Billet invité.
POUR PRÉVENIR, IL FAUDRAIT GUÉRIR
A Bâle, le plus distingué des aréopages vient de mettre au point le nouveau dispositif destiné à ce que nous ne connaissions plus jamais cela. Afin que plus jamais le système financier ne soit dans l’obligation d’être renfloué par les Etats sur fonds publics, car ils n’en ont plus les moyens. C’est tout du moins ce qui est reconnu par ses ténors quand ils sont en mal de franchise.
L’histoire dira, mais on ne sait pas quand, s’il s’agit ou non d’une forfanterie de plus. D’un accord de circonstance marqué dès l’origine par une incompréhension de la nature profonde de la crise actuelle, par une incapacité à remettre en cause des rouages qui vont tôt ou tard reproduire les mêmes effets. Dans un contexte qui aura évolué – que l’on voit se dessiner à grands traits – et d’une manière qui ne sera pas la même que la dernière fois.
Dans l’immédiat, un notable renforcement des fonds propres que vont devoir détenir les banques a été décidé par les représentants des banques centrales et des régulateurs des 27 pays membre du Comité de Bâle, sous les auspices de la Banque des règlements internationaux. Le prochain G20 de Séoul devrait donner l’occasion aux Chefs d’Etats d’entériner cet accord.
Avant même de s’interroger sur les modalités du dispositif, et sur les délais dont il est assorti pour que sa mise en œuvre soit effective – la date butoir de 2018 est avancée, dans huit ans – on mesure le paradoxe qu’il représente : on prétend définir les conditions permettant de ne pas replonger dans une crise dont on ne sait toujours pas sortir. Ce qui ne manque pas de susciter une interrogation tragiquement écartée : est-ce que les mesures qui devraient être adoptées pour que cela ne se reproduise pas ne sont pas celles qui permettraient de sortir de la crise ?
A quoi bon élever une nouvelle muraille réputée infranchissable – une de plus, dans une longue lignée – si l’on abdique de toute réflexion sur les mesures qui devraient être prises pour sortir de la crise actuelle, une perspective qui n’est même plus évoquée dans les discours ? Comme s’il allait falloir prendre son parti d’une vérité qui n’est pas bonne à dire, selon laquelle nous y sommes installés pour une longue période et que ses conséquences durables vont progressivement se révéler.
Ce ne sont ni les dernières prévisions de l’OCDE, ni celles que le FMI vient de rendre publiques dans une note de préparation destinée aux participants du prochain G20, qui viendront contredire ce sinistre présage. Nous sommes partis pour connaître dans la zone occidentale une longue période de très faible croissance économique – mesurée suivant la méthodologie actuelle – et en subir des conséquences économiques et sociales qui commencent seulement à être entrevues. En particulier en terme de persistance d’un taux élevé de chômage – dont il va falloir se résoudre à reconnaître qu’il est devenu structurel – d’extension des zones de pauvreté et d’accroissement de la précarité au sein de ce que l’on appelle les classes moyennes, dont les soubassements économiques et sociaux sont destinés à être progressivement sapés. Lentement le rideau se lève et un nouveau décor apparaît avant que les projecteurs ne l’éclairent de plein feu.
Parallèlement, une situation d’impuissance s’instaure, admise du bout des lèvres seulement. Celle de la régulation de l’économie et de la finance sous les auspices de banques centrales et des leviers de leur politique monétaire. Car une triste vérité se fait jour : ceux-ci sont actionnés dans le vide et n’ont plus de point d’appui. Toutes les mesures exceptionnelles peuvent être prises, dépendant du fait qu’elles sont américaine, japonaise ou européenne, rien n’y fait : au mieux les tuyaux ne peuvent plus être débranchés et l’assistance de provisoire devient permanente, au pire elles ne permettent pas de relancer la machine. De leur côté, les Etats sont pris dans une contradiction qui voudrait que simultanément ils se substituent à une relance privée défaillante de l’économie tout en commençant sans plus tarder à réduire leurs déficits.
Le Comité de Bâle vient de décider de multiplier par trois les ratios exprimant le rapport entre les fonds propres durs et les engagements des banques. Les mesures portent à la fois sur les ratios, la nature de ce qui est reconnu comme fonds propres durs et le calendrier de mise en œuvre de l’ensemble. Les discussions qui jusqu’au dernier moment se sont poursuivies n’ont pas été uniquement l’occasion pour les différents lobbies bancaires, relayés par leurs gouvernements respectifs quand ils étaient nationaux, de ferrailler dur afin d’obtenir tel ou tel aménagement, en raison de la diversité des situations de faiblesse des systèmes bancaires.
On a vu les Allemands sur la défensive, permettant de mieux comprendre comment leur système bancaire était sinistré, les Français se réfugier derrière eux pour tenter de freiner les ardeurs des régulateurs, trop content de ne pas avoir à reconnaître leurs propres faiblesses, tels les champions incontestés d’une opacité maintenue coûte que coûte. On a cru apercevoir les Américains et les Britanniques – au coeur du système financier – pousser au contraire les feux sur une voie les avantageant, appuyant du doigt sur la fragilité de la structure des fonds propres des banques européennes continentales, que la nouvelle réglementation va proscrire. On a mieux compris comment le système bancaire était profondément hétérogène, une minorité de puissantes mégabanques régnant sur un tissu de banques mal en point, qui connaissent un profond processus de concentration et absorptions, qui n’en est qu’à ses débuts.
Mais on n’a toujours rien appris de la situation réelle des banques, comme en témoignent l’imprécision et le flou qui continuent de régner afin d’établir la liste de celles qui sont déjà confortablement pourvues en capitaux et de celles qui ne le sont pas et vont devoir fortement accroître ceux-ci. Les estimations des besoins de financement sont toutefois supposés très importantes, ce qui justifie les longs délais prévus de mise en conformité avec les nouvelles règles, afin que les banques ne se bousculent pas au portillon et fassent inconsidérément monter les taux du marché. On commence à reconnaitre que les Etats et les banques vont se retrouver en concurrence sur les marchés financiers, une situation qui pourrait aboutir au surenchérissement des coûts de financement des uns comme des autres et pénaliser ainsi la relance économique.
En dépit de la diversité de leur situation, toutes les banques se sont reconnues dans un même langage. Elles ont mis en avant que les moyens financiers qu’elles vont devoir utiliser pour renforcer leurs fonds propres ne pourront pas l’être pour relancer l’économie. A regret, certaines reconnaissant même que les magnifiques rendements qu’elles ont enregistrés ces dernières décennies – leur retour sur capital – ne vont plus être reproductibles. Un argumentaire qui va les dédouaner de la faiblesse de l’offre de crédit qui continue d’être constatée et va masquer une réalité plus profonde. Car ce ne sont pas seulement ces nouvelles contraintes capitalistiques qui vont être à l’origine d’un moindre endettement global, ce sont également les instruments financiers qui le permettaient – et le suscitaient à la fois – qui font défaut. Le retour de la titrisation n’est pas pour demain, tout du moins au niveau que celle-ci avait atteint dans ses grands jours.
Mais au delà ces explications, une autre réalité se fait jour, un nouveau monde se dessine. Les mégabanques se mettent en ordre de bataille pour renouveler leurs exploits sur un autre terrain, après avoir épuisé celui qui ne leur permet plus d’atteindre leurs rendements habituels. De ce point de vue, elles accompagnent les grandes compagnies transnationales qui se dirigent aussi vite que possible vers les gigantesques et prometteurs nouveaux marchés que les pays émergents représentent. Toutes abandonnent à son sort marginal un vieux monde qui ne peut rivaliser avec les promesses du nouveau. En vue de déployer une nouvelle stratégie géopolitique dans un contexte en train de pivoter, où succède à l’axe ultra dominant Nord-Sud un nouvel axe Sud-Sud reposant sur le développement des relations économiques directes entre pays et marchés émergents.
Ce monde met les bouchées doubles pour accomplir en quelques dizaines d’années ce qu’il aura fallu bien plus de temps pour mettre sur pied en Occident. Non sans créer de gigantesques déséquilibres. Pas ceux que les Occidentaux déplorent parce qu’ils les atteignent directement – et irrémédiablement, vont-ils devoir finir par reconnaître – mais d’autres qui seront à terme redoutables pour toute la planète. Parce qu’ils mettent en cause à grande échelle et brutalement des équilibres environnementaux, mais aussi parce qu’ils suscitent des sociétés profondément inégalitaires, un modèle qu’ils en viennent à exporter et qui se répand par delà les frontières.
Huit longues années sont prévues afin que le système bancaire puisse se remettre sur pied par ses propres moyens. Dans des conditions d’opacité maintenue qui ne donnent aucune garantie de respect des nouvelles règles, lorsque celles-ci seront finalement adoptées. Le système financier continue de façonner le monde.
104 réponses à “L’actualité de la crise: pour prévenir, il faudrait guérir, par François Leclerc”
« Le système financier continue de façonner le monde. »
Pardonnez ma naïveté, mais, dans les circonstances actuelles, ne serait-ce pas une sorte de « moindre mal »?
(étant bien d’accord que c’est par ces banques, ou du moins leur dérèglementation, que tout le mal est arrivé…)
Ha oui…???
Va falloir m’expliquer, là…
Les émeutes de la faim, ça vous parait donc normal. Logique même.
Les gars vivaient très bien avant qu’on leur offre notre « culture » car ils ne faisaient des gosses que quand ils pouvaient bouffer…
Maintenant, ils font des gosses pour qu’ils crèvent. J’ai du mal à saisir le progrès que NOUS avons pu leur « offrir »…
Peut-être plus de rêve de POSSEDER un écran plat pour recevoir plus de propagande. Oui, là, effectivement, progrès.
Mais je suis ouvert, Pierrot. Aux propositions honnêtes.
@ Yvan : cher Commentateur, auriez-vous la gentillesse de nous (enfin me) redonner le lien avec ce film qui décrit le circuit économique, super bien ? Je crois que c’est vous qui l’aviez – merci d’avance
que voulez vous faire avec un animal dont la dette suinte par tous les pores??????????rien , rien n’est possible , tans que celle ci n’est pas annulée , tant que le préteur tiens l’autre en esclave.
Cela fait plus d’un an que je parcours ce blog et je lui dois le peu que je sais ou crois avoir compris en économie, merci au maitre du lieu, à M Leclerc et à tous les intervenants.
Mais reste une question sans réponse :
Vous savez ce qu’ils pensent, les gens du sud, des événements en occident ? Selon leur caractère ils sont pliés de rire, ou bien ils jubilent intérieurement. Surtout ceux qui rentrent d’un « petit voyage au nord » (où il n’y a plus de travail pour eux), et qui ont vu de leurs yeux sa fabuleuse richesse, ils sont inquiets pour eux-même et pour la famille qu’ils soutenaient de l’etranger, mais ils jubilent. Y’a de la gaieté dans le sud en ce moment. Ils disent : nous on n’a pas l’eau chaude au robinet, même pas l’eau du tout en fait, nous on n’a pas de voiture particuliere, quand on se déplace c’est sur nos pieds, on est des randonneurs de première, ou dans la benne du camion, tous entassés sur le chargement, nous on n’a pas le frigo qui déborde, on n’a même pas de frigo du tout, on mange tous les jours la même chose et c ‘est pas un bouquet de saveurs, nous on n’a pas les machines, on fait tout à la pelle, à la pioche, au coupe-coupe, nous quand on va à la pêche, on y va à la pagaie, et en fait on n’y va plus, y’a plus de poisson, le corail est mort ou Ils ont tout pêché, nous on est pourris de palu ou autre, tous les 8 jours on a la fiévre, nous quand on est malades, on ne va pas a l’hopital, on se fait des infusions d’herbes ou on va voir le sorcier, nous on n’a pas de lunettes de vieux… Vous allez voir ce que c’est.
Et moi qui ai passé tant de temps avec eux sous l’arbre à palabres, je vous écoute vous plaindre parce que votre incroyable confort de vie risque de baisser un peu, confort qui n’est qu’un privilège de naissance et de couleur de peau. C’est un peu comme si un milliardaire fils à papa se plaignait parce qu’il a perdu en bourse et devait vendre son maxiyacht. Bref indécent, tout simplement.
Bien sur j admets que le nivellement par le bas n’est pas la meilleure façon de combattre l’injustice . Même s’il n’y a pas, écologiquement parlant, d’autre solution ? Comment peut-on parler de « révolution » quand le but du combat n’est pas d’abolir les privilèges mais de garder les nôtres coûte que coûte ? Tout ce qui se dit en ce moment a gauche aurait un sens si l’occident était toute la planète. Mais il suffit de passer le pont pour voir qu’il n’en est rien. Sortez-vous quelquefois de votre nid douillet ? Comment se fait-il qu’il est devenu politiquement incorrect a gauche d’admettre que l’ occident a vécu bien « au-dela de ses moyens », non pas de ses moyens en fait, mais des moyens de la planéte, et ce n’est pas une histoire de finances et de dettes mais une simple évidence : nous mangeons tous les jours gloutonnement la part des autres … Et vous qui parlez si doctement économie chaque jour, cela ne vous saute pas aux yeux ? Ou est l’erreur ? la faille dans le raisonnement ? Est-ce que quelqu’un parmi vous, si intelligents et si cultivés, peut tenter de m’expliquer ?
Je vais sans doute m’attirer des foudres. Mais ne croyez pas avoir fait mouche si je ne réponds pas du tac au tac. C’est simplement que je n’ai pas souvent accès a internet.
Merci pour votre témoignage.
« Je vais sans doute m’attirer des foudres. »
Nulles foudres sur vous,par dessus le « marché » le Nord a mauvaise conscience.
le but du combat, de la cause, c’est bien d’abolir les privilèges honteux amassés par une minorité et permettre une meilleure répartition des richesses créées, du sud au nord comme de l’est à l’ouest. Ce sentiment d’injustice que vous ressentez est partagé par la plupart des intervenants sur ce blog, c’est ce que Paul nomme « le stade de l’écœurement ». Cet écœurement était déjà présent bien avant la crise financière, mais cette crise démontre encore davantage l’origine des maux et la nécessité de « réguler » un système qui ne fait qu’accentuer les profondes inégalités, l’absence d’éthique et d’équité, ce que Paul Jorion souhaiterait voir inscrit au sein d’une Constitution pour l’Économie mondialisée. Il faut de l’utopie pour donner corps aux idées neuves et justes : ce blog est un réseau de diffusion et d’opposition à la « pensée unique ». Je comprends votre dépit, nous ne sommes pas si éloignés, même si la misère est plus proche de vous, celle des pays du nord reste intolérable également.
sud, merci : vous chatouillez-là de ces susceptibilités …
La gauche cherche d’abord à combattre les inégalités. Elle prétend aussi être internationaliste. Oui, il est vrai que nous vivons (nous « Occidentaux ») au dessus des moyens que nous offre la planète. Oui ce modèle de « développement » est intenable, d’autant plus que les pays des sud nous suivent dans cette voie. Donc le modèle occidental est voué à l’échec au mieux, nous amène à la catastrophe au pire. C’est pourquoi, il nous faut aujourd’hui expliquer aux Chinois, aux Indiens, aux Brésiliens : « Maintenant que vous nous avez rattrapé et que vous êtes en passe de nous dépasser, il faut d’urgence arrêter et réorienter totalement vos économies respectives. » Ainsi, alors même que ces pays disposent enfin des leviers leur autorisant un essor économique, social, politique important, on exige d’eux qu’ils les abandonnent. La boucle est bouclée.
Comment se réjouir ici de voir la précarité et le chômage augmenter ? EN se disant que là bas cela correspond à de nouveaux emplois ? C’est ce que vous sembler suggérer. Alors, même en admettant que
– Un emploi perdu au Nord = un emploi généré au Sud
-Les populations du Nord acceptent ce sacrifice au nom de la justice et de l’égalité entre tous les hommes
et bien cela ne suffirait pas à rendre utile ce sacrifice que vous exposez ainsi : votre incroyable confort de vie risque de baisser un peu, confort qui n’est qu’un privilège de naissance et de couleur de peau. »
Pourquoi ? Parce que l’emploi généré au sud est un emploi rémunéré bien en dessous de celui des standards internationaux. Mais aussi, parce qu’il s’agit du même employeur à savoir les multinationales, mais aussi parce que cet employé n’aura pas les mêmes droits que son alter ego du nord…mais aussi car cet emploi prendra part à un système de production de type occidental. Il ne sert en fait qu’à donner une nouvelle impulsion à ce que nous avons décrit comme un système voué à l’échec.
Donc en croyant servir la cause de l’égalité mondiale, je crains qu’au final cela revienne à servir la soupe à la finance internationale, à la spéculation, au profit mirifiques des multinationales etc.
Puisque tous les hommes sont égaux, il vaut mieux un américain bien payé pour son job qu’un indonésien exploité.
Autrement dit, les occidentaux de gauche, ne devraient certes pas se contenter de se plaindre de leur petite baisse de niveau de vie, mais également agir de telle sorte que les ravages de leur modèle de développement cessent de se répandre. Il ne me semble pas très humaniste, de souhaiter aux populations du sud le même sort que le nôtre.
Tout en ayant conscience de ne pas avoir répondu intégralement à ton questionnement, j’espère avoir réussi à lever quelques contradictions. Mais, il est vrai qu’il est difficile (intellectuellement) d’être de gauche,aisé et honnête dans les pays du Nord.
PS
« nous on n’a pas l’eau chaude au robinet, même pas l’eau du tout en fait, nous on n’a pas de voiture particuliere, quand on se déplace c’est sur nos pieds, on est des randonneurs de première, ou dans la benne du camion, tous entassés sur le chargement, nous on n’a pas le frigo qui déborde, on n’a même pas de frigo du tout, on mange tous les jours la même chose et c ‘est pas un bouquet de saveurs, nous on n’a pas les machines, on fait tout à la pelle, à la pioche, au coupe-coupe, nous quand on va à la pêche, on y va à la pagaie, »
Je crains que cette description qui confine au misérabilisme, ne corresponde que très partiellement à la situation économique des pays des Sud. Des machines, de l’eau chaude, des éoliennes, de l’énergie photovoltaïque, l’accès au WIFI, des bagnoles, des fusées, des plants ogm… on ne trouve que cela dans les pays du Sud ! Bien sûr la grande majorité des populations demeure pauvre, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’utilise pas ces engins. La différence c’est qu’ils n’en sont pas propriétaires.
A l’appui (?) de votre commentaire, ces quelques lignes, qui ne datent pas d’hier (1920), d’un homme politique qui n’était pas à proprement parler « de gauche »:
« Nous-nous sommes attribué […] une part démesurée de la richesse et du commerce du monde. Nous possédons tout l’espace que nous pouvons souhaiter et notre prétention à jouir sans entraves de nos immenses et splendides possessions obtenues, pour la plupart, par la violence et conservées par la force peut souvent paraître moins légitimes aux autres peuples qu’à nous-mêmes. »
Winston Churchill, « The World Crisis »,
Ceci dit, il n’est peut-être pas inutile de faire la distinction entre la population « laborieuse » des pays du Nord qui n’a, malgré l’énorme gain de productivité qu’elle a du physiquement assumer, que très marginalement profité de l’accroissement considérable des richesses durant ces 20 ou 30 dernières années et à qui la classe dirigeante ne laisse pas vraiment le choix des son mode de vie et de consommation et cette classe « financière » qui s’est accaparé l’essentiel de la planète à son seul profit.
Alors bien sûr, la précarité dans les « banlieues » d’Europe n’est pas identique à celle des « slums » d’Afrique ou d’ailleurs, mais mettre tous les habitants de l’occident dans le même panier est une facilité sans intérêt.
Je vous « rassure », le nivellement par le bas ne concerne pas tout le monde. L’harmonisation mondiale va se faire vers le bas pour les pauvres et la classe moyenne en Occident, mais les plus riches garderont leurs richesses puisqu’ils peuvent investir dans les pays émergents.
Je suis bien d’accord avec ce que vous dites concernant les préoccupations des « occidentaux de base », attachés à ne pas perdrent leur confort de vie, et sur le fait que nous avons bouffé la part des autres.
Sur ce blog vous trouvez les vraies infos sur la crise et des explications sur cette dernière. C’est déjà énorme.
En plus, à sa lecture, on se rend mieux compte (pour ceux qui n’en n’étaient pas déjà persuadés) que le système, qui capote, ne profite bien qu’à quelques uns, ceux-là mettant maintenant toutes leurs forces (chantage et corruption) pour le faire perdurer.
Je trouve, peut-être comme vous, que les solutions techniques proposées par Paul Jorion et François Leclerc (comme l’interdiction des paris sur la fluctuation des prix), bien que très efficaces, ne sont pas suffisantes.
Même s’ils soulignent bien souvent les limites de la Planète et parlent de la crise écologique, ils leur est difficile d’en faire plus car le changement économique qui s’impose maintenant au Monde doit être accepter et initié, par tous.
La solution, qui serait une économie écologique (basée sur les énergies renouvelables et l’économie d’énergie), locale et non concentratrice de l’argent, n’étant pas populaire en l’état des choses, il vaut mieux, en attendant, déjà proposer des solutions qui pourraient permettre sa mise en place progressive.
Je crois que c’est ce que font Paul et François.
Le problème n’est pas de rogner sur notre soit disant confort, il est essentiellement de savoir comment un développement peut être accessible à tous en préservant la cohésion sociale par un lissage fort des inégalités et en respectant notre environnement. Ce qui pose problème en ce moment, c’est l’explosion des inégalités, pas le fait de ne plus pouvoir s’acheter un écran plat géant tous les six mois.
Le développement du sud sera possible si le nord accepte de redistribuer ses richesses, en externe certes, mais aussi en interne. A défaut, la route est droite vers l’autoritarisme et les conflits…
Quelles foudres ?
Dire que le modèle occidental n’est pas extensible à la planète et qu’il doit être de toute façon remis en question ?
La crainte porte sur la manière dont il le sera. Et, pour ceux qui décollent, que le même modèle ne s’impose, qui ne pourra bénéficier qu’à une petite minorité de nantis. Les autres se contentant des miettes.
@ sud
Vous n’avez pas perdu le nord, cher sud. J’apprécie vos propos simples. Vous parlez de la vie, d’une vie si différente que la nôtre en Occident, là où je suis née. Je ressens le sentiment de vie dont vous parlez. J’apprends beaucoup de choses sur ce blog, sur plein de choses et un grand merci pour cela à toutes et tous. J’aime apprendre. Mais cela ne me suffit pas, si cela a jamais suffi de savoir. Je suis lasse des constats.
Il faut passer le pont. J’ai passé le pont.
Cela ne changera probablement rien à l’économie comme ils la font, comme ils veulent la préserver, comme ils la rêvent quand ils rêvent, comme ils voudraient qu’elle soit.
Voir de l’autre côté du pont sera la nouvelle richesse. Est ma nouvelle richesse.
Chaque jour, je me demande pourquoi nous acceptons encore et toujours plus encore cela en 2010 : le partage si inégalitaire des richesses du nord au sud et d’est en ouest. Tout est là, dans ce partage à rééquilibrer, un peu, beaucoup, passionnément , à la folie, je ne sais… commençons par un peu et voyons.
Je n’accepte plus ces inégalités dangereusement croissantes. Et plus je le dis autour de moi, plus je rencontre des résistances autour de moi. C’est quoi ce « reste à perdre » qu’ils/elles ont encore si peur de perdre alors qu’ils ont déjà tant perdu ?
L’upper-class millionnaire voir milliardaire existe aussi dans les pays du sud.
En ce sens, la ‘globalisation’ a bien agit et depuis longtemps, y compris dans les pays ‘émergents’.
La problématique n’est plus, à mon sens, entre ‘nord’ (pays ‘occidentaux’) et sud (pays ‘émergents’) mais bien sur la répartition de la richesse créée dans chaque pays, dans chaque région, entre régions du monde.
Il y a, aussi, des points communs, entre la France et l’Egypte, ou le Maroc, ou l’Indonésie :
– tous ces pays sont tous concernés par la ‘globalisation’ financière,
– tous ces pays sont concernés, à des degrés divers, par l’augmentation croissante des inégalités ‘de richesse’, en leur sein.
@sud : « Je vais sans doute m’attirer des foudres. » : les miennes, oui, sûrement, parce que j’ai horreur de ce genre de langage accusatoire qui vise personne et tout le monde en se déclarant être du « bon côté », qui dénonce l’injustice comme si personne, ici, n’avait conscience de toutes les terribles injustices causées par les occidentaux depuis l’ère coloniale. Vous n’êtes pas sur un site néolibéral, enfin !!!
« Comment peut-on parler de « révolution » quand le but du combat n’est pas d’abolir les privilèges mais de garder les nôtres coûte que coûte ? » : Mais de quel combat parlez-vous ? Et de qui ? On est dans la m…, c’est tout, parce que structures sociales et modes de vie sont organisés en fonction d’une richesse qui va disparaître et on ne sait pas comment ça va se passer. On voit par exemple Sarko démanteler l’éducation nationale, vous croyez que ça nous rassure et que ça nous amuse ? Etes-vous candidat pour revenir d’Afrique et enseigner dans nos banlieues ?
Sud : que quelqu’un qui prétend lire ce blog depuis plus d’un an écrive ce qu’il écrit ici et maintenant est extrêmement curieux. Votre méthode comparative et culpabilisante est sans intérêt et surtout sans résultat. Point de foudres ! Vous n’aurez pas ici et maintenant de réponse à votre question car elle est partout et nulle part dans ce blog.
En quoi avoir un toit l’eau courante et l’électricité, manger à sa faim pouvoir se payer quelques loisirs, c’est vivre au dessus de ses moyens ?
Parce qu’en occident, c’est le cas de la majorité des gens, et je ne vois toujours pas dans la réponse à ces besoins essentiels, le fait de vivre au dessus de ses moyens.
C’est donc l’inverse que nous devrions regarder,
Pourquoi le sud ne permet pas à ses populations de vivre correctement ?
A mon sens, c’est uniquement à cause du manque d’éducation des populations exploitées par des dirigeants corrompus qui n’ont que l’ambition personnelle de s’enrichir et de placer ces sommes sur des comptes dormants à l’étranger sans investir un centime de monnaie dans leur pays.
Y’a vraiment des trucs qui m’énervent, là. Dès que je vois le « tous responsables » pointer son nez, (par exemple chez écodouble qui écrit : « les préoccupations des « occidentaux de base », attachés à ne pas perdrent leur confort de vie« ), mon sang ne fait qu’un tour. Le système occidental actuel a deux origines : l’industrialisation, (qui a déjà quelques siècles derrière elle), et le colonialisme sur la lancée duquel l’Occident s’est octroyé un « droit » à des ressources « sécurisées ». Sur cette base, je ne vois pas en quoi l’occidental « de base » serait responsable. Quant au confort de vie qu’il chercherait à protéger, n’est-ce pas ce que TOUT INDIVIDU DE BASE cherche aussi, et ce de tous temps et sous toutes latitudes ? Car enfin, que demande l’Améridien perdu au fond de sa forêt vierge si ce n’est la préservation de son mode de vie ancestrale ? Et comment ne pas voir qu’en fait IL N’Y A PAS de confort de vie qui tienne dans nos contrées, puisque nos modes de vie se font sans cesse bouleverser, parfois en moins de 10 ans ? Le téléphone portable c’est pratique, internet c’est pratique, etc. mais a-t-on jamais interrogé l’occidental « de base » pour savoir si, tant qu’à faire, il n’aurait pas préféré autre chose ?
Mr. (ou Mme) sud, « le sud », comme vous le simplifiez, n’est pas homogène, comme vous le dites.
Un peu comme « le nord »… C’est un peu comme « l’axe du bien » et l’axe du mal », c’est de la « com’ »…
Savez vous qu’il existe dans cette parie de l’hémisphère qu’on nomme « le nord » une partie de la population (qui s’agrandit chaque jours) tellement pauvre qu’on l’appelle le « quart-monde » ?
Nos prédécesseurs se sont battus pour avoir une vie meilleur, et vous, en quelques mots, balayez tout et justifiez la barbarie du néo-libéralisme…
L’insupportable vieille rengaine de l’occident méchant… l’insupportable haine de soi…
Il y a une minorité à l’appétit insatiable qui se gave sans vergogne au détriment d’une majorité. Et dans « le sud » comme vous dites, on trouve aussi de ces spécimens… qui savent faire pleurer dans les chaumières pour mieux se gaver…
Allez dire à la famille du salarié de France Telecom qui vient de se suicider que ce sont des privilégiés !
Allez dire aux salariés de telle ou telle entreprise propriété d’un fonds de pension, et qui se retrouvent au chômage du jours au lendemain afin que les actionnaires dudit fonds de pension accumulent toujours plus, allez leur dire qu’ils sont des privilégiés…
Au nord comme au sud, les populations payent l’addition pendant qu’une minorité vorace se gave toujours plus…
Quand assis, l’esprit au calme, j’essaie – vanité – de saisir ce qui se passe dans le monde, je ‘fais société’, je corrige les inégalités mondiales (rien que ça…), entre le nord, le sud, les ouvriers, les classes moyennes, etc… J’augmente le tableau, par touches successives, jusqu’à ce qu’il devienne trop complexe et je n’abandonne…
J’ai alors un grand désir d’ « universalité », de lois générales qui permettraient de tout résoudre.
Mais ce grand Tout existe-t-il ?
Notamment, on oublie facilement le coût des distances quand on parle de façon ‘Globale’,
alors que notre réel est local avant d’être mondial…
Une des choses qui me sidère le plus dans ce monde ‘financier’ : l’argent ne dort pas, ne connait pas le jet-lag, voyage à la vitesse de la fibre optique, en quantités sans commune mesure avec les biens/personnes réellement déplacés… N’est-ce pas profondément irréaliste ?
Le terme « civilisation », dans notre cas l « Occident » permet à l’esprit d’un individu de saisir des événements Historiques, passés, d’agréger un ensemble de réalités saillante, devenues collectives.
Un bon article du monde (matière à réflexion)
« Pourquoi l’Europe s’enracine à droite »
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/12/pourquoi-l-europe-s-enracine-a-droite_1409667_823448.html
« consommer, se divertir, rester jeune… »
notre culture aujourd’hui – sans Majuscule – c’est un tas de petits « je » dissous dans « le Monde » …
Une sorte de grand écart entre l’individu – unique et solitaire – d’un côté, et le monde de l’autre – souvent trop grand pour agir (à moins d’être dans les bons « réseaux »!).
On perd trop facilement la perception de nos limites.
Pas besoin de vertige ‘mondial’, il y a un niveau collectif intermédiaire – nous pouvons tous former des réseaux – où chacun peut agir.
A nous de nous appuyer dessus pour reconnaitre, qu’effectivement, un chemin plus « local » est possible, moins « facile & fun » mais « durable »…
Mais je crois définitivement pas à la Révolution, ou autre prise de conscience globale (ou alors, version « le jour d’après », mais dans ce cas, pour beaucoup, il sera trop tard 🙂
La description Sud, ignorant que ce sont aussi des sociétés de classe,
est touchante, mais totalement fausse.
Le Sud, j’y vis, depuis des dizaines d’années…
La misère, là aussi, n’est pas une destinée.
C’est le fruit du règne croissant du capital.
Au Sud comme au Nord s’exercent la dictature du capital,
de plus en plus concentré et imbriqué,
et flanqué de ses gardes chiourmes BM, OMC, FMI, OTAN, qui sévissent partout.
Que les travailleurs du Nord se laissent faire tondre par le capital n’aide pas les peuples du Sud.
Tout recul de l’exploitation ou de l’oppression, au Nord comme au Sud,
est un acquis pour avancer vers la fin de la dictature du capital,
pour que partout triomphe la souveraineté populaire et la démocratie.
@ vinzzzzz :
l’article du Monde est le prototype même de la critique dite ‘néo sociale-démocrate’ sur la ‘vieille’ gauche et même plus spécifiquement sur la sociale-démocratie européenne, à partir d’une lecture que l’on pourrait en partie valider comme ‘pertinente’ sur les conséquences mais qui déroule une lecture complètement idéologique (politique) quant à sa causalité, pour finir sur un non sens total : proposer comme solutions à la dérive droitière recensée (bien que cette dérive doive être relativisée selon les pays, l’analyse de l’auteur étant par trop imprégnée des cas ‘France’ et ‘Italie’) celles qui sont actuellement mises en place … en Europe du Nord, soit le social-libéralisme !!
Excellent remède, en effet, pour ‘relever’ la gauche européenne, pour définitivement l’enterrer.
On a eu Blair. Pendant 13 ans et le blairisme (la politique du comment être un blaireau), qui va avec.
Il me semble que l’on peut très facilement faire l’économie de ce genre de ‘philosophie’ : pour parodier un titre de film, ce type de philosophie, c’est « une amie qui nous veut du bien ».
@Sud
Comme nous avons une grosse longueur d’avance en matière de conneries à ne pas faire et que certains pays émergents foncent malheureusement tout droit vers les mêmes impasses, il est logique que nous soutenions les analyses qui alertent sur l’urgence à faire autrement. Dans ce contexte d’impérieuse mutation de l’ensemble des hommes sur terre, votre intérêt pour les comparaisons de niveaux d’emmerdements, n’a en réalité pas grand intérêt.
@ sud
Merci pour ce commentaire qui a suscité bon nombre de réactions intéressantes. Je me permets d’ajouter la mienne :
A la question
«Comment se fait-il qu’il est devenu politiquement incorrect a gauche d’admettre que l’ occident a vécu bien « au-dela de ses moyens », non pas de ses moyens en fait, mais des moyens de la planéte, et ce n’est pas une histoire de finances et de dettes mais une simple évidence : nous mangeons tous les jours gloutonnement la part des autres …»
j’aurais envie de répondre que c’est tout simplement incorrect, au delà de politiquement incorrect.
Alors bien sûr l’occident dilapide les biens de la planète (la Chine et l’Inde sont en occident ?), mais qui est ce « nous » que vous évoquez ?
Ce billet me rappelle dans mes années d’école les punitions collectives que le maître avait la cruauté de nous infliger de temps en temps… Elles ont été très formatrices ces punitions car elle m’ont permis d’apprendre qu’on peut souffrir deux fois : une fois à cause des véritables fautifs, et une fois par la culpabilité sous-jacente.
Cette position appelant un retour à la morale par une culpabilisation collective revient selon moi à nier la souffrance réelle des centaines de milliers de personnes qui sont en détresse autour de nous (j’ai la chance de ne pas [encore] en faire partie, mais tout vient à point à qui sait attendre, n’est-ce pas ?). Alors oui c’est incorrect car tout l’occident n’a pas le même train de vie, et on ne peut pas désigner sous un seul mot un ensemble de situations aussi disparate.
Quel autre message proposer ?
Plutôt que de dire qu’il faut renoncer à notre confort, une proposition différente serait d’apprendre à redéfinir nos besoins primaires, et les surplus qui nous apportent du confort (et ce n’est pas un exercice facile). Ensuite, pour ces besoins et ces surplus, il faudra chercher une manière différente d’en profiter, moins gourmande ou moins nuisible pour la planète et la société..
Mais alors comment définir notre confort : ça ne signifie pas changer de téléphone tous les 8 mois, manger de la viande 2 fois par jour, consommer des produits ayant fait 3 fois le tour de la planète… Comprendre ça, c’est accepter de se passer du superflu, mais pas du confort, c’est apprendre à chercher le confort ailleurs que dans les biens de consommation couteux et peu valorisables en véritable confort.
Alors je pense que c’est effectivement politiquement incorrect de demander à une population entière de se passer de son confort : l’idée est selon moi plutôt de se passer du surplus pour gagner du confort simple.
Il faut d’abord réduire sans douleur (ou presque) l’empreinte écologique du monde occidental dans son ensemble (et c’est possible ! c’est même générateur de croissance !! à condition que certains acceptent de lâcher leurs milliards pour des causes aussi futiles !).
Et quand ce sera fait, alors peut-être qu’on pourra évoquer une diminution réelle du confort de vie, mais seulement dans un deuxième temps : on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif et on ne change pas les mentalités d’un coup de baguette magique.
En attendant, c’est toujours difficile de s’entendre dire qu’on est coupable : la dualité coupable/victime tellement ancrée dans notre société (avec de plus en plus de coupables et de boucs émissaires) montre ici ses limites.
Ca ouvre des pistes de réflexion, notamment sur la décroissance (ni plus ni moins que ce que vous proposez), mais il faut se méfier des termes creux : qu’a-t-on envie de faire décroître, et qu’a-t-on envie de faire croître. Peut-être que plutôt que de parler de décroissance (politiquement incorrect), il est plus judicieux de redéfinir la croissance (cf les propositions de la commission Stiglitz) : ça devient d’un coup politiquement correct…
Cette pose de donneur de leçons…
Oui on ne choisit ni son lieu de naissance ni sa couleur de peau. Oui c’est arbitraire. Mais on hérite quand même de ce que ses ancêtres vous ont laissé (qui eux « choisissent » votre lieu de naissance et votre couleur de peau). Ce qui tempère sérieusement l’arbitraire.
La question est : « d’où vient le « confort » occidental? » D’où vient qu’il soit plus difficile de (sur)vivre là-bas qu’ici? Si ce n’était pas le cas on se moquerait bien de naître « ici » plutôt que « là-bas ». La réponse facile serait de dire « de l’exploitation coloniale et néo-coloniale des pays du Sud ».
Mais la réponse correcte, dès lors qu’on prend un peu de hauteur, est: « de l’invention d’un certain type de discours, né en Grèce, et qu’on appelle « philosophie » mêlé à certaines croyances religieuses issues du christianisme, et qui a frayé la voie à une certaine forme d’organisation politique et à la « technique ». Rien d’arbitraire dans le destin croisé des occidentaux et des peuples d’Afrique, donc.
Quant à l’inquiétude des occidentaux, vous n’êtes pas sans savoir que ce qui compte n’est pas tant la « richesse absolue » que la « frustration relative ». Selon votre logique: je suis chômeur mais je ne devrais pas me plaindre ou revendiquer quoi que ce soit : « Après tout j’ai de la chance: ça aurait pu être pire, et puis après tout je ne suis pas seul à m’être fait voler mon avenir ». On croît rêver. Évidemment si c’est le discours tenu par le gérontocrate de service sous l’arbre à palabres, il ne faut pas s’étonner du résultat (il doit être doux d’y palabrer d’ailleurs quand on jouit des avantages conférés par les « vilains pas beaux occidentaux qui se plaignent la bouche pleine », au premier titre desquels un certain niveau d’instruction et une certaine ouverture d’esprit, sans parler de revenus suffisant pour pouvoir s’installer ailleurs… etc)
Sur le fond vous avez raison, bien sûr.
Néanmoins, si j’étais sur place, je m’inquièterais sérieusement de cette crise de l’Occident qui, associée à la raréfaction des ressources, ne peut que conduire à la démultiplication des politiques de prédation en Afrique. Il n’y a vraiment pas de quoi sourire: le Burkina malheureusement n’est qu’un avant goût de ce qui est à venir.
Je ne crois pas du tout à un rééquilibrage Nord-Sud: les Suds les plus faibles seront écrasés/écartelés sans pitié entre les intérêts bien compris des Suds les mieux lotis (BRIC) et les intérêts des puissances occidentales.
On pourrait néanmoins s’inspirer de la simplicité du Sud. Comme eux, essayer de vivre avec moins, reconnaître que tisser des liens humains est plus important au bout du compte que vivre pour travailler, préserver son pouvoir d’achat et consommer, pouvoir jouir d’une belle retraite bien méritée…Bien sûr, en écrivant cela, je ne pense pas à ceux qui doivent réellement travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. J’ajoute que je vis dans un pays calviniste, et ce à quoi nous avons assisté ces dernières décennies est ahurissant. Le Nord aurait je crois beaucoup à apprendre du Sud et de sa mentalité plus fataliste, moins raisonnante, moins intéressée, plus humaine peut-être.
Assez d’accord avec vous M. Leclerc!
il suffira d’émettre des obligations pour renforcer les fonds propres, la crise inspire la crainte et pousse à l’épargne, alors émettons, émettons à 15 ans : les taux sont bas !
et on pourrait même assurer ces titres contre le risque… enfin, je … oui Julien, j’arrête, promis ! …
🙁
On tente de gérer la crise comme si rien n’avait changé :
– plus d’un milliard d’habitants des pays du BRIIC veulent avoir la même chose que nous, la consommation, la terre n’a pas les moyens d’assurer à notre planète un doublement de sa richesse pour le permettre, où nous divisons notre conso par 2 et on peut espérer un début de solution, où les pays du BRIIC nous prendrons notre richesse par la force de la mondialisation, dans les 2 cas pas de reprise à attendre dans nos pays, juste une chute de la conso et donc de l’activité.
– lorsque un banquier prête, il prend en compte le risque encouru, les états n’avaient déjà pas la capacité de rembourser, depuis une dizaine d’années, aujourd’hui c’est « Perette et le pot au lait », les banquiers savent que sans titrisation et donc transfert du risque, la fin est inéluctable, si le Japon devait payer un intérêt pour sa dette, c’est la totalité de son budget qui partirait dans ce paiement…juste les intérêts, le principal restant dû ad vitam eternam…
– ce faisant comme le risque est important, aucun actionnaire ne peut suivre un tel risque, en augmentant l’effet de levier, les banquiers ont réduit le montant relatif de leurs capitaux propres que le comité de Bâle tente de réapprovisionner, ce faisant et sans actionnaires de poids, les dirigeants des banques sont d’une certaine manière devenus les vrais propriétaires des banques, le renflouement des états accentuant cet effet…
Sans doute est ce criticable, juste en passant dire que les cheminots sont les vrais patrons de la SNCF, que les salariés de l’état sont les vrais proprios de la france, in fine, lorsque vous n’avez pas de prises réelles de risques et pas de sanctions, vous prenez bien évidemment des risques car vous ne risquez rien…
Sans doute est-ce la morale de cette crise, personne ne veut assumer le risque, bien évidemment les états ne rembourseront jamais leur dette, c’est mathématiquement impossible, bien évidemment il y aura des perdants, personne ne veut perdre, c’est comme la personne à qui on annonce qu’elle a le cancer et qu’il faut lui couper les 2 jambes et les 2 bras pour espérer survivre… qui prendra une telle décision…
La croissance dans un monde fini à une limite, nous avons très certainement dépassé cette limite, qui aura le courage de l’admettre et de l’annoncer au monde !!!!
Alors bien évidemment, on regarde le passé et on fait comme si naturellement cela pouvait continuer ainsi des siècles, voilà la réalité de la crise actuelle, il y avait une limite, nous l’avons atteinte, on a pu espérer créer une nouvelle croissance fictive en inventant des normes de qualités, des normes de sécurité, des normes encore des normes qui n’ont que pour but la création de nouveaux marchés dont l’utilité est contestable dans une société qui vit déjà à crédit, nous sommes des doux rêveurs, nous n’aimons pas les cauchemars…
Que dire M. Leclerc et Jorion, que dire sur ce blog, nous attendons la prise de conscience que notre ascenseur atteint le dernier étage et qu’il va redescendre, actuellement cet ascenseur est à l’arrêt, nous sentons que la chute approche mais l’humain est créatif, il tente de lancer des cordes pour retenir la cabine, juste que personne ne tient les cordes, lorsque le mouvement de descente commencera il sera rapide car il n’y aura personne pour retenir cette cabine, juste certains tenteront de sauter de la cabine…
Un peu comme les Twin towers le 11 septembre, nous regardions les tours en feu, tétanisés, on voyait bien des personnes sauter, on imaginait la terreur du feu des gens aux étages supérieurs, mais on ne pensait pas que les tours s’effondreraient…un peu comme les chômeurs d’aujourd’hui, on imagine que c’est dur…, c’est la nature humaine de ne pas envisager le pire et surtout de ne pas se projeter dans un futur incertain…
Au demeurant merci à ce blog, à suivre les infos du jour, on finirait par croire que rien ne s’est passé, on en viendrai presque à se dire qu’on s’est trompé et qu’il n’y a pas de crise, juste des banquiers qui auraient joué et perdu au casino…et qu’il suffirait de les remplacer pour que la crise s’efface tel un mauvais souvenir..
Malthus a de beaux jours avec vous, cessons donc le gaspillage et on verra combien d’obèses en mois, de poubelles pleines en moins, avez vous vu » We feed the word » ?
Cher liervol je ne parle pas de gaspillage, juste mon avis sur la crise actuelle, quant à Malthus je dirai qu’il avait un peu d’avance, il n’avait pas imaginé que la vapeur déboucherait sur la société du pétrole…
Maintenant proposez moi une alternative crédible au pétrole et je veux bien remiser mes idées malthusiennes au garage.
je pense que la crise actuelle n’est rien à côté de celle qui nous attend dans moins de 5 années, une guerre non commerciale mais une guerre pour obtenir ce cher, si cher pétrole.
Sans doute à travers cette prédiction trouverez vous une explication aux non décisions actuelles concernant la crise financière, la rareté du pétrole demain compte tenu de la hausse de consommation des pays du BRIIC rend tous les décideurs politiques paralysés à cette idée.
Plusieurs personnes ici ont émis l’idée que la bourse est un jeu à somme nulle, et je m’étais opposé à cela en prétendant qu’une bulle procurait une euphorie générale augmentant la valeur de l’ensemble… or c’est faux. Une bulle nécessite un creux ailleurs, puisque l’argent absorbé par la bulle à moins d’être crée ex nihilo, doit être retiré d’autres investissements, qui voient leur cours chuter.
La bulle implique un manque de croissance ou une déflation ailleurs dans l’économie et c’est alors une perte de valeur… le jeu est bien à somme nulle. Sauf lorsque l’argent est créé sans contrôle. Lorsqu’il y a une facilité de crédit à l’usage de d’investisseurs connus, l’argent débloqué ainsi n’alimente pas l’économie réelle et ne crée donc aucune inflation. Que deviennent les théories monétaristes de contrôle des masses monétaires ?
Actuellement si les banques centrales disposent de liquidités illimités, c’est du capitalisme ou du socialisme ? car Staline aussi aurait pu éditer des roubles à l’infini. Une puissance arbitraire dicte ses lois à l’économie, or l’économie de marché implique des lois non politiques. Actuellement, l’économie ressemble de plus en plus à un monstre issus d’expériences d’irradiations nucléaires.
Outre qu’on n’aborde pas le problème à sa base, il y a deux remarques à faire concernant les propositions de ces accords Bâles III.
Premièrement, le ratio général (7%) est inférieur à ce qu’il était précédemment : le ratio ‘Cooke’ était de 8%. On ne peut donc franchement parler d’une avancée dans ce domaine;
Ensuite, le calcul des rapports dépendra des procédures comptables. Or celles-ci n’ont pas encore été arrêtées par l’IASB (International Accounting Standards Board). Les banques pourront toujours transvaser certains postes du bilan ailleurs et échapper ainsi à leurs obligations ‘réglementaires’.
Un écran de fumée, en effet.
Il va falloir mettre sérieusement en application le droit
à la désobéissance et le devoir de chacun à l’insurrection
en réponse aux façons du système financier !?
… en tout cas, continuer de résister, non ?
chacun à son niveau, à sa manière, selon ses moyens
et bravo
Comment résister aux établissements financiers ? En ne prenant plus de crédits, en retirant de la banque son argent en liquide dès qu’il est versé et en payant tout en liquide .
Des ennuis avec les TIP ? On s’est présenté en délégation au bureau EDF de notre ville pour régler en liquide , avons essuyé un refus ( le TIP est à envoyer dans une autre ville) et avons fait enregistrer ce refus de recevoir notre paiement par un huissier qui nous accompagnait . On recommence bientôt cette fois chez Veolia pour l’eau, et en deux mois nous aurons fait le tour des fournisseurs qui refusent notre argent liquide . En attendant nous ne payons pas les factures et sommes prêts à l’attaque si l’on essaye de nous couper la fourniture pour factures non payées par TIP , chèque ou virement . Par contre, le service des impôts accepte le liquide.
Notre devise : un compte bancaire en permanence à sec ( on laisse 5 euros) et n’acheter en liquide que l’indispensable . On cultive un potager collectif et pour le reste, on achète au marché du dimanche d’excellents aliments directement chez les tout petits producteurs locaux sans jamais mettre les pieds dans les grandes surfaces qui les vampirisent en achetant leur production à des prix ridicules pour la revendre très cher .
On n’achète que l’indispensable . On ne renouvelle les vêtements que quand les précédents sont usés, de préférence des fripes à 2 ou 3 euros le kilo . Les marques n’ayant que la valeur que les gens leur donnent, on ne leur en accorde aucune. Nos ados jouent le jeu . Il y a deux ans, ils avaient commencé par se créer, à partir de fripes, leur propre mode originale et leur propre marque pour s’affirmer auprès des copains accrochés aux marques . Maintenant ce n’est plus nécessaire car ils sont assez sûrs d’eux pour expliquer aux autres la résistance aux fausses valeurs et ça marche . Par contre, nos enfants quadragénaires refusent toute remise en question du système. La chute dudit système les amènera sans doute un jour à penser autrement .
Nous ne sommes qu’une centaine de résistants dans notre ville mais au départ nous n’étions que quatre familles de voisins à avoir acquis un potager collectif et mutualisé notre électro-ménager, notre outillage et notre informatique-Internet dans une cave dont les 4 familles avaient la clef .
A suivre …
bonjour mianne
avez vous un site , une page web sur votre expérience ?
Merci Mianne de votre témoignage. je pratique la même chose, avec mon compte bancaire sur lequel je ne laisse qu’un minimum. Nous pouvons tous revenir à l’essentiel dans nos vies quotidiennes, et consommer moins, de tout, nourriture, habillement…ect et pour le pratiquer depuis cinq ans je vous assure que l’on est pas plus malheureux.
super d’avoir en plus réussi à fédérer autant de personnes, 100 ce n’est pas rien.
Les TIP sont au-dessus des banques,
(lorsqu’un TIP est signé, dans le cas, où il manque de l’argent sur votre compte, votre banque doit règler une amende, laquelle amende est immédiatement décomptée à votre charge, soit en débit sur votre compte ….)
Les TIP considèrent que recevoir un règlement, n’est pas d’avoir reçu le chèque correspondant au montant de la facture à règler,
(soit que le dit règlement par chèque a bien été reçu par chèque, mais qu’il est encore coché sous réserve d’encaissement)
tout règlement par chèque n’est considéré comme reçu par les TIP , non pas quand il est reçu, mais seulement lorque la somme correspondante du-dit règlement par chèque en a été encaissée
( tout chèque reçu, mais non encore débité de votre compte, est donc, systématiquement, et à priori présuposé par les TIP, d’être un chèque en bois )
Je partage largement les opinions exprimées dans le billet de François Leclerc: il y a en effet bien plus à faire pour nos sociétés que de racommoder le système monétaire internationnal et les organisations financières sensées le contrôler. Je partage aussi les idées exprimées par Sud: nous, habitants des pays dits riches de la planette, ne pouvons pas continuer à bénéficier des richesses de cette planette que nous exploitons sans vergogne pratiquement à notre seul avantage. Je pense que toute solution viable à la crise actuelle ne pourra que passer par des réformes de structures incluant dans les négiciations les pays du Sud comme on dit en langage politiquement correct. Toute autre solution avec des réformes de surface ne saurait que retarder une issue violente.
Paul
« ne pouvons pas continuer à bénéficier des richesses de cette planette » : oui bien sûr, mais rassurez-vous : on va faire assez de chômeurs et de SDF pour limiter de facto la consommation de ces richesses.
à Crapeau Rouge
il me semble que Paul Trehin chercherait peut-être aussi, surtout, et néanmoins à culpabiliser les gestionnaires
(ex : Question nourriture, la production est largement suffisante pour nourrir tous les habitants de la planète, et même plus, hors c’est un fait notable qu’une bonne proportion de l’humanité ne mange toujours pas à sa faim…. ,
Bref, sur cette question de nous nourrir, nous pourrions tout de même essayer de voir à faire beaucoup mieux, cela même s’il nous fallait de produire un peu moins
De là et donc, est-ce que d’essayer de faire mieux, même avec moins, soit voir à réfléchir d’ une meilleure gestion des ressources, ne pourrait ou ne devrait être envisager que de cette question de nous nourrir ??? … )
faut dire, aussi, que par chez nous,
dans notre grand hosto psy à l’air libre
et librement pollué ; on s’accommode
tellement mieux et plus facilement de ça :
http://www.rue89.com/2010/09/13/moins-pris-en-charge-les-sdf-meurent-brutalement-dans-la-rue-166093
Oui, un mort est un mort, du Sud, du Nord, de l’Ouest ou de l’Est . Quand la misère est là, elle n’est pas plus sexy ici, là-bas qu’ailleurs .
Ne pas se tromper de cible ! les zélites du Sud s’entendent fort bien avec celles du Nord, question magot !
Les sur-vivants des Pays du Sud, ont développé une débrouillardise, une force de caractère et un goût de la vie, que nos ancêtres connaissaient bien [ en particulier les femmes africaines ; j’ai le sentiment que ce qui tient debout tient grâce à elles ! ] . Nos ancêtres ont lutté pour une amélioration pour le plus grand nombre ; cela n’allait pas de soi . C’est pas « tombé » du ciel !
La vie « facile » nous a ramollis ; le marketing à tout crin encore plus. …nos forces ne sont plus les mêmes.
Les personnes – travailleurs pauvres – vivant à la rue, et trouvant le moyen de se laver, pour aller travailler, sont héroiques .A Paris, ils sont nombreux . C’est un scandale majeur de la vie dans la megapole .
IL y a, chaque jour, dans nos quartiers, de plus en plus de personnes qui mendient, ou qui n’en ont même plus le courage …sans parler des personnes vivant sous des cartons sous les ponts des périphériques . Ce choix de société profondément inégalitaire est POLITIQUE. On cachera les pauvres, et on mettra les riches derrière des murs ( cf USA ) =) ceci ne correspond en rien à NOTRE culture ! Les mafieux actuellement au pouvoir cassent, ou du moins essaient, notre capacité de Résistance, en mettant en place des Lois iniques . Nous avons Honte ! En prendre conscience est un premier pas !
Ce que nous avions fait – lois sociales, respectant la dignité de l’être, est en train de disparaitre, au profit d’une « charité », cousue de fil blanc . Gagner des sommes indécentes, et faire des dons, en faisant une large promotion de son « grand coeur » / système US, a gagné nos zélites européennes ( encore qu’à mon avis, ils sont encore plus radins ici !).
Voilà qui est parfaitement répugnant, et qui ne respecte pas les citoyens .
A propos des personnes vivant à la rue : les premiers dispensaires de Médecins du Monde, il y a déjà un moment, avaient dû reprendre des bouquins de médecine du XIX ° siècle, car des maladies liées à la misère réapparaissaient …
Centenaires qu’ils disaient !!! quant on ne quitte pas les limousines,et, ou le 7° arrondissement de Paris, on a une vision pour le moins faussée du réel ! Ah bon, c’est voulu ?!….
Dans Oliver Twist de Dickens, le bedeau explicite en gros de cela, comme cela
« Le principe même de l’aide à domicile, c’est de toujours donner aux pauvres ce dont ils n’ont pas besoin, comme ça, ils finissent par se lasser de venir demander »
… une mue en perspective, aux US of A ?
Dans la suite de la brillante analyse de François Leclerc, permettez moi de recommander la lecture ou la relecture d’un petit livre par le nombre de pages mais d’un grand livre par la qualité de son contenu:
La « dynamique du Capitalisme », Fernand Braudel. Cette vision venant d’un historien est extrêmement intéressante en ce qu’elle est différente de celles des économistes ou des sociologues ainsi que de celles des hommes et femmes politiques.
Braudel inverse le sens des interactions entre capitalisme et société: par exemple, ce ne serait pas le capitalisme qui crée les inégalités mais qu’en revanche ce dernier aurait besoin de ces inégalités pour se développer. De même le capitalisme a besoin d’une certaine complicité de la part de la société dans son entier, acceptant de manière plus ou moins consciente, les valeurs du capitalisme telles qu’appliquées dans chaque pays.
Le capitalisme exige une certaine tranquillité de l’ordre social ainsi qu’une neutralité ou faiblesse ou complaisance de l’état.
Braudel dit expressément « Le capitalisme ne produit pas les hiérarchies, il s’en nourri… En fait il semble penser que ce sont les hiérarchies qu’il faudrait éliminer si on veut efficacement faire évoluer nos sociétés vers plus d’égalité.
Cela est également vrai du capitalisme au niveau européen. Dans une des réponses qu’on m’a faite à propos de mon intervention sur le rôle de la Commission Européenne en matière sociale et sur les possibilités d’influencer ce rôle, on me disait que de toute façon, la Commission Européenne sert les intérêts du capitalisme, en fait le capitalisme n’a pas besoin d’être servi par la commission Européenne il se sert d’elle tout seul et a besoin de toutes ces institutions pour exister et croître, même s’il les dénigre parfois au travers de déclarations de ses organisations représentative nationales regroupées au niveau européen dans une association appelée « Business Europe » Mais ces déclarations ne servent qu’à rassurer leurs membres au niveau national (organisations patronales au niveau national)car Business Europe sait très bien que le capitalisme a besoin des institutions européennes pour continuer à fonctionner.
Il en va d’ailleurs de même au moins en partie avec les syndicats européens regroupés dans l’ETUC, ou les grandes organisations de défense des doits sociaux qui font parfois des déclarations dures envers la commission sachant cependant très bien l’utiliser quand nécessaire à leurs stratégies.
Au niveau national on assiste d’ailleurs à des phénomènes sembables où tant les organisations patronales que syndicales et associatives prennent bien soin de critiquer les gouvernements sans cependant se les mettre à dos car ils et elles ont besoin de l’état…
Toutes ces interactions sont très complexes. Ce qui et le plus difficile à admettre c’est qu’en ce domaine il n’y a pas de baguette magique qui permettrait de résoudre les problèmes rapidement et sans un effort de la société dans son entier. Certains m’ont fait remarquer le prix à payer et le temps que prennent ces efforts à porter leurs fruits… Mais ce n’est pas en attendant l’arrivée de la femme ou de l’homme providentiel que les choses bougeront. Une présence incesssante des forces vives de la société reste à mon avis le seul moyen de faire évoluer nos sociétés vers une meilleurs qualité de vie cela en y incluant les nécessaires changements en matière de respect de l’environnement.
Il faut lire Braudel, un très grand historien. Incontestable.
il m’intéresserait d’un exemple où les syndicats ont pu réussir d’utiliser la commission ..
: « Il en va d’ailleurs de même au moins en partie avec les syndicats européens regroupés dans l’ETUC, ou les grandes organisations de défense des doits sociaux qui font parfois des déclarations dures envers la commission sachant cependant très bien l’utiliser quand nécessaire à leurs stratégies. »
(perso, je penserais surtout , -donc je dirais- que c’est surout la commission qui utilise les syndicats … )
C’est très bien d’instaurer progressivement (et souvent timidement) des mécanismes de régulation, encore faut il les exécuter, ce qui a posé un problème dans le passé et posera encore des problèmes, car tout dépendra si l’exécutif chargé de la régulation choisit une position de bon et honnête régulateur, ou s’il se fait complice, par complaisance intéressée ou par une soit-disante « raison d’état », des marchés financiers et de ses profiteurs. Je me souviens des paroles d’un ancien chef de la Fed: « …to take away the punch bowl just as the party gets going ».
Domini, la conclusion d’Onubre est ambigue.
J’en ai déduit qu’ils avaient besoin d’une bonne guerre comme en 39…
Onubre, tant que j’y pense…
Peut-être n’insistez-vous pas assez sur le fait que le gouvernement américain n’a cherché que des colmatages de fuites depuis 2 ans en les vendant (sur-vendant) comme solutions miracles.
Tout cela, en effet comme vous le notez, pour essayer de continuer le « business as usual ».
Ce qu’il y a d’amusant dans ces démarches commerciales, est que ça finit par un auto-coinçage dans un argumentaire qui fait que vous vous plantez.
« ….au pire elle ne permet pas de relancer la machine »
Il n’y a aucun remède institutionnel ou idéologique à la situation actuelle. Même si, par un grand miracle, la croissance repartirait à la hausse en Europe, le chômage de masse restera un phénomène durable, car il est en grande partie de nature structurelle. ll est vrai que dans presque tous les pays européens, le middle class dégringole socialement et ca fait peur aux gens. On observe en Allemagne par exemple, une sorte de nouveau conformisme/conservatisme, en particulier chez les jeunes; des études récentes le montrent bien. Ils ont peur d’une glissade vers le bas, ils essayent de s’accrocher, de multiplier leurs compétences professionnelles, car l’abîme social est devenu omniprésent. La génération protéstataire de gauche a presque disparue pour faire place à un comportement conventionnel: faire carrière, acheter un logement avec jardin, mener une petite vie tranquille. Je vois là plutôt une sorte de résignation, un comportement défesiv face aux brutalités de la mondialisation économique et financière.
« Il n’y a aucun remède institutionnel ou idéologique à la situation actuelle. »
Ca, Germanicus, écrire cela est le meilleur moyen de me faire sortir de mes gonds.
Je vais déjà te fournir un peu d’aération de l’esprit, ça ne fait jamais de mal :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/12/pourquoi-l-europe-s-enracine-a-droite_1409667_823448.html
Attention : cet article n’est pas politique. Non non.
Il explique pourquoi politique et finance sont si bien liés et ont BESOIN l’un de l’autre.
Nous pourrions quasiment parler de symbiose.
D’ailleurs, Vigneron, tu abordais le sujet, il y a peu. Voilà, je pense, une réponse globale.
La télé allemande est particulièrement « nauséabonde » (au sens Orwellien) mais la contestation gagne du terrain, si j’en crois le dernier Spiegel. Les Allemands sont dans une humeur de protestation générale, contre le nucléaire, et contre ce que je dénonce ici a savoir la mafia de l’immobilier (construction d’une gare à Stutgart, 6 milliards de la poche du contribuable pour un projet inutile, accaparement de Berlin). Merkel trébuche sur le nucléaire, et sur l’affaire Sarrazin (sorte de Besson local) qui conteste le bilan des politiques d’intégration. Bref l’Allemagne est proche, et peu ou prou le climat y est semblable au nôtre : Désir de passer la classe dirigeante par perte et profits. Abandons des adhérants aux partis. Rejet du capitalisme à plus de 50% parfois. Seuls les crétins patentés du politique qu’on invite à la télévision maintiennent l’apparence.
Ma foi, si vous songez à nourrir votre esprit,
C’est de viande bien creuse, à ce que chacun dit !
Le système éducatif allemand est dégradé au niveau de la Slovénie, qui représenter semble-t-il un palier (Spiegel) . Que c’est allé vite, cette mise a mort libérale !
Quand au lobby nucléaire il sévit toujours et le citoyen allemand est scandalisé, de ce qu’on laisse comme problèmes au générations suivantes, mais ceci n’entre dans aucune comptabilité de même que le coût du démantèlement des centrales car aucune n’a encore été démantelé.
Mais comme d’habitude, on espère que l’Etat y pourvoira c’est le calcul secret, l’Etat providence pour les banquiers et les électriciens ! les « nantis ».
@Germanicus : merci de m’expliquer comment « multiplier [les]compétences professionnelles » serait compatible avec « mener une petite vie tranquille« . Ne seriez-vous pas en train de dire une chose et son contraire ?
« Il n’y a aucun remède institutionnel ou idéologique à la situation actuelle. »
C’est ce que disaient les aristocrates en 1788
Ou en gros un édito du Monde début Mai 68…
Les trente glorieuses battaient alors leur plein…
Pas de remède en effet si l’on croit que les moyens de production
doivent toujours appartenir à une poignée de magnats
Si l’on croit que l’urgence de la démocratie économique,
comme du sauvetage de l’environnement ne devient pas une nécessité.
@Lisztfr
Concernant le nucléaire, les allemands sont aussi plus proches de Tchernobyl et de la Russie que nous.
Je me suis retrouvé nez à nez sur LCP (de mémoire) hier soir avec un sujet qui traitait de la cata de Tchernobyl et montrait d’abord des embryons humains complètement déformés et puis, horreur absolue, des enfants vivants horriblement malformés, en cause le césium.
Rappel de la situation à ce jour (sous réserve car notes prises à la volée) :
juste 100 kg de plutonium confinés, de quoi éliminer 1 million de personnes tout de même.
durée de vie du plutonium : 240.000 ans
il faut renforcer le sarcophage de toute urgence, en cours avec 10 ans de retard, coût 1 Ma $
J’espère que chez nous les provisions ont été faites au cas où.
Combien de temps cela tiendra t’il ?
3.000 liquidateurs sont encore sur le site et cela après 20 ans.
Autre rappel :
URSS disposait de 2.700 missiles dont 1 seul équivaut à 1.000 Tchernobyl.
Pas étonnant que le gouvernement allemand pousse à fond l’éolien et offre aux propriétaires des rentes appréciables en échange de la location/concession de leurs terrains pour implantation des machines.
@Crapaud Rouge
Je pense que Germanicus entendait par « petite vie tranquille » le fait de privilégier une vie familiale et professionnelle – évidemment non exempte de difficultés, notamment en matière d’emploi -, sans pour autant chercher à s’opposer davantage au système. Sorte de renoncement et d’adaptation à la pression extérieure. Virginie Despentes parle par exemple dans son dernier roman d’échec de la post-génération 68.
Crapaud Rouge
Martine Mounier a répondu à votre interrogation. En effet, les jeunes diplômés enchaînent stages et études pour avoir les meilleures chances sur le marché de l’emploi qui est très compétitif et sélectif. Pour un poste de cadre, les sociétés recoivent en moyenne entre 300 et 600 candidatures, selon la dimension et la spécialité du poste.
Charles A
Le problème: en France, les discours ne manquent pas, les analyses non plus. On adore les analyses et les discours en France. En revanche, personne ne parle du « comment et par quel moyen » changer les choses. N’importe quel illuminé peut faire des discours, discuter jusqu’à l’aube, moraliser l’autre, mais où est le concrèt? De plus, chacun présente « sa » version, et chacun veut avoir raison. Je vous demande: est-ce que cela fait avancer les choses? Je me permets de vous rapeller que les problèmes tels que chômage de masse, le déficit publique et cétera minent le pays depuis maintenant 35 ans. La gauche était au pouvoir, même avec des ministres communistes, puis la droite…..où est le changement?
Germanicus écrit: »La gauche était au pouvoir, même avec des ministres communistes, puis la droite…..où est le changement? »
La « gauche » a permis de faire baisser la pression de la lutte des classes,
en France, comme ailleurs, contre un peu de caviar et les ors de la République.
Plus privatisé que la droite,
Dérégulé la Finance,
Trahi les engagements sur les retraites
Fusillé les 35 heures avec la flexibilité, etc
Total, découragé le camp du travail pour des années
Mais bien payée, bien engraissée…
L’émancipation ne sera que l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes.
D’une révolution mettant la démocratie au coeur de tout,
construite après expropriation du capital,
donc sans capacité de s’acheter les politiciens professionnels
de l’alternance gôche, droite ou droite, gôche.
à Charles A.
Certes, la gauche de gouvernement, (d’ailleurs n’a-t-elle pas été quelque peu qualifiée de « social-traitre ») ….
mais alors, et de la droite de gouvernement, et de comment dire, tout particulièrement de la droite actuelle ???
@papimam suite et précisions.
L’émission était effectivement diffusée sur LCP, « La bataille de Tchernobyl », un doc de 2006 :
http://www.lcpan.fr/La-bataille-de-Tchernobyl-06312.html
Rediffusion le 18/9 19h25 et sur 24/24 à 19h40 et aussi le 28/9 14h30
« L’Europe gardera longtemps les séquelles de l’explosion du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986. Mais cette immense catastrophe aurait pu provoquer une seconde explosion, nucléaire cette fois, et surtout dix fois plus puissante que celle d’Hiroshima.
Face à cet ennemi invisible, ce sont 800 000 jeunes soldats, mineurs et civils – baptisés depuis « les liquidateurs » – qui se sont battus, au péril de leurs vies, dans une incroyable course contre la montre ».
Les banques seraient-elles encore une fois entre de jouer au stud poker (poker américain avec des cartes découvertes et d’autres masquées) ?
La Fédération bancaire européenne (FBE) vient de faire savoir dans un communiqué que « les banques européennes respecteront les nouvelles obligations, mais que cela aura des conséquences sur le volume et le coût du crédit, et donc un coût aussi pour notre économie ». Elle a également précisé qu’elles « vont avoir besoin de plusieurs centaines de milliards d’euros pour pouvoir respecter les nouvelles règles ».
Nout Welling, qui préside le Comité de Bâle et la banque centrale néerlandaise, a confirmé de son côté le chiffre. Mais il a précisé que les banques vont devoir aller chercher ces sommes sur les marchés et effectuer « pendant quelques années une retenue plus importante sur les bénéfices ». Expliquant qu’« elles ne pourront pas payer leurs actionnaires ou devront verser moins de primes ».
Ce qui n’est pas exactement la même chose.
et le levier de la facturation va persévérer dans le sens de la hausse … pour un effet de levier, c’en est un, bigre !
(vous allez chez Taddéi demain ? …)
Juste comme ça, pour le fun :
« Les USA font un déficit commercial parce que leur industrie est trop faible en volume. Elle ne représente plus que 11,5 % du PIB en 2008. »
Est-ce tout le monde réalise…????
Ca ne vous choque pas sur les bords..????
QUASIMENT plus AUCUNE richesse réelle produite.!!!!!
Et nous nous dirigeons vers la même aberration !!!!!!
Fantastique. Exemple à suivre !!!!
En matière de fonds propres : ce sont les états qui en possèdent le plus : patrimoine et population
pourtant ce sont ceux là même auquel on interdit la création monétaire sauf à travers le déficit générateurs d’intérêts et de commissions pour les plus riches et pour la finance.
Nous marchons vraiment sur la tête à accepter cela.
Les établissements financiers ne sont que des parasites qui profitent de l’ignorance des peuples sur la monnaie.
Comme Paul Jorion et vous-même le faites justement remarquer, le ‘délayage’, 8 ans plus le ‘rabotage’ des ratios, plus discret, est sidérant. Les règles formulées fin juillet paraissaient plus proches de la réalité en la matière et de ses nécessités- jusqu’à l’arrivée de l’aéropage de ‘banques centrales-néo-régulateurs’…Felipe Gonzalez, dans une tribune hier dans El Pais,’L’UE: crise
et futur’ rappelait très, à propos, que ‘nous sommes dans une économie financière de casino’-dont
les nouveaux dirigeants, amha, sont les banques centrales..
Une confirmation :
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100913trib000548225/croissance-europeenne-bruxelles-rehausse-nettement-ses-previsions-pour-2010.html
Une injection massive de liquidités va avoir lieu en Europe pour équilibrer celle des US.
Chose amusante : si un nouvel effondrement n’a pas lieu 🙂
Ca pose la question à nouveau sur l’inflation et les monnaies qui « grimpent toutes seules »…
Les gadgets japonais et les coucous suisses vont la sentir passer.
On cherche à nous faire oublier une chose essentielle aujourd’hui :
C’est le travail qui créait un besoin de monnaie en face pour en permettre l’échange
et non la monnaie qui permet de créer du travail.
Donc la réduction par exemple de postes d’enseignants n’a pas lieu d’être pour les états, c’est un retour au 19ème siècle que l’on fait là en acceptant cela.
Un emploi de prof, c’est de la création de travail, donc de la création de richesse, dont il doit y avoir en face création monétaire de l’état pour permettre l’échange de ce travail.
Aujourd’hui, on nous parle de réduire les déficits sinon on ne pourra plus payer les intérêts.
Mais ces déficits n’ont pas de raisons d’être, car jamais l’état n’aurait du abandonner son droit de battre monnaie pour créer la monnaie d’échange du travail qu’il emploie comme dans l’éducation nationale.
Jamais nous ne devrions accepter ce qui se passe, une éducation au rabais sous de faux prétextes.
Presque, Liervol. Presque.
L’éducation est en effet le contraire de l’aumône (qui maintient l’être en survie dans sa condition misérable et permet de « pallier » à un trop grand déséquilibre que le donnateur A créé)(pour la nature, on appelle ça : « écologie ») car l’éducation est un investissement.
Un investissement dans l’humain en plaçant en lui la confiance qu’il profitera des connaissances reçues pour en faire profiter la société à laquelle il appartient.
La logique a largement changé depuis Charlemagne.
Un humain est maintenant une bête, un outil, un serf, un esclave qui doit rapporter un maximum ou disparaitre sans faire de vague.
Et, le sens d’appartenance a changé aussi : la société doit appartenir à l’humain qui a « réussi ».
Le pied, non..???
… » on peut, à l’inverse, recommander de nombreuses mesures qui ne créent aucune difficulté politique.
Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction trés importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population.
L’intérêt politique de ces mesures ne signifie pas qu’elles seront les plus rationnelles ou les plus justes. La chute des investissements publics aura à terme un impact négatif sur la croissance.
….
Habituellement en raison de l’ampleur des déséquilibres en cas de crise financière, un programme de stabilisation ne peut se limiter à ces mesures non risquées. Le gouvernement doit aussi réduire la masse salariale et couper des subventions. Mais pour réussir, il doit dans ce cas accorder la plus grande attention aux détails et adopter une optique désagrégée….
par exemple, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, il faut les baisser dans tel secteur …et même les augmenter dans un secteur clef politiquement ….. »
etc, etc ….
travaux /OCDE 1996
Voyez, tout est prévu de longue date !
Ce qui s’appliquait à certains pays s’applique maintenant aux autres.
Démocratie ? où ça ?
Sur l’éducation, ne pas rater ce spectacle éblouissant et décapant (les vidéos se suivent)
http://www.youtube.com/watch?v=YTSDeVquHks&feature=related
à Charles A.
Merci pour le lien. À voir absolument. Franck Lepage drôle, intelligent, sensible.
Comment en est-on arrivé là ? École-culture-travail-retraite. La France veut en revenir au couple infernal riches/pauvres, durement, sans possibilités de passerelles entre. Privilégiés ou exclus. Une bêtise inimaginable. C’est aussi une grenade qu’on vient de dégoupiller… chacun pour soi et tout le monde à plat ventre. Pas de politique, mais des hommes qu’on abat le plus tôt possible. Bref, c’est la guerre qu’ils veulent et ils l’auront.
Est-ce qu’il y a déjà eu un billet sur l’école/l’éducation ? Peut être à voire.
Je plussoie et je fais tourner également.
Très très bien.
@octobre , Jacques Attali a écrit le 12 septembre un billet sur l’éducation, « Bouleverser l’école ». J’ai trouvé ce billet intéressant.
@yvan: « J’en ai déduit qu’ils avaient besoin d’une bonne guerre comme en 39… »
J’ai bien l’impression qu’ils en ont déjà une (voire deux) de guerre. Y’en a même qui disent que ce sont ces deux guerres coloniales qui les ont mises dans le pétrin parce qu’ils avaient pas les moyens de les payer.
Une guerre, même gagnée, n’est jamais bénéfique pour l’économie (sauf pour quelques-uns dans le pays). C’est un mythe qui date de 40-45 (et auquel W. alias simplet croyait dur comme fer) parce que les USA s’en sont bien sortis mais on oublie de dire qu’ils seraient devenus la première puissance mondiale de toutes façons (d’ailleurs, on oublie aussi que l’économie n’était pas terrible en 48 encore). De même pour l’Allemagne, qui sans la guerre serait de toutes façons devenue une des premières puissances (d’ailleurs la guerre leur a fait perdre au moins 50 ans). Idem pour la Russie.
Quant à la France et à la G-B, ils étaient déjà en chute libre et la guerre gagnée ne leur a pas évité de perdre leur empire colonial, au contraire ça l’a précipité.
Si c’était aussi simple, on viderait nos villes des habitants, on les bombarderait nous-mêmes et puis hop on reconstruirait tout dans la joie et la bonne humeur.
Il faudrait peut-être rappeler que les « occidentaux » ont payé le prix fort pour acquérir le niveau de vie qui est le leur aujourd’hui : deux guerres mondiales, de nombreux conflits « satellites » (décolonisation & guerre froide) et d’incessantes remises en question tant sociales, que culturelles, économiques ou morales … Toutefois quel bond sans précédent accompli en seulement UN SIECLE !!! certes non sans souffrances ni aucun ménagement pour notre planète notamment mais COMMENT AURAIT-IL PU EN ETRE AUTREMENT ??? (étant donné notre propre histoire …).
Jamais durant le long cheminement de l’humanité n’avons nous été aussi proches de pouvoir faire régner une certaine forme d’harmonie globale – le « hic » c’est que ce « modèle d’harmonie » auquel nous croyons n’est pas forcément duplicable ou transposable en l’état (le meilleur exemple étant sans doute celui des peuples « autochtones »).
Je suis convaincu que la solution à notre problème « global » sera « local » ou ne sera pas – et si chacun à droit au bonheur il avant tout droit à SON bonheur et doit pouvoir le construire en toute liberté au rythme qu’il aura choisi … Si la machinerie financière mondiale doit s’effondrer afin que les peuples reprennent leurs destins en main et se construisent un avenir à leur image : qu’il en soit ainsi – mais traverser cette période tourmentée en conservant nos acquis scientifiques et techniques afin de pouvoir les partager ultérieurement de la manière la plus équitable qui soit sera finalement le seul véritable enjeu : ce que les multinationales détiennent de plus important c’est le SAVOIR et ces connaissances, ces expériences et ces compétence là représentent bien plus que de simples bilans financiers …
Quelques économistes membres de l’association française d’économie politique viennent d’adopter un manifeste pour tenter d’en finir avec les mensonges sur la dette publique, la croissance, l’efficience des marchés et autres billevesées… Sans prétendre à la révolution, et en faisant l’impasse sur la dimension écologique de la crise, ce texte contient de bonnes pistes pour contrer la doxa néo-libérale et surtout convaincre les dirigeants européens qu’ils ont tout intérêt à sortir des schémas qui leur sont imposés par d’autres. C’est ici :
http://www.assoeconomiepolitique.org/spip.php?article140&lang=fr
… :
http://www.veoh.com/browse/videos/category/technology/watch/v14179347tanDtaPa
Le film de Jean Rouch, Les maîtres fous (sans nécessité de télécharger le lecteur truc, toujours sous-titré mais en italien )
en 3 parties
http://www.youtube.com/watch?v=1vVOjL09ZT4
http://www.youtube.com/watch?v=dT9LjvMYX3w&NR=1
http://www.youtube.com/watch?v=fT-ntV1Yyc0&NR=1
Merci, Cécile,
comme cela, c’est beaucoup plus accessible,
et tant mieux !
mais, plus possible de regarder les video ?!
Il ne faut pas oublier que beaucoup de pays du Sud sont riches par leur sous sol… si les populations sont pauvres, c’est parceque un petit groupe s’approprie la richesse du pays.
Nous sommes des pays riches. La richesse est traditionnellement mieux partagée dans nos pays qu’ailleurs…mais il faut faire attention. De petits groupent essaient d’accaparer les richesses de nos pays. C’est une des raisons de la crise.
La racine même des crises a été expliquée depuis longtemps par Marx. En deux lignes:
la contradiction entre la socialisation de la production
et l’appropriation privée des moyens de production.
Même Attali, le conseiller de Sarko, en convient, où la Banque Natixis…
Pour démonstrations chiffrées et comprendre les implications:
Crise de suraccumulation mondiale ouvrant sur une crise de civilisation
par François Chesnais
http://orta.dynalias.org/inprecor/article-inprecor?id=859
Une lecture marxiste de la crise
par P. Artus, économiste en chef Natixis
http://gesd.free.fr/flas0002.pdf
Le partage de la valeur ajoutée en Europe
Par Michel Husson
http://hussonet.free.fr/psalires.pdf
Une des conclusions de l’étude :
« La baisse de la part des salaires apparaît rétrospectivement comme l’un des déséquilibres majeurs qui a conduit à la crise actuelle : c’est elle en effet qui a alimenté les bulles financières en gonflant les profits non investis et en incitant à un surendettement destiné à compenser le recul salarial.»
Ou va la crise
par APEX
http://gesd.free.fr/apexph2.pdf
« La racine même des crises a été expliquée depuis longtemps par Marx »
Ben voyons…
@ Moi :
ça s’appelle un potlach.
🙂
Le système est un vieux salopard qui ne veut pas crever : il s’accroche, encore et toujours. Quitte à déclencher des catastrophes. Bombarder l’Iran, par exemple, histoire de détourner l’attention, et sans trop se soucier des conséquences?
Comment faire pour que ce soit un scenario à la soviétique, un effondrement quasi sans coup férir et sans trop d’effusions de sang?
Est-il injustifié, ce sentiment qui de plus en plus souvent m’agresse, que le monde se trouve mutatis mutandis non en 1989 mais dans un remake des années 30? D’autres acteurs, ou les mêmes dans de nouveaux rôles, de nouvelles formes d’expression, mais une même course à l’abîme?
Combien d’entre nous seront encore en vie dans 5-10 ans?
@zébu: vous ne croyez pas si bien dire, le potlach d’après ce que j’en ai compris ressemble furieusement à une « guerre pacifique », une forme de guerre plus civilisée quoi. 🙂