurer son propre salut. Obsédée par des échéances électorales qui débouchent immanquablement sur la déroute des partis au pouvoir, l’Europe se retrouve dans la position de satellite infantilisé de la Chine et, ayant jeté aux orties toute fierté, elle s’en satisfait.
La fenêtre d’opportunité que la crise de l’automne 2008 avait ouverte s’est refermée. Une autre s’ouvrira certainement lorsque la nouvelle crise en gestation aujourd’hui aura éclaté. Le processus de désagrégation se sera poursuivi entretemps et c’est au sein d’un paysage encore plus dévasté que seront lancés de nouveaux appels à la refondation.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
101 réponses à “LA FENETRE D’OPPORTUNITE S’EST REFERMEE”
Pas une virgule à changer, vous avez mon imprimatur.
Je connais Peyrelevade, j’ai participé à plusieurs réunions de travail avec lui. Il ne devrai pas y avoir de désaccord majeur sur :
– 1) le constat de la situation
-2) les solutions qui pouvaient être apportées (et qui ne le furent pas)
Ses dadas tournent, en général, essentiellement sur la question du partage de la valeur ajoutée.
Il préconise que ce soit les bénéficiaires qui assurent la charge des avantages sociaux ce qui signifie, par exemple, que les cotisations de sécurité sociale soient intégralement prises en charge (par l’impôt) par les salariés et non pas par les employeurs.
Il émets aussi quelques doutes sur la pertinence de « la révolution fiscale » de Piketty & Friends(voir ICI) que je ne partage pas .
En dehors de cela il reste un économiste très fréquentable même si quelquefois trop pointilleux sur des questions de détail.
Bon débat à ceux qui pourront en être !
L’amiante, la radioactivité, les solvants, les pesticides, et co …… ne concerneraient donc carrément et aucunement le MEDEF
ce point de vue même ne me donne point envie de le fréquenter !
remarquez, cela tombe bien ! aucun risque !
le fait qu’il soit un « grand manitou » ne change rien à mon point de vue … j’ai une tendance égalitaire . ré-par-ti-tion .
post-scriptum:
le MEDEF doit disparaitre : son indécence n’a pas de limites.
La compilations des évènements survenus ces derniers mois risquent fort de nous conduire à une défenestration non contrôlée.
Quelques compléments de preuves empiriques sur ce dont nous peinons tant à sortir : http://0z.fr/nrxkL
@Denis
La conférence d’Alain Cotta « Marché et Démocratie » à Dauphine en 2004 est remarquable de lucidité et de cynisme, elle est assez significative de la façon dont est formé « l’élite » et aide à comprendre les peurs et les freins actuels.
Un passage pour illustrer vers 1h18.
-Question d’un étudiant: « Après ce que vous nous avez dit (de mémoire), à quoi servent les cours d’éthique dans les écoles de management ? »
-Réponse courte d’Alain Cotta: « Ca ne sert pas à grand chose »
-Réaction de la salle: Rires gras, nombreux, majoritaires ? et gêne perceptible d’une partie du public (ou peut-être que je l’ai révé cette gêne).
-Réaction de l’animateur: rien à voir, sujet suivant
Cette question sous une autre forme revient de la part de public: Aucun débat, aucune réponse.
Au suivant! on vous dit, non mais. « Vous allez gagner beaucoup d’argent, vous voudriez pas en plus être moraux,…. » (Ca, c’est mon résumé personnel)
+1 pour la qualité du site, merci.
Effectivement…
Quand va-t-on dire qu’il s’agit d’une opération maffieuse de « madofisation » du monde? Une conséquence parfaitement prévisible de la dérive que J. Rueff annonçait déjà il y a plusieurs décennies: « Soyez socialistes ou soyez libéraux, mais ne soyez pas menteurs! ». L’économie vit sur le mensonge permanent de la finance qui la soumet sous le flot de l’émission incontrôlée de fausse monnaie… dette fictive en réalité qui n’est fondée à aucun remboursement!
Et puis ici, aussi 😉 : http://0z.fr/7XHg5
Beau blog!…
Merci…
GEORGES BRASSENS – LES DEUX ONCLES
http://www.youtube.com/watch?v=_KAqL_oXDfc&feature=player_embedded#at=83
chanson trés ancienne, et trés parlante :
http://www.youtube.com/watch?v=_kLKnwptvb8
1) j Peyrelevade c’est l’ancien Pdg du Crédit lyonnais .
J’ai lu son livre :
– Sarkozy l’erreur historique
– dans l’affaire de la Sté d’assurance que le Crédit Lyonnais avait achetée ( Executive Life), il a dû répondre auprès de la justice américaine; ai lu des documents sérieux selon lesquels lui même n’était pas responsable; A une époque, il n’a d’ailleurs pas été tellement soutenu par le gouvernement en place etc .;
2) ai la ferme impression que l’individualisme » commun » ne diminue pas .. !
Depuis x mois, je pense à ce sujet à la chanson de REGGIANI :
» Les loups sont entrés dans Paris »
Il y a beaucoup de vrai .. je trouve
France Uncut – Qu’ils la paient leur crise !
http://www.fruncut.org/blog/communique-de-presse-la-police-reprime-le-premier-rassemblement-de-france-uncut
Peyrelevade a écrit un bouquin qui se lit facilement : « Sarkozy , l’erreur historique » .
Au delà du titre peu racoleur à l’époque, on en apprend beaucoup sur la vision du monde d’une élite inconsciente de ses préjugés.
Extrait : » de fait , le passage aux 35h a été un crime contre l’économie(p120).
Monsieur Jorion , prenez garde , au cas où vous exposeriez le tabou qui consiste à toujours rogner sur les salaires sans jamais se poser la question de la diminution des dividendes aux actionnaires … .Il risque de s’étouffer.
EXTRAIT :
« … on commence à diminuer l’énorme réservoir des charges sociales supportées par les entreprises ( le taux en est de 43% dans notre pays contre 35% en moyenne dans la zone euro) non pas pour augmenter leurs marges et les inciter à investir mais pour payer les loisirs nouveaux accordés aux Français . »(p122)
La nouvelle aristocratie…
Nouvelle aristocratie que dénonce trés bien Verhaerghe dans son bouquin » jusqu’ici tout va bien » .
Nouvelle aristocratie qui, non contente de s’enrichir jusqu’à plus soif, produit ce genre d’effet :
« Les accidenteÌs du travail eÌtaient des privileÌgieÌs. Les deÌputeÌs UMP ont leÌgifeÌreÌ et soumis
à impoÌ‚t leurs indemniteÌs jusqu’alors eÌpargneÌes. Gain : 150 millions d’euros. Quand en 2009, 464 dispositifs d’optimisation fiscale ont donneÌ 70 milliards d’euros aux contribuables les plus riches. »
Ou encore :
« Le travail – l’intensification du travail, le new management – ce n’est pas la santeÌ. Depuis 1995, les maladies professionnelles ont doubleÌ »
source
http://www.filoche.net/
Votre texte me plait beaucoup
Il exprime deux sentiments :
-> la déception de n’avoir pas eu de politique de régulation lors de la première crise, et ce malgré les propositions émanant de tant de personnalités,
-> la persévérance dans la continuité du combat pour y arriver.
Et troisièmement :
ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT
….Puissions-nous vivre des temps intéressants….
La fréquentation du blog atteint 200 millions ? C’est comme Fukushima on ne contrôle plus ce qui se passe….quelqu’un a-t-il un lampe de poche pour aller regarder au fond du blog, voir l’état du réacteur ? Je sens qu’il faut arroser à l’eau de mer.
Ah, Mr Jorion, vous avez eu raison à la fois trop tôt et trop tard.
Ø¥ÙÙ† شَاء اللّٰه
En faisant un pas de plus, on pourrait en déduire que ce monde n’est pas réformable, mais que le processus de décomposition accélère.
Très bonne question que je me pose tous les soirs.
– La vitesse de la décomposition, linéaire ou non linéaire ? gamma (accélération) nulle ou positive, négative ? V = Somme de gamma sur temps. Nous verrons
– En revanche, rien n’est irréformable.. regardez, l’entropie est ce qu’elle est et pourtant, tout a été créé (big bang…), donc il est possible de créer, d’inventer.
Je ne sais pas si le monde est réformable, je crois que oui. C’est seulement cette génération de 68ard nourrie de Hayek qui a bien déliré.
Je suis plus optimiste que jamais.. à cause de ce Printemsp arabe, notamment. Sauf pour les forets primaires.
–
Linéaire, sûrement pas. Je ne sais même pas si le système a des régulateurs ou n’est pas organisé pour diverger – solution exponentielle. Qu’un pays fasse défaut de paiement, et ce serait le sauve-qui-peut, non ?
Mais il est possible aussi que cela se fasse par strates qui, possédant elles-mêmes leurs sécurités et palliatifs en tout genre, doivent aller au bout de leur impossibilité pour s’effonder sur celle du dessous.
Réformer, c’est évoluer avec des ruptures. Comme vous dites, l’entropie augmentera, insensible au vacarme. Serait-elle le métier à tisser des Parques ?
Marlowe a eu 20 ans en 68 et n’ a jamais fréquenté les idéologues libéraux ou ultra libéraux.
Merci d’en prendre note.
Et je ne suis pas unique !
Très bon texte Paul,
Puisque vous vous adresserez à un banquier, évidemment en faveur de l’économie de marché, peut-être pourriez-vous lui faire remarquer que la stratégie de réduction de la part salariale dans la valeur ajoutée de tous les pays de l’OCDE, cela depuis les années 1970, joue contre son propre crédo en l’économie de marché, en effet moins de masse salariale implique moins de demande et moins de demande implique le ralentissement économique… Et ce ne sont pas les revenus des actionnaires qui vont compenser cette baisse de la demande… Ces gens là accumulent, ils ne consomment pas beaucoup en proportion de leurs revenus (attention je n’utilise cet argument que pour montrer l’inconséquence de ces financiers, Jean Claude Trichet inclus bien sûr) qui ne voient dans les salaires que des coûts, à la rigueur des moyens de production mais jamais des moyens de financements des achats des biens et services produits par leurs entreprises, ils les éliminent donc par deux approches : l’une très visible : les délocalisations, l’autre moins visible : l’automation des postes de travail…
Quand une économie robotisée aura remplacé tous les emplois salariés (Science-fiction encore pour le moment, mais… à terme…) ce ne sont pas les machines qui vont acheter les biens et services qu’elles produiront elles-mêmes…
De même à force de vouloir compresser la masse salariale en réduisant les salaires, quand les Européens auront tous des revenus équivalents à ceux des roumains ou des bulgares ils consommeront comme des roumains ou des bulgares. Encore un argument juste pour montrer le manque de vision de ces politiques comptables et d’une vue étroite et cupide des finances.
A ce sujet, vous parlez de la prochaine crise économique, si les autorités financières et les banques européennes continuent à commettre de 2010 à 2015 les mêmes erreurs que les autorités et les banques états-uniennes de 2005 à 2008, il est à craindre que la prochaine crise économique ne démarre en Europe; ben quoi, on est aussi capables que les américains de persévérer dans l’erreur non?
J’ai signalé dans un autre message du blog, une vidéo d’un économiste japonais distingué, Richard Koo, Chief Economist of Nomura Research Institute (Un économiste est toujours distingués 🙂 )
How the West is Falling Into the Same Trap as Japan in the 1990s of Failing to Understand the Strangeness of a “Balance Sheet Recession”
Elle est en anglais mais cela ne vous dérangera pas…
http://ineteconomics.org/richard-koo
Petite référence additionnelle à propos de ” The Institute for New Economic Thinking” (INET) d’où j’ai tiré la vidéo ci-dessus. L’INET est un groupe d’économistes contestataires Anglo-Saxons, oui ça existe…
http://ineteconomics.org/
J’ai confiance dans votre talent pour arriver à mettre Jean Peyrelevade en difficulté et en plus avec élégance, ce qui ne fait que renforcer les arguments.
Espérons que ceux qui devraient le plus entendre votre message soient à l’écoute, mais même pour les convaincus, c’est toujours bon d’avoir de nouveaux arguments à utiliser.
Bien cordialement.
Paul
Pardonnez à un Béotien…: Quel est au juste le mécanisme par lequel cette « exportation des difficultés » se produit?
Oui, je sais: « Parce que le Dollar est la monnaie de référence »…
Mais plus précisément?
Et si le Dollar monte?
Et si le Dollar chute?
C’est le » fléau » – c’est un banquier central qui parle, et pas Keynes ! – de l’inflation … !
L’argent qu’ils créent ex nihilo pour l’injecter dans le système financier du dollar, et qui maintenant coule à flots, va forcément finir par infiltrer les économies mondiales, et probablement donner lieu à une inflation ( au moins du prix des actifs financiers ; bourse etc ). C’est pour cela que la bourse américaine pavoise, tandis que l’economie réelle reste dans la merde. Cela va nous jouer des mauvais tours, mais on pourrait surmonter cela.
Toutefois, si d’autres pays voulaient aider leur économie en ayant recours à la planche à billets comme les américains, alors là on aurait une inflation galopante par une période de crise. Cela s’appelle » stagflation ». C’est un vrai merdier.
Donc, plus les américains impriment de l’argent, plus ils privent les autres économies de la possibilité de recourrir à la même stratégie pour se sortir de la crise. Donc la crise sera plus longue.
Je ne sais pas trop rien du climat, ni des saisons au Japon, mais ….
la Chine n’en est pas si loin, et si les vents tournent ….
l’argent japonais ne sera pas forcément le seul à se réinvestir en sauvegarde …
Pierrot
Ben, ils achètent les marchandises nécessaires à leur soif de surconsommation avec de la monnaie de singe (basée sur aucune production de richesse réelle). Donc, le patrimoine mondial est mesuré avec un faux étalon et la conséquence à moyen terme est l’inflation (c’est-à-dire que tout le monde est un peu plus pauvre, sauf les Etats-Uniens qui reçoivent encore et toujours de beaux billets neufs).
Merci, c’est un peu plus clair…même si je subodore qu’il y a encore une manip’ qui m’échappe…
Il y a peu, Blankfein travaillait pour Dieu ! Aujourd’hui Guéant part en croisade…Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
j’avais cru comprendre que les coffres étaient vides ???
(mais non puisque il y a de l’argent pour aller guerroyer … )
@Cecile
Il me semblait, que le but des croisades, au delà de la libération de Jérusalem, était de conquérir des territoires, de s’enrichir, et cerise sur le gâteau, de se faire bien voir par la chrétienté. Certes, ils ont bien du avoir quelques avances des rois en place et de la papauté, mais, cela n’a pas été en vain.
Quand le jeu en vaut la chandelle, on trouve toujours un peu d’argent.
Les pouvoirs en place dans nos états européens sont trop imbibés de leur idéologie pour diligenter les réactions souhaitées. Aprés avoir construit un hôpital de campagne pour mettre le systéme sous perfusion, envoyé les experts et diffuser leurs grandes messes médiatiques pour calmer les esprits des populations, les bien élus sont toujours aux manettes et vont oeuvrer jusqu’à la dernière heure avec la même célérité dont ils ont fait preuve jusqu’à ce jour.
Compte tenu des échéances, ils ont tout le temps de « parfaire » la chose.
On est tout à fait rassuré…
Bonsoir Mr Jorion
Vous écrivez :
» Obsédée par des échéances électorales qui débouchent immanquablement sur la déroute des partis au pouvoir, l’Europe se retrouve dans la position de satellite infantilisé de la Chine et, ayant jeté aux orties toute fierté, elle s’en satisfait. »
Allemagne dans les Länder, les 1ers résultats tombent :
bade Wurtemberg : la CDU perd
c’est les Grünen ( les verts) qui gagnent
Mr KRETSCHMANN ( 62 ans) c’est du sérieux .. les Allemands ..
Bien sûr, ils sont assez matérialistes( certains) .; mais ils sont pas bêtes .. par rapport à nous ..
Reprenons les chiffres et pas les commentaires :
CDU 38%
FDP 5%
« Verts » 25%
SPD 21%
C’est donc la coalition SPD Verts qui va gouverner.
Certains, dans d’autres systèmes électoraux (GB, France) gagneraient haut la main avec 38%….
Euh… Pardon VERTS-spd qui va gouverner
Ca va être intéressant. S’ils sont anti-nucléaires dogmatiques, la ruée vers le charbon va commencer. Dans l’autre cas, un laboratoire de l’europe future, pour ce qui concerne l’énergie : d’autant que les projets les plus intéressants (et prometteurs en GWh) doivent être transnationaux, au moins avec la Suisse et la Norvège.
Dans ce cas ils fédèreront également les pays de leur proche – est, jusqu’en Roumanie probablement, et incluront l’Angleterre pour des raisons de complémentarité de climat (et de technologie pour l’énergie de la mer).
Je prendrais bien le pari que ce seront les alliances en terme de partage des sources d’énergie qui modèleront l’europe d’après le crash (ou krack ? ). Pas sûr, mais probabilité en hausse.
Ce serait marrant que les allemands deviennent totalement dépendant de l’étranger pour leur énergie, alors qu’ils clament partout qu’il faut être compétitif et ex-por-ter!
Les allemands seuls refusent de voter à l’UE un truc qui concerne un de ses fournisseur? Click! Dans le noir! 😀 😀
« Bien qu’arrivée en tête avec 38 % des suffrages, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel n’obtient pas assez de voix pour conserver, avec son partenaire libéral FDP, le pouvoir qu’elle détenait depuis 58 ans. »
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/03/27/allemagne-percee-des-verts-et-defaite-historique-de-la-cdu-dans-son-propre-fief_1499310_3214.html#ens_id=1464055&xtor=RSS-3208
Le ‘pacte européen’ est mort. Et enterré.
De profundis.
La CDU prend claque sur claque mais reste toujours aux manettes. Toutes les instances économiques sont noyautées par ses sbires, le projet néo-lib pour l’europe n’est pas prêt d’être arrêté, au contraire, ils n’ont aucun autre projet : ils vont faire le maxi (de casse) avant de partir.
@ HP :
Je ‘crains’ que non, car la CDU et le FDP ne disposent plus de la majorité à la chambre basse, apparemment.
« Le gouvernement fédéral est obligé de présenter toutes les initiatives législatives d’abord au Bundesrat [chambre des länders, où le Länder de Bade-Wutenberg est un des plus importants] avant qu’elles ne passent au Bundestag.
De plus le Bundesrat doit approuver toute législation dans laquelle la loi fondamentale accorde aux Länder des pouvoirs concomitants ou sont chargés de l’application de lois fédérales (lois de consentement – Zustimmungsgesetze). Le taux de lois qui y sont soumises est passé de 10 % en 1949 à 60 % en 1993 comme de plus en plus de lois fédérales s’occupent de thèmes de la compétence de la législation des Länder. Le Bundesrat a un veto absolu sur ces législations et un veto suspensif sur toute autre loi (loi de réclamation – Einspruchsgesetz). En particulier, les lois sur la procédure administrative au niveau des Länder et sur les impôts partagés entre Fédération et Länder (c’est-à-dire la plupart des impôts) doivent obtenir l’accord du Bundesrat. Le veto suspensif peut être rejeté par le Bundestag avec la majorité de ses membres ; le rejet nécessite une majorité des deux tiers [ce que la CDU et le FDP n’ont pas je crois] si le Bundesrat a décidé de mettre son veto avec cette majorité (donc au moins 46 votes). »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bundesrat_%28Allemagne%29
Intéressant, mais ça concerne exclusivement « l’intérieur de l’Allemagne », pas les exigences allemandes dans l’UE, dont le pacte, qui risquent de rester identiques puisque l’équipe Merkel reste en place.
@ HP :
Ce qui est à l’intérieur se voit à l’extérieur … 😉
Comment imposer aux autres pays de l’UE ce que l’on est incapable de faire valoir chez soit ?
Grossss marade en perspective au Conseil de l’Europe si Merkel propose toujours son pacte pour l’austérité, qui sera refusé par le Bundesrät : les impôts, c’est tout de même ça l’essentiel, non ?
J’ai préféré réfléchir avant de l’écrire dans mon premier commentaire, mais je suis très contente que vous ayez écrit ceci :
« l’Europe se retrouve dans la position de satellite infantilisé de la Chine et, ayant jeté aux orties toute fierté, elle s’en satisfait »
Merkel et Sarkozy battus ce soir, c’est tout un symbole de la ‘rigueur’ qui semble fatale à ceux et celles qui gouvernent.Hier Cameron qui se prend déja 500.000 manisfestants dans les gencives après seulement quelques mois de cette rigueur…c’est mal parti pour les libéraux au pouvoir.Ils sont pourtant capables du pire avant de quitter les lieux car ils savent leur fin proche.
Berlusconi fait de la résistance en achetant des voix mais sans doute plus pour longtemps.Quant aux petits pays(Portugal, Irlande, Belgique etc) ce n’est pas mieux.On change, on vote, et on fait du sur place.
Les idées extrémistes et les égoistes montent en Europe c’est un fait mais elles connaissent déja (comme ce soir en France) un certain ‘plafond’ à la hausse.
Le changement viendra peut être finalement de la ‘rue’ comme en Afrique du Nord et ailleurs, mais il est encore un peu tôt, la situation financière d’une majorité de gens n’étant pas encore assez désespérée et c’est sur cela que les gouvervants actuels et leurs remplacants comptent.’Gagner’ du temps…ce qui pour nous en fait reviendrait plutôt à en ‘perdre’.
Nelles d’Irlande ou l’on semble vouloir s’essayer au ‘chantage’ vis à vis de la BCE.Good luck guys!
http://www.independent.ie/national-news/hatred-disgust-anger-europes-feelings-for-us-2596279.html
THE ECB could unveil a new support package for Ireland’s banks as early as next Thursday — if the results of the stress tests are bad enough to create panic about the state of the banks.
http://www.independent.ie/national-news/ecb-prepares-to-put-new-bank-support-deal-in-place-2595425.html
Even if they do get agreement from the Europe to proceed, the most optimistic scenario is that Ireland would force the investors to take an 80pc cut on what they are owed.
All in all, the Government would claw back less than €20bn by refusing to pay back the banks’ lenders, or the so-called bank bondholders. It’s something that would have been unthinkable mere months ago; but if the results of next week’s stress tests are bad enough and we can’t get sufficient help from Europe, they may be left with little choice.
http://www.independent.ie/national-news/investors-face-sharing-bailoutbill-pain-2595488.html
Banks ‘will need an extra €50bn’ to cover losses .
http://www.independent.ie/business/irish/banks-will-need-an-extra-euro50bn-to-cover-losses-2596248.html
dissy dit :
27 mars 2011 à 21:36
« Merkel et Sarkozy battus ce soir, c’est tout un symbole de la ‘rigueur’ qui semble fatale à ceux et celles qui gouvernent. »
La rigueur… Quelle rigueur y a-t-il dans des restrictions budgétaires dogmatiques et idéologiques ?
La rigueur voudrait que l’on analyse en profondeur tous les paramètres, pour voir ce qui est réellement apte à éviter les gaspillages, car il y en a, et à améliorer l’efficacité des investissements publics en tenant compte de tous les aspects, pas seulement en prenant les dépenses publiques comme bouc émissaire, comme le font les néolibéraux
La rigueur ça voudrait parfois dire dépenser plus maintenant en éducation et en services de santé ou en infrastructure publiques de manière à dépenser moins dans le futur pour essayer de réparer les dégâts de restrictions budgétaires aveugles appliquées aujourd’hui sans discernement à tous les investissements publics matériels ou immatériels, comme dans les formations des agents de la fonction publique ou des politiques de soutien aux agents de la fonction publique qui se sentent à l’heure actuelle bien abandonnés. Voir la baisse des candidatures à des postes dans l’enseignement public… Sans profs comment va-t-on former les futurs citoyens et travailleurs de demain?
Je ne vois pas de rigueur dans ces politiques de restriction budgétaires, générales , brutales, primaires et électoralistes, qui de plus n’aboutissent même pas à leurs buts… Voir l’abstention et la montée du FN et des partis extrémistes de droite partout en Europe… Allez expliquer à un chômeur ou à un salarié sous-payé, qu’il ne faut pas désespérer les marchés par des politiques sociales ou des hausses de salaires et que c’est pour ça qu’on réduit les budgets…
J’espère que l’ensemble des forces de gauche vont proposer une vraie politique de rigueur au sens propre du terme, donnant des pistes de réfection constructives sur lesquelles les citoyens français pourront vraiment choisir…
Le problème c’est que les querelles de personnes ou de chapelles (je pèse mes mots) ont fini par désespérer bien des citoyens.
Il y en a marre de la politique spectacle et de ses luttes entre vedettes : Vous voulez être élu, mais pour quoi faire? qu’avez-vous à proposer que les autres ne proposent pas ou mal?
Autant je voudrais bien proposer gratuitement mes quelques compétences acquises au travers de nombreuses années de travail salarié et de participation à des associations sans but lucratif à caractère social pour un véritable projet et même participer à la construction de ce projet, autant je ne suis pas du tout intéressé à me ranger derrière la bannière de tel ou tel individu et de ses promesses, si elles ne sont pas accompagnées d’un projet. Projet auquel je suis prêt à apporter des critiques constructives et des éléments nouveaux ou complémentaires s’il semble aller vers plus de justice sociale.
Notez que je ne suis pas intégriste, si le projet va déjà dans le bon sens, selon moi, « plus d’équité sociale », je pousserai dans cette direction. Je n’attendrai pas le projet parfait, selon qui d’ailleurs?
Peut-être qu’avec des propositions de vrais projets, à gauche comme à droite, les électeurs de gauche comme de droite, retrouveraient le chemin des urnes. Dans la situation actuelle avec des querelles de personnes primant sur des débats d’idées, le « tous pourris » semble l’emporter, comme le montrent les derniers résultats aux cantonales : abstention record en particulier.
Mais n’y a-t-il pas aussi une faiblesse dans l’instruction civique. En me rendant au bureau de vote ce matin, une personne m’a demandé c’est quoi les élections cantonales? A quoi ça sert?
Dans le bureau de vote, le président de bureau a dû insister pour que l’électeur aille dans l’isoloir pour mettre son bulletin de vote dans l’enveloppe. L’électeur ne voulait pas le faire, il ne comprenait pas que sa liberté de vote risquait d’être amputée par son geste de mise du bulletin X ou Y dans une enveloppe, devant des observateurs pas tous bienveillants.
D’une manière générale le manque d’intérêt pour des élections comme celles-ci m’inquiète car cela est pourtant l’endroit où devrait s’exprimer une volonté proche del a réalité de terrain, les conseillers généraux ayant à prendre des décisions qui concernent directement les citoyens de base, les programmes sociaux pour les personnes handicapées, âgées, les transports publics locaux, les et plus généralement les services publics locaux. Cela mine mon espérance en une société civile guidant des décisions en partant de la base, au lieu de se les voir imposer par des autorités nationales ou européennes… Les décisions nationales ou européennes devraient dans ma vision de la politique n’être que les émanations de la volonté de la société civile de base et non le résultats d’élucubrations de technocrates ou d’Eurocrates patentés…
Paul
En Belgique le vote est toujours obligatoire, mais malgré cela il y a une abstention ‘cachée’ comme honteuse.Selon des informations non confirmées +- 15 pct des électeurs ne seraient pas allés voter lors des dernières élections(faut dire que 300 jours après il n’y a toujours pas de gouvernement).Mais il y a quelque chose qui me dérange aussi dans le vote ‘obligatoire’ sous peine d’amende voire théoriquement de prison(…)
J’aime avoir la liberté de choisir, un vote obligatoire peut renforcer un vote sanction pour des extrèmes(car on se dit: m..ils m’obligent à perdre mon temps par ce beau dimanche, tu vas voir pour qui je vais voter, ils vont le regretter).
Concernant les cantonales en France, la participation fut faible c’est vrai, mais les gens ne se mobilisent plus que pour la présidentielle car ils pensent que c’est l’Election décisive.
Ceux qui se sont fait avoir par le sarkoshow en 2007, je suppose ne l’oublirons pas en 2012?
Mais tout est relatif car avec l’Europe, combien de décisions sont encore prises au niveau national?C’est surement une partie du problème non?
Pour info: brève interview d’Attali sur la Radio publique belge. Il est inquiet de l’état de nos économies (sic) et voit 2 solutions pour en sortir:
1) sa vielle idée cosmopolite d’une espèce de gouvernement mondial… Bon, chacun peut avoir ses petites manies mais il prône aussi d’:
2) arrêter de concentrer l’argent dans les mains de moins en moins de monde et de le remettre dans les poches des gens du commun qui ne savent plus consommer par manque.
Comme quoi, la présence du blog de Jacques A. sur la colonne à droite ne serait pas un hasard…
La relance de la croissance par la consommation : vieille idée mais qui vient trop tard et qui n’est pas une réponse à la contradiction interne du capitalisme.
Marlowe
Puisque l’inflation due à la planche à billet états-unienne et à la raréfaction (et donc au renchérissement) des non-renouvelables (et aussi des renouvelables plus lents à se renouveler que la croissance démente) accroît la généralisation de la pauvreté, le partage des sous peut aussi servir à éviter la misère du plus grand nombre (version jorionesque de la redistribution, si je ne m’abuse).
@ Alain A
Le partage des sous serait la pire des choses s’il n’est pas accompagné d’une transformation radicale du système pour aller vers une prospérité sans croissance.
Je pense que les deux premières choses à faire seraient d’interdire la spéculation et abolir l’intérêt sur le capital.
Des 2, PJ et JA c’est celui qui a la plus forte conviction qui gagne au final (ou plutôt jusqu’au prochain changement de vent, mais je pressens que ce dernier mettra du temps à tourner).
Au fait, c’est peut-être une commission Bébéar-Jorion-Peyrelevade qu’il faudrait réunir… : http://0z.fr/OXfEa
Un seul pays a choisi cette fenêtre de tir en votant par référendum contre le plan d’austérité que voulaient imposer les anglo saxons et le FMI.Après cela ils ont créé des banques nationalisées à des cours très favorables pour canaliser les dépôts, en laissant les banques anciennes se débrouiller avec les créances pourries.
En résumé ils ont restructuré leur dette en refusant « le too big to fail » pour le remplacer par « le too big to save ».
On ne parle aujourd’hui dans les médias que de la Grèce du Portugal ou de l’Irlande, mais où est donc passée l’Islande?
Trop petit, l’Islande (300.000 habitants, moins qu’à Nice ou Toulouse)…
En tout cas suffisamment petit pour que nos médias se croient autorisés à passer sous silence cet exemple…
Mais tout de même, le symbole est très fort, et le geste radical, et nos médias bien fautifs.
Trop petit certes mais la société islandaise déniaisée a su résister à une gauche libérale qui avait remplacé les ultra libéraux ,au pouvoir depuis 1990, d’avoir amené leur pays au bord de la faillite .Ils ont provoqué le référendum à la suite d’ une pétition qui rassemblait plus de 20% de la population comme leur constitution le leur demandait.L’élection d’une assemblée constituante le 27 nov.2010 chargée d’écrire leur nouvelle constitution, traduira sans doute leur colère contre le capitalisme.La maturité politique de ce petit peuple dont le PIB par habitant égal à celui de la Suisse,présente un aspect révolutionaire.Il constitue un mauvais exemple pour les pays qui bon gré mal gré doivent passer à la caisse après avoir sauvé le systême bancaire.
Ce ne sont pas les journaux de Dassault, d’Arnaud ou de Lagardère qui vont leur faire de la publicité.
Islande: 2° référendum pour refuser (ou accepter) le paiement de la dette le 9 avril, surveillons la presse du 10, pour voir.
Islande: referendum http://www.robert-schuman.eu/oee.php?num=685
Nul doute que la réponse sera:
« si la dette ne peut pas être payée, elle ne le sera pas »
Joli papier, simple et concis. Faudrait peut-être développer en quelques mots l’idée d’harmonisation (et de justice!) fiscale intégratrice pour l’Europe, et celle de la dévastation, pour nous, de l’économie via l’éclatement de l’Euro et pour les autres de l’effondrement prévisible (et simultané?) du dollar.
A propos de J Peyrelevade, tout le monde ne partage pas l’analyse qui en ferait un « économiste fréquentable » :
Ainsi : Frédéric Lordon
dans « A propos de 10 points de PIB
Le paradoxe de la part salariale »
Il faut avoir la bonne mine de Jean Peyrelevade pour soutenir face caméra sourire aux lèvres que la part salariale n’a pas varié « depuis cinquante ans » [1]. Il est vrai que Jean Peyrelevade est le seul à dire aussi ouvertement que la part des salaires dans la valeur ajoutée est bien trop élevée et qu’il s’agirait qu’elle rende au plus vite 3 ou 4 points au profit [2]. Admettons qu’il y a là un certain courage dans la joyeuse provocation, à moins qu’il ne s’agisse plus classiquement d’une combinaison de persévérance dans l’erreur caparaçonnée et de certitude de soi. Il est aussi le seul à ne pas avoir vu que, de 1970 à aujourd’hui, la part salariale a connu un formidable coup d’accordéon, avec une croissance très forte de 1970 jusqu’au point haut de 1982, suivie d’une décrue encore plus forte dont l’essentiel est acquis dès la fin des années 80. suite sur son blog
http://blog.mondediplo.net/2009-02-25-Le-paradoxe-de-la-part-salariale
+1
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Selon le journal espagnol « El Pais », les administrateurs de l’agence Moody’s ont eu des salaires e bonus records en 2010.
Le salaire du président da la dite agence aurait augmenté de 69%, soit 9,15 millions de dollares; les 5 administrateurs de la Moody’s avec les revenus les plus elevés auraient reçu 20 millions de dollares, soit une augmentation de 60% par raport à l’année précedente.
Selon le même journal les dirigeants da l’agence auraient reçu de double par raport à l’année 2005.
Conclusion de Frédéric Lordon écornant, c’est facile, le torchon moribond -et néo libéral -qu’est devenu Libération :
(…) a frange supérieure du grand capital mise à part, l’épaisseur du tissu productif n’a pas vu sa répartition profondément altérée depuis la fin des années 80. Or c’est cette « épaisseur » qui, dans la statistique d’ensemble, l’emporte de son poids écrasant et « fait » le résultat final. On comprend mieux pourquoi le résultat en question ne rend, tel quel, aucune justice à l’état véritable des choses, et masque en particulier l’approfondissement de la régression salariale, alors qu’en surface le partage semble stable ou presque. (… Evidemment, voir les choses sous cet angle demande de se déprendre du mouvement de satisfaction qui, pareil à celui du canasson trop content de retrouver le chemin de l’écurie, s’empare de tous ceux qui, passablement chahutés par la crise, trouvent là le moyen d’en revenir avec soulagement à leurs fondamentaux un instant perturbés : « allez, ce monde dans lequel nous vivons, il n’est pas ce qu’on en dit ; à entendre la bronca, nous avons failli avoir peur : les gueux deviennent agressifs, voilà qu’ils réclament ; vérification scientifique effectuée, ils n’en ont aucun motif, il va suffire de leur expliquer ». C’est ainsi depuis deux décennies, et ils ont tellement envie que ça dure encore un peu… Sur la base de la lecture la plus superficielle et la plus rassurante, Grégoire Biseau, dans Libération [17], s’inquiète de ce que « Hamon et Besancenot s’indignent un peu vite » à propos du « partage salaire-profit ». Mais de Libération, depuis les cris de joie de « Vive la crise » jusqu’aux fulminations du TCE, il y a beau temps qu’on n’attend plus rien et qu’on n’est plus surpris de rien. Disons que Grégoire Biseau, lui, s’indigne un peu lentement et qu’avec ceux qui s’indignent un peu plus vite, ça fera une moyenne. La rubrique où son article est publié, cependant, revendique de s’intituler « Désintoxication ». Il est vrai que depuis tant d’années, l’obscène orgie salariale a bien mérité le dépuratif – ces gens-là se goinfrent jusqu’à des dizaines d’euros. L’idéologie de la jouissance salariale a fait tant de mal, il est bien temps de passer le bicarbonate. « Désintoxication », « salaire-profit », « indignés un peu vite »… On l’entendrait dans la bouche de Laurence Parisot, on n’y croirait même pas.
Grégoire Biseau, « Partage salaire-profit : Hamon et Besancenot s’indignent un peu vite », Libération, 18 février 2009.
Tiens j’ai entendu une citation des frères Lumières aujourd’hui, texto :
« La tuberculose fait vivre plus de gens qu’elle n’en tue » si ma mémoire est exact…
C’est une belle image du PIB non ?
Il semble qu’il gagnaient pas mal d’argent sur les premières radiographies pulmonaires…