Billet invité
Durant des mois et des mois – et même encore aujourd’hui – un déni généralisé a prévalu. Une attitude adoptée par tous ceux qui, dépassés par les événements ou dissimulant leur collusion, se sont ingéniés à ne pas reconnaître l’étendue et la profondeur des dégâts.
Minimisant ceux-ci et se conduisant comme s’ils étaient en mesure d’y faire face. Montant des opérations de diversion, comme l’ont été la traque des évadés fiscaux ou la lutte avortée contre les primes et les bonus des banquiers et traders. S’essayant à désigner des boucs émissaires. Usant de toutes les ficelles de la communication pour masquer l’inanité de leurs réponses à la crise. Ainsi que la légèreté avec laquelle ils abordaient la mise en place d’une régulation financière.
Tout cela n’a qu’un temps et ne va pas pouvoir être poursuivi sur le même mode. La guerre monétaire ne fait que commencer et ne va plus permettre de persévérer dans le même autisme.
Aux Etats-Unis, la Fed se prépare à attiser le feu en remettant en marche la planche à billets, accentuant la chute du dollar. En Europe, la BCE fait le grand écart avec elle en adoptant une stratégie opposée, l’Allemagne accentuant sa pression pour imposer sa stratégie de lutte prioritaire contre les déficits publics. Ces deux fuites en avant se valent l’une comme l’autre en raison des dangers qu’elles recèlent.
Le monde de la finance est dans l’attente des mesures que devrait confirmer la Fed, tout en s’interrogeant sur leurs conséquences. Convaincu de leurs effets déstabilisants renforcés sur les marchés monétaires et dubitatif quant à leur impact réel sur l’économie américaine. Comme si elles représentaient – mission ultime d’une banque centrale en mal de cartouches – une sorte de plan de dernier recours qui ne peut pas ne pas être engagé, sa principale raison d’être en définitive.
Alors, pourquoi donc s’y lancer et exporter à nouveau la crise américaine, dans le fallacieux espoir d’en faire supporter le coût par les autres ? Est-ce par la force de l’habitude, suite à l’épisode précédent et à l’inondation des banques occidentales par les actifs toxiques américains ? Ou comme une dernière tentative d’abuser du statut privilégié du dollar ? En désespoir de cause, telle une fuite en avant qui ne peut plus être stoppée ?
La vérité est que ni la Fed, ni Ben Bernanke son président, ne seront des chevaliers blancs. Les dirigeants chinois, de leur côté, n’envisagent pas de jouer le rôle d’une victime expiatoire : « Les Etats-Unis ne peuvent pas, pour des raisons intérieures, faire supporter leurs problèmes économiques et d’emploi. Le taux de change du yuan ne doit pas être le bouc émissaire des problèmes intérieurs américains », a déclaré Yao Jian, le porte-parole du ministère chinois du Commerce. En attendant, les surplus chinois et le déséquilibre de la balance commerciale américaines se poursuivent.
Les Japonais, qui avaient du plier face aux Américains lors des Accords du Plaza, n’ont plus les moyens de le faire une seconde fois. Pour ne pas les mettre directement en cause, Naoto Kan, le premier ministre, a souligné que « le G20 s’est mis d’accord sur le fait que les fluctuations excessives des taux de change n’étaient pas souhaitables. De ce point de vue, la forte hausse du yen peut être considérée comme une fluctuation excessive ».
Sans surprise, enfin, l’euro continue de monter vis à vis du dollar et les cours du pétrole et des matières premières subissent également les contre-coups de la dépréciation du dollar. La déstabilisation est générale et va s’accentuer.
Les mouvements de capitaux, notamment vers l’Asie, en sont le vecteur. Il est estimé que 8,6 milliards de dollars y ont été déversés durant les neuf premiers mois de l’année, uniquement en Inde, Indonésie, Corée du Sud et Thaïlande, ainsi qu’au Vietnam, aux Philippines et à Taiwan. Pour la même période de l’année dernière, le montant était de 94 millions de dollars ! En Chine, les sociétés étrangères ont investi 74,34 milliards de dollars en Chine durant la même période, soit 16,6% de plus que l’année dernière.
Les Américains préparent une réédition unilatérale des Accords du Plaza, en pratiquant une politique du fait accompli dont les objectifs sont identiques. Ceux-ci s’étaient soldés par une réévaluation du yen par rapport au dollar (ainsi que du Deutsche Mark), contribuant, dans les années qui suivirent leur signature en 1985, à l’essor américain et au plongeon japonais. L’histoire ne repasse certes jamais les mêmes plats, les Chinois ne sont pas les Japonais et les contextes ont changé, mais il ne sortira de cette manœuvre de la dernière chance qu’une exacerbation des contradictions d’intérêt entre puissances qui va faire obstacle la coordination des efforts. Le G20 est très mal parti !
En Europe, une autre logique continue de se dérouler implacablement, dont les échéances ne sont que provisoirement repoussées. Les relations consanguines très poussées instaurées entre dette publique et privée ne peuvent pas être dénouées si l’on continue d’occulter l’état du système bancaire. La crise de l’une renvoie à celle de l’autre, nier leur coexistence destructive pour ne combattre que la première condamne à terme la zone euro à l’éclatement.
L’accalmie enregistrée sur le front obligataire ne doit pas faire illusion. Les investisseurs sont de retour sur les marchés boursiers, qui bénéficient à nouveau de leur fervente faveur, dans l’attente de la remise en marche de la planche à billet américaine et britannique et de ses conséquences haussières prévisibles.
Leur talent s’arrête là. Les grandes transhumances des capitaux sont en effet sans surprises : ils manifestent un tropisme prononcé qui les dirigent vers les régions du monde où les taux sont les plus élevés – les pays émergents – et il passent alternativement du marché obligataire à celui des actions, faisant preuve du meilleur opportunisme, suivant la ligne de plus grande pente des rendements.
Une partie plus décisive est parallèlement en train de se jouer. Alex Weber, président de la Bundesbank et Jürgen Stark, chef économiste de la BCE, viennent d’accentuer leur pression afin que soient stoppées les mesures non conventionnelles de la BCE. Celles qui soutiennent à bout de bras les banques en difficultés, grecques, irlandaises, portugaises et espagnoles en premier lieu.
« Ces banques ou groupes de banques ne doivent pas compter sur la BCE pour couvrir leurs besoins de refinancement », a-t-il expliqué, renvoyant sur leurs Etats respectifs la responsabilité de couvrir leurs besoins de financement. Il est également intimé d’arrêter les achats des obligations des pays en difficulté sur le second marché, qui ont contribué à contenir la hausse des taux.
Appliqué, un tel double arrêt aurait pour inévitable effet de précipiter les pays en question dans une crise aiguë, les amenant à quitter la zone euro et à renégocier leur dette. Le système bancaire européen – les banques allemandes et françaises au premier chef – seraient immédiatement déstabilisées à leur tour, un effet domino s’en suivant.
De quoi cette politique procède-t-elle, si ce n’est d’une autre fuite destructrice en avant ?
Si l’on comprend bien, il faudrait sauver ce qui peut l’être de la zone euro, en faisant la part du feu. Afin de conserver les avantages d’une zone monétaire où les Allemands et leurs partenaires pourront continuer de trouver leurs aises, car elle est le débouché principal de leurs exportations et le champ de leurs délocalisations industrielles, en Europe de l’Est. C’est faire peu de cas des bouleversements imprévisibles qui résulteraient de cet éclatement.
Car sur un autre registre, Alex Weber s’est déclaré tout aussi inflexible. Les sanctions prises contre les pays qui ne respecteraient pas les ratios de déficit et de dette devraient être selon lui « automatiques », prenant le contre-pied de ceux qui souhaitent apporter souplesse et accommodements à la procédure.
Dans le monde fermé qui est le leur, enfin, les milieux financiers prétendent faire valoir haut et fort leurs prérogatives. Ils pratiquent aussi l’art inconséquent de la fuite en avant. Au Royaume-Uni, la City multiplie les menaces à la délocalisation de ses activités, au nom de sa contribution à hauteur de 10% au PIB britannique et de ses 300.000 emplois. Tout en se félicitant de la décision gouvernementale de ramener le taux d’imposition des sociétés de 28 à 24%, la municipalité de la « City of London » vient de déplorer le maintien du taux élevé d’imposition des particuliers, comparable à la France ou l’Allemagne, dit-elle (une horreur!).
Richard Lambert, le patron des patrons britannique directeur de la Confederation of British Industry, a mis les pieds dans le plat, en se référant aux critiques « irresponsables » des banquiers : « Comprennent-ils que si le Royaume-Uni veut rester un centre financier de premier ordre, il lui faudra retenir des gens qui sont payés horriblement cher ? Et comprennent-ils le risque qu’il y a à imposer des règles unilatérales dans une industrie qui est totalement mondiale ? ».
87 réponses à “L’actualité de la crise: L’HEURE DES FUITES EN AVANT A SONNÉ , par François Leclerc”
Et si la planche à billets américaine était « plus subtile » que cela?
Il est possible que la « menace » d’actionner la planche à billet suffise pour faire baisser le dollar. En effet, le volume des dollars liquides existant est tel qu’une menace d’en rajouter la quantité annoncée (de l’ordre de milli milliards de dolllars) suffira peut-être de faire sortir du bois une partie de ces sommes gelées dès maintenant. En tout, c’est ce qui s’observe à la bourse, actuellement haussière.
Quant aux allemands Axel Weber&co, on verra qu’ils n’auront pas les moyens de mettre leurs menaces à exécution, car un vrai éclatement de la zone euro signifierait la fin instantanée des exportations extravagantes de l’Allemagne, et si eux ne le savent pas, les industriels et le politiques allemands le savant sans aucun doute, et la BCE continuera à soutenir les banques défaillantes en fin de compte, j’en suis convaincu.
Autrement dit, la position de la BCE relève de la fanfaronnade et de la posture qui cèdera devant l’urgence des faits.
Autrement dit, il me semble que c’est bien le scénario japonais qui se mondialise en ce moment, tout simplement parce que ni une inflation galopante (planche à billets) ni une déflation aigue ne seraient supportables politiquement. D’où un lent pourissement de tout le système.
Tant que les banques centrales ne se résolvent pas à émettre un signe monétaire nouveau, marqué par le temps (SMT), c’est le scénario japonais qui me semble le plus probable.
Rien n’indique aujourd’hui que la Fed joue au jeu que vous décrivez, pensez au retour de bâton encouru le 3 novembre au soir, quand le communiqué du Comité de politique monétaire sortira…
Je suis plus interrogatif à propos de la fuite en avant des Allemands, car ils ne sont pas le dos au mur comme les Américains.
Possible, oui, mais on peut gagner du temps peut-être!
Quant aux à Axel Weber&co: sa position est doctrinaire et idéologique (une spécialité allemande…), mais Merkel est trop fine politique (peut-être?) pour, éventuellement, contrer cette politique de la BCE soi-disant « indépendante mais s’est toujours alignée quand la maison brûle…
Les allemands sont le dos au mur électoralement. On peut compte sur les banquiers allemands pour se raidir quand ils se sentent menacés par un changement idéologique massif de la population, ce qui est le cas. Après des années d’austérité compétitive, le néo-lib de Merkel a son avenir électoral derrière lui. Pour autant, les allemands ne sont pas chaud pour financer les dettes de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal. Ils voteront n’importe quoi pour éviter ce transfert.
Pour le dollar, le point de non-retour est dépassé, ce n’est plus la monnaie de référence du commerce mondial, il faut encore qu’il pose sa démission formelle et il n’a pas encore de remplaçant, mais ça va viendre en son temps.
La dette US reste notée AAA. La bonne blague… 40 États Us sont en quasi-faillite, l’état fédéral lui-même en est à créer de l’argent par centaines de milliards pour seulement retarder la chute finale.
100 millions d’américains bénéficient de bons d’alimentation. Quand le dollar craquera on ne sait pas ce qu’ils mangeront.
Les chinois pensent de + en + fort à offrir à la population leur montagne de dollars pour espérer en tirer quelque chose tant que c’est possible. Les japonais et les pays pétroliers n’osent pas en parler mais ça les chatouille.
Une autre bonne blague : les chinois possèdent environ 900 milliards de dollars. S’ils exportent 100 millions de chinois pauvres (1/13 chinois, 1/10 chinois pauvres) sur le sol US, chacun muni d’un viatique, ça fait 9000 dollars par personne, et la garantie d’un marché commercial énorme et à long terme. Ce ne sont pas les maisons vides qui manquent aux US.
Qui pourrait empêcher 100 millions de touristes chinois de débarquer? Les gardes-côtes US, en coulant les bateaux chinois ? Ils vont parquer 100 millions de gens dans des camps?
Le cas du dollar et de la guerre monétaire et commerciale serait définitivement réglée.
Le cas de la livre sterling est de + en + catastrophique, les mesures d’austérité qui seront annoncées bientôt risquent d’être extraordinaires et de créer une certaine panique. Le déficit des banques Irlandaise c’est de la petite monnaie à côté du déficit en livres. Un scénario à l’Islandaise paraît de + en + probable a moyen terme, sauf que Londres est un des principaux centre financier mondial, et comme le système financier est systémique-mondial…
En France, le gouvernement Sarko méprise les manifestants, ce qui est dans la bonne vieille tradition de la droite, et commence à utiliser la force contre les grévistes. Sauf que contrairement aux autres grèves, les retraites ne sont que la cristallisation d’un mécontentement populaire de fond. Si les gens prennent conscience de leur pouvoir et de la faible adhésion de la population aux thèses du gouvernement, il ne suffira pas de retirer le projet retraite pour calmer le pays. M’étonnerait pas qu’on ait des élections mi-2011.
Sarko pourra demander l’asile politique chez Berlu.
La planche à billet est une solution « mécanique » à la baisse de vélocité du $.
La vélocité est un facteur déterminant de l’inflation/déflation financière (variations M2, M3). Comme cette vélocité dépend énormément des conditions du crédit bancaire (*) … la situation est de plus en plus paniquante !
(*) en effet la principale source de financement des entreprises dans le monde n’est ni le crédit bancaire, ni le crédit financier, c’est le crédit interentreprises, autrement dit le crédit fournisseur. (NB: il est écrit la principale, pas la seule).
Ainsi Bernanke, comme il l’a annoncé depuis si longtemps, envoye de plus en plus ses « hélicoptères largueurs de billets » pour compenser une vélocité qui plonge, et cette croissance n’est pas linéaire.
Le seuil semble bien être … trop tard ?
(La difficulté suivante serait d’éponger les liquidités créées si d’aventure « ça marche »…).
En attendant ces liquidités vont continuer à engorger les banques, défausser l’économie par la hausse des matières premières , mais le jackpot se déverse à flots continus dans le casino bancaire: champagne, le retour !
On a une assez bonne prédictivité avec la vélocité.
Bof … tout ça n’est pas neuf … sauf que s’y ajoute une convergence de crises.
Quelques beaux graphiques et commentaires:
2010/10/12 Trichet Talks Tough at High Noon
http://ilene.typepad.com/ourfavorites/2010/10/testy-tuesday-trichet-talks-tough-at-high-noon.html
The EU’s Central Banker has a lunch meeting at the NY Economic Club (…) THIS is the most powerful banker in the World, not the hollow Bankster puppet we have setting US policy, and Trichet has fought easy money tooth and nail -even as the US embraced it this year.
As you can see from the Chart on the right, Europe is a bigger (slightly) trading partner of China than the US and a MUCH bigger buyer of US goods than China by a factor of 3. The strong Euro lowers Europe’s trade imbalance as they have to send less Euros to both the US and our peg-partners in China for the same amount of goods they bought last year while the same goods they sold last year ship out in exchange for larger amounts of foreign notes
etc.
les Allemands peuvent très bien développer d’autres partenariats économiques qu’avec l’Europe de l’Ouest … elle a la Russie, l’Europe de l’Est, et bien d’autres encore.
Nous sommes ses boulets, pourquoi ne voudriez vous qu’elle se tire ailleurs ?
Et si l’Allemagne quitte l’Europe l’Europe de l’Ouest est morte ; c’est cela sans doute qui vous effraie ?
Je mets ma petite question ici car elle est liée au commentaire de Johannes.
M. Leclerc, vous écrivez en citant le patron de la Bundesbak :
Sans en faire un cours de prépa à la rue d’Ulm 😉 pourriez vous nous dire succinctement quelles sont les marges de manœuvre des États par rapport à la BCE dans ce contexte ?
@ Didier
Pouvez-vous préciser votre question ?
Merci François Leclerc, je précise ma question : si le patron de la Bundesbank renvoie les États a leur responsabilité pour couvrir leurs besoins de financements, c’est que ces mêmes États ont des moyens pour le faire. Quels sont ces moyens et comment s’articulent-ils avec les moyens et les responsabilités de la BCE ? Par exemple, la France peut elle faire marcher la planche à € comme les USA pour le $ ?
eh, non, seule la banque centrale peut créer des billets, évidemment!
Je soutiens que l’affirmation que la BCE ne se lancerait pas dans QE comme les USA, GB et le Japonn’ est en réalité pas tenable!
Nous avons eu un avant-goût quand Trichet a bien dû acheter les obligations grècques, pourries.
En cas de nouvelle prochaine crise, les affirmations d’Axel WXeber auraont fait long feu, on parie?
François Leclerc écrit : « Les relations consanguines très poussées instaurées entre dette publique et privée ne peuvent pas être dénouées si l’on continue d’occulter l’état du système bancaire. La crise de l’une renvoie à celle de l’autre, nier leur coexistence destructive pour ne combattre que la première condamne à terme la zone euro à l’éclatement. »
Mais la zone euro est condamnée à l’éclatement de toute façon.
La zone euro est condamnée à l’éclatement depuis sa naissance.
Au moment du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, nous étions des centaines de milliers à dire et à écrire que créer une zone euro aboutirait à son éclatement.
On nous a traités de tous les noms en 1992 : on nous a traités de xénophobes, de ringards, d’archaïques, de nationalistes, etc.
Je répète donc ce que nous disions en 1992 :
les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie.
C’est peut-être triste.
C’est peut-être malheureux.
Mais c’est comme ça.
On a toujours tort d’avoir eu raison trop tôt… On dit comme cela ?
C’est surtout que nous n’avons pas su expliquer aux citoyens pourquoi il ne fallait pas voter oui en 1992.
Nous avons été inaudibles en 1992.
Nous n’avons pas été capables de faire passer cette idée :
« Les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie ».
Si la campagne référendaire de 1992 était à refaire, il faudrait communiquer dans des spots télévisés de façon simple, claire, avec peut-être des références historiques. Bref, ça ne sert à rien de refaire le match. Nous avons joué le match en 1992.
Nous avons perdu.
Tout à fait d’accord que la monnaie unique a toujours été coûteuse et ruineuse! Je prédisais dès le départ (j’ai eu raison trop tôt aussi, sans doute) que les zones dominantes ne pourront que dominer davantage avec cette monnaie où l’euro est « trop faible » pour l’Allemagne et « trop fort » pour les autrs, d’où les exportations à ce point délirantes de l’Allemagne!
Sans des réajustement monétaires répétées, les pays du Sud ne tiendront pas! Et, du coup, l’Allemagne vivra aussi un réajustement très brutal quand la zone éclatera, ce qui est assez possible.
L’Allemagne, comme la Chine aussi, est très dépendante de ses exportations!
Je ne comprends pour pourquoi l’Europe ne pourrait pas avoir la même monnaie, cela bien évidemment en s’appliquant de la gérer tout autrement …
Ou alors, comment se peut-il seulement d’exister une monnaie pour n’importe quelle nation, dont géographiquement: les régions ne disposent pas des mêmes richesses, ne présentent pas les mêmes profils de développements ??
dont socialement: les citoyens ne disposent absolument pas des mêmes ressources ??
sans en être entraver de tout un bourgeonnement et de monnaies geographiquement locales, ou de monnaies socialement communautaires ??
Réécrire l’Histoire est un exercice délicieux, j’en conviens ! Mais regarder la création de l’€ uniquement sous l’angle économique n’est sûrement pas la bonne approche. La question était et reste politique. Qu’après 1992 les hommes/femmes politiques n’ont eu de cesse d’utiliser l’€ à des fins de politique intérieure ne disqualifie pas l’€ dans son principe.
Au fait BA, combien payeriez vous votre litre d’essence si nous étions encore en Fr ? La provocation est aussi un exercice délicieux 😉
Réponse à Cécile et à Didier,
Cécile écrit : « Je ne comprends pour pourquoi l’Europe ne pourrait pas avoir la même monnaie, cela bien évidemment en s’appliquant de la gérer tout autrement … Ou alors, comment se peut-il seulement d’exister une monnaie pour n’importe quelle nation, dont géographiquement: les régions ne disposent pas des mêmes richesses, ne présentent pas les mêmes profils de développements ?? »
Parce qu’à l’intérieur d’une nation, il existe un sentiment national.
Autrement dit :
à l’intérieur d’une nation, il existe un sentiment de solidarité.
Exemple : quand une région française est ravagée par une tempête, les contribuables des 21 autres régions acceptent de payer des milliards d’impôts en solidarité.
D’ailleurs, les contribuables des 21 autres régions françaises ne se posent même plus la question : « Est-ce-que les habitants de la région française sinistrée méritent que mes impôts servent à les renflouer ? »
Les contribuables des 21 autres régions françaises ne se posent même plus la question car à l’intérieur de la nation France, le sentiment national existe. Le sentiment de solidarité existe.
Conclusion :
il faut attendre des siècles pour qu’un sentiment de solidarité apparaisse à l’intérieur d’un grand territoire : le sentiment national met des siècles à apparaître.
Après cette apparition progressive, ET SEULEMENT APRES, on peut s’appuyer sur ce sentiment de solidarité pour construire une monnaie.
Je dis bien : APRES.
La monnaie est la cerise sur le gâteau.
La monnaie est ce qui vient en dernier.
Or, que s’est-il passé en 1992 ?
En 1992, on a décidé de supprimer les monnaies nationales.
On a décidé de créer une nouvelle monnaie supranationale européenne, alors qu’il n’existait aucun sentiment supranational européen.
On a construit une usine à gaz, construite sur du vide.
On a bâti une usine à gaz sur du vide.
Il est donc normal qu’elle s’effondre.
La difficulté de votre raisonnement vient que la monnaie est historiquement née avant la nation ! Ces concepts n’ont comme existence que celle que l’histoire leur accorde.
Oui, mais sur un grand territoire, il ne peut pas y avoir de monnaie unique sans sentiment de solidarité.
Si une région de ce grand territoire est ravagée par un évènement climatique, ou économique, ou financier, etc, les contribuables de toutes les autres régions acceptent de payer SI, ET SEULEMENT SI, UN SENTIMENT DE SOLIDARITE EXISTE.
Mais en revanche, si tous les autres contribuables refusent de payer, la région fait faillite … puis elle se détache de l’ensemble car plus rien ne l’y rattache.
Pour rigoler, je rappelle les dessins animés de Vil Coyote qui poursuit Bip Bip l’autruche !
Vil Coyote court, puis il arrive au bord de la falaise : il continue de courir dans le vide !
Mort de rire !
Ensuite, Vil Coyote s’arrête de courir : il réfléchit, il se penche, il touche avec sa main pour sentir si le sol est bien là, sous ses pieds.
Vil Coyote ne sent rien.
Vil Coyote comprend qu’il est en train de courir sur du vide !
Alors, Vil Coyote tombe et s’écrase au fond du précipice.
La construction de la monnaie unique, c’est exactement ça.
La construction de l’euro, c’est exactement ça.
Nous en sommes arrivés au moment précis où nous touchons avec notre main pour sentir si le sol est bien là, sous nos pieds.
« François Leclerc dit :
16 octobre 2010 à 11:09
La difficulté de votre raisonnement vient que la monnaie est historiquement née avant la nation ! Ces concepts n’ont comme existence que celle que l’histoire leur accorde. »
Quelles réponses l’histoire accordera -t-elle à vos propres analyses ?
L’histoire, au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, n’accorde de l’existence qu’aux forces militaires, aux forces financières, aux forces technologiques que dans la mesure où apparaît un consensus social.
Question toute simple M Leclerc: Où est votre balance comme celle à laquelle se référait systématiquement Jean Monnet et…..quel est selon vous le consensus qui épouse cette balance ?
Tout le reste est bla bla bla !
BA : êtes vous sûr qu’il y a de la solidarité entre la Californie et le Massachusetts ? Et pourtant le $ est un monnaie unique non ? Êtes vous sûr de la solidarité entre Shanghai et QongQing (Sichuan) et pourtant le Yuan est une monnaie unique non ? La référence à la notion de nation n’a rien à voir avec ce qui doit être un outil. Je ne suis pas Polonais mais j’accepte que les Polonais aient la même monnaie que moi. Vivez au XXIème siècle, pas au XIXème !
« Le nationalisme, c’est la guerre » F. Mitterrand – la guerre des monnaies, c’est pas mieux
Albin : c’est faire peu de cas de Luther, Vinci et de la Renaissance en général, de Voltaire, Rousseau, Diderot, Condorcet et des Lumières en général etc. … je ne peux pas vous suivre sur ce chemin
Didier écrit : « Vivez au XXIème siècle, pas au XIXème ! « Le nationalisme, c’est la guerre » F. Mitterrand. »
Encore !
Encore ces arguments !
Toujours les mêmes arguments depuis 1992 !
Je suis anti-nationaliste.
Je suis contre la monnaie unique.
Vous le faites exprès ou quoi ?
@ ALBIN
Je ne suis pas à la recherche d’un introuvable et idyllique consensus social.
Dans sa préface à la « Critique de l’économie politique », Karl Marx a expliqué dans une formule restée célèbre et énigmatique – pour être citée la plupart du temps de manière tronquée – que selon lui « …l’humanité ne se pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre ». Tout en poursuivant dans la même phrase « …car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en passe de le devenir. »
Sans même entrer dans la discussion sur ce qui fait avancer l’histoire (son moteur) – vous identifiez pour votre part des forces militaires, financières et technologiques – il est possible de se demander le sens que l’on voudrait lui imprimer. Ce qui revient à s’interroger sur ce que veut dire progrès.
Que la société se donne collectivement les meilleurs moyens pour régler les problèmes qu’elle rencontre me semble être un objectif pertinent. Ce qui revient à élargir et étendre le concept de démocratie.
oui ce n’est pas mauvais ce texte
l’auteur maitrise bien son sujet, on a l’impression qu’il explore les moindres recoins.
c’est bien écrit, c’est simple, trop simple a lire.
Au contraire de Mr Sarton du Jonchay qui a un style a lui bien particulier
qui a des tournures de phrases complexes qui éveillent notre intérêt et nous triturent l’esprit
nous faisons partir dans toutes sortes de pensées.
Il nous faut le lire attentivement.
votre texte mr Leclerc certes bien écrit est comme une soupe qu’on avale.
Rien ne vous empêche d’y rajouter votre grain de sel !
Monsieur Leclerc est peut-être assez malin pour comprendre qu’il ne s’adresse pas uniquement à la crème de la société, mais également à des sous-prolo bac-3 comme moi.
Je n’ai pas de préjugés de cette nature. Du cours préparatoire à la rue d’Ulm !
Je m’adressais à monsieur goupil qui semble croire qu’il n’y a que des gens comme lui qui lisent ce blog.
La France est une société de caste, au sens hindou du terme. Je suis souvent surpris par tous ces gens qui ne se rendent même pas compte que juste à côté de leur monde, il y en d’autres dont ils n’ont pas la moindre idée.
@ Tous les commentateurs qui ont posté depuis le changement de présentation du blog,
Je vais faire mon « Julien Alexandre » 😉
Un petit problème de pré-remplissage automatique de la case « Site », dans la barre de renseignement, par un « http:// », faisait que tous les commentateurs se retrouvaient avec un nom qui s’activait en rouge dès le second commentaire. En effet le http:// se doublant ( puis se triplant, et ainsi de suite à chaque nouvel envoi) comme ceci : http://http:// …le nom s’activait pour n’aboutir nulle part.
Cela nous vaut depuis 48 heures une belle enfilade de commentateurs écarlates, au milieu desquels ceux qui ont vraiment un site ou un blog en lien sont égarés.
Depuis quelques heures le pré-remplissage est réparé. La case « Site » est vide.
Pourtant les liens vides continuent à s’attacher à certains noms.
Je crois en comprendre la raison :
il faut penser, pour ceux qui ont posté récemment, à « réinitialiser » votre navigateur ou bien à vider manuellement la case « Site » car chaque navigateur conserve les données.
C’est ça Julien ? J’ai bon ?
Tout bon Jean-Luc, merci !
Sur mon IPAD je n’arrive pas a voir les vidéo .
Merci de vérifier.
Sinon, Julien, avant d’éteindre à l’atelier tout à l’heure, pourriez-vous laisser un mot au mécano Jean-Baptiste :
Les liens des commentaires ne s’activent toujours pas directement.
Ils sont toujours en gris souris sous le nom du commentateur, et je dois faire (sur Safari) la manip manuelle de glisser cette date dans la barre d’adresse pour qu’elle s’active.
Je dis ça, mais Jean-Baptiste a peut-être déjà mis sa cotte et transpire à l’heure qu’il est sous le capot du blog pour essayer de réparer ça :
( citation apocryphe )
@ Jacques Laroche
Allez directement sur Dailymotion ==> http://www.dailymotion.com/pauljorion
Les vidéos sont alors lisibles sur l’IPad sans problème, via Quicktime.
François,
‘Vous écrivez : Le G20 est très mal parti !
Que nenni. Vous oubliez une chose : Nicolas Sarkosy auteur de nombreuses réformes »courageuses » dans son propre pays, couronnées de succés, va résoudre la problématique monétaire tant son volontarisme est grand.
Le retour de Séoul sera triomphant, Mme Lagarde se réjouissant des avancées remarquables obtenues.
Plus sérieusement, entre vous qui employez souvent le mot »guerre » et Paul qui, dans sa dernière vidéo, a employé le mot arme ou bombe nucléaire, il y a de quoi s’interroger sur l’issue de cette crise.
Bon Week-end.
On dit aussi la guerre des nerfs !
Que voulez vous qu’on vous dise : C’est la vie :
Vous avez eu une vie. Il y a des moments où vous aviez une vie. Certes vous ne vous en souvenez plus très bien ; mais des photographies l’attestent. Ceci se passait probablement à l’époque de votre adolescence ou peu après. Comme votre appétit de vivre était grand alors ! (..)
Plus surprenant encore, vous avez eu une enfance. Observez maintenant un enfant de 7 ans, qui joue avec ses petits soldats sur le tapis du salon. (..) Pourtant il joue aux petis soldats, et l’intérêt qu’il prend à ces représentations du monde et de la guerre semble très vif…
Vous aussi vous vous êtes intéressé au monde.C’était il y a longtemps ; je vous demande de vous en souvenir. Le domaine de la règle ne vous suffisait plus. Vous ne pouviez vivre plus longtemps dans le domaine de la règle ; aussi vous avez dû rentrer dans le domaine de la lutte…
Maintenant vous êtes loin du bord : oh oui ! comme vous êtes loin du bord. Vous avez longtemps cru à l’existence d’une autre rive. Tel n’est plus le cas. Vous continuez à nager pourtant, et chaque mouvement que vous faites vous rapproche de la noyade. Vous suffoquez, vos poumons vous brûlent. L’eau vous parait de plus en plus froide, et surtout de plus en plus amère. Vous allez mourir maintenant. Ce n’est rien. Je suis là. Je ne vous laisserai pas tomber. Continuez votre lecture.
Souvenez vous encore une fois, de votre entrée dans le domaine de la lutte. (Houellebecq, 1994).
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Amusant, la parole que m’a dite une DRH un jour. « Lorsque vous aurez compris qu’on ne maitrise rien… « .
Ainsi je suis tiraillé entre une motion d’action et une autre de passivité, à la limite la seule chose qui peut m’arriver est de mourir, et après ? Le destin conduit celui qui acquiesce et entraine celui qui résiste. Il n’y a pas à aimer les faits, seulement à abandonner la volonté. La force du destin est si écrasante qu’à la limite cette autorité supra-personnelle est ce qui reste; parler de soi au passé. L’imparfait du présent.
Lire Lie-tseu, « sur le destin ».
Les paroles de Yin Hi
Kouan Yin Hi dit : » Les formes et les choses se manifestent à celui qui n’est pas attaché à son être propre. Dans ses mouvements, il est comme l’eau ; dans son repos, il est comme un miroir et dans ses réponses il est comme l’écho. C’est pourquoi le Tao est une fidèle image des choses. Quoique les choses s’opposent au Tao, le tao ne s’oppose pas aux choses.
Le Tao : Quand on emploie le Tao, il remplit le vide ; quand on le met de côté, on ne le retrouve plus.
Il n’est pas assez loin pour qu’on ait besoin d’une recherche rigoureuse pour le trouver ; mais il n’est pas assez proche pour qu’on puisse le trouver par hasard.
C’est en silence qu’on l’atteint ; seul, celui dont la nature atteint la perfection peut l’atteindre. le sage qui oublie ses passions, celui qui n’utilise pas ses talents, ceux là ont le vrai avoir et le vrai pouvoir. »
Ne pas agir semble le principe du Tao. Il faudrait s’en remettre à Dieu comme les pélerins et les ordres nomades d’avant, les ordres pauvres, mendier… Abandonner cette société et errer. Sinon il n’y a pas de sortie mais il faut ne plus tenir à la vie pour le faire, or personne n’en a la force ni la sagesse actuellement. « trop humains ! »
» Quand à celui qui recueille des choses précieuses, c’est comme s’il accumulait de la poussière ; même s’il évite l’action, ses principes restent faux »
Commencer par abandonner ses propres prétentions à avoir, à faire et a éblouir. Comme le disait K Rogers, commencer par savoir qu’on est rien, rien. Une poussière comme on dit !! Ou qu’on n’est pas tout, comme disait G Bataille… simplement parce que c’est la vérité, et il n’y a rien à exiger au dela de ça. Ni a aimer d’ailleurs. J’écris ça pour qu’on se détache des circuits mentaux de ce monde qui nous imprègne. Comme on ne veut rien sacrifier et l’on craint de perdre, l’on pense mal.
… le vrai savoir et le vrai pouvoir…
Merci Lisztfr…
« L’homme qui, peut-être, est le sommet, n’est que le sommet d’un désastre. » (B. Bataille)
Alors on aimerait devenir:
« Impassible face à toute perte et face à tout changement, on entre dans l’initial ciel pur, à travers l’apparition et la disparition des phénomènes infinis. » (Tchouang-tseu)
C’est amusant de joindre un texte de Houellebecq avec les taoïstes, la frontière est à la fois ténue et inexistante entre cette lucidité qui brûle et l’abandon du Moi. Somme toute, le sage et le dépressif profond sont deux cousins pas tellement éloignés.
Il faudrait peut-être abandonner toute prétention à convaincre qui que ce soit, car comme l’a dit de façon subtile Jean Rostand (suivi par Laborit et de J-D Vincent selon moi): « Pour nous il n’y a rien à comprendre, et, hors de nous, personne pour comprendre ».
Ensuite suivre le poète:
« Suppose que tu n’existes pas et sois libre » (Omar Khayyam)
Jusqu’à l’aube enfin, fin d’une longue nuit… 😉
Et si les discours servaient avant tout à persuader ceux qui les déclament ?
Et si le doute absolu était la seule certitude, et si cette posture était intenable pour la plupart étant donné la fragilité et la brièveté de l’existence qui engendrent cette peur panique, elle-même entraînant cette logorrhée sans fin et ce besoin quasi-pathologique de croyance ?
Quoique…
erratum: G. Bataille évidemment
Nos amis du LEAP 2020 viennent de sortir leur production du mois.
Un résumé en forme de synthèse de ce que nous dit quotidiennement François.
Je note cependant qu’ils prévoient un embrasement social en GB après les drastiques mesures d’austérité qui vont être annoncées par le nouveau gouvernement et une paralysie totale de la gouvernance américaine après les élections du mid-terme.
Les nombreux changements politiques programmés en 2012 ne seraient pas susceptibles de porter le moindre effet avant 2014.
Plongée collective mais contrastée dans la phase de dislocation géopolitique mondiale ( )
Il y a une petite différence de ton entre François Leclerc et le GEAB,
C’est la différence entre le respect des lecteurs et la prétention.
Différence de ton mise à part, je les trouve assez complémentaires.
Sur la forme d’abord: GEAB fournit pléthore de liens vers des articles dans ses sources (beaucoup plus que François Leclerc ou Paul Jorion) mais leur formule mensuelle présente un inconvénient: il n’y a pas de réaction à chaud pour nous aider à décrypter une actualité parfois fertile en rebondissements d’un mois à l’autre. Les billets de Paul ou François ont eux l’avantage d’être plus fréquents et comblent ce trou d’un mois du GEAB.
Sur le fond ensuite: GEAB est visiblement proche des milieux communautaires et donne une vision européenne (européiste diront certains) de la situation sans possibilité pour les abonné de commenter. Ce blog a une vision plus humaniste et inclut des commentaires modérés qui apportent des réflexions souvent intéressantes. Vous pouvez ne pas être d’accords avec les conclusion des uns ou des autres mais les deux vous obligent à une lecture critique et stimulent les neurones. C’est déjà plus que la presse traditionnelle de référence.
Et pour ceux qui connaîtraient d’autres sources d’information et de réflexion de cette qualité, je suis intéressé !
Est-ce que quelqu’un a une idée de comment ces « évènements lointains » vont finir par toucher le quidam moyen en France?
au-delà de ce que l’on constate déjà, je veux dire.
La principale tentative de « fuite en avant » de l’économie mondiale est bien la croissance! Comment obtenir toujours et encore de la croissance?
En fait, il y a bien une croissance interne au capitalisme, une croissance tumorale, véritablement cancéreuse, c’est la croissance de la dette et, symétriquement, celle des créances en face.
Selon une loi de croissance exponentielle, ces deux grandeurs parfaitement jumelles croissent en sens opposés.
Pendant les années « optimistes », les « trente glorieuses » après 1945, cette croissance cancéreuse apparaissait peu en occident – ce qui ne veut pas dire qu’elle n’y était, mais elle était masquée – car lar croissance du PIB se situait d’abord très largement au-dessus, puis légèrement au-dessus de l’évolution croissante des créances et dettes.
Les problèmes sont apparus quand on s’est aperçu que la croissance du PIB n’est pas exponentielle mais seulement linéaire, et en réalité même « décroissante » rapportée au PIB de l’année précédente. La croissance du PIB a même une tendance naturelle à tendre vers zéro, tout simplement parce qu’il se produit des phénomène dits de saturation du marché et des phénomènes de rattrappage de l’offre de biens, services et biens capitaux face à une demande ne pouvant croître face à une population stable. De plus, l’évolution très inégalitaire des revenus en rapport avec la croissance des dettes et créances, limite aussi le revenu disponible du plus grand nombre.
C’est pourquoi nous observons encore des croissances dans les pays dits émergents et pauvres, car là, la population exprimant une demande solvable a encore tendance à croître, ce qui n’est plus le cas chez nous.
Les nouveaux produits, les primes à la casse et autres gaspillages n’ont que peu d’impact sur la demande solvable, car cela ne fait que déplacer du pouvoir d’achat d’un secteur vers un autre.
Il apparaît, par contre, crûment que les dettes et les créances ne sont absolument pas affectées par cette réalité économique en régime capitaliste.
Pour opposer les » fourmis » allemandes et chinoises aux « cigales » américaines et sudeuropéennes, on s’aperçoit simplement que les niveaux de dettes privées ou publiques peuvent varier selon un système de vases communicants. Si par « miracle » un gouvernement réussissait à réduire sa dette, ce que ne réussissent guère que les suisses et le norvégiens, cela implique tout simplement que les dettes restent cantonnées dans le secteur privé en raison de recettes publiques suffisantes ou d’un apport de capitaux extérieurs massif. La créance des uns implique toujours la dette de quelqu’un d’autre!
Alors, quels que soient les « voeux » des milieu financiers, parfaitement hypocrites, il n’y aura JAMAIS, en régime capitaliste, jamais même pas un centime de réduction de la dette, mais sa croissance exponentielle continue qui va nécessairement dans le mur!
Nous nous en apercevrons dès que la croissance ralentira dans les grands pays émergents qui représentent à eux seuls la moitié de la population mondiale (ou presque). Quand ces pays-là rejoindront les taux de croissance molle occidentaux, probablement avant cinq ans, nous verrons encore beaucoup plus brutalement comment la dette mondiale – avec son corollaire, sa soeur jumelle, les créances mondiales en face- mangera tous les ans davantage du Produit mondial brut!
Et à ce moment-là, il n’y aura pas suffisamment de « réserves de croissance » possible dans les pays pauvres restants pour tirer la croissance mondiale, cela me paraît certain.
Cette évolution parfaitement cancéreuse de l’économie s’appelle capitalisme, et l’accroissement des avoirs monétaires de la petite minorité, environ 5% tous les ans qui s’ajoute non pas au produit mondial mais au capital formé existant, finira par augmenter, augmenter et dépasser allègrement 40 ou 50% du produit mondial annuel produit! C’est cela la logique de la rente du capital.
Tant que nous avons un système monétaire permettant éternellement l’extorsion de cette rente du capital, il n’y a strictement aucune possibilité d’issue paisible de cette contrainte!
Nous l’avons bien vu: la dépréciation des actifs financiers au niveau du système bancaire ou au niveau des gourvenement est devenu un quasi tabou, car une défaillance des débiteurs à ce niveau est et sera compensée une version ou une autre d’un quantitative easing, car un défaut formel des grands débiteurs conduirait à une crise déflationniste totalement non maîtrisable.
C’est bien pourquoi j’insiste et je répète qu’il faudra bien y venir à émettre une autre monnaie, une monnaie qui n’aurait plus cette perverse tendance à asservir le plus grand nombre mais qui circulerait tout simplement et invaraiablement.
Une telle monnaie construite à partir d’un signe monétaire marqué par le temps (SMT) serait aisément à mettre en place: just do it!
Ne faudrait-il pas inverser la vapeur ? Moins rémunérer l’argent et plus les hommes (et autant les femmes!) ? Déconnecter la rémunération de l’activité intitulée travail grâce à une allocation à vie pour toutes et tous ?
Il suffit de faire tomber une idole…Rien que cela !
@ François Leclerc
Oui, mais un SMT / monnaie fondante attaque une autre idole : la réserve de valeur (et derrière, le désir d’immortalité). Patrick Viveret en parle assez bien dans cette conférence de 2008 :
http://www.alpesolidaires.org/conference-de-patrick-viveret-une-nouvelle-approche-de-la-richesse-pour-un-developpement-humain-sout
Il suffit de faire tomber deux idoles…Rien que cela !
« François Leclerc dit :
16 octobre 2010 à 10:35
Ne faudrait-il pas inverser la vapeur ? Moins rémunérer l’argent et plus les hommes (et autant les femmes!) ? Déconnecter la rémunération de l’activité intitulée travail grâce à une allocation à vie pour toutes et tous ?
Il suffit de faire tomber une idole…Rien que cela ! »
Il suffit surtout d’examiner le cas des inuits ou des indiens parqués dans des réserves au nord de l’Amérique: Allocations garanties sans contre partie d’un travail. Le résultat est catastrophique.
Sans aller aussi loin, regardez votre chat castré ou votre chien qui est bien nourri et qui vit au chaud chez vous sans aucun effort de sa part……Enviez-vous son existence ?
Les 3 seules vraies questions pour tout un chacun: quel est le sens de votre vie ? Pourquoi travaillez-vous ? Quelle est votre capacité à aimer vous même et les autres ?
Je connais les indiens de Rondonia (Amazonie brésilienne) et c’est fort différent de ce que vous décrivez. Sans doute parce qu’ils sont plus protégés afin de continuer à vivre comme ils l’entendent. Car je ne vois pas en quoi la situation des inuits résulte d’autre chose que de l’apport corrupteur de notre haute civilisation !
cela ne marchera pas même un jour!
je veux dire à François Leclerc: la déconnectiondu travail de la rémunération, c’est le cas actuellement où les trentiers n’accomplissent aucun travail et sont payés par le travail d’autrui (40% du PIB=40% du revenu disponible va directectement dans la rente monétaire) Supprimer celle-ci me suffit à mon bonheur!
A Fujisan:
Vous avez raison pour une fois: c’est bien la thésaurisation le coeur du problème, car c’est elle qui cause la rente capitaliste exclusivement!
Johannes finckh dit :
la déconnectiondu travail de la rémunération, cela ne marchera pas même un jour!
Et si vous (re) lisiez Paul Jorion pour vous aider à imaginer ce qui peut différencier,
un revenu de rente de qquns du monde ancien (mais actuel)
d’une allocation à vie pour Tous du monde de demain.
Qui vous parle de risque d’inactivité alors que les besoins à satisfaire, ne le sont pas.
P.S.
Vous avez le bonheur trop facile.
ci-joint ma réponse à « la menuise »
Il me semble toutefois que le revenu généré par le travail est plus que suffisant en général, en tout cas pour les actifs non infirmes. La productivité est telle que 30% d’actifs suffisent pour produire suffisamment pour tous. Jusque là, l’application d’un revenu minimum de dignité ne poserait aucun problème, d’autant moins si on supprime en même temps la rente du capital. Instaurer un RMD en versant toujours la rente du capital est, par contre, impossible, car la rente du capital prélève environ 40% (au moins) sur le revenu du travail.
Quant à mon « bonheur facile », vous avez sans doute raison, la supression de la rente du capital serait un immense bonheur selon moi.
Mon propos sur le RMD « qui ne marcherait pas » s’applique donc, en toute rigueur, au contexte capitaliste actuel, pas quand nous aurons (je l’espère) un SMT, car là, tout cela sera facile à mettre en oeuvre sans risque d’inflation ou d’appaurissement, car il s’agirait alors d’une simple mesure de redistribution, inaccessible en régime capitaliste.
Dans notre belle France rien ne devrait manquer pas même des retraites décentes pour ceux qui sont fatigués par une vie de dur labeur et qui aspirent à créer de l’emploi en laissant leur place au plus jeunes. Nous avons l’énergie bon marché du nucléaire. Une surproduction agricole jamais vue dans l’histoire. Une capacité d’innovation au niveau des meilleurs pays. Une production industrielle déléguée à nos « amis » allemands qui nous expliquent aujourd’hui que nous ne produisons pas assez…..
Et pour superviser tout ça nous avons les dirigeants et financiers des 200 familles qui étaient déjà là en 1850 pour financer le coup d’état de Napoléon III. Relisez Zola (L’argent, La conquête de Plassans ou La débâcle, par exemple) vous y trouverez quelques analogie avec l’époque actuelle.
D’ailleurs une histoire courait dans l’armée autrichienne du temps de « Napoléon le petit ». Les français étaient vus par leur adversaires comme une armée de « lions commandés par des ânes ». L’histoire se répète, hélas! Espérons qu’elle n’ait pas trop de hoquets ces temps-ci et que nous ne retrouvions pas avec un niveau social comparable à celui de Germinal.
le monde 17 aout 1971
La fiction selon laquelle rien de fondamental n’était changé dans le système international des paiements s’est évanouie avec le discours du président Nixon, qui marque la fin d’une période de l’histoire monétaire.
Au-delà de l’embargo sur les exportations d’or par les Etats-Unis, l’imposition d’une surtaxe de 10 % sur les importations industrielles apparaîtra comme l’équivalent, ou peu s’en faut, d’une dévaluation du dollar.
Sur le terrain proprement monétaire on imaginait mal les Etats-Unis assister impuissants au lent mais sûr épuisement de leurs réserves métalliques. L’embargo sur le métal précieux est la suite logique de la décision, prise sur l’initiative de Washington le 17 mars 1968, de cesser de soutenir, au moyen des réserves officielles, le cours de l’or sur le marché libre ouvert aux personnes privées. L’or stocké à Fort-Knox est désormais inaccessible également aux banques centrales. Il s’agit d’une décision capitale, puisque la libre convertibilité du dollar en or était la pierre angulaire des accords de Bretton-Woods, grandiose tentative pour rétablir, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, un système multilatéral des paiements, lui-même condition de la restauration du libre-échange entre les nations.
Ce régime était menacé de mort dès sa naissance par une série de déséquilibres économiques, financiers et politiques. La faiblesse du dollar apparut au grand jour dès octobre 1960, avec la brusque montée du prix de l’or sur le marché de Londres.
Les difficultés de la devise américaine s’expliquaient d’abord par le fait que sa valeur avait été fixée en 1934, alors que, depuis cette époque, les principales monnaies des pays concurrents avaient été dévalorisées au moins une fois et souvent d’un pourcentage considérable. Simultanément, les Américains supportaient à l’extérieur le poids de charges énormes, qu’ils ont cherché, par des moyens indirects, à faire partager aux pays alliés. Pour arriver à ce résultat, on abandonna peu à peu les règles de Bretton-Woods applicables aux Etats-Unis.
Comme on l’a relevé maintes fois, l’accumulation de dollars dans les caisses des banques centrales ne pouvait qu’engendrer une méfiance croissante à l’égard de la devise américaine. Depuis trois ans environ, on assiste à l’agonie du Gold Exchange Standard. La libre fluctuation du deutschemark, du florin et du dollar canadien traduit la volonté de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Canada de ne plus acheter de dollars. En 1931, la condamnation du Gold Exchange Standard était intervenue de la même manière : dix pays, cette année-là, laissèrent fluctuer librement leurs monnaies. Parmi elles se trouvait la livre sterling.
Autre analogie avec les événements de cette époque : l’embargo sur l’or, décrété le 6 mars 1933, devait amener la dévaluation de 40,9 % du dollar en janvier 1934. La crise n’a pas pris cette fois des proportions aussi catastrophiques. Mais comment appeler autrement les événements qui se sont produits an printemps de 1970 avec la faillite de la compagnie de chemins de fer Penn Central ? Pour empêcher un effondrement plus général, les autorités monétaires américaines ont dû lâcher les vannes du crédit : ce fut le commencement de la fin. L’institution d’une surtaxe sur les importations ne peut-elle pas être considérée comme le prélude à une dévaluation en bonne et due forme, à l’issue de la négociation qui commence dès ce lundi à Londres ?
http://000999.forumactif.com/les-hard-investors-f7/le-systeme-monetaire-international-et-l-or-historique-t5141.htm
exact, mais c’est la disparition, espérons-le, définitive de l’étalon-or. Débattre de la « barbe de l’empéreur », on s’en fout un peu!
A travers la Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (COP 10),Il semblerai que l’UICN, l’ONU,OMC,FMI d’autres et les groupes d’ investissement lourds ont travaillé à l’évaluation monnétaire de tout les écosystèmes pour les transformer en actifs financiers …
http://www.franceculture.com/emission-terre-a-terre-conference-des-parties-de-la-convention-sur-la-diversite-biologique-cop-10-la
enfin c’est ce que j’ai cru comprendre de bribes de l’émission Terre à terre de France Culture diffusée ce matin même, vous le savez peut être déja depuis longtemps mais ca mais au cas ou….
« Aux Etats-Unis, la Fed se prépare à attiser le feu en remettant en marche la planche à billets, accentuant la chute du dollar. »
Pour l’instant, ils ont encore le choix entre la peste et le choléra : chute du dollar ou krach obligataire (flambée des taux à LT). Quelque chose suit son cours, mais le jour où à la fois le dollar et les bons du trésor chutent, alors ce sera la fin de partie…
http://www.zerohedge.com/article/declassified-state-dept-data-highlights-global-high-level-arrangement-remain-masters-gold
Si quelqu’un veut bien traduire ces documents pour la majorité ?
Trop long et trop compliqué à traduire mais je peux vous faire un topo.
La pyramide représente dans l’ordre les actifs les plus fragiles et l’ordre dans lequel ils vont s’écrouler.
Si rien n’intervenait le gold resterait la dernière valeur sûre … enfin pour ceux qui en ont et qui trouvent contre quoi l’échanger et qui ont envie de l’échanger. Bref: le glacis, le retour à la case départ de l’inhumanité.
Mais si une étincelle survenait ………. tout reste à dire. Dans un sens ou dans l’autre.
Vous ne trouverez donc aucune solution ou aucun apaisement à vos problèmes personnels dans cet article aussi informé qu’il puisse sembler.
Seuls les faibles survivent
Nouriel Roubini
Les risques d’une guerre mondiale des monnaies et des échanges commerciaux sont réels dans la mesure où la plupart des économies de la planète se sont engagées dans des dévaluations concurrentielles. Toutes ont entamé un jeu que certaines devront perdre.
http://www.project-syndicate.org/commentary/roubini30/French
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_jeux
Pour rester « au plan national », serait-il possible d’avoir un éclairage sur votre approche, Mrs Jorion ou Leclerc, à propos des « Propositions de la Commission Attali »?
Simple curiosité, d’accord, mais pas seulement….
Le 15 août 1971, Washington abandonne unilatéralement la convertibilité du dollar en or. Un nouveau mécanisme qui permet aux États-Unis de vivre à crédit est lancé.
Il y a trente-cinq ans, le monde financier allait subir un choc dont nous ressentons encore les conséquences et qui a redéfini le système monétaire international : le 15 août 1971, le président Nixon décidait unilatéralement de fermer la » gold window « , c’est-à-dire le mécanisme permettant aux banques centrales d’échanger leurs dollars en or sur la base de 35 dollars pour 1 once d’or. Dans la foulée, il imposait une surtaxe de 10 % sur les importations, plus un gel des salaires et des prix sur six mois.
Parmi les principales causes de cette décision, on peut citer la dégradation de la balance des comptes courants pendant les années 60 et une progression de l’endettement des États-Unis lié à la guerre du Vietnam. Lourd endettement, balance des comptes courants dans le rouge, guerre à financer à l’étranger… voilà des traits qui rappellent curieusement les États-Unis d’aujourd’hui !
Cependant, pour comprendre le film des événements, il faut remonter à la conférence de Bretton Woods, du nom d’une petite ville du New Hampshire, qui institue, en juillet 1944, un système d’étalon de change or qui donne au dollar un rôle central et fixe sa valeur à 35 dollars pour 1 once d’or. Seules les banques centrales peuvent convertir leurs dollars en or si elles le souhaitent. Différence fondamentale avec un système d’étalon-or, ces banques centrales peuvent aussi choisir de placer leur excédent de dollars en bons du Trésor américain.
Grand ordonnateur. Au départ, ce système permet la reconstruction des pays affectés par la Seconde Guerre mondiale et renforce la position des États-Unis, à la fois exportateurs de biens, investisseurs à l’étranger et garants du système monétaire mondial. Mais dès les années 60, des craquements apparaissent. En 1959, le surplus de la balance courante américaine a disparu. Les États-Unis affichent un déficit et, en conséquence, les avoirs en dollars des banques centrales augmentent. L’élection de Kennedy, avec ses promesses de programmes sociaux et de politique économique expansionniste, provoque une spéculation sur l’or, qui monte à 40 dollars.
En 1961, un » pool de l’or » est créé à Londres. Chargé de défendre la fameuse parité à 35 dollars, il regroupe huit banques centrales. Elles ont pour mission d’acheter de l’or, quel que soit son prix, et de le revendre sur la base de 35,2 dollars l’once. Autant dire que c’est un appel à la spéculation organisée. La France se retire du » pool » en 1967, qui vole en éclats en 1968. Parallèlement, plusieurs pays prêtent de l’argent au Fonds monétaire international (FMI) pour défendre les monnaies attaquées. Le FMI crée aussi en 1969 les droits de tirage spéciaux (DTS), qui permettent aux États-Unis de les donner aux banques centrales qui demandent de l’or à la place de leurs dollars. Un stratagème rendu nécessaire, car le doute sur la solidité du dollar s’est installé.
À l’été 1971, Nixon est coincé : en vingt ans, de 1950 à 1970, les réserves en dollars des banques centrales sont passées de 12,6 milliards à 53,4 milliards. Dans le même temps, le stock d’or américain a fondu de moitié, passant de 20 à 10 milliards. Le système a vécu : en décembre 1971, les États-Unis abandonnent totalement la convertibilité du dollar en or. L’inflation s’installe, le dollar flanche et l’or est propulsé jusqu’à plus de 800 dollars l’once. Le mécanisme qui permet à Washington de vivre à crédit est lancé…
Et maintenant on nous en présente la note, car ce n’est rien d’autre que ça…
le systéme monétaire international et ses relations avec l’or / Historique
1ere partie : de Bretton Woods à Novembre 1968
cet excellent texte écrit en novembre 1968 par Delphine Duchene ( déniché chez un bouquiniste biarrot en août 2001 ) est un prélude à la fin du gold exchange standart décidé par Nixon en aoùt 1971, que vous trouverez dans le 2eme post de cette file
il reprend l’historique du systéme monétaire international depuis les accords de Bretton Woods ( gold exchange standart où seul le $ conserve une convertibilité en or, ce qui le consacre comme monnaie internationale des échanges ) jusqu’à la crise française de 1968 , en passant par le POOL de l’or
___________
-Tensions à Londres-
-Atmosphère de crise à Washington-
– Fièvre à la bourse de Paris-
-Les dirigeants du FMI se réunissent à Stockholm-
– A Bâle les consultations se poursuivent-
Depuis quelques années, le monde semble vivre en permanence au bord de la crise monétaire.
Dansl’ombre,tenants du statu quo et partisans d’un retour à l’Or poursuivent d’étranges règlements de compte.
Serait-ce l’hallali d’un système international laborieusement échafaudé il y a plus de 20 ans?
Juillet 1944. Un peu partout, les armées allemandes refluent. L’Europe n’est plus qu’un champs de ruines.Un continent entier est pratiquement à reconstruire.
Les déléqués européens qui arrivent dans la petite ville américaine de Bretton-Woods pour un sommet économique allié n’en croient pas leurs yeux. La machine économique américaine tourne à pleine puissance.
Les rues sont animées, les vitrines regorgent de marchandises.
Tous ces produits, qui font cruellement défaut à l’Europe, sont disponibles, là, tout de suite,sur le marché américain.
Par la force des choses, la monnaie américaine va devenir la clé de voûte
du commerce mondial.
De toutes les monnaies d’avant guerre, le Dollar est la seule qui garde une valeur.
D’énormes réserves (les 3/4 du stock mondial d’Or monétaire)enfouies dans les caves de Fort Knox, permettentaux Etats Unis d’en garantir la convertibilité en Or…(à 35$/once).
Les experts, réunis à Bretton Woods, ne s’y trompent pas. Si l’Or subsiste encore comme base de référence dans le nouveau système (appelé GOLD EXCHANGE STANDARD), la suprématie de la monnaie américaine est telle qu’Or et Dollar deviennent pratiquement synonymes.
Un nouvel organisme, chargé en quelque sorte d’assurer une police monétaire, est crée: Le Fonds Monétaire International (FMI).
Le fonds doit aider (et obliger) ses adhérents à maintenir chez eux une stabilité monétaire suffisante.
Moyennant la promesse de pratiquer des réformes nécessaires, un pays en difficulté pourra trouver auprès de lui une aide provisoire.
Dans le monde, la chasse aux dollars commence.
Pour amorcer la pompe, les Etats Unis inventent l’aide Marshall (du nom du Général qui en fut le promoteur).
Ils prêteront à l’Europe les dollars qui lui manquent pour régler ses achats sur le marché américain.
Les pays occidentaux acceptent: l’aide Marshall les aidera à se relever rapidement, mais elle les asservit politiquement aux USA.
A l’Est, On refuse. La Tchécoslovaquie hésitante, rappelée à l’ordre pas Staline,doit s’incliner.
Le rideau de fer tombe, le bloc communiste se replie sur lui- même, à l’écart du commerce international.
En Occident,les échanges démarrent lentement.
L’assainissement prend 10 ans.
En 1958, les dernières restrictions aux échanges intraeuropéens disparaissent.
Le commerce mondial, libéré de ses entraves, connaît un boom sans précédent.
L’euphorie règne un peu partout.
Cepndant, des signes inquiétants commencent à se manifester. A la base de l’édifice,la situation du Dollar se détériore lentement.
Depuis le début des années 1950,la balance des paiements des Etats Unis est REGULIEREMENT DEFICITAIRE.
Ce déficit n’est pas provoqué par le commerce extérieur des Etats Unis. Il provient surtout des dépenses américaines à l’étranger: assistance technique, dépenses stratégiques, investissements industriels ou commerciaux.
En sept ans (1960/1967) le déficit global atteint 20 milliards de dollars
**(note de G.Sandro: 20 milliards en 7 ans… contre 31.4 milliards PAR MOIS en 2001…soit, tenez vous bien : 130,2 fois pire maintenant!!!)**
C’est peu par rapport au revenu national (800 milliards en 1967), mais c’est
BEAUCOUP TROP par rapport aux réserves d’Or de Fort Knox.
Pourtant, les premières années, le stock métallique américain ne diminue guère.
Les Etats Unis ont pris l’habitude de régler leurs déficits en dollars
(CE QUI NE LUI COUTE RIEN, IL LEUR SUFFIT D’EN FABRIQUER).
Le système en vigueur est d’ailleurs tel que le déficit américain constitue le seul moyen d’alimenter le commerce en moyens de paiement.
Le monde entier accueille avec emprèssement cette manne qui lui permet de développer ses échanges.
Puis, lorsque les affaires vont mieux,, les dollars s’accumulent dans des réserves des banques centrales.
De déficits en déficits ,les avoirs en dollars détenus par l’étranger finissent par atteindre un niveau inquiétant.
La 1ère alerte se produit en 1960…Les élections américaines sont proches, et l’on prête à Kennedy l’intention d’naugurer son mandat par une dévaluation.
Sur le marché libre de l’Or,réouvert en
1954, les cours montent brusquement à 40 dollars l’once.
Situation intolérable pour Washington, qui entend maintenir le prix de 35 dollars par once.
Pour y parer, les Etats Unis constituent avec l’aide de le France, (qui s’en retirera par la suite) un POOL de l’Or.
Chaque fois que les cours menacent de dépasser 35 dollars, le Pool intervient en vendant.
Le marché Londonien apparaît bientôt comme un gouffre sans fond, que le trésor américain s’efforce de combler.
En 1964, deuxième alerte: La France réclame aux Etats Unis la conversion en Or de ses réserves en Dollars.
Un an plus tard, le Général De Gaulle dénonce brutalement un système qui permet aux Etats Unis de financer leur développement grâce au déficit de leur balance des paiements et d’investir en Europe sans bourse délier.
C’est là, déclare-t-il, à la fois une insulte au bon sens et une injustice catactérisée.
Coup bas destiné à aggraver nos difficultés estiment les américains.
De fait, celles -ci grandissent de jour en jour.
La confiance faiblit. Les détenteurs de dollars s’inquiètent. Une dévaluation de la devise américain cesse d’être tout à fait impensable.
Les deux actes suivants se jouent à Londres.
Souveraine déchue,la Grande Bretagne traîne à ses basques les derniers lambeaux d’un empire perdu.
Il lui reste des dettes qu’elle ne peut rembourser et des créanciers qu’il lui faut rassurer.
Coincée entre la stagnation et la dévaluation, elle s’accroche au dollar,Harold Wilson, acculé, finit par dévaluer.
La panique se propage et les spéculateurs se ruent sur l’Or.
A Fort Knox, les réserves baissent toujours.
En mars 1968, les Etat Unis déclarent forfait. Ils obtiennent la fermeture du marché de Londres.
A la hâte, on replatre. La couverture or du Dollar est levée.
Les autorités monétaires se réunissent à Washington.
Un double marché de l’Or est créé: un marché officiel ou les banques centrales maintiennent le cours de 35 Dollars l’once, et un marché libre, où elles
n’interviendront plus.
Le Pool de l’Or, qui n’a plus de raison d’être, se fait Hara-Kiri.
Pour les américains, c’est une catastrophe nationale, comparable à Pearl Harbour.
A Paris, les partisans de l’Or marquent des points.
Forte de ses cinq milliards de dollars d’Or, la France a gagné la première manche de la bataille.
La situation n’est pas stabilisée pour autant.
Rien ne permet de penser que le déficit américain est près de disparaître.
Une sorte de trêve va pourtant s’instaurer.
C’est la grande ambiguité de cette drôle de guerre qui oppose la France et les Etats Unis sur le front monétaire.
Tous les coups n’y sont pas permis.Certains risquent de faire sauter l’échiquier .
Chacun pousse ses pions, contraindre l’adversaire à reculer, l’obliger à négocier en position de faiblesse.
Il est trop difficile de prévoir quel serait le gagnant d’une crise mondiale et personne n’est prêt à courir le risque.
La France va d’ailleurs à son tour,rencontrer de sérieuses difficultés financières.
En qielques jours, le Franc, une des monnaies les plus fortes du monde, est à ce point menacé qu’on parle de le dévaluer.
Comment s’explique cette soudaine dégradation? en mai
1968, une crise sociale d’une ampleur sans précédent(10 millions de grévistes pendant 03 semaines)paralyse l’économie française, provoquant un exode massif de capitaux vers des pays moins agités.
Les réserves de la Banque de France diminuent à vue d’oeil.
Dans le même temps, les travailleurs obtiennent des avantages financiers qui paraissent considérables, surtout pour une économie affaiblie par un arrêt de la production pendant un mois.
La menace de l’inflation, jugulée avec tant de difficultés par le passé, reapparaît.
Ces augmentations de salaires ne vont-elles pas se répercuter sur les prix ? pour maintenir la compétitivité des prix français,
le gouvernement ne sera-t-il pas obligé de dévaluer?
A l’étranger,on le craint de plus en plus ouvertement.
Les banques étrangères refusent une monnaie qui risque de perdre du jour au lendemain une partie de sa valeur.
Le Franc n’est plus coté.
Il faudra plus de 3 mois pour normaliser la situation.
S’il apparaît alors que l’économie a bien supporté le choc,tout danger n’est pas écarté.
Pendant ce temps,les Etats-Unis ont repris provisoirement la situation en main.
Le dollar n’est plus « as good as Gold », mais il a la vie dure.
Pourtant, la preuve est définitivement faite qu’une refonte totale du système monétaire devra tôt ou tard intervenir.
Divers projets d’origine française proposent tous à quelques variantes près un retour à l’Or.
L’étalon Or, disparu dans les remous de la première guerre mondiale, n’a pas cessé de hanter les mémoires.
Il appartient à ce folklore de la « Belle Epoque » où les fortunes étaient si stables et les braves gents si heureux »…
L’Or, nous dit-on, est seul capable de maintenir l’équilibre.
ON NE TRICHE PAS AVEC L’OR, ON EN POSSEDE,OU OU ON EN POSSEDE PAS.
Il assure automatiquement l’ajustement des échanges. Plus d’un demi siècle d’expérience (1844-1914) le prouve.
Pour séduisante qu’elle soit, l’hypothèse soulève de sérieuses objections.
Moins de 40 % des réserves mondiales sont encore constituées d’Or.
Rétablir l’étalon-Or aboutirait à diminuer de moitié le volume des liquidités internationales.
Cela s’accompagnerait fatalement d’une crise économique très profonde: diminution des échanges internationaux, recul de la production et de l’emploi.
Certes, il est toujours possible de réévaluer le métal jaune,dont le prix, arbotrairement bloqué à 35$/once, est parfaitement artificiel.
Mais sur quelle base? Qui en déciderait?
Et pourquoi accorder un tel avantage aux pays producteurs d’Or comme l’Afrique du sud ou l’URSS?
Radicalement opposées, les propositions du professeur Triffin (USA) préconisent l’abandon des monnaies nationales comme moyens de paiements internationaux et la création du FMI en banque centrale mondiale, chargée de créer et de gérér un monnaie internationale.
Ce système existe d’ailleurs déjà à l’état embryonnaire sous la forme des « droits de tirage ». Il suffirait de le perfectionner et de le développer.
Dans l’immédiat,les thèses du professeur Triffin ont peu de chances de faire l’unanimité.
Comment éviter que les pays les plus riches ne s’emparent des commandes et ne fassent fonctionner le système à leur seul profit?
L’expérience a prouvé que les pays anglo-saxons n’ont eu aucun mal à établir leur suprématie sur l’actuel FMI…
Le système monétaire international est resté
trop longtemps une affaire de famille, une sorte de club réservé aux puissants de ce monde.
A bretton Woods,les pays sous-développés, englobés dans les empires coloniaux, n’ont pas eu droit à la parole.
Ils souffrent aujourd’hui d’une pénurie de devises qui les condamne à la stagnation et menace, à long terme, léquilibre du monde.
Une réforme monétaire devrait tenir compte de leurs besoins.
Déjà plusieurs projets existent dans ce sens.
A Cambridge, le professeur Kaldor, à Amsterdam, Jan Tinberghen, proposent de créer une nouvelle monnaie internationale basée sur des stocks de matières premières.
L’avenir appartient peut-être au « BANCOR ».
Delphine Duchêne.Novembre 1968.
tiré de http://000999.forumactif.com/les-hard-investors-f7/le-systeme-monetaire-international-et-l-or-historique-t5141.htm
Merci de ce résumé historique, Liervol.
Ne serait-ce que connaître les raisons de la fuite en avant des US est impératif pour comprendre les ressorts de la situation actuelle.
L’excellent blog ‘Alphaville’du FT a trouvé le ‘nom’:
The QE-20 in now in session
Et sur les d’un des aspects de la situation américaine:
Rosenberg still sees deflation
« A Cambridge, le professeur Kaldor, à Amsterdam, Jan Tinberghen, proposent de créer une nouvelle monnaie internationale basée sur des stocks de matières premières ».
M. Leclerc, faut-il y voir un lien?
Échanger des dettes contre des écosystèmes.
La finance à l’assaut de la biosphère
Le problème n’est pas monétaire comme l’a dit F Leclerc.
Vous faites du fétichisme économique. Avoir le nez sur la monnaie c’est ne pas voir l’ensemble et que la monnaie est une manière de compter quelque chose de réel.
Il n’existe pas de système monétaire capable de rééquilibrer les déséquilibres commerciaux mondiaux ni internes à chaque pays. Même si l’on payait un travailleur chinois autant qu’un belge, rien ne serait fait. 74 milliards ont été investis en Chine l’an dernier.
La monnaie est un sujet redoutable et envahissant qui suscite des débats passionnés et contribue à façonner des points de vue définitifs…
Pour moi, elle n’est que l’expression d’une organisation sociale donnée, avec laquelle elle doit être en phase.
Pour compléter un commentaire plus haut à propos du Leap2020, un extrait de leur lettre mensuelle:
« Pourtant, c’est bien là, la clé du problème. La nature de la devise internationale de référence définit le jeu.Si c’est la monnaie d’un seul, alors, il y a LE Joueur et les autres sont secondaires. Si c’est un panier de devises, alors il y a LES Joueurs (ceux dont la monnaie compose le panier de devise) et il y a les autres.De cette règle (plusieurs joueurs importants) et de cet instrument (une devise référence commune), tout le reste découle : La stabilité du marché des devises, le prix des matières premières y compris du pétrole,la régulation des places financières, etc. et, in fine, la stabilité mondiale, car chacun des joueurs importants a désormais un intérêt direct à jouer le jeu, un jeu dont il peut anticiper les actions et leurs conséquences, condition sine qua non pour un jeu durable. »
Interlude
Psyche Rock – Pierre Henry
http://www.youtube.com/watch?v=jZPDrNAFo1U
« Comprennent-ils que si le Royaume-Uni veut rester un centre financier de premier ordre, il lui faudra retenir des gens qui sont payés horriblement cher ? Et comprennent-ils le risque qu’il y a à imposer des règles unilatérales dans une industrie qui est totalement mondiale ? ».
Mensonge et provocation de la part de lka City.
Sans l’aide de l’Etat Britanique la plupart de ces banques auraient fait faillite.
Qui est est garantr de ces banques? Le contribuable. Si le contribuable ne paie plus, plus de garantie.
Ensuite on devrait dire à ces banquiers:
« -Vous voulez partir? Chiche! Quels sont les pays qui vont vous proteger désormais? »
On ne crée pas que des nouvelles entreprises, on peut aussi créer de noubvelles banques…
oui, en règle générale, je suis trés étonnée de cette « menace » de départ des trrrés riches, des « meilleurs » traders …de tel grrrand patron …étant donné l’état calamiteux du Monde, je me demande qui, quel pays voudra bien les récupérer ! Les autres Pays ont leurs propres « meilleurs » neo-lib. …Ils n’attendent pas après les nôtres. Ceux qui veulent d’un changement en profondeur du système sont donc en position de force. C’est un chantage qui n’a pas sa raison d’être, et qui n’a aucun sens!
Bien vu, M.
Mais la propagande et les croyances ont la vie dure.
@M
Parfaitement d’accord.
« Pour le reste, le maintien de la note Triple-A de la dette américaine appartient au même monde virtuel que la récente déclaration de fin de récession par les autorités économiques US : la déconnection croissante entre la parole des acteurs-clés d’un système qui s’effondre et la réalité perçue par la majorité des citoyens et des acteurs socio-économiques est un indice infaillible de dislocation systémique. D’ailleurs les marchés financiers ne s’y trompent pas puisque l’envolée du coût d’assurance de la dette américaine talonne l’Irlande et le Portugal : avec un accroissement de 28% de ce coût au troisième trimestre, les Etats-Unis sont ainsi devenus le troisième pays pour lequel les marchés de la dette craignent de très mauvaises surprises ». GEAB n°48 du LEAP.
Notes d’analyse toujours eschatologiques et qui proposent des angles d’appréciation différents. Son mérite essentiel à mes yeux est de recentrer en permanence la question de la crise en cours sur les Etats-Unis.
Il en est quoi des tentatives de Sarkozy de faire copain avec les Chinois dans l’optique d’une réforme du SMI ?
« Afin de conserver les avantages d’une zone monétaire où les Allemands et leurs partenaires pourront continuer de trouver leurs aises, car elle est le débouché principal de leurs exportations et le champ de leurs délocalisations industrielles, en Europe de l’Est. »
François Leclerc fait bien d’évoquer ce détail, souvent passé sous silence. Comme a pu le montrer Jacques Sapir à plusieurs reprises, l’Allemagne est, au même titre que d’autres, en voie de désindustrialisation. Une grande partie des intrants de base de sa production industrielle est désormais sous-traitée en Europe de l’est dont les faibles coûts bénéficient à la compétitivité des produits finaux. La conséquence, c’est que le pays perd des emplois industriels.
Qu’on ne s’y trompe pas, les avantages comparatifs de l’Allemagne vis-à-vis de ses voisins sont avant tout dus à un coût du travail moindre. Le transfert d’une grande partie des charges patronales vers la fiscalité incombant aux salariés (« TVA sociale » instaurée sous gouvernement SPD en 2002) équivaudrait à une dévaluation de 10% par rapport aux autres pays de la zone euro. La demande intérieure, quant à elle, a été volontairement comprimée au moyen d’un recul du rôle social de l’Etat et d’une flexibilisation brutale du marché du travail (lois Hartz 1 à 4) qui ont fait exploser les inégalités.
Les 3/4 des excédents commerciaux allemands proviennent des échanges avec les pays de l’UE. La balance commerciale vis-à-vis des émergents devient aujourd’hui déficitaire.
On peut par conséquent stigmatiser, à juste titre, la stratégie de « cavalier seul » allemande au sein de l’Europe, mais n’oublions pas qu’outre-Rhin ce modèle néo-mercantiliste, qui fait son beurre sur le dos de ses voisins déficitaires, profite avant tout aux nantis et se fait au détriment de la majeure partie des actifs. A ce propos, je voulais mettre en lien un très bon article de Till Van Treeck paru dans le diplo de septembre, malheureusement seul le début en est pour le moment en ligne: http://www.monde-diplomatique.fr/2010/09/VAN_TREECK/19673
J’incite ceux qui en aurait l’occasion à le lire dans sa globalité.
Et un court article concernant les différentes lois Hartz: http://www.lagazettedeberlin.de/5906.html
En fait de jeux d’échec, ou jeux de Go, tout cela est un jeu de pocker menteur !
Mais, les populations n’ont pas franchement envie de « jouer » …
A propos de la chute du dollar. La Fed fait croire qu’elle maitrise, qu’elle veut une guerre des monnaies, comme son nom l’indique. Mais cela ne camoufle-t-il pas son impuissance au contraire à empecher la baisse du dollar?
Reprenons l’article de Maurice Allais:
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2301
Sauf que je pense comme Jorion que les banques ne créent pas directement de la monnaie ex-nihilo. La monnaie crée est au passif. Quand la reconnaissance de dette est à l’actif.
Quand l’emprunteur a fini de payer, le tout s’annule bien sur.
Pour simplifier: La banque emprunte à elle meme pour faire une ligne de crédit à l’emprunteur.
Quand l’emprunteur a fini de payer, elle finit de payer son propre emprunt!
En fait si les defauts de paiement son supérieurs aux fonds propres, la banque fait faillite.
A moins qu’elle emprunte à une autre banque pour s’en sortir.
A ce moment la, la monnaie émise, de « scripturale » devient réelle, indépendante de toute dette.
Maurice Allais a donc raison: En cas de crise, la monnaie scripturale devient ex-nihilo. Elle a été utilisée par le syteme économique, mais elle vient désormais de nulle part. On a donc fait fonctionner la planche à billet. Et ce sont les banques privées qui en sont à l’origine. Mais seulement si, elles sont dans le rouge, et s’en sortent par des emprunts à faible taux à la Fed ou à la BCE. En ce moment la, l’argent scriptural se cristalise en argent réel, et la monnaie dévalue.
Bernanke ne peut rien faire d’autre que: Laisser tomber les banques ou les secourir et dans ce cas la dévaluation du dollars est automatique.
La titrisation permet de de passer les fond propres réels à 1 pour 500, alors qu’en fond propres fictifs on peut atteindre 20 pour 100, comme Lehman. En effet la titrisation n’est plus dans le passif! La encore, c’est par ce procédé qu’on a des chance de saturer le marché de monnaie qui devient au grés des faillites, ex-nihilo.
Ainsi le ratio de Bale III est trés rigolo si on continue a accepter la titrisation. C’est de la poudre aux yeux.
La chute du dollar semble implacable et non voulue d’ou l’étrange dialectique de Trichet…
Le syndrome japonais menace la Chine
La Chine est peut-être à l’aube de sa propre décennie perdue, et un effondrement de Pékin ferait passer le malaise économique du Japon pour de la rigolade.
http://www.slate.fr/story/28279/chine-japon-crise-decennie-perdue
Il me semble toutefois que le revenu généré par le travail est plus que suffisant en général, en tout cas pour les actifs non infirmes. La productivité est telle que 30% d’actifs suffisent pour produire suffisamment pour tous. Jusque là, l’application d’un revenu minimum de dignité ne poserait aucun problème, d’autant moins si on supprime en même temps la rente du capital. Instaurer un RMD en versant toujours la rente du capital est, par contre, impossible, car la rente du capital prélève environ 40% (au moins) sur le revenu du travail.
Quant à mon « bonheur facile », vous avez sans doute raison, la supression de la rente du capital serait un immense bonheur selon moi.
Mon propos sur le RMD « qui ne marcherait pas » s’applique donc, en toute rigueur, au contexte capitaliste actuel, pas quand nous aurons (je l’espère) un SMT, car là, tout cela sera facile à mettre en oeuvre sans risque d’inflation ou d’appaurissement, car il s’agirait alors d’une simple mesure de redistribution, inaccessible en régime capitaliste.
Jean-Claude Trichet: « Il n’y aura pas de second sauvetage des banques ».
« Pour lui, les démocraties du vieux continent « ne supporteraient pas » la répétition du scénario qui les a conduit, lors de la crise de 2008, à mobiliser près du quart de leurs ressources pour sauver un système bancaire au bord de la faillite. D’où la nécessité de tout faire pour réduire la probabilité d’un nouveau choc. »
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/jean-claude-trichet-il-n-y-aura-pas-de-second-sauvetage-des-banques_928487.html
Quantitative easing: do it yourself, print your money too !