Faites-moi plaisir, consacrez dix minutes de votre temps ce weekend à lire Le point de fusion des retraites par Frédéric Lordon. J’ai consacré trois phrases dans ma vidéo d’hier à la question répartition / capitalisation, il faut un véritable débat qui peut avoir lieu sur son site internet mais ici aussi. En tout cas, lisez le texte de Lordon.
J’ai l’explication : https://www.francebleu.fr/emissions/circuit-bleu-cote-saveur-avec-les-toques-en-drome-ardeche/drome-ardeche/circuit-bleu-cote-saveurs-avec-les-toques-de-drome-ardeche-102
157 réponses à “A propos de « LE POINT DE FUSION DES RETRAITES » de Frédéric Lordon”
Toujours cette même photo avec sa pancarte ECOUTEZ LA COLERE DU PEUPLE
(Manifestation devant le Sénat, mercredi 20 octobre 2010 /Charles Platiau/Reuters)
en illustration parmi quelques encouragements venus d’ici et de là-bas, britaniques, espagnols….
http://antennerelais.canalblog.com/archives/2010/10/21/19388703.html
Au milieu des 70’ quand j’ai entendu apparaître le mot « capitalisme » sur France Inter j’ai pensé, tiens on avance, on nomme pour de vrai. Peu après il y a eu la loi Monory, j’ai pensé non je me suis trompé, ils banalisent le tabou et ils veulent transformer les classes moyennes en petits capitalistes. Quand j’ai entendu parler de retraites par capitalisation, j’ai pensé, c’est déjà fait depuis Monory, ils veulent pousser la tendance.
Lordon cogne fort et juste ! Le cotisant capitalisant est traversé du conflit d’intérêt : la bourse ou la vie.
Qu’en était-il, avant l’instauration des systèmes de retraite?
Tout simplement, les vieux, plus en état de produire, ou plus précisément d’agir sur leur condition, étaient à la « charge » de leurs familles respectives: Chez les pauvres, on les trouvait au coin du feu, rabougris et cacochymes, parfois employés à des tâches compatibles avec leurs faibles moyens (alimenter le feu, surveiller les marmots, ou les poules, c’est pareil…) et survivant « à l’économie » simplement alimentés, nettoyés et admis à occuper le moins de place possible dans la maison familiale. Chez les riches, c’était un peu pareil, mais avec un plus grand confort, un peu plus d’ostentation parcequ’avec un rang à tenir, on ne pouvait se permettre d’exhiber un ancêtre qui fût sale ou dégradé…
Dans les deux cas, c’était les « actifs » qui pourvoyaient à l’existence des vieux aussi bien que des jeunes (en devenir d’actifs!…)
Est-ce que ça a fondamentalement changé?
A mon avis, non. Seuls l’habillage, la sophistication des systèmes de pension se sont modifiés, mais ce sont toujours les actifs qui versent les sous dont disposent les vieux:
Soit directement en système de répartition, soit indirectement par capitalisation, car le revenu tiré du capital, il est bien produit par les actifs (salariés ou autres) à qui il (le capital) a été confié pour « fructifier »!
Seule différence, mais de taille, la répartition est plus juste, plus mutualisée, et j’oserais, plus démocratique que la capitalisation: demandez aux anciens salariés d’Enron ou autres Natixis, en qui ils avaient benoîtement investi les économies pour leurs vieux jours, ce qu’ils pensent des revenus mirifiques que l’on leur avait fait miroiter à l’époque.
Aujourd’hui, tout l’art des bonimenteurs de la retraite par capitalisation consiste à faire avaler aux gogos (que nous sommes), l’assurance qu’ils vont profiter le LA martingale qui leur assurera le Jackpot au moment venu! et peu importe si le support d’investissement se casse la gueule en cours de route. (Ca c’est le risque, coco, t’avais qu’à faire attention au début, t’avais qu’à te tenir un peu au courant et retirer tes billes à temps, etc…)
Sans compter qu’il semble bien que les performances purement financières (le ratio euro épargné/euro de pension) soit très nettement en faveur de la répartition.
Mais le principe est toujours le même, les actifs/productifs paient pour les inactifs/improductifs
Ce sont les vieux, mais aussi:
Les malades
Les enfants
vous voyez donc venir la suite,
Logiquement,
Inéluctablement….
Il en résultera une nouvelle forme de servage, rapprochant le paysage social de celui de l’Ancien Régime
Donc, logiquement à terme, une nouvelle
Révolution….
Nous apprenons de l’histoire…
Que nous n’apprenons rien de l’Histoire.
@ jean-benoit dit : 30 octobre 2010 à 22:31
Quand vous répondez à l’interrogation que vous posez, je crois que vous ne décrivez pas toute la situation antérieure. De plus, vous oubliez la partie la plus pénalisante pour ceux qui aujourd’hui doivent prendre en charge leurs anciens.
Antérieurement, soit en gros pour tous ceux qui étaient nés avant les baby boomers, chacun avait conscience de devoir laisser une situation la moins pénalisante possible pour ceux qui allaient les suivre. Même chez les plus pauvres, chaque vieux aspirait à laisser un peu quelque chose à ses descendants, une maison, un peu de terre, un peu d’argent.
Paradoxalement cet objectif pouvait être atteint du fait qu’il n’y avait antérieurement aucune protection sociale. Chacun devait donc penser à se constituer un petit capital pour voir venir, pour pouvoir survivre en cas de pépin (chômage, maladie, mauvaise récolte …) et c’est ce petit capital qui était transmis en héritage. C’était souvent dérisoire surtout lorsqu’il y avait beaucoup d’enfants (élevés sans allocations familiales sauf très rares exceptions). Pour atteindre cet objectif, il fallait travailler beaucoup et consommer le moins possible. Cette attitude était de mise dans les familles sérieuses, elle imbibait tous les instants de la vie et finissait par imprégner les gènes des descendants dès leur création.
Toutes les familles n’atteignaient pas cet objectif de constitution et de transmission de patrimoine, physique et moral. Au plan financier, elles ne transmettaient pas de dettes car leurs héritiers pouvaient refuser l’héritage ou ne l’accepter que sous réserve d’inventaire.
Il en est tout autrement aujourd’hui avec le système par répartition car, dès la fin de son activité, chaque génération fait valoir une créance sur les générations qui la suivent sous forme d’un droit à retraite calculé sur l’activité de l’ancien, indépendamment des conditions réelles d’existence des jeunes. Peu importe que le contexte économique ait changé, qu’il y ait un changement à opérer par exemple du fait d’un changement de portage énergétique ou autre.
Pire que cela, comme on a trop tardé à équilibrer les recettes et les dépenses de l’Etat, des régimes de sécurité sociale et autres, on a accumulé une dette colossale qu’on laisse à la charge des jeunes générations.
Dire que rien n’a changé par rapport à la situation antérieure au régime par répartition, n’est manifestement pas objectif. Un système par capitalisation, s’apparentant à ce que pratiquaient les anciennes générations, n’aurait certainement pas conduit à une situation aussi difficile à vivre maintenant, surtout qu’en passant de 65 à 60 ans et de 40 à 35 heures, alors que la durée de vie augmente, nous avons augmenté les difficultés
jducac,
Votre posture de la fourmi ou de l’écureuil est bien comprise de tous. Malheureusement, pour vous et pour les autres fourmis et écureuils, tout le monde n’y adhère pas, et c’est ce qui vous chagrine, si j’ai bien tout compris.
Je propose une tentative de réunification, pas moins ! Que ceux qui à la fin (ils seront seuls juges) de leur vie active (durant laquelle ils pourront travailler beaucoup et consommer peu) se mettent à la disposition des jeunes générations désirant travailler peu. Ils disposent en effet du temps et du capital. Ça me semble être la base de la solidarité intergénérationnelle.
Qu’en pensez-vous ?
PS : s’il vous en reste (du temps ou du capital), et que votre solidarité n’est pas étanchée, je ne vois aucun inconvénient à ce que mon email vous soit communiqué. Ne me remerciez pas, c’est ma nature probablement due à mon éducation : toujours prêt à rendre service ! Vous parliez de gènes, cher Eugène : je suis sûr que nos deux familles sauront s’entendre pour les siècles des siècles.
PPS : cette idée de collaboration intergénérationnelle me réjouis, les idées se bousculent ! Vite fait, un exemple : vous savez que la décomposition des matières organiques, même lente, produit de l’énergie.
@ Fab dit : 1 novembre 2010 à 05:17
N’avez-vous pas compris ma démarche ?
C’est une démarche altruiste visant à communiquer aux autres une façon de voir les choses que leur éducation, malgré souvent de longues études, ne leur a pas permis de découvrir. Lorsqu’un homme après 75 ans de vie heureuse, voit autour de lui nombre de ses semblables insatisfaits et incapables de trouver la voie de la sagesse pour sortir de leur mal être, quoi de plus normal que de leur parler pour les aider.
Ce qui compte, c’est de faire son devoir d’homme, en communiquant aux autres des éléments d’expérience susceptibles de déclencher chez eux d’autres voies de réflexion les amenant à sortir d’un mode de pensée qui manifestement les aliène.
Ma démarche est en total accord avec cette pensée chinoise « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson » (Lao-Tseu).
En effet, quoi qu’elles en disent, la plupart des personnes que j’entends s’exprimer, sur ce blog comme ailleurs, aspirent à consommer beaucoup et travailler peu ou pas du tout. Elles ont faim et soif de consommation, même en se disant écologistes. Pour la plupart, et depuis leur plus jeune âge, elles ont baigné dans un environnement qui, au lieu de réfréner leurs envies, les a amenées à adopter des attitudes individualistes focalisées sur la prise en compte de la satisfaction de leurs besoins du présent.
Prises dans la nasse de leurs désirs inassouvis, au lieu de tenir compte les conseils des plus anciens, que jadis on écoutait, ces personnes, insatisfaites mais orgueilleuses, préfèrent tenter de s’en sortir par l’ironie, le sarcasme, l’irrévérence, le rire jaune.
Grand bien leur fasse !
Dès qu’on leur parle d’accumulation, de constitution de capital, de consommation réduite au stricte nécessaire, elles se réfèrent à une image qu’on leur a enseignée comme étant le symbole à combattre, celui d’un vilain accapareur qui se nourri de l’activité de ses semblables: le capitaliste.
Pauvres personnes qui n’ont pas su voir que la race humaine est un immense capital, né de l’accumulation de multiples expériences empruntées à des milliards d’êtres qui se sont enrichis de génération en génération au point de constituer un capital : l’humanité. Elles ont pour mission de l’enrichir à leur tour au lieu de l’épuiser égoïstement.
Tuer le capital comme leur enseigne la théorie marxiste, c’est tuer l’homme, c’est vouloir tuer l’humanité.
Non, le capital matériel qui est en voie d’épuisement doit-être sanctuarisé et non distribué à ceux qui ne sauraient que le consommer. Il faut rouvrir aux humains un autre chantier délaissé et maltraité par les chantres du matérialisme, le chantier de la spiritualité, du dépassement de soi par l’introspection et le travail sur soi afin de reconstituer le capital moral de l’humanité, le plus précieux, celui qui la caractérise et la distingue des autres êtres vivants.
Ça tombe bien, ceux qui ne pensent qu’à eux vont pouvoir s’y consacrer en consommant peu et en travaillant beaucoup, sur eux-mêmes. La tâche est immense.
Judac,
Je trouve la teneur de votre propos très intéressante. J’émettrais un bémol de taille cependant : admettons les bienfaits du capital ; mais dans le même temps force est de reconnaître que ce capital développe une énorme tendance à l’accaparement de la richesse créée ; à l’épuisement des ressources ; au creusement des inégalités ; à l’incitation à consommer plus pour maintenir et amplifier ses gains … Et là, comment ne pas voir que ces dérives sont inhérentes au fonctionnement du capital lui-même, lui est consubstantiel comme on dit !
Le capital ne peut donc échapper à la critique et à la remise en cause ; et puisqu’aucune solution de substitution convaincante n’existe pour l’heure, il semble normal, voire même indispensable, nécessaire, que les esprits honnêtes s’interrogent sur les conditions d’une sortie par le haut du capital, compte tenu également des expériences qui par le passé ont échoué.
Ceci étant dit, j’aime bien ce que vous apportez au débat qui bat son plein en ces pages … 🙂 J’espère avoir de nouveau le plaisir de découvrir votre contribution, car la singularité qui s’y exprime apporte de la fraicheur dans cet espace en ébullition !
@ Pascal dit : 2 novembre 2010 à 12:28
Merci. Vous me voyez très heureux de vous avoir intéressé et rafraîchi. C’est un premier pas vers plus de bonheur, même si mon objectif est plus ambitieux.
Selon l’éclairage que l’on braque sur la marche du monde et sur mécanismes qui la règlent, l’orientation adoptée change de tout au tout en faisant passer l’ombre à la lumière et vis versa. En ce moment, l’éclairage sur l’occident nous montre tout en noir, nous sommes perdus dans les ténèbres alors que notre géographie et notre capital humain n’ont pas fondamentalement changé
.
Aussi, comme il est d’usage à notre époque, pour les gens bien pensants, dans notre pays et particulièrement sur ce blog, vous avez dressé la liste des méfaits qu’on peut imputer au capitalisme. Est-ce bien le capitalisme notre problème ?
Pensez-vous qu’il y a un siècle par exemple, nos ancêtres n’avaient pas de bonnes raisons de dresser la même liste ? Depuis cette époque, le capitalisme en Europe occidentale n’a-t-il pas régné en maître comme il l’a fait depuis toujours en tant que moteur principal du développement ?
Et, bien qu’il ait régné, le capitalisme a néanmoins engendré des progrès en permettant aux plus modestes de connaître des conditions d’existence bien meilleures.
Pour rester sur le terrain des différences de condition et donc sur les inégalités, que voyons nous en tirant profit de l’expérience d’un siècle au niveau mondial ?
Par la voie du socialo communisme, des organisations gouvernementales ont été mises en place en certains endroits, sur la base des théories marxistes pour tendre vers l’égalitarisme présenté alors, et par certains encore aujourd’hui, comme un idéal. Non seulement elles ont échoué et en sont arrivées à imploser d’elles mêmes ; mais elles ont aussi montré qu’elles avaient entraîné des retards de développement sans pour autant amener à l’égalité entre tous, même ayant recours à des pratiques totalitaires.
L’évidence, le pragmatisme, le bon sens, l’expérience, rien n’est en mesure d’éclairer les partisans d’un égalitarisme érigé en dogme. Ils préfèrent amener leurs semblables à faire du sur place, voire à régresser, plutôt que d’analyser ce qu’il suffit de changer dans l’esprit des peuples pour qu’en dépit des différences de condition et autres, ils puissent vivre heureux, c’est-à-dire en harmonie avec leurs divers environnements devenus extrêmement changeants.
Les qualités devant être remises au goût du jour, sont intemporelles et universelles, semblent être, le sens de la responsabilité personnelle et la tolérance. Cela peut s’acquérir par l’éducation, sans nécessiter plus de moyens, au demeurant modestes, qu’on y consacrait il y a un siècle. Il s’agit de refonder les bases morales de notre existence individuelle et de les faire partager par tous. C’est très certainement à notre portée à condition de se donner la peine d’un colossal travail sur soi. Internet et les échanges qu’il permet, devraient y aider. Le blog de Paul Jorion y contribue. L’une de mes premières interventions affichait déjà cet espoir. http://www.pauljorion.com/blog/?p=3382#comment-29158
Les pays en progression de nos jours, la Chine, l’Inde, le Brésil, n’ont pas réglé leur marche sur des considérations égalitaristes. Même s’ils s’emploient, comme ils se doivent, à améliorer le sort des plus défavorisés, ils ont la sagesse de laisser agir les bienfaits du capitalisme pour accélérer leur développement. Si l’on veut ne pas se laisser déclasser, ne doit-on pas faire preuve de leur sagesse et réenclencher notre marche en avant sur les bases qui nous avaient amenés au top des nations ?
Il vaudrait mieux ne pas s’interroger trop longtemps
En gros si je suis bien votre raisonnement, vous dites : « regardez la Chine and co nous rattrapent dans la course vers le précipice alors arrêtons de regarder le précipices et fonçons, sinon ils vont y arriver avant nous … » !
Sincèrement, il ne me semble pas que l’on puisse comparer notre situation à ce qui s’est passé au siècle dernier : les ordres de grandeur et de vitesse, avec des effets exponentiels d’accélération, sont par trop dissemblables.
Quant aux progrés sociaux obtenus au 20e siècles, ils l’ont été pour la plupart gagnés de haute lutte ! Ce n’est pas le capitalisme qui les a généreusement accordés dans sa grande bonté, quand bien même y avait-il intérêt pour faire tourner la machine à consommer ! Mais c’était avant que de nouveaux instruments financiers ne soient inventés qui remplacèrent les augmentations de revenus par de la dette vendues aux particuliers …
Au plaisir
@ Pascal dit : 4 novembre 2010 à 07:31
Vous vous installez à mon avis dans une attitude indéfendable, parce qu’irresponsable. Elle consiste à dire que c’est à cause des prêteurs que les gens se sont endettés.
Autant que je sache personne ne contraint quiconque à s’endetter. C’est la non domination de ses envies qui pousse le consommateur d’Europe occidentale à s’endetter. Il succombe à la tentation et ne sait pas se délivrer du mal qui le ronge, celui de consommer tout de suite. Il préfère cela au lieu de capitaliser pour acheter plus tard, moins cher, quand il aura gagné par son travail le produit ou le service qu’il est alors capable de s’offrir sans s’endetter.
Pour les gens de ma génération et ceux des générations précédentes, la morale de base était avant tout fondée sur le mérite. Dans ma famille, parmi les plus pauvres au sortir de la guerre, on présentait ceux qui achetaient, non comme des riches privilégiés et méprisables à cause de leur argent, mais comme des gens qui avaient de l’argent, lequel avait été obtenu par leur travail ou celui de leurs ancêtres.
Cette philosophie n’était pas fausse. De plus elle conduisait, à ce que riches et pauvres vivent mieux en harmonie, chacun respectant le statut de l’autre, les conditions les plus défavorisées étant incitées à travailler pour s’élever. Le report de consommation à plus tard, très favorable à l’écologie, était aussi rendu plus facile par l’éducation qui faisait de la jalousie un défaut à éviter de toute force. Les parents consacraient beaucoup d’efforts à en vacciner leurs enfants sur ce plan.
S’ajoutait à cela le fait que l’éducation était nettement plus ancrée sur le respect des devoirs que sur la préservation sourcilleuse des droits. Cela rendait les gens plus respectueux et plus tolérants les uns envers les autres et surtout plus attentifs à respecter les règles de vie en société afin d’apparaître bon citoyen au lieu de se placer comme futur leader contestataire revendiquant à tout bout de champ l’égalité de situation. Belle utopie alors que la liberté de chacun conduit nécessairement à des résultats différents les uns des autres.
Au final, avec bien moins de pouvoir d’achat et bien moins de consommation, les gens vivaient bien plus heureux alors que le pays investissait pour l’avenir dans des domaines de pointe (nucléaire, défense, espace, aéronautique)
Il n’y a pas besoin d’être à égalité des autres pour être heureux : http://www.pauljorion.com
/blog/?p=9807#comment-70123
Ceci n’est qu’un éclairage issu de l’expérience. Si le vôtre est différent, ça n’est peut-être pas parce que vous n’avez pas su choisir le bon angle, mais tout simplement parce qu’on vous a placé à un endroit choisi pour vous séduire, comme on a séduit ceux qui se sont endettés.
« La France n’a pas besoin de réformes, elle a besoin d’une révolution. »
Pour faire une révolution encore faut-il qu’il y ait des gens suffisamment nombreux pour la faire!
Il me semble quand même que la révolution pour 2012 ça pourrait être très simple, en effet il suffit qu’une majorité de personne vote extrême gauche.
En 1789 c’était plus compliqué, il n’y avait pas le suffrage universel. Mais vous verrez qu’en 2012 l’extrême gauche ne passera pas la barre des 10%.
Alors en fait, la révolution personne n’en veut vraiment et vous n’êtes qu’une infime minorité à la vouloir. Il ne se passera rien ! Et la grenouille finira cuite et recuite!!!
Vous mettez-vous dans le camp de la grenouille, qui est devant mourir cuite et recuite ? …
Sinon, peut-être voterez-vous « révolutionnaire » ….
Pas du tout : si la sécurité sociale encaisse toutes les sommes qui lui sont dues par le grand patronat qui se défile en se faisant exempter de charges sociales pour tous ses esclaves précaires, si l’armée paye ses cotisations d’assurance maladie à temps au lieu de le faire avec parfois PLUS DE DIX ANS DE RETARD, alors que ses membres se sont toujours fait rembourser leur soins et interventions chirurgicales sur la caisse d’assurance maladie de la collectivité, il n’y a AUCUN DEFICIT ..
@ Mianne dit : 31 octobre 2010 à 21:31
D’accord pour dénoncer les anomalies que vous signalez, mais les montants qu’elles représentent sont dérisoires par rapport au 1600 milliards de dette publique détenue par la France (et une somme au moins équivalente détenue en privé)
Depuis le début des années 70, nous avons vécu dans une économie en croissance dans laquelle par le jeu normal du progrès des sciences et des techniques et du fait d’un prélèvement toujours plus important dans les richesses non renouvelables de la planète, il est apparu possible de voir s’améliorer notre niveau de vie moyen comme étant le résultat d’un processus normal, allant de soi, et inexorable.
Cette perception qui a baigné l’existence de toutes les couches de la société depuis 60 ans n’était qu’une illusion trompeuse dans laquelle les baby boomers ont toujours vécu. Ils arrivent maintenant à l’âge de prendre leur retraite et sans même analyser les causes des difficultés qui se présentent, ils adoptent l’attitude immature des enfants gâtés qu’ils ont toujours étés, et se mettent à trépigner de colère plutôt qu’à se livrer à une analyse objective des données du problème.
Ce drame pour la France, vient de l’entêtement d’une part importante de la population à ne pas vouloir voir la réalité alors que les autres pays semblent bien conscients de la nécessité de ne pas rester figés dans une position intenable dans le temps.
La solution facile et suicidaire est de désigner « le capital » comme le responsable de tous les maux, en invitant à le réduire voir l’éliminer pour tendre vers des régimes qui ont pourtant échoué dans tous les pays qui les ont mis en œuvre. Il est à craindre que ce refus d’objectivité, défendu au nom d’un grand idéal irréaliste, ne conduise qu’à des désordres et un effondrement irrémédiable de notre pays.
Si cela arrivait, la France apparaîtrait à la face du monde des survivants comme le pays ayant été le premier à décrocher du fait de son incapacité à comprendre les lois de la nature et de son obstination à vouloir les ignorer par manque d’objectivité et d’humilité.
Bonsoir !
Pour information : A 22 h 24 , impossible de se connecter sur le site » la pompe à phynance »!
Pour le reste, je reprendrai mon commentaire du 27/10/2010 , dans le billet » LE ROI EST NU », en réponse au commentaire de JOSEPH C.
A savoir :
Au vu de certains signes, je crois que le capialisme general, est en diffuculté. Sa capacité de résilience n’est pas aussi importante que certains veulent bien affirmer.
Que certaines personnes exercant dans ce capitalisme général ( et plus spécifiquement financier) ont effectué une modélisation, selon une méthode prenant en compte un certain nombre de paramètre ( mais en oubliant d’autres, et en niant d’autres) pour réaliser 2 objectifs majeurs :
– Tout « territoire » qui sert notre cause doit être investit.
– le lissage quant à l’exploitation de l’ensemble des territoires investis, doit permettre une rentabilité uniforme et similaire d’un territoire /aux autres.
Dès lors, tous les moyens sont bons .
On utilise le contournement chaque fois que possible, avec une dose de frontal tout de même.
En somme, rien de bien neuf depuis Machiavel…ou les romains….
Dès lors, tous les moyens sont bons … même celui de préparer et de guider une insurrection, d’orchestrer une révolution pour tous les pays qui ne rentrent pas dans les clous ( en clair , l’europe, l’amérique du nord et certains pays d’océanie.
Le capitalisme se déplace vers des territoires qui lui semblent plus favorable, et contraint les anciens territoires devenus hostiles, à adopter, sous la contrainte, les nouvelles règles, normes…..
Pour autant, rien n’est perdu… Bien au contraire … Toutefois, faudrait se mettre au même niveau que ces ennemis, ces nuisibles!!! En terme d’ecoute et de réactivité !!!!
LORDON n’est pas allé assez loin lorsqu’il parle d’un choix retraites contre triple A. Soit par ommission. Soit pour se protéger…. Soit par pression …. IL A VU PLUS LOIN, mais IL NE L’A PAS ECRIT !!! Les grandes oreilles et lunettes veillent !
De même les politiques ont ‘il le choix ??? Sarkozy est ‘il entièrement à la solde du capitalisme général ( et financier en particulier) ou bien partiellement ???? Que dire d’OBAMA sur ce même sujet ??? Effectivement, vu de l’extérieur, ca peut ressembler , pour certains « à un désordre intellectuel » … pour certains …
On affaiblit le service public , pour mieux attaquer , en s’engouffrant dans la brèche, par étapes successives, selon des temps différents … Bonjour la RGPP et le reste !!!
On pourrait rajouter au exmples cités dans la fonction publique , celui des armées et du corps diplomatique .2 magnifiques exemples, que l’on a attaqué à coup de RGPP, de LBDSN et LBDiplo. ….
Dès lors, tout est en place . On peut mettre en oeuvre le plan . La bête peut tout engloutir, en verrouillant et resserant l’étau progressivement … C’est sans douleur au début …. plus devient plus douloureux … La bête compte sur notre capacité de résistance sur ce point particulier . Elle est une des clés de son succès !!! Et hop ! C’est cuit !!! La bête mange tout ! Elle se mange elle même ! Tu veus te rebeller, et sortir du panier ??? Pas de problème : On a pensé à tout ! ( C’est faux !!) Même qu’on a orchestré une insurrection, une révolution pour les tiens … et pour emmener la masse : Ca ira plus vite !!! Tu vois : On a même une refondation… pour l’après !!!
Est ce vraiment un « pont trop loin » ???? Je serais tenté de penser que c’est un pont trop loin , volontairement pensé comme trop loin !!! Il se peut que ce soit un pont comme point d’ancrage !!! On continuera la danse entre réGime spéciaux et régime général , ou autres choses … Mais pas de frontal … Pas dans les même temps …
S’il y a un CARL VON C. parmi nous , il serait bon qu’il se manifeste, dans pas trop longtemps!!!
Bonne soirée
Arianna Huffington : « Les Etats-Unis se délabrent »
[…]
Je crois, moi, que les deux partis sont tombés exactement de la même façon dans la poche des maîtres de l’industrie, des banques et des affaires qui remplissent leurs coffres de campagne. Le principe démocratique fondateur, « un homme, une voix », a été remplacé par l’arithmétique de la politique des groupes d’intérêts. Les lobbies et leur déluge de dollars ont envahi Washington. Une vraie prise de pouvoir. Et le gouvernement fixe ses priorités au milieu de ce bazar de trafic d’influence.
Savez-vous qu’en 2009, plus de 13 700 lobbyistes enregistrés ont dépensé un record de 3,5 milliards de dollars, le double qu’en 2002 ? 26 lobbyistes par membre du Congrès ! Etonnez-vous après cela que les plans ambitieux pour réformer Wall Street, le secteur de l’énergie ou la sécurité sociale aient dérapé ! Que les réformes aient été tuées dans l’œuf ! La classe moyenne n’a pas la chance de disposer, elle, de bataillons de lobbyistes capables d’inonder de cash Congrès et Maison Blanche. Il n’existe pas de lobby du rêve américain…
[…]
Bonjour Paul,
Je viens de lire cet article et j’en suis attéré. Vous disiez plus haut
Que nous reste-t-il d’autre dans l’immédiat si on ne veut pas succomber que d’ouvrir la fenêtre ?
Mélanchon dit » Qu’ils s’en aillent tous », c’est radical mais a-t-on le choix ?
Les idées fourmillent mais le ménage préalable s’impose et vite.
Amitiés.
ces quelques lignes résument l’essentiel à connaître pour comprendre l’inertie dans laquelle nous séjournons, nous sommes broyés par des intérêts et des causes qui dépassent notre conscience aux abois : nous sommes livrés aux loups !
Remarquable résumé de l’effondrement de l’Empire américain.
Quelle leçon d’histoire ! La deuxième en 20 ans, après la disparition de l’URSS. Ou comment sans éthique la puissance devient faiblesse, comment sans justice la richesse se transforme en pauvreté, comment sans spiritualité le désir mène a la catastrophe. Et surtout, comment sans vraie démocratie, le progrès est impossible.
Et quel thème de méditation philosophique: Qui triche, tôt ou tard, paie. Qui ment, perd. Qui n’a pas des limites, est condamné à s’autodétruire.
Et quel thème de méditation métaphysique: c’est quoi dans la structure logique, invisible et implacable, du Système des Faits à l’intérieur duquel on vit, qui se venge toujours de la folie humaine?
Et pourtant on a été avertis par les bouddhisme, mais aussi par les Grecs avec leur concept d’hybris (la démesure, l’orgueil), si méconnu en Occident:
« l’homme qui commet l’hybris est coupable de vouloir plus que la part qui lui est attribuée par la partition destinale. La démesure désigne le fait de désirer plus que ce que la juste mesure du destin nous a attribué.
Le châtiment de l’hybris est la némésis (« destruction »), le châtiment des dieux qui a pour effet de faire se rétracter l’individu à l’intérieur des limites qu’il a franchies. Hérodote l’indique clairement dans un passage significatif :
« Regarde les animaux qui sont d’une taille exceptionnelle : le ciel les foudroie et ne les laisse pas jouir de leur supériorité ; mais les petits n’excitent point sa jalousie. Regarde les maisons les plus hautes, et les arbres aussi : sur eux descend la foudre, car le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure.»
Si l’hybris est donc le mouvement fautif de dépassement de la limite, la némésis désigne le mouvement inverse de la rétractation vengeresse. »
(Wikipedia)
La dernière intervention d’Obama sur le sujet dans une « weekly addess du 18 sept.
La fin du speech d’Obama :
Remarks of President Barack Obama
As prepared for delivery
Saturday, September 18, 2010
Washington, DC
« It lies in your hands… »
Et à qui sont ces mains ? Et les tiennes Barack ?
Here lies american dream. RIP.
Étonnante femme, Arianna Huffington…
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/31/arianna-huffington-diva-des-medias_1433142_3222.html
C’est elle qui a écrit une très dure biographie de Picasso sous son nom de naissance: Arianna Stassinopoulos (« Picasso, créateur et destructeur » – 1989 -)
Bonjour !
Le lien parle de lui-même:
http://lucky.blog.lemonde.fr/2010/10/28/fonds-de-pension-on-a-enfin-retrouve-le-gourou-ideologique-de-guillaume-sarkozy-qui-avait-dailleurs-vendu-la-meche-des-fevrier-2007/
L’Europe n’a pas vraiment de leçon à donner, j’en ai peur:
(chiffres 2008…)
le site « j’ai du louper un épisode « outre Lordon révèle Sapir ,Greaux et autres
Bonjour !
On m’a transmis ceci !
PS : je n’ai pas, à ce jour , lu le livre de cet auteur . Toutefois, la personne qui me l’a transmis, m’a demandé d’avoir une lecture à 2 niveaux …
A chacun de se faire son opinion ….
Pour moi , il y a danger…
http://www.realpolitik.tv/comment-va-le-monde/comment-va-le-monde-octobre-2010
http://www.france24.com/fr/20100924-invite-economie-herve-juvin-renversement-monde-gallimard-eurogroup-institute
Bonne journée !
Frédéric Lordon est un horloger. Ou un mécanicien de précision.
Il démonte aisément les rouages des machines à oppression, dans une verve qui transcende sa technique, ce qui le rend lisible, compréhensible et met les rieurs de son côté (ce qui est important).
C’est un artisan : celui qui exerce un métier mécanique. Habile, adroit. Excellent.
Mais un artisan d’art. Car Il créé.
Il créé de la réalité ou plutôt il l’a recréé puisqu’il la met à nue, la donne à voir.
Voici les engrenages dans lequel nous allons être pris, si la ‘réforme’ des retraites passe mais aussi voici ce qui adviendra si on n’en reste qu’à déplacer le seul curseur de l’âge, comme le dit Paul Jorion : 62, 63, 60 … Qui dit plus (ou moins) ?!! A ma gauche, 60. Le monsieur au fond, 62. A ma droite, 67. Pas d’autres ‘paris’ ?
Adjugée, la retraite à 67 ans pour le gouvernement !
Et les bas de laine qui garnissaient les retraites par annuités aux fonds de pensions (que ce soit, par capitalisation, par points ou notionnels).
Et les salariés au capitalisme, vendus par lots, en bourse (qu’il faudrait fermer, selon Lordon).
Pour autant, s’il perçoit bien que les enjeux sont bien plus larges que les seules retraites, je reste sur ma faim, bien que ce grand monsieur me nourrisse avec largesse : il reste encore dans une opposition répartition vs capitalisation (quelque soit ses avatars, ce qu’il perçoit aussi en filigrane).
En quelque sorte, thèse/antithèse et pas encore de synthèse (si on suit la dialectique classique) .
Ce n’est pas un reproche car encore faudrait-il savoir écrire pour oser le faire.
Juste un regret.
Car il me semble que Frédéric Lordon n’ait pas (encore ?) cibler la pile du mécanisme : le travail. Car tant que le travail sera défini comme il l’est, retraite par répartition y compris, et même ‘réformées’ dans un sens plus viable et plus juste, il reste que l’ensemble du système s’appuie sur une définition du travail, que confusément la majorité des salariés commencent à rejeter.
Il l’écrit pourtant :
Il suffirait alors selon lui de libérer le travail de l’emprise de la finance pour le rendre alors plus supportable.
C’est certainement très vrai. Et très nécessaire. Mais est-ce tout ?
Ne faudrait-il pas démonter le travail lui-même et le rendre inaccessible à la finance ‘pour l’éternité’ ?
C’est là où la théorie du ‘prix’, à mon sens, de Paul Jorion, complète celle de Frédéric Lordon. Elle pénètre plus en profondeur les mécanismes que décrit Lordon, description nécessaire car sans elle, nous n’atteindrerions pas le coeur du réacteur.
C’est l’avantage, sans doute, de l’anthropologie.
Mais aussi ses limites car comment rendre compréhensible une connaissance si intime sans que l’on ait ‘déblayé’ le terrain, au bulldozer si nécessaire ou à la truelle, outils que Frédéric Lordon manie fort bien l’un et l’autre ?
Car si j’ai bien compris ‘le prix’, là résident et se nouent les injustices et l’oppression entre les différents statuts sociaux, avec ou sans finances, cette dernière ne venant que parachever, sublimer presque, la logique d’exploitation du capitalisme.
Pour autant, sans Frédéric Lordon, il m’aurait été difficile d’en savoir quoi faire, de ce prix tout ‘neuf’, si je ne savais qu’il venait des profondeurs d’une terre exploitée par les mines …
Alors, certes, une révolution, mais pour quoi faire (en dehors de couper les têtes des capitalistes, ce qui pourrait être un bon début de révolution mais à quoi bon, si le mécanisme est toujours en place et que les têtes ressurgiront ailleurs, plus tard) ?
Zébu au sujet du travail que pensez-vous de l’approche suivie par Friot ==> http://www.pauljorion.com/blog/?s=friot
Je note que Jorion et Lordon convergent dans leurs analyses pour dire que seule une solution politique — et non pas seulement technique — interviendra quand les contradictions du système seront parvenus à leur paroxysme. Frédéric Lordon ne précise pas quelle forme doit prendra la révolution. Il dit seulement que des mesures radicales devront être prises. Comme Paul il se situe dans la perspective d’une interdiction de certaines pratiques nuisibles au bien commun. Certes Paul n’appelle pas à la révolution mais ses analyses récurrentes la supposent d’une certaine manière quand il introduit l’idée de révolte indignée comme facteur décisif quant au dénouement de la crise. La constitution pour l’économie, du moins ce qu’elle représente, tombera comme le fruit mûr de l’arbre des connaissances acquises par le peuple au prix de toutes ses illusions.
@ Pascal :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=13755#comments
J’avais posé quelques questions, concernant la qualification à vie, nébuleuse pour moi.
Mais me paraissait très intéressant de renverser les fondements de réflexions, ne serait-ce que sur le logement.
Cordialement.
peut etre quelqu’un a t il posté ce lien: édifiant. ‘Les nouveaux fonds de pension, la face cachée de la réforme des retraites’
http://ownipolitics.com/2010/10/29/les-nouveaux-fonds-de-pension-la-face-cachee-de-la-reforme-des-retraites-capitalisation-woerth-lobbies-senat-epargne/
Oui, en com 1.
Merci Paul pour la référence à cet article du monde diplomatique.
Je l’ai lu avec le plus grand intérêt.
Si on résume un peu brutalement la situation si nous ne changeons pas radicalement de mode de pensée en matière de politiques sociales, dont les retraites ne sont qu’un des aspects, nous sommes faces à un dilemme quasiment insoluble…
Avec leur mode de financement uniquement fondé sur une assiette salariale, y compris d’ailleurs la part patronale, les retraites par répartition sont promises à un effondrement lié à la baisse structurelle de la part du travail dans la valeur ajoutée donc à de moindres cotisations salariales et cela à un moment où l’évolution démographique permet fort heureusement à de plus en plus de gens de rester longtemps en vie.
J’en ai déjà parlé par ailleurs mais la principale cause de la baisse structurelle de la part du travail dans la valeur ajoutée des entreprises privées ou publiques est liée à un accroissement considérable de la productivité horaire du travail (je cite à nouveau le livre de Pierre Larrouturou: « Crise, la solution interdite », pour ceux qui voudraient retrouver les données chiffrées que j’ai utilisées pour étayer mon propos: pour l’ensemble de l’OCDE la part du travail a baissé de plus de 10% entre 1976 et 2006), cela fait autant de moins de revenus salariaux sur lesquels prélever des cotisations afin de financer les retraites.
Pour ce qui est des retraites par capitalisation, outre leur aspect inégalitaire, leur pérennité n’est pas non plus assurée car on se demande bien dans quels domaines les organismes de retraite par capitalisation pourront bien investir les sommes récoltées en ayant une forte probabilité de pouvoir servir à terme des retraites aux personnes qui leur auront fait confiance…
En effet dans quoi investir pour être sur de retrouver au moins la somme capitalisée par les salariés, si possible en tenant compte de l’inflation, et cela dans un monde où l’évolution technologique est bien trop rapide et complexe pour pouvoir faire des paris sur l’avenir.
Ne pourrait-on pas aussi financer les retraites en faisant cotiser, au moins en partie, les équipements automatisés qui remplacent des emplois, par ailleurs de plus en plus qualifiés. Notons au passage que certains chefs d’entreprise ne se gênent pas pour expliquer dans leurs cercles privés qu’au moins les machines n’ont pas besoin de congés payés, ne sont jamais malades, (les sexistes diront même ne tombent pas enceintes), ne font pas grève, n’ont pas de revendications salariales et bien entendu ne paient pas de cotisations sociales… De plus cette baisse de l’offre d’emploi permet aux employeurs de faire un chantage direct envers les employés qui seraient à leur sent un peu trop exigeants sur le salaire ou sur les conditions de travail…
Il y a un autre domaine qui ne crée pas d’emploi c’est la spéculation financière à très court terme…On devrait donc aussi élargir l’assiette des cotisations sociales aux investissements purement financiers et spéculatifs à court terme, investissements ne créant quasiment aucun emploi, en s’arrangeant pour que au contraire les investissements, même financiers, mais à long terme soient moins soumis à ces contributions sociales dans la mesure où ils seraient créateurs d’emploi.
Si l’ensemble des états concernés ne changent pas radicalement leurs politiques de financement des politiques sociales et des retraites , ce dilemme entre retraites par répartition non finançables à cause de la baisse de l’emploi et retraites par capitalisation non sécurisées par manque de prévisibilité de la rentabilité des placements qu’elles sont sensées utiliser pour servir les retraites à leurs cotisants dans le futur, plombera pour longtemps toute réforme des retraites et plus généralement des politiques sociales.
Il faudrait donc envisager d’autres modes de financement pour ces politiques de retraite et de ces politiques sociales, bien entendu cela ne pourra se faire au niveau national faute de quoi le dumping social inter étatique viendrait là aussi ruiner les tentatives de solutions nationales…
Mais la mise en place de négociations sérieuses, déjà difficiles au niveau national, deviennent encore plus difficiles au niveau international, chaque gouvernement étant restreint dans ses négociations internationales par la pression d’élections à court terme quand de tels changements de politiques ne peuvent être faits qu’à travers des évolutions à long terme : on ne change pas le mode de fonctionnement d’un ensemble de pays représentant plus de 300 millions d’habitants dans la précipitation. Mais les électeurs n’appréhendent que difficilement le long terme et encore plus difficilement le long terme lié à des traités internationaux.
Les électeurs appréhendent d’autant plus difficilement ces sujets que tous les hommes et femmes politiques rechignent à en parler, sachant bien que ça ne les fera pas élire…… Et que même les médias ne sont pas très enclins à aborder ces sujets du long terme non plus, les petites histoires de palais semblent bien plus les intéresser que les sujets de fond…
Courage, ça n’est pas le moment de baisser les bras…
Bien à vous.
Paul T.
Bonjour.
Je me manifeste un peu tard, je sais. Cependant comme j’ai découvert ce blog récemment, et avec lui tous ceux qui sont dans la même galaxie, comme je suis sans grande culture sur le plan politique et économique, les articles de fond du Monde, les conférences et blogs de ceux qui peuvent se permettre de parler fort, me prennent plus de dix minutes. A force de bonne volonté, j’acquerrai un vocabulaire, n’est-ce pas ? Rassurez-moi !
Médusée, j’ai lu et relu l’article de Frédéric Lordon hier soir avant d’éteindre la lumière.
J’ai fini par entrevoir des lueurs inquiétantes. Le sommeil a été long à venir, je tentais de me refaire le raisonnement.
Ce matin, je tâche de ne pas me perdre dans vos interventions tous azimuts.
Je capte des injonctions « restons unis, ne baissons pas les bras, la Révolution, etc. »
Je trouve que le premier combat à mener, est celui de la culture.
Comment voulez-vous ne pas tomber dans les bras de celui dont vous comprenez le langage,
(« Ouf ! en v l’a un qui cause français ! ») comment se faire une opinion qui ne soit pas une auto-défense, une réaction de rejet de l’autre par peur de perdre quelques sous, quelques privilèges durement acquis … ou pas (!) ou encore ses vieilles certitudes ?
J’en veux viscéralement aux médias de ne pas faire leur boulot.
Si j’ai tapé le nom de Paul Jorion, c’est parce qu’en voiture j’écoute France Culture, la suite fut une affaire de fil d’Ariane : me voilà aux prises avec les Blogs du Diplo.
Monsieur Jorion, Monsieur Lordon, tout peut être dit simplement et je ne vous remercierai jamais assez quand vous prendrez la peine de ne pas choisir un mot-pour-faire-beau alors qu’un mot simple mais adéquat aurait fait l’affaire. Ne rebutez jamais les gens, ils vous fuiront. La vulgarisation des idées quand elle est bien comprise atteint son but : hausser le niveau intellectuel, donner le goût du débat intelligent et de l’action … Les bénéfices vous en reviendront, … puisque nous sommes dans le sujet de l’ Économie!
Relisez Molière.
Mais … je ne crache pas dans la soupe. Elle a bon goût.
Merci d’être là.
(Au fait avez-vous une idée du nombre de gens qui vous lisent ? )
Bonjour Edith B
Nombre de gens qui lisent :
Julien nous publie mensuellement les stat du blogs, c’est en début de mois en remontant le temps, il y a l’onglet « fréquentation » là haut qui vous dira tout.
Vos réactions me rappellent quand je tombai sur le Diplo dans les années 1985-1986 de mémoire (et que le krach de 1987 me procura une certaine « Schadenfreude » , une joie maligne)
Oui, il existe des médias de bonne tenue intellectuelle, mais ce ne sont pas les plus discutés au café du coin.
La revue Books me semble aussi un autre petit miracle…
Sur le choix de vocabulaire de l’intellectuel, vaste problème.
Voyez la « politique de civilisation » d’Alain Touraine, dont Sarkozy a voulu faire une sorte de Vulgate.
J’étais moi-même assez horrifié des mots écrits en grecs des Jankélévitch ou autres, ou des philosophes de la « French theory » notamment (Deleuze, Derrida, Guattari,Foucault…) et admire l’écriture limpide d’un Fernand Braudel ou d’Eric Hobsbawm.
Pourtant, je suis tombé sur Bernard Stiegler, et il m’a amené à révisé ce point de vue. Et sur Jorion, dont vous verrez qu’il peut vous faire pâmer sur la scholastique avec les « catégorèmes » et les « syncatégorèmes », sans parler d’autres joies aristotéliciennes. Moultes facettes…
Je reviens sur Stiegler : si vous prenez les ouvrages les plus lisibles, vous trouverez aussi des choses assez intéressantes.
# La Télécratie contre la démocratie, 2006 (ISBN 2082105695)
# avec Marc Crépon, George Collins et Catherine Perret, Réenchanter le monde : la valeur esprit contre le populisme industriel, 2006 (ISBN 2082105857)
# Prendre soin, de la jeunesse et des générations, Flammarion, 2008
# avec Alain Giffard et Christian Fauré, Pour en finir avec la mécroissance : quelques réflexions d’Ars industrialis, Flammarion, 2009.
Il a le mérite d’articuler de façon dense les trois étages que sont notre psychisme, notre vie sociale et le monde technique/les industries culturelles. Cela peut alors valoir le coup de se taper une dizaine de mots de jargons récurrents et qu’on peut comprendre dans le contexte (« hypomnémata », rétention/protention, « prothétique », l’usage du mot « libidinal » ou « pulsionnel » dans un sens assez général/freudien, etc. et « pharmaka », qui se rapporte , en caricaturant un peu, à la simple idée « c’est la dose qui fait le poison » que vous connaissez sûrement, y compris en contexte : la coca est une addiction socialisée chez les andins, etc.)
Je crois que le danger vient plutôt de ceux qui jargonnent pour être reconnu comme « appartenant à l’Ecole de Untel », ceux qui ont au fond besoin de repisser sur les bords d’un territoire à protéger machinalement.
Bonne route !