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22/11/2010 – Paul Jorion – BFM Business – Intégrale Bourse
envoyé par PJorion_BFMRadio. – L'info video en direct.
Refonte de la fiscalité mentionnée par Nicolas Sarkozy mardi dernier
Mardi dernier dans son entretien télévisé, Nicolas Sarkozy a évoqué une refonte de la fiscalité en France, mentionnant entre autres le remplacement de la fiscalité fondée sur le patrimoine par une autre, fondée cette fois-ci sur les revenus du patrimoine ; il a parlé aussi d’alignement de la fiscalité française sur celle des autres pays européens.
Un souci de réforme est toujours le bienvenu mais n’a-t-on pas de raisons de se méfier si l’on se souvient qu’aussitôt que des difficultés ont été mentionnées au printemps à propos de la dette publique, une remise en question du système de protection sociale fut mentionnée immédiatement après comme étant le remède approprié ?
Sans même en savoir davantage sur les intentions du gouvernement, une remarque a priori sur le principe-même annoncé s’impose : si une fiscalité fondée sur la valeur du patrimoine a une chance de contrer la concentration du patrimoine qui paralyse l’économie, une autre, fondée sur les seuls revenus du patrimoine n’a aucune chance d’y parvenir puisque, n’impactant que les nouveaux gains et en n’en ponctionnant par l’impôt qu’une partie, elle permet au patrimoine de s’accroître encore davantage. Le mouvement ne devrait-il pas être en sens inverse, à savoir, ignorant les revenus du patrimoine pour se fonder sur le patrimoine lui-même – comme c’est le cas aujourd’hui ? C’est d’ailleurs ce que suggère le Conseil des Prélèvements Obligatoires dans son rapport de mars 2009 (1), qui évoque « la nécessité d’appréhender les revenus en nature et les plus-values latentes jamais réalisées », ce que seul permet l’accent sur le patrimoine lui-même et non sur ses revenus.
Que penser également du principe d’un alignement sur la pratique d’autres pays ? Il s’agit bien sûr d’un souci général dans le cadre européen, mais sans qu’il soit précisé qui doit s’aligner sur qui. Un alignement a priori de la France sur d’autres pays n’offre aucune garantie que l’on aille dans la bonne direction. Pourquoi ne pas réfléchir soi-même à ce qu’il conviendrait de faire ? sans se préoccuper de ce qu’ont fait les autres, d’autant plus que leurs décisions en la matière précèdent sans doute la crise et n’ont pas pu en intégrer les leçons.
Il est vrai bien entendu que le système fiscal français actuel n’est pas organisé selon une véritable philosophie. Il est l’aboutissement de glissements successifs fondés sur des marchandages déterminés eux-mêmes par des rapports de force, sans réflexion sur le fond pour le guider. Le Conseil des Prélèvements Obligatoires le souligne quand il évoque « la complexité croissante des régimes et des mesures dérogatoires ».
Le système d’imposition existe « en soi » et ses incohérences ont été « corrigées » par ajustements successifs : 1) par les « transferts sociaux » (« La redistribution des richesses résulte aujourd’hui davantage de la dépense publique, et notamment des transferts sociaux, que de l’impôt », affirme le rapport du CPO), 2) par la Contribution sociale généralisée (CSG), 3) par l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), alors que ces « corrections » ont été partiellement neutralisées d’autre part par le bouclier fiscal.
En fait, l’architecture du système fiscal trahit une étonnante absence de compréhension globale du fonctionnement de nos sociétés, de leur économie et de leur système financier. Ainsi par exemple, les revenus du capital d’une part, les gains provenant de stock options, considérés comme « gains exceptionnels » (même si « en 2007, 64 % des personnes les plus aisées, 43 % des personnes très aisées, et 25 % des personnes aisées ont perçu des revenus exceptionnels » (2), observe un rapport de l’INSEE) d’autre part, doivent être apparemment ménagés parce qu’ils sont « hors système », comme si ces gains venaient de « nulle part ».
Or quel est le contexte ? il est celui que l’on trouve décrit dans ce même rapport de l’INSEE (3) : « …une explosion des revenus touchés par les personnes à très hauts revenus… les 10 % les plus riches reçoivent un quart des revenus d’activité déclarés, près de deux tiers des revenus du patrimoine et plus de quatre cinquièmes des revenus exceptionnels. Les très hauts revenus ont un poids économique encore plus important : ils ne constituent que 1 % de la population, mais représentent 5,5 % des revenus d’activité, 32,4 % des revenus du patrimoine et 48,2 % des revenus exceptionnels déclarés ».
Le progrès annoncé d’une future réforme dans le rapport du Conseil des Prélèvements Obligatoires est de son côté bien maigre : on distinguera désormais comme base d’imposition, la consommation, le travail, le patrimoine et l’épargne… Quant à l’héritage, facteur majeur, comme on le sait, dans la concentration de la richesse, n’en parlons pas : le problème a apparemment déjà été réglé, je cite : « Ainsi, l’allongement de la durée de vie nécessite de faciliter la circulation des patrimoines, ce qui a été l’un des principaux buts, semble-t-il atteint. Par ailleurs, le rôle de redistribution des richesses, qui était l’une des justifications de cet impôt rendu progressif au début du XXème siècle, est aujourd’hui atteint par d’autres moyens, notamment par la dépense publique et par l’impôt progressif sur le revenu ». Ah, si on nous en assure…
La discussion s’étalera, nous dit-on, sur six mois, il est temps de commencer à y réfléchir si l’on ne veut pas être pris au dépourvu, comme ce fut le cas dans une affaire qui fit récemment l’actualité.
(Je reviendrai sur cette question dans ma chronique du Monde-Économie, lundi prochain).
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(1) Conseil des Prélèvements Obligatoires Le patrimoine des ménages, mars 2009
(2) « … le terme « les plus aisés » correspond au dernier dix-millime des personnes, soit les 0,01 % personnes aux plus hauts revenus déclarés par unité de consommation ; l’expression « très aisés » désigne les 0,09 % suivants ; enfin les « aisés » seront définis comme le reste du dernier centile de revenus, soit les 0,9 % suivants » (Solard 2010).
(3) Solard, Julie, Les très hauts revenus : des différences de plus en plus marquées entre 2004 et 2007 Les revenus et le patrimoine des ménages – Insee Références – Édition 2010
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
143 réponses à “BFM RADIO, LUNDI 22 NOVEMBRE 2010 À 11h39”
Ce qui était de l’ordre de la farce dans le discours de Mr Sarkozy était l’emploi du mot « compétitivité » vis à vis de l’Allemagne : Heureusement que les stress tests des banques Françaises et Allemandes restent secrets. Il n’y a plus de rivalités entre français et allemands quand les banques d’affaires et de détails ont trempé dans les mêmes combines. Le discours du Président est sans appel, nous devons plonger dans le même abîme.
Arrêtons avec les 25 milliardaires français qui décideraient de tout. Ils pèsent lourd dans l’entourage de Sarko. Mais les 2 200 000 millionnaires en $ français (9% du total mondial, 25% du total européen loin devant l’Allemagne ou l’Angleterre) comptent pour beaucoup, beaucoup plus dans son assise électorale et dans ses décisions. ce nouveau projet de réformette fiscale en est une éclatante nouvelle preuve.
Sarko est bel et bien le président des riches, plus que des super-riches.
C’est une réalité politique, une réalité sociologique, une réalité démocratique. 2 200 000 d’électeurs c’est plus de 5% du corps électoral, plus une bonne partie des- comment dire.. – disons « ayant-droit » de ces messieurs-dames. Ça pèse très lourd. Ca pèse l’équivalent politique des 2500, 3000 voire 4000 milliards d’euros de ces braves gens qui se définissent comme des représentants de la « classe moyenne » méritante.
Une énergie noire qui pénètre de gré ou de force tout esprit politique tant soit peu réaliste. Quoiqu’il veuille faire de cette énergie,en profiter ou la combattre en la réduisant, il devra la canaliser, la flatter ou la dompter, mais se la coltiner de toute façon. Une puissance d’inertie et de représailles qu’on ne peut mésestimer ou traiter par le mépris. Elle soutient tout le système dans ce vieux pays de paysans. Sarko le sait. Elle est le noyau dur de son électorat et de sa propre puissance; Elle est le problème du PS et la cause de ses atermoiements, de ses trahisons, de ses bassesses. Le reste, c’est babillage de collégiens. Le problème de la France, c’est ses millionnaires, point.
« Le problème de la France, c’est ses millionnaires, point. »
La bourgeoisie quoi.
Mais au total ça fait quelle partie du corps électoral? Sarko au premier tour, il fait dans les 20% de 70% du corps électoral. Moins de 15% du corps électoral donc, les chômeurs font presqu’autant. C’est pas une question de nombre, c’est une question de pèze. D’accès aux médias et aux postes d’élus surtout (sociologiquement, ils sortent tous ou presque de cette bourgeoisie dont tu parles).
Vigneron, ce ne sont que des millionnaires de bulles, immobilière surtout.
Le problème est en train de se résoudre…… Vive les subprimes !
Reste les milliardaires en tonnes de TNT et là pas de bêtises avec leur bulle …….
Vigneron
Je suis bien convaincu d’une chose. C’est la boîte de conserve en or (on pourrait dire la boîte de Pandore), avec sa bonne vieille recette à l’intérieur. Sur l’étiquette tu peux lire : pur produit du terroir – Made in France. Et puis son inimitable cacheton certifié « classe moyenne ». Le bon goût, c’est une autre histoire, comme un fum(i)et décidément trop riche et trop gras.
Savez vous faire de la magie en multipliant les ventes d’avions?
http://chine.aujourdhuilemonde.com/airbus-sarkozy-vend-il-plusieurs-fois-les-memes-avions
C’était une bonne intervention Paul!
[…] faire un tour, comme tous les jours, sur l’excellent blog de Paul Jorion , j’ai eu la curiosité de télécharger et lire une document qu’il cite: Les très […]
?
Sans doute un commentaire modéré par les RG ?
Ceci n’est pas un commentaire, cela s’appelle un lien entrant.
En quoi la concentration du patrimoine paralyse-t-elle l’économie ? Doit-on penser qu’un patrimoine extrêmement éclaté et par voie de conséquence bien plus fragile serait moins paralysant pour l’économie?
A mon humble avis plus il est petit, plus le patrimoine risque de servir pour nourrir la consommation et disparaître. C’est la façon la plus courante de « manger le capital »
Or l’intérêt pour un pays est de fixer sur son sol un ensemble de patrimoines d’une masse critique unitaire suffisante pour rivaliser avec les autres au niveau mondial. C’est ainsi profiter de l’effet d’échelle qui bénéficie aux productions en grands nombres.
La richesse d’un pays n’est-elle pas directement fonction de la valeur du capital productif (privé ou national) qui y réside associée à la valeur d’un capital humain en mesure de le mettre en œuvre de manière efficace et compétitive au plan mondial?
Ainsi constituée, la machine à créer de la richesse nationale ne doit pas être étouffée ou surchargée par une imposition excessive au regard des pratiques rencontrées dans les autres pays, si l’on veut la conserver et continuer à en vivre.
Une fiscalité assise sur le revenu du capital ou du patrimoine productif, me semble bien plus favorable au maintien de la richesse nationale car elle ne contribue pas à réduire les moyens de production lorsque la conjoncture vient à être défavorable, évitant ainsi que l’Etat mange son capital ou celui des producteurs de richesse implanté sur son territoire.
En période de déflation, cela évite l’accélération de la perte de valeur, réduit les faillites et donne de meilleures chances pour rebondir.
Je vois mal pourquoi un capital productif qui s’accroît sur son sol, peut nuire à un pays.
Avez-vous jamais lu un seul de mes billets ? je ne parle même pas de mes livres. J’espère qu’il s’agit d’une aimable provocation de votre part pour lancer la discussion.
Jducac, la déflation dont vous parlez n’est que le résultat de bulles anormalement créées et susceptibles de se dégonfler ; et lorsque vous parliez de « l’argent créé à tout va », et bien il permet de maintenir le cours de ces actifs « inflatés » alors qu’une déflation devrait salutairement se produire (notre échange précédent).
Question simple, réponse facile: Le patrimoine est une denrée limitée. S’il se concentre en un point, cela veut nécessairement dire qu’il vient à manquer ailleurs. La monnaie, vecteur principal du patrimoine à tel point qu’elle finit par en devenir la représentante universelle, n’échappe pas à ce constat. La fabrication de monnaie est nécessairement limitée, faute de quoi elle ne correspond plus aux richesses produites , elle ne valorise plus de biens ou services nouvellement créés. C’est l’inflation.
Par conséquent, si vous concentrez des (milliers de) milliards de [monnaie de référence] en certains points, vous pouvez être certain qu’ils font défaut en d’autres points.
Seuls les points où le patrimoine se concentrent peuvent encore faire économie ( c’est à dire entrer dans une relation d’échange marchand). Les autres en sont exclus de fait, n’ayant plus accès à cette interface d’échange qu’est la monnaie.
Exemple tout à fait personnel et récent: Je viens de me faire virer du job que je venais de trouver voici quelques semaines parce que l’entreprise qui m’avait sollicitée se trouve dans l’incapacité de financer mon poste.
Cette entreprise croule sous le travail, et pourtant elle ne parvient pas à créer de nouveaux emplois, faute d’argent. Ses clients préfèrent concentrer leurs patrimoines plutôt que de payer dans des proportions correctes la quantité de travail qu’ils lui demandent, ou encore eux-mêmes se trouvent dans une situation similaire vis-à-vis de leurs propres clients. Sans doute un subtile mélange des deux.
@ Paul Jorion dit : 23 novembre 2010 à 08:46
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la plupart des billets publiés sur votre blog depuis près de deux ans. J’ai donc lu les vôtres et j’ai lu votre livre « L’Argent mode d’emploi » sans pour autant, être en accord avec tout ce que vous dites. J’ai même parfois l’impression que vos déclarations ne sont que des provocations destinées à faire réfléchir et réagir.
Quand j’interviens comme aujourd’hui, en exprimant un avis qui ne va pas dans le sens du billet ou du commentaire concerné, c’est dans une démarche positive dans le but de servir la réflexion collective et de faire émettre des arguments et explications de nature à justifier et faire comprendre les positions prises.
Personnellement je m’efforce d’expliquer ce qui peut justifier ma position et je ne doute pas que ceux qui ne partagent pas mes déclarations, réagiront en faisant de même, dans l’intérêt de tous.
Jducac
Vous pourriez relire » L’esprit des lois » et accepter tout de méme avec nous que si les offines du trading, les mécanismes spéculatifs totalement découplés et avec cynisme de création de richesses utiles, peuvent bien avoir encore les lois avec elles, tout étre humain digne de ce nom peut avoir une Morale; plus méme devrait avoir une Morale si il se prétend le produit d’une civilisation.
Notre hote n’a jamais prétendu qu’il fallait mettre par terre le capitalisme mais lui redonner aux plus values une éthique compatible avec le travail et l’intelligence des etres humains, en revanche il soutient contre les ultralibéraux que l’évolution d’un capitalisme d’affaires producteur de plus values véritables vers un enrichissement virtuel d’origine spéculative est devenu intenable car il est immoral, tellement immoral qu’il est entrain de créer sa propre faillite.
Un maitre de conférences à normale sup pourrait tres bien diriger une salle de trading, il en a les capacités intellectuelles et les diplomes pour y rentrer par la grande porte, mais la morale est ainsi faite qu’on puisse trouver immoral qu’il n’ait droit qu’ un salaire de 2500€/mois……….et apprécier à sa juste valeur qu’il laissera autre chose à ses enfants qu’un yacht ou des piscines aux bermudes .
Qui retiendra dans l’histoire de l’humanité le nom de Goldmann-Sachs? Qui peut prétendre éffacer au nom d’une dette ce que l’Humanité doit à la Gréce, à l’Espagne et aux Irlandais, ce sont des ardoises de bistrotiers face à l’histoire!
Défendez vous comme un beau diable sur ce Blog en cherchant de mauvaises querelles aux uns et aux autres, mais à mes yeux vous appartenez à un systéme de valeurs qui est condamné par manques de valeurs.
J’ai réagi, aux fautes d’orthographe prés, Juan Nessy me les pardonnera t’il?
@ Bernard Laget
Sauf erreur de ma part, je n’ai lu nulle part sous la plume de notre hôte un quelconque distinguo entre ce qui serait une bonne et une mauvaise plus-value. Mais peut-être qu’en parlant de plus-value vous évoquiez en réalité la valeur ajoutée.
Notre hôte n’a certes jamais prétendu qu’il fallait mettre le capitalisme par terre, mais il n’a jamais dit non plus qu’il était une bonne chose. 😉 Le pragmatisme de notre hôte ne doit pas vous faire perdre de vue la radicalité de son analyse sociologique du capitalisme.
@ bernard laget dit : 23 novembre 2010 à 12:19
Désolé, mais la question posée est :
Vous avez eu beau gesticuler comme un diable, vous n’y répondez pas même en mettant en doute les valeurs de votre interlocuteur, ce qu’au titre de mes valeurs, je ne me serais pas permis de faire.
Quand on n’a pas d’argument, ne vaut-il pas mieux se taire ?
@ Jducac
Puisque visiblement personne n’a d’arguments valables à faire valoir en face des « vôtres », et que vous invitez plaisamment tout le monde à se taire, ne souhaiteriez-vous pas tout simplement que l’on vous remette les clés du blog pour que vous puissiez disserter en bonne compagnie : seul ?
@Bernard laget :
Je me suis aperçu que je devenais moi même critiquable de ce point de vue ( ce qui m’irrite profondément ) . La faute à la précipitation , à la non relecture , au doigt qui tremble sur le clavier , à mes lunettes .
Les Alpes du nord absolvent donc les Pyrénées .
@Paul Jorion :
Parce que j’ai cotoyé et parfois eu dans mon service des tempéraments aussi bien trempés que celui de Jducac , je vais me mouiller d’écrire ce que je perçois des incompréhensions qui accompagnent certaines de ses interventions .
C’est important , car dans la phase historico-économique que nous traversons ici et ailleurs , il ne faut pas se tromper d’ennemi .
L’image que je me fais de Juducac est celle d’un homme issu du terroir paysan jurassien ( mais on retrouve le même profil d’homme et de femme en Auvergne , en Ardèche , en Savoie ,sans doute dans les Pyrénées que je connais moins ) qui ont l’âme chevillée au corps et qui ont inscrit en eux la nécessité du labeur pour survivre , le sens ( par nécessité ) de l’économie , du non gaspillage ..Ce sont des travailleurs acharnés pour eux et pour les leurs . Ils sont d’une loyauté et d’une solidarité absolues . Ils sont les enfants souvent héroïques d’une économie de survie . Ils ne vendront jamais un pouce de terre . Ils feront toujours tout pour en acquérir un pouce de plus . Le capital ( mais attention pour eux le capital c’est du concret , ça se touche , ça se mange , ça se stocke , c’est du napoléon pas du casino ) devient , d’origine et de credo , une garantie de survie . Ils peuvent » pécher » par deux travers : l’accumulation souvent stérile (sauf pour l’état quand ils cassent leurs pipes , cf successions) et l’absence d’empathie pour d’autres façons de se faire plaisir .
Je ne crois pas que vous parliez exactement de la même chose avec Jducac quand vous parlez de capital , dans son contenu , son mode de formation , son utilisation , son niveau , sa concentration , son « sens » même » …
D’où l’importance d’être explicite et accessible , dans l’exposé des diagnostics , des termes employés , des pistes suggèrées , car si l’ambition , au delà de la démonstration , prétend fédèrer les forces contre un capitalisme mortifère , il faut que vous puissiez convaincre, autrement que par un renvoi à la lecture de vos livres , mon cantonnier qui , par beaucoup de ses qualités et insuffisances propres , ressemble à Jducac .
Je sais aussi par expérience qu’une fois au clair avec eux vous n’aurez pas de grognards plus courageux et fidèles pour aller jusqu’au bout , à la vie , à la mort .
@ Julien Alexandre dit : 23 novembre 2010 à 14:38
Je ne souhaite rien changer, mais pensais seulement être autorisé à une répartie polie quand on s’en prend à mes valeurs.
@ Karluss dit : 23 novembre 2010 à 09:24
Je crois que nous sommes à peu près en phase. Les actifs, comptés en une monnaie qui vaut de moins en moins à cause de sa dilution, peuvent rester « inflatés » un certain temps. Mais, selon leur nature, ces actifs risquent de baisser notablement quand nous devrons consacrer une part de plus en plus importante de nos revenus à satisfaire nos besoins de base, c’est-à-dire à l’énergie.
Sans énergie pas de vie. La monnaie universelle sera peut-être le kWh ou la tep= 11 628 kWh. Ce sont des unités absolues bien en liaison avec la cause racine de la crise actuelle qui est avant tout énergétique. Elles sont, bien mieux que l’or, en relation directe avec la vie.
@ juan nessy dit : 23 novembre 2010 à 15:25
Bravo et merci de vous être impliqué dans ce débat avec le but de favoriser les rapprochements de points de vue. C’est d’autant plus méritoire que nous ne sommes toujours sur la même ligne.
Tout n’est pas exact dans ce que vous écrivez me concernant, mais l’essentiel y est. En effet, la raison des frictions qui naissent sur le sujet du capital vient probablement du fait que, contrairement à beaucoup d’autres sur le blog, je ne suis pas un farouche opposant au capital en général.
Je lui vois des vertus tout autant qu’au travail que je défends plus encore. Mon rêve serait de voir le capital et le travail fusionner pour tendre vers la responsabilisation de tous les acteurs au lieu de les voir entretenir une lutte permanente génératrice de gaspillages qui desservent tout le monde et en premier, les plus faibles.
Contrairement à beaucoup d’autres qui m’apparaissent radicalisés de longue date, je n’ai subi aucun endoctrinement, ni influence théorique de quiconque. Ce que je crois résulte d’un pur raisonnement personnel qui, sauf à me prouver le contraire, me semble sain.
De longue date, je me suis déclaré contre les paris sur les prix et suis donc en accord en cela avec notre hôte. Concernant le capital productif je diverge et je dis pourquoi.
En effet, comme il ne peut pas y avoir de travail sans mettre en œuvre un capital, je pense qu’il est suicidaire de le taxer plus (le manger) quand ses revenus sont en déclin ou nuls car ce faisant, on se condamne à jamais de s’en servir pour travailler et procurer ainsi les revenus nécessaires au maintien à niveau et de la force de travail et du capital. C’est l’extinction assurée.
Je pense qu’il faut voir ce problème avec un champ de vision large, donc une vue englobant toute la planète, ce qui amène à voir comment la taxation s’opère dans les pays avec lesquels nous sommes en compétition afin de ne pas être plus suicidaires que les autres. Le sujet du billet concernait la taxation, mais ne suis pas certain qu’il ait été vu avec une vision assez large.
Derniers détails ; Concernant l’empathie, l’expérience m’a appris que ce ne sont pas toujours ceux qui en parlent le plus qui la pratique réellement le plus. Quant à mon origine géographique, vous vous êtes fourvoyé. Ma terre d’origine est celle où a été rédigé l’édit de Nantes (qui n’est pas Nantes), une terre d’apaisement des passions et d’appel à la raison. Cherchez, vous trouverez ma patrie d’origine et le grand philosophe qui y a souvent séjourné. Petit détail, pour vous éclairer, j’ai été élevé dans la religion catholique et ne la pratique pas, sauf pour les baptêmes et autres cérémonies, pas toutes aussi joyeuses. J’en connais d’autres
Vous dites souvent que votre expérience vous a appris telle ou telle chose, ou l’expérience de vos parents. Ce que vous appelez votre expérience, si je ne me trompe, ce sont les conclusions auxquelles vous êtes parvenu en interprétant ce qui vous est arrivé, ou ce qui leur est arrivé. Si je vous suis bien, cette interprétation doit rester intuitive. Toute tentative faite par d’autres commentateurs d’améliorer votre compréhension intuitive par de la connaissance est rejetée par vous.
Ma question : pourquoi votre compréhension intuitive est-elle nécessairement infaillible, et la connaissance qu’on vous propose, nécessairement fausse ?
@Paul Jorion :
Parce que tout ce qui « brise » , au sein d’un individu, l’identité entre l’esprit de finesse et l’esprit de géomètrie , est attentatoire à son « intégrité « .
Il faut toujours laisser au temps , en évitant les formules défintives et sans cesse en remettant sur l’ouvrage , le soin de désynchroniser ces deux pistons pour qu’ils s’interrogent l’un l’autre , avant que de se remettre en ligne . Il n’en va pas autrement entre vérité et réalité .
Jducac n’est pas le seul concerné .
Vous finirez par préférer Pascal à Lacan .
juan nessy,
Bien. Merci pour cette analyse.
Vous êtes optimiste. Moi aussi.
Les périodes de crise sont des moments propices à cette désynchronisation : un « retour à la normale » lui serait une nouvelle fois fatal. Je parle de prise de conscience, mais techniquement il faut passer par cette désynchronisation, non ?
Peut-être avez-vous une idée : pourquoi ne pousse-t-on pas dans ce sens ? Comment faire sauter les chaînes qui nous empêchent individuellement et collectivement de mettre ce mécanisme en marche ?
Merci.
@Fab :
Je n’ai pas de truc et heureusement .
Mon optimisme est simplement fondé sur le fait que je n’ai pas encore trouvé ( sauf dans des cas de suicide , mais c’est en soi un sujet à la fois premier et marginal ) , un individu ou un groupe qui n’acceptent pas de se remettre en question par l’un ou l’autre de ses esprits , pour que tout bêtement la vie continue .
Dans mes moments de délire , j’imagine même que la nature nous a donné , d’innées ou d’acquises à la longue , ces deux qualités de perception souvent contradictoires pour nous permettre d’apporter au jour le jour des solutions inédites et possibles aux mystères de la vie et de la survie .
@ Paul Jorion dit : 24 novembre 2010 à 11:34
C’est exact, j’en appelle souvent à l’expérience, la mienne ou celle tirée de la vie de mes parents et de leurs enseignements. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons.
La première vient probablement du fait qu’en l’absence de formation philosophique permettant de conduire sa vie en fonction des lois dégagées par les grands penseurs et philosophes, on est bien obligé d’avancer pragmatiquement en s’appuyant sur les principes moraux de base, mais essentiels, qui sont transmis à l’école primaire, au catéchisme, dans la famille.
La seconde vient du fait qu’une vie, maintenant assez longue, donne l’occasion d’accumuler de multiples expériences et qu’il n’est pas anormal qu’une sorte de catalogue de cas vécus vienne spontanément à l’esprit pour illustrer des cas similaires à ceux qui se reproduisent maintenant, surtout chez quelqu’un qui a surtout été confronté au concret et qui a de tout temps cherché à démontrer par l’exemple. La sagesse n’est-elle pas faite d’expérience ?
La troisième tient peut-être aussi au fait que j’ai dirigé pendant 15 ans un département d’essais de systèmes complexes et que j’attribue beaucoup d’importance aux résultats expérimentaux ainsi qu’à leur analyse pour comprendre et expliquer les phénomènes étudiés.
D’une part, j’admets être faillible et le suis. Ce qui peut gêner c’est le fait de présenter ma position en m’efforçant de l’argumenter, de la justifier, ce qui oblige le contradicteur à contre argumenter. Cela ne devrait normalement pas poser de problème quand l’avis contraire est construit, raisonné, solide. Vous m’avez convaincu sur l’interdiction des paris sur les prix alors que je n’y étais pas acquis d’amblée. Je considérais que l’aptitude à spéculer, à anticiper l’avenir, était une des spécificités de l’homme qu’il me semblait dangereux de vouloir brider
.
En fait, ce dont je me sers surtout, consiste à adopter une sorte de démarche d’assurance de la qualité, telle qu’on en applique dans la conduite des grands projets industriels à risques aux conséquences lourdes, dont-il convient de réduire l’occurrence . J’ai en effet été responsable pendant dix ans d’un département spécialisé dans ce domaine. J’admets ne pas avoir raison quand on me le démontre.
Pour revenir au capital qui, sur le blog, est très souvent condamné, Marx n’y étant probablement pas pour rien, la conception que je m’en fais colle très bien avec ce mot qui exprime une idée de prééminence, d’essentiel, de primordial, de top.
Pourquoi faudrait-il le jeter aux gémonies alors que son nom même le place si haut?
Avant de le déclasser, il me semble indispensable d’expliquer l’incohérence de son choix. Tant qu’on ne l’a pas expliqué je pense qu’il est probable que son déclassement n’est pas justifié.
@ juan nessy dit : 24 novembre 2010 à 16:33
Et bien ça n’est pas Angers. Vous avez laissé passer un indice lorsque vous m’avez lu il y a quelque temps. Vous pouvez le retrouver en recherchant dans le blog, le billet qu’a consacré Paul Jorion au livre qu’il a écrit en collaboration avec Geneviève Delbos. « La transmission des savoirs »
@Jducac :
ça y est , je vousait dans le viseur .
Chatellerault entre Tours et Poitiers / Ingénieur à l’armement / Manufacture d’armes fermée en 1968 / Séjours fréquents de René Descartes ( 1596 – 1650 ) dont la famille était originaire de la région ..
S’agissant de la démarche qualité ( « dire ce qu’on fait , faire ce qu’on dit » …) , j’ai eu aussi à en connaître avec ensuite quelques autres méthodes . Le principal défaut que je lui avais trouvé , c’était que tout était un peu trop dans les prémisses .Sa principale » qualité » , c’était d’avancer de façon assurée sur le terrain choisi ( parfois trop prédéfini justement ) .
PS : étant moi même stéphanois d’origine et ayant suivi les tribulations de la MAS , manufacture d’armes de St-Etienne , dont le site est aujourd’hui reconverti en cité du design où a lieu ces temps ci une grande manifestation , je n’ai pas eu trop de mérite à mieux vous localiser .
Descartes , c’est quand même mieux que Bodin .
Mais je ne crois pas qu’il ait écrit sur la formation du prix .
juan nessy,
Anne, au secours, ils sont devenus fous !
Pour que la vie continue bêtement vouliez-vous dire ! Ce que vous appelez « moments de délire » d’autres les appellent moments de lucidité.
L’esprit de finesse n’est pas efficace pour notre société, elle s’en est débarrassée. L’adaptation « pour que tout bêtement la vie continue » est due au géométrique : les « solutions inédites » n’émergent pas, à tel point que l’adaptation en devient civilisationnelle : la survie.
La crise que nous vivons est une crise de civilisation, une crise de la survie, une crise du géométrique : c’est la finesse qui veut reprendre sa part. Ce n’est pas la première fois. Mais, c’est à espérer, c’est peut-être la première fois que nous ne laisserons pas passer l’occasion.
Le géométrique s’est répandu sur toute la planète…il y a quelques poches de résistance. L’esprit de finesse n’est pas efficace pour notre société, disais-je : c’est vrai en particulier pour la gestion de population, la politique. La politique à la Papa…à la Platon.
Je reste persuadé que le dialogue, le débat de société est la clé. Que ceux qui ont accès aux médias et aux partis soufflent la finesse. Qu’ils instaurent le débat. Qu’ils fassent en sorte que le sentiment que c’est possible et naturel s’installe. Le foot et autres drogues consuméristes ou salariales disparaîtront alors de nos écrans (de contrôle).
Pour exemple (je ne vais pas le lâcher comme ça après ce qu’il m’a fait !) jducac : son expérience (« les conclusions auxquelles vous êtes parvenu en interprétant ce qui vous est arrivé ») est géométrique, il faut que tout rentre et que tout passe par ce cadre.
William Blake, Le Mariage du Ciel et de l’Enfer
Bonne journée
@Fab :
J’ai cru ….percevoir que nous étions d’accord …
Je complète malgré tout en affirmant comme ….un dogme , que la vie c’est la recherche permanente de l’identité entre les deux formes d’esprit car c’est cette tension qui nous donne à la fois la possibilté de repérer les impasses et d’imaginer de nouvelles, concrètes et provisoires issues ( ou Rameaux selon l’image de Michel Serres ) .
Ces deux formes d’esprit .
Au moins .
Fab,
J’approuve Juan Nessy.
Il faut la raison et. La prise de conscience s’alimente à l’une et l’autre source. Un dialogue ne se crée pas ex nihilo, chacun apporte son vécu, ses réflexions. Ce dialogue a une valeur intrinsèque, mais il plonge toujours ses racines dans une problématique individuelle et/ou sociale, social qui a lui-même une dimension historique. C’est à dire qu’il existe des noeux à dénouer, des noeux qui ont à la fois une dimension individuelle et sociale, et sur lesquels porte le politique. La prise de conscience est le résultat du travail de l’inconscient individuel et collectif.
L’esprit de géométrie est souvent dans la recherche philosophique une porte vers l’infini.
Il y a aussi parfois des solutions contre-intuitives, d’où l’importance encore de l’esprit de géométrie.
L’intuition, l’imagination, l’affect donnent à la raison ses grandes embardées, nécessaires pour
se libérer de ses routines. De nouvelles raisons peuvent alors émerger.
juan nessy,
Si nous sommes d’accord, champagne !
On attend alors ? Que tous les jducac du monde désynchronisent ? Ou on essaye de mettre en oeuvre un désynchronisateur universel ?
Depuis le temps qu’ »on » en parle…
Pierre-Yves,
Aux deux citations de W.Blake ci-dessus j’en ajoute deux faites dans un autre post :
« Rendons la philosophie populaire ! » Diderot
« Les philosophes n’ont jusqu’ici qu’interprété le monde, il s’agit maintenant de le transformer ! » Marx
Ce message existe depuis la nuit des temps. Mais « à chaque fois » nous nous en sommes débarrassés, au plus offrant ! Il est temps de le faire nôtre. C’est possible, et il ne s’agit en aucun cas d’ex nihilo. Les cafés philos, le dialogue philosophique en maternelle, le développement du bouddhisme en occident en sont des exemples. Pour propager ce message, il faut s’opposer au frein de l’habitude, de la société de consommation, du capitalisme, de la politique actuelle… C’est là qu’intervient la Politique, la vraie, en promouvant ce débat, ce dialogue : c’est son devoir, son rôle, sans quoi elle ne mérite pas son nom, et la démocratie n’est qu’un leurre, un opium ! Et alors bien sûr chacun viendra avec son vécu, ses réflexions, son histoire, son endoctrinement…Il n’est par définition pas facile de se défaire de son endoctrinement, mais il suffit d’un pas, le premier : en prendre conscience. La prise de conscience n’est donc pas un but en soi, c’est un chemin sur lequel l’humanité se doit de s’engager si elle veut avoir une chance de continuer sa route sous son propre éclairage.
Sinon nous continuerons d’avancer sous un éclairage « extérieur » qui ne peut qu’aléatoirement mener à quelque chose de bon.
Bonne journée
@Fab:
Il suffit que le noeud évoqué par Pierre-Yves D. devienne trop serré , au point d’étrangler l’individu ou le groupe , pour que la nécessité de le défaire se fasse loi . Deux grandes méthodes :
– l’individu ou le groupe dé-serre lui même suffisament à temps le noeud pour garder assez de souffle et de forces pour comprendre les méandres du noeud et le défaire ,
– l’individu ou le groupe n’a plus assez de forces ou de lucidité et Alexandre le grand devient alors une solution radicale mais parfois suicidaire .
@ juan nessy dit : 25 novembre 2010 à 09:58
Maintenant que je sers de référence pour caractériser une nouvelle race, pourriez-vous donner un montant indicatif du patrimoine qui doit être détenu pour y être classé ?
Suffit-il de déclarer que le capital est capital et qu’en conséquence, ceux qui veulent le voir réduit ou détruit, sont des irresponsables, dangereux pour leur communauté.
@ Fab dit : 25 novembre 2010 à 06:17
On peut très bien mettre en œuvre un esprit de géométrie sans avoir étudié B. Pascal.
En le découvrant après coup, cela peut procurer une certaine satisfaction. L’appel à l’expérience n’empêche pas d’être ouvert aux innovations. S’y référer permet d’identifier les écarts entre solutions antérieures et solutions nouvelles et de faire mettre en place par le novateur, les actions en prévention de risque.
@Jducac :
Je ne suis pas sur que notre hôte assimile patrimoine , au sens où vous semblez l’entendre ( mais je reste prudent car l’extrapolation -interprétation que vous avez fait des nos digressions pascaliennes me laisse songeur ), avec capital et encore moins capitalisme .
Ce n’est pas le capital qui me fait peur . C’est les capîtalistes .
Et l’utilisation qu’ils font du capital sans maîtrise démocratique .
Mais je laisse la main à Paul Jorion .
Il neige .
Si, si , nous retiendrons que son big-boss s’est pris pour dieu, qu’il aurait donc dû se retrouver à l’H.P; que cette entreprise a provoquée une catastrophe mondiale, et que ce nom sera mis au ban de l’humanité, pour les siècles des siècles …amen ….
jducac,
Ça faisait longtemps ! Je recommence : essayez de lire dans les mots que j’utilise que ce qu’ils signifient officiellement (dictionnaire) et non le sens que vous y mettez.
Le peuple produit une richesse, c’est l’économie réelle. Un équilibre dans la circulation des richesses devrait pouvoir s’établir si une (grosse) part n’était ponctionnée, par l’accumulation du capital ou la finance.
Une autre vision, tout aussi simple, existe. L’unique activité du peuple est de produire de la richesse. La ponction par l’accumulation ou par la finance est inhérent à cette activité, c’est même elle qui la motive aujourd’hui. Le lien avec la première vision est que si on interdit la ponction, notamment l’accumulation, alors le modèle disparaîtra, et l’activité humaine pourra se diversifier.
Je pense qu’il vaut mieux s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences (c’est plus difficile à admettre, vous me le montrez à chacun de vos messages). L’accumulation, la ponction de manière générale, a pris des formes et utilisé des moyens différents au cours de l’histoire. Mais à chaque fois qu’a été mis fin à une de ces ponctions, notre servitude, notre manque de conscience a permis l’émergence d’un nouveau mode d’enferment dans ce mécanisme de production comme unique activité, ce que vous appelez « la machine à créer de la richesse » !
On dirait que çà devient un crime de lèse majesté que de poser cette simple question : « En quoi la concentration du patrimoine paralyse-t-elle l’économie ? « ….pauvre Ducac , dans quel merdier s’est il foutu?
Pourtant , plus les richissimes de ce pays comprendront la nuisance d’une concentration des richesses et plus cela sera expliqué, et ré-expliqué et plus les chances d’un monde meilleur progresseront.
D’ailleurs , cette question est liée à une autre question toute aussi conflictuelle : » l’ultra-riche d’aujourd’hui a t’ il intérêt à avoir une patrie ? »
Jducac
Rassurez vous je ne m’en prends pas à vos valeurs personnelles puisque aussi bien, je ne vous connais pas personnellement, vous étiez dans mon post une sorte d’alibi pour enfoncer quelques clous, un peu violemment soit; mon ange gardien m’en a absous devant tous, ainsi soit t’il…..un modérateur souriant.
Vous avez dit:
« Je vois mal pourquoi un capital productif qui s’accroît sur son sol, peut nuire à un pays. »
Je vous répond n’étant ni anthropologue ni économiste:
» Je ne vois que trop hélas que ce capitalisme la est devenu international et va droit dans le mur », la métaphore du Titanic au sujet de la gouvernance ne me parait que trop juste, la chine ira peut étre recueillir les naufragés, mais pas sauver le paquebot.( a mon avis)
Il me vient à l’idée qu’au 19 éme siécle en France des banques d’affaire comme indosuez les fréres Pereire et d’autrtes, prospérerent autour des réves de F.De Lesseps ou du chemin de fer, et que le canal de Panama tourna au bouillon, jusqu’a ce que G.Eiffel s’associa à un sauvetage du projet par une variante à écluses dont les portes furent fabriquées à Levallois, dans les ateliers d’Eiffel.
Il me plait d’imaginer tous ces méssieurs de la banque, les constructeurs, les ingénieurs, et le grand Mamamouchi entendre à l’occasion de l’ouverture du canal, les trompetes d’Aida que Verdi fit sonner pour la circonstance; je ne peux que vous louer si vous pensez à de tels esprits, à une finance qui rend les rèves possibles.
Mais nous sommes loin de compte, les vautours habillés en croques-mort de Goldmann Sachs et consort ne risquent pas de trouver un Verdi pour glorifier leurs funestes déssins.
Béber, L’ours des Pires Ainés
bernard laget,
Avant de louer jducac vous feriez mieux de lui demander son prix. C’est un dur en affaires. J’ai peut-être quelque chose qui pourrait l’amadouer, une ouverture ? : la mémé tique…je répète : la mémé tique.
Ne trouvez-vous pas triste (immoral, amoral, bête, asservissant, nul, …) au contraire que la finance rende les rêves possibles ?
Les quelques milliards de terriens qui n’ont pas accès à la finance rangent leurs rêves dans les emballages de la consommation, ou dans l’énergie qu’ils mettent à creuser le rêve d’un autre.
Dans la vie y’a deux sortes de gens : ceux qui ont les finances et les autres. Toi, tu creuses !
@ bernard laget dit : 23 novembre 2010 à 22:00
C’est bien pour cela qu’il ne faut pas agir inconsidérément en taxant trop le capital productif implanté dans son pays sauf à contribuer à son départ accéléré vers d’autres cieux plus cléments.
C’est en ce sens que je suis intervenu sur ce billet, mon intervention se voulait positive mais, du seul fait qu’elle n’était pas dirigée contre le capital, elle a provoqué des réactions hostiles avant même d’être analysée.
On dit souvent que ce qui différencie l’Allemagne est la France au niveau de leurs entreprises, c’est le fait qu’en France il y a de grands groupes industriels, beaucoup de petites entreprises, mais nettement moins d’entreprises moyennes suffisamment fortes pour rivaliser avec celles qui, hors des grands groupes, gagnent leur vie à l’international. Comment peut-on voir éclore des entreprises de taille intermédiaires si on les taxe dès que leur capital s’accroît?
Qu’on taxe leurs revenus, soit, mais qu’on taxe leur capital plus qu’ailleurs est-ce bien raisonnable ?
Je n’ai rien inventé en disant que pour travailler on a besoin d’un capital à mettre en œuvre.
Vous parlez de capitalisme international, je pense que vous avez en tête le capitalisme qui amène à l’implantation ou au simple passage financier d’un endroit à un autre afin de maximiser les profits en fonction des opportunités. Sans aller jusqu’à les ranger dans cette catégorie les capitaux qui se déplacent à la vitesse de la lumière pendant de très courtes durées du type HFT, il existe d’autres capitaux qui se déplacent sans rien payer bien qu’ils aient été constitués sur le dos des contribuables.
Je pense à ces diplômés qui ont été formés aux frais des pays d’origine et qui partent avec leur capital en tête, faire fortune, ou en espérant la faire, dans des pays porteurs tels que ceux du BRIC ou ailleurs. J’en connais 3 au USA, 2 au Canada, 2 en GB, 1 au Brésil, 1 en Russie, 1 en Chine.
Bien évidemment, leurs parents et grands parents se font financer leurs retraites aux frais de ceux qui sont resté travailler dans le pays d’origine. Où sont passées les valeurs depuis l’accélération du chacun pour soi ?
@Jducac :
Relativement à votre dernière remarque sur l’expatriement , il y avait eu sur le blog de Jacques Attali ,, un billet intitulé » comme un oiseau sur la branche » ( on peut le retrouver en pistant dans la rubriques » tous les billets , mais il me semble qu’il a plus de 18 mois ) , qui devrait vous intéresser.
@Bernard Laget :
A propos de De Lesseps et du canal de Panama , il y avait , la dernière fois que j’ai visitée ( 2008) la corderie de La Rochelle une merveilleuse évocation de cette épopée , qui a fait la ruine de beaucoup de capitalistes français , et la fortune des américains qui ont repris l’affaire juste au moment où la solution par écluses successives était enfin évoquée .
Mais trop tard pour nos grands bourgeois qui ont depuis perdu le goût des investissements ambitieux , pour leur préférer des jeux plus virtuels , rapidement rémunérateurs et peinards .
Ajouter le coup des emprunts russes et vous comprendrez pourquoi la race des Jducac est en voie d’extinction .
« C’est bien pour cela qu’il ne faut pas agir inconsidérément en taxant trop le capital productif implanté dans son pays sauf à contribuer à son départ accéléré vers d’autres cieux plus cléments. »
C’est bien pour çà que la question de savoir si les ultra riches ont intérêt à avoir une patrie est une question fondamentale .
Question qui est au coeur même du « capitalisme financier « , si radicalement différent d’un capitalisme social qui prospéra à partir des rêves d’êtres d’exceptions .
Parler de « la race » des Jducac » … nous indique le niveau d’énervement et d’évolution encore possible pour l’homo-sapiens-sapiens actuel .
Pour rester dans le débat, et apporter une autre pierre (silex taillé) , il semblerait que l’imposition et la croissance soient liées , peut être plus en France qu’ailleurs …
Merci @ ceux qui voudront bien éclairer les cancres de passage .
« Consommer ou exporter, la France a choisi.
Or si l’Allemagne joue à l’extérieur, la France, elle, joue à domicile. Finalement, sans
consommation il n’y a pas ou peu de croissance en France. En d’autres termes, la
capacité de l’économie française à fabriquer de la croissance repose essentiellement
sur le potentiel des ménages à dépenser plus. »
source P76 : http://www.xerfi.fr/etudes/Xerfi-Previsis-novembre-decembre-2010.pdf
@Beber le cancre :
« La race des Jducac » signifiait « race des capitalistes entrepreneurs investisseurs » .
Pas de relent péjoratif là dedans ( ce serait même presque le contraire ) . Jducac ne s’y est d’ailleurs pas trompé . Car il n’est pas un cancre .
@ Nessy
j’aime les gens qui se targuent de ne point être cancres.
Ils ont quelque chose de monstrueux
http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/nessie.html
@Béber ( c’est le surnom de mon frère ) :
» Il sera beaucoup pardonné au royaume des cieux aux monstres et aux cancres qui auront assez d’humour pour en franchir la porte . »
Signé ( assez librement ) Kierkegaard , un cancre monstrueux .
@Juan
comme c’est étonnant , Kikergard, c’est le nom de ma soeur …
Enfin quelqu’un qui comprend quelque chose à l’économie.
Bravo Monsieur Jorion: je suis tout à fait d’accord avec votre point de vue sur la problématique de la concentration du capital. J’avais moi aussi prédit fin 2005 la crise bancaire qui allait surgir quelques années plus tard (première onde de choc).
Je n’arrive pas à comprendre comment si peu d’individus n’ont pas senti la crise venir à cette époque. Tous les phénomènes de bulle finissent toujours par être corrigés.
Les pays occidentaux sont aujourd’hui face à une grave crise structurelle.
Y-a t’il aujourd’hui des chefs d’Etat capable de taper dans la fourmilière et de sacrifier leur image vis-à-vis de l’opinion publique par la même occasion?
@Fab
Que Judac soit bourré de fric ne me dérange pas, ce qui m’interresse c’est ce qu’il peut en faire, je peut vous dire qu’en ce qui me concerne je n’ai jamais eu envie de perdre ma vie à la gagner, et avec peu de moyens je vis comme un prince; c’est une question de regard sur le monde pas sur le CAC 40, et puis des princes j’en trouve parfois la ou on ne les attends pas, c’est aussi une question de regard.
@ Bernard Laget :
J’ai cru un instant qu’il vous faudrait partager la gloire d’Henri IV avec Jducac ( qui mérite sans doute mieux que ce pseudo réducteur ) . Mais comme il se révèle finalement être angevin , j’ai eu la curiosité d’aller rechercher le philosophe fameux ( et dont j’avoue , à ma courte honte, que je ne le connaissais pas ) qu’il laissait en gourmandise .
J’ai donc déniché Jean Bodin ( 1529-1596) esprit universel comme Léonard de Vinci ou Pic de la Mirandole ( c’était encore possible à ces époques ) ,présenté ni plus ni moins comme un précurseur de Montesquieu , qui aurait rupiné sur le Droit , la Démonologie , les phénomènes de la nature , l’éducation de la jeunesse et …..le problème des prix .
Sur ce dernier sujet , commande est donc passée à Jducac de nous transcrire ce que ce savant érudit disait d’une partie des sujets qui nous animent au 16 ème siècle .
Salut montagnard !
@Juan Nessy
J’ignore ce que faiisait en france au 19éme siécle les Rotschild, les Lazard, mais j’avais eu les antennes titillées d’apprendre que l’un des Rotschild soutenait la compagnie des bateaux mouches, rachetée apres la guerre par une personnalté originale et frondeuse qui avait crée une superbe affaire contre l’administration et les coups bas sur le fleuve des Parisii; il s’était permis d’aider la campagne présidentielle de René Dumont et d’editer à l’occasion une affiche de réve ou l’on voyait un chaland tiré par une baleine au pont neuf………….ainsi libélée » Pour l’ émergence de mentalités nouvelles »….
J’ai lu avec délice la vie de Gustave Eiffel, gestionnaire avisé mais chez qui l’ingénieur avait compris que la limite élastique de la féraille outillait les constructeurs de réves, tiens le voila au Portugal pour franchir le Duro, ou à Monaco pour faire tourner sur du mercure la coupole astronomique d’un prince curieux du cours des planètes.Quant il s’attaqua à la tour de 300 métres son véritable travail porta sur la prise au vent, itou pour garabit, c’est ainsi qu’ayant crée une soufflerie il fut un des pionners de l’aerodynamique et le premier à modéliser l’hélice d’un avion. Son modéle inexact fut dépassé avec succés par les calculs d’un jeune ingénieur de sup aero, Marcel Bloch, qui démarra ainsi pendant la grande guerre, la carriére d’avioneur que l’on connait.
Les 2 hommes ont laissé des empires financiers et industriels…………..l’un dans le génie civil , l’autre dans le glaive aérien. Je préfere un tantinet la saga de Gustave Eiffel, mais j’apprécie la beauté d’un rafale.
Lisez la vie d’Eiffel avant d’acheter des actions Eiffage, il reste un peu d’eiffel dans eiffage !
Bonne santé…….BL