Ce texte est un « article presslib’ » (*)
La réaction à la crise dans sa première phase – que l’histoire situera de l’été 2007 au printemps 2010 – a été l’agitation désordonnée : l’armurerie était bien garnie et l’on tira abondamment et dans toutes les directions. Aucune victoire décisive n’en ayant résulté, et les munitions étant épuisées, on est passé au plan B : la paralysie ou la fuite.
La paralysie fut à l’ordre du jour du G-20, plus encore – pour autant que la chose soit possible – que dans les réunions précédentes. L’agenda était chargé : stopper la guerre des monnaies et proposer aux nations de retrouver un équilibre commercial entre importations et exportations. On a entendu une cacophonie d’opinions discordantes équivalant à un grand silence. Seule contribution positive : le monde a constitué un front uni contre les États-Unis qui, pour conjurer un danger réel de déflation, font tourner la planche à billets, quitte à exporter leurs problèmes dans l’ensemble du reste du monde. Pour les États-Unis donc, le salut est dans la fuite en avant. M. Schäuble, le ministre des finances allemand, dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas quand il observe que « Les dirigeants américains n’ont plus la moindre idée de ce qu’il faudrait faire ».
À la décharge des Européens présents à Séoul, le fait qu’ils ont dû passer une bonne partie de leur temps à s’occuper du dossier irlandais. En Irlande, la paralysie est à l’œuvre, le gouvernement ayant choisi le déni de sa situation ingérable – un déficit qui se montera à 32 % du PIB pour 2010 – en répétant inlassablement que ses finances sont en ordre puisque l’État ne doit pas se tourner vers le marché des capitaux avant juillet 2011. Le gouvernement bénéficie du fait que l’opposition, pour reprendre le flambeau (ou ce qu’il en reste), se hâte lentement.
Fuite en avant aux États-Unis, paralysie en Irlande, alors que dans la zone euro, parmi les riches, c’est le sauve qui peut qui prévaut. L’Allemagne et la France ont en effet décidé de faire cavalier seul et d’abandonner le bel idéal de la solidarité européenne qui risquerait à la longue de coûter beaucoup trop cher avec l’Irlande, la Grèce, le Portugal et l’Espagne se bousculant au portillon. La restructuration et le rééchelonnement de la dette ont cessé d’être tabous, du moins dans un avenir indéterminé, le cas de l’Irlande ayant été réglé entretemps.
Comment en vouloir à Mme Merkel quand elle dit : « Je demande aux marchés de penser parfois aussi un peu aux politiciens. Il n’est pas possible d’expliquer constamment à nos électeurs que le contribuable doit régler l’ardoise de certains risques plutôt que ceux qui gagnent des fortunes pour avoir pris ces risques ». Paroles qui seraient d’une grande sagesse certainement, mais dans un autre monde que le nôtre. Car, comme le rappellent aussitôt en chœur Mrs. Trichet, à la tête de la Banque centrale européenne et Juncker, premier ministre luxembourgeois, dire aux marchés des capitaux : « Prêtez-nous mais, les temps sont durs, cette fois nous ne pouvons pas vous garantir de vous retourner l’argent », c’est – à très brève échéance – accepter de se priver entièrement de leurs services. C’est donc pour les champions de la zone euro utiliser eux aussi leur dernière cartouche, au même titre que les États-Unis avec leur QE2 : leur « quantitative easing », deuxième édition.
Qu’y a-t-il après la dernière cartouche ? Il vaut mieux sans doute réserver la question pour la prochaine réunion du G-20. Dans un an.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
159 réponses à “BFM RADIO, LUNDI 15 NOVEMBRE 2010 A 11h39 – EFFONDREMENT FINANCIER – PHASE II”
Quel est le gap entre ce que DSK peut faire au FMI et ce que vous feriez à sa place ?
En combien d’unités vous le voulez exprimé, le « gap » ?
En nombre d’années lumières, en nombre de bifurcations négligées ou squeezées, en nombre de postulats aprioristes « non-convergents » ou en nombre d’univers parallèles intemédiaires ?
Je crois que je peux m’en faire plus que lui.
Vous vouliez de la révolution? Et bien, selon Christine Lagarde vous l’avez, puisque on vient d’assister à un remaniement “totalement révolutionnaire” !!
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/11/15/matinales-un-remaniement-totalement-revolutionnaire-france-info-france-inter-europe-1-rtl/
Elle a encore une fois raté une bonne occasion de se taire la Marquise…car même Ch Barbier (pro sarkosy à 100 pct) critique ouvertement cette mascarade de remaniement et il y voit même un ‘échec total’ et ‘une future défaite’ (avec Fillon comme dernier recours) de l’ex hyper président….
Libération titre ‘Fillon garde sarkosy’…
D’autres titres:Sarkozy nouveau »collaborateur » de Fillon… »la mascarade »…. »tout ça pour ça »… »on ne change pas une équipe qui perd’.. »Domenech à l’Elysée? »
En résumé ce remaniement est une machine à perdre et un fiasco total semble t’il même dans la presse de droite…
Avec des corniflos de leur espèce on peut s’attendre à tout. Pour eux, pas de problème, le langage est d’une manipulation facile, peut être un jeu. D’éthique il n’est point question. Tender l’élastique du langage à son maximum jusqu’à ce qu’il vous pète à la figure et c’est le retour du réel révolutionnaire. Heureusement ces figures de cauchemar disparaîtront un jour leur maudit système avec.
« Tout est prêt pour la mort,
ce qui résiste le mieux sur terre, c’est la tristesse,
et ce qui restera c’est la Parole souveraine. »
Anna Akhmatova
les politiques, lagarde en tête, ne sont pas payés pour dire ce qu’ils pensent… ça se saurait !
@ Octobre
Tu étais mort, mais ton regard a contemplé l’univers de l’âme,
quand tu ressusciteras, tu sauras désormais comment il faut vivre.
Celui qui, comme Enoch, est mort puis est revenu sur terre,
enseigne dans le royaume céleste et connaît les choses invisibles.
Viens, dis-moi par quel chemin tu es sorti de ce monde,
et de l’autre côté aussi, par quelle invisible route tu es revenu ici-bas.
C’est un chemin sur lequel s’envolent chaque nuit toutes les âmes ;
de ville en ville, toutes les cages se vident d’oiseaux pendant la nuit.
Quand les pattes de l’oiseau sont liées, il ne s’envole pas au loin,
il n’arrive pas au ciel, il ne parvient pas à décrire des cercles dans les airs ;
quand, par la mort, il brise ses attaches et s’envole,
il découvre la réalité et le secret de toutes choses.
Garde le silence car le monde du silence est une plénitude ;
ne bats pas du tambour de la parole ; la parole n’est qu’un tambour vide.
(Rûmî. 1207-1273)
http://www.lalibre.be/toutelinfo/afp/297427/l-irlande-admet-des-quotcontacts-internationauxquot-mais-pas-de-demande-d-aide.html
Crisis? What crisis?
Pour Laurence D. Fink, élu trois fois meilleur entrepreneur du monde et président de BlackRock Financial Management Inc. (« une des plus grandes sociétés de gestion d’investissement aux États-Unis, avec plus de 2700 milliards de dollars dans les capitaux gérés sous sa gestion » selon Wikipedia), « le risque principal qui nous menace n’est pas celui d’une rechute, mais celui d’une récupération plus rapide que prévu de l’activité » (sic).
Pour lui, ce que cherche Bernanke avec la QE2 c’est de faire monter le prix des actions. Et Fink ne croit pas du tout à une guerre des devises ni à une bulle financière en Chine.
http://www.eleconomista.es/mercados-cotizaciones/noticias/2602029/11/10/Estamos-asistiendo-a-una-recuperacion-lenta-pero-real-de-la-situacion-economica.html
Vous avez la raison de ses propos dans votre texte « à la tête de 2700 millirds de dollars de capitaux ». Lui le premier n’ pas intérêt à ce que le système financier , ni les monnaies s’effondrent … imaginez la dévaluation de son portefeuille.
Pour un professionnel et gérant d’un fond, Il ne peut que pêcher une reprise et rassurer ses clients.
Très mauvais exemple
@ Bible
Merci de vos si chrétiennes explications… Heureusement que vous êtes là pour m’éclaircir… Moi en lisant ça ce matin j’avais cru que la crise était enfin finie et me disposait à dire à tout le monde sur ce blog qu’ils ne font que délirer…
Traduction : « craignons tous en cœur l’inflation salariale plutôt que la déflation salariale ». « Craignons l’atterrissage malheureux des pulvérisations en haute altitude de QE dans la réalité économique, par le fait de vents scélérats, et l’apocalyptique augmentation des revenus du travail qu’il ne manquerait de provoquer plutôt que l’austérité de rigueur et de bon aloi couplée à un maintien des « facilités quantitatives » à des altitudes judicieusement stratosphériques, à l’abri des convoitises à hauteur de pâquerettes … »
« Prions (ESB ?) avec lui, mes frères ! »
En 1979, Ronald Reagan a dit pendant sa campagne électorale que si l’économie américaine ne marchait pas c’est parce que les riches n’étaient pas suffisamment riches.
Aux EE.UU, en 1976, 1 % de la population possédait 9 % de la richesse. En 2009, 24 %.
Voilà encore un génie de la prophétie…
http://www.lacartadelabolsa.com/index.php/leer/articulo/muchas_cosas_22/
http://www.elpais.com/articulo/opinion/Tercermundismo/USA/elpepiopi/20101114elpepiopi_1/Tes
Moi je pense que l’argent si cela poussait sur un arbre se serait génial. on prendrait enfin soin de la nature plus que des banquiers. car nous ne sommes que le produit de cette nature que l’on déteste tant que l’on détruit et qui se vengera sans aucune intention parce que vos palabre ne mène a rien
Belle idée, le soit disant argent qui vient du travail, pourrait, suffit de le vouloir , provenir de la pousse des arbres, indexons l’argent à la pousse des arbres, soignons les et mesurons les pour déterminer la masse monnétaire en circulation.
Si les actifs (dettes irlandaises ou grecs….) des spéculateurs ne valent plus rien ou plus grand chose, pourquoi ne pas leur rembourser plus rien ou plus grand chose ?
Allons au bout de la logique des paris sur les fluctuations de prix pour nous débarasser des sociétés qui ont spéculé contre les peuples.
Trop grosses pour disparaitre ? Nationalisons les activités bancaires utiles aux citoyens et laissons le reste à leur propriétaire.
M dit :
15 novembre 2010 à 13:49
Ce n’est pas que je n’M pas ce que vous dites, mais enfin, ayant les pieds sur terre, je ne me dédouble pas ….
Comment en vouloir à Mme Merkel quand elle dit : « Je demande aux marchés de penser parfois aussi un peu aux politiciens. Il n’est pas possible d’expliquer constamment à nos électeurs que le contribuable doit régler l’ardoise de certains risques plutôt que ceux qui gagnent des fortunes pour avoir pris ces risques ». Paroles d’une grande sagesse certainement, mais dans un monde très différent du nôtre.
Sagesse ou position de l’esclave qui supplie son maitre d’être moins dur, méchant, exigeant avec lui.
Pathétique et lamentable de la part d’un politique responsable !
Scandaleux.
Dit d’une autre manière :
»Il faut que les marchés comprennent que les politiques ne peuvent serrer la ceinture des contribuables trop violemment et de manière trop rapprochée. Ils doivent comprendre que le rythme de la spoliation des peuples doit être allongé pour perdurer ».
@jeanpaulmichel: exact. Elle aurait pu dire « pensez un peu au peuple qui est en train d’en baver » ou un truc un peu de gauche dans le genre. On ne l’aurait pas crue, mais ça fait toujours plaisir à entendre une petite pensée attentionnée pour autrui. Mais vu son cv, fallait pas s’attendre à autre chose. D’ailleurs, elle s’est sans doute excusée peu après de s’être laissée ainsi emportée à des pensées subversives.
« par des pensées », pas « à des pensées ». N’est pas vigneron qui veut. 😉
« La Défenseure des enfants, Dominique Versini, s’inquiète de la pauvreté des enfants dans un rapport présenté ce lundi. Elle s’alarme notamment des conséquences sur leur santé, leur parcours scolaire ou leurs mauvaises conditions de logement. «Il y a huit millions de personnes pauvres dont deux millions d’enfants» qui vivent avec moins de 950 euros par mois, selon les chiffres de l’Insee, rappelle Dominique Versini dans un entretien avec l’AFP. »
http://www.20minutes.fr/article/622667/france-la-pauvrete-enfants-inquiete-defenseure-dominique-versini
« Pour Stiglitz, le système immobilier américain est à deux vitesses
Le scandale des saisies immobilières qui ont eu lieu aux Etats-Unis révèle l’injustice criante de la loi s’appliquant aux propriétaires qui essaient de joindre les deux bouts. »
http://www.slate.fr/story/30073/stiglitz-systeme-immobilier-americain
@ alainP
taper: ferfal
!!!
« Qu’y a-t-il après la dernière cartouche ? » : après la dernière cartouche, c’est le gibier qui fonce sur le chasseur. Inutile de faire un dessin.
et si c’est un lapin ? …
… ou une grenouille ??
@Karluss: de millions de lapins et de grenouilles qui vous arrivent dessus, ça fait quand même réfléchir.
@ Karluss
« PANDAN-LAGL® cartouche de sécurité pour les lapins » Franquin, Idées Noires
Et aussi PANDAN-LAFLOT®, cartouche au recul spécialement étudié pour les canards (et grenouilles) 😉
@Karluss
Si c’est le lapin de « Sacre Graal », je ne donne pas cher du chasseur!
@ HuguesL
je pensais en effet au lapin blanc des Montys avant de « publier « … mais j’aime bien pousser Crapaud dans ses contradictions et ses retranchements, ainsi le faire bondir !
Tiré le dernier cartouche ?
A Paris, sous la Régence, les aventures mouvementées de Cartouche, voleur au grand coeur, charmeur et bagarreur. Après avoir mis sans dessus dessous l’armée, il revient à Paris semer la terreur chez les riches aristocrates en les détroussant…
– une nuée de sauterelles, spécialisées dans la destruction des portefeuilles virtuels zé monnaies de singe !!
crunch crunch crunch
– une flopée de termites s’attaquant aux bureaux luxueux des banksters !!
Le lien Dailymotion avec un peu de retard…
http://www.dailymotion.com/video/xfnnur_15-11-2010-paul-jorion-bfm-radio-integrale-bourse_news
à la semaine prochaine !