Le 7 février prochain, je participerai aux Entretiens de l’Institut Diderot consacrés à L’avenir du progrès. J’aimerais connaître votre sentiment avant de composer mon exposé et je vous propose comme trame pour la discussion un texte que vous connaissez peut-être déjà parce qu’il constitue l’épilogue de mon livre La crise (Fayard 2008 : 313-328).
Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres
Expliquer la nature en ses propres termes
On trouve sous la plume de Schelling cette pensée merveilleuse que l’Homme est le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même. Les manifestations de cette prise de conscience ont adopté des formes diverses selon les lieux et les époques, et au sein d’une culture particulière, telle la nôtre, révèlent un processus en constante évolution. Faut-il alors reconnaître l’ensemble de ces manifestations comme également valides, la nature ayant eu autant de manières de prendre conscience d’elle-même qu’il y eut d’opinions exprimées ?
Aux débuts historiques de notre culture occidentale (la Chine est différente), un trait des représentations que l’Homme se fait de la nature et de lui–même en son sein, est que les explications produites ne parviennent pas à rester confinées dans le cadre qu’offre la nature elle–même, elles ne peuvent s’empêcher de s’en échapper constamment et invoquent un au–delà de son contexte : une mythologie d’agents inobservables et proprement « sur–naturels » La plupart des systèmes de croyance traditionnels sont de ce type, qui doivent couronner leurs chaînes explicatives par un « primus movens », un dieu introduit à un niveau arbitraire de la chaîne et censé rendre compte en dernière instance d’une famille de phénomènes liés entre eux pour des raisons essentiellement affectives.
C’est là qu’il convient de situer le critère de qualité minimum que doit présenter une conscience de la nature par elle–même : qu’elle trouve à se déployer entièrement au sein de son propre cadre, sans aucun débordement. La distinction est simple et permet d’écarter une multitude de tentatives ne présentant sur le plan conceptuel qu’un intérêt « documentaire » – même si elles jouèrent un rôle primordial dramatique dans l’histoire de la race humaine.
La pensée chinoise traditionnelle (essentiellement athée) a accompli cette tâche et, au sein de notre tradition, Aristote est le premier qui réussit cette gageure en proposant un système complet, composé d’une part d’observations empiriques de la nature, et d’autre part de « raisonnements » fondés sur celles–ci. Avec la philosophie d’abord, puis avec la « philosophie naturelle » qu’offre la science ensuite, des représentations de la nature sont produites qui ne requièrent rien d’autre comme termes d’un raisonnement, que sa décomposition en ses éléments et la description de l’interaction de ceux–ci à différents niveaux d’agrégation.
Le raisonnement, c’est évidemment pour Aristote, la faculté d’engendrer le syllogisme, c’est-à-dire, la possibilité d’associer deux concepts par le truchement d’un troisième – le moyen terme – auquel chacun d’eux est lié. La Raison s’assimile à la puissance du syllogisme d’étendre par ce moyen la « sphère d’influence conceptuelle » de chaque terme de proche en proche, de syllogisme en syllogisme, de manière potentiellement infinie. Ce pouvoir, c’est celui d’exporter une certitude acquise au–delà de son cercle immédiat. C’est dans la prise de conscience de la puissance du syllogisme par Socrate, Platon et Aristote mais aussi par leurs adversaires sophistes, Protagoras et Gorgias, que réside le miracle grec : la capacité d’expliquer la nature en ses propres termes.
Le moyen que la nature s’est offerte pour se surpasser
Notre espèce est, il faut bien le dire, mauvaise et agressive. Mal protégée dans son corps, elle n’a dû qu’à sa prédisposition à la rage de survivre aux affronts de la nature dont elle est une part mais qui aussi, l’entoure, et comme pour toute autre espèce, l’assiège. Les débuts de notre prise de conscience de la place qui est la nôtre au sein de ce monde, furent caractérisés par notre déni de cette hostilité de la nature envers nous. Les agents surnaturels que nous avons invoqués au fil des âges, dans nos religions et dans nos superstitions communes, nous permirent de construire l’image d’une nature beaucoup plus aimable à notre égard qu’elle ne l’est en réalité. En faisant intervenir dans nos explications des dieux créateurs du monde et des anges secourables, nous avons transformé les éléments qui provoquaient à juste titre notre frayeur en innocents trompe–l’oeils masquant un réel bienveillant existant au–delà des apparences. Ainsi, l’activité invisible de divers esprits signifie que la mortalité n’est qu’une illusion derrière laquelle se cache l’immortalité véritable, l’injustice mondaine cache la réalité de la justice divine, et ainsi de suite.
Ceci dit, il y eut à toutes les époques et en tous lieux, des esprits forts qui ne mirent pas tous leurs oeufs dans le même panier épistémologique et ne se contentèrent pas de consolations méta–physiques obtenues dans un univers parallèle et cherchèrent à éliminer notre inquiétude en s’attaquant de manière directe aux causes de nos frayeurs, à savoir en améliorant le monde tel qu’il nous a été offert. Et si ce monde est aujourd’hui vivable, tolérable, c’est bien parce que nous l’avons rendu tel par nos propres moyens et par eux seuls. Qu’un résultat partiel ait pu être obtenu est d’autant plus surprenant que notre hostilité à l’égard de nos congénères a toujours été extrême et que, comme l’avait déjà bien perçu l’anthropologue Johann Friedrich Blumenbach (1752–1840), nous avons été forcés, à l’instar de ce que nous avons imposé à de nombreuses espèces animales et à de nombreux végétaux, de nous domestiquer nous–mêmes à l’échelle de l’espèce tout entière.
Quelques milliers d’années plus tard, l’Homme assume aujourd’hui la place de ces agents surnaturels qu’il avait d’abord fantasmés : il s’est petit à petit, et avec une vitesse sans cesse croissante, glissé à la place où il avait d’abord situé ces esprits sans qui il s’était imaginé être incapable de vivre. Est–ce à dire qu’il est devenu par là démiurge lui–même ? Non, parce que la nature de ce dieu créateur était d’être un esprit, c’est–à–dire une fiction. Mais l’Homme est advenu lui–même à la place où il avait situé ces agents surnaturels. Or les actes secourables que ceux–ci produisaient sur le mode du miracle, il les produit aujourd’hui lui–même en guidant la nature vers la solution de ses propres problèmes. Ce faisant, il force par son industrie la nature à se dépasser. L’Homme n’est pas tellement, comme le voulait Schelling, le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même que celui qu’elle s’est donnée pour se surpasser.
Le dessein intelligent
L’Homme permet à la nature de se surpasser de multiples manières. Il ne s’agit pas pour lui d’infléchir les lois naturelles mais de subvertir les conditions dans lesquelles elles opèrent lorsqu’elles sont laissées à elles–mêmes, en l’absence de sa propre interférence.
L’Homme a d’abord transcendé sa propre essence en échappant à l’emprise de l’attraction terrestre. Non pas comme l’oiseau qui découvre par le vol un autre continent et qui, malgré le caractère exceptionnel de cet exploit, reste fidèle à sa propre essence, mais en échappant à l’inéluctabilité de son environnement qui veut que tout corps est attiré vers le bas sur la planète où il est né. L’Homme a découvert par le calcul qu’une vitesse supérieure à 11,2 kilomètres par seconde permet de neutraliser la gravitation universelle telle qu’elle s’exerce sur la Terre ; il a ensuite construit la machine qui lui permet de réaliser cet exploit. L’Homme est désormais prêt à coloniser d’autres planètes, voire d’autres systèmes stellaires.
Un thème qui fut à la mode il y a quelques années fut celui de notre capacité nouvellement acquise à détruire un astéroïde mortel se dirigeant vers nous. Lorsque ces armes auront trouvé ainsi leur authentique destination, l’ironie apparaîtra en pleine lumière du fait que nous les avions conçues d’abord pour nos guerres intestines. C’est notre méchanceté à l’égard de nous–mêmes qui en avait constitué le motif initial. Quoi qu’il en soi, nous avons cessé désormais d’être une simple moisissure à la surface d’une planète pour être l’agent qui fait échapper celle-ci à son propre destin naturel.
De même, l’Homme a découvert par l’expérimentation que les êtres vivants sont déterminés dans leur anatomie et leur physiologie par un code inscrit au coeur de la cellule ; il a ensuite mis au point les techniques qui lui permettent de manipuler le génome et de redéfinir ce qui caractérise une espèce, assignant ainsi aux individus comme au phylum tout entier, une nouvelle destinée. Ces techniques lui ouvrent la voie vers son immortalité potentielle. L’animal, en raison de sa prudence, pourrait vivre indéfiniment, et c’est pourquoi sa mort – au contraire de celle de l’arbre – est inscrite dans son génome. L’Homme mourra toujours, bien entendu, mais comme l’arbre dont la mort n’est pas programmée : à l’instar d’une planète, sa vie est celle d’un compromis entre les influences qu’il subit et il finit par mourir accidentellement lorsque l’action d’autres corps sur lui supprime les conditions de sa perpétuation. L’Homme sera comme l’arbre qui meurt pour avoir été frappé par la foudre ou en s’effondrant sous son propre poids. Comme l’avait déjà compris Hegel, l’intelligence de la nature est de trois ordres :
- mécanique : le mouvement de corps indifférents les uns aux autres et qui se fracassent l’un contre l’autre s’il arrive à leur trajectoire de se croiser,
- chimique : les corps sont attirés ou repoussés les uns par les autres et leur combinaison débouche sur des composés aux propriétés originales,
- biologique : des corps organisés qui ne sont pas indifférents les uns aux autres anticipent leurs comportements mutuels. L’animal connaît lui aussi l’attirance et la répulsion, mais celle-ci n’est plus fondée comme pour la molécule sur une réactivité immédiate mais sur une anticipation de ce qui se passerait si l’attirance conduisait au contact qui pourrait s’avérer maléfique, ou au contraire si la répulsion interdisait un contact qui pourrait s’avérer bénéfique. Comme l’anticipation modifie le comportement et que cette modification est d’abord perçue puis anticipée par les autres créatures en interaction, les rapports entre animaux ne cessent de se complexifier avec le temps. Ainsi, l’escalade entre espèces qui se livrent la guerre et perfectionnent les moyens d’attaque et de défense, au fil des générations. (Hegel [1817/1830] 1987 : § 192 – § 298)
A cela, l’Homme a ajouté un quatrième niveau : le dessein intelligent, absent de la nature, et qui tire parti de l’analogie. Ce qui caractérise l’intelligence humaine, c’est sa capacité à l’analogie, son talent à reconnaître des formes semblables dans des phénomènes distincts, et ceci en dépit de la nécessité d’opérer souvent cette reconnaissance à un niveau d’abstraction très élevé. La nature, avant qu’elle ne prenne la forme de l’Homme, s’est révélée incapable de tirer parti de l’analogie : elle a dû se contenter de progresser en creusant des chenaux divergeant en différents branchements mais qui demeurent irrévocablement indépendants, privés de la capacité de se féconder mutuellement. Elle est obligée dans chaque cas de réinventer entièrement la solution du problème, de la forme la plus simple jusqu’à son expression la plus complexe, quitte à retomber alors, par la convergence, sur une solution unique et déjà découverte par ailleurs. Ainsi, l’oeil du poulpe, un mollusque céphalopode, est proche de celui des mammifères les plus évolués mais sans qu’il y ait eu emprunt d’une lignée vers l’autre : les phylogenèses qui conduisent à l’un et à l’autre ne se sont jamais rejointes. Chacune de ces évolutions résulte de ses propres contraintes, le résultat seulement d’une sélection naturelle due aux interactions des individus appartenant à l’espèce avec leur environnement et non à une dynamique interne – si ce n’est celle de l’ordre du ratage que constitue la mutation.
L’Homme, au contraire, fertilise des inventions parallèles en croisant leurs destins : il recycle les bonnes idées dans un produit qui en opère la synthèse ; ainsi, dans l’invention du saxophone à partir de la clarinette : divers inventeurs s’engagèrent dans des voies divergentes mais n’hésitèrent jamais à emprunter pour leurs perfectionnements ultérieurs des bouts de solution découverts par des rivaux ; dans la forme finale que prit l’instrument, diverses approches furent combinées, réconciliées. Si l’Homme permet à la nature de se surpasser, c’est qu’il est seul capable de ce dessein intelligent. L’Homme est aujourd’hui démiurgique, créature créatrice mais au sein–même de la nature, non dans son extériorité comme le serait au contraire un agent sur–naturel. Les apparences nous suggèrent qu’il est seul à disposer de cette capacité : d’autres créatures en disposent peut-être ailleurs ou au sein de ces univers parallèles dont nous parlent les physiciens, mais de cela nous n’en savons rien. Aussi, quand je dis l’Homme, je pense également à toutes les espèces qui auraient pu atteindre ce niveau de surpassement de la nature telle qu’elle leur était offerte.
Le dépassement de la nature par l’Homme n’a pas encore eu lieu dans la sphère économique
L’Homme est la conscience de la nature. Par la technologie et par le dessein intelligent qui le caractérisent et où il fait se rejoindre et se féconder réciproquement des lignées d’inventions indépendantes, l’Homme surpasse les lois de la nature telles qu’elles lui ont été offertes au moment où il apparaît dans l’histoire du monde. C’est par sa propre industrie qu’il a aidé la nature à se surpasser en forçant ses lois à se subvertir au sein d’un environnement localisé où il les a convoquées. La médecine a surpassé la nature livrée à elle–même quand elle pénètre au sein de la cellule et subvertit l’essence des espèces et du coup, leur destin. La rationalité engendre dans la technologie le dessein intelligent – absent de la nature dans sa créativité spontanée telle qu’en elle–même.
De ce point de vue, et parmi les institutions humaines, l’économie est une exception anachronique parce que son mécanisme, celui du système aujourd’hui quasi–hégémonique du capitalisme, existe sous la forme primitive, brute, de la nature non surpassée par l’Homme, à savoir, celle de la sélection par la concurrence absolue des espèces comme des individus et leur tri par l’élimination des plus faibles. Le prix qui établit l’étalon des rapports marchands se constitue à la frontière que détermine le rapport de forces, non pas, comme on l’imagine le plus souvent aujourd’hui, entre des quantités abstraites, mais entre les groupes concrets des acheteurs et des vendeurs, tous également situés au sein d’une hiérarchie cautionnée par un système politique. Ceci, Aristote le savait déjà. En finance, le statut d’acheteur ou de vendeur peut s’inverser rapidement pour un agent particulier sans que ceci ne remette en question la détermination sociale du prix par un rapport de forces.
Au sein de l’économie donc, l’empreinte de l’Homme n’est pas encore visible et la nature y agit sous sa forme brute et brutale : au sein de cette sphère, l’Homme n’a pas surpassé jusqu’ici la nature telle qu’il y est soumis simplement en tant qu’être naturel.
L’Homme a sans doute progressé sur le plan politique, comme en témoigne la croissance dans la taille des groupes au sein desquels il a vécu au fil des âges. Les sociétés de chasseurs–cueilleurs étaient constituées de bandes, les « hordes » des anciens auteurs, comptant une cinquantaine d’individus. Aujourd’hui les États réunissent plusieurs centaines de millions de nationaux mais dans un climat qui encourage et continue d’entretenir l’agressivité de l’homme envers l’homme, contre quoi les sociétés ont dû lutter pour arriver à constituer des ensembles de la taille qu’on leur connaît aujourd’hui.
Contrairement à ce qui s’observe pour l’organisation politique, ou avec les techniques qui permettent à l’Homme aussi bien d’échapper à sa planète, qu’à toucher du doigt l’immortalité de son corps, l’économie reste encore entièrement à domestiquer. C’est pourquoi, vouloir situer le marché au centre de la société, et prôner qu’elle s’organise à son exemple, revient en réalité à proposer que les sociétés humaines fonctionnent sur le modèle de la nature à l’exception de l’Homme, en faisant fi de ce qu’il a introduit au sein de la nature comme les moyens pour elle de se surpasser. Autrement dit, c’est retourner d’intention délibérée à l’« état de nature » où, comme l’a observé Hobbes, l’Homme est un loup pour l’Homme. C’est en réponse à Hobbes que Rousseau imagine une époque, qu’il appelle « l’âge des cabanes », âge d’un Homme naturel miraculeusement abstrait des rigueurs des lois naturelles, époque qui précède la guerre de tous contre tous parce que la source de l’agressivité y est encore absente, parce que le marché n’y est pas encore au centre des institutions, parce qu’en ces temps édéniques, nul n’a encore prononcé les paroles qui suffiront à faire d’un agneau, un loup : « Ceci est à moi ! »
Le modèle capitaliste de l’économie – contenu par des rambardes que l’État construit autour de lui – n’est donc autre que celui, darwinien, de la sélection par la concurrence, celui qui règne dans la nature livrée à elle–même. À l’instar des espèces, qui sont toutes par nature opportunistes et colonisatrices dans les limites que leur impose leur environnement, les entreprises n’ont d’autre rationalité que leur tendance à enfler indéfiniment. Des équilibres provisoires et partiels s’établissent cependant, dont le seul ressort est l’agression, comme au sein de la nature en général, tel celui du système prédateur–proie. Les tentatives d’imposer à l’économie un autre ordre que l’ordre naturel se sont limitées jusqu’ici à vouloir y transposer le modèle étatique ; ces tentatives ont été au mieux peu convaincantes et au pire désastreuses. Un nouveau modèle, non inscrit dans la nature avant l’Homme, devra cependant être découvert car, même si l’on était disposé à tolérer la manière dont il régit les individus, générant d’une part la richesse excessive et de l’autre, plus tragiquement, la misère et la mort, le sort qu’il impose à la planète tout entière est en tout cas lui intolérable, l’absence de freins qui caractérise sa dynamique ayant aujourd’hui mis en péril l’existence–même de celle-ci en tant que source de vie.
Conclusion
L’Homme est non seulement le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même mais aussi celui qu’elle a découvert pour se surpasser grâce au dessein intelligent qui, à notre connaissance, caractérise notre espèce seule au sein de l’univers. La sphère de l’économie demeure elle encore réglée par la nature laissée à elle–même, à savoir par une sélection fondée sur le rapport de forces où le plus puissant écrase le plus faible, principe agressif dont l’emprise déteint alors sur l’ensemble des rapports humains.
De manière tendancielle, les inquiétudes touchent à leur fin, les frayeurs qui avaient conduit l’Homme à croire aux dieux ont perdu petit à petit de leur urgence et finiront par s’effacer. Bien que les injonctions de ces dieux fussent, sinon totalement absentes, tout au moins, sibyllines, nous demeurions convaincus qu’une mission nous avait été confiée par eux. Notre foi dans l’existence de celle–ci s’évanouit avec le crépuscule des dieux. Il nous est néanmoins loisible de constater quel a été le destin objectif de notre espèce jusqu’ici et de tirer de ces observations une ligne de conduite pour la suite, autrement dit, de définir quelles sont, au temps où nous vivons, les tâches qui nous attendent et les responsabilités qui sont les nôtres. Il s’avère que notre responsabilité essentielle est précisément d’assumer sans états d’âme ces tâches où le sort a voulu nous appeler [1].
Constatant quelle fut notre destinée, nous ne pouvons nous empêcher de comparer le pouvoir qui est devenu le nôtre à celui que nous avions attribué autrefois aux êtres surnaturels que nous avions imaginés. Ces dieux créateurs situés à l’origine, nous apparaissent maintenant n’avoir été rien d’autre qu’une image de nous–mêmes projetée dans l’avenir, un avenir qui ne nous apparaît plus désormais aussi lointain. Il reste cependant à éliminer de nos sociétés le règne de la nature non–domestiquée en son sein telle qu’il s’exerce encore dans la sphère économique et celles autour d’elle qu’elle parvient à contaminer. Du moyen d’y parvenir, nous ne savons presque rien. Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut.
Références :
G. W. F. Hegel, Précis de l’encyclopédie des sciences philosophiques, trad. J. Gibelin (1817/1830). Paris : Vrin 1987
[1] « Gémir, pleurer prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » (Alfred de Vigny, La mort du loup).
403 réponses à “L’AVENIR DU PROGRES”
Bonsoir à tous…Puisque Paul nous donne la chance de soumettre quelques nouvelles pistes sur le thème de l’avenir du progrès…Seul l’Amour est le maître-pouvoir (antidote de la peur) et brisera la prison de la vie personnelle tout engluée de l’esprit de séparativité…Mettre l’avenir du progrès au bénéfice de l’Humanité est le premier pas…L’absence de crainte face à toutes les circonstances de la vie est indispensable pour la pratique, le progrès et l’avenir de la d’une l’humanité fraternelle…Elle repose sur la confiance en l’homme et requiert l’intrépidité…Sous le masque de la personnalité inférieure se cache le divin incarné…Il ne nous a jamais fait défaut…Confiant en la réalité de ses qualités divines latentes, l’homme ne doit désespérer ni de son prochain, ni de lui-même…Dans les rapports humains la confiance dans une bonne volonté réciproque devrait toujours être envisagée…L’intrépidité n’est pas la folle témérité, elle demande un esprit lucide, sans peur, qui est capable de faire le premier pas et de se dévoiler à l’adversaire…Comment une âme lâche aurait-elle le courage de surmonter toutes les difficultés qui surgissent de toutes parts…qui sont inévitables et qui se trouvent sur le chemin qui conduit à la véritable réalisation de l’Amour par la Fraternité Universelle?…Qui reste la seule mission digne d’être accompli su terre…Voilà,rien d’autre de mon côté pour l’heure.
Bonsoir
je n’ai pas lu tous les commentaires, je l’avoue… mais rien que le titre…. l’avenir….comment l’imaginer et quant à l’avenir du progrès -quel progrès ? -, alors…insondable…..hélas
« … rien que le titre… »
Ce titre de Willie Dixon (un contre-bassiste de blues) a été « le tube » de Bo Diddley mais repris en fait par quasiment TOUS les pioniers du Rock et a eu une seconde vie au début des sixties (les Stones en ont fait plusieurs versions). ci-après une version « mesey beat’.
http://www.youtube.com/watch?v=2mwU2kl_go4
« Quelques milliers d’années plus tard, l’Homme assume aujourd’hui la place de ces agents surnaturels qu’il avait d’abord fantasmés : il s’est petit à petit, et avec une vitesse sans cesse croissante, glissé à la place où il avait d’abord situé ces esprits sans qui il s’était imaginé être incapable de vivre. Est–ce à dire qu’il est devenu par là démiurge lui–même ? Non, parce que la nature de ce dieu créateur était d’être un esprit, c’est–à–dire une fiction. Mais l’Homme est advenu lui–même à la place où il avait situé ces agents surnaturels. Or les actes secourables que ceux–ci produisaient sur le mode du miracle, il les produit aujourd’hui lui–même en guidant la nature vers la solution de ses propres problèmes. Ce faisant, il force par son industrie la nature à se dépasser. L’Homme n’est pas tellement, comme le voulait Schelling, le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même que celui qu’elle s’est donnée pour se surpasser. »
« l’homme maître et possesseur de la nature »…tout un programme. « Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut ».comment un discours anti-divin et anti-métaphysique peut il prétendre sérieusement se fonder sur des philosophies de l’Absolu (Phénoménologie de l’Esprit de Hegel et schelling ( : « Il fut un des représentants de l’idéalisme allemand à l’époque du romantisme.Influencé par Kant et Fichte, il professa une philosophie de la nature dans son livre Système de l’idéalisme transcendantal publié en 1800. Cet idéalisme dit objectif accorde à la nature une réalité équivalente à celle du moi.(…) Il a écrit Weltalter (Les Âges du Monde), l’histoire métaphysique de l’absolu ou de Dieu, mais qui resta inachevée.Finalement Schelling remplaça l’absolu par un Dieu plus personnel dans ses livres Philosophie de la mythologie publié en 1842 et Philosophie de la Révélation publié en 1854. »)) ou des essences métaphysiques : Nature, Homme… pour celle à qui vous mettez une majuscule.
concernant le « primus movens »… que cela chagrine les physiciens, du moins ceux qui ne comprennent pas la relativité, c’est un peu normal…mais un logicien?
« Le paradoxe de l’œuf et de la poule est l’un des plus anciens paradoxes :
« Qu’est-ce qui est apparu en premier : l’œuf ou la poule ? »
Le paradoxe vient du fait qu’aucune réponse ne parait satisfaisante.
Il en est fait mention pour la première fois dans le Milindapañha.
Réponses humoristiques ou latérales[modifier]
Le paradoxe relevant généralement de la blague, il est légitime de lui répondre par une autre blague
* l’œuf vient en premier … dans la question.
* Dieu créa deux poussins.
* « La poule est le moyen inventé par l’œuf pour faire un autre œuf » (Samuel Butler).
* le coq ; Dieu créa ensuite la poule à partir d’une de ses côtes
* …
on peut également évacuer la question en niant ou ignorant une ou plusieurs hypothèses implicites dans la question :
* l’œuf de poisson est antérieur à la poule
qui ignore l’implicite qu’on parle d’un œuf de poule.
Réponses sérieuses[modifier]
Le paradoxe peut néanmoins être traité comme une question de cosmogonie très sérieuse
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_l%27%C5%93uf_et_de_la_poule#Philosophie
« Il faut distinguer deux sens de « premier » : logique et chronologique. »
concernant l’avenir du progrès, vu toutes les bonnes choses que vous lui prêtez, et d’autres, oubliant soigneusement comme un antique métaphysicien assourdi de peser les avantages et les inconvénients pour tous, car chacun ne pesons rien devant ce train.
nulle philosophie n’achoppe sur le pessimisme ou l’optimisme. la religion le peut.
concernant le pessimisme, l’idéalisme allemand qui plaçait l’Homme Allemand et ses cousins au pinacle de la civilisation, sans doute dans un accès bouffon de lucidité, ainsi que ses descendants… ceux qui prétendent discourir sur l’Absolu ou à partir de celui ci me laissent tjrs songeur.
pour les philosophes que vous citez, que pensez vous des limites d’une telle prétention, et plus généralement d’un monisme prétendu connu? ainsi que de votre usage d’essences ?
bien à vous.
« Du moyen d’y parvenir, nous ne savons presque rien. » une manière de loi internationale?
le code de la mer est respecté par tout marin (pas les doryphores^^). la piraterie est exceptionnelle et la non assistance (à part les doryphores…) respectée.
…Illustration en images…
http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:CBQvUvWicG8J:www.youtube.com/watch%3
Pour contribuer un peut a la réflexion de Paul, via le discours d’un anthropologue :
« Nous touchons là une caractéristique très dangereuse du dispositif moderne: une fois la relation individuelle et non sociale à Dieu placée au niveau ultime, la relation de dépendance vis-à-vis de l’autorité ici-bas se change aisément en relation de dominance et de pouvoir. Du même coup, la distance entre autorité-souveraineté et pouvoir peut s’abolir, instituant entre les hommes un seul et unique niveau de réalité, c’est-à-dire une logique du tiers exclu, caractéristique de la compétition, du conflit et du pouvoir ».
Le fait est qu’il n’y a plus grand chose de naturel chez l’homme… Son évolution est surtout culturelle et la science lui donne la perspective de ne plus faire dépendre des aléas de la nature. Il a probablement dépassé la nature d’une certaine manière en faisant mieux.
Sur le syllogisme :
Voici ma vision de « la raison métaphysique de l’existence » :
Nous sommes tous des fragments focalisés dans un monde manifesté de la conscience de l’Esprit universel divin, notre créateur, la source de notre existence (chacun de nous est une pensée pensant à l’intérieur d’elle-même et par elle-même).
Nous sommes tous des cellules individuelles d’humanité ayant oubliées nos fonctions essentielles collectives communes d’évolution spirituelle au profit de nos intérêts personnels particuliers d’involution matérialiste.
Voilà ma vision de l’évolution [L’avenir du progrès] :
Lorsque, nos pensées & nos actes sont en concordances et suivent le sens du courant fluctuant de « La Vie », alors mystiquement, toutes les forces de l’Univers conspirent activement à la réalisation concrète de notre bonheur !!!
Ce bonheur arrive donc naturellement lorsque l’on parvient réellement, à percevoir le flux énergétique subtil de « La Vie », à se laisser porter par son courant, puis, à réussir à vivre en symbiose avec !
Notre vie est alors pur Amour manifesté !
Finalement, si cet état d’être perdure, notre but primordial, notre objectif essentiel, est, pour ainsi dire, réalisé !
C’est en effet par l’élévation graduelle des consciences individuelles (et donc par extension, de la conscience collective dans sa totalité – car c’est l’ensemble des esprits humains qui forme la conscience globale de l’humanité) que la nature humaine parviendra réellement à se ré-unifier pour enfin pouvoir vivre en harmonie avec la Nature dans toute sa globalité.
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Le grec dit :
26 décembre 2010 à 18:43
Platon a écrit à un moment que tout dans la nature est vivant (Îμβιον)! Comment on définit le vivant…
C’est nous individus qui définissons le » vivant », …avec notre hémisphère gauche et notre hémisphère droit, antennes de réception du » collectif »…les fourmis elles aussi sont vivantes, dans le même monde que nous, et si on pouvait leur demander leur « manière d’appréhender le vivant dans lequel nous l’englobons, leur réponse serait sans doute étonnante pour nous…., c’est seulement notre égo qui nous leurre et qui nous fait croire que nous sommes « séparés » du collectif
Les fourmis évidement mais les arbres…la pierre…? Platon a dit, plus exactement, que l’être en tant qu’être (όν – pas seulement de l’home), en tant que cosmos, est vivant !
@paul
j aimerais quand meme revenir sur un point .
Tous les economistes qui ont etabli des causes de la crise endogene ( Marx,Scumpeter, Aglietta ….. ) avaient établi une sequence crise d accumultaion du capital qui debouche sur une crise de surpoduction
Qu est ce que ca veut dire ?
Ca veut dire qu à un moment du cycle économique, les gains de productivité sont redistribués de maniere inegalitaire entre le travail et le capital.La redistribution de la valeur ajoutee se faisant essentiellement sur le capital.Le fait d appauvrir relativement le travailleur provoque une crise des debouches ( puisqu ils ne peuvent plus achete ).Ce qui entraine une crise de surproduction pour rétablir les equilibres.
Ce raisonnement est valable si l on raisonne comme si il s agissait d une seule entité économique.Or, l économie est aujourd’hui mondiale.
Est on sur que le partage de la valeur ajoutée à l échelle mondiale se fasse au profit du capital ? Je pose très sérieusement cette question. En chine, ils connaissent des variations de salaire de l ordre de 10 15 % par an en suivant en fait le taux d inflation de l économie.
Est ce possible qu il y ait donc pour la première fois de l histoire de l humanité un découplage géographique entre ceux qui détiennent le capital et le travail.
Oui, Oui j ai bien dit pour la première fois.En 1929, les desequilibres etaient d abord internes.$
La j ai comme l impression que les desequilibres sont externes.Ce qui fait que chaque travailleur qui aurait un avantage relatif à travailler en chine s il veut s enrichir ne peut pas du fait de la non mobilité du travail relativement au capital. ( pour des causes géographiques , linguistiques, juridiques, matrimoniales ).
Est ce que ca veut dire qu on se dirige en europe et aux usa vers une societe qui detiendrait le capital et le reste du monde vers une société de travailleurs ?
Est ce que ca veut aussi dire que les desequilibres europeens entre detenteur de capitaux et travailleurs sont appeles à perdurer en europe ?
Est ce qu au final ce n est pas un premice à une gouvernance mondiale ?
le miracle grec : la capacité d’expliquer la nature en ses propres termes.
Le désastre grec plutot.
Mais bon le culte des ancetres (comme en chine) a remplacé celui d’une instance trabscendante a qui on devait chacun rendre des comptes. Du coup plus de limite que chacun s’auto-impose.
Du coup c’est mal vu de dire du mal de tous ces charlatans du progrés et de l’avenir. Le culte du progrés garant d’un avenir radieux. Tout cela extermine et détruit comme jamais dans l’histoire, et ce depuis 200 ans.
L’avenir du progrés est un contre-sens historique total. Ou comment faire durer la devastation.
La notion de « progrès » est connotée positivement , ce qui reste subjectif . Il y a évolution des sciences et de la technologie . Si l’on doit se référer au signifiant de « progres », il faudrait démontrer une évolution positive de l’optimisation de l’individu en tant qu’entité. Il suffit de faire un tour ds la rue ou d’ouvrir la TV , pour abandonner ce postulat ridicule.
– Autre aspect négatif sur notre « avenir » : la Néoténie croissante des individus (ds le sens que lui donne K.LORENZ) , c’est a dire le non passage au stade adulte , probablement en raison d’une trop grande emprise/ protection de l’ hyper-groupe sur les individus .
-Autre concept qui parait évident : l’individu n’ évolue pas (ne progresse pas) , c’est la civilisation qui progresse technologiquement (et pour son seul interet). L’individu reste un accessoir qui sert a faire évoluer la civilisation et il récupère ce niveau en naissant ; mais me semble t il , l’entité individu est identique depuis des millénaire ..et interchangeable .
-La vraie question est : l’interet du système est il toujours co-incident avec celui de l’individu.
Il me semble que Teilhard de Chardin a exposé un peu la même idée que celle de Schelling.
La puissance du syllogisme ressemblerait ainsi au déroulé d’une mécanique. Ce qui à la fois lui confère une qualité prédictive très efficace (on ne s’étonne pas alors que ce qui est seulement pensé puisse être aussi efficace dans le monde réel, ie les mathématiques ou la physique : on n’y trouve que ce que l’on y a déjà mis…) mais aussi lui donne des bornes étroites impossibles à transgresser. Dans ce sens ce n’est pas tant la nature qui s’expliquerait dans ses propres termes que le discours que l’on tiendrait sur elle, la nature (le monde phénoménal, le réel) étant pas nature inconnaissable (elle est objet de création, mais n’est pas connaissable globalement et totalement). La connaissance très fragmentée et incomplète que l’on peut en avoir fait de cette connaissance quelque chose de créatif et de perpétuellement en renouvellement, impossible à figer, qui par nature ne peut que déborder « de son propre cadre » (si tant est que cette notion de « cadre » corresponde ici à quelque chose de réel, cad qui corresponde à la nature elle-même et non à ce qu’on en dit).
Il existe une dialectique homme – nature, qui démontre encore une fois que la distinction sujet-objet est artificielle mais cependant paradoxalement indispensable : sans cette séparation illusoire entre le soi-disant « sujet » et le soi-disant « objet » il n’existerait aucune incitation, aucun espace pour le désir de connaissance, de développement et de progression. Cet espace oblige l’homme à créer les outils lui permettant de modifier la nature selon ses vœux. Une fois cette nature modifiée un nouvel espace sujet-objet en résulte et se substitue au précédent, incitant l’homme à développer encore d’autres outils de connaissance et d’action, etc…Mais ce n’est pas tant l’homme en tant qu’individualité qui anime ce processus qu’une forme d’intelligence collective humaine.
L’homme n’est pas seulement un observateur de la nature. Il en fait totalement partie. Le dire ainsi n’est pas seulement une figure de style : il en fait si totalement partie que l’étoffe même du réel est la même que celle qui constitue l’homme (de manière amusante, cette invention de la fiction de l’observateur qui analyse et voit de l’ « extérieur » est aussi utilisée par les pratiquants de la méditation vipassana, qui donne au demeurant d’intéressants résultats). Il n’existe aucune frontière nette entre homme et nature autre que celle que l’on pose par convention afin de mieux comprendre et l’un et l’autre, mais il s’agit en dernier ressort du même objet. Homme et nature seraient alors deux faces d’une même chose, toujours inconnaissable. L’homme n’est jamais si près d’effleurer cette chose que lorsqu’il accepte de n’être que le vase du réel, rempli de tout ce qui est. Car alors l’homme apporte la conscience qui éclaire ce qui l’a remplit.
L’homme ne devient un monstre que lorsqu’il se laisse « remplir » sans exercer sa conscience.
Baudelaire.
Votre vision est fractale.
Le grec dit :
26 décembre 2010 à 20:49
Les fourmis évidement mais les arbres…la pierre…? Platon a dit, plus exactement, que l’être en tant qu’être (όν – pas seulement de l’home), en tant que cosmos, est vivant !…c’est pareil pour les arbres, la pierre…imaginez qu’une « expédition » humaine puisse partir dans le cosmos, ils rencontrent une « chose » jamais vue auparavant, c’est bien eux (les hommes avec leur cerveau) qui vont déterminer « avec leurs critères communs) si cette chose est vivante ou pas …
Donc Paul a raison de dire que l’homme a surpasser la nature… mais depuis longtemps!
Ce billet m’a tout l’air d’être le développement d’un autre, « FAIRE RENTRER L’ESPECE ENTIERE DANS LA SPHERE DU NOUS« , que j’avais vivement critiqué pour sa « vaguitude« . En effet, après avoir expliqué comment l’Homme « dépasse » (ou surpasse) la nature dans tous les domaines, il montre que la sphère financière, où sévit encore la loi du plus fort et de la concurrence, n’est pas le lieu d’un dépassement analogue, qu’elle est donc restée à « l’état de nature ».
L’objection de « vaguitude » ne tient plus mais j’en ai une autre dans ma manche. C’est que la nature n’est pas seulement soumise à une loi infernale de compétition, mais aussi à des mécanismes de collaboration extrêmement sophistiqués. Compétition et loi du plus fort ne forment que la partie émergée de l’iceberg. Un exemple entre mille, insoupçonné du grand public : la plupart des arbres, (certains ou peut-être tous, je ne sais pas), n’existeraient pas sans des champignons vivant sur leurs racines pour permettre à celles-ci d’absorber les nutriments. C’est un cas de symbiose comme il y a en a des milliers dans la nature, y compris au cœur des cellules (les mitochondries). Or la collaboration existant dans tous les domaines de la vie humaine, on pourrait en conclure que c’est toute la vie humaine qui est donc restée à l’état de nature, pas seulement l’économie et la finance…
Je ne suis donc toujours pas d’accord avec la thèse, mais d’accord pour reconnaître que c’est un super billet qui donne à réfléchir et inspire des commentaires.
@ Crapaud Rouge
Avec une part de sa culture (l’économie) pensée comme un état de nature (comme si les hedge funds poussaient sur les arbres, la bonne blague… !) c’est effectivement toute la vie humaine qui peut être considérée comme pas encore totalement civilisée. En quoi votre remarque invalide-t-elle l’intérêt d’une déconstruction en règle du genre économique ? Je ne vois pas. D’autant qu’il n’y a strictement aucune contradiction entre l’urgence à faire apparaître le Contrat économique comme une nouvelle étape du Contrat social et le but qui serait la disparition de l’économie en tant que sphère indépendante du politique. Je ne comprends pas vos réserves concernant ces deux billets, Crapaud.
@Martine :ma remarque invalide cette « déconstruction en règle du genre économique » parce qu’elle montre que cette « déconstruction » repose sur un argument ad hoc, celui de la « forme brute et brutale » de la nature. Si l’on choisi, pour caractériser l’état naturel, le fait que les espèces collaborent pour leur survie, alors l’argument de la brutalité ne tient plus.
Chose curieuse : l’espèce humaine est de loin la moins collaboratrice de toutes, car elle tue plus d’espèces qu’elle n’en aide. C’est malheureusement en ce sens qu’elle a « dépassé » la nature : en allant au-delà du « droit naturel » de prédation dévolu à toutes les autres espèces.
Intuitivement, l’on sent bien qu’il y a un fond de vérité dans la thèse de Paul : la sphère économico-financière est sauvage, brutale, sans pitié. Mais faut-il, pour le dénoncer, en appeler à un état naturel repoussoir ? J’en doute fort. Il est probable que les humains se réserveraient une vie autrement plus douce s’ils prenaient plus habilement modèle sur la nature. A vrai dire, toute notre civilisation repose sur une répulsion viscérale de la nature, ou de tout état jugé proche.
@Crapaud
Ah oui vraiment ? « Plus habilement », tu veux dire en s’inspirant des coopérations obligatoires des endosymbiotes genre rhtzobium de légumineuses ? Voire organites improbables type mitochondries et chloroplastes ? Ou s’esbaudir devant des mutualismes bien compris dans la gamme Escherichia Coli de l’intestin humain (au fait, pour un humain adulte, la flore intestinale est composée de 10 puissance 14 bactéries, c’est-à-dire dix fois plus que le nombre de cellules humaines dans le corps, avec un poids total d’un kilogramme et demi ! ). Plutôt qu’en se conformant à des zolis et ravageurs doryphores parasites et des grands requins blancs prédateurs ? Tain le rêve ! Comment n’y a-t-on pas pensé avant ?
Je peux t’annoncer dés aujourd’hui une conversion rapide de l’humanité à cette nouvelle économie. Ne cherchez plus un nouveau paradigme économique, social et politique, fermez vos bouquins, éteignez vos ordis, le rêve de l’humanité et l’avenir du progrès sont dans la nature, sous nos yeux, entre lame et lamelle !
Moi j’annonce déjà mon choix; je veux être muté, ou réincarné (pour ça j’suis prêt à devenir bouddhiste) en Wiggleworthia glossinidia brevipalpis, endosymbiote de mouche Tsé Tsé. Pour le plaisir de voler et pour celui d’endormir les cons.
@Martine
Ça ne va plus du tout… Keske vous avez fait de votre adresse mail correcte ? Ousk’il est passé notre avatar préféré ? Perdre l’ancien (le vrai !) pour récupérer cet infâme carreau premier prix bleu cielâtre, c’est carrément pas humain… Vous pensez pas à nous, c’est ça ? Ya d’quoi quitter le blog !
@Crapaud
« L’état de nature » est une chose toute différente de la nature.
L’état de nature est une construction servant à justifier un état qui évidemment n’a rien de naturel (ici l’économie libérale). Etre nostalgique de la nature comme d’un paradis perdu ou même simplement la prendre comme modèle est une idée non dépourvue de charme et d’intérêt spirituel, mais – et c’est cela qui me parait essentiel – cet intérêt pour les « choses de la nature » ne peut être confondu avec la certitude d’une vérité de la nature sans risquer de tomber dans une théologie qui dès lors ne nous permet plus de pouvoir réfuter l’idéologie selon laquelle il existe une équivalence entre lois naturelles et lois économiques. Il nous faut donc bien, et ce me semble tout le propos de Jorion, non point prendre la nature comme repoussoir/ou exemple, mais commencer par montrer en quoi « l’état de nature » se distingue de la nature.
@ Vigneron
Merci ! merci ! Ce carreau géométrique bleu hideux, moche, pitoyable…. Pensez ! Je ne savais du tout comment pourquoi, il était réapparu ! Qu’avais-je bien pu dire ou faire ? Imaginez, j’ai même failli croire à un sort ; toute ma journée ayant été marquée par la poise, je m’étais résignée à ce que tout, absolument tout, aille de travers… Et là, miracle de Noël, votre commentaire béni me mettant sur la voie… C’était donc ça, une petite adresse mail intervertie avec la mienne, la bonne, celle pour les amis… ! Vigneron, restez, je vous prie. Que votre départ de ce blog, s’il devait arrivé un jour, Malheureux, ne me sois pas imputé !
@Martine : « Vigneron, restez, je vous prie. » : ah non, surtout pas ! Après la rafale d’ironies qu’il vient de m’envoyer à bout portant, je l’verrais bien prendre des vacances, moi, le p’tit père vigneron !
« L’état de nature est une construction servant à justifier.. » : ben oui, c’est bien ce que je lui reproche : cet « état de nature » est construit de façon à justifier ce que l’on veut justifier. Comme une preuve fabriquée pour faire accuser qui on veut.
@vigneron : n’ayant rien de sérieux ni de truculent à vous répondre, souffrez que je m’abstienne. (Et bravo quand même pour la tirade…) Ah si, quand même une petite chose avant de vous quitter : à lire vos pittoresques arguments, il semble que nous ne pourrions pas imiter la nature sans cesser d’être nous-mêmes, ce que confirme votre citation de Baudelaire le dandy. Tout apprentissage commence pourtant dans l’imitation, et il est des faussaires qui en ont porté l’art à des sommets…
cependant et malgré tout ; ces cons, vigneron,
ne seraient jamais que les vôtres
@Martine Mounier: j’avais raté ce petit débat. Dommage, car il éclaircit en partie certaines questions que je me posais plus bas (en m’adressant à Pierre-Yves).
Dois-je comprendre que le « contrat économique » veut être à « l’état de nature » économique ce que le contrat social fut à « l’état de nature » politique de Hobbes?
@dominic CB
Sans doute à peu près tout ce qu’il con-viendrait de garder de la propriété privée, ses cons. Par pure charité, bien sûr.
le mimétisme mène à l’art, l’art à l’état pur.
@ Moi
C’est exactement comme cela que je le comprends. C’est parfaitement résumé !
@Martine Mounier : dans ce cas, il y a là à mon avis une vision superficielle de la question du contrat social. Car je pense que le contrat social fut justement possible parce que le politique a été refoulé dans l’économique. En gros, « l’état de nature » de Hobbes était bien réel sauf qu’il n’avait rien de naturel. Il aurait dû l’appeler « l’état de guerre (civile) ». Et toute la question de l’époque fut de rendre impossible l’état de guerre (civile ou pas) ET LA DEMOCRATIE en refoulant la violence (religieuse et politique) dans la sphère privée et économique (on comprend mieux ainsi pourquoi Rousseau gênait, lui le démocrate qui n’a pas voulu cacher le politique). L’Etat neutre a été ainsi mis en place mais cela ne signifie évidemment pas que la violence et les dissensions ont alors disparu (le doux commerce est juste devenu la guerre économique). Lire par exemple Rosanvallon sur le sujet.
Ceci dit, il ne suffit donc pas de dire « on va domestiquer en mettant des règles », ni de le faire sauf à comprimer les forces en jeu qui éclateront un jour de manière extrême (on l’a vu dans les régimes totalitaires). L’énergie est là, qu’en fait-on? Que va-t-on faire du politique qui est actuellement dans l’économique? On n’a toujours pas répondu à ma question: Paul Jorion pense-t-il dépasser le politique? Comment? Et que cherche-t-on à vouloir dépasser le politique? (voir plus haut ce que j’ai mis en majuscules)
« De ce point de vue, et parmi les institutions humaines, l’économie est une exception anachronique parce que son mécanisme, celui du système aujourd’hui quasi–hégémonique du capitalisme, existe sous la forme primitive, brute, de la nature non surpassée par l’Homme, à savoir, celle de la sélection par la concurrence absolue des espèces comme des individus et leur tri par l’élimination des plus faibles. »
Ce constat est fondamental pour pouvoir progresser, même si malheureusement d’autres institutions n’ont pas effectué ce bond (à commencer par la politique).
Pour ce qui est de l’économie, une explication peut à mon sens être recherchée dans sa définition même classique : la rareté des ressources.
C’est la rareté des ressources, posée comme postulat, qui limite l’organisation de l’économie )à sa forme capitaliste. Cette rareté se retrouve aussi dans les critiques du capitalisme (sous la forme par exemple de la « finitude de notre monde »).
Ce postulat est-il réellement fondé ? est-il indépassable ?
Poser ces questions c’est déjà y répondre.
CM
Mais oui ! Rareté…rareté..? Deux ou trois femmes amoureuses, déjà que ça vous rempli une vie !
Si nous disions que 50% de l’activité déployée la sphère économique rend incontestablement service au progrès l’humanité, et que l’autre 50% n’est mis en oeuvre que pour perpétuer la domination des uns sur les autres ?
Je continue ma réflexion.
La définition « classique » de l’économie réside dans les modalités de répartition et de distribution des biens et des ressources. La rareté des uns et des autres est le cadre de pensée de toute la science économique depuis ses balbutiements jusqu’à ses critiques actuelles.
Comment sinon justifier la concurrence et le capitalisme, l’individualisme, si l’on ne situe pas l’activité économique dans un environnement de rareté ?
Or, la rareté des biens a disparu depuis le fordisme (souvenons-nous qu’avant la production et la commercialisation de biens en masse n’étaient même pas techniquement concevables).
Pourtant rien de change, même si ce décalage engendre des déviances dont nous subissons encore les conséquences aujourd’hui.
Aujourd’hui, la rareté des ressources elle-même est questionnable, et pourtant la science économique demeure dans le cadre de pensée et d’action défini sur des bases dépassées.
Il est donc temps de trouver autre chose de plus adapté au nouveau cadre et aux nouvelles limites. Quelles sont-elles ces limites ?
Disons que la rareté est remplacée par l’adversité : les ressources et les biens ne sont pas rares mais de plus en difficiles et dangereux à produire et distribuer.
Ce simple changement implique une révolution totale : la libre concurrence n’est plus le mode d’organisation optimal, au contraire, les structures économiques organisées collectivement dans un environnement adverse ne reposent pas sur la concurrence et l’individualisme, mais sur la communauté (le passage au « nous » cher à Mr Jorion) et la mobilisation des complémentarités.
à suivre…
CM
Si l’on poursuit l’analyse du simple remplacement dans les postulats fondant le paradigme de l’économie de la « rareté » par « l’adversité », on peut trouver (dans le désordre et sans développer – ce serait trop long) quelques conclusions intéressantes :
– la libre concurrence à l’intérieur du groupe n’est plus le mode optimal d’organisation de la production et des échanges ;
– l’utilité sociale des fonctions doit être redéfinies, en prenant soin de ne pas confier cette redéfinition à un groupe, qui aura tôt fait de confisquer à son profit l’ensemble du système ;
– la notion classique de propriété privée devient totalement obsolète, puisqu’elle doit alors être limitée aux biens nécessaires à la préservation de la vie privée de chacun, et non aux biens et ressources nécessaires à la production ;
En cherchant quels systèmes pourraient être interprétés à l’aune de cette simple modification d’une donnée de base de la réflexion économique, nous aurions deux pistes de recherches :
– les organisations militaires (qui comportent nombre d’avantages et de spécificités totalement inconnues de l’économie classique), qui sont les organisations humaines les plus adaptées pour gérer l’adversité ;
– les organisations de colons ou de pionniers (souvent proches de celles des militaires), particulièrement celles des premiers colons en Amérique du Nord : là encore il s’agit d’organisations mises en place pour gérer l’adversité.
Je manque de sources bibliographiques pour cette deuxième piste (la première en revanche, je connais bien). Y aurait-il des livres ayant étudié de manière sérieuse les sociétés de colons en Nouvelle Angleterre du point de vue politique économique et social ?
Merci de votre aide.
CM
Sur la rareté initiale, je doute depuis Marshall Shalin – les sociétés d’abondance à l’âge pierre – il est vrai que je n’ai pas suivi l’évolution des critiques depuis sa parution.
Pour la rareté actuelle, c’est clair elle fabriquée : par l’obsolescence calculée, et par l’éradication des agricultures vivrières par les monopoles agricoles, l’écosystème est pillé et les zones potables deviennent rares, etc., etc.
Pour l’adversité nous ne passons pas pour tous d’une civilisation de la peine à une civilisation de la panne (je ne sais plus de qui c’est)
Cette pénibilité et ces néo raretés sont créées sur le modèle de la domination par le salariat sans nous sans la mégamachine industrielle et financière vous crèveriez de faim.
Cette mégamachine est gérée selon deux lignes de commandement, l’une reposant sur les affects tristes et les petites joies du salariat et la seconde en contrepartie de la désolation du complexe d’affect salarial sur les joies secrètes de la corruption comme ligne de commandement héritée de l’ancien régime :
Notre sottise nous fera prendre de terrible retour de bâton lesquelles imposeront des limites à notre sottise; nous ne rencontrons pas les « limites de l’écosystème », mais les limites du traitement imbécile que nous lui faisons subir !
L’humanité ne se dépassera pas en se construisant une civilisation sur des affects limités, modestes, timorés, mais comme une espèce de cloporte prudente !
Nous avons à construire une économie de la joie (1) et particulièrement celle de collaborer, car si nous voulons faire quelque chose ensemble « l’économie » commence avec la division du travail ! Quelle ligne de commandement inventer pour les sociétés modernes complexes ?
(1) Il faudrait reprendre l’analyse de I. Stengers à propos de la mainmise sur les SEL, autant par les syndicats que les pouvoirs publics
A+
Merci de ces références.
Je découvre, je vais creuser un peu tout ça. J’ai aussi découvert la Parecon.
Décidément, quand une idée est dans l’air, cela frémit de partout…
Je vois tout cela et je continue ensuite (il faut aussi que je termine le dernier Lordon que vous avez manifestement lu 😉 )
Cordialement,
CM
à quel niveau parlons-nous de « constitution pour l’économie » » ou « déclaration des règles économiques fondementales »
Comme utopie structurante – complémentant la Déclaration universelle des droits de l’homme, par un volet économique, elle devrait être immédiatement compréhensible comme but universellement partagé et comme texte servant de ultime contre l’oppression.
comme un ensemble organisé de règles destiné à » tendre vers » l’utopie structurante, (cf les efforts de Sarton, « Zebu », Julien et les vôtres
(- ne parlons pas de constitution pour l’économie comme d’un ramassis détaillé de « moi je veux ça, le tout soumis à référendum -)
Parecon relève il me semble d’un troisième type : « le projet politique imposé » : « c’est nous les bons » ! La stratégie du projet est alors éclairante : cf.
http://www.zcommunications.org/parecon-today-by-michael-albert
(point 14)
Parecon se propose envisage de construire « une société sans classe », – bravo ! Mais la stratégie est à mon avis proche de la « dérive totalitaire »
1 parecon relayé par un parti de masse
2 parecon porté par un homme providentiel soutenu par un groupe de presse
3 (à défaut) et en attente parecon porté par de petits isolats pareconiens en réseaux
En résumé : « la classe » des Pareconiens imposera sa vision du monde aux autres !
§
À l’inverse, l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix s’intègre au niveau d’un ensemble organisé de règles, comme frappe chirurgicale destinée à inhiber la domination de quelques-uns et même déjà à la réduire. L’accord de la très grande majorité sur un point particulier, à la fois,me semble une garantie contre le totalitarisme sous-jacent à des règles trop précisées au départ. Toutefois l’opération chirurgicale s’intègre nécessairement dans une vision de la santé qui devrait être énoncée.
A+
Très heureux de voir que vous attaquez les problèmes actuels de l’économie exactement au point où je souhaite qu’ils soient attaqués.
J’en ai dit qq mots dans le commentaire 41 du « on est vendredi » du 24/12.
Je signale que R. Thom a développé une théorie de l’analogie dans le prolongement de celle d’Aristote.
L’oeuvre de J. Petitot mérite amha également attention.
« La sphère de l’économie demeure elle encore réglée par la nature laissée à elle–même, à savoir par une sélection fondée sur le rapport de forces où le plus puissant écrase le plus faible, principe agressif dont l’emprise déteint alors sur l’ensemble des rapports humains. »
J’ai mal compris ou cette phrase ne revient pas à dire que le capitalisme est naturel?
En tous cas, Polanyi doit se retourner dans sa tombe. Lui qui avait démontré que la concurrence économique est un fait culturel plutôt récent qui doit tout au libéralisme.
@ Paul
Vous dites :
Texte trop optimiste de mon point de vue.
La présentation qui y est faite de l’humain comme une apogée du vivant, l’aboutissement du darwinisme, m’apparaît au moins aussi présomptueuse que celle qui considérait jadis la Terre comme centre de l’univers.
Je serais plutôt de ceux qui considèrent que l’avenir de humain est le même que celui des dinosaures, que celui-ci est voué à disparaître pour être remplacé par autre chose de plus « performant » – ce qui ne voudra pas nécessairement dire de plus sophistiqué d’ailleurs, pour preuve, des organismes unicellulaires existent toujours tandis qu’ils reprennent les canons les plus primitifs du vivant. En l’occurrence, les sauriens étaient eux-même un modèle d’achèvements en ce qui concerne la prédation, et pourtant leur sophistication ne les a pas sauvé.
De même, il me semble illusoire de penser que la sophistication humaine puisse le préserver au cours du temps. On observe au contraire des signes que c’est par cette sophistication qu’il se trouve fragilisé, comme toutes les espèces avant lui qui ont dominé le monde en se spécialisant. L’avantage de jadis se transforme peu à peu en inconvénient, la spécialisation de l’humain le rend progressivement incapable d’adaptation.
A force d’abstractions, il perd peu à peu de vue les réalités concrètes. Ainsi par exemple, il se soucie désormais plus de l’argent lui permettant d’acheter des productions que des productions elles-mêmes. La simple idée d’en revenir à une agriculture vivrière lui paraît absurde.
– Pourquoi?
– Parce que ce serait revenir en arrière.
– Et alors, quelle importance si c’est la seule solution viable?
– …
N’ayant jamais eu de réponse à la suite de cette discussion que j’ai pu avoir à de nombreuses reprises, j’en suis réduit à la conclure ainsi par des points de suspension, exprimant tout à fait le vide dogmatique dans lequel est plongé l’humain incapable d’accepter la limite de sa condition. « Plutôt disparaître en tant qu’espèce que de revenir en arrière » semble dire l’humain endoctriné par la notion de progrès dans laquelle il semble irrémédiablement enfermé.
Condamné à avancer pour un motif dont il n’a même plus conscience, l’humain se déplace sans même connaître sa destination, aussi hors de contrôle qu’une feuille morte laissée au gré des vents.
J’entends beaucoup parler de l’agonie et de la fin du capitalisme. Mais j’aimerais aussi entendre parler de la fin du socialisme. Car le socialisme n’est qu’un sous-produit du capitalisme et il s’est dissout sous nos yeux au cours de ces dernières décennies. En effet le socialisme ne peut exister qu’en tant qu’opposition au capitalisme, dont il a pour vocation de corriger les excès, or ces dernières années les socialistes ne tentent même plus de corriger ces excès, ils les accompagnent, et bien souvent ils prennent les devants, pour s’attirer les faveurs des sacro-saints marchés. Le capitalisme est à l’image de la nature: les forts mangent les faibles. Il n’a jamais prétendu faire le bonheur de toute l’humanité, à l’inverse du socialisme. Or que s’est-il passé ces dernières années, les socialistes se sont rendus compte qu’ils ne pourraient tenir cette promesse, car « il n’y en aurait pas pour tout le monde ». Du coup leur programme s’est liquéfié, réduit à l’état d’une flaque d’eau après l’orage. Il ne font plus que de la figuration électorale, et leurs responsables les plus doués font de brillantes carrières personnelles au service du système capitaliste, qu’ils tentent de sauver, car au risque de me répéter: sans capitalisme, pas de socialisme. La nature est amorale et souvent cruelle, le capitalisme est en plus souvent immoral, et le socialisme a renoncé à incarner l’idéal de progrès social. Les esprits animaux sont à nouveau lâchés et s’ébattent en toute liberté: la liberté du loup dans la bergerie. L’homme n’a pas surpassé la nature, l’homme est la nature, il est le dernier représentant en date des grands prédateurs qui ont régné sur cette planète: du « tyrannosaurus rex », en passant par le « tigre à dents de sabre » et jusqu’à nous. Son règne se terminera aussi comme celui de ses prédécesseurs, mais peut-être que ce sera le premier qui devra son extinction à un excès de rapacité et d’aveuglement collectif, et non à un événement contingent comme une météorite. L’homme et plus particulièrement « l’homo technicus » est à la fois le plus intelligent de la création, mais aussi le plus collectivement borné. Tout cela a peut-être commencé lorsque nos ancêtres simiesques ont pris l’habitude de casser des noix dans la savane. C’est une réflexion que je me suis fait en regardant un reportage à la télévision. Des sapajous d’Amazonie, cassent des noix avec des pierres parfois aussi lourdes qu’eux. Pour cela il doivent se dresser sur leurs pattes arrières, soulever la pierre et la faire tomber sur la noix, ils doivent en général s’y prendre à plusieurs reprises. Avec le temps ils se sont musclés, le dos et les cuisses de sorte qu’ils arrivent à marcher sur leurs pattes arrières en portant des objets. Or la bipédie libère les pattes avant et donc les mains. Et plus l’animal se sert de ses mains, plus il développe ses facultés cérébrales. Tout cela pour dire que l’homme ne surpasse pas la nature, il en est l’émanation, un animal ayant acquis des capacités techniques surpassant celles de tous les autres animaux, mais ses capacités éthiques sont restées au stade embryonnaire. Quelques individus les ont dans l’histoire humaine plus développé que les autres, mais ils ont en général été massacré par leurs congénères, dont ils dérangeaint les habitudes: on pourrait rajouter les mauvaises habitudes. Où tout celà peut-il nous mener, je n’en sais rien. Mais nos compétences techniques nous permettent aujourd’hui de casser non plus des noix, mais des noyaux d’atomes et c’est infiniment plus dangereux. Si nous ne développons pas collectivement et rapidement nos capacités éthiques, restées en jachère, il y a fort à craindre que le « surhomme » avorte avant que d’avoir vu le jour.
Zavez raison, il a même pas été foutu d’inventer les paragraphes, ce pauvre homme !
@vigneron
C’est vrai il essayera ce « pauvre homme » d’évoluer pour la prochaine fois…
L’espèce humaine peut encore prendre en main son destin, en abattant la dictature du capital,
soit en gérant l’économie démocratiquement comme il me semble le suggère Paul,
ce que j’appelle le bon sens qui finit par s’imposer, après, en dépit et surtout grâce
à une cascade d’échecs de tentatives de « socialisme », auquel personne ne croit plus.
De même que peu de gens prennent vraiment au sérieux les promesses de « changement » ou même de « révolution par les urnes » (!) des politiciens de la gauche réformiste,
effectivement ralliés en fait au capitalisme, et qui ne sont que les rabatteurs de voix
et pompiers en toute occasion du capital.
Ce qu’ils ont démontré au gouvernement « gauche plus rien » ,
et viennent de démontrer par leur opposition à la grève générale.
Ils y étaient opposés car elle aurait obligé Sarko à céder sur le vol des retraites,
et sur tout le train de contre-réformes, ouvrant ainsi peut-être à terme une crise politique
menaçant la dictature du capital.
C’était possible, mais la bourgeoisie a aligné tout le ban et l’arrière ban.
Cela reste possible, mais rien n’est jamais écrit.
Le meilleur est encore possible comme le pire.
Mais c’est vrai qu’il va falloir se bouger pas mal dans les mois et années qui viennent.
Il semble que nous soyons au croisement d’un emballement de désastres inédits,
économique comme écologique.
Enfin, si l’espèce doit disparaitre, qu’elle le fasse debout…
Merci pour ce : « si l’espèce doit disparaitre, qu’elle le fasse debout ».
@ Joan
Vous semblez confondre Socialisme et Social-démocratie.
@ Charles.A
Vous dites: « si l’espèce doit disparaître, qu’elle le fasse debout », c’est en effet la moindre des choses pour une espèce de bipèdes, qui a peut-être acquis cette bipédie en cassant des noix de cajou et/ou en se dressant sur ses membres inférieurs dans la savane pour voir d’où venait le danger. Si cette dernière hypothèse est valide, soyons debout plus que jamais, car les périls se profilent de toute part.
Ceci dit je ne tiens pas un discours, j’en conviens, plutôt dur pour notre espèce, parce que je souhaite sa disparition. Au contraire je souhaiterais, comme beaucoup je le pense sur ce blog, que nous nous ressaisissions collectivement, que nous mutions pour enfin affronter les défis inédits de notre temps.
Pour enfin, si ce n’est aller vers un avenir radieux, du moins vers un avenir qui redonnera espoir à tous, en particulier aux plus malmenés par ce système voulu par quelques uns et aux jeunes qui en ont bien besoin.
C’est possible nous avons des moyens techniques comme jamais l’humanité n’en a eu auparavant. Seulement il est de notre responsabilité collective de les utiliser pour le bien commun et non au profit de quelques requins, jamais rassasiés.
Quant à nous échapper vers d’autres planètes, dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques et technologiques cela me semble peu envisageable. C’est pourquoi, il vaut plutôt mieux penser à sauvegarder la notre, notre Terre, cette planète miracle!
Nous devons muter ici même, moralement, psychologiquement, intellectuellement et dans nos actes, si nous voulons avoir la moindre chance d’explorer un jour le reste de l’univers et peut-être d’y rencontrer d’autres êtres intelligents et espérons le plus Sages que nous le sommes encore aujourd’hui.
Pour ceux qui m’objecteraient que la Sagesse peut conduire à un monde ennuyeux, je réponds que Sage ne veut pas dire parfait, cela veut simplement dire accéder à un niveau de conscience qui empêche de se conduire de façon irresponsable envers les autres qu’ils soient de notre espèce ou pas, et envers le monde qui nous a fait naître. On devrait je pense pouvoir s’amuser et être heureux, sans massacrer son prochain, les autres animaux et saccager notre environnement.
Il est de notre responsabilité d’Homme de rendre ce monde meilleur, même et surtout si dans ses fondements il est souvent dur et cruel. Nous ne sommes pas le démiurge, mais au travers nous, par le développement de notre conscience un Dieu éthique cherche à exister et agir en ce monde. Je rejoins là ce que dit Paul Jorion dans sa conclusion: « Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut. »
@Argeles39
Je suis aussi très dur avec les socialistes, plus qu’avec le socialisme qui reste un idéal respectable. Car les socialistes m’ont particulièrement déçu lorsqu’ils exerçaient le pouvoir. Peut-être est-ce en effet parce qu’il méritent plutôt le qualificatif de sociaux-démocrates, que de socialiste. Je n’osais pas employer le qualificatif de sociaux-traîtres, mais voilà c’est fait…
Par l’homme, la Nature s’est donné un outil pour se connaître elle-même…
Nous revoilà balancés 150 ans en arrière, sur les ondes romantiques de l’idéalisme panthéiste allemand…
Une telle affirmation demanderait un minimum de démonstration.
Il n’en est rien…
De surcroît, les concepts utilisés (« nature », »homme » ) ne sont pas définis,
on attribue à la « nature », entité floue, une intention et un raisonnement humain…
On n’a affaire ici ni à un postulat (hypothèse qui sera confirmée par le bon sens ou démontrée par l’expérience )
ni à un axiome (vérité évidente, qui n’a pas besoin d’être démontrée)…
A rien de quelque peu solide qui puisse permettre un développement.
On a, simplement, une pensée naïve, qui tente de maquiller dieu en nature, pour pouvoir le ramener, après le jugement sans appel de Kant, sur le devant de la scène…
Elle peut, en effet, être qualifiée de « merveilleuse », mais dans le sens qu’elle appartient à cette catégorie qui s’appuie sur le principe « c’est vrai, puisque je pense que c’est vrai »…
Eh bien, faisons plaisir à ce romantique de Schelling et prenons-la comme telle,
pour voir ce que cela donne….
S’il est vrai que par l’Homme la nature veut se connaitre, quel constat pourra-t-elle donc faire,
à propos d’elle-même ?
a) qu’elle se crée pour se détruire (les espèces s’entredévorent, les hommes s’entretuent, l’homme pollue…)
b) qu’elle pense tout et son contraire, à propos de tout ( voir la totalité ahurissante d’idées qui existent …)
c) qu’elle dépense une formidable énergie qui finit dans le néant…
Bon, et donc, avec ça, elle compte faire quoi, la Nature ? Persister, changer ?…
Posons-lui la question :
– Allo, La Nature ? Ici c’est l’Homme…
Euh…Personne pour décrocher …silence radio dans l’Univers !
Et nous, on va faire quoi, avec ce constat ?
D’ailleurs, pouvons-nous faire quelque chose, étant donné que nous ne sommes
qu’un outil d’expérimentation ?
Voilà donc un genre d’affirmation pompeuse qui ne mène à rien…
Mais, qu’importe le résultat ?
Penser c’est tellement beau, n’est-ce pas ?!
+1 avec votre commentaire . anthropocentrisme évident .
Ce qui m’inquiete, ce sont les commentaires nombreux et admiratifs .
Me fait penser de plus en plus que le comble de la démocratie est l’audimat.
@kerkoz
C’est de « l’anthropocentrisme évident » ça ? Lorsqu’on tient compte nommément de l’option des « multivers » spéculés (envisagés) par les physiciens (de la physique quantique à la théorie des cordes…)
Et vous Kerkoz qui parlez d’or, êtes vous tellement moins « anthropocenté », au quotidien dans vos actes comme dans vos spéculations ou croyances philosophiques ?
@Vigneron.
///Aussi, quand je dis l’Homme, je pense également à toutes les espèces qui auraient pu atteindre ce niveau de surpassement de la nature telle qu’elle leur était offerte.///
Oui , ici on pose comme postulat que ce « dépassement » est vertueux. Que la « dénaturation » qui l’a permis le serait aussi , en toute logique . Mais, sorti des lustres et des chromes des civilisations , qu’en est il vraiment ? : esclavage réel ou virtuel (énergie) en sont une des conditions . Pour un confort « relatif » et egoiste (puisque non valable a l’ensemble de l’espece) , on vend son ame au diable , on tente un modèle inoui ….et en echec constant .
@Kercoz
Où est-il écrit que ce dépassement était posé comme vertueux ? Un dépassement de limites postule-t’il nécessairement à la vertu ? Ou serait-il inversement, toujours et nécessairement, du domaine de l’hybrys et donc du vice (l’hybride impur, dénaturé et monstrueux !) ?
Le reste de votre développement est donc engagé sous un mauvais jour mais vous rajoutez soudain une « dénaturation » venue on ne sait d’où et pré-existante au dépassement lui même, sans doute du domaine ontologique et pré-big-bang du vice humain anthropocentré…
Sur quoi donc êtes-vous centré Kercoz ?
J’aime bien l’idée de la création de l’intelligence (humaine) pour que la vie puisse s’exporter sur d’autres planètes, ne pouvant pas mécaniquement y sauter. cela rejoint assez l’idée de _Jean-Pierre Petit_ selon laquelle la complexité de la vie sert à élargir son horizon communicationnel, y compris avec d’autres planètes et mondes.
Quoiqu’à mon avis la vie s’est plantée avec l’homme qui ne perçoit pas l’intention de sa créatrice (non, dieu-créateur n’est pas une femme, même si l’idée serait bien sympa et même assez naturelle), la vie, qui est de se complexifier pour occuper toutes les niches écologiques, mais au contraire détruit ces niches et tout forme potentielle d’intelligence capable de lui succéder, en la mangeant. Il n’y aura pas « d’Homme d’après sapiens ». Et pour être franc, on s’en fout…
Je ne crois pas (mais ça me regarde) à une création donc une finalité de la vie, un objectif à atteindre, qu’est ce qu’on ferait une fois arrivé?
Je ne crois pas non plus à une destruction définitive de la planète, l’humanité reviendra à un niveau éco-supportable faute de munition énergétique. Tout comme je ne crois pas, connaissant le bonhomme, que l’humanité pourra refréner sa consommation : tout le pétrole, tout le charbon, tout le gaz va y passer aussi vite qu’il sera possible de l’extraire.
Et tout comme je ne crois pas qu’une règle économique globale puisse être imposée, elle s’imposera elle-même par nécessité. Tout ce qu’on peut faire est de lui préparer le terrain dans une direction souhaitable en levant les difficultés.
Le capitalisme à la sauce néo-lib est un héritage du nouveau monde et de la conquête de l’ouest, lorsqu’il fallait se débrouiller seul : pas de loi hormis celle du + fort et que le meilleur gagne. Magnifié par la culture dominante actuelle via le mythe du bon contre les méchants, simpliste et efficace sur la plupart des gens. Le bon est toujours celui qui utilise la force et parfois l’intelligence pour punir le méchant qui met les gens en danger ou utilise sa force contre un + faible. Le bon remplace justice immanente qui se fait attendre, c’est le dieu vengeur contre l’esprit du mal. ça marche à tous les coups. Bref.
Les européens ont un sens du partage et d’entraide + développé, ou en tout cas qui l’a été en partie du fait de l’héritage historique : la propriété privée est une invention récente, au sens de l’histoire, pour les non-nobles, elle date de la révolution. Auparavant la terre et ce qui était dessus, hors des villes libres, appartenaient aux nobles ou au clergé. De + on était aussi souvent parents ou alliés de près ou de loin.
Ce qui compte pour faire une société qui marche c’est que tout le monde possède les mêmes valeurs, les mêmes codes de communications et de résolution des conflits. C’est possible dans une société de petite taille car la pression sociale est forte, ce l’est moins dans une société mondialisée et multiculturelle, à moins d’imposer ses valeurs à tous.
Il faut une religion commune en somme, sans nécessairement qu’il y ait un dieu ou un panthéon. Il faut tout de même un minimum de théologie directrice et une espérance « finale » pour que les gens marchent. On ne peut qu’être d’accord avec l’égalité juridique pour tous et les droits de l’homme des néo-libs, on ne peut pas l’être avec la compétition permanente et le marche ou crève.
La meilleure voie, pas très révolutionnaire mais tant pis, serait de supprimer progressivement la propriété privée pour en faire une propriété commune, à différents niveaux -quartier, commune, bassin industriel ou hydrographique, région, etc. Le tout appartenant à l’état mais sans qu’il ne possède le droit d’en disposer, réservé aux niveaux inférieurs, qui eux n’ont pas le droit de le vendre.
Le passage progressif pourrait se faire par la suppression des héritages, tout simplement, ils iraient à la communauté, sur le principe qu’on ne travaille plus pour améliorer le sort de ses propres enfants en privant les autres mais au contraire à améliorer le sort commun pour que ses enfants comme ceux des autres en bénéficient.
Remplacer le « je » par le « nous ».
Excellente solution . C’est normal de vouloir protéger ses enfants et la totalité des héritages mis en commun le ferait . Pourquoi vouloir que ses propres enfants aient plus que les autres ? C’est malsain et le superflu obtenu sans effort en fait des petits c…s vains et prétentieux .
« les inquietudes touchent a leur fin »…
Le progrès ou l usage de la métaphore. ..
« La réalité n aura donc ete qu une solution éphémère. »
….En fait, cette réalité, profane et desacralisee, est devenue lentement une fonction inutile, dont nous tentons désespérément de sauver la fiction (comme, jadis, celle de l existence de Dieu ),mais dont nous ne savons au fond comment nous débarrasser. »
(Baudrillard :l intelligence du Mal)
Réalité -nature-virtualite.
Processus de désinvestissement-phase de deliaison,de desobligation quasi totale.
« Toutes les métaphores de l humanité finissent par devenir des réalités. . J en viens a me demander si le vrai but de la science n est pas une validation des metaphores « Romain Gary
La réalité et son désaveu :horizon collectif ?
Le Monde et son double.
Un clin d oeil ,en forme d anamorphose -une abreaction .
L invisibite bientôt une réalité (sciences ):
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/physique-1/d/en-bref-linvisibilite-serait-elle-devenue-une-realite_26722/
Pardonnerez-vous l’audace de mon intervention qui se situe uniquement sur le plan orthographique après (une première) lecture, ne me sentant pas apte actuellement à participer sur le fond. J’ai supposé, sans prétention, que cela pourrait être utile si cet écrit était à nouczédité sur support.
Voici (les rectifications sont en Bold) :
– On trouve sous la plume de Schelling cette pensée merveilleuse que l’Homme est le moyen que la nature s’est donné(e) pour prendre conscience d’elle–même.
– Le moyen que la nature s’est offert(e) pour se surpasser
– qui provoquaient à juste titre notre frayeur en innocents trompe-l’œil(s)
– qui ne mirent pas tous leurs œufs dans le même panier
– comme le voulait Schelling, le moyen que la nature s’est donné(e) pour prendre conscience d’elle-même que celui qu’elle s’est donné(e) pour se surpasser.
– Quoi qu’il en soit, nous avons cessé désormais d’être une simple moisissure
– par un code inscrit au cœur de la cellule
– Ainsi, l’œil du poulpe,
– L’Homme est aujourd’hui démiurgique, créature créatrice mais au sein (-) (pas de tiret) même de la nature,
– celui du système aujourd’hui quasi (-) (pas de tiret) hégémonique du capitalisme,
– sa dynamique ayant aujourd’hui mis en péril l’existence (-) (pas de tiret) même de celle-ci
– L’Homme est non seulement le moyen que la nature s’est donné(e)
– Il reste cependant à éliminer de nos sociétés le règne de la nature non (-) (pas de tiret) domestiquée en son sein
– Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donné(e) de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut.
Hmm… pouvez-vous justifier ?
Pour le premier cas, remplacez « moyen » par un mot de genre féminin et utilsez un verbe du troisième groupe pour voir s’il y a accord ou pas.
Exemple: c’est la chance que la nature s’est offert/ s’est offerte
Pour les tirets, les deux formes sont admises, avec ou sans tirets.
En général, quand on les met, c’est qu’on a une orthographe que certains qualifieraient de vieille France, de classique pour les autres. ( old-fashioned ! )
Quant à « trompe-l’oeil », c’est invariable. On ne dit pas trompes-yeux.
C’est le verbe être donc l’accord ne suit pas le complément d’objet direct mais le sujet. Non ?
Ici, ce n’est pas la nature qui s’est donnée à l’Homme, comme par ex la femme s’est donnée à l’homme (ou lycée de Versailles), mais la nature qui s’est donné quelque chose, comme par ex la femme (ou l’homme) s’est donné du plaisir . Nuance. Par contre, on écrirait effectivement la jouissance que l’homme (ou la femme !) s’est donnée. Ou les possibilités que la nature s’est données…
Se donner est un verbe pronominal « réfléchi » (action du sujet sur lui-même : je me donne) et « réciproque » (action de plusieurs sujets les uns envers les aux autres : ils se donnentet donc parfois transitif direct et donc assimilé avec les verbes se conjuguant avec l’ auxiliaire « avoir » (accord avec le complément d’objet direct si celui-ci précède).
Quel est le COD ici ?
« le moyen que la nature s’est donné » = Elle a elle a donné quoi? le moyen donc accord du participe au masculin singulier (le verbe est traité comme s’il était conjugué avec « avoir », donc la question se pose avec l’auxiliaire « avoir »).
Conclusion : pas de faute de Paul, ni du traducteur de Schelling.
Se donner est un verbe pronominal qui peut être réfléchi , passif , réfléchi indirect , réciproque , autant dire une des difficultés majeures de la langue française !
Mais je ne suis pas d’accord avec Vigneron :
« L’homme prend et rejette; la femme se donne, et on ne reprend pas , ou on reprend mal , ce qu’on a une fois donné. » Montherlant , les jeunes filles .
@juan
Oui mais moi, Môssieur, je suis pas Montherland. Je fais donc l’effort de faire semblant d’être politiquement correct.
« La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a… Mieux vaut souvent qu’elle le garde! »
Mélange, Paul Valéry
« On dit communément: «La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a»; ce qui est très faux: elle donne précisément ce qu’on croit recevoir, puisqu’en ce genre c’est l’imagination qui fait le prix de ce qu’on reçoit. »
Chamfort
« L’Homme est le moyen que la nature s’est donné pour prendre conscience d’elle–même »
« Se donner » n’est pas un verbe « essentiellement pronominal« . En conséquence, et selon le sens de l’expression, le participe passé ne s’accorde pas systématiquement avec le sujet, malgré l’emploi de l’auxiliaire « être« .
Dans quel « sens » est utilisé le verbe « se donner » ?
La nature s’est « donnée » elle-même ?
Ou
La nature s’est donné « quoi » ?
Dans le second exemple, on accorde le participe passé au complément d’objet direct (placé avant le verbe), comme on le fait en présence de l’auxiliaire avoir.
La femme s’est donnée à l’homme.
Les chances que la nature s’est données.
Le moyen que la nature s’est donné. Les moyens que la nature s’est donnés.
Merci de votre patience. Bien cordialement 🙂
Pardon pour ma « redite« . Je viens seulement de prendre connaissance des commentaires qui ont suivi l’interrogation de Paul. Vigneron, entre autres, avait déjà fourni la réponse.
@Vigneron :
Dans le genre misogyne , je préfère le maître La Rochefoucauld , à l’élève Chamfort :
» Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble , c’est qu’ils parlent toujours d’eux mêmes « . ( pour le coup assez équilibré dans les distributions d’amour propre d’ailleurs) .
Quant au progrès et à l’avenir des femmes , un autre misogyne , Oscar Wilde , écrivait :
« Le seul véritable drame de la vie d’une femme , c’est que son passé est toujours son amant , et son avenir invariablement son mari. »
Gebe s’en est donné à coeur joie .
«
– Alors je me suis permise…
– Permis.
– Permis? Pourtant… l’accord du participe?
– Vous y croyez encore?! Comme à la serviabilité et à l’obligeance de mes compatriotes? Seriez-vous crédule, mademoiselle?
»
Raymond Queneau, Les Fleurs Bleues
PJ dit : « C’est le verbe être donc l’accord ne suit pas le complément d’objet direct mais le sujet. Non ? »
Pas quand le verbe être à la forme pronominale est mis pour avoir.
« le moyen que la nature s’est donné(e) » équivaut à « le moyen que la nature a donné à elle-même »
Le pronom « s’ » précède le verbe, donc le participe passé ne s’accorde avec le pronom « s’ » que s’il a la fonction de COD. Hors, ici il la fonction de COI (à elle-même), donc pas d’accord.
« le moyen que la nature s’est donné »
Voir : Accord du participe passé en français – Cas des autres verbes pronominaux (ou accidentellement pronominaux)
Et : Bernard Cerquiglini, Merci professeur !
http://www.tv5.org/TV5Site/lf/merci_professeur.php?id=2616
@Juan
Suis obligé de dégainer mon Renard :
« La plus extraordinaire femme qu’on ait jamais rencontrée est celle qu’on vient de quitter. »
« Appelons la femme un bel animal sans fourrure dont la peau est très recherchée. »
« Qu’il te suffise, disait-il à sa femme, qu’en réalité je te sois fidèle; mais permets-moi au moins les apparences d’un mari qui trompe sa femme. »
« Enfin seul, sans s. »
Erratum…
Le pronom, est « que » et non « se », mais il n’y a tout de même pas d’accord ici puisque « que » renvoie à « le moyen ».
Mais par contre « la ruse que la nature s’est donnée »
@ Gébé
» Le moyen que la nature s’est offert : » / » Le moyen que la nature s’est donné »
Non, il ne faut pas faire l’accord car c’est une variante de « la nature s’est offert le moyen » ou de » la nature s’est donné le moyen »
. La nature ne s’est offertE et ne s’est donnéE à personne . Le SE (S’) n’est pas un accusatif (COD) mais un datif ( complément d’attribution) . Cela signifie en quelque sorte » le moyen que la nature a offert ( a donné) à elle-même « ..
» trompe-l’oeil » est invariable au pluriel . Comment pourrait-on ajouter un » s » à » l’oeil » sans sourciller ? Si vous voulez consulter la liste des noms composés invariables au pluriel, allez voir sur http://www.aidenet.eu/grammaire07T.htm
Merci Mianne Nous sommes d’accord 🙂
C’était le sens de mon post, le texte initial ayant été copié-collé, et les parties en gras entre parenthèses signalant les erreurs.
Mais bon… « orthographe, science des ânes » paraît-il. Vogue la galère. 😉
Et si nos cultures n’étaient pas tant pour « domestiquer » (personnellement, j’eusse préféré le terme ‘exploiter ») la nature que pour enfler des sentiments de puissance afin de tenter de garder une confiance en soi qui s’en va dépérissant avec la constante obligation de surenchérir le sentiment de puissance? L »économie ne serait-t-elle l’expression « primitive » de ce « palliatif »?
Pour ce qui est de la nature ,elle nous apprend que la coopération entre espèce est bien lus efficace pour la survie que le conflit , comme par exemple les lémuriens de Madagascar où ceux qui ont survécu sont ceux qui ont su coopérer et avec les autres espèces animales mais aussi végétales, ces types d’exemples sont légion, mais pour Madagascar, c’est intéressant car on peut voir sur un long temps quels sont les « gagnants » et les « perdants » dans un même environnement.
je suis surpris par la qualité de votre article Paul , felicitations . Mais vous semblez tenir votre raisonnement sur deux assertions : l’homme a depassé la nature , nos dieux etaient de simples constructions mentales .
et pourtant j’ai vraiment l’impression que l’humanité est encore tellement immature et loin de ce qu’elle pourrait etre ;
autant je ne crois pas au dieu antropomorphe telle que le concoive les chretiens , les juifs ou les musulmans . Autant il me plait d’imaginer qu il y a des creatures plus etherés que nous , et que la nature ressemble un peu a ce qui se passe dans le film avatar .
Alors Dieu dit à un autre ange: « Va voir ce que fait ton frère ». L’ange descendit sur la terre. Lui aussi fut ravi de la terre, de ses arbres et de ses fruits. Mais quand l’autre ange lui parla de sa vie et de toutes ses difficultés et ses troubles, il revint en volant vers le Cieux, et ainsi fut sauvé de ces tribulations. Quand les anges apparurent à nouveau devant Dieu, Dieu dit: « Alors que même les anges sont tentés par la terre et M’oublient, ne serai-je pas fier de l’homme quand lui, malgré tous ses ennuis, les difficultés et les fardeaux de la vie sur la terre, se souvient quelquefois de Moi, pense à Moi? »
Cela montre que notre désir de devenir farishta, ange, de devenir divin, est un faux désir. Notre désir de devenir animal est folie. Ce que nous devons souhaiter est de devenir humain. C’est le plus difficile. Tout le reste est plus facile.
source : http://www.soufi-inayat-khan.org/murshid/t1c3_07.htm
Oui… Ben, … je vous souhaite bon courage pour votre exposé sur l’avenir du progrès, M. Jorion.
Je trouve que certains commentaires sont un peu durs parce que c’est vraiment pas évident comme thème. Mais, demandant un avis, donc prêtant le flanc à quelques critiques, je suppose que vous vous y attendiez.
Le progrès, c’est vaste comme programme. On dirait un sujet philo du Bac! D’ailleurs, allez-vous plutôt vous focaliser sur le progrès technique, ou scientifique, ou médical, ou social, ou encore économique? (pour l’économie, j’en suis à peu près sûr)
Le progrès a-t-il de l’avenir? Le progrès, est-ce l’avenir? L’avenir se fera-t-il par le progrès?
Et l’économie! Va-t-elle nous faire progresser ou va-t-elle vers une grande régression?
?????
Franchement, je ne peux m’empêcher de penser à votre petite chronique vidéo hebdomadaire « aujourd’hui, on est vendredi », du 24 décembre. Il y avait chez vous (c’est mon ressenti) comme un sentiment de colère froide, devant tant d’inaction, d’aveuglement, d’abandon à vrai dire, en cette année 2010 de la part des décideurs politiques et même des autres.
« Savent pas, veulent pas, peuvent pas »!
Alors, je me dis que ce n’est peut-être pas le progrès qui a de l’avenir mais le bordel, la chienlit, le merdier , le chaos…
« VOUS VERREZ, LA MERDE A DE L’AVENIR. BIENTOT, ON EN FERA DES DISCOURS. » (L-F-Céline)
Ps: une citation des années 1930, et pourtant, aujourd’hui…
@WEBMASTER
la petite phrase en-dessous de l’encadré où l’on tape nos commentaires, il manque un S dans « La modération des commentaire(S) »
De quel système gnostique est issue cette réflexion? Comment quelque chose qui n’a pas de conscience (la nature avant l’apparition de l’homme) peut-elle se donner des moyens?
Votre critère de qualité minimum, refusant d’admettre d’autres possibilités que son propre cadre me semble un apriori que vous devez expliquer, un préjugé qui refuse d’examiner toutes les facettes d’un problème. Ce n’est pas parce que vous ne voyez que des matériaux et des ouvriers sur un chantier de construction qu’on doit exclure qu’un bureau d’architecte puisse travailler en arrière plan (ou ne pas travailler).
Du fait qu’Aristote utilise la méthode scientifique, je ne comprends pas que vous vous permettiez de l’enfermer dans une philosophie empiriste qui semble exclure toute métaphysique. Je pensais qu’Aristote en était arrivé au moins au moteur premier et attribuait aux astres des attributs d’éternités, ce que l’on ne retrouve aucunement dans la nature tel que la science nous la découvre aujourd’hui. Cette gageure m’apparaît donc un peu osée.
Vous semblez donner énormément de pouvoir au syllogisme en l’assimilant à la raison et en lui donnant des pouvoirs presque ésotériques de puissance et de prise de conscience comme s’il s’agissait d’une illumination comme on les retrouve dans les systèmes gnostiques. La raison en tant que tel est un concept un peu trompeur comme si elle existait en dehors de la personne qui raisonne, ce qui n’est pas le cas. Le processus du syllogisme est loin d’être exempt d’erreur et requiert une rigueur et une logique importante pour ne pas aboutir à une conclusion erronée. De plus, le syllogisme n’est pas le seul mode de raisonnement qui permet d’appréhender le réel, l’intuition en étant un autre. Donc de dire que le syllogisme est le moyen que la nature s’est offerte pour se surpasser me paraît abusif et semble attribuer à la nature un quelque pouvoir ésotérique en soi, presque divin (théosophique).
Vous dites que notre espèce est mauvaise et agressive, ce qui semble plutôt une conception manichéenne. Vivre selon sa nature n’est pas une question de bien ou de mal. Il s’agit simplement de vivre selon son propre mode d’être. Depuis que la vie est apparue sur cette terre il y a environ 5 milliards d’années, la vie qui va du plus simple au plus complexe garde les mêmes nécessités de nutrition (en assimilant ce qui nous convient dans le milieu ambiant dans lequel nous vivons) et de reproduction. Vouloir assimiler cette nécessité inhérente à la nature avec un mal me paraît une aberration. Cela se complique encore plus avec l’homme car la conscience a ajoutée le problème de la liberté.
Ne voir que des esprits forts que d’une seule métaphysique principale, la matérialiste athée, me semble très réducteur. Vous devriez à tous le moins, même si vous ne partagez pas leur avis, reconnaître le haut niveau de réflexion dans la métaphysique panthéiste ou la métaphysique théiste (création) d’un Thomas d’Aquin. Je crois que les grands esprits se respectent même s’ils ne partagent pas les mêmes points de vue et combattent des idées contraires.
Oui il y a eu évolution vers le mieux-être matériel depuis quelques milliers d’années, mais cela n’est certainement pas dû à une libération soudaine de nos vieux démons (agents surnaturels); la nature humaine a toujours cherché à se dépasser de tout temps et ce n’est certainement pas un phénomène récent, à moins de souffrir d’obscurantisme. Arnold Toynbee a dénombré 31 civilisations. Ce qui explique dans tous les cas la genèse d’une grande civilisation, c’est la riposte, la réaction active, intelligente et créatrice des hommes à une difficulté, à un défi, à un obstacle, à une épreuve qui est placée sur leur route. Une grande civilisation est toujours une victoire remportée sur un obstacle et la réponse à un défi. Là où il n’y a pas d’épreuve, pas de défi, pas d’obstacle, il n’y a pas non plus de civilisation. Une humanité sans difficulté ne se développe pas. Penser que nous avons atteint le nec plus ultra de la pensée humaine seulement récemment est une utopie d’autant plus qu’un paradigme en remplace un autre et avoir la prétention d’avoir finalement atteint l’illumination relève plus de la kabbale que d’un esprit scientifique. Toynbee mentionne que les civilisations meurent par suicide plutôt que par conquête et à lire vos propos sur l’économie (très intéressant d’ailleurs), il semble évident que la civilisation actuelle semble s’approcher dangereusement du suicide, ce qui me porte à être en désaccord avec la dialectique de votre texte.
Je n’entrerai pas dans votre conception du dessein intelligent car il y aurait tellement à élaborer qu’il y faudrait des heures.
J’espère ne pas vous avoir trop heurté par mon style direct.
C’est un texte philosophique, non théologique. Il me semble que c’est évident mais j’aurais peut-être dû le préciser.
Le primus movens chez Aristote est le point faible de son système ; je ne me sens pas obligé d’y souscrire.
La raison et le syllogisme, c’est le thème central de mon ouvrage Comment la vérité et la réalité furent inventées (Gallimard 2009) ; j’y renvoie le lecteur que le sujet intéresse.
Pour vous aider à situer mon inspiration, mon texte s’appelait initialement, Ce que Hegel dirait aujourd’hui. J’ai voulu voir ce que cela donnerait. Une fois rédigé, je l’ai repris à mon compte.
« C’est un texte philosophique, non théologique. Il me semble que c’est évident mais j’aurais peut-être dû le préciser. »
Absolument… enfin, moi, je vous aurais pas cru… : avec Hegel ou schelling, on dirait une blague.
« Le primus movens chez Aristote est le point faible de son système ; je ne me sens pas obligé d’y souscrire. »
c’est un choix rationnel? des arguments? ou une simple pétition de principe?
de fait le « vous » ou le « logos »…
c’est çà qui vous fait imaginer une philo sans 1er? 🙂
les repères cartésiens sans origine, vous faites comment? 🙂
je finirais par croire que la philo est pour vous une inépuisable boîte à bricolage…
les concepts de math, vous les extrayez de leurs axiomes aussi? un peu de pythagore, un peu de Leibniz, un peu de weierstrasse, et un peu de Quine en logique…
parlant d’invention de la vérité : vous imaginez ces corpus non cohérents donc.
des critères de pertinences du butinage?
@ sylla
L’important, c’est que vous preniez ça du bon côté : vous avez compris que ce qui compte dans la vie, c’est de prendre les choses avec philosophie.
« de prendre les choses avec philosophie »
mr jorion : selon la définition que vous donnez à philo ici, je pourrais devenir très désagréable ou simplement me demander comment on peut faire autrement que se poser des questions.
philosophie n’est pas un baume aux malheurs ou un pis aller théorique et rhéthorique.
si vous partez du principe que la logique à qq effectivité sur le réel, qt à son analyse ou qt à l’action, la philo est le structurant mental.
« L’important, c’est que vous preniez ça du bon côté « …çà?
Hegel, oui c’est bien, mieux même…mais c’est surtout pour vous : vous nous avez demandé nos réactions face à cette dissertation.
si les questions que « je » vous pose ne seront certainement pas soulevées chez « Diderot », où le consensus métaphysique comme dans toute cette modernité ronronne, attendez vous à les retrouver ailleurs. ne serait ce que celle d’un matérialisme qui emploie des essences pour s’exprimer (à part Hegel, qui n’en est pas vraiment un). ce n’est bien sûr pas pour le plaisir de critiquer que j’essaie de vous le signaler. Absolu=Dieu, chez Hegel ou schelling. (Fichte et je ne sais qui, tous du même « collège » , je crois).
profitez bien des fêtes pour restaurer l’énergie^^
bien à vous
@sylla
Facile… Parce que vous, Sylla, vous ne vous intéressez, n’utilisez ou ne reprenez exclusivement dans vos batifolages ou pérégrinations philosophiques (elliptiques et brillants par ailleurs) que les discours ou théories dont aucun des postulats initiaux ne vous heurtent ou vous paraissent faibles, y compris pour critiquer les autres (discours ou théories pour vous invalides) et ce quelles que fussent la fécondité et la richesse conceptuelle de ces théories exclues ? 😉
« La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l’objectivité de la Nature. C’est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance « vraie » toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c’est-à-dire de « projet ». […] Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d’imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d’un projet, d’un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. Mais le postulat d’objectivité est consubstantiel à la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles. Il est impossible de s’en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même. »
« L’objectivité cependant nous oblige à reconnaitre le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique profonde. Le problème central de la biologie, c’est cette contradiction elle-même, qu’il s’agit de résoudre si elle n’est qu’apparente, ou de prouver radicalement insoluble si en vérité il en est bien ainsi.»
Jacques MONOD Le Hasard et la Nécessité, éd. du Seuil, coll. Points, pp. 37-38.
Sur la téléonomie :
Sur les artefacts :
Je ne vois pas pourquoi vous me taxez de faire de la théologie du fait que je n’admet pas votre critère de qualité minimum; il me semble que la philosophie doit admettre toutes les questions sous peine de manque de rigueur. Je vous demandais simplement de justifier votre apriori pour un cadre restreint. Je me permettrai ici un mauvais jeu de mot, mais il me semble que votre cadre n’est pas accroché à aucun mur; vous pouvez toujours rêver qu’il tiendra tout seul mais la réalité est bien autre.
Vous nous avez dit également qu’Aristote est le premier qui réussit cette gageure en proposant un système complet. Mais vous prenez bien soin de limiter sa pensée qu’aux observations empiriques et raisonnements qui en découlent (toujours votre fameux cadre). Le premier moteur n’est certainement pas un élément périphérique et sans importance de la pensée d’Aristote et est même au coeur de sa métaphysique. Il me semble que votre première assertion (gageure) sur son système complet souffre de réductionnisme, ce qui n’échapera pas aux lecteurs un peu plus au fait de la philosophie d’Aristote.
Il y a tant d’erreurs dans ce que j’ai écrit que je vous propose de corriger mon texte. Je publierai votre version corrigée, à condition que ce ne soit pas de la théologie bien entendu – sinon on change de genre.
Le syllogisme par définition fait intervenir des raisons. En toute rigueur il n’est donc pas possible d’affirmer que l’intuition serait un
Si l’on comprend l’intuition comme l’action de voir une image (« dans une glace » ajoute l’étymologie latine intuitio pour souligner son caractère immédiat), l’intuition se trouve sur un autre plan. Elle est le résultat du processus inconscient par lequel nous créons de nouvelles analogies : le travail de la mémoire lorsque celle-ci crée des associations libres qui permettent de rapprocher de façon inédite des éléments qui entraient ou n’entraient pas (car jusqu’ici inobservés) dans les syllogismes tenus jusqu’alors pour représenter la seule réalité possible et même pensable, cadre d’une action possible. L’intuition propose de nouveaux rapprochements, le syllogisme dispose.
Ainsi l’intuition, aussi géniale soit-elle, ne peut rendre compte à elle seule d’une transformation du monde. L’intuition a un pouvoir réel puisqu’elle peut être à l’origine d’une nouvelle configuration du réel, mais seule la raison permet de donner une cohérence au monde, une cohérence qui soit valide et sans laquelle nous ne pouvons transformer.
Voilà comment je comprends l’intuition à la lumière des explications de Paul concernant la mémoire et le syllogisme. Bien entendu le mieux est que vous vous fassiez votre propre opinion en allant lire son livre.
« Cultiver » l’intuition !
Cette forme de connaissance, directe et immédiate, qui ne recourt pas au raisonnement.
Riche champ d’investigation en perspective…
Elle est aussi la résultante de la vacuité totale de l’esprit !
L’état d’être de ce qui est vide [de l’ancien français: vuit, voide – friche (terre)] ne se cultive pas, il advient.
Cela lorsque l’esprit s’est vidé en conscience de toutes formes de verbalisations intérieures.
Une extraordinaire force émerge alors en nous et procure instantanément, à l’organisme émetteur/récepteur de bio-énergie subtile que nous sommes, la solution à transposer, puis à adopter, pour pouvoir véritablement transformer le réel.
Vigneron :
en gros, vous me demandez si je crois à ce que je dis?! oui^^ je pense essayer au moins…
et pour critiquer de même, ou alors, c’est ironique (ironie française : pas de moquerie non fondée ou mal intentionnée) ; sinon, c’est ad hoc (comme ici Heidegger : on peut bien sûr avoir fondamentalement tort, et écrire de bonnes phrases^^ ou pire, comme kurt lewin, se dévoiler : « rien de tel qu’une bonne théorie »). en math peut être : là j’ai pas les pneus neige.
enseignant de coeur, je tiens justement à ce que les contenus soient cohérents : y retirer une pièce fondamentale, c’est laisser une place à l’imagination la plus « créative ».
c’est sur cette phrase, n’est ce pas? « vous imaginez ces corpus non cohérents donc. des critères de pertinences du butinage? » Pour ma part, j’ »imagine » ces corpus très cohérents, et plus la durée d’existence est grande, plus cette cohérence a été soumise à l’épreuve du feu.
du bricolage est tjrs possible : certaines parties s’emboîtent même très bien. mais d’autres s’excluent.
c’est Heidegger je crois qui dit que la philosophie n’est que notes en bas de page de Platon.
c’est une longue tradition. comme je suis plutôt platonicien, je n’ai pas une vision utilitariste ou fonctionnalistes des arguments ou des philosophies et mes détours peuvent vous paraître emprunts, mais ce n’est qu’une perspective.
(concernant ces « coqs à l’âne », je vais faire un effort dans la concision, VB me l’avait déjà dit, mais, et de même la « multiplication des phrases », je n’ai guère qu’un deux ou trois thèmes, seules les illustrations sont légions.)
de plus, mieux vaut connaître ce que l’on considère être nos faiblesses.
concernant ce retour de charge de la preuve, je ne me présente pas à l’avenir du progrès…
qd même^^… c’est bien que jacques s’en occupe…
bien à vous
Répondre pour ne pas répondre. Une petite citation que je trouve pertinente avec le sujet. Il s’agit de Richard Lewontin de l’école Darwinienne:
« Nous avons un engagement préalable pour le matérialisme. Ce n’est pas que les méthodes ou les institutions scientifiques nous contraignent en aucune façon que ce soit d’accepter une explication d’ordre matériel du monde des phénomènes, mais c’est au contraire notre adhésion préalable à la causalité matérielle qui nous force à créer une méthode d’investigation et une série de concepts qui produisent des explications matérielles, quand bien même celles-ci s’opposeraient à notre intuition ou laisseraient perplexes les non-initiés. Le matérialisme est, de plus, absolu, en ce que nous ne pouvons accepter la moindre présence divine. »
C’est cela que j’appelle un a priori idéologique qui procède selon des préférences et qui se distancie de la méthode scientifique objective, qui elle, recherche la vérité par dessus tout, et n’exclut aucunes propositions a priori.
C’est aussi un stratagème de l’Ego cherchant à s’approprier individuellement la source de ses intuitions !
En vérité, mes propos plus haut se rapporte précisément au phénomène de l’inspiration qui est une des formes de l’intuition.
Étymologiquement, inspiration vient du latin « in spiritum », qui signifie littéralement « avoir l’Esprit (Dieu) en Soi ».
L’inspiration provient donc d’un « souffle émanant d’un être sur-naturel, qui apporterait aux hommes des conseils, des révélations; [c’est un] état mystique de l’âme sous cette impulsion sur-naturelle ».
Physiologiquement, ce souffle (flux énergétique divin) se transmet dans l’organisme vivant lors de l’inspir de la respiration et se transmute ensuite en son sein par assimilation via l’échange gazeux « air/poumons/sang ».
L’énergie ainsi générée et accumulée lors de respirations conscientes va pouvoir alors directement nourrir le cerveau qui a besoin de ce carburant « éthérique » pour se libérer, s’intégrer et finalement créer véritablement.
L’Ether étant à mon sens le substrat énergétique universel invisible permettant la propagation de la fameuse « Énergie du Vide » – « Zéro Point Energy » (tant décriées par les tenants du matérialisme absolu).
Du souffle :
Maison borniol !
« Comment quelque chose qui n’a pas de conscience (la nature avant l’apparition de l’homme) peut-elle se donner des moyens? »
Comment un processus, par exemple purement biologique (disons un processus de différenciation cellulaire visant à la construction de certains types de tissus) peut-il se développer et s’en donner les moyens, sans « conscience » ? Si par « conscience » on entend celle d’un acteur identifié et individuel (anthropomorphisme?) non apparent et qui tire les ficelles en coulisse certes on peut se poser la question. Mais la plupart des phénomènes se déroulent sans intervention de ce type de « conscience ».
Le terme de « conscience » est vague et sert de fourre-tout à toutes sortes de notions différentes.
[…] s’il y a quelque chose à quoi nous initie l’expérience analytique, c’est que ce qu’il y
a de plus près du vécu, du vécu comme tel, c’est le cauchemar. Il n’y a rien de plus barrant de la pensée, même de la pensée qui se veut claire et distincte : apprenez à lire Descartes comme un cauchemar, ça vous fera faire un petit progrès. Comment même pouvez vous ne pas apercevoir que ce type qui se dit :je pense donc je suis, c’est un mauvais rêve ? […]
@ Pierre-Yves D.
« De plus, le syllogisme n’est pas le seul mode de raisonnement qui permet d’appréhender le réel, l’intuition en étant un autre »
Vous avez raison; j’aurais dû écrire: De plus, le syllogisme n’est pas le seul mode qui permet d’appréhender le réel, l’intuition en étant un autre.
Je suis d’accord avec vous sur son caractère immédiat. Par contre, je ne vous suis pas en ce qu’elle serait un processus inconscient.
Il est vrai que depuis Descartes, et à sa suite toute la rationalité occidentale a eu comme projet de placer toute la connaissance sous le joug de la raison, considérant ainsi que tout est rationnel dans l’univers, y compris l’être, donc connaissable par la spéculation logique.
mais la raison, si elle est parfaitement adaptée à la connaissance de la nature et donc aux sciences, est inapte à saisir toutes les facettes du vécu humain : elle doit céder la place à l’intuition sur la question de l’être.
Les universaux sont des réalités, non en soi, mais abstraites des individus singuliers ; il faut moins entendre par là le travail de l’intellect qu’une saisie immédiate de l’intuition, qui perçoit des ressemblances entre les individus singuliers. Encore une fois, l’universel est saisi « instantanément » avec le singulier.
Lorsque je pose mon regard sur un bouquet de fleur, il n’est pas vrai de dire que je doive raisonner par un syllogisme pour concevoir sa beauté. L’intelligence saisi instantanément cette réalité par intuition; une dissertation de trente pages n’améliorera pas ma compréhension de sa beauté.
Non je ne pense pas que seul le syllogisme dispose. L’intuition est une porte ouverte à l’émerveillement et en ce sens nous dispose également à l’action. Au travail surestimé de l’intellect dans la connaissance, je préfère l’intuition amoureuse dans la perception sensible de l’être, qui non seulement saisit l’ultime réalité des singularités, mais aussi s’ouvre à l’universalité de l’acte d’exister des phénomènes.
L’intuition et le raisonnement sont complémentaires dans l’acte d’intelligence et je pense qu’il est inapproprié de s’enfermer dans le seul syllogisme. Beaucoup ont la prétention de saisir toute la réalité dans un raisonnement rempli de beaux syllogismes sans se rendre compte qu’il ne propose qu’un cadre bien souvent idéologique qui ne reflète que quelques brides de la réalité, même si ces syllogismes sont bien ficelés entre eux. Je ne dit pas qu’il n’y a pas cohérence dans ces cadres, mais je ne leur accorde pas la prétention qu’ils ont de tout saisir de la réalité et fini par ressembler à un miroir.