Vous me direz que mon troisième billet consacré à Me and Bobby McGee de Kris Kristofferson, était déjà en soi un hommage à Janis Joplin. Soit, soit, mais que voulez-vous, on parlait de 1974, il y a quelques jours seulement et me voilà revenu roder dans ces eaux-là.
L’époque où l’on avait vingt ans vous marque à jamais. Après, on s’use petit à petit, sans s’en apercevoir, on cesse de croire aux rêves de ses vingt ans, on se met à les appeler justement, des « rêves », et l’on s’accommode du monde tel qu’il est, oubliant le monde tel qu’il devrait être… Bon j’arrête, avant que certains d’entre vous ne prennent mes rabâchages au sérieux ! La vérité, c’est bien sûr l’inverse – et c’est beaucoup plus inquiétant encore – c’est qu’on reste toujours celui ou celle qu’on était à vingt ans, même quand le corps lui, vieillit. Ceux qui cherchent à vous persuader du contraire sont de très grands comédiens, ou sont payés pour le faire.
Janis Joplin me laissait pantois à l’époque. Rien n’a changé depuis.
21 réponses à “Janis Joplin (1943 – 1970)”
Bonjour Paul,
Oui c’est vrai, le plus étonnant est que l’on reste le même qu’à 20 ans. Le corps change, les tissus vivent et meurent, mais le moi résiste à tous ces changements. Intéressantes réflexions en perspective…
Mais je ne trouve pas ça particulièrement inquiétant…
Merci Mr Jorion pour ce bain de jouvence dans le passé.
En 74, j’avais 14 ans, et contrairement à mes copains de l’époque, j’écoutais Bach, Mozart, Beethoven, Dvorak, Tchaïkovsky et Chopin. Enfance en décalage sur son temps, jusqu’à ce que je découvre Janis Joplin, Neil Young, Supertramp, les Who… Ma vie n’en fut pas bouleversée, mais de nouveaux horizons s’ouvrirent et m’offrirent l’opportunité d’être en plus grande conformité avec mon époque et mes amitiés.
Merci à Janis et tendres pensées pour une artiste trop tôt disparue.
Carrière courte mais qui a marqué l’histoire.
Ces artistes étaient habités par quelque chose …. le feu sacré.
Cette année 70 en a fauché quelque un
Je voudrais remercier Paul d’avoir évoqué cette période de la musique populaire américaine. Il se trouve que ma famille et moi habitions aux USA de 74 à 76 et que nous y avons découvert, en comprenant mieux les paroles, des artistes engagés comme on disait à l’époque…
Permettez moi d’en citer deux assez peu connus en France car c’est plus pourles paroles qu’ils étaient connus aux USA: Harry Chapin et John Hartford (voir avec Google vidéos, mais les paroles en anglais avec un fort accent américain sont peu faciles à comprendre), bien sur nous avons aussi mieux apprécié les textes de Bob Dilan de Pete Seager et de biend’autres chanteurs contestataires comme Joan Baez un peu mieux connue en France pour la musicalité de sa voix, mais ses paroles étaient très contestatrices de l’ordre établi aux USA et elle était très courageuse d’aller chanter ces textes dans le Sud raciste des Etats Unis…
Pour ceux que ça intéresserait, on peut retrouver les paroles de ces chanteurs à thèmes en rajoutant le mot clef « lyrics »
Derrière des thèmes pouvant sembler anodins c’est tout le système américain qui est souvent remis en cause…
Paul
Quand on observe l’évolution de la plus part des soixante huitards je ne suis pas sur que les convictions à 20 ans soient très pérennes.
Je crois que c’est Georges Clemenceau qui a dit: si tu n’es pas communiste à 20 ans, tu n’as pas de cœur. Si tu l’es à 40, tu es un con. …
Le corolaire d’une société qui vieillit c’est peut-être le recul des utopies, est-ce un bien ? Je ne le crois personnellement pas.
Permet moi de reprendre la chanson de Brassens, « le temps ne fait rien à l’affaire »…
« Le temps ne fait rien à l’affaire
Quand on est con, on est con
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d’la dernière averse
Vieux cons des neiges d’antan »
Mon grand père avait des idées plus modernes que mon père… Pourtant il les avait puisées à son expérience terrifiante de la guerre de 14-18. Il était un pacifiste convaincu dont j’ai acquis mes convictions et un défenseur de la chose publique (Res publica) d’une manière que j’aimerais bien voir être appliquée ; voir l’anecdote en fin de message.
Pour ce qui est des soixante huitards, j’aimerais savoir d’où vient ta statistique sur « la plus part des soixante huitards » : je te cite: « Quand on observe l’évolution de la plus part des soixante huitards » Pour ma part, j’ai gardé des contacts avec bien de mes amis soixante huitards et ils n’ont rien perdu de leur esprit libre et contestataire ni de leurs actions revandicatrices. Bien entendu les conservateurs actuels se font un plaisir de pointer du doigt les quelques soixante huitards qui ont retourné leurs vestes pour devenir des suppôts du capitalisme. Ils s’en servent afin d’alimenter leur propagande pour démolir les pensées généreuse qui étaient nées de ce mouvement au caractère mondial. Ces mêmes idées qu’on trouve dans certains textes de chansons des années soixante, tant en France qu’aux USA avec les mouvements étudiants dans les universités contestant les fondements mêmes de la société américaine, et il leur en fallait du courage pour affronter des charges des policiers à cheval armés de matraques…
Tous ne sont pas devenus des conservateurs. Faites l’effort de dépasser les clichés « jeunes vieux » écoutez attentivement les paroles de ces chansons de Bob Dilan de Joan Baez vous verrez que ces dernières restent d’actualité, malheureusement dirais-je, car cela veut dire que peu de gens les ont écoutés… Ceux qui ne sont pas morts continuent leurs combats contre toutes les formes d’oppression et de discrimination, et ils ne se lancent pas dans ces combats pour eux-mêmes, mais par conviction.
Etudier l’histoire récente ça n’est pas vouloir revenir à un passé révolu et embelli par quelques nostalgiques, mais s’assurer de la solidité des fondations sur lesquelles sont bâties nos idées actuelles.
Anecdote tirée de mon enfance, j’avais environ 7 ans : Mon grand père et moi nous promenions sur un petit chemin bordé de propriétés avec des jardins fleuris. J’avais remarqué une très jolie fleur qui dépassait hors du grillage d’une des propriétés. Je me suis baissé pour la cueillir quand mon grand père m’a arrêté tout net, m’intimant l’ordre de m’arrêter. Je demandais alors à mon grand père « Pourquoi m’empêches-tu de cueillir cette fleur ? Elle n’est à personne… » « Non » me répondit mon grand père « Elle est à tout le monde »
Voudriez vous que parce que cette anecdote date de plus de 50 ans je la jette aux oubliettes ?
Il en va de même pour les textes de certaines chansons des années soixante Cela ne veut pas dire que les textes des jeunes ou moins jeunes chanteurs d’aujourd’hui n’ont aucune valeur, j’admire le courage de certains auteurs compositeurs qui s’élèvent contre les « bien pensants » d’aujourd’hui. Mais est-ce un raison pour dénigrer les courageux auteurs compositeurs d’il y a 20 ou 30 ou même 50 ans…
D’une manière plus générale il est souvent utile de chercher même bien plus loin dans notre histoire des exemples de pensées qui gardent une actualité flagrante et nous permettent de mettre en perspective des tendances lourdes de l’évolution de la pensée humaine et des difficultés qui sous-tendent cette évolution..
Si cela peut aider à la discussion, je dois dire qu’étant plus jeune, je n’avais pas beaucoup d’intérêt pour l’histoire. J’analyse mon intérêt actuel de la façon suivante : j’ai pu constater que des événements que j’ai pu vivre il y a 40 ou 50 ans continuent de conditionner ma vie actuelle. Cela m’a permis de donner un sens concret à la notion d’histoire, loin des leçons d’histoires de mes professeurs dont je regrette souvent de ne pas avoir été plus attentif à leurs cours…
Pourtant ces professeurs nous avaient bien parlé des catastrophes sociales causées par la révolution industrielle suivie de sa fille naturelle, la crise de 1929… Mais combien d’entre nous réalisent-t-ils que nous nous approchons de catastrophes sociales d’un niveau au moins égal sinon supérieur avec la révolution informationnelle qui est en route? Je dis supérieure au niveau de la gravité à cause des moyens de communication existant aujourd’hui qui feront de toute nouvelle crise grave une crise mondiale se répandant très rapidement à tous les pays, alors que la révolution industrielle avait touché principalement et presque uniquement l’Angleterre, n’impactant les autres pays qu’assez progressivement. Déjà la crise de 1929 s’était étendue au reste du monde bien plus rapidement que celle causée par la révolution industrielle…
Bien sur les processus en cours ne sont pas les mêmes, mais les aspects humains restent très semblables. Mais l’évolution mondiale risque d’être encore bien plus rapide encore que celle de 1929. Dernier point, la crise que nous vivons, est loin d’être finie et les pansements financiers qui sont en train d’être mis en place ne vont qu’aggraver les problèmes profonds auxquels nos sociétés auront à faire face…
Nous somme un peu loin du sujet, mais faites l’effort d’aller lire les textes des chansons dont je vous ai parlé dans mon précédent message. Je pense que vous y trouverez des idées bien plus actuelles que vous ne l’imaginez…
Paul
@ Paul TRHIN
Merci pour ta réponse, effectivement mon approche sur les 68 tard était grossière et simplificatrice.
En fait je faisais allusion à certains leaders de 68 qui se sont bien adaptés au système qu’ils prétendaient changer.
En effet, ceux qui sont passé du col mao au Rotary Club sont encore sous les feux de la rampe et ne représentent qu’eux-mêmes.
Ma devise : Mieux vaut soixante huit tard que jamais !
http://www.youtube.com/watch?v=AVM4d57O3Sg (Deepchord Presents Echospace) C’est pas très gai, l’espoir est bien loin, les mots ont dû trop coûté, Clestialis , »The Coldest Season’ est un cycle, un trou par quoi jeter de haut le tourni des rengaines, une rampe par certains jours brumeux ou d’éther, ça n’avance pas mais permet, juste le temps de se rendre ailleurs, d’éteindre, d’attraper aussi Sign of Love, Neil Young http://www.youtube.com/watch?v=gDn-eTjIZzM
« « We both have silver hair / And a little less time/ But there are still roses on the vine. »
En 1974, je suis né. Et en 1994 j’écoutais Janis Joplin en boucle. Les vrais artistes ignorent les générations. 🙂
Jorion.
La nostalgie, faudrait éviter.
Même si je suis d’accord que les valeurs de grandeur humaine ont été rabaissées à un bas matérialisme.
Mais bon, tu dois savoir de quoi je cause étant spécialiste en pseudo-relation freudiennes.
Pardon Vieux, de l’apostrophe. Juste un recentrage comme il est parfois nécessaire.
(et tu peux me critiquer en retour d’aimer le classique ainsi que les Pink-Floyd et Deep-Purple, ils sont toujours aussi d’actualité, sauf que je les garde pour mon bonheur personnel 😉 )
Immortel petit chat écorché…Inoubliable Janis Joplin…Elle mettait, comme disait LF.Céline, « sa peau sur la table »…
Ho lala top du top Janis.
1970. 4 septembre.
« Nous abolirons les monopoles qui accordent le contrôle de l’économie à quelques dizaines de familles. Nous abolirons un système fiscal(…) qui accable les pauvres et épargne les riches. Nous abolirons la grande propriété qui condamne des milliers de paysans à la servitude. Nous abolirons la mainmise étrangère sur notre industrie. »
Il y a 40 ans, jour pour jour, Salvador Allende remportait les élections présidentielles au Chili.
Dans une semaine, un autre anniversaire.
« Nos ennemis sont forts ; ils sont capables d’asservir le peuple. Mais ni les actes criminels ni la force des armes ne sauront contenir ce processus social. L’histoire nous appartient ; c’est le peuple qui fait l’histoire. »
Dernière allocution de Salvador Allende, le 11 septembre 1973, dans le palais de La Moneda assiégé par les tanks de Pinochet.
En septembre, les mémoires s’affrontent. Quel anniversaire choisiront nous ?
http://www.youtube.com/watch?v=R1I1It7A-pE
ça donne envie de chanter, un 7 septembre …
Source : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-09-04-Allende
http://www.lemonde.fr/ete/video/2010/08/31/les-derniers-jours-de-salvador-allende_1404949_1383719.html
Excellent documentaire.
@ Paul,
Le pêcheur,
félicité au ruisseau du pré
Poisson n’importait
http://www.youtube.com/watch?v=pxRXtJfAjAU
http://www.youtube.com/watch?v=TgOn7wuC3tk&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=MjynHXaU0x8
Pour l’instant des vingt ans, Léo encore
http://www.youtube.com/watch?v=miCwxJMM0xo
Janis Joplin c’est pour les mauvais jours,
quand plus rien à partager
sentiment de solitude extrême
sa voix est douleur, démesure d’une vie.
Soleil noir délicieux pour nuit blanche
au-delà d’une époque et des rêves,
c’est une voix fraternelle et je l’aime
Noyé dans un conte défait
dont blanche neige est l’héroïne,
tu es la belle au bois dormant
qu’attendrait plus son prince charmant.
Eh! Cendrillon quelle heure y’ce fait?
L’aiguille t’enfonce dans la nuit,
Un Barbe Bleue dit l’heure : minuit.
Ton Petit Poucet te shoot
à sept lieux d’un coup de snow-boot.
La Belle, à cheval sur la Bête
galope au tréfonds de sa tête.
Un âne achètera sa peau
pour lui payer son dernier saut.
Ce sera l’heure de rendre les comptes.
Music is a princess:
http://www.youtube.com/watch?v=vaPAPGrfh6I
Tous ces artistes étaient habités par un feu sacré. Je les écoute encore avec le même frisson tout en me demandant si ce feu qui les habitait ne les a pas prématurément vieillis . La Janis de votre second enregistrement, décédée à 27 ans, a le visage d’une femme de plus de quarante ans et l’Elvis d’avant 1968 n’a rien à voir avec celui de sa dernière année, à peine six ans plus tard .
Cette répétition en veste de cuir de la chanson « If I can dream » ci-dessous est toujours aussi émouvante, musique et paroles. On reconnait que l’un de nos chanteurs franco-belges sexagénaires imite ses accents.
http://www.youtube.com/watch?v=xUXsWeVYtD0
» There must be lights burning brighter somewhere
Got to be birds flying higher in a sky more blue
If I can dream of a better land
Where all my brothers walk hand in hand
Tell me why, oh why, oh why can’t my dream come true
There must be peace and understanding sometime
Strong winds of promise that will blow away
Every doubt and fear
If I can dream of a warmer sun
Where hope keeps shining for everyone
Tell me why, oh why, oh why won’t that sun appear
We’re lost in a cloud
With too much rain
We’re trapped in a world
That’s troubled with pain
But as long as a man
Has the strength to dream
He can redeem his soul and fly
Deep in my heart there’s a trembling question
Still I am sure that the answer gonna come somehow
Out there in the dark, there’s a beckoning candle
And while I can think, while I can talk
While I can stand, while I can walk
While I can dream, please let my dream
Come true, right now
Let it come true right now
Oh yeah
http://www.youtube.com/watch?v=xUXsWeVYtD0