Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Nous vivons au sein de structures étatiques où existent différents échelons dans la prise de décision quant à l’organisation de la vie en société. Chacun de ces échelons a ses propres attributions. Un tel partage vise à ce que dans la grande majorité des cas, le citoyen lambda n’ait pas à prendre les choses en main : s’il estime qu’un problème se pose, et qu’il n’est pas traité, il se tourne vers les autorités responsables et attire leur attention sur la nécessité de résoudre la question. Si le cas le mérite, celles-ci interviennent alors.
Quand des gens ordinaires considèrent que des questions importantes ne sont pas résolues par ceux qui en ont la responsabilité, et décident de prendre les choses en main, les autorités doivent interpréter cette réaction comme un signal d’alarme et y répondre au plus vite.
Appartiennent à cette famille de signaux d’alarme, en Europe, la suggestion d’Éric Cantona que nous retirions tous des banques l’argent que nous y avons déposé et, aux États-Unis, le vent de fronde qui s’est levé parmi les propriétaires dont le logement est menacé de saisie, qui exigent désormais de se voir présenté le titre de créance en possession de l’organisme qui leur a accordé un prêt hypothécaire. La raison qui explique cette tactique dilatoire : le fait que dans le contexte né au début de ce siècle d’une titrisation de la grande majorité des crédits hypothécaires (la revente de ces prêts par ceux qui les ont accordés sous la forme d’une obligation consolidant plusieurs milliers d’entre eux), le transfert de créance s’est fait par enregistrement électronique, le titre sur support papier restant bien souvent entre les mains de son premier détenteur.
Comme le fait observer un commentateur, deux systèmes sont entrés en conflit : le système lent à support papier du droit et le système rapide à support électronique de la finance. Facteur aggravant, et qui a conduit la semaine dernière Bank of America et GMAC (l’organisme de prêt de la General Motors, faisant désormais partie du groupe Ally) à interrompre les procédures de saisie, des cabinets spécialisés dans le dépistage des transferts de créance ont été pris la main dans le sac à forger des titres perdus et à faire tourner des « moulins à signatures », dont la célérité excluait que la validité des documents soit réellement examinée. Des accidents se sont produits, tels ceux dont parle en ce moment l’ensemble de la presse américaine : de la famille dont le logement fut saisi alors qu’elle s’acquittait scrupuleusement du versement de ses traites ou du propriétaire chassé de sa maison alors qu’il l’avait payée comptant. On parle à ce propos aux États-Unis de « foreclosuregate », foreclosure étant le terme qui s’applique au processus de saisie, la terminaison en « -gate » étant là elle pour évoquer le complot du Watergate ourdi par Nixon et ses conseillers, et dont la découverte signa la perte du président américain.
Prenant leurs désirs pour des réalités, certains ménages en rupture de paiement de leurs traites se sont convaincu que toute impropriété avérée dans le dépistage du titre signifie que la propriété du logement leur revient pleinement, une légende urbaine que les activistes du Tea party se complaisent à colporter. Ceux-ci n’en sont pas là bien sûr à leur coup d’essai, les milieux « miliciens » libertariens dont ils sont issus répandant depuis pas mal d’années la rumeur que la perception d’impôts par les autorités américaines au niveau fédéral tout comme au niveau des États, est inconstitutionnelle.
La suggestion faite par Éric Cantona, que les particuliers retirent leur argent des banques, repose elle aussi sur une « théorie spontanée » du droit qui voudrait que les déposants demeurent pleinement propriétaires de leurs dépôts. Or ceci a cessé d’être le cas au plan juridique et ils ne sont en possession que d’une reconnaissance de dette, ce qui soumet l’accès à l’argent déposé à certaines conditions, qu’ils ne découvrent en général – et à leur grande surprise – que lorsqu’ils tentent de retirer dans l’instant une somme d’un montant élevé.
La guéguerre sur le terrain des transferts de créance des habitations grevées d’une hypothèque aux États-Unis, tout comme la suggestion de Cantona en Europe – quelle que soit la « théorie spontanée » du droit qu’elles véhiculent et que relaient éventuellement des partis politiques intéressés –, n’en sont pas moins symptomatiques d’un climat explosif : celui où des citoyens lambda estiment que les autorités responsables ont échoué dans une mission qui leur est confiée, en l’occurrence, de mettre la finance au pas, un soupçon planant même qu’elles auraient délibérément pris le parti de cautionner ses abus.
Quand les gens ordinaires décident de prendre les choses en main, même si c’est sur une question qui peut apparaître a priori relativement mineure aux autorités en place, un avertissement sévère leur est en réalité adressé : qu’elles ont failli aux yeux de ces gens ordinaires dans une tâche dont elles sont pourtant chargées. Or, une fois la confiance perdue sur une question particulière, elle se perd alors aisément sur toutes les autres. Si les autorités – le même principe valant d’ailleurs pour l’Europe comme pour les Etats-Unis – veulent faire comprendre à la population qu’il n’existe pas deux poids, deux mesures, les unes s’appliquant au secteur financier et les autres aux gens ordinaires, il est plus que temps qu’elles le fassent savoir. La suggestion de Cantona et le « foreclosuregate » constituent tous deux des avertissements qu’il serait extrêmement dangereux d’ignorer plus longtemps.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
62 réponses à “BFM Radio, lundi 18 octobre 2010 à 10h46 – Une boîte de Pandore de plus est-elle en train de s’ouvrir ?”
On pourrait peut-être rajouter dans la catégorie « signaux d’alarme », la contestation un peu « foutraque » de la réforme des retraites en France. Il semblerait que chacun commence à décider dans son coin du meilleur moyen de faire entendre son mécontentement sans plus grande référence à une grève revendicative traditionnelle et sans trop se soucier ni de la « légalité » ni de l’impact sur la sacro-sainte opinion publique. Le plus intéressant, c’est que cela marche en fait. L’opinion publique, mis à part les lecteurs du Figaro (et, il faut bien l’avouer, certains lecteurs du Monde), maugrée mais s’adapte, le gouvernement sort des communiqués lénifiants démentis dans les minutes qui suivent, mais reste droit dans ses bottes forever, le MEDEF a décidé prudemment de ne plus rien dire et les syndicats continuent à courir après leur base, tandis que les lycéens courent pour leur propre vision du monde, comme des grands.
Et tout le monde attend ce qu’il va bien pouvoir sortir de cette histoire insaisissable… C’est la Crise, quoi…
L’analyse des mouvements actuels peut-elle se réduire à opposer les bons protestataires aux mauvais casseurs ? A craindre – ou au contraire à susciter – une radicalisation par définition minoritaire ?
En Allemagne, on parle de l’essor de la révolte citoyenne. Les Faucheurs volontaires des champs ensemencés aux OGM s’en sont déjà revendiqués en France.
La désobéissance civile est-elle nécessairement l’apanage des minorités agissantes ?
Non, les minorités agissantes sont là pour réveiller la belle endormie.
Bloquons tout, faisons une pause, suscitons les débats citoyens. Expliquons, dialoguons. Mais s´ils ne veulent pas entendre et ne veulent pas de dialogue et pas simplement sur la question des retraites, alors, nul ne peut savoir où nous allons.
Nous avons besoin d´utopie. Nul ne sait quel système sera adopté à l´issue de cette phase, mais nous savons à peu prêt tous (au moins confusément) où nous mène la continuation dans les voies choisies jusqu´alors.
Alors, oui, s´il le faut, la minorité agissante fera sa part, une fois de plus, pour que la majorité silencieuse en tire les bénéfices. Après avoir brocardé cette minorité en bêlant en coeur son indignation devant tant de violence.
Ne confondez pas, je n´appelle nullement à la violence, je ne la souhaite pas, mais si rien n´est fait, cela viendra.
Il est temps de remettre en cause ce que la plupart prend pour acquis. non, le capitalisme n´est pas indépassable. Non la fin de l´histoire n´est pas encore là. Charge à nous de l´écrire. Tous ensemble si possible.
Rappel aux forces de l´ordre:
Quand un ordre est immoral, contraire aux respects des droits de l´Homme et du citoyen, alors votre premier devoir est de désobéir. Vous faites partie du peuple vous aussi. Quelques soient vos opinions politiques, ne défendez pas l´indéfendable.
Pour l´instant nous manifestons dans l´ordre, nous travaillons dur et de manière très responsable dans les services d´ordre pour calmer les agités et pour éviter les noyautages (méfiez vous des images, ce qui a la tête d´un « anarchiste » à la télé peut être un agent en civil. Si vous défilez, regardez les petites rues latérales et demandez vous qui sont ces têtes de voyous qui attendent patiemment leur heure ou plus exactement les ordres).
Il est vrai que l’on observe des mouvements et refléxes protéstataires que l’on a jamais vu avant, comme les manifs (violents) à Stuttgart contre la transformation de la gare. Les gens commencent à comprendre que la politique est devenu un monde clos, à part, que les décisions politiques n’impliquent plus le citoyen, contrairement de ce qui est pratiqué chez les voisins Suisses, et que les conséquences de la mondialisation financière se fait de plus en plus sentir. Et que les élections ne servent pas à grand chose, on choisit toujours le « mauvais » gouvernement ».
Pour vous illustrer l’état d’esprit des allemand – qui est relativement récent: la Bundesbank a émis cette année une piéce de dix euros en argent massif, ou l’on peut lire, en grandes lettres: « nous sommes le peuple ».
Pensez-vous qu’une chose semblable soit possible en France, un pays si fier de son histoire pavée de révoltes et de la grande révolution de 1789? J’en doute.
C’est évident qu’au rayon des avertissements le mouvement social en cours en france en est un beau.
Car ce n’est pas la réforme en elle même qui est la plus visée. Elle est impopulaire certes mais c’est surtout le deux poids deux mesures que je rencontre lors des manifs :
» Et pourquoi ils se l’ appliquent pas à eux leurs réformes, avec leurs bagnoles leurs logements de fonctions…. ».
» et pourquoi c toujours aux travailleurs de payer alors que le pognon ca fait belle lurette qu’il est plus dans nos poches »
» et c’est cette bande de « morfalous » qui veut nous apprendre la justice et l’équité, alors qu’il sont payés pour nous raconter des anneries (cf la mère bétancourt).
» et la bande de richards qui nous plantent nos usines pour s’en foutre plein les poches, va falloir qu’elle crache au bassinet »
j’en passe et des plus fleuries….
C’est peut être pour ça que la contestation est « foutraque » en effet vous avez vu le mot retraite dans ces « slogans » ?
C’est avant tout un symbole, une limite de rupture d’une classe sociale (les travailleurs) qui pointe, plus qu’une opposition sur un projet précis.
Voila un article de journal intéressant au NouvelObs
A lire:
Guillaume Sarkozy, futur bénéficiaire de la réforme des retraites ?
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101014.OBS1278/guillaume-sarkozy-futur-beneficiaire-de-la-reforme-des-retraites.html
Vous connaissez des gens extra-ordinaires ?
Oui, tout ceux que je connais vraiment !
Cher Paul, nul besoin de M.Cantona ou des libertariens US pour comprendre que la solution de sortie légaliste est LE problème. Même Lordon appelle au soulèvement…
En attendant:
Vu sur http://endehors.net/
Guillaume Sarkozy, futur bénéficiaire de la réforme des retraites ?
Selon Médiapart, le frangin vise le pactole du marché de la retraite complémentaire privée. Et prépare pour cela une alliance avec des acteurs semi-publics.
Médiapart affirme jeudi 14 octobre que la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n’est autre que Guillaume Sarkozy.
Selon Médiapart, la réforme « va conduire à l’asphyxie financière des grands régimes par répartition » et sera donc « propice à l’éclosion de ces grands fonds de pension qui n’étaient pas encore parvenus à s’acclimater en France, à quelques rares exceptions près ». Parmi les opérateurs privés d’ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.
Des alliés puissants
« Il ne s’agit pas que d’une coïncidence. Mais bien plutôt d’une stratégie concertée en famille », écrit Médiapart, « l’un assèche les régimes par répartition tandis que l’autre pose les fondements du système par capitalisation ». Le site ajoute : « Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l’occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l’Etat, et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP). Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile. »
« Cette société n’aurait jamais vu le jour sans l’appui de l’Elysée », écrit Médiapart. En effet, la Caisse des dépôts et consignations est une institution publique présidée par un parlementaire. Pour sa part, la Caisse nationale de prévoyance (CNP) est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque postale et du groupe Caisses d’Epargne, lui-même présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée.
En outre, la Caisse des dépôts gère le Fonds de réserve des retraites. « Pourquoi la CDC se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation ? », demande Médiapart. « Et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l’Etat ? »
L’enjeu n’est pas mince. Le marché pourrait représenter « 40 à 100 milliards d’euros » : en fonction de l’aspect final de la réforme, les Français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c’est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraite complémentaire. Médiapart publie notamment un « business plan » confidentiel, qui fixe pour objectif une part de marche de « 17% » d’ici dix ans.
(Nouvelobs.com)
Sur Rue 89, on peut apprendre que les députés ont su esquiver les conséquences fâcheuses de la réforme des retraites.
@ Pipas dit : 18 octobre 2010 à 13:05
Même en Chine communiste où, avec un demi-siècle de retard par rapport à l’occident, on travaille à la mise en place d’un système de retraite pour les gens des villes, on prévoit une part en capitalisation.
Voila au moins un pays qui n’est pas bloqué par une idéologie anticapitaliste. http://www.juriscope.org/actu_juridiques/doctrine/chine/chine_4.pdf
@ jducac
En effet, ce pays est tellement peu enclin au blocage idéologique ou éthique qu’il va même jusqu’à publier un livre blanc analysant les progrès en matière de droits de l’homme. On y découvre avec satisfaction que les droits de l’homme en Chine consistent entre autre à posséder une voiture, un téléphone portable, et avoir accès à la télévision d’Etat.
@jducac: lisez mieux ce texte, le mouvement est plutôt inverse. En Chine, on vient plutôt d’une retraite par capitalisation (la retraite était en fait à charge de l’entreprise de l’employé qui provisionnait un compte individuel, supposé être bloqué) et on va vers la retraite par répartition: « A défaut de trouver suffisamment de fonds pour payer les retraités et pour indemniser les salariés, la seule alternative raisonnable semble le remplacement de l’actuel système mixte par une assurance vieillesse unitaire de répartition (pay-as-you-go). Pour l’instant, ce serait le seul moyen qui permette de ne pas aggraver le déséquilibre des caisses de retraite. » (p. 15)
De manière générale, aucune solution n’a encore été mise en place en Chine au problème des retraites (l’âge de la retraite est de 55 ans pour les ouvriers). Les Chinois découvrent à peine les difficultés de l’économie de marché et il paraît probable que l’Etat prendra en charge ce problème qui devient de plus en plus pressant (en fait, il est déjà pris en charge par l’Etat, mais pas dans un système unifié de prise en charge de la vieillesse).
Je cite la conclusion d’un texte intéressant (par un chinois) sur le sujet: « Ce que nous pouvons dire sans nous tromper, c’est que la structure sociale traditionnelle chinoise a été minée, sinon détruite, et que la responsabilité de l’État d’assurer la protection sociale des personnes âgées s’en trouve augmentée. »
http://www.laviedesidees.fr/Le-systeme-de-protection-sociale.html
@ Moi dit : 18 octobre 2010 à 15:54
Merci pour le lien.
Les Chinois sont quand-même pragmatiques et avaient démarré avec un système mixte où une partie était par capitalisation. La Suède et l’Allemagne y arrivent en ajoutant une partie par capitalisation. Je crois que c’est une bonne chose. Dans le système par répartition qui fonctionne en flux tendu et où la sortie se fait sans asservissement à l’entrée, il n’y a jamais équilibre. Un volume tampon par capitalisation permet d’amortir et laisse le temps d’ajuster sans verser immédiatement dans l’endettement.
http://www.sauvegarde-retraites.org/article-retraite.php?n=136
@jducac: Encore une fois, vous n’avez pas lu. Je vous dis qu’ils n’ont pas démarré avec un système mixte mais avec un système par capitalisation (où l’entreprise payait les retraites de chacun de ses employés). Lors de la privatisation des entreprises d’Etat, elles ont en gros piqué les retraites de leurs employés et il a fallu introduire un système de solidarité par régions (et uniquement certaines régions). Puis comme c’est trop lourd pour les régions et qu’il y a de plus en plus de retraités provenant d’entreprises privées (et qu’il y a sans doute là encore au niveau local du vidage de caisse en douce), l’Etat prend de plus en plus cela à sa charge et on envisage carrément un système par répartition national.
La Chine est l’exemple même que le système par capitalisation promet monts et merveilles mais mène toujours à la ruine du petit cotisant salarié et que l’Etat doit venir au secours de ces petits salariés lorsqu’ils découvrent qu’ils ont été grugés.
De manière générale, vous vous trompez parce que vous pensez que la Chine devient capitaliste alors qu’en fait elle fait le mouvement inverse, elle est en train de se construire comme Etat-Providence après être passé très brutalement du communisme au capitalisme pur et dur (comme l’URSS mais sans la décomposition de l’appareil d’Etat). Le mouvement libéral qui y a eu une certaine visibilité dans les années 80 (jusqu’aux événements de Tien-An-Men) traverse actuellement une crise identitaire et s’est divisé en étant débordé à sa gauche (la Nouvelle-Gauche, social-démocrate) car le problème principal de la Chine actuelle sont les inégalités. De manière amusante, les rares libéraux chinois encore hayekiens promettent que le libéralisme diminuera les inégalités (véridique!). S’ils font encore un peu illusion parmi certains intellectuels chinois (de plus en plus rares) c’est parce que la source des inégalités passe là-bas encore souvent par l’accaparement des apparatchiks corrompus de l’Etat.
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, fait déborder le vase et met le feu aux poudres !!!!
Sans vouloir vous opposer à Lordon, je voudrais rappeler que pour lui il n’existe que 2 options, soit on coule avec la finance, soit on essaie d’utiliser son effondrement pour jeter les bases d’autre chose.
La deuxième option est la seule porteuse d’un peu d’espoir et les réactions du « peuple » qui essaie de reprendre quelques cartes en main, pour effayante qu’elle soit, peut apparaître comme un moindre mal.
Perdu pour perdu.
Attendre que l’édifice s’effondre de lui-même, ou une prise de conscience des pouvoirs… encore faudrait-il qu’elle n’ait pas déjà eu lieu, autour de chez moi les annonces immobilières de lofts et maisons à plus d’1M€ sont toutes « vendu », chose que je n’avais pas vu depuis 15ans que je suis dans le coin. Ceux qui achètent de l’or, de la pierre, qui laissent les actions aux ordinateurs ou qui vendent leur stocks, ceux qui mentent dans les médias se préparent leur monde d’après.
La seule carte qui reste aux petits est de menacer de donner un coup de pouce à l’effondrement.
N’êtes-vous pas trop « gentil » avec Cantona ? N’utilise t-il pas, comme les autres, le réflexe de peur ? Est-il une personne lambda ? Vouloir générer la panique ne doit i pas être vivement contesté (c’est un euphémisme) ? Il agit en méconnaissance du sujet, comme les Tea Party alors ? Mais foin d’amalgame, on s’y perd.
Oui, nous sommes devant un grand trou noir juridico-economico-scientifico-democratico-politique. 😛 😉
Ou comme Toqueville a dit ‘nous vivons sur un volcan’, mais c’est volcan est dans l’intérieur de nous, comme une boite de Pandore, qui va se dévoiler et érupter. Comme une expression en Pays Bas dit: L’espirit est sorti de la bouteille et nous ne pouvons plus remettre le capsule pour le fermer. C’est trop tard.
Si notre analyse sur ce qui se passe ne profond pas nous submergerons dans chaos complèt qui va détruire beaucoup de bien de notre société.
A la même temps c’est nécessaire de déconstruire notre croyance politico-économique actuelle. Nous sommes devant une situation qui ne va pas être a peace of cake! 😉
Preuves qu’un dépot n’est une reconnaissance de dette:
http://www.lexinter.net/LOTWVers4/les_contrats_bancaires.htm
Article 521 : Le bénéficiaire d’un virement devient PROPRIETAIRE de la somme à transférer au moment où l’établissement bancaire en débite le compte du donneur d’ordre.
L’ordre de virement peut être révoqué jusqu’à ce moment.
Ce qui implique que le dépot du bénéficaire du virement est bel et bien juridiquement sa propriété.
A bon entendeur…
Lecture sélective… regardez donc dans votre document :
@Julien: remarquez qu’ils se gardent bien de dire le mot « propriétaire » lorsqu’il s’agit de la banque, alors que le texte dit qu’il s’agit bien de cela. Et qu’ils disent le mot « propriétaire » pour le déposant alors que tout le texte dit qu’il ne s’agit plus de cela (puisqu’il vient de signer un contrat de dépôt, c’est-à-dire de prêt). Monsieur tout le monde, grand naïf qui n’a pas envie de perdre son temps croit que si ça met « propriétaire » c’est que ça veut dire propriétaire, se fait évidemment gruger dans les grandes largeurs. Facile finalement d’attraper monsieur tout le monde. 🙂
C’est surtout lorsque le conditionnel de vie du monde devient trop impossible à suivre pour
les derniers, que les premiers en finissent peu à peu par perdre tout contact avec la réalité,
Encore plus lorsque tout est bien fait pour que cela perdure le plus longtemps, deux poids deux mesures que vous soyez riche ou pauvre dans ce monde, la santé n’est pas la même.
On ne se lasse pas de changer les institutions, ne pouvant changer les hommes.
[Jean-Lucien Arréat]
Les institutions passent par trois périodes : celle des services, celle des privilèges, celle des abus. [François René de Chateaubriand]
Journal : institution incapable de faire une différence entre un accident de bicyclette et l’effondrement de la civilisation. [George Bernard Shaw]
Demain vous verrez ils mettront davantage de choses pour rendre le monde plus sur.
Nous nous disons, plus nos Gardiens et nos Maîtres seront au courant et mieux
serons-nous alors traités demain avec équité et justice, pensez-donc !
J’étais moi aussi un homme qui sentait venir peu à peu la chose, on cherchait bien encore
en ce temps là, et par tout les moyens plus ou moins pédagogiques à avertir l’opinion, hélas rien n’y faisait on préférait même davantage se boucher les oreilles dans les hauteurs.
Et plus nous cherchons à les avertir au fil du temps et plus nos bourreaux prennent davantage de précautions de plus, protégeons-nous d’abord les premiers d’abord le paradis pour nous.
Flute j’aurais du rien dire mon ami car je m’aperçois qu’à chaque fois que je tente d’alerter le gardien, il prend tout de suite peur et court directement chercher l’ensemble de nos gardiens.
Tiens c’est bizarre le gardien me met encore une chaine de plus au cou et aux pieds, alors que je lui avais pourtant dit déjà hier que nous ne pourrons plus guère maintenant nous évader.
Attention, Attention, mon ami car plus tu leur exprimes ton mal, ta douleur et plus les choses
se durcissent un peu plus dans le coeur même de nos sociétés les plus froides et rigides.
Tout est déjà si bien verrouillé et conditionné comme ça, bien sur les premiers ne peuvent pas encore bien s’en rendre compte. Oh rien de bien grave mon ami(e) ce ne sont que des images.
Quoi de plus inhumain, contre-productif et économique de nos jours que de s’en prendre d’abord à l’image d’une marque qui recherche davantage à esclavager l’homme.
Dans une guerre politico-économique mondiale ce n’est jamais les plus pistonnés qui en patissent le plus, mais toujours les moins favorisés à chacun son monde à la télévision.
La meilleure part de l’homme que la plupart des dirigeants du monde préfèrent davantage conduire aux enfers, faut réussir à tous prix dans l’empressement.
Peu importe si tout le monde y passe, le principal c’est que nous puissions encore être demain les meilleurs maîtres ou bourreaux spirituels de l’humanité.
De toutes façons depuis toujours les prophètes ne sont jamais bien entendus.
Franz Kafka, « Devant la Loi », Le Portique, Flammarion
Devant la porte de la Loi se tient un gardien. Ce gardien voit arriver un homme de la campagne qui sollicite accès à la Loi. Mais le gardien dit qu’il ne peut le laisser entrer maintenant. L’homme réfléchit, puis demande si, alors, il pourra entrer plus tard. « C’est possible, dit le gardien, mais pas maintenant. » Comme la grande porte de la Loi est ouverte, comme toujours, et que le gardien s’écarte, l’homme se penche pour regarder à l’intérieur. Quand le gardien s’en aperçoit, il rit et dit : « Si tu es tellement attiré, essaie donc d’entrer en dépit de mon interdiction. Mais sache que je suis puissant. Et je ne suis que le dernier des gardiens. De salle en salle, il y a des gardiens de plus en plus puissants. La vue du troisième est déjà insupportable, même pour moi. » L’homme de la campagne ne s’attendait pas à de telles difficultés ; la Loi est pourtant censée être accessible à tous à tout moment, pense-t-il ; mais en examinant de plus près le gardien dans sa pelisse, avec son grand nez pointu, sa longue barbe de Tartare maigre et noire, il se résout à attendre tout de même qu’on lui donne la permission d’entrer. Le gardien lui donne un tabouret et le fait asseoir à côté de la porte. Il y reste des jours, des années. Il fait de nombreuses tentatives pour être admis et fatigue le gardien par ses prières. Le gardien lui fait fréquemment subir de petits interrogatoires, lui pose toutes sortes de questions sur son pays et sur bien d’autres choses, mais ce sont des questions posées avec indifférence, comme le font les gens importants ; et il conclut à chaque fois en disant qu’il ne peut toujours pas le laisser entrer. L’homme, qui s’est muni de beaucoup de choses pour ce voyage, les utilise toutes, si précieuses soient-elles, pour soudoyer le gardien. Celui-ci accepte bien tout, mais en disant : « J’accepte uniquement pour que tu sois sûr de ne rien avoir négligé. » Pendant toutes ces années, l’homme observe le gardien presque sans interruption. Il oublie les autres gardiens et ce premier gardien lui semble être l’unique obstacle qui l’empêche d’accéder jusqu’à la Loi. Il maudit le hasard malheureux, à voix haute et sans retenue les premières années ; par la suite, avec l’âge, il ne fait plus que grommeler dans son coin. Il retombe en enfance : étudiant le gardien depuis des années, il connaît même les puces de son col de fourrure, et il supplie jusqu’à ces puces de l’aider à fléchir le gardien. Finalement, sa vue baisse et il ne sait pas s’il fait réellement plus sombre autour de lui, ou bien si ce sont seulement ses yeux qui le trompent. Mais il distingue bien dans l’obscurité une lueur que rien n’éteint et qui passe par la porte de la Loi. Alors il n’a plus longtemps à vivre. Avant qu’il meure, toute l’expérience de tout ce temps passé afflue dans sa tête et prend la forme d’une question, que jamais jusque-là il n’a posée au gardien. Il lui fait signe d’approcher, car il ne peut plus redresser son corps de plus en plus engourdi. Le gardien doit se pencher de haut, car la différence de taille entre eux s’est accentuée nettement au détriment de l’homme. « Qu’est-ce que tu veux encore savoir ?, dit le gardien. Tu es insatiable.
– N’est-ce pas, dit l’homme, tout le monde voudrait tant approcher la Loi. Comment se fait-il qu’au cours de toutes ces années il n’y ait eu que moi qui demande à entrer ? » Le gardien se rend compte alors que c’est la fin et, pour frapper encore son oreille affaiblie, il hurle : « Personne d’autre n’avait le droit d’entrer par ici, car cette porte t’était destinée, à toi seul. Maintenant je pars et je vais la fermer »…
@roma: génial évidemment.
.
Pourquoi en effet s’attarder sur des luttes respectables peut-être mais tout a fait médiatiques telle celle de Cantona ou typiquement américaines et donc relativement peu exportables – l’on connaît le succès médiatique ambigu du féminisme isolé – .Alors qu’ICI et donc en Europe se déchaîne malgré la tiédeur des organisations politiques – pourquoi donc faire appel à elles?.. des luttes montrant que les gens z’ordinaires sont capables de l’extraordinaire.
A moins de considérer que la lutte contre l’abolition de la retraite à 60 ans comme un combat d’arrière garde vu les sacrifices phynanciers que cela entraine à une époque ou la pensée dominante proclame que les lois de la phynance doivent éliminer le vieux souci de l’humain et ne plus le considérer que comme un déchet tout juste bon à être retraité le plus tard possible.
En parlant de retraitement une grande nouvelle . Un nouvelle qui ne pourra qu’électriser les écologistes….les salariés de la centrale atomique de Flamanville viennent de se joindre au mouvement de grève pour une retraite décente
Une grève plus inquiétante que bien d’autres .
Je me suis toujours demandé ce qu’il adviendrait si les salariés des centrales nucléaires, après différentes réductions budgétaires, ne les entretenaient plus convenablement :
la petite entreprise de Saint-Thibault -des -Vignes qui fabriquait pour EDF les capteurs équipant les bras de robots pour vérifier s’ il y avait des fuites dans le béton des zones contaminantes de nos centrales nucléaires a fermé il y a une dizaine d’années, plus assez sollicitée . Les économies sur l’entretien, à EDF ou à la RATP, c’est indolore, ça ne se voit pas jusqu’au moment où …
Un vieux voisin nous disait, au moment de la construction de nos centrales nucléaires , que nos ennemis n’auraient pas besoin de dépenser des sommes folles pour se doter de l’arme nucléaire puisqu’on leur offrait l’opportunité de nous détruire avec quelques bombinettes ordinaires sur nos centrales nucléaires .
EDF disait que le nucléaire était la solution pour les pays importateurs de pétrole. Que je sache, on ne produit en France guère plus d’uranium que de pétrole . A part près de Limoges,…
Ne vous inquiétez pas trop pour cette grève là. Les salariés sont extrêmement responsables quand il s´agit de leur outil de travail et de sécurité.
Par contre, effectivement, inquiétez vous des économies budgétaires dans l´entretien des centrales.
Petit rappel, la loi NOME oblige EDF à céder à prix coûtant 25% de l´électricité produite à ses concurrents pour les aider à se développer…les pauvres.ils n´y parviennent pas bien malgré leurs belles promesses de baisse des prix. 25%, c´est énorme. A quand une centrale nucléaire privée en France ? À jamais j´espère.
Pour en savoir plus…
http://www.dailymotion.com/video/xst8l_edf-apprentis-sorciers_shortfilms
Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes – Résister à la barbarie qui vient, Ed. La découverte, Coll. Les empêcheurs de penser en rond (2009)
« Le mouton est mal placé pour juger ; aussi voit-on que le berger de moutons marche devant, et que les moutons se pressent derrière lui ; et l’on voit bien qu’ils croiraient tout perdu s’ils n’entendaient plus le berger, qui est comme leur dieu. Et j’ai entendu conter que les moutons que l’on mène à la capitale pour y être égorgés meurent de chagrin dans le voyage, s’ils ne sont pas accompagnés par leur berger ordinaire. Les choses sont ainsi par nature ; car il est vrai que le berger pense beaucoup aux moutons et au bien des moutons ; les choses ne se gâtent qu’à l’égorgement ; mais c’est chose prompte, séparée, et qui ne change point les sentiments.
Les mères brebis expliquent cela aux agneaux, enseignant la discipline moutonnière, et les effrayant du loup, et encore plus les effrayant du mouton noir, s’il s’en trouve qui voudrait expliquer que le plus grand ennemi du mouton, c’est justement le berger. »
Alain, In, « Propos »
J’imagine le choc qu’a du produire l’info chez l’auditeur « non initié ».
Quel est le pourcentage de clients des banques, qui sait que ses liquidités ne sont pas disponibles ?
Je serais curieuse de le savoir.
En tous les cas, c’est une excellente chose que de le leur avoir appris ou rappelé.
Le délai d’indisponibilité du dépôt à vue n’est quand même pas comparable au délai de garde à vue : il peut dépasser 96 heures en cas de grève du personnel des banques ou de la Banque de France ou des transporteurs de fonds . Quand au dépôt d’essence…ou de fuel domestique…l’histoire est en train de s’écrire .
Je ne saurais vous dire le pourcentage exact, mais dans mon entourage d’ouvriers / employés, c’est à peu près tout le monde.
Comme tout le monde sait que plus aucun truand digne ce ce nom ne s’attaque aux banques, parce que ça ne vaut pas le coup de prendre autant de risques pour aussi peu d’argent.
Parce que vous croyez que le fait que les banques n’est qu’une reconnaissance de dettes envers nous déposant, nous empêche de réclamer notre dépôt?
Et si la banque refuse de nous restituer notre dépôt vous croyez, en partant de l’hypothèse que nous demanderions tous la restitution de nos dépôts, que nous resterons les bras croisés et disant merci poliment.
Si nous devions en arriver à cette extrémité, tout utopique quelle soit, ce ne serait surement pour s’arrêter à un refus ou tout autre explication alambiquée justifiant un NON.
Et je ne suis pas sur, que cela ne servirait à rien, même si l’argent des banques n’a rien de matériel pour la plus grande partie!
« Dès le XIXe siècle, tout un courant de pensée allemand et français avait attiré l’attention sur les dangers attachés à une mise en valeur du monde purement économique et sur le caractère double du lien économique: émancipateur , certes , mais également capable de dissoudre les sociétés constituées. » (ds « La fin de la valeur « travail »?, par Dominique Méda, Esprit Août-septembre 1995, p.88)
Nous y sommes. Le problème est là, la notion de travail est à revoir complètement, radicalement: « Ne faudrait-il pas examiner, plus directement , comment pourrait s’organiser la distribution de la richesse nationale et comment pourrait être recréé un certain lien social, d’une autre façon que par le seul biais du travail? »(idem, p 85)
L’accent mis sur le travail, qui ne date pas d’hier, nous en avons déjà discuté, mais qui a pris une telle ampleur ces dernières décennies avec la folie émancipatrice, doit absolument être corrigé par les politiques. Les politiques doivent avoir le courage de renoncer à concevoir la société dans une seule et unique perspective salariale, productiviste. Et le dire aux femmes, en particulier. N’ayez pas peur! Le travail détruisant le lien social, il faut le remettre à sa juste place de toute urgence, et bien faire comprendre, en particulier aux femmes, que devenir des hommes salariés n’aurait jamais dû être la finalité de leur vie. L’éthique du travail est en train de se transformer en un véritable monstre, il faut la renverser. Les femmes qui le peuvent doivent dire non à cette tyrannie, refuser dans la mesure du possible de désormais jouer le jeu économique de l’illusion du tout travail et de l’émancipation, destructrice de notre humanité. Voilà, une première proposition pacifique: aux femmes bienveillantes de dire non à cette horreur économique! Pourquoi parle-t-on si peu du rapport Stiglitz?
J’espère qu’en disant tout cela, je ne tourne pas en rond…
Income Inequality: Too Big to Ignore
http://www.nytimes.com/2010/10/17/business/17view.html?_r=2&ref=business
Toujours un plaisir de relire du Beckett.
En attendant Godot. (extrait)
Estragon (inquiet) – Et nous ?
Vladimir – Plaît-il ?
Estragon – Je dis, Et nous ?
Vladimir – Je ne comprends pas.
Estragon – Quel est notre rôle là-dedans ?
Vladimir – Notre rôle ?
Estragon – Prends ton temps.
Vladimir – Notre rôle ? Celui du suppliant.
Estragon – A ce point-là ?
Vladimir – Monsieur a des exigences à faire valoir ?
Estragon – On n’a plus de droits ?
Rire de Vladimir, auquel il coupe court comme au précédent.
Même jeu, moins le sourire.
Vladimir – Tu me ferais rire, si cela m’était permis.
Estragon – Nous les avons perdus ?
Vladimir (avec netteté) – Nous les avons bazardés.
Silence. Ils demeurent immobiles, bras ballants, tête sur la poitrine, cassés aux genoux.
La mobilisation déterninée en cours peut-être un tournant dans l’histoire de France,
mais aussi un tournant pour toute l’Europe:
http://www.npa2009.org/npa-tv/all/all/22185
Avec toutes ces grèves et ces difficultés dans les transports , jamais on n’arrivera jusqu’au tournant .
La maîtrise de l’Illusion
Johansson entra pour la première fois dans son bureau. Il découvrit une longue plateforme suspendue au dessus des jardins du palais, protégée par des vitrages lisses, encerclée par des cyprès dansants et couverte par la grisaille du ciel. Johansson ressentit une paradoxale mélancolie. Depuis l’âge de 20 ans et durant des décennies de rêves, il s’était représenté cet instant précis, visualisant parfaitement sa main qui poussait la porte du pouvoir. Cette main se recouvrait de rides au fil du temps, mais le geste restait toujours le même. Pousser la porte dans le monde réel fut l’ultime répétition qui s’ouvrit sur une pièce rectangulaire et froide.
La première visite que reçut le Président Johansson ce matin-là fut celle du Professeur-Conseiller H. Sa silhouette ronde s’était glissée sans un bruit, le surprenant qui s’affairait à pousser une table.
– Monsieur le Président, je constate que vous vous mettez à votre aise, s’exprima H. à voix haute afin de faire remarquer sa présence.
– Oui! Répondit Johansson avec surprise. Cette table contre les vitres me perturbait. J’avais l’impression qu’elle allait chuter dans le jardin. J’ai un peu de mal à me faire à cette architecture moderne. Mais prenez place, je vous en prie.
Ils se rendirent à l’extrémité de la plateforme, pendant que les cyprès dansaient comme des herbes folles sous l’effet d’une tempête qui s’annonçait, et prirent place dans de confortables fauteuils en cuir noir.
– Qui êtes-vous? Je ne pense pas avoir fait votre connaissance auparavant. Il y a tant de
conseillers…
H. avait la tête ronde comme une pleine lune et des petits yeux brillants. De petite taille, il portait un costume en velours gris foncé qui épousait parfaitement son torse volumineux, mais avec des manches trop longues qui dissimulaient ses petites mains dont on n’apercevait que le bout des doigts. Son allure d’épouvantail qui ne fait pas fuir les oiseaux contrastait avec la stature de Johansson, un homme svelte et élégant, mesurant plus de deux mètres.
– Je suis le Professeur-Conseiller H. Tout d’abord je tiens à vous féliciter pour votre élection. La campagne n’a pas été un jeu facile.
– Je vous remercie. Monsieur le Conseiller H., dites-moi sur quel sujet allez-vous me conseiller? demanda le Président avec une ironie assumée.
– Sur l’art de gouverner Monsieur Le Président!
– L’art de gouverner? Cette tâche n’est-elle pas censée me revenir?
– En réalité, je préfère l’expression « Maîtrise de l’Illusion »; « Art de gouverner » est le nom officiel interne du programme qui est destiné à vous former, vous ainsi que votre gouvernement. Je suis ici pour vous expliquer les tenants et les aboutissants de la formation par laquelle sont passés tous vos prédécesseurs depuis 20 ans déjà.
Le Président Johansson se leva de son fauteuil avec fureur.
– Cher Monsieur le Professeur-Conseiller, je n’ai pas besoin d’aller à l’école!
Malgré l’insonorisation de l’espace en verre et en béton, le sifflement du vent se faufilait par les bouches d’aération. Le chuchotement irrégulier semblait provenir des petits yeux silencieux du Professeur-Conseiller qui fixaient ceux du Président. Après de longues secondes, H. prit la parole.
– Monsieur le Président, veuillez vous rasseoir. Et veuillez d’abord écouter ma proposition. Vous serez ensuite libre d’accepter ou de refuser.
La paradoxale mélancolie empoigna Johansson à nouveau. Il comprit soudainement que le rêve qu’il avait poursuivi depuis tant d’années, cette accession au pouvoir tant désirée, venait d’atteindre le fond de l’impasse, l’extrémité de la plateforme sur laquelle il se trouvait seul en face du cerbère. Sans l’avoir décidé, il se rassit.
A présent, H. souriait avec un air hautain et satisfait.
– Bien, je peux donc commencer. Vous devez d’abord comprendre que la société réelle s’éteint peu à peu. La société virtuelle grignote, parfois dévore des pans entiers du quotidien des citoyens. Bien qu’il ait toujours servi d’une certaine manière grâce aux légendes, aux contes, aux religions, jamais le virtuel n’avait réussi à se substituer complétement au réel. Les grands faits de guerre que l’on contait au peuple devaient reposer sur une conquête réelle. La richesse auquel un royaume prétendait devait reposer sur la fertilité de ses terres. L’Église devait nourrir les âmes lors des messes, mais également les pauvres afin de remplir son devoir de charité. Pendant des siècles, le virtuel restait au service du réel, en tant que force d’appoint. Cet ordre a récemment été renversé grâce à l’avènement des médias de masse et de l’informatisation. Les choses et les événements sont désormais susceptibles d’acquérir une existence propre si elles sont convenablement racontées, relayées et mises en images. Autrement dit, est ce qui est communiqué.
– Si vous croyez que vous m’apprenez quelque chose de neuf! S’indigna le Président.
– Peut-être avez-vous tout à fait conscience de ce phénomène, soit. Mais il est peu probable que vous soyez au courant de son ampleur. Si je vous dis que notre économie, nos finances, notre capacité militaire sont une illusion, que me répondez-vous?
– Que vous extrapolez un peu.
– En réalité, personne n’est capable de démêler la part de vérité de l’illusion. Il est en tout cas certain que l’immatériel se confond désormais avec le matériel à un niveau jamais atteint dans l’histoire de l’humanité. Il y a peu de temps encore, nous avons volontairement amplifié ce phénomène afin de nous protéger et de nous enrichir. Grâce à l’informatisation et à la finance nous avons multiplié notre productivité de manière exponentielle. Sous nos yeux s’est produit le plus grand tour de magie de tous les temps. Comme Jésus multipliant les pains et les poissons, nous avons simplement affirmé que nos industries produisaient six fois plus, que nous possédions d’infinies réserves de liquidités. Nous avons créé notre richesse ex nihilo.
– Avez-vous au moins quelques estimations ? Quelques chiffres pour étayer ce que vous avancez ?
– Oui, mais encore une fois ce ne sont que des estimations.
– Hé bien, qu’attendez-vous donc ?
– Nous nous rapprochons des 100% ! déclara H.
Sans un mot, Johansson se leva à nouveau et se dirigea vers la porte d’entrée, adoptant une démarche solennelle et tenant le haut du corps le plus droit possible. Il essayait par cette attitude d’incarner le poids de la fonction présidentielle, d’impressionner son interlocuteur. Cependant, quelque chose l’empêchait de se sentir tout à fait à son aise. Un caillou dans sa chaussure le forçait à se tordre la cheville et sa ceinture trop serrée lui pliait le ventre.
– Vous délirez complètement ! Déclara t-il, menaçant. Je pense que notre entretien touche à sa fin. A la première réunion du Kominform, je ferai voter votre licenciement. Veuillez me suivre, je vous raccompagne jusqu’à la sortie.
– Vous ne voulez toujours pas comprendre ! répliqua H. qui refusait de le suivre. Vous n’êtes jamais rentré à l’école supérieure des hauts diplomates !
Johansson ressentit un choc violent dans sa nuque qui se répercuta dans tout son corps. Il lui semblait qu’un choc électrique venait de le paralyser. H. continuait de vociférer ses affirmations.
– Vous n’avez pas écrit de thèse sur les droits de l’Homme ! Vos parents n’étaient pas des ouvriers du chantier naval ! N’étiez-vous pas étonné pendant la campagne d’entendre autant de mensonges ? Non, parce que nous les avons si bien communiqués que vous-même les avez intégré comme des faits exacts dans votre subconscient. Ces informations sont susceptibles de provoquer un choc émotionnel dangereux pour votre santé mentale. Pour cette raison, je ne préfère pas en dire plus. Nous sommes de toute manière tous dans la même situation. Ce qui vaut pour le système, vaut également pour l’individu. A force de nous mentir, de mentir à nos proches, de nous approprier le destin d’inconnus et de nous construire une identité factice dans les mondes virtuels, nous ne sommes plus capables de nous souvenir de la part véridique de notre histoire personnelle. Dans votre cas, nous avons communiqué votre identité à l’opinion publique de façon à ce que vous obteniez 63,2% des voix. Un score qui nous semblait être raisonnable.
– Mes parents n’étaient pas ouvriers ? Mais je m’en souviens parfaitement. Je suis âgé mais pas encore atteint d’Alzheimer !
– C’est une bonne question… Qu’est ce que la mémoire ? Le souvenir d’un souvenir d’un souvenir. Un processus qui se répète jusqu’à la mort et qu’il est aisé d’altérer. Mais reprenons. Vous commencez donc lentement à comprendre la place et l’importance de la société virtuelle. Vous avez évoqué tout à l’heure le retour aux bancs de l’école. Personnellement, je n’hésiterais pas à remonter encore plus loin. Vous êtes un enfant qui doit apprendre à marcher.
Le Président Johansson restait inerte. Il était revenu à son fauteuil, affalé, le regard plongé vers un vide intérieur.
– Voyons Monsieur le Président, ces révélations vous paraissent-elle si étonnantes que ça ? Le soir, les gens sont branchés sur les mondes virtuels à la mode ou hypnotisés par nos médias. La journée, ils se rendent au travail sans comprendre le sens des tâches qui leur sont assignées. Ils organisent des réunions, rédigent des notes pour leurs supérieurs, élaborent des stratégies commerciales pour la vente de produits qu’ils n’ont jamais vu. Quant aux jeunes ? Les jeunes se rendent à l’école puis à l’université pour apprendre ce qu’ils ne verront jamais mis en pratique. Par l’éducation, ils apprennent à rentrer dans l’illusion, à en connaître les règles et à les respecter.
Une sonnette retentit dans l’espace clos. La porte s’ouvrit d’elle-même et un personnage au costume mal taillé apparut sur le seuil. Avec sa tête ronde et ses petits yeux, il ressemblait étrangement à H. Ce dernier s’exclama aussitôt.
– Voici mon collègue de travail, le Conseiller-Professeur G. ! Je l’ai convié pour enrichir notre discussion.
– Encore un autre conseiller ? Ce n’est pas vous le spécialiste ? s’enquit Johansson.
– Je ne suis que le Professeur-Conseiller. Lui est Conseiller-Professeur et a une approche beaucoup plus pratique que la mienne. Nous nous complétons. Il est avec nous pour nous éclairer sur un danger très particulier.
G. s’avança, les mains derrière le dos et s’adressa servilement à Johansson dans un geste de respect feinté.
– Bonjour Monsieur le Président. Félicitation pour votre élection. La campagne n’a pas été une partie facile.
H. toussota et reprit sa tirade.
– Avant de laisser la parole à mon collègue G, je termine mon propos. L’illusion nous a permis de nous maintenir au pouvoir et de nous enrichir. Cependant, il y a un prix à payer : Nous en sommes complètement dépendants ! Dans la plus parfaite symbiose, nous vivons par elle et elle se sert de nous pour vivre. La créature a pris conscience de son existence et comme une ogresse, elle continue de dévorer le réel à une vitesse vertigineuse. Elle s’auto-entretient grâce à la très grande majorité des citoyens qui participent au jeu avec un enthousiasme sans limite. Ils communiquent et créent autant que nous ! A l’avenir, une substitution complète du réel au virtuel n’est pas à exclure, même si nous avons encore du mal à en cerner les possibles conséquences. Monsieur le Président, une telle dépendance constitue également un grand danger pour notre système. Et ce danger s’accroît de jour en jour. Je laisse mon collègue, le Conseiller-Professeur G. s’exprimer sur ce danger.
G. s’approcha de H. Ils étaient à présent côte à côte, tels des frères siamois dans un numéro de cirque. Ils adoptaient la même attitude, les bouts de leurs doigts s’accrochant aux revers de leurs vestes.
– Merci cher collègue H. En effet, il est apparu qu’un danger en particulier menace notre société. Voyez-vous, l’Illusion a établit un certain ordre. De manière très délimitée se sont constituées des classes de citoyens et de nations. Un ordre auquel nous tenons ! Le danger le plus grave qui pourrait mettre à plat tous nos efforts, c’est une idée.
– Une idée ?
– Oui, une idée très simple. Ou si vous préférez une prise de conscience.
– Vous voulez dire… la prise de conscience que tout n’est qu’illusion ?
– Exactement Monsieur le Président ! C’est l’idée que nous vivons un mensonge, que tout n’est qu’artifice. Une telle idée si elle venait à se propager et à se concrétiser est susceptible de nous ramener à l’âge de pierre. Nous serions perdus, sans repères, sans règles et surtout, nous serions pauvres. Nos richesses s’évanouiraient dans l’air comme de l’eau qui s’évapore. Un cataclysme de dimension biblique pour notre société habituée à l’aisance.
Pour la première fois depuis le début de la conversation, Johansson quitta sont état de passivité :
– Si l’Illusion s’auto-entretient, que les citoyens y participent joyeusement, pourquoi une telle crainte ?
– Monsieur le Président, plus l’Illusion grandit, plus elle est fragile et plus le risque que le rideau tombe s’accroît. Répondit G. – Bien des empires se sont effondrés de cette manière là.
– Mais il est impossible de prévenir une idée. Il est impossible de prévenir ce qui n’est pas matériel.
– A moins que nous soyons dans un monde très immatériel, fit le Conseiller-Professeur G. avec un sourire en coin. Pour cette raison et pour le bien du système, nous travaillons sur la formation des idées depuis de longues années. Loin de reprendre les écrits de philosophes idiots sur le déroulement de l’Histoire et le déterminisme – Hegel et toute la bande ! – Nous nous efforçons d’identifier avec précision le mécanisme de la naissance d’une idée et de sa concrétisation. Le but est de pouvoir la cibler et l’éteindre avant qu’elle ne se propage. Une sorte d’alerte incendie. Nous avons donc établis la liste des « foyers d’idées », les espaces où les citoyens s’expriment. Nous en avons même créé certains de ces foyers pour une meilleure surveillance : toutes les communications, médias, Internet, les mondes virtuels les plus sophistiqués. Grâce à des modèles algorithmiques conçus par nos plus brillants ingénieurs, nous captons la naissance d’idées et leur « convergence ». La convergence se produit quand des différents groupes commencent à se relier et à défendre la même position. Si la convergence atteint un seuil critique pouvant mener à une « concrétisation », nos ingénieurs nous le signalent immédiatement.
– En cas d’alerte vous faites quoi concrètement ?
– Nous communiquons l’inverse ! Nous créons l’idée diamétralement la plus opposée et nous encerclons celle qui nous menace avec nos propres canaux. Il s’ensuit une telle division, un tel parasitage, un tel brouillage que l’idée dangereuse disparaît aussi vite qu’elle est arrivée. J’aime tant la démocratie, Monsieur le Président ! L’avènement de la société virtuelle nous gratifié du contrôle sur les idées.
La pluie se mit à étaler des milliers de visages éphémères sur les vitres. Le vent redoubla son sifflement avec une succession de notes virevoltantes et inquiétantes.
Johansson s’adressa aux deux conseillers.
– Quel est mon rôle dans tout ça ?
Le Professeur-Conseiller H. semblait ravi de cette question et s’empressa de répondre.
– Je pense que vous avez compris pourquoi je préfère la formule « Maîtrise de l’Illusion » à « l’Art de gouverner ». Cependant vous n’êtes pas un expert en la matière et vous avez besoin de la formation que nous vous proposons. Vous deviendrez ainsi l’un de nos canaux, l’un de nos outils de communication pour la protection du système.
– … Un canal parmi les autres afin d’éteindre les incendies, c’est ça ?
– Un canal important, essentiel Monsieur le Président !
– Et si je refuse ?
G. et H. étaient interloqués. Durant toute leur carrière de conseiller, jamais un président fraîchement élu n’avait osé poser une telle question. Le Conseiller-Professeur G. se fit menaçant.
– Si vous refusez, nous allons devoir vous supprimer du monde réel. Un moindre mal. Cela nous demandera un peu plus de travail. Nous continuerons de vous faire exister en tant que Président grâce à l’imagerie et aux communiqués de presse. Mais nous le ferons, soyez en sûr. Cependant, nous n’avons pas choisi votre personne au hasard. Nous savons pertinemment, en raison de votre tempérament et de vos caractéristiques réelles et virtuelles, que vous allez accepter.
Johansson s’avança vers l’extrémité de la plateforme et posa son front contre les vitres lisses, face aux visages de pluie qui se dessinaient et s’estompaient. Pendant qu’il plissait les yeux et tentait d’apercevoir l’étendue des jardins du palais au-delà des cyprès dansants, il crut entendre un murmure « réveilles-toi ». Mais après quelques instants, il se retourna.
– J’accepte, naturellement.
Eh oui, le simple fait de retirer sa paie le 1er du mois est un acte de défense civique.
Ne vaut il mieux pas échanger le fruit de son travail contre un titre de créance de la banque centrale européenne.
Plutôt qu’un simple relevé de compte émis par un des nombreux organismes bancaires maintenus sous perfusion depuis trois ans par la même banque centrale.
Quant à ceux qui pensent se faire du blé avec la retraite par capitalisation, ils oublient un peu vite que le monde de la finance vient de démontrer qu’il était incapable de capitaliser quoi que ce soit à court terme, à moyen terme ou à long terme.
Donc le système par répartition a encore de beaux jours devant lui faute de mieux.
En attendant faîtes le plein de vos véhicules, car cela m’étonnerait beaucoup que votre banquier vous prenne en stop pour aller au boulot ou à la manifestation demain.
solidaire mais pas téméraire…
Je ne suis pas d’accord avec Paul Jorion sur le fait qu’il soit nécessaire d’attendre que les hommes politiques entendent le message dispensé par certains « sages » pour réformer profondément le système, notamment en régulant drastiquement le système financier. La voie « raisonnable » me semble bien longue et tortueuse.
Néanmoins, sa qualité d’analyse est précieuse et permet parfois de prendre un peu de hauteur en ces temps troublés.
En France ,
il n’y a pas de crash financier,
il n’y a pas de pénurie d’essence,
il n’y a pas de chômage,
il n’y a pas de manifestants,
En fait il n’y a rien
et çà tombe bien parce qu’avec ce G20 à préparer juste avant les vacances scolaires on est débordé.
Bonsoir,
Mon point de vue sur les infléchissements à réaliser par les citoyens pour être en phase avec les orientations mondiales que défend ce blog, est sur le mien. http://legueduyabboq.blog.lemonde.fr
Ce n’est que le point de vue d’un protestant de base peu cultivé.
Bien évidemment, ce n’est pas celui de l’Eglise Réformée de France.
J’ai simplement voulu faire connaitre mon avis sur le sujet.
» Préalablement au relevé des disfonctionnements, on constate que l’homme, pressé par les événements, oublie de manifester sa gratitude et son humilité à l’égard de la Création qui lui est donnée gratuitement, en même tant que sa vie. »
Pas besoin d’être Protestant ou d’une quelconque religion. On peut ne pas croire à une Création et pas davantage à un Créateur mais seulement à l’existence éternelle d’un grand corps englobant l’ensemble de tout ce qui est, univers, planètes, faune, flore, y compris sous forme d’énergie , bref un grand corps aux éternelles transformations internes, les cellules mortes, humains, animaux, végétaux servant à nourrir celles qui les renouvellent . Matière, énergie, rien ne se perd et rien ne se crée d’ailleurs . Pas de création .
Même sans Création, cela n’empêche pas de s’émerveiller devant la beauté d’un paysage, d’un animal, d’un humain
La rubrique est publiée sur Dailymotion
http://www.dailymotion.com/video/xf9l5d_18-10-2010-paul-jorion-bfm-radio-in_news
Merci !
Le vent forcit.
Déjà trop pour la barque Jorion.
Le thé tièdit dans le Limoges. Ne manquera pas de verser bientôt sur des gâteaux secs bien ramollis. Les petits doigts y ont perdu toute flexibilité. Les haut-le-coeur se font légion et les sucs gastriques entament la remontée finale et fielleuse de l’oesophage nourricier.
Merci pour tout et bonne croisière à tous. Le rat quitte le navire.
PS : libèrez Madoff, mettez le à la tête du FMI, de la banque mondiale et de la FED, et là on aura du Nouveau et du croustillant. La ruine de tous les petits et gros Jducac qui grouillent sur cette planète et sur ce blog. Je décerne unilatéralement et unanimement les prix Nobel exceptionnellement conjoints de l’économie et de la paix à Saint Bernard Maddof.
Addenda : Ce blog est définitivement un blog d’info financière « distancié » malin qui ratisse très large et prend toute sa valeur de ne pas dire son identité en se jouant de toute les limites et de toutes les frontieres mais en les maintenant religieusement. Un chef d’oeuvre. Servira et sert déjà de modèle en terme de stratégie marketing et de bizness-plan internet. Chapeau l’artiste. C’est plus du politiquement correct, c’est de l’universellement correct. L’art d’user des synergies n’a aucun secret pour vous. Mais d’user à abuser il y a moins loin que ne le dit le préfixe.
Et pi j’aime pas les flocons d’avoine quaker’s oats ! Désolé.
J’espère n’y être pour rien dans ce coup de barre. Je dis ça parce que je vous ai senti bizarrement énervé (pas énervé comme d’habitude quoi) lors de notre dernier échange. Or j’aime beaucoup lire vos coups de gueule lyriques, moi.
Puis, n’oubliez pas, les rats ça nage très bien mais par gros temps et loin de la côte…
Bonsoir !
Et …. il était comment le p’tit gris … et le paradis , cet année ????
vigneron 18 octobre 2010 à 22:54
Vous n’aimez pas le thé ?
Vous préférez le rouge ?
J’ai visité en solo une plantation de thé.
http://www.srilanka.fm/tea/pedroteaestate.html
« Pedro », un colon portugais, il y a longtemps.
J’ai visité son ethical tea boutique, vu toutes les accréditations de labels écolos et éthiques dont on m’a fait la réclame.
Après je suis allé dans les plantations prendre des photos des cueilleuses avec leur grande hotte, une quinzaine de kilos de feuilles, les collines sont pentues, la terre glissante, il bruine, il pleut ou le soleil tape.
Des hommes pèsent leur hotte et notent le poids que chacune récolte.
Elles sont toutes tamoules, importées là par les anglais jadis, mais elles ne le parlent pas.
Elles reçoivent environ un euro par jour pour 40 h par semaine. Beaucoup font des heures supplémentaires pour s’offrir du superflu m’a-t-on dit. De toute façon il n’y a pas de loisirs près de la plantation m’a-t-on dit. Curieux, la répétition de « m’a-t-on dit » m’évoque « matons ».
http://www.opendemocracy.net/openindia/melanie-gouby/sri-lankas-forgotten-tamils
Depuis je suis allé chez Mariage Frères dans le marais, joli boutique.
http://www.mariagefreres.com/boutique/FR/les-thes-du-monde-0-0-7.html
Mon grand-père maternel aimait le rouge. Arrêté de boire à 77 ans, mort à 98, j’avais 20 ans. Peu causant, fumant la pipe, il m’avait lâché un jour quelques mots en apprenant mes goûts politiques de l’époque : « Toi, tu verras le socialisme ». J’ai appris depuis son passé, notamment l’exclusion du PCF en 1923 pour extrémisme.
Je vous comprends.
Bon vent
@ Vigneron
Des poètes énervés qui aiment Cioran, ça ne court pas les rues, et encore moins les froids labyrinthes théoriques de ce blog. On va se sentir bien seul sans tes engueulades engagées, tes diatribes lyriques, tes volées de bois vert qui ont dû empêcher plus d’un cynique d’écrire ici, et surtout sans la qualité littéraire de ton style, si rare dans ces parages.
(Un conseil de « pro » de la littérature: si tu ne reviens pas, n’abandonne pas l’écriture, change de niveau, concentre ton inspiration sur des formes brèves, comme tous les lucides l’ont toujours fait – Marc Aurèle, Gracián, Chamfort, Schopenhauer, Lichtenberg, Nietzsche, Pessoa ou plus près de nous S.J.Lec ou Cioran -, et avec elles « construis » des livres. Tu as des chances d’être publié par l’un des rares vrais éditeurs qui restent en France).
Et n’oublies pas: « La poesía es un arma cargada de futuro »…
PS. La porcelaine est la matière dans laquelle le thé se refroidit de façon idéale, mais le thé ne se boit jamais tiède – comme la littérature…
Vigneron ! C’est l’automne ou quoi ? Ne me dis pas que c’est Jducac ! Jducac, c’est l’antithèse absolue. C’est utile l’antithèse : on ne parviendra jamais à la synthèse sans l’antithèse. C’est tellement utile l’antithèse, que quand Jducac dort, c’est moi, tu l’as vu, qui reprends le flambeau (il faut bien que quelqu’un s’y colle). Alors c’est moi, quand je fais l’antithèse ? Ou quand je m’arrête au bord de la synthèse, parce qu’elle n’est pas encore assez cuite, qu’il faut la laisser encore dorer un peu au four ? Allez Vigneron, on t’aime trop : on ne te laissera pas partir.
@ Vigneron :
Je vous les achète, moi, vos 400 Hl de jus de cep si vous restez cinq minutes encore… Ou le temps d’une tirade à Jducac (quand le vin s’est tiré… ben qu’est-ce qui reste à boire ? D’la p’tite bière ou du p’tit laid ?). Après Linda si Vigneron fout le camp y’aura plus que Yellow Souvarine pour nous faire rigoler en technicolor…
So
http://www.youtube.com/watch?v=EB9tqgdCt5I&feature=related
Ou bien
http://www.youtube.com/watch?v=IoMi8aWLDCs&feature=related
Mince à la fin, pourquoi c’est toujours les meilleurs qui s’en vont ?
Paul Jorion 18 octobre 2010 à 23:24
Thèse, antithèse, synthèse.
Bonnet blanc, bonnet noir, bonnet gris.
Je croyais que vous tentiez de l’analyse…
« J’ai le droit de sourire car ce n’est pas dans un milieu où la doctrine est ouvertement matière à
tractations, que je craindrais d’offusquer personne en formulant que l’erreur de bonne foi
est de toute la plus impardonnable ». Lacan in La science et la vérité.
Vigneron , Cantona est cité 4 fois dans ce billet et tu veux t’en aller ? Pas question qu’il réussisse en plus à mettre un 5ème ballon au fond des filets : d’une détente dont tu as le secret , protège notre équipe en détournant ce tir merdique .