Billet invité
LA ZONE EURO PRISE A SON PROPRE PIEGE
Les échos de la réunion bruxelloise des ministres des finances et de l’économie d’hier résonnent bizarrement aujourd’hui. Un peu comme s’ils avaient discuté de mesures à moyen-terme – à propos des futurs mécanisme et châtiment que subiraient les pays fautifs ne respectant pas les nombres d’or du déficit et de la dette – alors que Rome était menacée par les flammes.
Une nouvelle fois, l’Europe s’apprête à vivre une crise qui va la secouer, sans que le pesant silence qui l’entoure soit rompu. Sans qu’un signal soit envoyé, qu’une aide soit octroyée autrement que dans l’urgence à un gouvernement irlandais qui essaye de résoudre dans son coin une équation sans solution. Sauf à déclarer qu’on lui fait confiance… pour se débrouiller tout seul !
Après avoir été la vitrine de la dérégulation financière et des facilités fiscales accordées aux entreprises, l’Irlande est sommée de rester le bon élève de la classe, montrant l’exemple, en engageant à nouveau des efforts supplémentaires. Efforts des seuls Irlandais, cela va sans dire, dans le but de combler le déficit créé par leur système financier toujours en déroute totale. Et ce n’est pas fini !
La Grèce a la première tracé ce chemin, mais elle bénéficie désormais d’un soutien financier de l’Europe et du FMI, en contrepartie de lourdes exigences. L’Irlande doit pour l’instant s’en passer, mais cela ne sera pas tenable, d’une manière ou d’une autre.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un piège identique se referme. Les Irlandais – qui ont déjà beaucoup donné en terme de rigueur – devraient redoubler d’efforts afin de réduire leur déficit public, alors que le sauvetage d’Anglo Irish Bank (AIB) va considérablement alourdir l’addition – qui est déjà de 23 milliards d’euros – et rendre l’exercice hors de portée selon les calculs. En attendant que des additions supplémentaires soient présentées, quand les dépréciations des actifs détenus par NAMA, la bad bank irlandaise, se révéleront comme prévu totalement insuffisantes et qu’il faudra la financer à nouveau, ou quand les autres banques irlandaises, toutes aussi malades, sonneront à leur tour à la porte des pouvoirs publics.
Ce n’est que jeudi prochain que les détails du plan de sauvetage d’AIB devraient être rendus publics par le gouvernement irlandais, mais l’on sait déjà que, afin de tenter d’amoindrir le choc causé par les chiffres qu’il va devoir annoncer, il va présenter deux hypothèses haute et basse, en espérant que seule la basse sera retenue. Alors que l’expérience montre qu’il y a toujours sous-estimation des dégâts au départ !
L’estimation de Standard & Poor’s est d’ores et déjà considérée plus vraisemblable par les analystes : 35 milliards d’euros au bas mot. L’agence a d’ailleurs annoncé qu’elle envisageait de baisser à nouveau la note de la dette souveraine irlandaise, actuellement AA-, si ce montant devait être dépassé comme elle le considère vraisemblable. Certains économistes parlent de 40 milliards d’euros, le quart du PIB annuel. En attendant, les swaps de défaut de crédit (CDS) irlandais grimpaient mardi à 519 points de base (le coût d’une garantie de 10 millions d’euros d’exposition à la dette irlandaise est donc de 519.000 euros).
Il est tout intéressant de revenir sur la décision qui semble avoir été finalement prise de ne pas mettre à contribution les créanciers d’AIB. Ce qui a été dans un premier temps ressenti comme allant être une grande première, car toutes les banques qui ont failli ou ont du être aidées sur fonds publics depuis le début de la crise n’ont jamais brisé ce tabou absolu, que l’on peut élever au rang de crime de lèse-majesté. Pourtant, le gouvernement – l’Etat devenu actionnaire d’AIB – aurait soupesé l’éventualité d’une participation des créanciers d’AIB au coût de son nouveau sauvetage. Tout en se refusant catégoriquement à les identifier, ce qui n’était pas bon signe. Il a alors étudié la possibilité de réserver un sort différent aux créanciers, suivant la nature de leur dette (subordonnée, senior, etc…) ou bien la date de sa création, en raison d’un achat antérieur à l’octroi de la garantie. Tout aurait donc été abandonné.
Deux questions doivent à ce stade être posées. N’aurait-il pas mieux valu, rétrospectivement, laisser AIB couler sans accorder de garantie publique, quitte à dédommager ensuite les déposants et à subir une crise qui aurait pu être moindre que celle qui se prépare ? On a préféré au contraire proclamer que les déposants et les créditeurs devaient bénéficier de la même protection. Etait-il par ailleurs nécessaire de renouveler le 8 septembre dernier cette garantie qui prenait fin ce 29 septembre, pour déplorer ensuite qu’elle fasse obstacle à une décote des dettes ?
Un argument est aujourd’hui utilisé pour justifier l’impossibilité dans laquelle se trouve le gouvernement d’entrer dans cette logique de partage des pertes. Avec comme effet que c’est l’Etat qui va devoir les assumer à lui seul, l’obligeant à rechercher encore des milliards d’euros d’économies supplémentaires dans un pays déjà très éprouvé par ce qui lui a été imposé. Tout tourne, naturellement, autour de la réaction des marchés, et de l’augmentation qui en résulterait des taux déjà exorbitants que l’Etat doit consentir pour se financer. C’est une logique sans fin. Après avoir adopté trois budgets d’austérité successifs, l’Irlande continue de voir son taux monter. Et va devoir s’engager dans une quatrième version plus contraignante.
Après la Grèce – et avant le Portugal qui est désormais dans les starting-blocks – l’Irlande est bien placée pour créer une nouvelle onde de choc en Europe. Cela va être l’heure de vérité pour le fonds de stabilité européen (EFSF), car il va devoir aller sur les marchés pour se financer, avant de le faire en faveur de l’Etat irlandais. Et l’on verra à quel taux il prêtera à celui-ci. De nouvelles estimations de Barclays corroborent à ce propos le taux de 7% donné par Wolfgang Münchau dans son article du Financial Times. Il serait même question d’un possible taux de 8%, selon la banque qui a fait ses propres calculs. Encore un pari impossible qui va être demandé par les autorités européennes. Car, à ce compte-là, il sera plus avantageux pour l’Irlande d’aller sur le marché obligataire ou de frapper à la porte du FMI, un sacrilège !
Quel va être le coût final à payer, en application de cette stratégie qui veut qu’il faut protéger à tout prix le système bancaire, appliquée dès les premiers instants et dans laquelle les gouvernements persévèrent ? Au lieu de soigner le grand malade, ils augmentent le nombre de patients, selon une logique aux résultats très incertains.
Ils ont déjà accentué les disparités au sein de l’Europe, au prétexte de les réduire. La réduction sans attendre et sous de brefs délais des déficits publics, la protection absolue d’un système bancaire dégagé de toute responsabilité, ainsi que la spirale de la récession dans laquelle ils engagent les pays les plus faibles de la zone euro, c’est beaucoup et pour quel résultat ?
D’autant que le pari qu’ils tentent repose d’un côté sur des dispositifs de soutien – garanties des banques et aide financière des Etats – qui sont mal assurés et que les projections économiques leur permettant de valider les plans d’austérité et de réduction de la dette reposent sur des perspectives de croissance intenables.
Au Royaume-Uni, Adam Posen, membre du Comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE) vient de préconiser des achats d’obligations souveraines par celle-ci, voire même d’autres actifs. Une politique diamétralement opposée à celle de la BCE, dont la décision murit.
Des voix s’élèvent déjà et réclament qu’une suite au plan de stabilité (EFSF) soit envisagée, et qu’elle soit permanente ! Un article en ce sens est publié par le Financial Times, présenté comme soutenu par Jacques Delors, Joschka Fischer, Romano Prodi et Guy Verhofstadt. Angela Merkel, la chancelière allemande, leur a immédiatement répondu en disant que l’Allemagne refuserait toute prolongation de la durée de l’EFSF. Opposant à cette perspective une modification des traités européens qui permettrait de graver dans ceux-ci des contraintes intangibles de respect des normes de déficit public. Le pari était hier celui des jeunes pousses, chacun bousculant l’autre pour mieux les apercevoir et en faire état, il est désormais celui d’une croissance qui sera introuvable, faute de moteur. Même l’Allemagne, forte de ses exportations, en pâtira.
Une réflexion est également engagée afin de sortir de ce piège qui risque de faire éclater la zone euro, si l’Espagne devait prendre le relais de la Grèce et de l’Irlande. Ou bien la Belgique et même l’Italie, car les candidats ne manquent pas, même si l’on n’en parle qu’à voix basse. Combien faudra-t-il de pays au fond du trou pour que la stratégie actuelle soit remise en cause ? Les avis sont partagés, certains ne faisant pas preuve d’un optimisme franchement béat à ce propos. Aujourd’hui mardi, les taux obligataires irlandais et portugais à dix ans continuaient à se tendre et atteignaient respectivement 6,581 et 6,402%, des niveaux jamais atteints depuis la création de l’euro. Confirmation que le Portugal entre dans la zone des tempêtes.
Des commentateurs cherchent à se rassurer en expliquant que – contrairement à la Grèce – ces deux pays n’ont pas à aller d’ici à l’année prochaine sur le marché pour y lever des capitaux, ce qui reste fort proche, et que cela donne le temps de voir venir. L’Espagne et l’Italie continuent d’émettre dans ce qu’ils appellent « de bonnes conditions », oubliant les taux élevés que les Espagnols doivent consentir. L’espoir fait vivre.
Sur quoi porte donc cette réflexion ? Sur une alternative au défaut de paiement de la dette publique, dans le cadre de ce que les Anglais dénomment liabilities management (gestion des engagements). Une procédure qualifiée de douce, qui esquive le problème de la décote imposée du défaut pour lui substituer une négociation avec les créanciers. Les précédents historiques existent, pour le Liban, le Pérou et les Philippines. Cela rejoint, d’une certaine manière, la proposition de Simon Johnson, déjà citée, d’utiliser le mécanisme des Brady Bonds, utilisé avec succès lors de la crise de la dette latino-américaine des années 80. Autres temps, autres mœurs.
A l’arrivée, il s’agit notamment d’étaler les paiements dans le temps, de les assortir d’un taux d’intérêt plus clément, et en dernière instance seulement de pratiquer une décote. Le tout dans le cadre d’une négociation. Dans le cas de l’Irlande, certains analystes font d’ailleurs remarquer que, tant qu’à faire, si l’on doit de toute manière en arriver à une décote, les créanciers préféreraient qu’elle intervienne tout de suite, car elle sera ainsi moindre ! Le Financial Times n’a pas voulu signifier autre chose en conseillant d’y procéder sans tarder.
Selon cette analyse, ce sera cela ou le défaut de paiement. Il faut d’ailleurs relever, dans le cas de la Grèce qui est au coeur du sujet, que les premiers pas de son plan sont les plus faciles à accomplir, mais que cela va se compliquer par la suite. Car cela nécessitera d’imposer de nouvelles mesures d’austérité, la croissance espérée n’étant pas au rendez-vous. Et que l’on ne peut pas gratter plus que jusqu’à l’os. Par ailleurs, le plan de soutien dont elle bénéficie s’arrêtera en 2013 et elle devra lever sur le marché obligataire rien moins que 100 milliards d’euros entre 2014 et 2016.
Sans doute, la stratégie qui est actuellement suivie en Europe n’est-elle pas plus confondante que ce qui en est le socle : la protection du cœur du système financier. Elle s’explique donc. Cela ne lui donne pas pour autant de sérieuses chances de réussite, en raison de tous les obstacles qui vont se dresser sur la route qu’il est intimé de suivre. Leur accumulation risque fort d’être fatale et le piège se refermera alors.
131 réponses à “L’actualité de la crise : la zone euro prise à son propre piège, par François Leclerc”
Coup de cafard.
La gestion de la crise financière par les gouvernements démontre que la politique retenue vise la sauvegarde coûte que coûte des intérêts des banques, de leurs marges et de leurs créances.
Ceci n’est possible que dans deux hypothèses :
– Soit les gouvernements sont totalement inféodés au lobby bancaire.
– Soit la situation véritable des banques est à ce point critique que le système est tenu à bout de bras depuis 2 ans.
La masse d’actifs pourris dans le bilan des banques est telle que cette information est au mieux un secret d’état. Le pire serait que les gouvernements ne soient pas réellement informés, au quel cas il s’agirait d’une forfaiture criminelle. (requalifiable en crime contre l’humanité ?).
La politique retenue est donc une fuite en avant permettant de gagner du temps (en fait d’en perdre puisque aucune alternative crédible sur le moyen terme ne semble étudiée faute de consensus durant ce même temps) et de maintenir un système chancelant.
L’interdépendance des banques entre elles et des pays entre eux via des créances/dettes croisées est telle que le sauvetage du système est, sans solution, sans reconstruction d’un système mondial des monnaies et de régulation, même en réduisant les populations à l’esclavage (sachant que les esclaves sont de piètres consommateurs…ces ingrats !).
Le plus probable est donc un effondrement du système remettant les « compteurs à zéro ».
Le véritable problème devient, imaginer les conséquences pour les populations d’un tel cataclysme. L’aspect virtuel de la finance se transformant en paralysie de la vie économique présente.
Imaginons qu’une (que les) banque(s) fasse(nt) faillite, que deviennent les avoirs/dettes des clients, des entreprises,…?
Comment limiter/éviter des troubles sociaux dramatiques ?
Comment faire circuler de l’argent pour simplement vivre ?
Comment se préparer à cette situation ?
Quel sont les outils ? Quel plan ORSEC est disponible ?
Y a t il quelqu’un sur cette planète qui y anticipe cette situation ?
Seuls les argentins semblent avoir fait cette expérience récemment !
J’oubliais ! Il n’y a lieu pas étudier cette hypothèse qui pourrait s’avérer
auto-réalisatrice !
Un monde de fous !
C’est le genre de propos que je ne peux m’empêcher de citer à d’autres, vous avez raison nous ne sommes pas du tout préparés à cette éventualité surtout de nos jours, mais pas seulement sur le seul plan social mais aussi psychologique, pour le spirituel ce n’est même pas la peine n’en parlons même pas vous vous rendez compte ?
Bienvenu !
ybabel dit :
29 septembre 2010 à 02:49
Beau témoignage sur l’Irlande. Merci.
Derrière tout ça, il y a de vrais gens.
Heeeu…
Pourquoi « derrière »…???
Cela commence à m’être aussi insupportable que de parler d’ « élites » pour les gens riches. Surtout lorsque l’on voit par contact leur mentalité.
Elite : ensemble des personnes les plus remarquables (d’un groupe, d’une communauté)…
adj.:éminent, supérieur…
Remarquable : digne d’être remarqué, spécialement par son mérite, sa qualité …
Mérite :- ce qui rend une personne digne d’estime
– ce qui rend ( une conduite) digne d’éloges
ensemble de qualités particulièrement estimables
Le Robert.
Voilà pourquoi, parmi ceux qui mènent le monde actuellement, je ne vois personne qui puisse être nommé ainsi .
Donc, « élites » ou zélites semble plus appropriés !
DERRIERE me convient parfaitement…!
Allez savoir pourquoi !
« Le p’tit cheval dans le mauvais temps
qu’il avait donc du coura-a-ge
….
Tous derrière tous derriè-ère
Tous derrière
Lui devant «
crapaux rouge;
Oui l’article 16 n’est pas utilisable au quotidien d’où des circonstances très encadrées par le texte.
Ce que je veux expliquer c’est que nos systèmes politiques et nos croyances sont telles qu’à l’occasion d’un défaut ( on parle beaucoup de l’Irlande aujourd’hui) il pourrait y avoir pour celui qui est au pouvoir, tentation de gagner les élections en procédant à une véritable rupture épistémologique. L’aggravation de la crise et la situation particulière de la France dans la zone Euro sont pour le détenteur au pouvoir un moyen unique de se reconduire au pouvoir et mieux d’entrer dans l’histoire. Ce n’est pas tous les jours que l’histoire ( même dramatique) avance les plats.
http://www.lacrisedesannees2010.com/article-crise-financiere-et-renouvellement-de-l-offre-politique-57894468.html
« Ce n’est pas tous les jours que l’histoire ( même dramatique) avance les plats. »
En fait, on parle d’Histoire avec un grand H quand justement ça devient dramatique. Les périodes heureuses n’intéressent personne ni en histoire ni dans les romans. 🙂
Cette analyse d’Alain Touraine dans EL PAIS dimanche, autre décryptage:
La crise à l’intérieur de la crise
« Nous ne sommes pas économistes, mais nous essayons de comprendre.Nous voyons une situation de crise-financière, budgétaire, économique,politique-toutes définies par les incapacités des gouvernements à proposer d’autres mesures que l’austérité.Il y a finalement une crise culturelle: l’incapacité à définir un nouveau modèle de développement et de croissance. Quand nous additionnons toutes ces crises, qui durent depuis déjà quatre ans, nous nous voyons obligés
à nous demander: y-a-t-il des solutions ou allons nous inéluctablement vers le précipice-en regard de pays comme la Chine ou le Brésil ?
Ni les économistes ni les gouvernements qu’ils conseillent n’ont réussi autre chose que ralentir la chute. Considérons donc trois crises: la financière, la politique et la culturelle.
2009.La crise financière est celle dont nous connaissons le mieux le développement, inclus sa préparation dans les années 90-via des crises sectorielles ou régionales et les ‘bulles’comme celle de Internet, ou, plus tard, des scandales comme Enron. Tout ceci, avec le cas Madoff, et surtout, l’effondrement du système bancaire à Londres et à New York en 2008, nous a mis au bord d’une situation exceptionnellement grave. Ensuite nous avons découvert l’existence d’un deuxième système financier,qui obtient des bénéfices de milliards de $ pour les dirigeants des hedge funds et aussi pour les grandes banques et leurs traders les plus habiles. Ce deuxième système financier n’a aucune fonction économique et sert seulement à permettre que l’argent produise plus d’argent. Pourquoi ne pas parler ici de spéculation ?
Stupéfaction. Après tant d’années de foi en le progrès, de résultats économiques positifs, et d’une multiplicité sans précédent de nouvelles technologies, l’économie occidentale dévoile une recherche du bénéfice à tout prix, une pulsion de corruption et de vol.
Grâce au président Obama et aux grands pays européens, la catastrophe fut évitée.Mais, depuis, la situation ne s’est pas redressée.C’est au Royaume-Uni où la catastrophe a eu les effets les plus destructeurs,c’est pour cela que le nouveau gouvernement peut imposer à quelques banques nationalisées de facto les mesures de contrôle les plus fortes.La gauche a perdu le pouvoir au Royaume-Uni et est devenue minoritaire dans une Espagne accablée par les conséquences de la crise.L’Espagne avait décide de parier son futur économique sue les cartes du tourisme et de la construction et a subi un choc violent.Son taux de chômage augmenta jusqu’à 20 %, exemple extrême d’une crose qui, comme dans les autres lieux, ne généra no de propositions économiques ni propositions sociales fortes.
Après la catastrophe de 1929, les Américains élirent Franklin D.Roosevelt qui lança son New Deal. En 1936,la Frace récupéra son retard social aves les lois du Front Populaire. Aujourd’hui le silence, le vide, rien.Les pays occidentaux ne paraissent pas capables d’intervenir sur leurs économies.Les écononomistes répondent souvent que ces critiques ne mènent à rien et que les Cassandres ne font qu’aggraver les choses.C’est faux: Cassandre a raison, personne ne propose une solution.
2010. Les crises prennent de l’ampleur et se font plus profondes,En Europe, de forme plus visible, mais aussi aux Etats-Unis. La chute de la Grèce,évitée au dernier moment et après avoir perdu beaucoup de temps. a révélé que la majorité des pays européens, y inclus certains de l’Est, comme la Hongrie, étaient en pleine chute. Son déficit budgétaire rend irrél le pacte qui souhaitait le limiter à 3 % du budget de l’Etat.La dette publique conduit de nombreux gouvernemenrs à réduire les dépenses sociales. Ceci est visible en France, dont le gouvernement souhaite une réforme des retraites.Le recul du travail face au capital dans la répartition du produit national augmenta et accentue les inégalités sociales.
De nouveau, il s’agit d’une crise politique.L’absence de mobilisation populaire, de grands débars, y inclus de conscience de ce qui est en jeu, tout ceci révèle une impuissance dont l’unique avantage est de nous maintenir éloignés d’effets, comme l’arrivée d’Hitler au pouvoir, de la crise de 1929.Mais ce vide apparait de plus en plus comme la cause profonde de la crise que sa conséquence. Face à l’implosiion du capitalisme financier, les pays occidentaux sont incapables de redresser, ou de stabiliser la situation.
Les populations souffrent, mais ce qui survient dans la sphère de l’économie demeure à la marge de son expérience vitale.La globalisation de l’économie a rompu les liens entre l’économie et les sociétés, et les politiques nationales ont perdu presque tout sens. La nef des fous occidentale se détruit dans les crises mondiales, mais l’extrême-droite américaine veut seulement la peau d’Obama, accusé d’être musulman, pendant que l’exrême-gauche italienne veut la peau de Berlusconi, qui mérite certainement une condamnation que l’opposition de gauche est
incapable d’obtenir proposant un autre programme..Le capitalisme est incapable de s’auto-réguler et le mouvement ouvrier est très affaibli.Il n’y aucune pensée dans les droites au pouvoir.La seule grande tendance de la droite est la xénophobie, l’unique grande tendance de la gauche est la recherche d’une vie de consommation sans contre-temps. Ne nous laissons pas entraîner par un renoncement général à l’action.Il existe des forces capables de redresser la situation. Sur le plan économique, l’écologie politique dénonce notre tendance au suicide collectif et nous propose
aux grands équilibres entre la nature et la culture.Sur le plan social et culturel, le monde féministe s’oppose aux contradictions mortelles d’un monde qui continue à être dominé par les hommes.Sur le terrain politique, l’idée nouvelle est, au delà du gouvernement de la majorité, celle du respect des minorités. Il ne nous manque pas d’idées et nous ne sommes pas incapables de les appliquer.Mais nous sommes attrapés dans le piège de la crise.Comment parler de
futur quand le sol s’ouvre sous nos pieds ?
Mais notre impuissance économique, politique et culturelle n’est pas une conséquence de la crise, elle est sa cause principale. Et si nous ne prenons pas conscience de cette réalité et si nous ne trouvons pas les paroles qui rompent le silence, la crise s’approfondira encore plus et l’Occident perdra ses avantages. Ensuite il sera trop tard pour essayer d’atténuer une crise qui se sera déjà convertie en destin. »
La crisis dentro de la crisis
Le sociologue Alain Touraine n’aurait jamais tenu un tel discours avant la crise, il faisait partie de la cohorte de ceux qui s’accommodaient de la mondialisation. C’était un social démocrate bon teint. Mais la crise justement est passée par là et a joué son rôle de révélateur des maux qui travaillaient souterrainement nos sociétés, notre monde, notre civilisation.
Idem pour l’historien PIerre Rosanvaillon dont le récent interview dans le Monde (21 sept) montre qu’il n’est plus très loin des conceptions d’un Jacques Rancière, c’est dire le chemin parcouru. AInsi lorsqu’il est interrogé sur l’absence de négociation de la part du gouvernement pour la réforme des retraites il dénonce un jeu démocratique vidée de sa substance quand celui-ci se réduit à une conception purement institutionnelle qui nie que la démocratie soit d’abord une dynamique, un esprit, une énergie qui anime le corps social avant d’être un régime, une forme particulière de gouvernement :
Je lisais que M. Sarkozy voulait se rapprocher des catholiques. Je crois qu’il fait bien. Je ne suis pas toujours d’accord avec la façon dont Le Président de la République gère certaines affaires, mais il est vrai, les temps sont très durs pour ceux qui sont au commande et croule sous les responsabilités. J’ai une certaine compassion pour ces hommes. Car, ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce qu’ils font. Il faut le reconnaître. Nous vivons une période de changement, des voix doivent s’élever pour éclaircir le chemin. Quand tout devient confus, il faut plus de simplicité et de clarté, il faut de la cohérence, il faut du respect. Ces temps demandent du respect, pas de naïveté, ces temps demandent de la lucidité, pas de proses confuses, ces temps demandent de l’intégrité, du silence, de la réflexion, un retour aux valeurs qui ont été impunément et vulgairement reniées. Ces temps demandent un retour au bon sens, au réconfort, à la confiance.
Dans la série ‘contre toute attente’, ‘les marchés’ se détendent aujourd’hui :
http://www.obliginfos.fr/2010/09/29/detente-des-cds-de-lirlande/
La question est : le fusil ‘des marchés’ est-il un fusil classique ou un fusil à double détente ?
« Fusil des marchés »: peut être celui appartenant au Docteur Faustroll?
De toute façon toujours tirer deux cou »t »s:un pour la victime,l autre en l air.On peut alors plaider la légitime défense en se concentrant sur les sons .
la remarque de Anne est juste; il est plus facile de critiquer que d’agir; il ny a souvent que le choix qu’entre une mauvaise et une un peu moins mauvaise solution, et celui qui n’a jamais exercé de responsabilités ne pourra jamais comprendre ce que c’est. Cependant notre cher pdt est « planté » car son schéma de pensée fondamentalement ultralibéral ( cf Reagan: c’est l’état qui est le problème, pas la solution) ( séduit par le génial mécanisme des subprimes us il comptait bien l’importer en notre doulce France, heureusement, il n’en a pas eu le temps), s’est fracassé sur les réalités. Comme il n’a pas de plan B, il s’agite et recycle le thème immémorial du bouc émissaire qui fonctionne toujours. Ce genre de comportement est UNE FAUTE LOURDE qui mériterait de le renvoyer dans ses foyers sans autre forme de procès, et qu’il en profite pour se cultiver, notamment en lisant le premier homme d’Albert Camus et en particulier le passage où face à la barbarie de certains combattants justifiée par les circonstances, Cormery était sorti de ses gonds: »non, un homme ça s’empêche. Voilà ce qu’est un homme . Sinon…
On dirait que la puissance qui donne le la en ce moment, ce sont les allemands. Depuis la création et mise en circulation de l’euro, ils pratiquent une politique économique autoritaire: gain de compétitivité par le dumping social et limitation de la cocurrence européenne par le simple fait que les autres pays membres de la zone euro ne peuvent dévaluer une monnaie nationale pour doper l’export. Tous les pays se trouvent donc pris en tenaille par l’Allemagne qui veut à tout prix continuer sa politique économique agressive focalisée sur l’export. Les conséquences sociales de ce nouvel impérialisme seront énormes, car le programme allemand demande de faire pression, entre autre, sur les salariés et sur les budgets sociaux. Il s’agit de sauver l’euro, qui sert tant à l’Allemagne. On verra si les autres pays seront prêts à valser selon la mélodie allemande