IMPOSTURE !, par Jean-Pierre Pagé

Billet invité.

On voit se développer un discours manifestant un système de pensée selon lequel la « sortie de crise » imposerait des sacrifices à tous et conduirait, au nom d’un civisme bien compris, à remettre en question l’Etat Providence et sa mise en œuvre dans le « modèle social européen ». Cela est relativement nouveau et frise la plus grande indécence ! Notons tout d’abord que les propositions du Premier Ministre de la Grande Bretagne et de son ministre George Osborne, présentés volontiers comme des pionniers d’un nouvel ordre, vont dans ce sens. On en trouve aussi de nombreuses manifestations dans les programmes de pays comme la République Tchèque et la Slovaquie et, bien entendu, dans les préceptes du FMI et de la Commission Européenne.

C’est oublier ou refuser de reconnaître que l’Etat Providence a été construit après la Seconde guerre Mondiale pour humaniser le capitalisme et prévenir les dérives qui, auparavant, l’avaient rendu socialement intolérable. Le remettre en question aujourd’hui, non seulement, relève d’une grave imposture, mais n’est même pas fondé économiquement. Une scandaleuse imposture, car c’est occulter 1) que les déficits publics que ces propositions visent à combler sont le fruit de la lutte menée par les Etats pour empêcher la paralysie économique dont la crise financière menaçait l’Occident et de la récession elle-même, beaucoup plus que d’un laxisme coupable 2) qu’il y a des moyens plus efficaces et équitables que la remise en question de l’Etat Providence pour les résorber.

On en arrive à cette situation ahurissante où les « bons apôtres » prêchent la « rigueur » partagée par tous, alors que celle-ci pénalise surtout les plus pauvres et les classes moyennes. En outre, en ne pouvant conduire qu’à une réduction de la demande adressée à l’économie, elle a toutes chances d’en entraver la relance et de plonger les pays considérés dans un rebond de la crise symbolisé par le « double dip ».

Il y a donc là une grande hypocrisie qui vise surtout à proroger la mondialisation telle qu’elle s’est opérée, c’est-à-dire un mode de fonctionnement qui favorise l’accumulation par les plus riches aux dépens de la justice sociale et des plus pauvres. Qui aurait pu imaginer, il y a quelques années, que l’on oserait ainsi remettre en question les avancées mises en place à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale pour remédier aux dérives issues de la mondialisation du premier tiers du XXème siècle, manifestées lors de la crise des années 30 et dont on sait les conséquences funestes pour l’Europe ! Malheureusement, la leçon ne semble pas avoir été retenue et les dérives auxquelles nous assistons aujourd’hui ne sont pas moindres que les précédentes.

Il y a d’autres moyens pour rééquilibrer les finances publiques plus sains et équitables que la remise en cause de l’Etat Providence et de son corolaire, le modèle social européen, que certains éditorialistes ont l’impertinence coupable de préconiser. Il s’agit, notamment et parmi d’autres mesures, de réhabiliter l’impôt, condition de la redistribution qui en est la base, et de revenir sur la croyance erronée selon laquelle « celui-ci tuerait la croissance ». Rappelons que, au nom de ce « précepte », de nombreux pays d’Europe centrale et orientale ont aboli, en instaurant la « flat tax », la progressivité de l’impôt sur le revenu et en ont abaissé le taux, ainsi que celui de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, à des niveaux indécents par leur faiblesse pouvant descendre jusqu’à 10% ! Il n’est pas alors étonnant que ces pays se plaignent de l’insuffisance de ressources pour mener leurs réformes et se croient obligés de couper dans les dépenses avec toutes les conséquences néfastes qui en résultent. Reconnaissons que, à côté de cela, l’Ouest de l’Europe, les pays nordiques en tête, mais aussi, notamment, la France et l’Allemagne, ont eu le mérite de ne pas succomber à cette tentation ! Il y a, par une utilisation intelligente de la fiscalité et par une politique de redistribution appropriée, des moyens de concilier le retour à l’équilibre des finances publiques et le financement des dépenses à caractère social, avec le maintien d’un soutien à l’activité économique.

Alors, reprenons raison et attelons-nous à définir des remèdes à la crise plus censés, efficaces et équitables, même si cela oblige à remettre en question le fonctionnement de la mondialisation, trop souvent présentée comme contrainte intangible et prétexte commode au laisser faire. Ces remèdes ne sont pas inconnus, mais ils nécessitent un grand courage politique qu’il s’agisse, au-delà de la réhabilitation de l’impôt et des politiques de redistribution, de combattre la dictature des marchés financiers (renvoyés à leurs fonctions normales de financement des entreprises), de limiter les exigences asphyxiantes de rémunération du capital, ou encore de réorganiser les systèmes des échanges et des monnaies.

Mais surtout, ils demandent de notre part un sursaut fondé sur une prise de conscience de la force de l’Europe si nous agissons tous ensemble. Au lieu de nous laisser enfermer frileusement dans une logique perverse de boutiquiers nous conduisant à rechercher l’équilibre des comptes en diminuant toujours davantage les dépenses, essayons de concevoir un « new deal » européen.

N’oublions pas que les Etats Unis ne sont sortis de la première grande crise mondiale des années 30 que grâce à une relance de ce type, certes renforcée par les programmes de dépenses nécessitées par la Seconde Guerre Mondiale, puis le Plan Marshall d’aide à l’Europe.

En mettant en commun ses ressources humaines et technologiques plutôt qu’en succombant encore trop souvent à la tentation de la concurrence entre ses nations, l’Europe a les moyens de donner une nouvelle impulsion à son développement. C’est dans cette direction qu’il convient de réfléchir d’urgence si l’on veut éviter qu’elle ne rebascule dans une crise qui, cette fois-ci, n’en doutons pas, frapperait les plus démunis, avec toutes les conséquences politiques et sociales que cela peut avoir.

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96 réponses à “IMPOSTURE !, par Jean-Pierre Pagé”

  1. Avatar de M

    Je reviendrai lire plus avant ce texte, après la manif° …mais, je ne pense pas être hors sujet :
    Mais, j’ai envie de déposer un hommage à Stéphane Hessel …homme d’Honneur, toujours jeune …et grand amateur de poésie …
    Ne trouvant pas l’émission que Zoé Varier lui avait consacré à ce sujet, et bien d’autres …je
    dépose ce document, qui allie bien Honneur, Courage et Culture :
    en page deux, il y a un poème récité par Stéphane Hessel …pour une jeune fille …
    http://www.fsd74.org/spip.php?breve747

  2. Avatar de geo
    geo

    Aperçu socialiste du problème…Yaca…Faucon…..Négation complète des vrais problèmes, d’ailleurs la politique étroite du boutiquier est souvent la meilleure !.

    1. Avatar de Piotr

      Vous qui êtes en orbite

      geo

      stationnaire,quels sont les vrais problèmes.

    2. Avatar de Dissonance

      Quels sont les « vrais problèmes » selon vous?

  3. Avatar de iGor milhit

    Qui aurait pu imaginer, il y a quelques années, que l’on oserait ainsi remettre en question les avancées…

    Il me semble que ça fait déjà quelques décennies que ce projet a été clairement explicité par ceux qui l’ont mis en œuvre et non moins clairement dénoncé par d’autres.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Oui ce sont des principes de dumping social qui peuvent donner un avantage à 1 pays lorsque le contexte n’est pas trop mauvais, mais qui manquent totalement le fait de la mondialisation de l’économie. Ils n’ont toujours pas compris ce que signifie la mondialisation au niveau européen et mondial, leur schéma explicatifs et leurs modèles ne fonctionnent que sur 1 pays sans tenir compte du contexte, paradoxalement !

      L’irlande a pu tirer un avantage de sa politique néo-libérale d’impôts très bas pour les entreprises etc, mais cela se fait au détriment du CONTEXTE ! De même que l’Allemagne se développe au détriment de l’Europe, et que la PAC détruit l’agriculture africaine. Leur politique individualiste est pseudo-globale.

      L’économie est globale, leur pensée ne l’est pas. Pour cause, si l’on abandonne les nationalismes on se retrouve avec une fiction de pays qu’on a maintenant artificiellement dans des concurrences hostiles et un grand pan constitué par l’ennemie extérieur nécessaire, ce concept qu’on essaie désespérément de faire jouer à B Laden, disparait. Ah mais la chine refusera, il faut être concurrentiel jusqu’à la mort par famine. La concurrence, le péril jaune, ayez peurs, je vous protège contre les hordes asiatiques.

      La concurrence se gagne en jouant le jeu. Mais, j’ai toujours préférer changer les règles du jeu lorsqu’elle sont pénibles. L’heure est venue où nous changerons les règles ineptes et stupides, datant de Malthus. On peut reprocher à Malthus une chose qui est d’avoir naturalisé l’économie de telle façon qu’il est devenu impossible en Angleterre, de penser qu’on peut changer les règles ! Mais l’économie est affaire humaine, si demain nous décidons d’abolir les règles, il n’y a plus de capitalisme.

  4. Avatar de HP
    HP

    Le principe de l’austérité pour sortir de la crise est le Consensus de Washington.

    Le consensus de Washington est un corpus de mesures standard appliquées aux économies en difficulté face à leur dette (notamment en Amérique latine) par les institutions financières internationales siégeant à Washington (Banque mondiale et Fonds monétaire international) soutenues par le Département du Trésor américain. Il est théorisé en 1989, par l’économiste John Williamson[1] sous la forme de dix propositions. Il est issu de l’idéologie de l’école de Chicago.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Consensus_de_Washington

    École de Chicago (économie)
    L’École de Chicago est un groupe informel d’économistes libéraux. Ils sont généralement associés à la théorie néoclassique des prix, au libre marché libertarien et au monétarisme ainsi qu’à une opposition au keynésianisme. Leur nom vient du département d’économie de l’Université de Chicago dont la majorité des professeurs étaient membres de cette école de pensée.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_Chicago_%28%C3%A9conomie%29

    L’austérité est dans la ligne théologique de l’ultra-libéralisme, qui n’a jamais été conçu comme un moyen d’adoucir le sort des populations mais au contraire repose selon le principe judéo-luthérien « le + riche est une élite qui mérite d’opprimer sur les autres (les mauvais chrétiens, qui ont tort et sont donc responsables de leur misère) ».
    Alors que le principe européen de solidarité est basé sur le principe catholique du partage – redistribution selon les besoins.

    Le plan Marschall n’a pas été conçu comme une aide de reconstruction à l’Europe, comme annoncé, mais pour détourner les européens du communisme en imposant le confortable mode de vie consumériste américain par opposition au manque de démocratie et, dans l’esprit américain, à l’austérité économique qui s’ensuit forcément. Et comme débouché pour l’industrie américaine en cours de reconversion d’après-guerre, qui sinon serait revenue à sa situation d’avant-guerre, pas très brillante (sortie pénible de la crise des années ’30).

    Les conditions d’immédiat d’après-guerre ont permit aux ouest-européens de mettre en place des mesures assez révolutionnaires pour l’époque, une bonne partie a été détruite depuis 1980, 30 ans, je doute qu’on puisse les rétablir en quelques années.

    De plus le mythe du plein emploi industriel est toujours vivant, surtout chez les conservateurs qui n’ont pas conscience du changement de paradigme, il faudra un enfoncement dans la misère beaucoup plus profond pour qu’ils commencent à comprendre que le système ne marche plus.

    1. Avatar de bertrand
      bertrand

      Ce qui signifie que les américains vont chercher à reproduire ce schéma de plan Marshall pour sortir de leur crise…………ou l’appliquer????????????? en Afrique.non pas assez avancée. en Asie non trop d’influence des asiatiques , en Inde non trop d’écart de niveau , en Irak oui , en Afghanistan un peu , en afrique du nord oui Maroc Tunisie , toute la ceinture méditérrannée oui , en pays de l’est.oui,oui,oui , en russie oui,oui,oui , en somme chez les musulmans et les orthodoxes.là est l’avenir du monde. Aller français lève toit et marche vers ces pays.

    2. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Oui, je suis largement d’accord avec vous. Mais on avait pu penser au coeur de la crise que le « Consensus de Washigton » était mort et que l’on allait adopter d’autres paradigmes. Malheureusement, force est de constater qu’il n’en est rien et que les « programmes d’ajustement structurels » que l’on imposait à l’Asie et l’Amérique Latine nous sont maintenant proposés, à nous européens, par nos dirigeants zélés, la Commission européenne et le FMI, (malgré les discours de son directeur).
      Il faut donc vigoureusement réagir avant qu’il ne soit trop tard et que l’on ait démantelé le modèle social qui fait notre fierté et envie à beaucoup d’autres.
      Quant au Plan Marshall, vous êtes un peu dur avec les Etats Unis. Disons que cette initiative généreuse et qui nous a énormément aidés était dans leur intérêt bien compris.

    3. Avatar de Francisco
      Francisco

      bonjour
      Excellent résumé !! Un regret quand même… dommage que vous n’ayez pas cité le livre de Naomi Klein, « la stratégie de choc » qui est assez démonstratif du fonctionnement et des résultats de cette pensée prônée pat Hayek et conceptualisée, puis vendue par Milton Friedman..
      Chris

    4. Avatar de vigneron

      @HP (Haute Pression ?)

      Eh ! En ce moment c’est le grand catho-revival. Les moines de Thibérines, la doctrine sociale de l’église, la théologie de la libération de Chavez, la « Franciscan touch », etc. Hyper tendance l’Église catholique et romaine. En v’là une bonne p’tite religion de crise !

      Chiche ! Tous derrière Bénito XVI et sus aux hérétiques calvino-luthériens du Mont Pèlerin et à leur armée de démons sur-diplômés (et sur-armés) ! Avec nos meilleurs économistes dominicains et jésuites bien triès, on devrait leur faire la nique aux rejetons aux âmes perdues de von Mises ou Hajeck ! Sûr que Jorion est prêt à collaborer, avec tous les compagnons de route de son accabit…

      Relançons les guerres de religion ! Nouvelle Renaissance ! Réforme inversée ! Contre-révolution anti néo-lib ! 🙂
      Que la France, fille aînée de l’Église, soit le fer de lance de cette Sainte Croisade ! Taïaut ! Taïaut !

      Ben quoi ? Y’en a ben eu pour nous raconter sérieusement que le Popaul II, il avait abattu le grand Satan soviétique tout seul avec ses petits bras musclés… Grosse marrade !

    5. Avatar de HP
      HP

      Je n’ai pas l’intention de rallumer une guerre de religion, j’ai des ancêtres camisards qui n’apprécieraient pas, et y a mieux à faire. Le fait est qu’une société fonctionne avec des règles, une morale, communément admise, en général les valeurs de sa religion dominante.
      Le néo-libéralisme américain est le reflet du protestantisme allemand du 17ème siècle : chacun pour soi et dieu (obligatoire) pour tous. Le socialisme européen est l’héritier du catholicisme : le partage, mais en commençant par soi-même, et bien servi.

      Chaque système économique est en soi une théologie, organisé sur des dogmes impossibles à démontrer, à laquelle on croit ou pas. Si tout monde adhère à la même idéologie le système fonctionne avec peu de heurts, c’est le propre des petites communautés soudées. Mais c’est extrêmement rigide et pesant.
      La séparation de l’église et de l’état est une réalité quant aux influences des personnes, une utopie pour ce qui est des principes.

      La mondialisation est réellement une croisade religieuse, cherchant à imposer à tous une « morale », des règles de vie identiques, une uniformité de point de vue. Avec pour conséquence la destruction des cultures locales qui fonctionnaient souvent fort bien, mais rejetées à cause de leur rigidité sociale : quand on est riche on n’est plus soumit aux règles pesantes de la communauté, et quand on est riche on ne se soucie pas de savoir que les autres sont devenus plus pauvres.
      Le mode de combat adapté contre le néo-libéralisme est de tenter d’imposer un autre système de références, non pas catho, mais de justice sociale et de gestion durable des ressources, qui convient très bien à la culture européenne.

  5. Avatar de ...idle

    (…)essayons de concevoir un …
    …« new deal » européen…????????..

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      C’est pourtant clair: un « machin » non défini est toujours la meilleure des solutions et la plus consensuelle !

  6. Avatar de CHR
    CHR

    Maurice Allais qui nous a quitté à 99 ans il y a une semaine aurait été d’accord avec ce billet.
    C’est bizarre mais ici personne n’a relayé la nouvelle de sa mort.

    1. Avatar de Julien Alexandre
      Julien Alexandre

      Si, plusieurs commentateurs l’ont fait le jour même.

    2. Avatar de vigneron

      Oui, oui… Juste relevé. Méritait pas plus. Et puis, j’sais pas pourquoi mais comme l’impression que c’était pas la tasse de thé de Popaul.. 🙂 Je pense qu’il préfère de beaucoup l’Alphonse au Maurice dans le genre Allais…
      Et pas sûr du tout qu’il aurait été le moins du monde d’accord avec le billet de JP (le Maurice, pas le Popaul ni l’Alphonse !). Même défroqué (tardif et pour des raisons de désaccord sur les aspects monétaires des théories néo-lib, pas sur la philosophie generale), n’oublions pas qu’il fut un membre éminent, zélé et de la première heure du Mont Pèlerin…

  7. Avatar de ALBIN
    ALBIN

    Je demande simplement à comprendre.
    Au tout début des années 70 étant un fils de prolo venant de la terre et ne comprenant rien à la vie sociale par la nécessité de survivre en étant encore étudiant (complexe d’ignorance), mes jeunes camarades ayant fini leurs brillantes études (enfants de la bourgeoisie) (male et féminin) me parlaient souvent du socialisme suédois comme du modèle social parfait pour la France. le tout assorti de la remarque que ce modèle était celui des socialistes français. Je laisse de coté les rejetons de « bourges » qui ne juraient que par le modèle yougo (autogestion) ou de cuba et même russe……
    Et puis, j’ai appris que ce modèle avait sombré dans un endettement excessif avec comme sortie: licenciement de fonctionnaires pléthoriques, diminution des pensions des fonctionnaires, réduction 15 % des salaires dans la fonction publique, réductions des allocations etc….
    Mes questions sont simples: Les socialistes suédois ont ils fait des cadeaux fiscaux aux riches au point de créer cette banqueroute ? Pourquoi les riches n’ont ils pas été appelés à payer le déficit suédois en rendant les cadeaux fiscaux ?
    Pourquoi les responsables politiques socialistes suédois sont ils allés droit dans le mur jusqu’à la cessation des remboursements ?
    Pourquoi les suédois n’ont ils pas conservé tous leurs acquits sociaux des années 80 ?
    Pourquoi n’y a t-il pas eu un refus de payer la dette par une nation fortement soudée culturellement ?
    Je cherche à comprendre cette expérience parce que je m’interroge: Tout le monde sait que les français sont le peuple le plus intelligent de la terre qui donne l’exemple aux autres nations. Mais cette fois ci, ce bon peuple de France, administré comme d’habitude par une forte proportion d’ intellectuels de gauche fonctionnaire fera -t-il mieux que la Suède ?
    Merci pour votre point de vue sans pour autant mépriser mon ignorance et mes doutes.

    1. Avatar de Piotr

      Possible que la social-démocratie à la Suédoise est fait long feu,Il faut admettre qu’en ce moment les modèles ultra-libéraux ne vont pas beaucoup mieux.

    2. Avatar de Didier
      Didier

      Albin : que cherchez vous qu’on vous dise ? Que les idées de gauche ont échoué en Suède ? Que les gens de gauche se sont trompés en France ? la complexité s’ajoute à l’inutilité. L’échec de l’URSS ne me fait pas penser que Marx avait tort.

    3. Avatar de du fond de la classe

      « ce bon peuple de France, administré comme d’habitude par une forte proportion d’ intellectuels de gauche fonctionnaire »

      Il semblerait que vous ayez loupé quelques épisodes .
      L’administratif du pays est d’inspiration ultra libérale et ce depuis quelques présidents de droite.
      Si toute fois votre déni de réalité vient d’une récente sortie de coma , veuillez pardonner mon commentaire désobligeant , et …
      rendormez vous .C’est mieux pour vous .

    4. Avatar de Crapaud Rouge

      Le format du blog a changé mais la prose d’Albin, pas plus dans son fond que dans son style sournois, irritant, façon Le Devin d’Astérix…

    5. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      On a beaucoup dit de choses relativement au modèle suédois, pas toutes exactes. Le modèle suédois existe toujours : les prélèvements publics sont toujours parmi les plus élevés du monde et les prestations sociales aussi. Il a simplement subi une cure quand le déficit public a été trop élevé et l’on y a introduit plus de flexibilité. Comme dans tous les modèles nordiques, l’indemisation des travailleurs au chômage n’est pas totalement automatique. De gros efforts sont fournis et leur sont demandés en vue d’accroître leur information et d’adapter leur formation aux nouvelles conditions économiques. Mais le modèle « nordique » (Danemark, Norvège, Suède) existe toujours et est toujours un modèle envié.
      Mais, aussi, comme souvent, ses bénéficiaires agissent un peu comme des enfants gâtés. C’est ainsi que les suédois ont renvoyé dans l’opposition les socio-démocrates qui gouvernaient le pays depuis de nombreuses années et amené au pouvoir les libéraux. Ceux-ci ont eu, toutefois, la sagesse de ne pas trop toucher au modèle social. Maintenant, ils sont concurrencés pa

    6. Avatar de charles
      charles

      Excusez moi quelques précisions sur la Suède: il y a eu une crise bancaire, qui a plombé l’ économie du pays pendant plusieurs années, et je envoie ici à une interview de F.Reinfeldt lors
      de sa victoie en 2006, qui a réaffirrmé sa volonté de ne pas toucher au modèle suédois, à la différence de ‘tories’britanniques, mais de réformer en priorité le marché du travail, et il semble avoir réussi son pari, le taux de chômage suédois ayant fortement baissé pour atteindre aujourd’hui 7,4 %, une croissance de 4,8% en 2010, ce qui doit mette l’ économie suédoise
      su le podium des économies européennes avec l’Allemagne et la Pologne

      Last word: Frederik Reinfeldt

    7. Avatar de ALBIN
      ALBIN

      @ Aufond de la classe
      Ma remarque est appuyée par l’ expérience de toute une vie de contacts avec la moyenne administration française, de l’université, de l’administration fiscale et même au niveau du directeur de cabinet de Martine….Je viens de la terre. Elle ne trompe pas ! Et je ne raconte pas non plus de salades ! Qui fait tourner un pays ? Les élus périodiques qui s’organisent en caste pour durer ou bien ceux qui sont en dessous ?
      Annoncez vos preuves. je tiens les miennes à votre disposition.
      Soyez scientifiques et vrai !

      @Didier
      Si Marx ne s’est pas trompé, alors il faut retenter !
      Etes vous capable de proposer cela devant un parterre de polonais, de slovaques, etc…?
      Si oui, venez avec moi, on commencera par Brats, puis par Cracovie !

      @Crapaux rouge
      Merci, c’est un très beau compliment pour celui qui vient de la terre, milieu où l’on sait ce que le mot intuition veut dire.

      @ tous les autres
      Je suis déçu par l’absence de réponse. A quoi cela vous servira t-il de gloser sur le futur, si vous n’expliquez pas le passé pour être crédible ?
      Les faits sont là. Mais où est votre explication de ce fiasco ? En avez vous honte ?

    8. Avatar de Dissonance

      @ALBIN

      Soyez sérieux s’il vous plaît: Vous demandez à la communauté de ce blog de vous produire une analyse détaillée et minutieuse de la situation socio-économique passée et présente de la Suède. C’est le genre de chose qui nécessite un peu plus qu’une après midi de lecture distraite sur le net. Aussi vous seriez bien inspiré de ne pas trop fanfaronner sur le fait que personne ne vous réponde. Cela ne signifie d’aucune façon que l’explication que vous en formulez soit la seule qui vaille, loin de là.

    9. Avatar de Philémon
      Philémon

      L’avenir est la cause du passé . A la tienne Vigneron !

    10. Avatar de Nicks
      Nicks

      @albin

      Un fiasco qui permet à des pays comme la Suède et, très proche d’elle, la France, avec à sa décharge, un territoire bien plus grand et une population plus diversifiée à gérer, un fiasco donc, qui permet d’avoir un taux de pauvreté parmi les plus bas du monde, est du genre à valoir 100 fois un miracle irlandais, vous ne trouvez pas ?

      http://graphs.gapminder.org/communityproxy/ChartDataServlet?key=plL7_TnAeMdBLyRVf1rehGg#$majorMode=chart$is;shi=t;ly=2003;lb=f;il=t;fs=11;al=30;stl=t;st=t;nsl=t;se=t$wst;tts=C$ts;sp=6;ti=2005$zpv;v=0$inc_x;mmid=XCOORDS;iid=plL7_TnAeMdBAvXX8r5__Vw;by=ind$inc_y;mmid=YCOORDS;iid=plL7_TnAeMdAktDNHMaxdJQ;by=ind$inc_s;uniValue=20;iid=plL7_TnAeMdCTpDLPYo-_VA;by=universal$inc_c;uniValue=255;gid=CATID1;iid=plL7_TnAeMdC8GEnotAixIg;by=grp$map_x;scale=lin;dataMin=1.814;dataMax=36$map_y;scale=lin;dataMin=2.77;dataMax=22$cd;bd=0$inds=i76_t002004,,,,;i217_t002004,,,,;i239_t002004,,,,

      Un coup d’oeil sur cette synthèse du rapport 2008 de l’OCDE sur la croissance et les inégalités vous sera fort bénéfique. Vous n’irez pas jusqu’à me dire que je cite des bréviaires ultra-gauchiste quand je propose des liens vers des publications d’une organisation économiquement libérale s’il en est…

      Si la Suède a connu un moment de frayeur au milieu des années 90, il faut tout de même rappeler que près de 65 % de ses citoyens dépendaient alors directement de l’Etat, comme fonctionnaires ou allocataires exclusifs. On en est assez loin en France malgré ses 20% de fonctionnaires si décriés. Je chercherais ailleurs l’explosion des déficits publics et de la dette. Par exemple, il est assez frappant de constater que la courbe ascendante s’infléchit à partir du moment où les marchés vont investir cette dette, quand on libéralise le secteur financier et que consécutivement, les premiers grands krach de l’après 1929, surviennent comme par hasard. Vous savez bien entendu que c’est Reagan qui a fait exploser le déficit aux Etats-Unis ? (http://www.whitehouse.gov/sites/default/files/omb/budget/fy2009/pdf/hist.pdf Tableau page 26)

      Allons Albin, le bon sens paysan mérite mieux que votre étalage de mauvaise foi…

    11. Avatar de ALBIN
      ALBIN

      @ Nicks et les autres

      Bien évidemment, poser naïvement des questions qui dérangent simplement pour obtenir des points de vue enrichissants entraine de la part de certains des attaques « ad hominem ».
      J’ai beaucoup observé à gauche cette méthode qui n’honore pas ceux qui la pratiquent.

      Si j’ai bien compris, et en résumant, les suédois sont sortis de leur endettement sans « casser la maison ». Cette méthode ayant fait sa preuve, il y a toute probabilité qu’elle sera appliquée en France, pays beaucoup plus favorisé selon ce qui est dit plus haut. Merci à ceux qui m’ont éclairé. il n’y a pas lieu à refonder, simplement à corriger en payant le prix de l’incompétence.
      Dans ces conditions, je ne vois pas de raison de me soucier d’une révolution, ni même à venir poser désormais de nouvelles interrogations ici sur une refondation économique ou sociale radicale puisque la réponse m’a été donnée……par des intervenants sectaires…..

    12. Avatar de Dissonance

      @ALBIN

      Un peu de franchise ne me fera pas de mal: Votre question est piquante, et m’a piquée, mais pour de mauvaises raisons, me conduisant à vous répondre d’une mauvaise manière. En réalité, le message que j’ai tenté de vous faire passer précédemment, c’est que je ne connais strictement rien des tenants et des aboutissants du contexte socio-économique Suédois, présent ou passé.

      A ma décharge, je n’ai jamais non plus éprouvé le besoin d’invoquer le modèle suédois (ou quelque autre modèle que ce soit d’ailleurs) pour justifier en quoi que ce soit ma sympathie pour toute idéologie progressiste. L’explication de cette sympathie se résume dans ma reconnaissance des valeurs morales véhiculées par ce courant de pensée.

      En conclusion de quoi, votre question ne s’adressait pas à moi, et il n’était par conséquent ni utile ni même souhaitable que j’y réponde.

    13. Avatar de vigneron
      vigneron

      @albin

      Z’avez entendu parler d’Olof Palme ?

      .

      Il réalisa des réformes ambitieuses sur le plan interne, telles l’introduction de la codécision des travailleurs et travailleuses dans les entreprises, ainsi que les « fonds salariaux ». Ces fonds d’investissements collectifs alimentés par l’impôt étaient destinés à racheter le capital des entreprises privées et permettre ainsi une sorte de socialisation en douceur de l’économie privée. Ces derniers ont été supprimés en 1991 et jamais rétablis.

      Assassiné en 1986… 🙂

      Bon, ok, il venait pas de la terre, plutôt famille bourgeoise conservatrice « à la suédoise », donc il pouvait se tromper…

      Cela dit, puisque vous insistez lourdement sur vos origines qui ne mentent pas et, pouvant le revendiquer au moins autant pour moi, ne m’en étant pas même éloigné, je confirme : la terre ne trompe pas; si on plante des cornichons, on récolte des cornichons.

      Et puis, allez savoir pourquoi, mais la Suède est le seul pays- exceptés les US évidemment hors-concours- avec l’Inde et bien sûr le France, à pouvoir se targuer d’avoir deux bienheureux à plus de 20 milliards de dollars et donc dans le top 20 du classement Forbes 2010 des fortunes mondiales (merci H&M et Ikéa !)…
      Étonnant, non ?

    14. Avatar de du fond de la classe

      @ albin , vous avez répondu

      « Ma remarque est appuyée par l’ expérience de toute une vie de contacts avec la moyenne administration française »
      Et quelle était cette remarque ?
      Vous avez écrit « ce bon peuple de France, administré comme d’habitude par une forte proportion d’ intellectuels de gauche  »
      Monsieur , évitez les confusions, ce n’est pas l’opinion politique du boucher qui rend sa viande rouge .

      Ces fonctionnaires que vous avez côtoyé ( et beaucoup méprisé apparement) , vous leur donner bien trop de pouvoir .

      A votre âge, si vous n’avez toujours pas compris qu’un fonctionnaire met en application la loi , mais que le véritable pouvoir appartient à ceux qui font les lois ….c’est que la haine vous égare.

    15. Avatar de du fond de la classe

      A nous les petites retraites suédoises :

      « Ainsi , en Suède, l’indexation des retraites sur la masse salariale ( et non sur le salaire moyen) devrait avec la récession qu’à connue la Suède , entrainer une baisse catastrophique de 4.5% des retraites en 2010″.
      extrait d’ »une vraie retraite à 60 ans , c’est possible » .

      Autre point de vue :
      http://www.alternatives-economiques.fr/retraites—le-modele-suedois-et-ses-limites_fr_art_633_45805.html

    16. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      Il me semble que dans ce genre de comparaison, il est décisif de savoir de quoi l’on parle et les mots peuvent désigner des choses bien différentes d’un pays à l’autre !

      Une politique de redistribution qui passe par l’Etat-providence (comme disent les néocapitalistes qui veulent se saisir des sommes considérables qui leur échappent en transitant directement des impôts ou des cotisations sociales à ceux qui doivent les recevoir) est une chose que la Suède a poussé très loin.

      Est-ce le cas de la France ? La part des cotisations sociales (hors impôts) est majeure dans la solidarité nationale, ce qui en change la signification : ce n’est pas un Etat-providence qu’il y avait en France, c’était un Etat social qui « garantissait » que les cotisations prélevées sur la plus-value du travail revenait bien pour une part aux salariés et à leurs familles (on sait que cette part a été réduite de 10 % environ au profit des dividendes depuis 1984 -date de la décision de Delors de décrocher les salaires de l’indexation sur les gains de productivité pour les accrocher à l’inflation…).

      Mais ceci n’est qu’une part de la différence avec la Suède, l’autre part de l’Etat hérité du programme du CNR est que les services publics à la française ne sont seulement des instruments de redistribution de la richesse nationale, ils en sont des producteurs dont les coûts de fonctionnement ne pesaient pas sur le budget de l’Etat (La Poste, autonome financièrement payait des impôts et taxes à l’Etat, idem pour France-Télécom, EDF, la SNCF avant que des politiques mafieuses ne viennent priver les citoyens de leur part de propriété collective aux biens communs.

      Confondre fonctionnaires (payés par l’Etat) et salariés à statut protégé payés par leur production au sein des entreprises publiques a été la première grande bataille idéologique perdue par la gauche dans ce pays. Et cela continue au sein même du débat sur les retraites.

      Peut-être que certains vont sursauter en lisant « politique mafieuse », mais c’est exactement de cela qu’il s’agit quand des néocapitalistes achètent 7 G€ d’actions EDF pour en retirer en 3 ans 8 G€ de dividendes (au rythme qui continue de 2 ou 3 G€ par an) et d’obliger ensuite EDF d’une part à emprunter un peu plus pour renouveler son parc et d’autre part à donner gratuitement sa production à ses concurrents qui sont incapables de produire de l’électricité aux mêmes coûts, pour nous la vendre plus cher ! La concurrence libre et non faussée se révélant le meilleur moyen pour augmenter les tarifs électriques et rançonner un peu plus les salariés… Si ce n’est pas un système mafieux, il faudra me le démontrer et autrement qu’en me disant que les « fonctionnaires » sucent le sang des petits commerçants.

    17. Avatar de Moi

      @vigneron: vous faites bien de rappeler Olof Palme. Il a été trop loin dans la démocratisation de son pays. Et comme les autres qui ont suivi ce chemin, il s’est fait abattre par un assassin-solitaire-selon-la-version-officielle-blabla-théorie-du-complot-si-tu-n’y-crois-pas.
      C’est le 28 février 1986 que le modèle suédois est mort assassiné. Le successeur de Palme, Carlsson, qui était bien comme il faut (études aux USA et tout et tout) s’est tout de suite lancé dans un programme d’austérité.

  8. Avatar de jérôme
    jérôme

    @ iGor milhit,

    Bonjour,

    http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/8054066/Currency-wars-are-necessary-if-all-else-fails.html

    NB: « ressoumettre » un commentaire? Remettre des sous à la rigueur..activation du filtre humoristique de la modération orthographique ou néologique?

    1. Avatar de iGor milhit

      Bonjour à vous,

      Merci pour l’intéressante lecture.

    2. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Je termine le commentaire, ci-dessus interrompu, qui s’adresse à Albin. Donc j’écrivais que les libéraux en Suède avaient de nouveaux concurrents venus de l’extrême droite qui sont entrés au Parlement.

  9. Avatar de Juvin
    Juvin

    Tout à fait. Ce matin, sur France Culture, dans l’émission Réplique, le débat à mis en garde sur la dérive populiste actuelle qui s’oppose à la modernité mise en place dans l’Europe par les élites.

    Il me semble au contraire que les dites élites ont du mal à accepter l’échec européen. Que l’on ressorte les promesses du vote de Maastricht ! Le plein emploi pour des décennies !

    1. Avatar de M

      la prétendue « modernité » [ dico Robert : moderne = qui *tient compte de l’évolution récente ] me laisse rêveuse : * tenir compte de …on pourrait penser tenir compte de la crise systémique de 2008 …remettre tout sur la table …voir ce qui a « cloché » …tenir compte des graves erreurs qui nous font risquer le pire …remettre à plat …débrider la plaie …et réfléchir afin que cette crise de la finance mondiale ne se reproduise pas …( car il n’est pas anodin de plonger les pays développés dans la tiers-mondisation, et les pays pauvres dans la misère : nombreux morts , famines ….) …et ce, non avec des replâtrages , mais avec une POLITIQUE sur le moyen et le long terme …avec idée de redistribution et de minimum vital pour tous …Voilà ce qui serait moderne !
      Ne pas rester « bloqué » sur une idée ( mauvaise, erronée, égoiste, brutale, violente, méprisante, scandaleuse, archaique enfin, car NON CIVILISEE ).
      CQFD : nos zélites ne sont pas modernes.
      Les modernes sont ceux qui réfléchissent, qui doutent, qui remettent en question …
      post-scriptum : une émission intéressante les matins de France Culture, invité Jacques Généreux …son échange avec Alain-Gérard Slama, libéral , est fort intéressant d’après moi .
      Car Généreux remet bien les mots et leur sens en place …

      Ce billet parle de l’injustice de la situation …ce qui me parait important …
      En bonne laique, je dirais que nous ne pouvons nous « assoir » sur nos socles historiques …ce qui compte, c’est ce qui reste quand on en a tiré la substantifique moëlle.

  10. Avatar de Didier
    Didier

    Très bon billet, merci.

    Dans le même esprit, il faut écouter l’émission de Mercredi 13 sur FQ « les nouveaux chemins de la connaissance » qui recevait Philippe van Parijs – excellent
    http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-3097881#reecoute-3097881
    Le démontage du discours du nouveau ministre de l’économie britannique est brillant.

    1. Avatar de saule
      saule

      @Didier

      Merci pour ce lien, j’étais partisane d’une réduction, voire d’une suppression des allocations en fonction d’un certain niveau de revenus. Mais l’idée d’une allocation universelle telle qu’elle est présentée par Philippe van Parijs est très intéressante dans une certaine liberté de choix qu’elle procure en matière de travail. Obligeant de ce fait à rendre des professions, à moindre valeur ajoutée et néanmoins indispensables, plus gratifiantes, par une amélioration des conditions de travail et une revalorisation des revenus.

      Contribuant ainsi à une plus grande équité. Très instructif.

  11. Avatar de ...idle

    Ou bien alors préférez-vous this version :
    http://www.youtube.com/watch?v=k_FSO8n6Siw

  12. Avatar de henry38
    henry38

    Comme l’a dit Paul Jorion à de nombreuses reprises, la seule création de richesses provient du travail, en période de croissance continue, les trente glorieuses avec inflation délirante, il faut le rappeler, tout un arsenal de mesures sociales ont été mises en place, mais aujourd’hui, à l’aube du déclin de la production de pétrole, il faut repenser le mode de vie d’une manière globale car il est peu probable que la croissance retrouve des taux à deux chiffres en Europe, au Japon ou aux Etats-Unis. Il est donc illusoire d’espérer éponger les dettes des Etats par la croissance. La valeur du travail va donc devoir prendre une autre signification dans un environnement économique nécessairement différent du fait de la raréfaction des ressources primaires dont le pétrole. Ce seul paramètre va conduire à des changements aussi multiples que inattendus. Par exemple, l’agriculture sans pesticides et sans engrais pourra devenir un gisement immense d’emplois, donc de création de richesse d’un type nouveau, alors que aujourd’hui cette agriculture hautement industrialisée ne fait qu’enrichir la grande distribution et les industriels de la chimie et de l’agroalimentaire. Les énergies alternatives essentiellement productrices d’électricité (photovoltaïque, éolien, petites unités exploitant la filière thorium,…) seront aussi créatrices d’emplois et de richesse, la prochaine pénurie de pétrole en devenant le moteur de développement.
    Et de même que le « peak-oil », la Chine, de par sa politique malthusienne, va progressivement s’appauvrir en devenant un pays de vieux (de même que l’Inde avec un surplus alarmant d’hommes), les autres pays dont l’économie est principalement basée sur l’exploitation des matières premières (Australie, Canada, Russie, Brésil, Moyen Orient) vivront le même genre de choc. Enfin, l’Afrique, minée par la corruption et les maladies, n’arrivera jamais à émerger même si les chinois sont persuadés du contraire. Il est donc urgent et nécessaire de repenser la valeur du travail dans un contexte nouveau avant d’être tous plongés dans une crise beaucoup plus grave à laquelle nous n’aurons pas été préparés et qui viendra non plus de la finance mais de la planète entière épuisée…

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Certes !

    2. Avatar de michel lambotte
      michel lambotte

      Effectivement, le travail est la seule source de création de richesses mais on peut y ajouter les matières premières.
      Si l’état providence a pu exixter durant les trentes glorieuses en occident exclusivement, c’est grâce à l’accessibilité à des matières premières venant d’un ailleurs qui n’en profitait pas.
      La gauche a beaucoup trop tendance à l’oublier, elle s’est embougeoisée, a gouté à la société de consommation et a considéré que que ce monde était indéboulonnable.
      Il faut avouer que le réveil est pénible, la plupart des travailleurs n’ont aucune idée de ce qu’est le pic pétrolier et ses conséquences sur le fonctionnement de notre société.
      Ce que je regrette le plus est l’incurie des syndicats qui veulent perpétuer une lutte des classes au lieu de responsabliser leurs membres sur les effets de l’épuisement des ressources.
      Mais bon, le nombre de leurs addérents est en nette diminution et les véritables solutions se mettent en place ailleurs dans un monde associatif en pleine ébulition.
      D’autre part, faute de croissance pétrolière, l’emploi tel que nous le connaissons ne pourra plus être relancé et comme vous le précisez justement, c’est la valeur même du travail qui devra être repensé.
      A mes yeux, si on prend en compte la consommation d’énergie pour chaque emploi et l’utilité réelle de la production de ces emplois, on s’apercevra très vite qu’il vaut mieux rester chez soi et prosommer dans une relocalisation de l’économie, mais là nous ne sommes plus dans une économie capitaliste mais post capitaliste qu’il faut inventer.
      Je pense que la crise ne frappe pas encore assez l’occident pour atteindre un effet de seuil qui permettrait un choc salutaire.
      Méfions nous quand même du syndrôme de la grenouille, le pic pétrolier étant payé par les plus démunis que la droite va certainement culpabiliser est systématiquement écarter par la classe moyenne qui a paeur de perdre ses avantages.

  13. Avatar de diesel
    diesel

    Article salvateur. La solution préconisée dans cet article est la seule porte de sortie. Relisons donc tous Maurice Allais.
    Nous n’avons plus qu’à espérer que les responsables politiques vont comprendre tout le mal que cause une mondialisation non contrôlée avant qu’il ne soit trop tard.
    De nombreux spécialistes l’ont déjà fait remarquer, le monde a déjà connu une période de mondialisation financière: c’était juste avant la première guerre mondiale. On sait donc ce que ça donne de laisser les rênes de l’économie aux marchands de canon.

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      « une mondialisation non contrôlée »

      Il est clair que vous ne la contrôlez pas. Mais le point de vue de votre fenêtre est peut-être étroit; il se pourrait que d’autres la contrôlent plus et mieux que vous n’êtes prêts à l’observer.

  14. Avatar de Enrique
    Enrique

    Jacques Attali a annoncé la couleur aujourd’hui. Il a des solutions néo-libérales : http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2010/10/15/jacques-attali-plus-loin-que-nicolas-sarkozy/
    Paul Jorion, qu’avez-vous encore de commun avec Jacques Attali (à part la reconnaissance de vous avoir soutenu en France à un moment où votre discours était inaudible) ?

    1. Avatar de iGor milhit

      Jacques Attali remet aujourd’hui au président de la République un nouveau rapport de la « Commission pour la libération de la croissance »

      Dire que la croissance croupit dans un centre de rétention, c’est vraiment triste.

    2. Avatar de du fond de la classe

      Si j’avais un ami qui me dise  » béber, j’ai trouvé, la croissance n’est possible que grâce à l’austérité  » , je lui dirai « sautes sans élan , juste pour voir… « 

    3. Avatar de Joan
      Joan

      Pour qui roule vraiment J. Attali ? Au vu de ses préconisations
      Il me semble qu’il roule pour le monde de la finance.

    4. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Jacques Attali a un comportement étonnant. En tant qu’auteur des billets qui concluent l’Express, il fait preuve d’un esprit visionnaire stimulant nous appelant à changer de paradigmes si nous voulons sauver le monde. En tant que président d’un groupe de travail au service du Gouvernement, il propose des solutions extrêmement conventionnelles comme cette purge qui risque d’achever le malade comme les saignées du Malade Imaginaire. Peut-être est-il, en fait, prisonnier de son groupe de travail qui lui suggère les remèdes libéraux habituels !

    5. Avatar de Philémon
      Philémon

      @Joan
      Il roule aussi pour PlaNet Finance , une ONG dont il est le président et qui lutte contre la pauvreté .

    6. Avatar de juan23
      juan23

      @ Enrique
      Je me faisais exactement la même réflexion,mais n’ayant pas l’habitude de commenter sur ce blog (bien que le lisant depuis fort longtemps), j’ai laissé aller. Mais voila, vous me reveillez!
      Monsieur Jorion:
      -Mais qu’avez-vous donc en commun avec Mr Attali et ses idées néo-libérales,et dont chacun se souvient par ailleurs dans quelles conditions il fût obligé de quitter la direction de la banque européenne de développement, après avoir dépensé pour son train de vie des sommes considérables ?

  15. Avatar de Johannes finckh
    Johannes finckh

    en s’offusquant moralement et en « appelant à la raison raisonnable » et la seule justice sociale, vous restez, comme pratiquement tous les analystes de cette dérive antisociale, complètement prisonnier du système et ne proposez aucune solution viable!
    Si vous n’analysez pas mieux pourquoi la rente du capital est la contrainte absolue dans le capitalisme actuel, vous n’arriverez pas à trouver comment on peut et doit en finir avec cette rente!
    La cause même de la rente du capital est bien la monnaie elle-même telle qu’elle est faite et émise.
    Repensez la monnaie et émettez une monnaie construite autour du signe monétaire marqué par le temps, et vous éviterez tout démontage des acquis sociaux. Par contre, vous obtiendrez une suppression indolore de la rente du capital.
    Je rappelle que la rente du capital actuelle bouffe tous les ans autour de 40% du PIB au bénéfice exclusif des plus riches…

    1. Avatar de la menuise

      Merci, pour votre ténacité, car la route est longue.
      Un commentaire ici, de Paul Jorion, dans le cadre de son projet de constitution pour l’économie actualiserait la réflexion.

  16. Avatar de EOLE
    EOLE

    Où sont les faits? Où sont les propositions (concrètes)?
    Ca ne fait pas avancer le « scmilblick » d’un iota…

    1. Avatar de EOLE
      EOLE

      Une imposture de plus?

  17. Avatar de du fond de la classe

    Les faits ? un discour .
    Un discours (qui se propage) prétendant que la sortie de crise passe par la mise en application du pire de l’ultra libéralisme .

    Un discours , pour ne pas dire une folie .
    Extrait :
    « Il ne s’agit pas d’un plan d’austérité. Nous proposons de réduire la dette pour favoriser la croissance. » C’est ce qu’a tenu à préciser Jacques Attali hier soir, après avoir remis à Nicolas Sarkozy les propositions de la commission pour la libération de la croissance qu’il préside. »

    http://www.nordeclair.fr/France-Monde/France/2010/10/16/les-nouvelles-mesures-chocs-d-attali.shtml

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Oui, on voit bien l’idée qu’il y a derrière cela : « réduisons la dette et assainissons les finances publiques ; après cela, les marchés qui regorgent de liquidités inemployées les mettront à notre disposition pour financer la croissance ». Mais c’est passer sous silence deux faits : 1) si tous les pays réduisent leur dette et assainissent leurs finances en même temps, cela a toute chance d’enrayer la machine économiqueet de mettre l’ensemble en récession, voire en dépression. 2) cela suppose que les liquidités inemployées se placent raisonnablement dans des emplois productifs à des taux de rentabilité raisonnables. Or, ceci est peu probable. L’expérience des dernières années a prouvé que ces liquidités préféraient se placer dans des activités spéculatives plus « juteuses » en exigeant des taux de rentabilité de 15 % et davantage déraisonnables, ne permettant pas le développement d’une activité productive normale.

    2. Avatar de M

      Monsieur Attali est un atlantiste invétéré …il est donc *amant du « divin marché » et du proche GMT …
      Il n’en démordra pas …
      Il semble mené par une sorte de passion, qui lui fait perdre toute raison …

  18. Avatar de charles
    charles

    Il faudrait rajouter à votre réflexion la Roumanie qui va subir une ‘cure’ comme la Lettonie
    , en sous-main, suite aux injonctions du FMI:
    IMF imposes 60 hour week

  19. Avatar de dissy

    LES PROMESSES DE 2000 : L’EURO CRÉERA « UN NIVEAU SUPÉRIEUR DE RICHESSE ET DE PROSPÉRITÉ »

    Telle était, parmi des centaines d’autres du même genre, la promesse de M. Yves-Thibault de Silguy lorsqu’il était Commissaire européen (de nationalité française) en charge de l’euro de 1995 à 1999.
    Relisons ce qu’il écrivait dans la revue très officielle intitulée Label France (n°40 de juillet 2000) publiée par le ministère français des affaires étrangères :

    « Les avantages de l’euro sont essentiellement économiques : plus de croissance et plus de compétitivité pour les entreprises.

    L’euro est facteur de croissance européenne. En éradiquant les variations de change et en permettant une comparaison aisée des prix, l’euro contribue à décloisonner le marché intérieur. Un grand marché sans risque de change améliore la situation des entreprises. Les consommateurs sont, enfin, les principaux bénéficiaires de la monnaie unique.

    L’euro a été lancé le jour où les États ont acquis la certitude que les finances publiques seraient gérées de manière rigoureuse par tous. A cette fin a été adopté en juin 1997 un ’’Pacte de stabilité et de croissance’’ qui permettra d’assurer le retour à l’équilibre des finances publiques en 2002. Marché intérieur, Europe monétaire, Union économique : l’économie européenne se donne progressivement les moyens de son intégration dans la globalisation mondiale.

    Pour le plus grand bien des Européens d’ailleurs, puisque croissance et emploi doivent en résulter et prodiguer un niveau supérieur de richesse et de prospérité. »

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/apres-16-ans-de-mondialisation-et-82797

  20. Avatar de Joan
    Joan

    A ceux qui poussent des cris d’orfraie lorsqu’on leur parle d’organiser un protectionnisme
    européen raisonnable au niveau des pays de la zone euro, et rabâchent des arguments du style « le protectionnisme c’est la guerre ». A ceux là je répond: si l’on ne fait pas cela, les souverainistes vont voir leur audience augmenter dans chaque pays et pire les démagogues
    néo-fascistes risquent de leur passer devant, surtout si le chaos social va en s’accroissant.
    Et dès lors il est facile de leur retourner leur argument car le fascisme conduit à la guerre.
    Ils tiennent à leur satanée mondialisation car ils font partie de la classe
    cosmopolite qui tire les marrons du feu des politiques de dérégulations menées depuis bientôt 30 ans, alors que les classes moyennes et modestes plus sédentaires sont laminées par les effets induits par ces mêmes politiques de dérégulation. Le moment est venu pour les citoyens de tous les pays de reprendre le pouvoir qui leur a été volé par ces élites globalisées. Car ces dernières s’enrichissent sans vergogne sur le dos de ceux qu’elles ne cessent de culpabiliser pour mieux les dépouiller. Non la faillite de l’ Etat Providence n’est pas inéluctable,
    à condition que les peuples reprennent en main leur destin, et ne le laissent pas entre les mains de vampires et de manipulateurs qui les dépouillent des fruits de leur labeur. Voilà pourquoi un protectionnisme concerté et intelligent au niveau des pays de la zone euro, est cent fois préférable à une résurgence de nationalismes étriqués, xénophobes et violents.

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Je n’utiliserais pas le terme de « protectionnisme » trop connoté, mais celui de « Préférence européenne » qui revient au même. En fait beaucoup de faits conduisent à penser que l’on ne pourra pas laisser se prolonger longtemps cette mondialisation dérégulée et qu’il faudra bien, un jour, consentir à l’ordonner. Actuellement, les « dirigeants de ce monde  » ne veulent pas en entendre parler pour les raisons que vous évoquez. Trop de personnes ont intérêt à ce que cela continue comme avant. En ce qui concerne l’Europe, il n’y aurait rien de choquant à ce qu’elle se dote d’instruments permettant d’établir une préférence communautaire (c’était d’ailleurs dans l’esprit d’origine de la construction européenne. Cf : la politique agricole commune qui a permis d’éviter la destruction de l’agriculture européenne du fait de la concurrence de continents disposant d’immenses surfaces agricoles). Encore faut-il que les pays de l’Union Européenne acceptent de bâtir un avenir ensemble. Les instruments comme un TVA sociale (pour lutter contre les conditions de concurrence inadmissibles) ou la taxe carbone ne manquent pas. D’ailleurs, à sa manière, en utilisant notamment l’arme monétaire, la Chine agit bien comme s’il y avait une « préférence chinoise ».

    2. Avatar de Didier
      Didier

      D’accord avec vous mais il ne faut pas oublier que 80% des échanges de la France avec l’extérieur se font avec l’UE, la préférence européenne est donc dans le faits ! Les chiffres sont à peu près les mêmes pour l’Allemagne je crois. cela pondère les effets de la mondialisation non ?

      On a beaucoup raillé l’expression « concurrence libre et non faussée ». Pourtant son application stricte pourrait sans doute résoudre pas mal de problèmes.

  21. Avatar de romain
    romain

    ahhh … merci M Page de remettre les choses en perspective.
    Ces reductions budgetaires sont un non sens economique, mais egalement historique.

    Je me permet d’ajouter que les etats occidentaux se sont livre ces 20 dernieres annees a de veritables dumping fiscaux … soit disant pour attirer les capitaux et retenir ceux deja presents (mais surtout car ca en arrangeait certains). Les deficits publiques occidentaux n’ont pas pour origine principale une augmentation des depenses (excepte, comme vous le soulignez, lorsque les etats ont tente de limiter la crise financiere), mais une diminution progressive des recettes. Ce petit jeu de dupes a fragilise chaque annee un peu plus les finances publiques … laissant l’etat desempare lorsque la bise fut venu.
    Je rejoins alors votre propos sur ce point: seule une refonte complete de notre systeme fiscal peut nous permettre d’entrevoir un avenir meilleur.

    ps: en passant … au diable la « TVA sociale », qui n’a de social que le nom, et qui poursuit cette tradition de dumping fiscal.

    1. Avatar de liervol

      Sire, en sortant du cabinet de Votre Majesté, encore tout plein du trouble où me jette l’immensité du fardeau qu’elle m’impose, agité par tous les sentiments qu’excite en moi la bonté touchante avec laquelle elle a daigné me rassurer, je me hâte de mettre à ses pieds ma respectueuse reconnaissance et le dévouement absolu de ma vie entière.

      Votre Majesté a bien voulu m’autoriser à remettre sous ses yeux l’engagement qu’elle a pris avec elle-même, de me soutenir dans l’exécution des plans d’économie qui sont en tout temps, et aujourd’hui plus que jamais, d’une nécessité indispensable. J’aurais désiré pouvoir lui développer les réflexions que me suggère la position où se trouvent les finances ; le temps ne me le permet pas, et je me réserve de m’expliquer plus au long quand j’aurai pu prendre des connaissances plus exactes. Je me borne en ce moment, Sire, à vous rappeler ces trois paroles :

      Point de banqueroute ;

      Point d’augmentation d’impôts ;

      Point d’emprunts.

      Point de banqueroute, ni avouée, ni masquée par des réductions forcées.

      Point d’augmentation d’impôts, la raison en est dans la situation de vos peuples, et encore plus dans le cœur de Votre Majesté.

      Point d’emprunts, parce que tout emprunt diminue toujours le revenu libre ; il nécessite au bout de quelque temps ou la banqueroute, ou l’augmentation des impositions. II ne faut en temps de paix se permettre d’emprunter que pour liquider les dettes anciennes, ou pour rembourser d’autres emprunts faits à un denier plus onéreux.

      Pour remplir ces trois points, il n’y a qu’un moyen. C’est de réduire la dépense au-dessous de la recette, et assez au-dessous pour pouvoir économiser chaque année une vingtaine de millions, afin de rembourser les dettes anciennes. Sans cela, le premier coup de canon forcerait l’État à la banqueroute.

      On demande sur quoi retrancher ; et chaque ordonnateur, dans sa partie, soutiendra que presque toutes les dépenses particulières sont indispensables. Ils peuvent dire de fort bonnes raisons ; mais comme il n’y en a pas pour faire ce qui est impossible, il faut que toutes ces raisons cèdent à la nécessité absolue de l’économie.

      Il est donc de nécessité absolue que Votre Majesté exige des ordonnateurs de toutes les parties qu’ils se concertent avec le ministre de la finance. II est indispensable qu’il puisse discuter avec eux en présence de Votre Majesté le degré de nécessité des dépenses proposées. II est surtout nécessaire que, lorsque vous aurez, Sire, arrêté l’état des fonds de chaque département, vous défendiez à celui qui en est chargé, d’ordonner aucune dépense nouvelle sans avoir auparavant concerté avec la finance les moyens d’y pourvoir. Sans cela, chaque département se chargerait de dettes qui seraient toujours des dettes de Votre Majesté, et l’ordonnateur de la finance ne pourrait répondre de la balance entre la dépense et la recette.

      Votre Majesté sait qu’un des plus grands obstacles à l’économie, est la multitude des demandes dont elle est continuellement assaillie, et que la trop grande facilité de ses prédécesseurs à les accueillir, a malheureusement autorisées.

      Il faut, Sire, vous armer contre votre bonté de votre bonté même ; considérer d’où vous vient cet argent que vous pouvez distribuer à vos courtisans, et comparer la misère de ceux auxquels on est quelquefois obligé de l’arracher par les exécutions les plus rigoureuses, à la situation des personnes qui ont le plus de titres pour obtenir vos libéralités.

      Il y a des grâces auxquelles on a cru pouvoir se prêter plus aisément, parce qu’elles ne portent pas immédiatement sur le Trésor royal. De ce genre sont les intérêts, les croupes, les privilèges ; elles sont de toutes les plus dangereuses et les plus abusives. Tout profit sur les impositions qui n’est pas absolument nécessaire pour leur perception, est une dette consacrée au soulagement des contribuables, ou aux besoins de l’État.

      D’ailleurs, ces participations aux profits des traitants sont une source de corruption pour la noblesse, et de vexation pour le peuple, en donnant à tous les abus des protecteurs puissants et cachés.

      On peut espérer de parvenir, par l’amélioration de la culture, par la suppression des abus dans la perception, et par une répartition plus équitable des impositions, à soulager sensiblement le peuple, sans diminuer beaucoup les revenus publics ; mais si l’économie n’a précédé, aucune réforme n’est possible, parce qu’il n’en est aucune qui n’entraîne le risque de quelque interruption dans la marche des recouvrements, et parce qu’on doit s’attendre aux embarras multipliés que feront naître les manœuvres et les cris des hommes de toute espèce intéressés à soutenir les abus ; car il n’en est point dont quelqu’un ne vive.

      Tant que la finance sera continuellement aux expédients pour assurer les services, Votre Majesté sera toujours dans la dépendance des financiers, et ceux-ci seront toujours les maîtres de faire manquer, par des manœuvres de place, les opérations les plus importantes. Il n’y aura aucune amélioration possible, ni dans les impositions, pour soulager les contribuables, ni dans aucuns arrangements relatifs au gouvernement intérieur et à la législation. L’autorité ne sera jamais tranquille, parce qu’elle ne sera jamais chérie ; et que les mécontentements et les inquiétudes des peuples sont toujours le moyen dont les intrigants et les malintentionnés se servent pour exciter des troubles. C’est donc surtout de l’économie que dépend la prospérité de votre règne, le calme dans l’intérieur, la considération au dehors, le bonheur de la nation et le vôtre.

      Je dois observer à Votre Majesté que j’entre en place dans une conjoncture fâcheuse, par les inquiétudes répandues sur les subsistances : inquiétudes fortifiées par la fermentation des esprits depuis quelques années, par la variation des principes des administrateurs, par quelques opérations imprudentes, et surtout par une récolte qui paraît avoir été médiocre. Sur cette matière, comme sur beaucoup d’autres, je ne demande point à Votre Majesté d’adopter mes principes, sans les avoir examinés et discutés, soit par elle-même, soit par des personnes de confiance en sa présence ; mais quand elle en aura reconnu la justice et la nécessité, je la supplie d’en maintenir l’exécution avec fermeté, sans se laisser effrayer par des clameurs qu’il est absolument impossible d’éviter en cette matière, quelque système qu’on suive, quelque conduite qu’on tienne.

      Voilà les points que Votre Majesté a bien voulu me permettre de lui rappeler. Elle n’oubliera pas qu’en recevant la place de contrôleur-général, j’ai senti tout le prix de la confiance dont elle m’honore ; j’ai senti qu’elle me confiait le bonheur de ses peuples, et, s’il m’est permis de le dire, le soin de faire aimer sa personne et son autorité. Mais en même temps j’ai senti tout le danger auquel je m’exposais. J’ai prévu que je serais seul à combattre contre les abus de tout genre, contre les efforts de ceux qui gagnent à ces abus ; contre la foule des préjugés qui s’opposent à toute réforme, et qui sont un moyen si puissant dans les mains des gens intéressés à éterniser le désordre. J’aurai à lutter même contre la bonté naturelle, contre la générosité de Votre Majesté et des personnes qui lui sont les plus chères. Je serai craint, haï même de la plus grande partie de la cour, de tout ce qui sollicite des grâces. On m’imputera tous les refus ; on me peindra comme un homme dur, parce que j’aurai représenté à Votre Majesté qu’elle ne doit pas enrichir même ceux qu’elle aime, aux dépens de la subsistance de son peuple. Ce peuple auquel je me serai sacrifié est si aisé à tromper, que peut-être j’encourrai sa haine par les mesures mêmes que je prendrai pour le défendre contre la vexation. Je serai calomnié, et peut-être avec assez de vraisemblance pour m’ôter la confiance de Votre Majesté. Je ne regretterai point de perdre une place à laquelle je ne m’étais jamais attendu. Je suis prêt à la remettre à Votre Majesté dès que je ne pourrai plus espérer de lui être utile ; mais son estime, la réputation d’intégrité, la bienveillance publique qui ont déterminé son choix en ma faveur, me sont plus chères que la vie, et je cours le risque de les perdre, même en ne méritant à mes yeux aucun reproche.

      Votre Majesté se souviendra que c’est sur la foi de ses promesses que je me charge d’un fardeau peut-être au-dessus de mes forces, que c’est à elle personnellement, à l’homme honnête, à l’homme juste et bon, plutôt qu’au roi, que je m’abandonne.

      J’ose lui répéter ici ce qu’elle a bien voulu entendre et approuver. La bonté attendrissante avec laquelle elle a daigné presser mes mains dans les siennes, comme pour accepter mon dévouement, ne s’effacera jamais de mon souvenir. Elle soutiendra mon courage. Elle a pour jamais lié mon bonheur personnel avec les intérêts, la gloire et le bonheur de Notre Majesté.

      C’est avec ces sentiments que je suis, Sire, etc.

      Anne Robert Jacques Turgot Compiègne, 24 août 1774

    2. Avatar de romain
      romain

      @ liervol
      c’est un bien beau texte que vous avez recopie la.
      Mais ou voulez vous en venir ?

    3. Avatar de du fond de la classe

      Anne Robert Jacques Turgot Compiègne, 24 août 1774
      Belle trouvaille que ses conseils d’économies d’un ministre à son roi .

      Mais, cette fois ci, çà ne mettra pas dix ans avant la révolte

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Turgot

  22. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    « ….que les Etats Unis se sont sortis de la première grande crise mondiale des années 30 que grâce à une relance de ce type. »
    Le new deal de Roosevelt est un sujet discutable, tout n’a pas bien marché.
    Vous oubliez que l’Europe n’a rien à voir avec les Etats-Unis. L’Amérique est une nation fédérale, n’a qu’une seule langue officielle, elle est assez homogène en ce qui concerne sa culture et sa facon de gérer les affaires, elle pratique non pas la démocratie, mais un capitalisme autoritaire. C’est à ce dernier point que l’Europe ressemble de plus en plus aux Etats-Unis.

    1. Avatar de liervol

      Une relance de ce type sans remettre en cause ce qui nous a conduit là ne sert à rien, pas plus que les politiques de rigueur à la va vite actuelle et qui détruisent sans créer de valeur ajoutée pour le futur. Gérer la trésorerie, c’est avant tout savoir à quoi on destine la trésorerie ce qui semble être le dernier des soucis de gouvernants, c’est savoir si on la destine au bien vivre des peuples où à l’opulence d’une minorité, c’est savoir si on progresse ou si on régresse.

  23. Avatar de Rosebud1871
    Rosebud1871

    [L’État-providence est donc encore le deus ex machina que l’on invoque, parfois à son insu, pour arriver au dénouement de « la question des sociétés de secours mutuels ; » car, le propre de l’intervention officielle est de mettre en question toute chose, c’est-à-dire détourner de leur cours naturel l’action des principes et la logique des faits. En dépit des défiances traditionnelles de l’État, les associations ouvrières avaient survécu au renversement des institutions démocratiques que résumait la vieille Commune. Dans la dernière forme de l’organisation du travail, indépendant de la tutelle gouvernementale, le compagnonnage, à côté de quelques abus sans danger sérieux, qui d’ailleurs tendaient à disparaître chaque jour, offrait, aux intérêts publics comme aux intérêts particuliers, des garanties relatives dont il eût été bon de tenir compte. L’ouvrier agrégé trouvait, sur tous les points du sol, patronage, travail et salaire ; partout ses pairs lui donnaient aide et protection pendant sa vie, et lui rendaient les honneurs funèbres, cette suprême ambition de l’ouvrier, lorsqu’il mourait pauvre ou loin des siens. Les sociétés de secours mutuels s’étaient même organisées en dehors du compagnonnage, et il en existait près de trois mille en 1848.] In journal des économistes. 1860

    Wohlfahrtsstaat crée par Bismarck ou Welfare-state d’inspiration Keynésienne, il semble bien que l’État providence est venu petit à petit prendre le relai de pratiques de solidarités pouvant parer au coups durs de l’existence, pratiques familiales au sens large et pas nucléaire d’aujourd’hui, pratiques de voisinage, de village mais aussi embryon d’associations de travailleurs, et rôle charitable de l’appareil religieux.

    La pérennité du terme de « providence » pour décrire le rôle de l’État dans sa fonction de justice distributive et redistributive possède quelque chose de suranné.
    Il serait bon de le faire disparaître comme de faire disparaître tout ce qu’il entraîne comme commentaires également surannés.
    Au profit de quoi ?
    Rien d’autre que reconnaître que le rôle de L’État est d’organiser ce à quoi la Constitution devrait l’engager :
    « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
    Et son préambule :
    « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».

    C’est pas possible ? alors on peut changer la devise nationale.

    « Vive les forts, survivent les faibles »

    C’est bref, c’est clair, facile à appliquer

    1. Avatar de la menuise

      « Vive les forts, survivent les faibles et que crèvent les autres»
      serait plus proche de la réalité actuelle.

      préambule de la Constitution:
      « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».
      Il y a un débat inaudible en cours, sur les termes mêmes.

    2. Avatar de mianne
      mianne

      @ Rosebud

      Vous dites : « Rien d’autre que reconnaître que le rôle de L’État est d’organiser ce à quoi la Constitution devrait l’engager :
      « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
      Et son préambule :
      « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».

      Cela fait près de 20 ans que, pour ne pas avoir à répondre devant des tribunaux aux millions de chômeurs en colère, le gouvernement a fait subir au texte de certains articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen une modification aussi subtile que perverse.
      Ainsi, le citoyen qui avait auparavant  » droit au travail », n’a plus aujourd’hui que « le droit de travailler », ce qui n’est pas du tout la même chose . C’est cette version du préambule de la Constitution qui est affichée aujourd’hui dans nos collèges .

      Le peuple est victime d’une nouvelle guerre de la part de dirigeants cyniques avec la complicité de médias aux ordres, la guerre de la novlangue, la guerre du vocabulaire . C’est une guerre psychologique insidieuse qui, par l’association paradoxale de certains termes, veut lui faire accepter les mauvais traitements qui lui sont infligés comme des mesures positives . C’est la diffusion de la novlangue ou l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes, un lavage de cerveau , très efficace, du petit peuple, sans sortir de la légalité .
      Par exemple, l’adjectif « social » ayant une connotation positive, on n’annonce plus qu’une multinationale licencie des milliers de salariés, mais qu’elle prépare « un plan social » .

      De même, quand on bombarde un pays sans déclaration de guerre et qu’on massacre en premier lieu tout le cortège d’une noce, on ne parle pas d’un massacre de civils mais de « dommages collatéraux ».

      C’est un excellent exercice de prendre les éditoriaux de grands journaux, de repérer ces expressions et de les remplacer par leur ancienne appellation, celle qui disait la réalité des choses. Tous ces articles édulcorés deviennent soudain menaçants et même terrifiants .
      Les traduire ainsi en termes clairs pour aider les lecteurs qui n’ont pas eu l’opportunité d’apprendre à interpréter un texte me semble représenter le premier acte de résistance que nous pourrions attendre de la part de nos intellectuels.

    3. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      @la menuise 17 octobre 2010 à 06:22
      Non « que crèvent les autres » est un peu fort. C’est devenu scandaleux et pas seulement en Europe. Sur le débat inaudible, je n’ai pas de doute qu’il est incontournable. Il concerne d’abord ce que vaut une vie d’être vécue, et une activité sociale est une part du sens qui s’y réalise, qu’il s’agisse de ses effets d’identification à un groupe et des liens sociaux qui s’y nouent et dénouent. Il y a bien sûr de rares exceptions. Ensuite la question de la rémunération est un autre problème.

      @mianne 17 octobre 2010 à 20:05
      Je sais qu’il existe des finesses textuelles qui ouvrent des gouffres entre la déclaration de 48, notre constitution de 58 et son préambule, et la dite constitution européenne.
      J’entends bien vos autres remarques et j’y souscris. La semaine dernière, parce que j’en avais la liberté je me suis pointé à une réunion organisée par un Conseil Général sur un thème voisin de mes préoccupations professionnelles. Il y avait des politiques et des administratifs. À la tribune défilaient de brefs rapports et revenaient les notions d’inégalités sociales, d’harmonie sociale. Je leur ai demandé pourquoi ils évitaient le terme d’économique, ça a jeté un froid, mais certainement pas provoqué d’insomnie. Je me suis fait plaisir, c’est tout.

  24. Avatar de von der blob
    von der blob

    si vous croyez encore qu’il est possible de faire revenir ce système vers ce qu’il a été dans les années 60 ou 70, cad le gentil état capitaliste qui prend soin des gens, vous planez en orbite… ce qui se passe est juste le résultat logique de l’évolution technologique et il n’y a AUCUN retour possible en arrière (et je vous renvoie vers Ellul si vous ne comprenez pas le processus)…

    Sur ce, ça commence à me fatiguer de lire sans cesse le même article décliné à l’infini à chaque fois que je viens sur ce site, et les mêmes commentaires de crapaud rouge qui trouve ça brillant et de jéremie avec ses citations à la « tant va la cruche à l’eau… », de Sarton du Jonchay qui croit dur comme fer que le monde est réductible à la science économique et la cohorte habituelle des flatteurs qui sont pour la plupart des gens qui ont découvert il y a 3 mois que quelque chose clochait dans la belle histoire qu’on leur raconte depuis toujours…

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Sur l’évolution technologique, je vous suis même si c’est plutôt avec B Stiegler comme viatique (pas très inspiré pour lire Ellul… ca doit se soigner).

      Sur le flot de critique qu’on sent percer aux uns et aux autres, comment pouvez vous être sûr de quoi que ce soit dans un monde de désorientation et de fragmentation ?
      Chacun son bout de bois du navire qui coule pour aller nager jusqu’à une ile qu’on ne voit toujours pas bien. Si vous êtes logique avec vous-même, vous ne pouvez pas vous plaindre, parce qu’alors vous vous plaindrez de tout. Si l’un d’entre les bloggueurs pouvait nous convaincre en grande majorité, il l’aurait déjà fait.
      Seules des contraintes matérielles (genre écoper l’eau qui rentre à bord, en vrai) soudent des gens dans une communion d’exécution, on l’a vu au Chili avec les mineurs, la population entière à communier avec ceux qui foraient pour sauver les prisonniers de la Mine. Pour choisir des lois, et surtout celles de l’économie, c’est Babel qui prévaut.
      Et ce sont donc nos supports de mémoire, leur capacité à transmettre les savoir-faire et pas seulement du « buzz ».
      Dans son analyse du billet d’aujourd’hui dans Marianne, JFKahn parle de la musique contemporaine qui , hors des gens obligés de faire audible comme Prokofiev et Chostackovicth ou stravinsky, est devenue élitiste faute d’adaptation des systèmes de réceptions du peuple au « système d’émission » des musiciens. (Après JFK dit que la gauche assez extrême est comparable à la musique contemporaine, si j’ai bien suivi)
      En langage Stieglerien, c’est la rupture d’un « milieu associé » dont il parle ainsi. Et une fois que le milieu associé n’est plus, la reconstitution du suivant prendra longtemps. Entre temps nous errons, et les billets comme celui d’aujourd’hui sont les morceaux de bois du navire. S’y accrocher aide juste à attendre qu’on voit une ile, voire à construire une voile de fortune pour prendre le vent et se déplacer. Nada mas si on est un peu cynique, mais déjà beaucoup.

    2. Avatar de timiota
      timiota

      [Errata] … la population entière a communié…

      En langage Stiegler-Simondon, c’est la rupture d’un milieu associé

    3. Avatar de michel lambotte
      michel lambotte

      L’état providence était à la suite d’un concoursde circonstances, et ce concours de circonstances s’appelle technologie et pétrole.
      Et comme vous le dites aucun retour en arrière n’est possible.
      Une seule planche de salut, faire mieux avec moins d’énergie, la technologie peut nous y aider, mais il s’agira surtout d’une solution sociétale mise en place par les citoyens dans une solidarité internationnale.
      Peut on s’inspirer de l’état providence, je n’en sais rien, mais on peut aussi penser que l’ultrlibéralisme n’en est aucun cas la solution.
      La planche de salut n’est pas de s’accrocher désespérément aux acquis impossible à retenir mais de créer autre chose.
      Le message a du mal à passer, je vous l’accorde.

    4. Avatar de M

      Voilà pourquoi, et je pense que personne n’est dupe, il faut en //
      – résister contre la casse actuelle –
      car si cela ne vous inspire pas, c’est parce que vous vous sentez hors danger immédiat – que cette résistance comporte bien autre chose que des acquis sur lesquels certains seraient « coincés », mais sur un dégoût profond d’une société d’une injustice flagrante, qui abaisse la population, et qui attise la haine vers un groupe humain, qui est « ségrégante », qui dissocie au lieu d’associer ….
      – réfléchir à une politique plus digne, sur moyen et long terme, donc il s’agit d’une reconstruction :
      cela prend du temps …
      Et dès maintenant, chacun(e) à son échelle, rebatir des solidarités …
      Il n’y aura pas une solution miracle, copié-collé d’autre pays, qui vont tous dans le mauvais sens,
      mais des tâtonnements, et des solutions diverses …
      Il faut oeuvrer à petite, moyenne, puis grande échelle …

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      @von der blob : « les mêmes commentaires de crapaud rouge qui trouve ça brillant » : le seul type au monde vraiment brillant, c’est Kafka, mais il ne tient pas de blog et j’ai déjà lu tous ses livres.

  25. Avatar de romain
    romain

    @ Germanicus
    « Le new deal de Roosevelt est un sujet discutable, tout n’a pas bien marché. »
    Certes, mais le principal a marche: redonner confiance aux americains dans leur systeme economique.
    Apres le krash de 1929, la reprise de l’economie americaine a debute au debut/milieu de l’annee 1933, soit au moment de l’election (ou peu apres, selon les economistes) de Roosevelt. Or ce qu’il avait promis durant sa campagne, et realise dans les mois suivant son election, fut une reforme du systeme bancaire. Le mot d’ordre etait alors « regulation ». Ainsi la reprise de l’economie ne fut pas le fait d’une relance keneysienne (qui survint plus tard), mais fut principalement due a la reforme du systeme promise et effectuee par Roosvelt en 1933.
    Or, si l’on compare avec la crise actuelle, il convient de constater que rien n’a etait fait pour redonner confiance et foi aux citoyens en leur systeme economique/social.
    Remember … « Only Thing We Have to Fear Is Fear Itself ».

  26. Avatar de panik
    panik

    Oui, imposture et forfaiture…Le propre frère du président de la République Française, Guillaume, est au conseil d’administration d’un assureur spécialisé en retraites complémentaires, Malakoff Mederic. Avec la mise en oeuvre impossible d’un départ en retraite à 67 ans pour pas mal de gens, il s’assure des clients à foison. Auparavant il gérait l’activité Alzeimer d’un labo pharmaceutique et nous avons eu le plan Alzeimer du frère président. Par ailleurs le parton d’un autre boîte associée dans ce projet de retraites complémentaires n’est autre que François Pérol, ancien conseiller de l’Elysée et instigateur des subprimes dans la banque Dexia. Comme quoi on sait qui doit payer le trou de la caisse des retraites : je propose une confiscation immédiate de tout le patrimoine.

  27. Avatar de liervol

    « Une chose m’étonne prodigieusement – j’oserai dire qu’elle me stupéfie – c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose. Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ?

    Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l’attendons.

    Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s ‘obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout. Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire 1′être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin !

    Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer – ô folie admirable et déconcertante – des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur « qui la connaît » et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans « les résultats de sa toute-puissance » qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait. Mais les autres ?

    Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?

    À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus ?… Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ?

    Qu’est-ce qu’il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat. Et c’est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.

    Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

    Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ? Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

    Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

    Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève. »

    Octave Mirbeau 1848-1917

    Il est paru en 1888 dans le figaro,

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