« La Survie de L’Espèce », par Grégory Maklès et Paul Jorion

Déjà tout petit, j’aimais la bande dessinée. Je dévorais tout : Spirou et Tintin bien sûr mais aussi Cap’taine Sabord, Wrill, Story, tout y passait. Qui se souvient aujourd’hui de L’île de Mytilène ?…

Hum… bon, je recommence. Cachant soigneusement son identité sous le pseudo « Grégory », Grégory Maklès est un commentateur de longue date du blog. Allant voir ce qu’il faisait en matière de bandes dessinées, je lui dis un jour : « Grégory, mon vieux, la fantaisie héroïque, c’est bien, mais c’est beaucoup trop classique – Guy l’Éclair est d’ailleurs inégalable ! – l’avenir de la BD, c’est la BD financière ! ».

C’est mieux comme ça, mais à part le fait qu’il soit un commentateur de longue date du blog, ce n’est pas comme cela que les choses se sont passées. La vérité historique, c’est que c’est lui qui m’a proposé qu’on fasse une BD ensemble (une planche somptueuse en préparation – le maniement de l’airbrush par Grégory y est époustouflant ! – reconstituera cette scène initiale). Comme j’étais un peu désoeuvré à l’époque (il ne se passait pas grand-chose, à part l’effondrement de l’euro), j’ai dit oui.

Notre première collaboration (c’est moi qui écrivis le dialogue) est cette caricature qui vous est déjà familière. De notre seconde, intitulée « La Survie de L’Espèce » – une saga qui se terminera, comme vous le savez, en 2012 – vous trouverez les deux premières planches ci-dessous.



À suivre…

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103 réponses à “« La Survie de L’Espèce », par Grégory Maklès et Paul Jorion”

  1. Avatar de Candide
    Candide

    Eh bien, voilà qui nous change un peu… 🙂 J’attends la suite avec impatience ! Mais comme vous n’avez pas beaucoup de périodes de désœuvrement…

  2. Avatar de M
    M

    Ahhhh, quel merveilleux zhomme – soupirs …- je ne parle pas du banquier d’affaires évidemment !…
    Et, c’était du boulot tout ça ! On attend la suite de la BD avec impatience !

    Un livre délectable sur le progrès, ses bienfaits, ses conséquences, et jusqu’où il ne faudrait peut-être pas aller :
    « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis.

  3. Avatar de zébu
    zébu

    Excellent.
    Je réitère l’argument de Marlowe, concernant l’auto-édition : ça fonctionne. Alors ?

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Il reste à organiser une large diffusion sous des formes à définir ; numérique OU papier, numérique ET papier, en accès gratuit OU payant pour la forme numérique, par les libraires ou non, etc.
      La diffusion d’un ouvrage est sans aucun doute de nos jours le point le plus délicat alors que l’auto édition est devenue très accessible plus particulièrement sous la forme numérique, mais quand même aussi sous la forme papier.

    2. Avatar de Grégory

      Vu nos passifs respectifs, le choix naturel pour Paul et moi même reste un éditeur classique. Je ne suis pas connaisseur de l’auto édition, mais en magasin j’ai le sentiment que la pression de la grande distribution est étouffante pour les plus petits, et que sur le net le coût de revient rend le tout prohibitif pour les lecteurs. Je ne veux pas pêcher par excès d’optimisme mais si nous faisons cette bande dessinée, c’est parce que nous pensons qu’elle peut intéresser le public ; partant, il n’y a pas de raison de ne pas trouver un éditeur chevronné qui partagerait notre conviction 😉

    3. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      à Grégory,

      Je voulais parler de l’édition en général et pas de votre livre.
      Je suis un fervent partisan du livre papier qui plus est quand il s’agit de bande dessinée.

  4. Avatar de DCP-560CN
    DCP-560CN

    hé c’est tellement vrai! …enfin un peu d’humour…

  5. Avatar de Moi
    Moi

    Hilarant. Vivement la suite.

  6. Avatar de octobre
    octobre

    C’est ridicule. Trouvez le juste diamètre de vos canons.

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      La « Grosse Bertha » a formè une génération en 14 et dans les années 70…..
      C’est qui qu’a bu le chti’canon mon canard enchainé?
      Un dessin c’est plus de trois milles mots.
      Dessine moi un ton mou!

  7. Avatar de ron-ronchoneur à cran-cran
    ron-ronchoneur à cran-cran

    Pourquoi toi dès origine de humanité vouloir introduire perversion langagière par contamination de boboïtude-branchitude-analphabétitude?

    Airbrush se dire aérographe dans pure langue des tribus d’Eden.

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Une chinoise mongole, une Han de Mongolie intérieure pour éviter une éventuelle confuciusion, expliquait moi hier que pas avoir conjugaison des verbes en chinois…..

      La conjugaison peut-être être le chromosome 21 d’un occident chrétien « nostalgique de l’avenir »?

      Et puis, je apprendre, comme dans « le fou du roi », ce matin sur France-inter que la « culture » être intimement liée à la coca….
      Plus qu’au cola, au soda ou aux bulles de savants.
      Ce que confirmer derechef moi l’anthropologue Paul Jorion dans son introduction.
      Bref, mon pack de Krokro être interpelé par le discourt coco du proprio du bourg…..

      A Wall street commencer avec une paille, et finir avec une poutre dans l’œil de Caïn le nomade, frère de moi, Krokro le prolo du bourg.
      Krokro acro coco deal, ça terrifiant imaginer !!!!!
      Si j’aurions su.
      Tient! Je viens d’inventer un truc…!;?.

    2. Avatar de jérôme
      jérôme

      @ Pierre,

      Bonjour,

      En musique,

      L’or des fous, Lavilliers:

      http://www.youtube.com/watch?v=HPtf4q2v990&feature=related

      Ranran faire tourner coutelas, direction du « marché » pour prochaine aventure…

      Ranran savoir puissance magique du coutelas, seul grigri efficace du « marché » droit?

      Ranran connaître « magie » des choses pour guider fils des âges farouches!

  8. Avatar de Fab
    Fab

    Chouette une BD. Un tableau peut en dire autant en moins d’images, mais c’est chiant. Sinon, il y a l’aphorisme. La BD est un alléchant mélange des deux.

    « l’extrême disproportion des fortunes est la source de bien des maux et de bien des crimes. » (ici

    C’est vrai. Mais d’où vient-elle ? L’interdire suffira-t-il à supprimer sa ou ses cause(s) ? De même, si l’on pose le salariat – descendant de l’esclavage en ligne directe : sa nécessaire adaptation – comme une de ces causes : d’où vient-il ?

    « quelle va bien pouvoir être la suite de cette histoire qui est la nôtre ? » (

    Question centrale qu’il faut poser et se poser sans relâche.

    La disparition du capitalisme équivaut à la disparition du salariat, le meilleur moyen que notre société ait trouvé pour répondre à nos peurs. Aussi l’homme, pour grandir, doit-il aujourd’hui les affronter plutôt que de les balayer une nouvelle fois sous le tapis qu’est le salariat. Tapis qui s’effrite peu à peu…

    « Oui je suis mortel*. Oui ma seule richesse est la propriété de ma vie. Ainsi la quête d’un quotidien plus agréable ne peut se faire qu’au travers de ma propre appréciation (et non selon des critères posés par le groupe), et ne peut donc se faire au détriment de mon temps (de cerveau) disponible à apprécier mon existence. Sur ces bases je ne peux accepter l’idée-même de salariat. Ma participation à une activité non-directement liée à ma survie est donc totalement consciente et volontaire. J’ai ainsi conscience que je peux mettre une part choisie par moi de mon temps disponible au service d’un tiers, au titre d’un échange, ou d’un don. J’ai donc conscience de ma liberté d’être. J’ai conscience également que cette prise de conscience, présente chez tous mais enfouie sous les peurs, remonte actuellement à la surface, mais que son émersion est menacée par le manque de dialogue : chacun étant persuadé qu’elle est seulement l’expression de son propre mal-être et qu’en la laissant émerger il s’exposera à la solitude. Et je me dis que l’égalité et la fraternité ne devraient être que de simples formalités découlant de ma prise de conscience nouvelle. »

    Plus pragmatiquement : des milliards d’êtres humains suivent le processus initié et imposé par le groupe. Leur vie n’est pas entre leurs mains mais dans celles du groupe. C’est une honte. Un signe évident d’immaturité. Alors quand « pour aborder le domaine politique », on imagine que « l’objectif serait de privilégier les principes d’auto-organisation en faisant obstacle à la professionnalisation de toute démocratie représentative » (ibid.), on se retrouve face à la même problématique : ceci ne peut être possible que si chacun d’entre-nous a pris conscience (voir plus haut !), sinon le mécanisme social peur/protection se remettra en place.

    * « Dieu a sagement agi en plaçant la naissance avant la mort ; sans cela, que saurait-on de la vie ? » Alphonse Allais.

  9. Avatar de Titus
    Titus

    Excellent! Vivement la suite!

  10. Avatar de galapiat
    galapiat

    Excellentissime, de très beaux dessins accompagné de textes très explicite 🙂
    Je pense qu’une forme visuelle est une approche complémentaire de la forme écrite pour expliquer le monde qui nous entoure 😉
    Si une version papier est prévue une fois l’épilogue parvenue,je pense qu’elle à de grandes chances de se vendre convenablement …
    En tout cas je ferai un plaisir de l’offrir en cadeaux !
    merci pour ce billet

  11. Avatar de Jean-Luc D.
    Jean-Luc D.

    Hilarant!!!

    Le désoeuvrement a parfois du bon.

    La sortie de la BD est prévue pour quand?

    1. Avatar de Fab
      Fab

      Parfois !?

      « Même subalternes, tous les arts et les places sont respectables. Mais à trop vouloir y chercher, on s’y enferme. L’honnête homme n’aura pas de métier. » (Fucius)

      « Ce grand ressort méconnu de tant de conduites humaines, le désœuvrement ». Henry de Montherlant

      « Le désoeuvrement et la stérilité sont à une activité sociale véritable ce qu’est en art la critique à la création ». Marcel Proust

      « Un homme ne laisse derrière lui que l’oeuvre de son désœuvrement. » Frédéric Dard

      « Le travail est l’opium du peuple et je ne veux pas mourir drogué. » Boris Vian

      « L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions. » Albert Jacquard

      « L’oisiveté est mère de tous les vices, mais de toutes les vertus aussi. » Alain

      « L’oisiveté est le commencement de tous les vices, le couronnement de toutes les vertus. » Franz Kafka

      « L’oisiveté est la mère de tous les vices, mais le vice est le père de tous les arts. » Alfred Capus

      « Le confort est partout. L’oisiveté n’est plus nulle part. » Emmanuel Todd

      « L’oisiveté est la mère de la philosophie. » Thomas Hobbes

      « Il ne manque à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s’appelât travailler. » Jean de La Bruyère

      La faute à qui tout ça ? Je vous le donne en mille :

      « Celui qui laboure la terre sera rassasié de pain, mais celui qui aime l’oisiveté sera dans une profonde indigence. » La Bible.

      « Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas » !

  12. Avatar de Betov

    Excellent.

    Dit par moi, ça prend du relief, non ?… 🙂

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      Mais vu par moi et sans lunettes 3D, c’est plat… 🙂

  13. Avatar de Grégory

    La version papier est dans les esprits, mais pour l’instant l’essentiel c’est de vous garantir de la lecture tous les lundis…

  14. Avatar de Dub
    Dub

    Clap! Clap! Clap! Vivement la suite…

  15. Avatar de clive
    clive

    glop glop

  16. Avatar de omar.yagoubi
    omar.yagoubi

    génial 🙂 à quand la sortie? 8)

  17. Avatar de kerema 29
    kerema 29

    Très bon, j’attends la suite pour lundi prochain….

  18. Avatar de joseph C.
    joseph C.

    Alors là, chapeau, c’est très drôle, Ranran gaulé comme une chaise pliante c’est tordant, il en faut plus, beaucoup plus, on veut l’histoire toute entière ! Y’a toute une BD à faire là-dessus ! Et en plus, quel excellent moyen que l’humour, cette bonne vieille arme de subversion massive, pour diffuser un tel propos ! En tout cas, c’est très amusant, vivement la suite et merci à l’auteur.

  19. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    Pour repartir du début c’est vraiment de la décroissance !

  20. Avatar de e-déalist
    e-déalist

    exceller dans un domaine est une chose (relativement facile si on se laisse aller à la monomanie),
    briller dans des domaines assez différents, là, c’est autre chose, et je crois qu’on a tiré le GROS LOT avec notre hôte dont l’Art est d’user de transversalité dans le vaste champ de ses connaissances.
    simplement MERCI Paul.

  21. Avatar de valer
    valer

    Génial !

    Il faut absolument faire la suite. C’est le meilleur article de « propagande » que j’aie vu sur ce site.
    Je l’envoie tout de suite à plusieurs amis.
    Y’a moyen de le traduire en espéranto ? (je veux bien m’occuper de la traduction et de la publicité mais il me faut de l’aide pour l’édition).

  22. Avatar de Candide
    Candide

    À propos de l’évolution de l’espèce, je vous signale ce très bon article dans le Monde.fr…

    http://www.lemonde.fr/societe/article_interactif/2010/08/29/le-monde-magazine-au-secours-tout-va-trop-vite_1403234_3224.html

  23. Avatar de zébu
    zébu

    Me fait penser à du Larcenet …

  24. Avatar de Plouf!
    Plouf!

    Tout est bon, l’idée, le sujet, le dessein.
    Question au commencement
    Et Ranran, aurait-il déjà plié sa femme au fond de sa grotte qu’elle n’apparaît pas dans cette première planche? Juste une silhouette, un signe de contre pouvoir, la séparation, la domination de l’homme sur la femme?
    Peut-être hors sujet en ce cas, mille excuses.

  25. Avatar de Grégory

    @Valer
    Moi je veux bien me prêter au jeu de l’esperanto. J’ai fait en sorte qu’on puisse relativement facilement faire des traductions (texte dans un calque séparé, police faite main) – encore que je ne suis pas absolument sûr des caractères nécessaires à l’Esperanto (j’ai fait un peu de rab mais bon…). Tu peux me contacter via mon site : http://www.worldofmakles.com

    @Plouf!
    Je me suis effectivement posé la question, sur ce sujet de la domination, d’évoquer un minimum la notion de domination masculine. J’ai finalement renoncé (au moins sur ces planches) parce que pfiou, c’est une question très complexe qui mériterait un traitement à part entière (surtout si on part des sociétés primitives) et que je ne me sens pas « au taquet » là dessus. Et puis surtout on part toujours de billets ou de paragraphes de Paul et dans l’état de mes connaissances en « Jorionologie », je n’avais rien à piocher. Mais peut être me corrigera-t-il ? (d’importance!)

  26. Avatar de Flash
    Flash

    Yesssss ! Ce rendez-vous du Lundi va faire chauffer le serveur du blog, c’est sûr.

    L’humour traitant des rapports à l’argent sous la forme BD est susceptible d’attirer beaucoup de ceux qui répètent :  » trop compliqué…affaire de spécialistes…ect. »

    Potentiel subversif très intéressant. BRAVO !

  27. Avatar de yvan
    yvan

    Ma maigre contribution de bas commentateur pour une idée de planche :
    http://www.marianne2.fr/Biodiversite-alerte-l-ONU-s-aligne-sur-l-OMC–1-2_a196707.html

    Vous jetterez aussi un oeil au point 2. Soit l’accélération des privatisations depuis 2003. Car un marché de 6 500 milliards de dollars en France, ça intéresse, non..???

  28. Avatar de Grégory

    @ Yvan : Lu. Je me dis que quelque part, c’est toujours une problématique de fort contre faible avec un bon coup de tartuffe là dessus. Le tartuffe et l’écologie sont évidemment au programme, mais le programme est très chargé 😉

  29. Avatar de koan
    koan

    dans le genre « retour à la Terre » de Larcenet est vraiment extra -du moins les deux premeirs tomes !

    prendre à contre pied le laïus hippie la décroissance bobo et le confort capitaloconsumèriste par des saynètes emplies de « suprême vacuité , va cuiter !! » comme dit le sage au larcenet désemparé par la rudesse de la vie campagnarde ,est un régal !!

  30. Avatar de gueule d'atmosphère
    gueule d’atmosphère

    Gaulé comme une chaise pliante Ah Ah Ah Ah!!!!
    Pliée!!

    Excellent! Dans mon panthéon je retrouve un peu l’humour Rubrique-à-brac…
    Mélange de virilité, d’immaturité masculine, d’autodérision, de science, de retours historiques, de modernité ménagère…

    Même question que plus haut: où sont les femmes, avec leurs geestes plein de chaaarmes? Dans la chaise?

    Je comprends que le sujet ne soit pas évident à traiter. Du point de vue du jorionisme probablement, je suis dans l’ignorance aussi de ce côté là.

    Mais aussi du point de vue des codes de la BD. Les femmes dans les BD d’hommes, sont bien souvent la femme telle qu’elle est vue par l’homme, avec tous les fantasmes qui en découlent et qui en signifient beaucoup sur l’auteur, sur les hommes, voir dans leur époque, occultant les autres dimensions, celles d’un regard féminin, ou féminin homosexuel, masculin homosexuel.
    Comment lire ce genre de BD si je suis une femme, si je porte un regard homosexuel, d’homme ou de femme?

    Nous voilà tout d’un coup ramenés moins au rang du lecteur auquel s’adresse par identification référentielle le dessinateur, qu’à celui d’un fantasme dans lequel on se trouve assez à l’étroit pour trouver que cette BD ne constituera pas le voyage existentiel espéré. Comme si on se retrouvait embarqué dans l’histoire en passager clandestin. Le seul avantage, c’est que ça donne un certain recul et que cette sorte de contrariété peut être source de sens.

    Adolescente, j’ai adoré les BD de Bourgeon, « Les passagers du vent ».
    http://bulles-et-onomatopees.blogspot.com/2009/04/les-passagers-du-vent-une-aventure.html

    Même si on y retrouve une vision masculine, ne serait-ce que dans les plans érotiques, il y a dans cette BD quelque chose d’un véritable universalisme, enfin disons que j’ai pu m’identifier à ce personnage qui confronté à la condition féminine telle que déterminée par une époque, n’est pas réduit à cette image, car figure de révolte face à cette condition. Donc autre chose que ce à quoi elle est ramenée puisqu’elle dit non. Et comme son histoire est associée à la condition et à la révolte des esclaves, elle devient moins figure de femme qui se révolte, qu’image de liberté, telle une Marianne (je m’emballe), figure de l’esclave universel en nous qui lâchons nos chaînes parce que nous désirons vivre, vivre vivre en êtres, en peuples émancipés.
    Émancipés des conditions d’aliénation individuelle ou collective, sexuelles, sociale, politique, humaine? Emancipés aussi de notre passé? De nos amours passées, de notre enfance?
    Et surtout réconciliés avec nous-mêmes et avec les autres?

    Sinon bon courage car la tâche me semble ardue! Et du point de vue intime, et du point de vue philosophique.

    J’attends la suite avec impatience.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Oui, Miss…

      Mais le principe naturel du « sexe fort » démarre avec ça.
      Pour preuve, gaulé comme une chaise pliante vous a fait rire.

      Je suis un mec (et qui connait quelques couples homosexuels), mais je suis (à fond) dans la complémentarité homme-femme. Intellectuel, je parle. Pas seulement physique.

      Et, vous aurez pu remarquer, comme pas mal de gens, que la différence homme-femme ne sert que ceux qui veulent s’en servir…
      Raison de plus pour ne pas en tenir compte.

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Pour information, il y a eu une suite (et fin) en deux tomes, parus en 2009 et début 2010 sous le titre « La Petite Fille Bois-Caïman »

    3. Avatar de gueule d'atmosphère
      gueule d’atmosphère

      – « Mais le principe naturel du « sexe fort » démarre avec ça. »

      Qu’entends-tu par « ça » ?

      – « Pour preuve, gaulé comme une chaise pliante vous a fait rire. »

      Oui c’est vrai, j’aime d’autant plus l’image qu’elle est complètement décalée vu le contexte matériel de ces hommes des cavernes. Mais je ne suis pas certaine d’y investir exactement les mêmes émotions, la même identification que vous, enfin toi, vous (j’ai du mal à te vouvoyer). Par exemple ai-je du mal à sentir l’enjeu que représente ce rapport de force physique, surtout pas comme si c’était la condition de mon infériorité. Enfin, peut-être que toi aussi. Mais, mon petit doigt me dit qu’il en reste toujours un petit quelque chose chez les garçons, vague souvenir de cour d’école où se battre est une activité qui a encore une actualité. Peut-être parce qu’il a fallu commencer par exprimer comme ça ce que l’éducation apprend à exprimer autrement tout au long de l’enfance, à savoir se différencier, faire respecter son intégrité, pour pouvoir partager des lieux, des moments et des projets communs (ou autre ?), peut-être aussi parce que les injonctions culturelles déterminent nos comportements pour que les filles soient sages, pendant que les garçons font les casses-coup.
      De plus, il m’apparaît que ces deux hommes ne sont pas seulement un plus fort, physiquement, et un plus faible, mais aussi, me semble-t-il, un plus jeune et un plus âgé, ou alors est-ce le volume musculaire qui donne cette impression, ou sont-ce mes projections associées à l’image de collaboration entre Gregory Maklès et Paul Jorion, imaginant (tiens pourquoi ?) l’un plus jeune que l’autre. Et là, je perçois quelque chose d’autre, et j’ai un peu de mal à m’identifier, un peu comme si ça se passait entre père et fils. Voilà de quelles natures sont mes réserves. A la réflexion, ça me donne aussi l’idée que le personnage jeune de l’histoire est jeune car il représente l’avenir, l’avenir réservée à cette loi du plus fort, à savoir qu’elle sera contestée par un mouvement d’émancipation, et dépassée pour trouver un autre équilibre ?

      En fait nous sommes de grands immatures…

      Cela dit il est tout à fait certain que je suis moi-même déterminée par des stéréotypes.

      Mais je ne suis pas partisane d’un différentialisme sexuel, cloisonnant hommes et femmes dans de tels stéréotypes, car j’observe que l’identité est tricotée (aïe un vieux stéréotype de derrière les fagots -le tricot !) de différences qui en débordent sans cesse le cadre. La culture, la complexité des vécus, des appréciations personnelles, des subjectivités (par exemple peut-on être dans le corps d’un homme et se sentir complètement femme dans la tête), et que si différences il y a, elle ne doit pas empêcher l’égalité en droits, du pont de vue de ce qui nous rassemble, notre humanité. En fait ce qui me semble difficile à gérer c’est comment respecter la différence – y compris la sienne propre, sans pour autant s’enfermer dans un stéréotype ou une condition associée. Nous sommes mouvants, émouvants, non ? Et comment également assumer sa propre différence aussi en ne cherchant pas nécessairement à ressembler à des clones.

      Pour ce qui est de la complémentarité homme-femme, c’est bizarre mais en disant ça tu te contredis (j’arrive pas à te vouvoyer), en disant « je suis un mec », et derrière « complémentarité », c’est que tu fais une différence ?

      Je dirais pour en revenir à la BD qu’il y a du féminin et du masculin en nous, et chez Bourgeon, créer un personnage féminin, ça a dû lui demander d’y mettre un peu une part de son féminin à lui, et de son masculin aussi peut-être. Pure spéculation de ma part.

      Je trouve d’ailleurs qu’il y a dans le dessin de Grégory Maklès quelque chose de doux, d’aérien qui montre une sensibilité particulière, presque féminine. Mais bon, encore sûrement un stéréotype, alors quoi, la douceur serait féminine ?

      En tout cas, pas très aéré mon style, j’en fais des tartines, ça manque de concision tout ça !

      @ Marlowe
      Oui, j’ai vu, je les ai feuilletés déjà chez le libraire !

    4. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      @Yvan

      « Je suis un mec (et qui connait quelques couples homosexuels), mais je suis (à fond) dans la complémentarité homme-femme. »

      Vous en avez encore beaucoup des comme ça ?
      Des phrases aussi cucul la praline, je veux dire.

    5. Avatar de Grégory

      Je suis surpris (mais pas en mal 🙂 de l’insistance de plusieurs commentaires sur le rôle de la femme dans ces métaphores. J’avoue que quand je travaille sur ces pages, pour moi les hommes ne sont pas vraiment sexués (même si de fait, ils le sont). Le pitch vient d’un article de Paul qui rappelle le remplacement progressif de la violence par l’argent comme vecteur de dominance. Alors quand je dois montrer la violence, j’évite de méler une femme à la scène : ca va immédiatement la connoter (quelle que soit la situation de la femme : dominante, dominée, les deux) et dire d’autres choses que ce dont il était question initialement. Pourtant la notion de la situation des femmes dans les sociétés patriarcales est bien présente à mon esprit (j’ai mon Howard Zinn en tête) et l’envie de rendre compte de cette violence tue d’un sexe sur l’autre est bien présente. Mais de fait, ce qui vient est bien une critique d’une société d’homme, conçue et dirigée par les hommes et à ce titre, ils risquent quand même d’être largement majoritaires niveau représentativité… au stand de tir des tomates pourries 😉

    6. Avatar de Jean-Luc D.
      Jean-Luc D.

      à Grégory,

      Je n’avais pas souhaité intervenir sur cette question, mais vous venez de lever un voile en disant que vos dessins d’homme ne sont pas sexués. En effet, j’avais l’impression que le personnage de « Ranran, fils de Krokro » (rien que ça, ça me fait déjà rire. Désolé mais je suis bon public de nature) avait une allure un peu « féminine » ou des traits de visage légèrement « féminins ». D’une certaine façon, n’est-il pas porteur d’une certaine ambivalence qui ne nécessite pas obligatoirement la présence d’une femme?

      Cordialement et bravo pour vos talents de dessinateur.

    7. Avatar de gueule d'atmosphère
      gueule d’atmosphère

      @ Gregory

      D’accord, je comprends mieux ce qui me donne
      le sentiment de jeunesse que j’ai de Ranran.

      Pour ce qui est de connoter la scène par la présence d’une femme, si le propos est de montrer la violence d’une société d’hommes, la présence d’une femme dominée devient complètement pertinente et peut être même tout aussi cocasse (bien que l’humour par là puisse être plus difficile à manier probablement). Mais il est vrai que ça déplace le problème de la violence dans le rapport entre les sexes, ce qui n’est pas le sujet.

      Enfin, ça continue de m’interroger malgré tout. Au-delà de la BD bien sûr.
      Quelle est la place des femmes dans ce rapport de force à l’argent, symboliquement parlant? On remarque aujourd’hui que les femmes sont globalement moins bien rémunérées que les hommes. Qu’est-ce qui, dans l’imaginaire masculin, pousse les hommes à déconsidérer ainsi les femmes?
      D’où vient cette violence là? Se peut-il que le rapport de force entre hommes ait quelque chose à voir avec les femmes précisément? Que cette dimension est évacuée précisément parce que c’est bien là que les choses se jouent?

      Pardonnez ma fausse-vraie naïveté teintée de vraie ignorance relative. Bref, je manque d’appuis intellectuels, comme d’hab’. Enfin, ça vaut toujours le coup de se reposer ces questions, non?

      Howard Zin? Encore une bonne raison pour moi de le découvrir…

      Bon, en attendant, je veille au pourrissement des tomates.

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