Billet invité
Le texte suivant fait suite au billet La faillite financière posthume de Platon. Il analyse le néo-libéralisme comme un néo-platonisme qu’une réhabilitation de la quadri-causalité d’Aristote permet de déconstruire. La déconstruction n’est pas une destruction. Elle décompose une construction métaphysique en briques élémentaires comme une construction physique. Elle effectue un tri dans les matériaux de base, c’est à dire dans les causes. La déconstruction peut déboucher sur une reconstruction qui intègre tout ce que l’ancien édifice contenait de positif et véritable.
Manipulation mentale
Le néo-libéralisme platonicien s’est approprié la réalité par deux leviers métaphysiques : l’idéalisme et le matérialisme. Il s’appuie sur le scientisme qui ne voit d’objet de connaissance que dans la matérialité physique en dénigrant l’interrogation des finalités de l’observateur. L’idéalisme de son coté sert l’absorption de la fin dans la forme. Ainsi escamote-t-il tout motif de discussion de la valeur par les fins. L’idéalisme nie la vertu à poursuivre des fins réelles. Il réduit toute réflexion morale à une éthique individuelle invérifiable, sans conséquence visible. La société néo-libérale est une juxtaposition d’individus qui ne peuvent pas et ne doivent pas se comprendre. Chacun est propriétaire du sens de sa discussion. La loi démocratique est décorative dans un marché soumis à la loi matérielle du plus fort. Le mot « loi » sert la confusion entre la nécessité objective des sciences physiques et la nécessité subjective des sciences politiques. La loi est réduite à des rapports de quantité qui n’expriment aucune qualité dans la réalité.
La fin idéologique néo-libérale est radicale. Elle neutralise la rationalité discursive du marché. Elle disperse la causalité objective dans l’attention du sujet. Elle détache la discussion publique de la réalité par l’abstraction juridique et mathématique. La qualité sans matérialité est irrémédiablement et artificiellement opposée à la matérialité sans qualité. Le résultat est la dissimulation des fins réelles de toute négociation. Le droit de l’offre est disjoint du droit de la demande. La loi et la monnaie canalisent par le filtrage d’intérêts oligarchiques le dialogue de l’offre avec la demande. La forme dissimule la quantité. La quantité masque la forme. Les intérêts sont opaques. La quantité matérielle ne sert pas la fin. La fin ne détermine pas la forme. La forme calcule une quantité sans effet dans la qualité. Le sujet de la valeur s’aliéne dans des transactions qui ne disent pas les intérêts qu’il sert. L’offre ne connaît pas toute la demande ; la demande ne sait ni par qui ni comment elle est servie.
Opacité construite
Individualiste, la liberté néo-libérale est matérielle donc totalement compromise dans les intérêts d’intermédiation. Ils ne représentent que la réalité présente qui donne accès à la matérialité physique, c’est à dire au capital de matière existante au présent. Le travail et le capital du futur sont siphonnés dans le présent. La politique en tant que discussion collective des fins ne peut y prendre aucune part. Elle fabrique des droits sans obligations, des obligations sans substance, adressées à des objets de valeur sans sujet. Les liens entre les individus sont indéfiniment réduits par la matière. Les seules fins de l’oligarchie financière sont investies dans la matière. L’anticipation de la valeur future ne contient pas les formes que les sujets de l’offre pourraient élaborer en communication directe avec les sujets de la demande. La chaine de transformation financière d’une idée en projet, d’un projet en cycle de production et d’un cycle de production en vente finale est captée par des intermédiaires. Il prélèvent leur valeur sans l’avoir produite ni vendue dans les limites souhaitables par le consommateur final.
La financiarisation néo-libérale sans régulation publique abolit les effets sociaux du temps. Le marché ne produit que la liquidité de la matière puisque l’échange des formes est capté par les intérêts financiers. L’économie réelle engage la transformation de la matière physique en ne connaissant que les formes de la valeur intermédiées par l’intérêt propre à l’activité financière. L’intermédiation financière contrôle l’accès au marché selon ses propres objectifs de rentabilité. La demande financée par le crédit ne s’exprime que si le prix qu’elle est disposée à payer est suffisant pour couvrir les objectifs de plus-value financière. L’offre financée par le capital et par le crédit ne s’exprime que si son prix de revient à la livraison du produit final est suffisamment bas pour remplir les objectifs de plus-value propres aux intermédiaires financiers. La causalité de la valeur est réduite à la subjectivité financière.
La fin abolie par la forme
La financiarisation néo-libérale capte le marché des fins et des formes. Elle n’admet de liquidité de la valeur que par la matière. Le seul effet du marché est la liquidité de la matière, l’échange et la circulation des seuls objets matériels. Toute la valeur des formes proposées par l’offre pour répondre aux besoins conçus par la demande est captée par l’intermédiation financière. En transformant l’épargne en capital et en crédit, en captant le calcul des prix, elle absorbe l’information produite par l’expression des besoins solvables investie dans la production réelle rentable. La financiarisation produit bien de la valeur par l’anticipation de l’effet des fins et des formes humaines sur la matière physique. Elle produit de la valeur par l’information du calcul des effets certains et incertains du temps. Si le néo-libéralisme démontre que la société n’est pour rien dans la liquidité des échanges, que les fins et les formes sont contingentes à la matière, il est alors justifié que l’essentiel de la plus-value de transformation de la matière aille à la finance et que son calcul ne soit pas soumis à une loi commune.
La loi commune est l’égalité des droits. Elle implique qu’une unité monétaire est (l’avoir et l’être sont une même nature dans la monnaie) la même valeur pour tous, quel que soit le rôle de son porteur dans la cité et dans l’échange. L’insistance néo-libérale pour une liberté sans loi vide la notion d’égalité de toute substance. Comme l’égalité matérielle est visiblement impossible entre des hommes différents par leur individualité, l’égalité d’accès et de discussion des formes perd toute réalité hors de la matérialité présente des activités humaines de production et de consommation. Le discrédit de l’égalité formelle entre les hommes entraîne l’abandon de la monnaie aux intérêts particuliers de la finance. L’émission monétaire n’est plus déterminée par la transformation effective de la matière, c’est à dire par la valeur achetée par le consommateur final et vendue par l’entrepreneur et le travailleur producteurs de biens et de services réels.
Finance asservie à elle-même
La soustraction du calcul financier au contrôle de la Loi se réalise par la confusion des rôles d’intermédiation du prix, d’intermédiation du crédit, d’intermédiation du risque et d’intermédiation de l’assurance. Le néo-libéralisme économiste utilise le concept synthétique de marché pour confondre en une seule cause matérielle instantanée, les quatre causes de la valeur déroulées par le temps. Si le fonctionnement du marché ne produit pas seulement un équilibre instantané de l’offre et de la demande mais un équilibre dynamique de la solidarité d’assurance, de la liquidité du prix, de l’anticipation du prix et de l’évaluation du risque du prix, alors il est possible de différencier les causes de la valeur dans le temps. L’identification de la succession des causes de transformation des formes de la valeur en réalité physique à terme distingue des prix financiers visibles et négociables par tout sujet. Le néo-libéralisme confine le bénéfice temporel de la valeur aux sujets de ses causes financières.
Si la définition du marché par la transformation financière du temps est posée par la loi, elle oblige les intermédiaires financiers et les responsables politiques à prendre position par rapport à une et une seule nature de cause de la valeur. Le marché formellement décomposé en négociation de la matière présente, négociation de la matière future certaine et négociation de la matière future incertaine est financièrement intelligible à tout individu et pas seulement aux acteurs financiers du prix. Si le prix d’un bien ou d’un service immédiatement disponible n’est pas mélangé avec celui du même objet à terme, le prix de la valeur matérielle présente ne peut pas être confondu avec le prix de la valeur liquide à terme. Le prix de la liquidité du temps est alors spécifique. Et le prix d’un même item d’objet matériel entre deux dates mesure exactement l’entropie de la matière par le temps. Le prix de l’assurance est alors et aussi spécifique. Les prix distincts deviennent universellement discutables.
Certitude de loi
Si le prix certain d’un objet à un terme fixé n’est pas mélangé avec le prix de l’incertitude du même objet au terme considéré, le prix de la valeur matérielle certaine présente ou future ne peut pas être confondu avec le prix du risque de la certitude. La matière d’une anticipation financière est la promesse d’un entrepreneur de produire à un certain terme, un certain objet de valeur à un certain prix. La matière financière est un effet du seul langage quand elle vient du passé ou du futur. La matière physique n’existe en effet qu’au présent. La matière du passé ou du futur n’existe au présent que par le langage. Pour que la mesure du prix du passé ou du futur soit mathématiquement possible, c’est à dire possible en stabilité de forme de la mesure, il faut impérativement différencier le certain de l’incertain. Différencier à l’origine de la valeur par la parole active et à l’échéance de la valeur par la réalité physique objective.
Il n’est de certitude que verbale puisque la certitude est la stabilité du lien entre la réalité physique objective et la réalité métaphysique subjective. La certitude appartient à l’observateur de la réalité. Mais comme la réalité échappe partiellement à l’observateur, particulièrement la réalité physique extérieure à sa subjectivité, il demeure une incertitude de la réalité qui appartient aussi à l’observateur. La certitude et l’incertitude sont des réalités métaphysiques totalement construites par l’intelligence humaine pour calculer l’effet de ses actions dans le temps. Quand le sujet humain entrevoit une incertitude positive sur la certitude de la valeur future, il actionne son projet. Quand il entrevoit une incertitude négative qui diminue la valeur future en dessous de l’effort maximal qu’il décide de consentir, il abandonne son projet et passe à autre chose. Le départ de la certitude et de l’incertitude de toute transformation matérielle est le moteur de l’anticipation financière.
Continuité logique
La décomposition du marché entre les quatre causes de la valeur anticipée ne peut être effective que par la Loi discutée et acceptée avant toute transaction. La réalisation effective d’une anticipation financière n’est observable qu’à l’échéance au moment ou le prix final de l’objet anticipé est comparable à son prix d’origine. Si le prix d’origine et le prix final ne sont pas définis et calés sur une réalité avant la négociation, toutes les dissimulations et manipulations sont possibles pendant l’écoulement du temps financier. La réalité stable à l’origine d’une anticipation financière ne peut être que du marché par lequel la Loi est matérialisé donc tracée et comptable en monnaie. Sans le marché, la Loi est enfermée dans la métaphysique et intraduisible en égalité réelle de droit. Sans la monnaie librement et rationnellement convertible sur le marché, la valeur réelle des droits comptables en monnaie n’est pas connaissable.
En dissociant la loi du marché, le platonisme néo-libéral livre la loi et la monnaie à l’oligarchie politico-financière. Il verrouille le marché par la prétendue inutilité économique de la Loi. Sans l’application de la Loi dans le marché, il est impossible de constater l’inégalité devant la Loi entre les opérateurs du réel et les opérateurs de la politique et de la finance. Tout décalage entre l’offre et la demande concrète d’un même objet de droit est en effet comblé par du crédit. Quand un droit n’a pas été défini en équilibre avec la réalité de l’offre et de la demande, c’est à dire financé à hauteur des obligations qu’il crée, le produit du choix de la matérialisation monétaire de la valeur revient sans discussion au pouvoir politique et financier. Le politique finance ses promesses par le déficit budgétaire et le financier finance ses plus-values par le crédit. La cause du crédit et le crédit-même sont retranchés ou ajoutés du marché à la discrétion de l’oligarchie platonicienne.
Tyrannie monétaire
Le politique maître de la loi non évaluée par le marché décide par lui-même le crédit qu’il représente. Le pouvoir financier tient le politique dans son ordre en décidant par lui-même du critère de la solvabilité publique. L’un tient la définition du crédit et l’autre le risque de la définition effective du crédit. Le pouvoir politique émet de la monnaie selon ses besoins et le pouvoir financier garantit la réalité de la monnaie selon ses besoins. Le pouvoir politique émet la contrevaleur en crédit de la monnaie et le pouvoir financier émet la contrevaleur en risque de la monnaie. Ainsi collaborent-ils à l’émission monétaire sans limite conceptuelle. Ils privent l’économie réelle qui rend des services universels d’une unité de compte stable de ses anticipations. Le pouvoir politique capte la richesse réelle par la débauche de crédit et le pouvoir financier capte la richesse par la débauche de risque issue du crédit.
La monnaie exclusivement définie par la loi sans garantie stable de convertibilité sur le marché devient mythique, détachée de toute réalité physique vérifiable. Le platonisme néo-libéral est une mystique de la guerre, une captation de la matière et de la matérialité physique par la contradiction du langage en soi-même. L’oligarchie prive l’individu de sa faculté de penser en dissolvant le sens commun des mots. Du coté métaphysique du langage, le juridisme détache la forme de la matière qui circule dans le marché. Du coté physique du langage, la mathématisation détache la matière de la forme. A coté du marché de la matière ouvert à tout sujet, le marché parallèle de la forme est réservé à l’oligarchie des initiés. Par le crédit et la monnaie, la gnose politique et financière dit au peuple ignorant ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas. Le ministre irlandais des finances est obligé d’affirmer que son pays s’en sortira tout seul avec un déficit budgétaire de 32% d’un PIB non mesurable. Qui en doutera ?
86 réponses à “Auto-contradiction néo-libérale, par Pierre Sarton du Jonchay”
COucou,
C’est touffu, comme d’habitude. J’essaye de dechiffrer. Vous arrivez à dissequer et exprimer des idées que l’on ressent. Essayer de donner du sens à la valeur et de la valeur au sens, des mots, des idées, de la monnaie.
Le maelstrom financier adossé au dogme neo-liberal, nous entraine dans un puit sans fond de non-sens.
Mais qui etes vous , qui suis je pour dire le droit, la loi, le sens ?
Se raccrocher au rationnel , désespérément, afin d’eviter que le simplisme, l’absolutisme, ne l’emporte et ne vienne une fois de plus « abreuver nos sillons ».
Quelques hommes de bonne volonté réussiront peut-être.
Soyons pessimistes enthousiastes !
Bonne journée
Stéphane
Bonjour,
Sur l’analyse des causalités :
Peut-être avez-vous raison sur le fait que les tenants américains du néo-libéralisme débridé ont utilisés et imposé les postulats annoncés dans votre précédent texte pour en faire des normes et manipuler les hommes et les évènements comme bon leur semble. Il se trouve, malheureusement, que c’est ainsi !
Même détournées de leurs fins premières, les distinctions que vous évoquiez servent maintenant à asservir et décérébrer l’homme, et qu’il faut maintenant revenir à une conception globale de notre être si l’on veut avoir une chance de vivre comme des sujets de volonté et non comme des objets de volonté : la pensée, la décision, l’action sont tous reliés et sont également liés à un contexte (comme l’a très bien compris Vincent Wallon, mettant par là même en lumière la qualité de mes détracteurs institutionnels, toujours très enclin à projeter sur autrui leurs propres turpitudes). Changez le contexte et vous aurez aussi un changement à la fois dans les pensées, les décisions et les actions des hommes soumis à ce contexte.
On ne pourra jamais revenir en arrière et anéantir les méfaits de l’utilisation des théories à tendance « dissection » ; donc, revenons à plus d’harmonie en voulant bien considérer l’être comme un tout, et non comme une quantité infinie de particules détachables et utilisables à des fins qui échappent (pour ne pas dire qui lui sont carrément néfastes) à l’être conçu comme un tout.
Sur votre théorie (les histoires de marché, de monnaie, de valeur objective des transactions et tuti quanti) :
Vous savez ce que j’en pense (plus que contestable) ; ma position n’a jamais variée d’un iota, et vous n’avez d’ailleurs aucunement fait en sorte qu’elle change puisque vous n’avez jamais répondu à mes doutes et interrogations sur la pertinence et l’intérêt pour les peuples de cette MU.
Cordialement,
@ PSJ,
Permettez moi de rebondir sur cette réponse que vous faites à Antoine Y.
Certains blogueurs ne reformulent pas votre pensée mais cherchent au contraire à vous faire aller plus loin, en passant, par exemple, de la théorie à la pratique ou encore en vous encourageant à faire la balance entre les avantages et les inconvénients de la MU que vous proposez. Autant la reformulation de vos propos à l’heur de vous plaire, autant la marche en avant dans le concret semble vous rebuter. Quelles conclusions tirer de ce constat au regard de la recherche collaborative ?
Je répète que vous ne tentez qu’une chose : c’est faire passer votre message et tous les postulats qu’il véhiculent, sans accepter d’en discuter le bien fondé.
Au plaisir,
@Bonjour VB,
J’ai bien pensé à vous en répondant à Antoine Y. Oui vous me poussez bien. A force de vous lire et de vous répondre, je finirai bien par découvrir ce qu’est pour vous le bien sur quoi je puis fonder un message qui vous agrée. Mais il va falloir que nous acceptions le risque réciproque de nous comprendre. Si nous y consentons, nous aurons créé la MU qui sera la représentation d’un accord possible de valeur mesurée entre deux sujets parfaitement distincts et différents en relation d’échange.
Bien à vous.
« Du coté métaphysique du langage, le juridisme détache la forme de la matière qui circule dans le marché. »
Pourriez vous être un peu plus précis sur ce point en particulier? Qu’appelez vous « juridisme »? Qu’appelez vous forme/matière qui circule dans le marché?
A bien des égards le droit capte mieux la nature du crédit que ne le fait la science économique, par exemple. Mais cette phrase peut vouloir dire tellement de choses…
De manière générale, essayez de nous donner des exemples concrets chaque fois que vous le pouvez. Parce-que vous n’êtes pas évident à lire, faute de « repères ». C’est curieux comme vous tenez deux types de « langages » l’un à côté de l’autre: l’un technique, précis et clair quand vous nous expliquez le fonctionnement ou les stratégies que révèlent les décisions prises par les institutions en matière financière (à la F. Leclerc); et l’autre tout aussi technique mais dé-contextualisé dans ces textes. Avoir les deux ensemble dans le même texte aiderait grandement le lecteur, je pense.
Dernier point: si je dis que vous considérez Marx non pas comme une inversion de la pensée hégélienne mais comme beaucoup d’historiens de la philosophie comme une simple tendance de l’hégélianisme, et que, partant, pour toute prétendument « matérialiste » qu’elle se donne, la pensée marxienne n’est qu’un idéalisme de plus aux yeux du réalisme aristotélo-thomiste, ai-je correctement clarifié votre position?
Plus avant, peut-on qualifier votre approche comme une tentative pour montrer que ce qui est aujourd’hui à peu près indiscuté dans le champ de l’histoire de la métaphysique se retrouve également au niveau de l’analyse des faits économiques, et que les positions non/anti-réalistes de Marx, résolument « Modernes » (en a t-il seulement conscience?), sont erronées car fondamentalement viciées à la base (toujours pour un penseur aristotélicien)? Paul, par exemple, est assez proche de ce genre d’analyse je crois quand il décrit la transformation que Marx fait subir à Aristote, glissant d’une réflexion sur les usages à une réflexion sur les valeurs.
Mais du coup, n’y a t-il pas une ambiguïté à parler des « 4 causes de la valeur »? Ne vaudrait-il pas mieux se débarrasser du concept même de valeur (comme Paul), qui implique tout un arrière plan métaphysique, toute une grammaire typique de l’idéalisme moderne et « post-moderne »(sic) et qui participe donc du problème lui-même?
– Le matérialisme est un idéalisme, puisqu’on présuppose une explication idéologique à priori…
– La métaphysique est un domaine philosophique, en sociologie et en économie on n’utilise pas ce concept. On préfère idéologie, culture, superstructure….
Vous me renvoyer une formulation personnelle très transparente de ce que j’essaie de dire. Merci. La reformulation de mes propos par les blogueurs est comme je vais m’en expliquer la clé de notre recherche collaborative.
Je qualifie de juridisme l’attitude qui ramène tout débat de valeur à la loi, voire aux mots indépendamment de ce qu’ils signifient pour chaque sujet. Oui l’approche juridique du crédit est plus parlante que l’approche économique et financière. D’ailleurs le problème actuel est l’inconsistance du discours économique et financier sur la maîtrise et l’utilité du crédit.
Bien noté votre demande d’illustration. Mais je ne parviens pas encore dans un même texte suffisamment ramassé pour respecter le format du blog :
1) à poser des concepts et en expliquer la cohérence
2) leur donner des illustrations pour en faciliter la compréhension
3) formuler un message et une conclusion qui marquent
Je compte en fait sur la discussion avec le lecteur pour synthétiser collectivement le sens. Les critiques acérées comme les approbations créent un mouvement d’ensemble.
Ce que vous dites de Marx et Hégel résument et éclairent parfaitement la position que je veux exprimer. Vous identifiez bien les nuances que j’ai avec Paul Jorion sur la valeur. Je vois des nuances d’approche par rapport à un même objectif. Construire une discussion humaine de la valeur.
Si je comprends bien la démarche de Paul (ce n’est pas à moi de l’affirmer), il constate que notre civilisation occidentale dialecticienne et rhétorique s’enferme dans des jugements de valeur. Comme la valeur est définitive par essence, les individus s’isolent les uns des autres dans l’incommunicable. Paul me semble croire néanmoins que le langage est fait pour juger de la valeur provisoire (désolé d’employer mes mots à moi qui ne sauraient engager ni la pensée de Paul Jorion ni celle de ceux qui me lisent ici), donc de la valeur définitive en tant qu’elle est discutable et non qu’elle conclurait au présent une recherche. Évacuer le concept de la valeur permet d’utiliser le langage sans envahir les autres avec ses propres valeurs ou pour le moins sans les agresser à cause du contexte culturel dans lequel nous parlons et échangeons.
Personnellement je souhaite arriver à la même discussion que Paul Jorion sur la valeur mais par la conceptualité. J’affirme donc imprudemment que la valeur existe pour qu’elle soit l’objet de notre discussion. Le danger de cet « angle d’attaque » est qu’il paraît intellectualiste et que par conséquent il peut susciter davantage la confrontation que le débat et le partage. Toutefois, je suis modéré par le format du blog sur lequel Paul et Julien veillent. Et je suis protégé, je l’espère, par la bienveillance de la grande majorité des lecteurs de ce blog.
Ma démarche intellectuelle que vous décryptez parfaitement est motivée par le vœu que nous avancions le plus rapidement possible dans la conceptualisation du nouveau paradigme de la valeur qui est en train d’advenir. Il ne nous manque aucun outil conceptuel ou pratique pour nous engager dans la construction d’une société mondiale qui laisse sa place à tout sujet quelles que soient les valeurs individuelles. Il y a une condition à cet engagement traduisible dans la réalité concrète : ne pas fermer le débat de la valeur. Donc l’ouvrir par la causalité réelle de la démocratie aristotélicienne.
– Le matérialisme est un idéalisme, puisqu’on présuppose une explication idéologique à priori…
Idéalisme/Matérialisme et « idéologique » n’ont rien à voir. A la limite ils n’ont pas plus à voir que des chiffres et des poires, au delà de la ressemblance phonétique des mots.
– La métaphysique est un domaine philosophique, en sociologie et en économie on n’utilise pas ce concept. On préfère idéologie, culture, superstructure….
La métaphysique est présente et innerve toutes ces disciplines, de beaucoup de manières différentes (au niveau épistémologique et donc méthodologique, mais aussi au niveau de la définition des concepts fondamentaux de ces disciplines, et de la manière dont elles découpent le monde social pour se situer les unes par rapport aux autres, etc… Ou encore: les sciences humaines en général sont une vaste collection de problèmes philosophiques non résolus. Les créations conceptuelles telles que ‘ »idéologie », « culture », ou « superstructure » s’inscrivent eux-même dans l’histoire de la métaphysique occidentale, bien sûr.
– OK Pierre. C’est bien ce que je pensais.
Je vous laisse méditer cette thèse de Thomas d’Aquin, reprise par M. Villey contre le développement du droit dit « moderne »: la Loi s’adresse à l’Intelligence non à la Volonté. Ca devrait vous intéresser.
Pierre.
J’avais évoqué bien maladroitement (comme d’habitude) le Code Napoléon qui a longtemps régi mon métier (ainsi que le comportement de la société française) en parlant des « clauses réputées non-écrites ».
Soit, la supériorité de la Loi s’immisçant jusque dans les contrats de gré-à-gré.
Je ne voues pas un culte à Napoléon, loin de là. Mais il faut reconnaître que la défense du faible face au puissant (donc riche) assurait un certain équilibre que les dérives actuelles ont rompu.
J’allais vous demander comment cela tient il encore ?
mais vous dites « L’oligarchie prive l’individu de sa faculté de penser en dissolvant le sens commun des mots………..
Par le crédit et la monnaie, la gnose politique et financière dit au peuple ignorant ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas……………..Le pouvoir politique capte la richesse réelle par la débauche de crédit et le pouvoir financier capte la richesse par la débauche de risque issue du crédit……..Le platonisme néo-libéral est une mystique de la guerre, une captation de la matière et de la matérialité physique par la contradiction du langage en soi-même………….Manipulation mentale,……….Opacité construite.. »
En Art, à la renaissance, un mouvement dit « néoplatonicien »
(dont sont Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole..)
travaille qui retraduit en latin les textes des anciens grecs,
(entre autres,
ils s’enchantent de la grâce et de la beauté des corps nus des antiques statues grecques ….
ils rejouent le Banquet, débattent des thèmes de l’amour sacré, l’amour prophane, la vérité nue ….)
Cette révolution néoplatinicienne, ce retour aux grecs,
(de la pensée grecs, des mythes grecs, statues grecs,.. )
permettra aux artistes de représenter de la beauté divinement naturelle,…
(alors « censurée » de la représentation du sacré de la stricte application par l’église de dogmes professés alors en vigueur de la chrétienneté …)
Citation de Marsile Ficin, 1492 : « Ce siècle, comme un âge d’or, a restauré la lumière des arts libéraux qui avaient presque disparu : grammaire, poésie, rhétorique, peinture, sculpture, architecture, musique… »
pour résumer:
« En 1434, Cosme de Médicis, aristocrate de la plus puissante famille de Florence à la Renaissance, accède au pouvoir. Il inaugure le mécénat et imprime un renouveau à l’art. Un de ses protégés, Marsile Ficin, entreprend sur son conseil de traduire et commenter les œuvres complètes de Platon et de Plotin, qui exerceront un impact considérable sur l’art de la Renaissance. Une Académie est fondée à Florence sur l’exemple de l’Académie de Platon, rassemblant de nombreux érudits de tous genres. Cette aura culturelle se poursuivra au-delà de cette période.
…
Selon Panofsky[4], cette philosophie qui abolit toute limite entre le sacré et le profane a tout particulièrement séduit les poètes et les artistes. Il décrit ainsi les références néoplatoniciennes présentes dans le Printemps et la Naissance de l’amour de Botticelli.
… »
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9oplatonisme_m%C3%A9dic%C3%A9en
Bonjour Cécile,
Les faits que vous rapportez montrent que l’intelligence du réel et toutes ses manifestations est historique. Le modèle aristotélicien de la valeur est abstraitement anhistorique contrairement à celui de Platon. Cela n’empêche pas que l’utilisation de ces deux modèles d’explication sont bien historiques y compris et bien sûr l’interprétation schématique que j’en propose.
Votre débat aurait pu être intéressant si vous aviez vécu en Grèce au début du quatrième siècle avant notre ère…
Pour le reste, vos manipulations abstraites de concepts que vous me semblez le seul à comprendre (et encore, ne pouvant vérifier, je n’en suis pas certain) n’ont aucun écho dans mon intelligence embrumée…
Idem. Une phrase au hasard :
« La réalisation effective d’une anticipation financière n’est observable qu’à l’échéance au moment ou le prix final de l’objet anticipé est comparable à son prix d’origine. Si le prix d’origine et le prix final ne sont pas définis et calés sur une réalité »
S’il s’agit d’une *anticipation*, euh… pourquoi l’anticipation doit ensuite être calée sur une réalité ?
@ Lisztfr
L’anticipation doit être conforme à une réalité future observable. Dans le cas contraire, le risque d’asymétrie entre le prix final et le prix de marché ou prix juste se matérialise. Cette asymétrie est préjudiciable à la matérialisation de l’échange de l’objet, car l’anticipation a sous-évalué ou sur-évalué la réalité future observable du marché.
Un exemple concret : vous anticipez en tant que propriétaire immobilier une hausse de l’inflation. Vous avez des contraintes d’ajustement des conditions de location de votre bien immobilier à travers le bail. Au moment de sa reconduction, vous anticipez dans la formation du prix la hausse de l’inflation. Si votre anticipation se reflète à terme dans le prix de marché observable, tout va bien. Si votre anticipation est sur-évaluée, votre bien ne sera pas loué. Si votre anticipation est sous-évaluée, 2 risques peuvent se matérialiser : si vous louez, votre « revenu » est amputé en proportion de la sous-évaluation ; si vous ne louez pas, c’est peut-être parce que le prix sous-évalué du bien soulève des questions quant à son niveau de qualité.
Julien Alexandre 7 octobre 2010 à 15:27
Merci pour votre pédagogie.
« Sans le marché, la Loi est enfermée dans la métaphysique et intraduisible en égalité réelle de droit. » Dit PSDJ
Vous prenez un exemple immobilier.
Vous avez certainement entendu parler de la loi de 48
Elle fait tomber l’assertion de PSDJ.
Au passage merci pour votre boulot, à 3 modérateurs vous n’êtes pas loin des 3X8 !
@ Rosebud
La loi de 1948 ne s’applique qu’à la France… et celle de 1986 est passée par là, faisant sortir bon nombre de biens du dispositif (pour ceux qui n’avaient pas fait déjà appel aux offices spécialisés dans l’évasion de la loi de 48).
Merci pour la modération. C’est un plaisir sur ce blog.
Julien Alexandre 7 octobre 2010 à 16:03
Désolé de vous répondre tard mais ni retraité ni chômeur…je remarque que l’heure des post est anté-datée d’une heure : l’avance du blog sur le méridien ?
La loi de 48 est à bout de souffle, c’est clair, mais seule la volonté politique a empêché alors l’excès de pouvoir que la propriété engendre ici comme ailleurs, niveau mondial inclus.
@EOLE,
Je comprends votre réaction
d’après le lien ci-près : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/09/pour-le-cerveau-le-sexe-est-primaire-largent-secondaire.html
les circuits de récompense de l’argent sont des centres neuronaux secondaires .
alors pourquoi l’argent a pris une telle importance ?
Bonjour,
Il faut se mêfier des analyses dans ce domaine car l’interprétation des données est très souvent hasardeuse du fait de notre méconnaissance des processus cognitifs. Mais, pour répondre à votre question ou tenter de le faire, on peut mettre en avant la notion de fréquence. Autrement dit, la récompense monétaire implique d’autres récompenses (achats en tous genres, sentiment sécuritaire etc.). On peut imaginer que si la récompense monétaire est plus « diluée », elle n’en reste pas moins plus fréquente et donc plus facile à obtenir. Bref, n’oublions pas que l’argent n’est qu’un outil nous permettant d’accéder à toute une palette de bonheurs.
Plutôt que fermer les casinos et les bourses, le progrès médical va bientôt démontrer imagerie cérébrale à l’appui que 0,01 % de la population mondiale est touché par un dysfonctionnement métaphysique. À quand l’ouverture des centres de traitement des riches ?
» En revanche, l’argent est une invention très récente, à l’échelle de l’évolution biologique. Et même très postérieure à l’apparition du cerveau de l’homme moderne. Lequel a donc utilisé des réseaux neuronaux sélectionnés pour d’autres fonctions pour apprécier la «récompense» monétaire. Lesquels ? L’expérience les a découvert. Est-ce que cela va permettre, comme l’annonce le communiqué du Cnrs, « de mieux comprendre des maladies psychiatriques et l’addiction aux jeux d’argents »… l’idée est peut-être un tantinet réductionniste… Et justifierait que l’on mêle sciences sociales et humaines avec cette approche. »
Qualifiés de secondaires car plus récents…
De là à dire que c’est une « évolution » de l’humain…
Notez, pourquoi pas dans le sens où l’Humain est l’animal qui a la plus grande capacité d’adaptation à son milieu.
Qui de la poule ou…
Si je peux répondre à une question qui ne m’est pas adressée… je dirais que c’est parce que l’argent est une construction historique et qu’aucune sélection biologique ne s’y exerce.
Par contre (je dis bien), la sexualité est une activité naturelle sur laquelle l’évolution a agi depuis des millions d’années…
Mais ceci serait simple si la construction historique que les humains font de leur sexualité n’était pas venue interférer depuis qu’ils sont en société et que les usages divers et variées viennent censurer ou exacerber certaines pratiques sexuelles.
Plus surprenant encore, c’est cette histoire de la sexualité et des rapports sociaux dans lesquels elle s’inscrit qui prend le pas désormais (depuis quelques centaines de milliers d’années probablement) sur la sexualité « naturelle ».
L’idée de sexualité « naturelle » est une construction culturelle ! Dans un autre fil je disais que les éthologues avaient longtemps dissimulé la variété des pratiques sexuelles chez les bestioles, soit parce qu’ils avaient eux même en tant qu’observateurs le refus de la perception, soit que c’était impubliable au regard de l’idéologie en vigueur.
C’est seulement depuis 1980 que la dite homosexualité a été rayée par l’OMS des maladies dite mentales.
En effet, Rosebud.
Mais ce qui me gène, est que d’après les textes, les Grecques étaient beaucoup moins coincés que nous sur la nudité.
Et si l’on parle maintenant ouvertement des fresques « chaudes » de la Rome Antique (peut-être mauvais exemple vu la décadence) ou, de la date de mise sous presse du Kama-sutra, on est en droit de se demander si le sexe n’a pas été vilipendé à des fins religieuses, comme initialement… l’argent.
Ceci dit, je confirme, je suis primaire. 😉
Et pourvu que ça dure.
Hhmm.. pour ceux qui m’opposeraient que nudité n’est pas sexualité, je réponds simplement que bloquer sur la nudité empêche encore plus de parler sexualité.
Ca évacue l’éventuel futur problème.
Simplement parce que l argent est dit stimulus secondaire généralisé ,dans notre système il permet d obtenir tous types de renforçateurs que ce soit primaires (la nourriture,l eau,le sexe) et secondaires à savoir tout le reste…..attention,pouvoir,propriétées etc….voir les lois de l apprentissage et du comportement…mais bon pas trop populaire sur le blog….Apparament l’homme est une espèce à part…..
@ Yvan:
Histoire de la sexualité. M. Foucault.
Vous y trouverez une critique sans concession de la petite histoire/blague à la mode dans les années 70: Liberté sexuelle, puis chape de plomb chrétienne, puis libération par la psychanalyse.
En fait, le « sexe », tel que thématisé par les sexologues et la psychanalyse au départ, est également une invention récente et typiquement occidentale, le produit d’un « jeu de vérité ».
En Inde on se concentre moins sur la pseudo-problématique du « désir » et davantage sur « le corps et les plaisirs »
Pour le reste l’homosexualité dans la Grèce antique est extrêmement codifiée et signifie tout autre chose que « l »‘homosexualité contemporaine. Et même aujourd’hui la catégorie « homosexuel » n’est pas distribuée de la même façon selon les « cultures » pour des pratiques intimes pourtant strictement identiques.
S’agissant de la question de l’éthologie et du classement de l’homosexualité, le problème est quand même un peu plus compliqué que ça.
Comme quoi une discussion avec Pierre Sarton du Jonchay, peut ouvrir des horizons insoupçonnés .
« Pour le reste l’homosexualité dans la Grèce antique est extrêmement codifiée et signifie tout autre chose que « l »‘homosexualité contemporaine. »
Oui, en fait ils étaient surtout pédérastes et il y avait un rapport avec les rites initiatiques de passage à l’âge adulte.
L’homosexualité exclusive entre adultes était déjà moins bien acceptée. Et une « folle » aurait été carrément conspuée.
C’est peut-être lié, les grecs anciens étaient par ailleurs très misogynes, rien à voir avec les Egyptiens chez qui les femmes avaient les mêmes droits que les hommes (et qui ont d’ailleurs eu quelques reines).
@ Yvan 7 octobre 2010 à 16:48 et 16:51
Sur la nudité : les camps de naturistes inhibent toute manifestation érectile. Les camps de naturistes libertins promeuvent toute manifestation érectile.
Un ethnologue serait plus qualifié pour trancher, mais sous les latitudes chaudes, au moins un étui pénien, ou un vague cache est de rigueur.
La pratique familiale de la nudité en Allemagne a sa source dans un mouvement de nature dont j’ai oublié le nom au 19ème.
Pour la Grèce ces trente dernières années, beaucoup de nouvelles études ont modifiées la doxa établie. Les formes de sexualité sont toutes articulées aux statuts socio-économique (terme anhistorique pour mon objet mais tant pis) des femmes, des garçons, des hommes, des esclaves et de façon normée.
Quant à l’argent et au sexe, la rumeur est qu’il mène le monde. Au sens où reproduction humaine et transmission du patrimoine ont une forte corrélation c’est certain. La plus grande part de l’humanité vit sous la règle des mariages arrangés, qui sont là pour sécuriser le capital. Par exemple l’exigüité des terres au Ladakh a favorisé un système où un frère ainé récupère la propriété familiale, épouse une femme qui devient aussi celle de ses frères etc. Chez nous où on se croit libre, l’attraction sexuelle qui mène au mariage semble contenue dans des rapports de classe sociale de même niveau. Quand l’inégalité de revenu ou de statut est là, les compensations financières existent. Difficile de contester qu’il existe une baise de classe, même s’il existe plein d’exemples de transgressions.
Je réitère mon opinion à ces sujets.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=12604#comment-85458
La religion répond à tout : c’est le sens de la blague du rabbin : j’ai les réponses, avez-vous les questions ? et d’abord au sens de la vie. Mais il y a d’autres fils tissés sur la sexualité. À lire au 18ème « l’attaque d’orgasme » comme « État de tension, d’excitation, de turgescence d’un tissu ou d’un organe », l’orgasme devenu un droit revendiqué de nos jours, et même le fameux orgasme conjoint et simultané dont on fait toujours la promotion, qui semble bien être le reliquat de la théorie des humeurs, celle qui a fabriqué et promu le souhaitable orgasme simultané qui permet la meilleure cuisson possible des deux semences, en ligne directe d’Hippocrate comme d’Épicure et dont Descartes était partisan. La cuisson fécondante bien sûr. Dans nos campagnes après-guerre cette théorie perdurait, j’en ai eu le témoignage d’un vieux médecin.
@ AntoineY 7 octobre 2010 à 16:25
D’accord avec vos remarques.
Sur la dernière ligne… l’homosexualité est une dénomination récente et diffusée via la psychanalyse, et quand les éthologues constatent les ébats des bestioles ils utilisent le terme dominant. Pour ce qu’il en est des pratiques humaines bien sûr « c’est un plus compliqué que ça », comme d’habitude.
Le lien passe par les néoplatoniciens
(ceux de la renaissance, de la famille Médicis, du peintre Boticelli, Marsile Ficin, Jean Pic de la Mirandole , … au poète Ange Politien, …
cf par ex « les étoiles de Némésis, Emilie Séris » dans google livres)
Pierre francastel lorsqu’il analyse la naissance de Vénus de Boticelli,
(Peinture et société , oeuvre 1)
expose la symbolique de l’argent représenté de coquille St Jacques
bonjour,
Mr du Sarton du Jonchay ce n’est pas un petit texte que l’on écrit a la va vite
ça demande du travail et c’est sans doute brillant
vous prenez la matière, vous faites des additions, des soustractions des multiplications etc…
mais malheureusement je n’ai pas suffisamment d’aspirine pour lire jusqu’à la fin
de cette pirouette d’écriture qui donne le tournis.
ça me rappelle un peu un livre de Stephen Hawking que j’essaye de lire et que jamais je n’arrive a finir.
Tout à fait d’accord!!!
Je dit avec autre mots olus simple ou plus compliqué? 😉
On vit aujourd’hui dans une sorte de fascisme bureaucratique.
L’origine de cette fascisme se trouve dans une scission entre l’économie réelle et l’économie bureaucratique. L’origine de cette scission se trouve dans une simple technique comptable q’on utilise tous les jours:
Revenu
– cout
________
= profit (égale ou perte)
La nous trouverons l’origine de la scission entre l’économie réelle et virtuelle.
C’est notre levier comptable qui nous aident d’avancer plus vite (bureaucratiquement 😉 )
Par inconscience la bureaucratisation et dévenu notre premier priorite dans notre Contrat Social et on voit, nous avons institutionalisé cette bureaucratisation partout dans la société.
Je suis un fils d’un entrepreneur, un vrai si j’ose dire. Un entrepreneur en général n’est pas un grand fan de la comptabilité ou la bureaucratie en général. Et dans mes discussions quand j’était petit avec mon père, il a parlé des syndicats qui selon lui ne savent pas se qui represent d’être un entrepreneur et ces responsabilités. Va mettre un syndicaliste sur mon poste et on va voir ou il y a en est en six mois un ans. Tu va voir qu’est que ça donne!? J’ai eu douze, treize ans et j’étais impressioné par cette discours, mais avec des questions qui restent en moi. Et après un ou deux jours, je me disiez: « mais c’est pas tout l’histoire papa ».
Ca prit encore une petite trente années pour comprendre pourquoi.
A suivre peut être…………. 😉
21ème texte, au 25ème on aura parcouru ceux qui nous séparent d’Aristote.
Le premier paragraphe s’intitule « manipulation mentale ».
Nos juristes auxquels on avait demandé de fabriquer une loi à propos de « secte » se sont aperçus de l’inconsistance de cette notion. Ce n’est pas parce qu’une notion comme « manipulation mentale » est foireuse qu’elle cesse d’être utile.
À propos d’auto, j’ai repassé mon 4ème stage de récupération de points en 10 ans. Ce dispositif est animé par un psychologue et un moniteur d’auto école. Le psycho a expliqué qu’il était là parce qu’il était grassement payé et que si les participants avaient envie de revenir après la période légale de 2 ans écouter à nouveau les deux témoins de Jéhovah pendant 2 jours, ils étaient libres. Libre d’être récidiviste, je le suis.
Le problème des agents verbalisateurs alias des radars-automatiques :
c’est que du fait de leur état de machine, ils sont et restent désespéremment, et fatalement dépourvus de cerveaux
néo-platonisme ou néo-sophisme ou un maelstrom de penser faux accolé au concept de « pragmatisme », de scientisme ?
Pour les « nuls », peut-on dire « face je gagne, pile tu perds »…?
Bref, analyse brillante mais qui continue à décrire en « position haute, aristocratique » le naufrage !
Et après l’analyse contemplative, réservée aux zélites… ?? Parce que, pendant ce temps, nous les nuls..on coule !
C’est bien pourquoi un engagement de prix ce jour ne peut être maintenu demain.
C’est bien pourquoi un engagement de prix ce jour ne peut être maintenu dans 10/20/40 ans.
C’est bien pourquoi un crédit engagé ce jour ne peut être maintenu à la même valeur dans 10/20/40 ans.
C’est bien pourquoi la déspéculation immobilière en cascade est impérative pour ne pas ruiner le préteur et l’emprunteur.
Je crois reconnaître des éléments de notre dernière discussion. Allez savoir pourquoi, ça me fait plaisir.
Et oui vous me donnez de la nourriture conceptuelle. 🙂
Il me paraissait en effet important de mettre en lumière la chose suivante: Aussi auto-centrée (pour ne pas dire égocentrique) que la pensée cartésienne soit, et donc critiquable puisque inspiratrice de la pensée néolib, il n’en reste pas moins que elle aussi – je serais même tenté de dire elle surtout – prend acte de la subjectivité du sujet. C’est d’ailleurs le moteur fondamental de la réflexion que Descartes opère dans les méditations.
Aussi, pourquoi se priverait-on d’un accord à ce point universel qu’il réunisse l’idéaliste Descartes avec le courant matérialiste. Ce type de consensus est suffisamment rare pour qu’on puisse s’en réjouir car il semble être le plus indubitable fondement d’une pensée qui paraisse juste au plus grand nombre.
Votre texte me paraissant un peu plus court que les autres, je crois donc en avoir mieux saisi le sens de votre propos, même si je pense que ce n’est plus vraiment ce genre de vocable que le monde aurait tant besoin d’entendre afin de mieux passer à autre chose surtout en ce moment, tous ces termes sont déjà tellement présents et influencants dans l’esprit des êtres, personne n’y échappe pas même moi en faisant même très attention un peu partout.
Attention aussi à ce que votre texte n’entraine pas trop une Manipulation mentale dans l’autre sens
Pour résumer votre propos Le paradigme marchand presse tout le monde vers le contraire d’une réelle société humaine > une hypersociété à la fois très hypertrophiante et mutilante pour l’esprit humain, bref un plus grand lavage de cerveau médiatique à l’échelle d’un monde, dissociété, si c’est bien le terme le plus adéquat pour mieux décrire cela à d’autres et de manière plus abordable.
A croire d’ailleurs que le seul développement de la personne humaine vers le bas, par exemple vers la seule perfection humaine d’un triple 666 partout présent sur terre, ne suffit pas toujours non plus à établir de meilleurs rapports moins conditionnés et machinaux partout sur terre. Ce qui pourrait expliquer le nombre de petits Maîtres-chanteurs en plus dans le monde.
Puis je vis monter de la terre un système plus performant mais guère différent du premier. C’est ici la sagesse de Jérémie. Que celui qui a de l’intelligence calcule aussi le nombre de toutes ces têtes bien faites sur terre c’est hélas un grand nombre d’homme, de dirigeants, et leur nombre ajouté c’est uniquement cela en plus partout sur terre, pour le plus grand bonheur ou malheur médiatique supplémentaire de l’humanité présente, pauvre monde …
Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende! Si quelqu’un mène en captivité pour le commerce principal des êtres et des choses de plus sur l’homme, il ira lui aussi tôt ou tard en captivité à son tour.
C’est pour vous dire à quel point le monde n’est vraiment pas sorti de son pire cauchemar …
Oui, ces textes sont peu compréhensibles car il n’y a que quelques allusions au monde réel au milieu d’un raisonnement très théorique, pas d’équilibre ni d’articulation, dans la forme mais aussi sur le fond. Du coup, soit on n’y lit ce qu’on ressent en complétant les « sauts » de raisonnement soi-même, soit on n’arrive pas à suivre. Si on est en phase c’est sans doute très bien. J’avoue que je ne peux pas tout lire et je m’étonne d’autant de « sauts » pour autant de lignes. Cela donne envie pour y voir clair de mettre des chapitres, sous-chapitres avec définitions/hypothèses/raisonnement ou démonstration/conclusion provisoire/thèse,… pour démêler.
En fait, outre que j’ai du mal à suivre, ce qui me gêne le plus est qu’il ne fait pas la distinction dans ses formulations entre des affirmations non démontrées (une position est toutefois légitimable) et des morceaux de raisonnement (ou démonstrations, même si ce n’est pas tout à fait pareil).
Dommage pour moi, et d’autre sûrement.
Je comprends bien votre désarroi qui ne me convient pas. Il s’agit ici d’une nouvelle vue, d’un nouveau morceau de raisonnement, dans un tableau d’ensemble pour construire un paradigme alternatif de la valeur dans le monde d’aujourd’hui. Ce paradigme aura sa traduction concrète dans la fondation d’un système monétaire international permettant la mesure de toute valeur dans un prix quelle que soit le référentiel d’explication et de justification. Comme je l’ai dit à AntoineY, mes billets sont inachevés et ne sont pas lisibles sans la complémentarité avec tout le contenu de ce Blog. Tout ce travail débouchera sur des articles et des définitions dans une constitution de l’économie.
Je me demande parfois si le monde est réellement bien conscient de sa propre manipulation mentale et médiatique au quotidien depuis d’ailleurs que la crise s’est déclaré en Amérique et puis maintenant un peu partout, on arrête pas bien sur comme ça la nouvelle peste du monde de la finance !
Oui comme la manipulation politico-marchande du monde est grande et qu’elle en est encore aujourd’hui la meilleure façon de contrôler et posséder principalement l’esprit humain ?
Mais que vous ont donc fait les Diptères?
Je ne voudrais pas paraître désobligeant, mais à qui prétendez-vous vous adresser, hormis aux quelques-uns parmi nous qui auraient lu attentivement, et si possible dans le texte original, les oeuvres de Platon, Aristote, etc. et s’en souviendraient encore!
« Ces choses-là sont rudes – Il faut pour les comprendre avoir fait des études! »
Enfin Monsieur, je vous rejoins.
Vous tenez le sujet au cœur bravo.
[quote] »Le pouvoir politique capte la richesse réelle par la débauche de crédit et le pouvoir financier capte la richesse par la débauche de risque issue du crédit. »[quote] :
C’est très joliment dit. Vous citez ici, le réel, le vrai problème.
« Quand le sujet humain entrevoit une incertitude positive sur la certitude de la valeur future, il actionne son projet. Quand il entrevoit une incertitude négative qui diminue la valeur future en dessous de l’effort maximal qu’il décide de consentir, il abandonne son projet et passe à autre chose.
Version exotérique…Si tu crois, tout bien pesé ,que ça pourrait bien le faire ,vas y mon gars!
Si t’es à peu près certain de ton prendre un râteau , ne te mets pas en frais, surtout reste chez toi.
« Il ne nous manque aucun outil conceptuel ou pratique pour nous engager dans la construction d’une société mondiale qui laisse sa place à tout sujet quelles que soient les valeurs individuelles. »
(Extrait de vos commentaires ci-dessus).
Bien. On pourrait aussi dire le contraire en affirmant, comme nombre de formations politiques, la nécessité de la pérennisation des nations et des cités.
Donc, quelques types, une assemblée (l’ONU, l’UNESCO, un gouvernement mondial, un leader charismatique, Paul Jorion, vous, moi,…?) se réunissent et décident de tout reconstruire conceptuellement en respectant les valeurs individuelles et en évitant de chercher à imposer des normes de façon contraignante style colonialisme ou conquête.
Vaste programme.
Et vous expliquez tout ça au bon peuple avec des textes comme celui-là ? A moins qu’on ne lui demande pas son avis ?
Si j’apprécie l’exercice intellectuel, je lui dénie, hélas, toute vertu pratique au regard des enjeux et de l’urgence. Je crains que les choix des futurs gouvernants ne soient beaucoup plus prosaïques.
D’ailleurs, je le répète, vos constats, ne sont, pour la plupart, que des hypothèses (ex: « Le discrédit de l’égalité formelle entre les hommes entraîne l’abandon de la monnaie aux intérêts particuliers de la finance. » ou les passages sur le crédit). Hypothèses qui, sans aller plus loin que ce blog, suscitent controverses.
Bref, hormis l’exercice de style (brillant) et le respect que je vous dois par principe (valeur individuelle), je ne vois pas trop où tout ceci nous mène. Idem à propos de récents étripages sur la psychanalyse, sujet favori de crêpe-chignon des germanopratins.
Mais je suis sûrement l’idiot de service. Le problème étant qu’ils sont majoritaires.
Aux prochains épisodes…
Depuis son « effectivement » où PSDJ répondait à mon « une M.U. il faudra bien passer par des discussions et donc des rapports de forces, politiques, économiques et militaires. », j’attends la suite.
Une réserve toutefois : il est vain de répéter le scénario de Bretton Woods soit une organisation économico-financière antérieure à une organisation politique (ONU) dont la finalité explicite est la paix dans le monde. La paix est liée à une certaine pondération dans les inévitables conflits humains, et d’autant plus quand une déclaration à prétention universelle, méconnue par la majorité de la planète malgré 375 traductions, prévoit dans son article 17 « Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ».
Effectivement, y compris au niveau le plus haut du droit international, bien ou mal acquis, ce qui est acquis reste acquis. Or tant que ne seront pas castrés les puissants, je ne vois pas très bien comment « esprit de fraternité » « l’égalité des droits des hommes et des femmes » « progrès social » également présents au programme seront actés dans le cadre de « relations amicales entre nations » « libérés de la terreur et de la misère ».
Les lois ne sont pas immuables, ça se change une loi ; seule la volonté politique le permet et elle est définie dans nos traditions comme le reflet de la volonté du peuple.
Art 21 : « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. »
Qui est contre la représentativité du peuple à l’ONU sur le mode 1 voix = 1 voix ?
Les occidentaux seraient minoritaires, sans droit de veto, et alors ?
Je suis ce blog quasi quotidiennement depuis janvier. Beaucoup moins l’an dernier. Je n’ai pas le souvenir d’étripages. Mais le terme « germanopratins » j’ai le souvenir de l’avoir rencontré au point de chercher dans le dico. Était-ce déjà vous ? Je me souviens d’avoir écrit sur ce blog, ou avoir eu l’intention et pas le temps, que la possibilité de l’analyse, c’était la possibilité d’une liberté totale de dire. Le seul endroit possible sans représailles, policières, psychiatriques, professionnelles, amicales, amoureuses, familiales, juridiques etc. ça me semble précieux pour ça, en dehors des effets dont certains se contentent parfois.
Bonjour Jean-Yves et Rosebud1871,
La spécificité de l’équilibre platonicien dans lequel le monde s’est installé est justement la séparation de l’action de son univers mental. Ceux qui agissent d’un coté et ceux qui pensent de l’autre. Surtout qu’il ne se rencontrent pas, qu’ils n’agissent pas et ne pensent pas de concert. Le levier réciproque de la pensée par l’action doit rester dans les quelques mains expertes que compte l’humanité.
Si je suis tombé d’accord avec Rosebud1871 sur la nécessité d’en passer par des rapports de force, c’est bien parce que le discours force l’action et que l’action force le discours. Si je propose l’institution immédiate d’une monnaie internationale de démocratie (MU) à coté des monnaies nationales, c’est que la MU serait instantanément la matérialisation de la pensée en acte et de l’action intelligible par tout esprit de quelconque nationalité ou culture.
La MU existe déjà en matière (à travers les monnaies utilisées internationalement), en intelligibilité (projet du bancor de Keynes, modèles financiers de transformation réciproque du risque en crédit, modèles de cotation de la variabilité du prix, modèles de cotation du risque de crédit) et en finalité (volonté majoritaire dans le monde d’échanger paisiblement avec son voisin). Pour que la MU advienne au service de la démocratie, il faut que les citoyens élisent des démocrates engagés à faire exister la MU. Ainsi les électeurs pourront-ils contrôler leurs élus par leur vote et par leur argent. Placer son argent en MU et calculer des prix en MU signifiera évaluer sa propre démocratie nationale par la démocratie des étrangers.
@PSJ
Là vous êtes vraiment quantique!
Il est 14h40, nous sommes le 8/10/2010
Et votre billet de 15h41 du 8/10 apparaît!
L’observateur est-il sur la rive, ou bien sur le cargo qui s’observe de la rive tandis que se revendent les cargaisons?
Le prix du kilo de carotte ne s’entend plus sans Einstein alors!
» Comme la valeur est définitive par essence, les individus s’isolent les uns les autres dans l’incommunicabilité »
Vous avez raison, le concept valeur est essentiel à la compréhension du néo-libéralisme.
Votre texte apporte un puissant éclairage par rapport à l’oligarchie actuelle et sur sa capacité tactique à dissoudre les mots (« verbe »), donc à saper le dialogue entre les humains.
Il faut juger que par l’ouverture à l’être. « L’amour m’envoie qui me fait parler » Virgile
Merci
Seigneur tout puissant, épargne moi le commerce avec ces verbeux dont la juxtaposition des mots ne m’est pas intelligible, moi qui suis un esprit simple, pratique, humble devant toi mais irrascible avec les pédants et les fats au verbe ampoulé !
Drôle de façon de vous épargner ce commerce.
J’allais le dire!
Mais ce n’est pas parce que la forme est hermétique que le propos est ambigu ou dénué d’intérêt.
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
Monsieur Sarton du Jonchay, je vis quelque chose de terrible.
Je sens que les messages que vous voulez faire passer sont particulièrement intéressants, car j’en saisis quelques fois le sens ;
Malheureusement ils me sont trop rarement accessibles.
Essayez de me donner des pistes pour vous faciliter la compréhension. Quelles sont les notions à développer ou illustrer ? 😉
Phrases plus courtes, plus synthétiques ?
mots plus usités ?
… ma foi, comment pourrais je vous donner une indication, moi qui tombe régulièrement dans l’excès inverse.
En un mot, mon problème se situe ici lors de ma lecture : je perds le fil conducteur.
merci tout de même 🙂
@Edith,
Comprenez que mon fil conducteur est contraire à la compréhension intuitive de la langue. Je cherche à démontrer que la crise politique, économique et financière vient de nos habitudes de langage qui nous ont amenées à perdre le sens naturel de certaines notions essentielles à la vraie valeur. Ces mots sont « démocratie », « loi », « responsabilité », « prix », « travail », « marché », « crédit », « monnaie », « risque ». Même le mot « vérité » a perdu son sens.
Au lieu d’utiliser tous ces mots dans leur sens habituel qui ne produit plus de valeur (la crise), j’essaie de transformer leur sens pour qu’ils refassent système et puissent de nouveau servir à expliquer et créer la valeur. Cet exercice est aussi perturbant que d’apprendre que la personne qu’on nomme Papa ou Maman n’est pas un parent biologique mais un parent adoptif. Tout est alors transformé dans notre intelligence du monde.
Le fil conducteur est ici de poser qu’on peut croire à autre chose que ce qu’on voit actuellement (chômage, appauvrissement, démantèlement des sociétés, accumulation de crédit non remboursable, guerre des monnaies). Il est raisonnable de vouloir autre chose et il est possible de le penser logiquement pour l’appliquer dans la réalité.
Monsieur du Jonchay, reçu 5/5 😉
Je voulais juste dire que Poincaré autant qu’Enstein participèrent en leur temps à la guerre des horloges, pour presque les mêmes conclusions: la relativité.
Il fallait bien une heure universelle…tandis que les anglais, avec leurs câbles sous-marins, ils intimèrent Greenwich.
Alors, la MU, il faut bien la penser….
Continuez, monsieur du Jonchay, vous êtes sur la bonne voie.
« Chacun est propriétaire du sens de sa discussion »…
Distinguons si derrière un vocabulaire tape à l’oeil, se cache une banale arnaque intellectuelle .
L’adjectif « sa » est censé expliquer à qui appartient la chose , et être propriétaire de « sa » , en voilà un beau concept intellectuel .Cà démarre fort .
Voilà donc une phrase qui se lit avec un assentiment naturel , l’inconscient se réjouissant d’une belle évidence : » si c’est « sa » , forcément , c’est à lui « .
Tandis que le conscient se dit: »encore faut il que la discussion est un sens » .
Mais au fond, où se situe l’arnaque ?
La phrase « chacun est propriétaire du non-sens de sa discussion » se lirait avec la même délectation .
.
.
Ou , dit en langage Sarton du jonchayrien :
Cette façon d’exprimer des idées complexes avec des méta-phrasologies pompeuses de QI ne fait pas avancer la quintessence platonicienne du couscous.
Que vous n’ayez pas compris ne signifie pas nécessairement que la phrase n’ait pas de sens, ce qui est justement l’une des conséquences de celle-ci.
Lorsque quelqu’un emploie un mot pour désigner un concept, il s’en réfère à sa définition du mot, et y associe un certain imaginaire. Cependant, une autre personne utilisant le même mot pourra y associer un tout autre imaginaire.
Exemple: La liberté c’est pour certains de pouvoir travailler 18 ou 20 heures par jour sans avoir de compte à rendre pour personne. Pour moi, c’est de pouvoir faire une grasse matinée quand je le désire. Vous-voyez?
avec l’aide de la censure , le plus brillant des esprits devient complice de la bêtise .
N’ajoutez pas la paranoïa au désobligeant 🙂
Allons, pour le coup , faites un effort, choper le virus.
Le snobisme universitaire , çà se cultive.
Vous auriez pu évoquer une « désobligeance paranoïde » , une « quintescence de surmoi agressif »,
une « flagornerie hilaro-burlesque » , que sais je ?
Pourquoi donc faire simple quand on peut faire compliqué ?
Je remercie néanmoins mr Sarton de me faire découvrir, jour après jour, un mot dit « complexe » .
Pour les idées nouvelles , par contre, j’ai bien compris que je pourrai attendre longtemps vu que son système de pensée est pollué par une extraordinaire agitation des neurones du vocabulaire.
Ce qui n’a rien à voir avec la folie mais relève du domaine de la dispersion, tout en instituant un système de clan où seule l’élite se comprend.
Ceci dit, ma désobligeance est réelle , elle trahie ma haine de tout élitisme castrateur d’intelligence .
Pour le reste,
Vive la France !
Vive les cancres ! Là .
🙂
Quelle preuve avez-vous que je cherche à vous enfumer ?
Aucune preuve , bien évidement …
J’attendais surtout votre réponse en fait , et je constate que vous êtes capable de vous exprimer en étant compréhensible par le commun des mortels.
Le choix des mots est aussi le choix de l’accessibilité ou non.Regardez ce que fait Jorion ,rendre un domaine complexe accessible , c’est magnifique .
Mon opinion, et ce n’est qu’une opinion , est que votre recherche intellectuelle gagnerait à travailler simplicité et accessibilité .
Intuitivement, je sens chez vous une forte culture universitaire.
Mais voyez vous, j’aimerai que mes piques vous donnent l’envie de dépasser votre propre culture .
Quel en serait l’intérêt ?
Je vous laisse la réponse .
Au fond de la classe, nous discuterons pendant que le professeur parle. 😉
Pierre Sarton du Jonchay,
… du fond de la classe
et on n’est plus à l’école
Pierre Sarton du Jonchay,
Très joli texte et très belle analyse.
Mais je pense que vous vous trompez de cible, que vous ne « voyez » pas certaines briques dans votre déconstruction. Le marché n’est pas indispensable à l’humanité. Il n’est pas nécessaire. Et toute critique, pour instructive quelle soit, n’est quant à ce point que diversion.
C’est le marché comme nécessité qui est une idéologie radicale. Ce qui me trouble, c’est que je sens cette conscience dans chacune de vos phrases…
Dans l’attente de l’émergence de cette conscience de manière la plus généralisée possible,
Musique !
Bonjour Fab,
Vous avez bien compris que le marché dont je parle n’est pas l’actuelle parodie financière. Je parle du vrai marché où l’on peut voir et toucher la pomme qu’on achète ; où on peut parler avec le marchand pour savoir comment elle a été produite, comment il l’a choisie pour faire plaisir à ses clients ; comment il en propose le juste prix qui laisse vivre le cultivateur et lui procure sa marge.
@Fab
Le marché n’est que la métaphore de l’échange. Il suffit que deux personnes se rencontrent pour qu’il y ait déjà marché. Lorsque je discute avec vous c’est un micro marché puisqu’il y des gens qui paient pour que nous puissions avoir cet échange. La monnaie est la forme politique que prend l’échange monétaire, une sorte de constitution démocratique (ou non) du commerce en actes.
C’est très intéressant le commerce : j’ai quelque chose, tu as quelque chose, je le veux, tu le vends, c’est un peu comme un jeu. Le problème du jeu ce sont évidemment les règles. Imaginez à présent que les règles soient pipées par certains, que ces petits joueurs possèdent par avance tous les jokers. Vous seriez en droit de vous récrier « c’est quoi ce binz ? » Pour autant, allez-vous mettre le jeu à la poubelle ? et ne serait-ce pas dans ce cas laisser gagner la partie aux tricheurs ?
Ce qu’essaie de théoriser Pierre Sarton du Jonchay c’est je crois la reprise en main de l’échange tel qu’il pourrait être, la réappropriation de notre droit à tous de faire marché de son temps, de ses connaissances, de sa force, de son talent, selon des règles non pipées. Ce qui correspond à la possibilité d’entrer en contact de manière discursive avec autrui sur une base saine de valeur commune estimée.
C’est probablement ce qui vous trouble dans le fait que vous sentiez l’intention louable sans comprendre la finalité. Peut-être avez-vous inconsciemment opté pour l’hypothèse selon laquelle ce jeu est trop pourri et que ce sera donc sans vous (ni travail, ni consommation), plutôt que de vous dire, comme je peux le faire, ce jeu ne parait mauvais que parce que les règles sont pipées par des salauds ; voyons-voir ce qu’il pourrait en être si les règles étaient bonnes. Question de tempérament peut-être.
Pierre Sarton du Jonchay, et Martine Mounier que je suis heureux de retrouver (dans le dialogue),
Je vous ai (effectivement) compris !
Avant on vivait par et pour Dieu. Aujourd’hui c’est par et pour le marché. Je m’y refuse. Il m’arrive de me tourner vers Dieu comme il m’arrive de me tourner vers le marché : il y a du bon. Mais je n’arrive pas chez quelqu’un (un membre d’une tribu) en voulant lui vendre mon Dieu ou lui acheter sa pomme, lui imposer mon marché. J’aime sa compagnie, parler avec lui ou pas, apprendre de lui, lui apprendre, actions que je ne considère pas comme un travail mais comme un échange. Où puis-je aujourd’hui trouver un tel spécimen ? Tout se vend, tout s’achète, les gens se vendent et s’achètent à travers leur temps et leur force, leur connaissance.
Si les règles du marché ne conviennent pas et que vous pensez qu’il faut les changer, faites, c’est une bonne chose. Mais je ressens le mal comme plus profond dans ses causes comme dans ses conséquences sur notre humanité, sur notre environnement, etc. Si vous me permettez d’échanger sereinement sur le marché avec n’importe qui dans le monde, un grand merci ; mais si vous me permettez de ne pas consacrer ma vie au marché…
Martine parle de « la possibilité d’entrer en contact de manière discursive avec autrui sur une base saine de valeur commune estimée. », ce qui peut sembler une bonne chose, mais qu’est-ce qui selon vous oblige à ce qu’après cette prise de contact nous continuions uniquement à échanger de la « valeur commune » ?
Selon moi, pour faire court car j’en ai déjà beaucoup parlé, cette totale dévotion au marché est due au réconfort qu’apporte le salariat. Il est « plus facile » de se laisser dicter sa vie plutôt que de la créer jour après jour. C’est la forme actuelle d’autogestion de l’humanité, c’est notre civilisation, pour laquelle le capitalisme n’est qu’une branche. Il ne s’agit pas de changer de branche mais de civilisation. Et le saut n’est pas difficile à faire : qui pourrait ne pas sentir un sentiment de bonheur le traverser, un grand soulagement si on lui disait « tu ne travailleras point » ? La réception risque quant à elle d’être plus délicate si nous ne sommes préparés. Je pense donc qu’il faut et qu’il suffit d’en parler.
Une citation de Anne :
« Comment avons-nous pu nous laisser aller de la sorte à la compétition, au cumul, à la spéculation, au profit à tout prix, à cette « horreur économique », telle qu’elle a été décrite par Viviane Forrester en 1996, dans un livre qui commence ainsi:
« Nous vivons au sein d’un leurre magistral, d’un monde disparu que nous nous acharnons à ne pas reconnaître tel, et que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Des millions de destins sont ravagés, anéantis par cet anachronisme dû à des stratagèmes opiniâtres à donner pour impérissable notre tabou le plus sacré: celui du travail » (« L’Horreur économique », Fayard, 1996, p. 9) »
Parfois je me demande si ce n’est pas moi l’anachronisme, et ce genre de textes me réchauffe le coeur pour un petit moment.
Merci en tout cas pour votre attention.
Bonjour Martine et Fab,
L’évocation que Fab exprime du marché emporte ma sympathie. Elle montre que notre appréhension de la réalité passe pas le langage ce qui confirme l’affirmation de Paul Jorion selon laquelle la réalité objective est une construction de la langue distincte du donné empirique. C’est cette distinction qui peut justifier une autre présentation du marché que celle d’un espace de confrontation brutal dont les volontés humaines n’ont aucune responsabilité.
Martine évoque le commerce que le marché met en scène. Si l’on fait attention à l’étymologie ce ce mot, on découvre qu’il associe les racines « co » et « merci ». Le commerce est à l’origine un partage de gratuité ; un échange sans réciprocité complète. Un échange où on ne reçoit pas nécessairement toute la contrepartie de ce qu’on donne. C’est ainsi que converser avec Dieu ou un ami était jadis un commerce.
A l’origine le « marché » a désigné un lieu de commerce à l’intérieur d’un État de droit ; un espace d’échange dans une société organisée par des formes communes de valeur. En échangeant des paroles ou des objets matériels, on y suppose partager des conceptions communes de la valeur qui ne nécessitent pas une comparaison métrique. Chacun donne ou reçoit des formes sans avoir besoin de vérifier leur équivalence avec celles de sa contrepartie. C’est cette liberté de commerce dont le néo-libéralisme platonicien ne conçoit pas les causes et qu’il rend par conséquent impossible.
Pour rétablir le commerce entre les hommes qui puisse aller jusqu’à la gratuité absolue, il faut rétablir la définition du marché par rapport au droit et aux communautés humaines des formes de valeur. La monnaie peut matérialiser la communauté (ce qui n’implique pas une contrepartie concrète à tout prix en monnaie ; la monnaie peut se donner) et par conséquent différentier des communautés distinctes par leur système de valeur. Un étalon international neutre de toute valeur matérielle mais positif de toute valeur humaine est l’outil de convertibilité des monnaies entre des marchés utilisant des conceptions différentes de la valeur.
Il faut remplacer le salariat par le participat dans une « Clémente économie »
http://www.tree2share.org/article-676-une-clemente-economie-au-dela-du-revenu-d-existence-vers-une-nouvelle-societe-.-nl-de-yoland-bresson
@ Fab
Nous ne sommes pas en contradiction sur l’essentiel* mais sur les moyens de l’atteindre, je ne vois donc aucune raison de ne pas reprendre le dialogue avec vous à partir du moment où il y a ouverture.
* Je trouve par exemple formidable cette phrase de La Bruyère : « Il faut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d’esprit pour se passer des charges et des emplois et consentir, ainsi, à demeurer chez soi et à ne rien faire. Personne, presque, n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fond pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle les affaires. Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom et que méditer, parler, lire, et être tranquille s’appelât travailler. »
A Fab : sil n’y a pas de marché (d’agora), on est dans la chasse. Effectivement, comme le dit Socrate: « Il y a une chasse à l’homme ».
C’est pas pour rien qu’il est le Saint-patron des DRH !
Monsieur du Jonchay,
J’aime beaucoup votre vision de la loi néo-libérale. Elle réunit sous un seul vocable ce que vous nommez loi objective de la matière et loi subjective du politique. Cette « fusion » permet aux défenseurs de cette loi de s’imposer comme des scientifiques indépendants de tout intérêt personnel tout en les défendant. L’obscurité de cette loi, par sa complexité, va la rendre propriété exclusive de tous ceux qui en sont les experts. Par son objectivité affirmée, elle devient indiscutable. Les bénéfices pour ses tenants sont simplement gigantesques. Ils se retrouvent en train de « porter » la société sur leurs épaules. Ils se retrouvent avec un statut social extrêmement élevé, donc leur valeur personnelle devient gigantesque. Leur salaire devient « naturellement » astronomique et toujours en dessous de ce qu’ils considèrent comme leur valeur. En plus, cette loi permet à ses porteurs de se sentir parfaitement légitimes face à la population et en train de faire du bien à toute la société. Votre vision de la loi donne très logiquement naissance à un groupe de gens qui fait les relations humaines, qui est extrêmement puissant et devient fabuleusement riche très vite.
La défense des cadres de Goldman Sachs basée sur l’idée qu’ils sont des « faiseurs de marchés », l’examen de conscience d’un certain Fudd (?) ex patron de Lehman Brothers avec le résultat qu’il n’a commis aucune erreur, la fureur des cadres de Wall Street à l’idée de devoir renoncer à leurs bonus (l’un d’eux a démissionné de dépit), le retour très rapide au « business as usual » sur la base de résultats pas très solides illustrent pour moi cette idée de loi entre les mains d’une élite.
L’absence de réaction de la population, l’incompréhension des relations financières, la discrétion de toute discussion sur des réformes de la finance mondiale, la timidité du « financial overhaul » vont exactement dans le même sens.
Une loi, que j’aime nommer, confuse mélange l’objectif de la matière et le subjectif de la politique domine les esprits. Elle est si confuse qu’elle est devenue impensable pour le plus grand bénéfice d’une oligarchie.
Le premier ministre d’Irlande ne peut pas faire autrement que d’annoncer que son pays s’en sortira tout seul. Il suit la loi confuse. Personne ne le contredira.
Je me demande même si elle souffre de contradictions internes. Comme elle me dépasse par sa complexité et par l’arrogance de ses propriétaires, je doute de pouvoir les affronter sur ce terrain.
Si c’est le cas, si elle souffre d’une contradiction, une seule, et que cette contradiction s’exprime de façon indiscutable, la nature de cette loi confuse la fera imploser sur elle même. Ses adeptes se retrouveraient rudement fort dépourvus. Le choc qu’ils subiraient serait fantastique au point de faire naître dans mon esprit le mot Apocalypse.