Ce texte est un « article presslib’ » (*)
17/01/2011 – Paul Jorion – BFM Business – Intégrale Bourse
envoyé par PJorion_BFMRadio. – Regardez les dernières vidéos d'actu.
Chacun s’accorde à reconnaître que la cupidité est néfaste et constitue un danger et qu’il vaudrait mieux interdire les comportements cupides. Depuis le début de la crise, rien n’a encore été fait pour la brider mais un consensus existe en tout cas quant à la nécessité de la mettre hors d’état de nuire. Si la crise devait à nouveau s’aggraver, nul doute que la cupidité se retrouverait rapidement au ban des accusés et que des mesures seraient à nouveau envisagées – voire même prises.
Il en va tout autrement de la protection de son patrimoine. Protéger son patrimoine est considéré non seulement comme un devoir mais quasiment comme une vertu civique. Le « bon père de famille » des textes juridiques est un homme responsable qui cherche à faire fructifier son capital, et poussé dans ses derniers retranchements, veillera en tout cas à le protéger – à « légitimement le protéger », tiendra-t-on à préciser. Or il n’existe pas de recettes sûres pour protéger son capital et dans un contexte où le patrimoine a atteint un degré extraordinaire de concentration, la moindre erreur d’appréciation dans une stratégie de couverture du risque portant sur une position considérable sur un marché (on pense à Anthony Ward, surnommé « Chocfinger », qui parvint à accaparer 10 % du marché du cacao en 1996) fera que la frontière entre cupidité pure et tentatives désordonnées de protéger son capital devient extrêmement ténue.
Un des principes les plus communément admis depuis la formulation du « modèle de choix de portefeuille » par Harry Markowitz dans les années 1950 est le caractère bénéfique de la diversification d’un portefeuille boursier : différents produits se comportent différemment et augmenter la diversification permet de maximiser le profit si l’on est prêt à assumer un risque d’un niveau déterminé.
Mais la donne se modifie dans un contexte de crise, quand les corrélations négatives entre prix de produits différents, qui permettent justement les stratégies de diversification, s’évanouissent parce que le comportements de ces produits se synchronisent : tous les prix se corrèlent à la baisse tant que la situation s’aggrave et se corrèlent immédiatement à la hausse aussitôt que le marché rebondit. Le spéculateur peut tenir compte de cette nouvelle donne en pariant globalement à la hausse ou à la baisse. La stratégie de pari global à la hausse a été facilitée par la mise en place des produits dérivés que sont les indices constitués de « paniers » de matières premières sur les marchés à terme ; les « fonds longs » parient systématiquement sur la hausse sur ces indices.
Dans le contexte actuel d’un désordre monétaire absolu dû à deux facteurs, d’une part, au sein de la zone euro, à la faiblesse de certains pays et de certaines banques et d’autre part, aux États-Unis, à la dépréciation orchestrée du dollar par la Federal Reserve dans le cadre d’un assouplissement quantitatif, les détenteurs d’avoirs en dollars chercheront à se couvrir contre sa dépréciation en adoptant une position « longue » (acheteuse) globale sur les marchés à terme de matières premières en participant à ces « fonds longs » ; ce faisant, ils contribueront à pousser l’ensemble de ces prix à la hausse. Quoi de plus raisonnable en effet pour les « bons pères de famille » dont les « petites économies » (les économies d’un « bon père de famille » sont toujours « petites ») sont libellées en dollars que d’aller parier à la hausse sur le prix des matières premières quand la Federal Reserve fait tourner la planche à billets dans le but – tout aussi « louable » et « légitime » – d’exorciser le pays contre le spectre de la déflation et de relancer son économie ?
Au premier rang des déclencheurs des événements récents en Tunisie, le renchérissement du coût de la vie lié à la hausse du prix des matières premières. Existerait-il alors un rapport entre ces événements et la spéculation sur les marchés à terme des matières premières, ou encore avec les « fonds longs » présents sur ces marchés qui misent systématiquement sur une hausse des prix dans une perspective de couverture contre la dépréciation prévisible du dollar ? Autrement dit, le « printemps tunisien » a-t-il été déclenché par l’irresponsabilité nationaliste de la Federal Reserve et le désordre monétaire international qui s’ensuit ? Si ce devait être le cas, les gouvernements devraient impérativement penser aux conséquences inattendues de leur temporisation dans la réglementation de la spéculation sur les marchés à terme des matières premières.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
142 réponses à “BFM RADIO, LUNDI 17 JANVIER 2011 À 11h39 – Tunisie et bons pères de famille”
LIVE LIVE LIVE CONFERENCE DE PRESSE EN DIRECT
The press conference with Julian Assange on Julius Baer whistleblower Rudolph Elmer who plans on releasing information on « over 2,000 » high net worth tax evading individuals, which we discussed this weekend, has started. It can be watched below.
Julian Assange Press Conference With Julius Baer Whistleblower Rudolf Elmer Begins
Merci Dissy !
http://www.tsr.ch/video/info/journal-12h45/2901318-ge-lundi-matin-quelques-tunisiens-de-suisse-ont-tente-de-bloquer-un-client-qui-selon-eux-serait-venu-vider-les-comptes-de-la-famille-ben-ali.html#id=2901318
Eh oui…
Une chose assez intrigante : on s’émeut de ce qu’il se passe en Tunisie, par contre on s »indigne de ce qu’il se passe dans les banlieues quand la jeunesse issue de l’immigration se révolte. Bien que les systèmes politiques diffères, l’exclusion et la précarité sont pourtant les mêmes.
A moins que…
Les Tunisiens sont en avance même pour le BANK RUN : comme la Zeitouna bank appartient au gendre de Ben Ali, ils sont bien décidés à récupérer leurs économies et tout de suite !
(source: tweet suivant: @e_n_j_y Je suis passée à La Marsa tout à l’heure, la circulation était dense, les files d’attente devant les Banques impressionnantes #tunisie).
Leur cas est aussi un test pour voir jusqu’où ira la « justice internationale » (moribonde autant que le programme du CNR), car comment espérer que l’Arabie Saoudite, Dubai, le Qatar et le Canada
livreront les membres de la famille régnante ?
http://blogs.ft.com/beyond-brics/2011/01/17/tunisia-economic-implications/
Le FT sur les implications économiques.
Encore un peu et il va falloir qu’ils inventent aussi la réponse à apporter aux agences de notation.
On a bien un problème de compatibilité entre ultra-libéralisme et démocratie (comme le montre la vidéo dont le lien est donné par Dissy ci-dessus) et par conséquent une troisième voie à inventer.
Contagion dans les pays Arabes en cours:
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110117.OBS6335/les-pays-arabes-redoutent-une-contagion-de-la-revolte-tunisienne.html
c’est une vraie contagion…le nombre d’immolations est impressionnant…la panique est générale parmi les régimes arabes…je crois que si un deuxième pays connaît le même mouvement dans les prochaines semaines, tous les régimes vont s’écrouler d’une manière ou d’une autre…
La BCE a acheté pour plus de 2,3 milliards d’euros d’obligations publiques
lundi 17 janvier 2011, 16:03 belga
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé lundi avoir acheté la semaine dernière pour 2,313 milliards d’obligations publiques de pays de la zone euro, un chiffre en forte hausse par rapport aux semaines précédentes. Lundi dernier, la BCE avait annoncé avoir acheté pour 113 millions d’obligations la semaine précédente. Cette accélération de son intervention, pour soulager les pays confrontés à la défiance des investisseurs, et plus particulièrement le Portugal, n’est pas une surprise : plusieurs opérateurs de marché avaient indiqué la semaine dernière que la BCE était intervenue plus massivement sur le marché obligataire.
Cette révolution tunisienne m’a rappelé qu’Emmanuel Todd, en collaboration avec Youssef Courbage, avait publié il y a quatre ans de cela qui s’appelait le rendez-vous des civilisations et qui à travers le prisme démographique (indice synthétique de fécondité, taux d’alphabétisation des femmes) essayait de dessiner le futur politique des pays arabo-musulmans : l’exemple de la Tunisie était frappant puisque ce pays en trente ans avait réussi sa transition démographique et était tombé à un indice de fécondité de 2. L’Iran a connu depuis la révolution islamique le même sort. La France historiquement a été le premier pays où la transition démographique a commencé avec dès le milieu du XVIIIe siècle une baisse sensible de la fécondité dans le bassin parisien qui allait devenir l’élément moteur de la révolution française. Cette baisse de la fécondité était explicable par la baisse du sentiment religieux. C’est ce qui se passe en Tunisie…bien évidemment le désarroi économique et social a été l’élément déclencheur d’une telle révolution mais elle était inéluctable. D’autres pays connaîtront le même sort dans les mois et années qui suivent d’autres pays suivront cette voie.
Il n’empêche que vous disiez l’année dernière qu’on était en 1788…dorénavant, les Tunisiens sont passé en l’an 1789…
Flambée des prix alimentaires : mêmes causes, mêmes effets
http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/140111/flamblee-des-prix-alimentaires-memes-causes-mem
La médaille du bon père de famille s’est transformée en breloque d’infamie
http://www.youtube.com/watch?v=xEA9X6j7b_U&feature=player_embedded#
Excellent!…Un visionnaire ce DSK…Visionnaire je vous l’affirme …Merci Argeles 39…Je fais passée la vidéo en boucle dans mon entourage…DSK carbonisé…(°!°)…
DSK, rigolade, il fait son (sale) job, point. Par contre ya les zélés, le clan des « Tunes », des amis de la « Tunifrance », Delanoé, Bartolone, Seguin, Fredéric Mitterrand, Lellouche… Le Point.fr 2003…
Marie Audran Le Point.fr, 2003.
C’est beau le tourisme…
Le capital est l’une des modalité de lutte contre le néant, à côté de l’écriture, de l’art, et de la progéniture. Tout remonte à la surface du capital, tout se convertit en argent, ou alors comme le dit Mallarmé, tout doit finir dans un Livre. Cette obsession de construire quelque chose de durable, c’est la racine de l’accumulation. Ce sont des questions vitales, ne pas perdre le temps, – « le temps retrouvé », transformé, solidifié, coagulé en capital, oeuvre d’art, mémoire, poésie, qui sait…. Lorsqu’on est hanté par la dimension de la perte, ça devient sérieux. Sans doute est-ce cela le symbolique, que pointe Lacan, d’où la jouissance féminine est plus ou moins exclue (et la drogue) … vivre sans but, tel serait le but, vivre comme un enfant, un âne… L’obsession de construire revient à fixer le début de « la vraie vie » dans un futur qui n’arrivera jamais. Le sort de la majorité des adultes. Toujours un coup d’avance sur le réel, incapables de vivre. La grande peur du futur qui saisit à la nuque
Lutter contre le néant est une aliénation parmi d’autres.
Pourquoi ne pas tenter de ne satisfaire que les besoins naturels et nécessaires ?
Manger quand on a faim, boire quand on a soif.
Et s’en contenter, dans tous les sens du terme.
Dans tous les sens du terme, vous venez de faire un con tenté; m’en va de ce pas en toucher deux mots à mon Philosodendron… en lui portant à boire.
Bonsoir,
En ce qui concerne les évènements tunisiens, ils étaient prévisibles et prévus d’ailleurs depuis 2008. Voir ici :
http://anneemaghreb.revues.org/923
Certains chercheurs tiraient 5 leçons des évènements intervenus dans le bassin minier de Gafsa en 2008 :
– une révolte basée sur le syndicat officiel (UGTT), dont les structures locales de base sont loin de collaborer autant avec le régime que celles de la direction générale
– une opposition « traditionnelle » (intellectuels et ONG) coupée de la population et dépassée par la révolte née par d’autres canaux
– une révolte née des couches les plus populaires, de la « base » de la société, certes inorganisée mais très déterminée et surtout impossible à bloquer pour un pouvoir habitué à lutter contre des structures militantes classiques
– une révolte largement soutenue par la diaspora tunisienne, en Europe et en France
– des structures sécuritaires engluées dans des habitudes de répression (mélange d’achats et d’incarcération des meneurs) obsolètes face à la structure d’une révolte massive de la base.
Je cite un extrait de l’article :
» à trop nous focaliser sur les révolutions de Palais, les intrigues au sein de la famille (Ben Ali, Trablesi, Chiboub…), les querelles incessantes entre les leaders de l’opposition, l’attitude des soutiens occidentaux de la Tunisie officielle (USA, France, Italie, etc.), n’a-t-on pas trop rapidement écarté l’hypothèse d’un changement politique « par le bas » dans les prochaines années en Tunisie ? »
et sa conclusion :
« In fine, ce que révèle la révolte du bassin minier, c’est l’emballement de la machine sécuritaire du régime et son incapacité à faire face à un mouvement social d’extraction populaire. En effet, depuis un certain nombre d’années, s’était installée en Tunisie une sorte de « routine sécuritaire » qui consistait à réprimer les oppositions « classiques », les défenseurs des droits de l’Homme et, ponctuellement, les manifestations de rues organisées par les syndicats étudiants et salariés. De ce point de vue, les rapports des ONG et les communiqués publiés par les associations indépendantes tendaient à refléter une certaine accoutumance à la répression, non que celle-ci soit considérée comme légitime ou normale, mais parce qu’elle devenait banale dans ses formes et ses méthodes. Or, confronté à une « révolte par le bas », animée non par des « professionnels de la contestation » mais par des citoyens ordinaires, les réflexes sécuritaires du régime ont été mis à l’épreuve, contribuant à se dévoiler au grand jour et, par effet de feed back, à accorder au mouvement social une victoire symbolique. N’est-ce pas là le signe d’un ébranlement du Pacte de sécurité23, ce contrat social implicite entre l’État et le peuple, que certains auteurs ont longtemps considéré comme le principal moteur du régime de Ben Ali ? »
Intéressant de voir que comme en économie, il suffit de chercher (brièvement) dans les travaux des spécialistes pour trouver des prévisions très proches de la réalité.
Pourquoi ne sont-ce pas ces gens-là qui sont invités à la télé au lieu de ceux qui n’ont rien vu venir ?
Cordialement,
CM
En Tunisie comme ailleurs il ne faut pas confondre révolte et révolution.
Sans préjuger du développement à venir, il suffira de voir ce que feront les pays influents pour savoir si la situation est révolutionnaire ou pas.
Tant qu’ils n’interviennent pas c’est que la direction démocratique indiquée est suivie.
Si le mouvement populaire veut se débarrasser de tous les dirigeants qui veulent le museler, et même de ceux qui prétendent le contraire, les interventions se feront au nom de la démocratie et pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos.
La seule possibilité de déboucher sur une « révolution » est que le mécontentement et la révolte gagnent d’autres pays, en Afrique ou ailleurs.
Beaucoup de révoltés pourraient se contenter de la victoire qui consiste à avoir chassé un dictateur, qui, certainement, commençait à beaucoup déplaire, et pas seulement en Tunisie.
Les forces qui agissent dans la mondialisation vont leur conseiller vigoureusement de se contenter de ce succès.
Quant je dis que les gouvernants disent n’importe quoi n’importe comment, et aussi bien le contraire le lendemain, les médias françaises, au moins Canal +, mais c’est un média qui compte, ont mis en avant la vitesse et l’indécence avec lesquelles les actuels propriétaires de l’état français ont retourné leur veste à propos de la Tunisie et de la capacité de la France d’y rétablir l’ordre.
« Tant qu’ils n’interviennent pas c’est que la direction démocratique indiquée est suivie. »
Tout à fait, Marlowe. D’ailleurs, mis à part le Ben Ali et sa rapace de femme, les plus présentables restent aux postes de commande. Ils y ont ajouté quelques membres de la fausse opposition (la vraie est en prison ou en exil) à des postes mineurs. Un ravalement de façade, quoi.
Si d’aventure, cela se transforme en vraie révolution démocratique, nul doute que les pays influents dits démocratiques interviendront pour sauver « la démocratie ». Et peut-être pas qu’en fournissant du savoir-faire policier.
On ne peut qu’être cynique devant tant de rouerie.
à Moi,
Non, pas cynique, réaliste, malheureusement.
@ Marlowe
La révolution tunisienne ne pourrait être pérennisé que s’il y a contagion du mécontentement… les trois pays qui me semblent les plus bouillonnants sont l’Algérie, l’Égypte et la Jordanie. En Égypte, la seule alternative réside dans les frères musulmans, et vu la position stratégique de l’Égypte au proche-orient, quelles seraient les réactions internationales ? Moubarak est vieillissant et malade et la lutte pour sa succession a déjà commencé. Son fils serait le parfait candidat des ultra-libéraux et un gage pour l’institution militaire. Baradeï, l’ancien chef de l’AIEA pourrait être une alternative crédible. Je ne vois pas le roi de Jordanie se faire renverser mais il pourrait lâcher un peu de lest d’un point de vue des droits politiques, ce qui pourrait suffire. L’Algérie est en situation d’extrême tension. La police est en état d’alerte, le régime fait importer plusieurs centaines de tonnes de blé en urgence, des chômeurs s’immolent par désespoir et au sommet deux clans s’opposent…mais il est impossible de dessiner une alternative crédible à Bouteflika, sauf peut-être une partie des officiers de l’armée qui n’en peuvent plus de la dérive du pouvoir et qui n’acceptent que très mal la corruption du régime qui pourraient permettre une transition démocratique pacifique…
@l’albatros: « La révolution tunisienne ne pourrait être pérennisé que s’il y a contagion du mécontentement… »
Pérennisée alors qu’elle n’a pas encore eu lieu? Il y a une possibilité que ça arrive mais on en est encore loin, ne serait-ce qu’en Tunisie. D’ailleurs, le peuple tunisien n’est pas dupe. Un des chefs de l’opposition (la vraie, pas celle à la solde des gens au pouvoir) a parlé de mascarade. On en est là pour le moment. Si le pouvoir arrive à temporiser quelques mois comme il en a l’intention, il aura gagné et ils se débrouilleront pour que les prochaines élections soient du même tonneau que les précédentes. Ils s’arrangeront pour mettre un gars qui fasse l’unanimité parmi les rapaces et assez présentable pour gruger les opinions publiques occidentales (ce qui n’est pas bien difficile, ils joueront sur la corde sensible du féminisme, la peur du Taliban ou un truc dans le genre), ils réuniront une grosse manif avec les bénéficiaires du statu quo et le tour sera joué. Il faut juste qu’ils réussissent à maîtriser les exclus du système sans trop faire couler le sang. Pour ça: beaucoup de promesses et temporisation, ça marche à tous les coups.
Par contre, si le mouvement fait tache d’huile en Algérie et/ou en Egypte, ça pourrait rendre les choses bien plus difficiles pour eux.
@ Moi
J’ai un souci…
1) Troisième phrase :
2) Huitième et neuvième phrases :
Faudra vous mettre d’accord entre Moi et Moi, avant d’espérer un accord entre Moi et moi.
@vigneron: je vois pas la contradiction. Le peuple n’est pas dupe maintenant, c’est un fait, puisqu’il n’est pas satisfait et réclame encore la dissolution du parti de Ben Ali. Ce qui ne veut pas dire qu’il restera dans cet état. Si on lui fait des promesses de manière adroite et qu’ils temporisent en lâchant un peu de lest, ben le peuple y croira. Parce qu’être dans la rue à se ramasser des balles, ça fatigue et ça donne envie de croire aux promesses. Sans oublier tous ceux qui ont quelques biens et que le désordre inquiète. La seule chance, minime, c’est que le mouvement s’étende aux pays limitrophes. Mais c’est vraiment minime vu que ce mouvement-ci a réussit uniquement parce que l’armée a lâché Ben Ali. Jusqu’à maintenant ça ressemble donc plutôt à une révolution de palais (avec bénédiction US y comprise).
Enfin bon, je peux avoir tort, c’est juste un avis (mais dans lequel il n’y a aucune contradiction).
@ Moi
J’avais bien saisi que vous n’aviez pas osé ajouter » maintenant « , sous-entendu » pour le moment » à votre première phrase, » D’ailleurs le peuple tunisien n’est pas dupe, » maintenant « , « pour le moment « .
Votre réponse ne fait que confirmer mes doutes quant à votre scepticisme « fondateur », ou plutôt devrais-je dire votre certitude, votre foi absolue dans la naïveté, l’aveuglement congénital des peuples. Difficile de prétendre défendre la démocratie et encore moins la révolution sur de telles bases. Votre masque de « réalisme sceptique » mâtiné de cynisme désenchanteur ne saurait occulter la réalité de votre prédicat pseudo-platonicien, de l’attribut essentiel que vous affectez gracieusement au peuple en tant que substance politique : le peuple est une masse informe, indéfinie et insensée, juste bon à être manipulé par quelque coterie ou caste oligarchique nationale ou impérialiste de plus ou moins bon aloi. La preuve ? Tout simple : elle ne pense jamais ou n’agit jamais comme Moi le voudrait, la Populasse, elle ne comprend rien, elle ne voit pas son intérêt, jamais, ou juste quand Moi a décidé qu’il en était ainsi ou condescend à l’admettre à demi-mot, soit « pour le moment« …
Pas seulement Cassandre semi-bienveillant ou tacticien borgne de cul-de-sac, mais briseur de rêves, briseur de grèves.
@vigneron: « votre foi absolue dans la naïveté, l’aveuglement congénital des peuples »
Du tout, il ne s’agit pas de naïveté mais de faiblesse. Relisez-moi: « Parce qu’être dans la rue à se ramasser des balles, ça fatigue et ça donne envie de croire aux promesses. »
Il y a croire par naïveté (c’est plutôt vous ça) et croire parce que c’est plus facile. Traditionnellement, le peuple ne se soulève que par désespoir, face aux abus, sous la colère, lorsqu’il est à bout. Il n’a aucune persévérance dans la résistance au pouvoir parce que le peuple ne cherche pas le pouvoir, il veut juste qu’on lui foute la paix et vivre tranquille. Et donc, il suffit de ne pas exagérer avec lui et il se calme, il refait confiance. Pas parce qu’il est naïf, juste parce qu’il est passif et qu’il n’est pas motivé par le pouvoir.
« le peuple est une masse informe, indéfinie et insensée, juste bon à être manipulé par quelque coterie ou caste oligarchique nationale ou impérialiste de plus ou moins bon aloi. »
Non, il n’est pas « juste bon à être manipulé », mais il est très souvent manipulé, de par sa nature.
« Pas seulement Cassandre semi-bienveillant ou tacticien borgne de cul-de-sac, mais briseur de rêves, briseur de grèves. »
Excellent. Extrêmiste va-t-en-guerre pour certains (la droite moraliste et naïve à la Jducac), briseur de grèves pour d’autres (la gauche bien-pensante et naïve à la vigneron). Cette association entre le libéral de droite et le libéral de gauche ne m’étonne pas du tout.
à Moi,
« libéral de droite », libéral de gauche » : seule l’étiquette change.
@ Marlowe
♪ ♪
♪ ♪
Voilà voilà… Ouais, c’est les soldes ! Valsez les étiquettes !
Et vous étonnez pas d’entendre la même rengaine venant du camp d’en face, genre :
« ♪ ♪ anti-libéral de droite », anti-libéral de gauche : seule l’étiquette change. ♪ ♪ » !
Genre t’vois !
J’me marre… ♪ ♪
Eh Jorion ! T’es anti-libéral ou t’es pas anti-libéral ?!!? Uh ? Posez la main droite sur « La Société du spectacle» et dites «je le jure» !
@ Moi
Merci, je suis bien aise de vos louables efforts de reformulation pour reconfirmation de votre évident vide d’essence, mais non d’aisance. Je n’en attendais pas moins de votre acharnement auto-Ego-thérapeutique. Mais je ne doutais pas moins non plus de vos capacités paraphraseuses ou paraphrastiques que de l’immuabilité de votre vanité. Le tout fait si bon ménage. Ménage de bon père de famille, of course.
à vigneron,
Je comprends bien votre haine de Debord et de ceux qui lui reconnaissent un grand intérêt.
S’il n’avait pas existé, ou si personne ne se souvenait de lui, vous auriez l’air beaucoup plus subtil.
Que voulez que j’y fasse ?
Permettez moi de faire remarquer qu’en ce qui concerne la perspicacité, le « détective situ » vous a doublé.
@vigneron: Ce que vous voudrez, vigneron. Je vais pas insister, vous allez nous refaire une troisième fois le coup des adieux, peut-être pour de bon, et ce serait dommage de se passer de vos bouffoneries (stylistiques, bien sûr). 🙂
@ Marlowe
Debord ? Haïr ?! Mais vous divaguez mon ami, vous situationnez de travers pour le coup. Pour le haïr encore faudrait-il auparavant qu’il me dérange le moins du monde, ce second couteau de l’intellectualisme débridée mais poussif. Ce concepteur de seconde main; Ce pouète de seconde zone. Second De Bord. Le Bord de l’imbitable fulmigène.
Si j’étais lui, ou Voyer, ou ailleurs, je serais plus crû, mais disons que même pour ce qui pourrait être de l’indifférence à noyer ou du temps à perdre, j’ai des violons de meilleure facture et aux âmes plus nettes en guise d’urinoir.
Interview d’un économiste tunisien enseignant à HEC Paris (et peut-être futur ministre de l’économie là-bas), en anglais, dans un média arabe, pour ceux que ca intéresse:
http://www.alarabiya.net/articles/2011/01/17/133890.html
Un prof d’HEC comme ministre des finances ! ça craint….
Mais alors…cet or ce 1,5T il est où?
Au hasard, notre bon père de famille suffisamment habile dans le maniement du mulot trouvera éventuellement son bonheur en lisant ceci qui est tout à fait anodin (du point de vue des carpes cela peut se discuter) :
http://www.pratique.fr/materiel-peche-carpe.html
De la même façon il trouvera ces conseils avisés pour placer ses revenus en excès fruit de son labeur (ce n’est pas un héritier, il travaille dur le bonhomme) :
http://www.pratique.fr/comment-investir-matieres-premieres.html
et sans en avoir conscience il contribuera peut-être ainsi à affamer des populations et éventuellement à leur donner la force de se libérer. De même le papillon battant vigoureusement ses petites ailes produit un imperceptible déplacement d’air qui peut-être provoquera quelque temps plus tard un ouragan à l’autre bout du monde.
C’est beau l’innocence…
« C’est beau l’innocence… »
… oui, m’enfin, surtout les mains pleines.
Tout de même ! 1,6 milliard d’euros , cette révolte ! Quel gaspillage !!
Voilà ce qui circule sur les écrans … Enfer et damnation ! …Nous attendons avec impatience le chiffrage des deux décennies benalistes …
C’est une très bonne question. Mon premier réflexe est de répondre « non » sans être très sûr de ma réponse, et avec des caveat.
Une banque centrale dispose de la contrainte du monopole sur son territoire seulement : les Americains sont obligés par la loi d’utiliser le dollar, et lorsque la Fed donne des grands coups de gouvernail, leurs décisions économiques sont ébranlées. Ce n’est pas le cas des Tunisiens. La Federal Reserve ne peut pas prélever un seigneuriage en Tunisie. Si les Tunisiens détiennent des dollars c’est par choix volontaire, parce qu’ils estiment – à tort ou à raison – que c’est une meilleure monnaie que la leur. Dans ce cas, les bénéfices que la Fed en retire constitue un profit, comme pour n’importe quelle entreprise dont le produit est vendu sur le marché. Sous cet angle, donc, la Fed ne cause aucun tort aux Tunisiens. S’il y a un problème économique en Tunisie, il faut en chercher la cause sur place. La balle est dans le camp tunisien.
D’un autre côté, les Etats-Unis sont suffisamment gros pour influencer les prix de toute la planète. C’est l’idée de votre article : la politique monétaire américaine incite les investisseurs à se réfugier dans les matières premières. Cette hausse spectaculaire des prix pénalise les consommateurs. Les actions de la Fed auraient ainsi des conséquences même à l’extérieur des Etats-Unis, dans des pays où elle n’a pas la contrainte du cours légal. La Fed est donc partiellement responsable des problèmes de la Tunisie (entre autres). La balle est dans le camp américain.
C’est vrai. Mais il y a un facteur qui aggrave les effets de la politique américaine dans le monde : c’est le fait que tous les autres territoires ont une loi de cours légal. Pour comprendre en quoi c’est un facteur aggravant, il suffit d’imaginer la situation inverse, sans cours légal, si les non américains pouvaient choisir la monnaie qu’ils utilisent, en fonction de leurs préférences, de ce que font leurs partenaires économiques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui : c’est leur gouvernement qui choisit pour eux. Dans une telle situation, les gens pourraient se débarrasser rapidement de leurs dollars s’ils n’ont plus confiance dans les autorités américaines. Le dollar s’effondrerait aux premiers signes d’ « assouplissement quantitatif » tandis qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas. Ce sont des banques centrales qui prennent la décision, et elles sont lentes à réagir, sans compter qu’elles ont leur propre programme d’assouplissement quantitatif…
Autrement dit, le cours légal qui existe partout dans le monde oblige les gens à détenir une quantité de dollars différente de celle qu’ils voudraient détenir. De manière générale, le cours légal consiste précisément à obliger les gens à accepter une monnaie à un prix différent de ce qu’ils voudraient. Dans ces conditions, ils cherchent naturellement à revenir vers une situation qui aurait leur préférence. Trop de dollars, alors qu’ils pensent que cette monnaie est risquée ? Je me couvre ! J’achète des matières premières ! Alors que le réflexe d’un acteur libre sur le marché serait de vendre ses dollars, dans un régime de cours légal on n’a pas d’autre recours que ce mécanisme de couverture. La demande internationale de dollars n’est pas décidée par les individus, mais par la BCE, la BOJ, BOE, la PBOC.
Autrement dit, la balle est aussi dans notre camp…
Un noeud gordien qui se dénoue comment ?…
Si c’est pas malheureux quand même, ils venaient de lancer un projet merveilleux à Tunis au mois d’Octobre dernier ! Avec des beaux emplois, 100 000 beaux résidents et des piscines et des bureaux et un hub financier offshore, leader pour toute l’Afrique, en bord de mer et pas loin du déjà existant premier hub aérien d’Afrique, avec des investisseurs aussi fiables que la valeur des stocks résiduels d’or noir. Un vrai paradis méditerranéen quoi ! Me dites pas qu’on va empêcher ça tout de même…
http://www.cfac.com.tn/actualites/lancement-du-premier-centre-financier-offshore-d-afrique
http://maghrebinfo.actu-monde.com/archives/article7016.html
Yo, de retour ?
vos vacances étaient cool ?
vous n’étiez tout de même pas en … …
… convalescence » ? Si si, mais pas de thune ici.
Soyez rassuré le 1,5T d’or n’est probablement perdu pour tout le monde et d’ailleurs, qui dit que tous ces merveilleux projets ne verront pas le jour.
[…] sur le site du Monde pour froncer les sourcils et du blog de Paul Jorion pour lire les nouvelles analyses. Deux petites lectures de messages sur Linked in et Viadeo, histoire de rire (jaune) en lisant […]
Soyez…Soie ï ons…La route de soyons soi.
Quand je vois la rapidité avec laquelle le régime Tunisien s’est effondré, je ne me peux m’empêcher de me poser les questions suivantes :
Quelle était la proportion de capitaux étrangers investis en Tunisie avant les premières émeutes ?
Ces capitaux se sont ils brusquement retirés durant l’intensification des mouvements de protestation ?
On peut aussi se poser la question : et après la révolte, quoi?
La répression du régime Ben Ali était si forte que, de facto, en Tunisie (je devrais dire en exil) les partis d’opposition sont peu structurés et peu organisés. A mon sens c’est une carence qui risque de coûter cher au peuple Tunisien. Pour faire tourner « la machine état » il faut des compétences et de la technicité, ce sera un frein pour l’épuration et les Tunisiens devront sans doute composer avec une partie de l’ancienne équipe (la moins compromise et la moins corrompue, mais néanmoins acquise à l’oligarchie). Je pense que c’est un obstacle pour aboutir à une véritable révolution.
En France on peut observer des gens qui sont sur des positions du type « élections pièges à cons », des gens qui fustigent la révolution citoyenne par les urnes et qui en appellent à une révolution par la rue. Moi je n’ai rien contre la révolution par la rue, mais j’ai la conviction qu’ensuite il faut avoir une solution de rechange pour vraiment passer de la révolte à la révolution. Cette solution de rechange, lorsqu’on a la chance d’être dans un pays relativement démocratique, autant la préparer à l’avance, avant les élections, c’est sans doute plus efficace (ce qui n’exclu pas à postériori la rue, pour pérenniser un résultat démocratique).
Très juste sur la lacheté d’un point de vue électoral en France, mais je suppose que l’intérêt croissant d’internet et de l’implcation des jeunes va changer la donne.
Les politiques (j’entends ici ceux qui sont ou pensent être prépondérants) ont raté leur rendez-vous, accrochés à une télé type « Love Story Tale ». Je suis persuadé que cela va leur coûter très cher et qu’ils seront submergés par des réseaux citoyens qui vont se développer de plus en plus et les submerger.
Au moins j’espère que ça aura la vertu de virer la langue de bois…
Joli schéma de la main-mise familiale sur la Tunisie:
http://yfrog.com/h7tkb4j
Pff, un petit dictateur à deux balles ça !
Chez nous, c’est pas pareil, il s’agit d’un réseau de relations permettant de servir au mieux les intérêts de la France : http://sarkostique.over-blog.com/article-4236818.html
Demain, un autre ami de la démocratie : http://fonzibrain.files.wordpress.com/2010/01/2401071702_7b52ed7e21.jpg
Après MAM, les agences de notations apportent elles aussi un précieux soutien au peuple de Tunisie :
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/reuters_00314913-s-amp-p-place-la-tunisie-sous-surveillance-et-abaisse-sa-note-a-bbb-.htm
les agences de notation préfèrent donc la corruption et ……