Billet invité
La crise financière actuelle, combinée à une crise économique dans « l’économie réelle », n’est plus probablement que la partie visible de l’iceberg d’une évolution structurelle beaucoup plus profonde dans l’économie. L’observation de cette crise comme un phénomène purement financier va peut-être mener à une solution à court terme des problèmes sans vraiment adresser les problèmes sous-jacents : « Nous ne pouvons pas résoudre des problèmes en utilisant le même mode de pensée que nous utilisions quand nous les avons créés. » Albert Einstein.
Bien qu’il y ait quelques similitudes entre la crise actuelle et la grande dépression de 1929, les solutions utilisées dans les années trente pour un retour de l’économie à la prospérité à cette période ne suffiront certainement pas à résoudre le problème de manière durable dans la situation présente.
Au moins deux aspects sous-jacents de la crise économique devraient être abordés :
1. L’accroissement de la rapidité d’évolution de l’innovation technologique
2. L’écart croissant entre économies riches et économies sous-développées.
Même si c’est en effet en partie la faiblesse des cadres réglementaires du système financier international au niveau des échanges qui a créé les problèmes majeurs de la situation mondiale actuelle et les désastres des bourses et des banques, il faut cependant analyser plusieurs autres facteurs plus structurels qui ont aussi contribué à la détérioration de la situation depuis plusieurs décennies, indépendamment de périodes dramatiques ou apparemment fructueuses à court terme (voir les nombreuses « bulles financières » récentes).
1. L’accroissement de la rapidité d’évolution de l’innovation technologique
Un de ces aspects est l’incertitude sur les investissements futurs, liée à l’accélération de l’évolution des Technologies de l’information et des Communications(TIC). Ce mouvement n’est pas récent, il oriente l’ensemble de l’économie et de la société plus généralement, depuis les années soixantes avec l’apparition des technologies de l’information (Moore 1965, Kurzweil 2001). Ce mouvement de fond lié aux innovations informatiques, à son tour, modifie en profondeur la structure entière et l’évolution des entreprises industrielles et des organisations de services (Gelsinger 2006). Les marchés et des règlements ne peuvent pas faire face à ce taux exponentiel de changement : de nouveaux produits sortent avant que l’équilibre offre/demande ne soit atteint et/ou que de nouveaux mécanismes de régulation, adaptés à cette évolution, ne soient mis en place.
Cette difficulté à prévoir intelligemment l’avenir industriel et les tendances dans les services a conduit de nombreux investisseurs à s’éloigner des investissements productifs dans l’industrie ou les services pour se concentrer sur les produits purement financiers qu’ils ont à tort pensé être plus prévisibles.
De plus, la même technologie qui rend la prédiction future plus dangereuse, a aussi permis à la planète l’accès généralisé et plus rapide à d’importantes transactions financières au niveau planétaire, par le truchement des technologies avancées et de la facilité à utiliser les réseaux (Hitz Turroff 1978), rendant ici aussi l’équilibre du marché beaucoup plus volatil et soumis à des phénomènes de foules au niveau mondial.
L’incertitude, d’un autre côté, vient de la définition du travail qui change presqu’aussi rapidement que ne le font les technologies. Les emplois semblent aussi disparaître plus rapidement que de nouveaux emplois ne sont créés et sont remplacés par des emplois exigeant des compétences plus élevées que les jobs liés à un modèle plus classique de l’économie de l’industrie et des services. En réalité même quelques emplois jusqu’ici considérés comme exigeant compétences de haut niveau ont été délocalisés dans des pays à la main d’œuvre en col blanc bon marché, ayant toutefois des compétences équivalentes en matière de haute technologie ou ont été purement remplacés par des systèmes d’information avancés automatiques.
Tout ceci entraine une augmentation du niveau d’incertitude parmi tous les agents économiques.
L’incertitude n’est jamais favorable à l’économie, conduisant à la perte de confiance et menant à la « trappe à liquidité » (Keynes 1936), tandis que le risque, qui peut être mesuré en termes de probabilité, peut déclencher des nouvelles occasions d’affaires et des taux de profit élévés (Knight 1921).
L’évitement de l’incertitude a été expérimentalement observée pour des comportements humains plus généraux (Camerer 2005). La meilleure façon de se battre contre l’incertitude est de développer des systèmes qui produisent de l’information, au sens scientifique du terme : l’information, c’est ce qui réduit l’incertitude (Brillion 1962, des Moles 1965) en limitant le nombre de résultats possibles dans une situation aléatoire donnée. De telles informations transforment l’incertitude en risque, avec des probabilités mesurables. (Trehin 1985,2001)
2. L’écart croissant entre économies riches et économies sous-développées.
On peut expliquer l’écart croissant entre des économies pauvres et riches par plusieurs facteurs : la détérioration des termes de l’échange pour des produits de base conditionne la baisse des revenus et entraîne un affaiblissement des investissements industriels et de services dans les pays pauvres. Les conditions de travail désastreuses liées à un manque presque complet de protection sociale et la sous évaluation des taux de changes amplifient les altérations des mécanismes du marché, réduisant encore les niveaux de rémunération du travail pourtant déjà très bas.
Les taux de change monétaires entre les économies riches et les économies pauvres sous évaluent très souvent les monnaies des pays pauvres face à celle des pays forts, ce qui ne fait qu’aggraver les différentiels de prix entre les systèmes de production des pays riches et des pays pauvres.
Ceci affecte autant les pays riches que les pays pauvres.
– Les pays riches sont affectés par des coûts de main-d’œuvre inférieurs et la protection sociale moindre dans les pays plus pauvres, entraînant les deux phénomènes : la concurrence déloyale et les délocalisations de production. Très récemment, des emplois fortement qualifiés aussi ont été impactés par cette situation. Bien que quelques théories libérales prétendent que des mécanismes du marché s’occuperont du phénomène et compenseront les suppressions d’emploi dans les économies développées, « Selon une perspective évolutionniste, la délocalisation est un aspect d’un processus de destruction créatrice qui aboutit aux altérations réelles et au-delà au déséquilibre du marché. Donc, même dans un environnement compétitif, la délocalisation peut être associée à un taux croissant de chômage et rendre nécessaire pour les autorités publiques de combiner la politique structurelle et macro-économique, la première n’étant efficace que si la seconde est orientée vers la croissance » (Gaffard Quéré 2005).
– Les pays pauvres sont directement affectés par la diminution des revenus liée à la baisse des prix pour des marchandises de base exportées et par des conditions extrêmement difficiles de travail. Ils sont aussi impactés indirectement comme ils ne peuvent pas se permettre l’achat des marchandises de pays riches, en particulier dans l’investissement dans des technologies avancées, étant donné leur revenu bas et le taux de change défavorable qui n’indemnise pas l’avantage commercial qu’il leur donne en vendant leurs produits.
– La diminution du pouvoir d’achat dans les pays pauvres impacte aussi le potentiel d’exportation des pays développés. De plus, la baisse des salaires dans les pays développés réduit encore le pouvoir d’achat des citoyens aux revenus bas et moyens même dans ces derniers pays. D’où un effet cumulatif à long terme de la crise.
La plupart des politiciens et des commentateurs médiatiques se sont concentrés sur l’aspect des mesures financières qui devraient être prises pour remettre en ordre les dysfonctionnements de l’économie mondiale. Il devrait y avoir une approche plus profonde à la crise actuelle : le besoin non seulement de restructurer l’ensemble du marché financier mondial, mais aussi tout le système des échanges commerciaux qui devrait être adapté aux nouvelles conditions économiques et technologiques.
Tant les systèmes de règlements financiers que les règles des échanges commerciaux doivent être repensés afin de prendre en compte la nouvelle situation économique et sociologique créée par l’évolution technologique plus rapide que jamais, couplée avec la mobilité potentielle extrême des populations et du capital.
Références
L. Brilloin, « Science and Information Theory », NY Academic Press 1962
C.F. Camerer, M. Hsu, M. Bhatt,R. Adolphs, D. Tranel, “Neural Systems Responding to Degrees of Uncertainty in Human Decision-Making” Science 9 December 2005: Vol. 310. no. 5754, pp. 1680 – 1683
EU Commission, “Directive on the promotion of energy from renewable sources – Citizens’ Summary”, January 2008,http://ec.europa.eu/energy/climate_actions/doc/2008_res_citizens_summary_en.pdf
J.L. Gaffard, M. Quéré, « Délocalisations : simple affaire de concurrence ou problème de politique économique ? », Revue de l’OFCE 2005- 3 (no 94)| ISSN 1265-9576 | ISSN numérique : en cours | ISBN : 2-7246-3024-6 | pp 193 à 210
P. Gelsinger, “The Technical Impact of Moore’s Law”, IEEE solid-state circuits society newsletter September 2006, pp18
Hiltz and Turoff, « The Network Nation », Addison Wesley, 1978
C. Kang, “Telecom Warily Waits on ‘Wired’ President”,Washington Post Friday, Nov.14, 2008 http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/11/13/AR2008111303830_pf.html
J.M Keynes, « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », 1936, trad. fr. 1969, rééd. Payot, coll. « Bibliothèque scientifique », Paris 1998F.H. Knight, “Risk, Uncertainty, and Profit”, Boston, MA: Hart, Schaffner & Marx; Houghton Mifflin Co. 1921, (New edition, Cosimo Inc. NY 2005)
R. Kurzweil, « The Law of Accelerating Returns ». KurzweilAI.net. (2001)
S. LOHR, “I.B.M. Has Tech Answer for Woes of Economy”, November 6, 2008, http://www.nytimes.com/2008/11/06/technology/business-computing/06blue.html
A. Moles, « Théorie Structurale de la Communication et Société », in « Le Concept d’Information dans la Science Contemporaine », Les Cahiers De Royaumont, Gauthier Villars, 1965
M. de Montaigne, « Les Essais », adaptation en français moderne par Claude Pinganaud – éd. Arléa 2002
G.E. Moore, « Cramming more components onto integrated circuits », Electronics Magazine (1965). Retrieved on 2006-11-11
E. Shannon & W. Weaver, « The Mathematical Theory of Communication », The University of Illinois press, 1969 (1949 first ed)
S. Waddington, “A Memorandum on Lifelong Learning Response from the Consultations carried out by NIACE from UK NGOs working in the field of Adult Learning”, NIACE 2001
Références additionnelles disponibles sur mon site web:
P Trehin, “The Move from Data Processing to Information Processing” 12-1985, Unpublished research
P Trehin, “La Nouvelle Economie, Cybermythe ou Hyper réalité ?” Trehin, “Tentative de Théorie Informationnelle de la valeur”, Unpublished research 2001
64 réponses à “La crise : ses dessous et ses implications futures, par Paul Tréhin”
« Bien qu’il y ait quelques similitudes entre la crise actuelle et la grande dépression de 1929, les solutions utilisées dans les années trente pour un retour de l’économie à la prospérité à cette période ne suffiront certainement pas à résoudre le problème de manière durable dans la situation présente. »
vous voulez dire que même une guerre mondiale ne saurait nous sauver ?
ça va faire juste pour les solutions alors…
@latetatoto
Je ne parlais bien entendu pas de guerres.
Je parlais des approches keyneisiennes classiques de l’investissement public massif qui dans les conditions actuelles seraient insuffisantes à faire fonctionner l’économie en faveur de la société des hommes et de la qualité de vie sur la planete de tous les êtres vivants…
Il faudrait probablement prendre en considération dans de tels investissements publics leurs impacts réels sur les créations d’emploi et leurs impacts sur l’écologie.
Une prise en compte de l’accroissement de l’entropie qui est accéllérée par toute activité vivante consommant de l’énergie et encore plus l’activité de production humaine de biens et services.
Je travaille à une théorie de la valeur qui prendrait en compte comme élément de mesure la capacité de produits et services ou de toute autre activité à limiter l’augmentation de l’entropie.
Paul
Dans les crises précédentes, il n’y avait pas eu de délocalisations ni de l’outil ni de la compétence !
Pas de transfert de technologie. Il ne manquait que la consommation !
@ Paul Tréhin
Ce à quoi vous travaillez, si vous voulez vraiment réduire l’entropie, s’appelle l’économie écologique.
Il y a beaucoup de la Décroissance dans ce concept que vous étudiez.
C’est une économie de l’économie d’énergie, une économie qui fait une alliance avec les biotopes, une économie à fond tournée vers l’énergie du soleil, une économie qui privilégie le local.
Vous avez peu de chance de voir adopter une économie de ce type ; ce n’est pas vendeur et pas populaire.
Pourtant une économie de ce type pourrait sauver l’Humanité ; qui préfère disparaître avec la Croissance.
le plus simple moyen pour limiter l’entropie des marchés et de limiter les cotations, une par mois ou une par semestre ou une par année (on aurait la paix plan de CAC ou d’euro qui bouge pour un rien, toute cette énergie qui ne serait plus gaspillé au yoyo mondial).
Mais en même temps pour l’économie générale je crois que c’est l’inverse il ne faut pas vouloir castrer l’entropie (prédire la naissance de Mozart ou d’Einstein n’est pas mathématique) , il faut faire avec, un peu comme la mécanique quantique, on ne cherche pas ou ce trouve un électron mais on détermine une probabilité de position (un chat à moitié mort), et on par du principe que l’information objective fausse le résultat (un peu comme la télé réalité, la réalité s’estompe avec la caméra), cela a un avantage, la microéconomie peut être mis en avant sans déterminé ces tenants et aboutissants, mais simplement par son potentiel et ça dynamique (qui peut-être culturel, conjoncturel ou structurel si l’état veut la mettre en avant), bon modèle on en a besoin
Vous explorez principalement la physique des deux points que vous évoquez et n’insistez pas assez à non goût sur le contexte métaphysique qui entoure les transactions financières et « la création » de la valeur.
Dommage!
Nous avons, en réserve dans nos rangs, quelqu’un qui se fera un plaisir de le faire !
Merci de ce commentaire. Si par « Métaphysique » vous entendez cette croyance inouïe qu’ont certains idéologues de l’économie de marché dans la « liberté du marché » et la haine qu’ont la plupart des entrepreneurs et des financiers pour toute intervention gouvernementale, je suis d’accord avec vous, j’aurais pu développer un peu plus cet aspect.
Un autre aspect moins matérialiste sans être pour autant du domaine métaphysique est l’analyse du comportement des agents économiques(consommateurs, entreprises, personnes travaillant dans les entreprises) qui est bien éloignée des comportements rationnels que suppose le principe de rationalité économique simpliste des tenant de l’économie de marché libéraux à l’extrême , ce qui rejoint aussi un peu l’aspect métaphysique mais pas totalement. Cela rend simplement plus difficile l’analyse des comportements économiques.
Paul
Attention : « économie riche vs économie pauvre » est de moins en moins synonyme de « pays riche vs pays pauvre ». Au contraire, on assiste a une normalisation qui va vers « population riche vs population pauvre » quel que soit le pays le fossé s’agrandit. En regardant sous cet angle la, le fossé entre les pays tends a disparaitre, puis tout s’uniformise : les riches disposent d’une avancé technologique et sociale bien plus importante que les pauvres, quelque soit le pays. Tous les pays se ressemble sur ces aspect la. Cf l’article « la tier-mondisation des USA » http://www.dedefensa.org/article-tiers_monde_made_in_usa__17_08_2010.html
Bonjour. Je vais reprendre vos deux « points » pour les démystifier et prouver leur aspect largement secondaire.
« L’accroissement de la rapidité d’évolution de l’innovation technologique »
Oui, Et alors…?
Pour vous, cette exponentielle est-elle anormale…???
Je vous rappelle que les circuits de microprocesseurs ont été conçus par des ordinateurs à partir des systèmes 32 bits. En dupliquant automatiquement les systèmes 16.
Ceci ne signifiant pas que le cerveau humain était dépassé, non. Mais que le stade de conception était passé à un cran au-dessus. L’humain réussissait une fois de plus à faire créer une machine par une autre machine.
Hors, rien de plus simple que des circuits électroniques dont les composants sont 3. Vous confondez alors le niveau de technicité et le NOMBRE de circuits impliqués qui vous donne une impression de complexité.
Comparez avec l’immense ensemble des systèmes de base en mécanique, et dont on a pas encore tout inventer.
Si la technologie vous fait peur, ne serait-ce pas son UTILISATION qui vous fait plutôt peur..???
« la définition du travail qui change presqu’aussi rapidement que ne le font les technologies. Les emplois semblent aussi disparaître plus rapidement que de nouveaux emplois ne sont créés et sont remplacés par des emplois exigeant des compétences plus élevées que les jobs liés à un modèle plus classique de l’économie de l’industrie et des services. »
Aucun rapport.
L’instabilité est CREE par le pouvoir financier qui a BESOIN que l’on ait BESOIN de ses moyens financiers.
Ca lui rapporte.
« L’écart croissant entre économies riches et économies sous-développées. »
Pardon….??? Où avez-vous vu ça.
Dans la série des pays « pauvres », je vous rappelle que le dirigeant de la Thaïlande est milliardaire…
Et en Russie ainsi qu’en Chine, ils sont plus intelligents, ils planquent mieux leur fortune. (début 2009, les ricains ont menacé les dirigeants chinois de révéler les contenus de leur comptes à l’étranger)
Que les serfs et SDF de tous les pays soient pauvres n’a aucun rapport. Surtout ceux des pays ayant des ressources naturelles, d’ailleurs.
Regardez en France. Rien que le nombre de joyeux adhérents à la CMU devrait attirer votre attention.
Il est clair qu’un pauvre est mieux loti en Europe qu’ailleurs. Il reste simplement pauvre dans des environnements différents.
Mais le souci commun est la concentration trop forte de richesse. Que ce soit à Paris comme dans la brousse.
Précision :
Je n’ai pas lu vos « références ». Surtout si elles sont anglo-saxonnes.
Autre chose, le dirigeant thaïlandais doit se situer entre gates et buffet, de mémoire. Buffet et gates, les « philanthropes », comme j’ai lu dans un journal financier français qui ne mérite pas qu’on le cite.
Yvan, quant au premier point, je crois qu’il faut relever surtout l’asymétrie d’information qui est renforcée par l’inégal accès aux technologies de l’information à la foi en raison du coût mais surtout de la propension à laisser du monde sur le carreau à chaque innovation.
Je suis d’accord pour dire que les financiers influencent le marché de ce qui est à vendre, selon leurs intérêts à eux ! Même dans l’agroalimentaire ! C’est évident. Ce qui facilite la spéculation est bienvenu et vice-versa ! La publicité et les petites infos d’apparences anodines, mais continues et/ou récurrentes ne sont pas le fait du hasard. Le consommateur est pour le moins conditionné en fonction des achats qu’on souhaite qu’il fasse.
Il s’agit bien entendu des applications des technologies de l’information et de la communication et non de ces technologies en elle même. Il s’agit en fait surtout de l’augmentation considérable de la productivité horaire du travail qu’elles ont permis durant les 30 dernières années. Cela pesant lourdement sur la demande de travail…
Concernant la rivalité cerveau humain contre intelligence de la machine ce n’était pas à ça que je faisais allusion. En effet je sais bien que la puissance des processeurs et la taille des mémoires, même multipliée par un facteur 10 puissance 6 ne suffirait pas à créer des ordinateurs capables de penser à la manière d’un cerveau humain. C’est bien plus la partie logicielle que la partie matérielle (vitesse de calcul et taille mémoire) qui est très loin de permettre de tel « cerveaux artificiels » en cela, je suis opposé aux théories de Von Neuman, Vernor Vinge et Ray Kurzweil et de leur idée de « singularité technologique » moment où le progrès technologique échappera totalement aux décisions humaines dans la mesure où l’intelligence artificielle serait capable d’effectuer les recherches et développements sans avoir recours à l’intelligence humaine, y compris pour inventer des nouvelles formes d’intelligences artificielles.
Pour plus de détails sur cette hypothèse voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique
Comme indiqué je ne crois pas à la réalisation de cette hypothèse compte tenu de la faiblesse de nos capacités en matière de logiciels dits d’intelligence artificielle. L’hypothèse de singularité technologique se base en effet seulement sur la puissance de calcul et l’accroissement de la taille mémoire disponible… Celle-ci est en effet impressionnante mais insuffisante dans ce domaine d’application.
En revanche dans l’automation des taches de travail cette puissance de calcul a déjà et continuera de diminuer la demande de travail dans les années à venir, y compris dans des emplois jusqu’ici considérés comme hautement techniques exigeant une présence humaine.
Je n’ai pas inventé ces idées, déjà en 1992 Jeremy Rifkin parlait de « la fin du travail » plus récemment Martin Ford a donné des exemples plus nombreux de disparitions de postes de travail liés à l’automation de plus en plus poussée des processus de production des postes dans les services et la distribution, domaines qui avaient pu au moins en partie absorber les pertes d’emploi de l’industrie.
Pierre Larrouturou dans son livre « Crise, la solution interdite » montre que c’est plus l’automation des taches humaines que la délocalisation qui a créé le plus de pertes d’emplois, en effet si ces dernières sont très médiatisées car très brutales les pertes d’emplois dues à l’automation des taches sont moins médiatisées car plus insidieuses.
Ca n’est pas la technologie en elle-même qui est à critiquer mais l’augmentation de la productivité horaire du travail qu’elle permet et la perte d’emploi qu’elle entraine. Tout cela avec une augmentation considérable de la production de biens et services. Une répartition équitable des gains réalisés grâce à l’augmentation de productivité serait nécessaire et même possible. Cela serait un autre sujet. Martin Ford et Pierre Larrouturou font des propositions intéressantes sur ce point.
Il resterait à parler des aspects qualitatifs de la révolution informationnelle. Les jobs qui se créent deviennent de plus en plus complexes demandant des formations de haut niveau intellectuel souvent difficilement accessibles à des personnes ayant dépassé les 50 ans ou aux jeunes employés non diplômés (celles les plus vulnérables aux pertes d’emplois) personnes pour lesquelles la reprise des études est soit difficile après tant d’années hors du milieu éducatif, soit trop onéreuses pour les jeunes employés. Dans ces deux cas un politique de formation tout au long de la vie adaptée aux possibilités des personnes serait nécessaire. Par ailleurs certaines taches simples que l’on pouvait donner à des personnels moins formés ont quasiment disparu. Dans un domaine que je connais bien par mon implication associative, des postes qui pouvaient être réservés à des personnes ayant une déficience mentale légère leur sont devenues presque totalement inaccessibles avec les nouvelles machines automatisées.
Paul
Le dirigeant dont vous parlez n est plus dirigeant il est en exil sous le coup d un mandat d arrêt et une partie de sa fortune saisie
Il a été chassé car trop corrompue
Le pire c’est que cette augmentation de la productivité par les technologies ne nous libèrent plus aujourd’hui, c’est même l’inverse qui se passe. Quand je regarde ces travaux de forçats que me semblent être ces murs de pierre des cultures en terrasse d’autrefois, j’oublie une chose : ils avaient le temps pour eux et ceci n’ont pas été fait sous la contrainte de toujours moins de temps pour faire un travail au nom de la rentabilité à tout prix.
De même en quoi le téléphone portable a t il réellement apporté un plus à nos vies, si ce n’est dans les cas d’urgences, pour le reste c’est plus de l’esclavage. idem pour la télé, nous avons de beaux écrans plats face à des programmes de plus en plus minable. Concernant internet, on zappe plus qu’on ne lit, que peut il en rester en définitive ? Et ceci sans compter la publicité sans compter les pseudos liens sociaux qui privent de la vraie vie.
L’enjeu à mon sens, c’est de reprendre du pouvoir sur le temps, ce dont nous prive la technologie, car plus personne n’a le temps dans nos civilisations ici de faire les choses comme elles devraient être faites, tout le monde court dans tous les sens, la voilà l’entropie.
On n’a à mon sens jamais autant perdu de temps que depuis qu’on a gagné en technologie.
Peut-être pas tout à fait, Liervol.
L’accélération du progrès, les moyens et l’information qui ont augmenté tout à fait naturellement nous font simplement ne plus nous rendre compte qu’il est bon de s’assoir au pied d’un chêne face à un beau paysage et de laisser libre cours à son imagination.
Tout simplement parce que ça fait ringard et que le temps, c’est de l’argent…
Regarde comme les Parisiens sont toujours pressés.
Merci de me répondre, Monsieur Tréhin.
Sans connaître les gens que vous citez, il est évident que le temps de travail aurait dû être réduit proportionnellement au gain de productivité réalisés.
Et pas seulement baisser le coût d’une chose (de façon pas si faible que ça) et augmenter la rentabilité qui tombe dans la poche d’un actionnaire.
Pour tout vous dire, malgré une connaissance assez approfondie des dernières technologies, je refuse d’utiliser de nombreux gadgets qui nous pourrissent la vie.
Ca surprend toujours mes connaissances, ce paradoxe, mais j’ai dû faire une overdose, peut-être, un jour…
@Paul,
Effectivement vous soulevez un point extrêmement pertinent. Et la tendance risque encore de s’aggraver car une des limitations au remplacement des hommes par des systèmes automatisés est le problème de communication. Or les nouvelles générations sont de mieux en mieux formées aux nouvelles technologies et l’émergence de techniques de simulation de langage à permis la création d’agents conversationnels plutôt aboutis (cf. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/j-ai-drague-amelie-l-employee-73605 ).
@Yvan
Je ne suis pas sur que ce soit un paradoxe, je suis et je côtoie pas mal de gens dans ce cas.
Sur la « délocalisation »
La perte de la souveraineté alimentaire des pays pauvres, ne peut-elle pas être considérée comme une forme de délocalisation obligée de leur propre production agricole,
laquelle étant imposée à l’échelle planètaire par le fait impérieux de la libre concurrence ordonnée comme la règle absolue par l’organisation mondiale des marchés, …
(règlement sous l’application duquel
bien que la production alimentaire mondiale soit largement suffisante pour nourrir la population mondiale,
non seulement ne résoud en rien la problématique de la faim dans le monde … , mais encore …..
qui soit donc, de ce flagrant échec, mériterait d’avantage que d’autre chose à être révisé …)
Phyto Bar : Nourrir la planète
http://www.franceculture.com/emission-terre-a-terre-ete-10-phyto-bar-nourrir-la-planete-2010-08-21.html
« Avec : Olivier de Schutter , rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation à l’ONU.
Depuis sa nomination en 2008, ce juriste belge n’a cessé de parcourir la planète pour intervenir dans les enceintes internationales avec toujours cette même conviction sans cesse reformulée : des crises alimentaires sont encore à venir, rien n’a été résolu. Tandis que s’enchaînent les déclarations d’intention, du sommet de la FAO à celui de Copenhague, des sièges gouvernementaux à ceux des institutions internationales, les mêmes politiques se poursuivent, qui privilégient le commerce et l’exportation au détriment des petites agricultures vivrières, seules aptes à nourrir la planète et à endiguer l’épuisement des ressources. »
(note : archives de « terre à terre »: http://terreaterre.ww7.be/-2010-.html )
Pour qu’un problème soit résolu, il faut tout d’abord que la solution ne soit pas contraire aux intérêts de ceux qui ont la capacité de résoudre le problème. Si la solution du problème arrange les deux parties, alors ça peut commencer à aller, sauf s’il y a un intérêt, pour une des deux parties, à faire attendre !
Tout est lié, pour rembourser la dette des pays du sud (qui est un vaste sujet des barrages peu utile mais faisait tourné Bouygue, à la dette privé de président dépensier nationalisé avant leurs départs), les pays du nord leurs ont conseiller de produire des aliments exportables (dont nous avions besoin) en contre partie nos excédents qui ont commencés à apparaitre dans les années 70 avaient des déboucher (et garantir, l’excès dont nous avions besoin suite aux tickets de rationnement après guerre et aux paysans affameurs des villes), puis les cours mondiaux ont stagné (mais on était dans une logique de diminution de la part de l’alimentaire dans le revenu, pour dégager du pouvoir d’achat de produit manufacturé et des emplois plus valorisant, que l’emploi agricole), pour les pays développés il y avait deux choix soit le marché fermé Européen (mais qui compenser par des aides ces exportations, même si les protéines végétales (le soja qui corrige les maïs) ont été délocalisés, par des accords commerciaux avec les états unis) ou le marché ouvert américain, mais faussé de subvention de prime aux transports et de gestion des excédents par les aides humanitaires c’est le deuxième qui a gagné, et on a joué avec la concurrence réelle des pays du sud, les cours du café (et autres) ce sont effondre plus moyen de rembourser, ni de vivre en vendant des produits locaux plus coûteux que des importations taxés par la nation, qui permette une ressource à l’état et subventionné par les pays du Nord, pour garantir leurs excédents. aujourd’hui on ne veut plus faussé la concurrence des pays du nord, mais seul l’Ukraine et la Russie peuvent vendre du blé sans subvention seul la nouvelle Zélande peut exporter du lait sans subvention et seul l’agro-business argentin peut exporter sans subvention, soit à peine dix pour cent des échanges et l’agriculture est complexe une fois détruite les cultures vivrières on ne revient pas en arrière aussi facilement, ajoutez-y la spéculation des fonds et états sur les terres des pays du sud….
C’est pas l’Europe qui ruine l’agriculture africaine en soutenant des exportations massives de lait, de viande, de résidus de l’industrie du poulet, etc..? Anéantissant tout espoir d’investissements rentables et donc de vrai développement de l’agriculture vivrière africaine.
La logique politique des gvts des pays développés surajoute encore ses propres processus pervers à ceux, strictement systémiques et économiques ou monétaires, qui conduisent à cet croissance de l’écart entre pays développés et pays développés.
Commençons par supprimer ces mécanismes ignobles. Ça sera déjà ça!
Et arrêtons aussi de continuer à exporter nos divers déchets et à exploiter éhontément leurs réserves halieutiques, en toute « légalité », pour le bien de nos « chers » pêcheurs!
Qui est responsable de ce gâchis que vous dénoncez à juste titre ?
Ce serait déjà un début de réponse pour voir comment agir. À qui cela profite-t-il ? Probablement à plusieurs niveaux de pouvoir.
Quand un phénomène que tout le monde condamne persiste, c’est qu’il y a des intérêts importants et multiples.
En général, il y a des gens du pays « pauvre » qui profitent du système !
L’intérêt divergent entre les pauvres et les riches se retrouve dans toutes les cultures et dans tous les pays même pendant la guerre ! Suivez mon regard !
Et si la finance n’était que l’avatar du capitalisme qui lui a permis de survivre quelques années, ou quelques dizaines d’années ?
marlowe@orange.fr
Exact ! En tout cas, c’était le système qui permettait de maintenir les bénéfices alors que le reste se mettait à moins rapporter et de manière apparemment plus aléatoire surtout ! Ou apparemment moins facile !
@senec, pour réagir à un commentaire d’avant, mais c’est pas jouable de tout lire et de revenir au quotidien, j’ai faillit oublier de donner à boire aux bœufs à force de réagir sur ce blog, contredisez moi vous m’enlever-riez mon humanité et zébu a un regard intéressant
Samuel, vous êtes facétieux et farceur. Tout en finesse !
Je prétend juste à ma part de bêtise, ne pas me contredire ne doit pas être une règle, et après tout, c’est l’idée qui doit être défendu, mettre en avant nos désaccord et trouver l’humain qu’il y a derrière pour ne pas s’auto-rassurer de sa pensé et de son parcours
@ Paul Tréhin et à François Leclerc & Co. Ltd
Ca ne fait certainement pas un nouveau paradigme, mais ce blog montre pour moi à l’évidence quatre mesures phares, faciles à prendre parce que limitées à une forme accessible de négociation diplomatique et de traduction dans la législation de tout pays. Elles pourraient d’ailleurs être votées par l’Assemblée Générale des Nations Unies:
1) Mise en place du système Bancor, entre états, tel que prévu par J. M. Keynes (= fin des politiques économiques nationales agressives);
2) Interdiction de toute forme de « couverture » non adossée à un flux physique et réel (=interdiction des « paris » financiers);
3) Equilibrage strict de la répartition des profits d’entreprise entre apporteurs de capitaux, collaborateurs salariés et Etat (clé de répartition annuelle à définir par le vote de la Loi budgétaire pour les démocraties représentatives)(= +/- fin d’une certaine forme de « lutte des classes »);
4) Modification des constitutions pour introduire une obligation de Loi budgétaire de législature ( en général sur une période de 4 à 5 ans) obligeant à strict équilibre fiscal. Ceci revient à ne jouer les politiques économiques, monétaires et fiscales que sur des périodes plus courtes et donc mieux prévisibles.
Ce me parait déjà un « beau » programme…
Ça veut dire tout simplement remettre en cause tout ce qui a été mis en place depuis 1947 avec le Gatt, et en tout cas depuis l’Uruguay-Round de 1986/94. Le cycle de Doha s’est conclu par un échec. Fort bien. Maintenant c’est toute la politique inspirée ou inspirant les accords du Gatt puis de l’OMC qui doivent être remises en cause, de fond en comble. Le processus a été juste stoppé, à un niveau déjà inacceptable, il faut l’inverser. On n’en prend pas le chemin encore. Juste quelques revendications protectionnistes de pur opportunisme politique ou de simple préservation de positions dominantes chancelantes.
Par ailleurs votre explication des tenants profonds technologiques de la crise, au delà du fait qu’elle vient heurter la théorie schumpeterienne de la « destruction créatrice », ce qui ne me dérange nullement, me parait participer encore du mythe de la technologie toute puissante et cause de tout méfaits et bienfaits. Le mal véritable de la technologie me parait être plutôt la représentation idolâtre que nous en avons et que vous contribuez à maintenir en lui prêtant des effets destructeurs, ou au moins déstabilisateurs, dont elle semble être plus l’outil au mains de puissances économiques ou politiques, de décideurs et d’apprentis sorciers que la cause première.
Oui, cela demanderait un courage politique que l’ensemble des dirigeants de la planette et en particuliers ceux des pays riches ne semblent pas prêt à soutenir. mais ils sont prisonniers de leurs opinions publiques qui elles ne sont pas non plus prêtes à réduire un tant soit peu leurs train de vie car elles sont persuadées d’être dans leur bon droit, cela grâce à des campagnes de propagande défendant la liberté du marché et la haine des interventions des gouvernements.
Pour ce qui est je vous cite : du mythe de la technologie toute puissante et cause de tout méfaits les défenseurs du mythe de la technologie toute puissante se plaisent à dire que les gens qui ont le même genre de raisonnement que ceux dont je m’inspire sont d’infames pessimistes : les Vance Packard, Jeremy Rifkin, Norbert Wiener, Pierre Larrouturou, Dominique Méda, Michel lallement, Georges Akerlof, Joseph Stieglitz, et autres critiques du capitalisme libéral excessif, tous ces gens sont traités de pessimistes par les chantres d’un progrès technologique mythique guidé par la « sagesse du marché » Tout va s’arranger, disnet ils, laissez faire le marché et les problèmes dont vous nous parlez avec la technologie vont disparaître d’eux mêmes.
Pour ma part je ne partage pas le mythe de la technologie toute puissante, en en bien ou en mal. Le but de mon texte est de faire prendre conscience des risques encourus en espérant que justement les hommes de pouvoir mais aussi les populations prennent conscience des enjeux de cette évolution très rapide et en train de s’accélérer, je note qu’autant on parle des délocalisations autant les médias ne parlent que très peu des enjeux d’une évolution technologique trop rapide sauf pour sortir des âneries telles que l’excès d’information nous envahissant. Il s’agit d’un excès de données et de messages peu porteurs d’information…Nous manquons au contraire de vraie information, celle qui permet de réduire l’incertitude, donc de ralentir ne serait-ce que localement l’accroissement de l’entropie. Pourtant un usage approprié de la technologie devrait justement permettre de créer de l’information vraie, réduisant effectivement l’incertitude. C’est le thème de mon autre recherche… Comment donner de la valeur aux produits, services et idées qui apportent réellement de l’information (notez que je ne précise pas les produits et services capables de véhiculer de l’information) en fait tout produit, service ou idée permettant de réduite l’incertitude de ses utilisateurs transmet de l’information au sens strict et scientifique de ce mot. Exemple simple un outil de meilleure qualité permet de réduire les risques de faire des erreurs à la fabrication d’un objet, cet outil de qualité réduit l’incertitude de celui qui l’emploie. On pourrait donc mesurer la valeur d’un produit ou d’un service à sa capacité de réduire l’incertitude de son utilisateur. A noter également qu’il n’a pas été besoin d’attendre l’outil informatique pour qu’apparaissent des outils capables de réduire l’incertitude de son utilisateur : le tranchant d’une pierre taillée du paléolithique contenait aussi de l’information en permettant au chasseur de dépecer plus vite sa proie ; lui évitant de rester exposé trop longtemps à l’incertitude de voir arriver un prédateur attiré par l’odeur du sang. Or même sans échange commercial, l’obtention de cet outil avait un coût pour le chasseur, coût que le célèbre économiste Autrichien Böhm Bawerk appelait Détour de production, le chasseur étant obligé d’aller chercher un nodule en silex approprié puis de le travailler longtemps pour en tirer une pierre taillée ayant un tranchant de qualité ce qui le détournait de son objectif principal la chasse pour la survie de sa famille et le sienne. Bien entendu l’évolution technologique existait aussi à l’époque mais les premiers galets aménagés ont eu une durée de vie de plus d’un million d’années… La technologie suivante dite acheuléenne durera 300 000 ans et petit à petit les technologies se sont succédées à un rythme croissant pour arriver à celle que nous sommes en train de vivre mais don l’évolution est tout de même nettement plus brutale…
Pour le moment comme vous le dites aussi cette évolution technologique est aux mains de puissances économiques ou politiques, de décideurs et d’apprentis sorciers mais c’est plus qu’ils s’en accaparent, allant la chercher où elle se développe ensuite cette technologie déborde sur le reste de l’économie qui n’a aucun contrôle sur elle. Il ne s’agit pas dans mon propos de ralentir l’évolution technologique mais d’être conscient de ses conséquences possibles et de nous y préparer afin que la technologie reste au service de l’homme et pas l’homme au service de la technologie. Remarquez, on pourrait élargir cette remarque à l’économie dans son ensemble : que l’économie soit au service de l’homme et pas l’homme au service de l’économie…
Vigneron,
Votre rappel sur le GATT, l’OMC – vous auriez pu préciser en citant l’AGCS – désigne bien le coeur du problème.
Enfin, tout ça ne marchera que tant qu’il y aura du pétrole en quantité. Gardons à l’esprit que dans pas longtemps ce ne sera plus le cas. La finance et la « technologie détournée » contre l’Humain peuvent créer de l’argent. Elles ne pourront jamais créer des joules.
Pour dire aussi que si vous faite du vin, je suis sûr qu’il est bon et qu’il se boit bien, tout comme tous vos commentaires.
Je rajoute un nouveau commentaire expliquant pourquoi je pense que l’évolution technologique peut aussi avoir un rôle moteur quand bien même de nombreux effets vont être amplifiés par les système de production capitaliste fondé sur une économie de marché et des grandes entreprises qu’il a généré.
Plusieurs commentaires m’ont fait remarquer que l’impact de la technologie ne pouvait pas être moteur dans les phénomènes de changements sociétaux mais que ces derniers devaient plus être attribué aux grandes entreprises au mais desquelles cette technologie est tombée.
Donc qu’elle ne serait pas la cause première des problèmes dont j’ai parlé. J’accorde bien volontiers que les intérêts financiers des groupes industriels et commerciaux jouent un rôle majeur dans les problèmes constatés. Cependant avec l’arrivée d’internet (réseau universitaire sans profit à ses débuts) nombre de technologies sont apparue venant directement de passionnés (GEEKS) échangeant des astuces de programmation sur internet et combinant bien plus facilement des idées diverses dans des réalisations, souvent par pure passion pour la technologie. Beaucoup de ces innovations technologiques étant ensuite mises à disposition gratuitement sur internet sous forme de « Open source software » par ces « petits génies » de l’informatique et de la programmation.
J’ai pu constater ce genre de comportements non motivés par un intérêt économique de nombreuses fois, montrant que les motivations des acteurs de la société ne sont pas tous purement motivés par l’appât de gains financiers…
Dans l’exemple suivant sous forme de vidéo (en partie sous-titrée en français)
http://www.ted.com/talks/lang/fre_fr/pranav_mistry_the_thrilling_potential_of_sixthsense_technology.html
Pranav mistry, un jeune Indien étudiant en programmation a développé avec des moyens techniques et financiers minimaux, un système d’interface homme-machine de très haute créativité technologique assez époustouflant quant au résultat.
Quand on lui demande à la fin de sa démonstration ce qu’il va faire de ce logiciel complexe (contenant probablement des millions de lignes de programme en effet, malgré l’apparente simplicité d’utilisation, de telles applications requièrent des milliers d’heures de programmation et de tests pour arriver à ce point de développement.) il répond avec un naturel incroyable « Je vais le mettre gratuitement à la disposition des internautes sur internet sous forme d’open source. Ma récompense sera de savoir que des millions de gens vont pouvoir en profiter. Il ne pense même pas à en tirer un profit personnel. Toutefois on peut penser que de grandes entreprises vont s’emparer de ce produit développé sans frais et disponible gratuitement sur internet… Et là il est à craindre qu’elles n’auront pas des intentions aussi bienveillantes que celles de ce jeune programmeur…
Tout cela pour dire que le développement technologique peut se manifester indépendamment des grandes entreprises, même si ces dernières vont évidemment s’en emparer pour exploiter un peu plus leurs employés ou leurs clients…
C’est en ce sens que je pense que l’évolution technologique joue un rôle moteur dans l’organisation du travail et de la société : elle surgit d’à peu près n’importe quelle source, très souvent sans idée commerciale à priori et des grandes entreprise commerciales s’en emparent pour les exploiter dans le cadre sauvage de l’économie de marché.
Au sein même de ces grandes entreprises ce sont souvent des petits groupes d’individus peu au fait des domaines de la gestion et des profits qui inventent dans leur coin un nouveau « truc génial » qu’ils ont parfois un mal fou à faire accepter par les décideurs de l’entreprise…
On se rappelle l’exemple d’IBM qui ne voulait pas dans un premier temps se lancer dans le marché des ordinateurs personnels… Ce marché s’est développé indépendamment des stratégies des grandes compagnies de l’informatique. Ce qui a sans doute permis à Bill Gates de devenir si riche c’est qu’IBM a refusé d’acheter sa compagnie à ses débuts…
Le développement d’internet s’est fait de manière semblable, en grande partie par des passionnés d’informatique et de réseaux. Le protocole de communication TCPIP à la base de la transmission de données à travers internet a été développé par des passionnés, pas par des industriels. Il en va de même pour les premières versions du WWW appelé le web ou le Net… De même Linux ou La forme libre d’accès des programmes de Microsoft office appelés « open office »
Toutefois le développement d’applications industrielles du Web et de Windows n’a pas tardé à se manifester et à changer assez radicalement l’organisation du travail. Beaucoup d’employés se sont vu imposer une connexion à internet par leurs entreprises, réduisant ainsi la frontière entre la vie privée et la vie au travail. Il en va de même avec les téléphones portables. Le GPS, outil pouvant être fort utile peut aussi devenir un outil de surveillance du personnel… Ces inventions technologiques liées à l’évolution des technologies de l’information et des communications sont presque toutes venues d’inventeurs très petits sauf sans doute le GPS qui a demandé l’envoi de satellites géostationnaires demandant des investissements massifs.
Monsieur Tréhin, je me dois donc de vous expliquer ce qu’est l’ « informatique ».
Tout d’abord, vous semblez confondre utilisateur et programmeur. Deux races BIEN distinctes qui n’ont AUCUN rapport si ce n’est que toucher un clavier.
Ainsi, l’utilisateur passionné, le GEEK, va passer des heures devant sa machine pour jouer, dialoguer bêtement avec ceux qu’ils appellera ses « amis » sur facebook (alors qu’il ne les a jamais vu réellement) et, pour ceux qui seraient intéressés par la vie de ces animaux, quelques extraits de leur mode de vie spécifiques.
http://danstonchat.com/search/geek.html
N.B.: malgré le langage ainsi que la bêtise, j’attire surtout votre attention sur la mentalité ainsi que la façon de vivre qui en découle.
Ados et trentenaires, on se demande s’ils pourront un jour évolué sans le fil qui relie leur machine à la planète…
Au niveau professionnels, hormis clows, je ne vois pas d’autre métier possible. Et encore.
Le programmeur et les programmes open source. (‘scuse-me, but software is different from freeware)
Le programmeur est un passionné. Passionné, d’après les gars et filles que j’ai pu croiser, par, soit la gloriole (car nous avons des personnes reconnues dans les communautés), soit la beauté du raisonnement utilisé dans une routine.
Je me place dans la deuxième catégorie, refusant toute reconnaissance dans tous les sens du terme, juste un compliment d’un des gars avec lesquels on bosse est suffisant.
La beauté du raisonnement a bien évidemment des relents d’esprit mathématicien. Hors, certains des meilleurs programmeurs avec lesquels j’ai bossé à titre bénévole n’ont pas forcément fait des études poussées en maths, mais ont une facilité diabolique à ne jamais oublier les tenants et aboutissants désirés malgré les méandres d’enfer parfois rajoutés. La clef du succès.
Certainement bien plus efficace que de rechercher parfois une complexité qui, elle, ne sera que le plaisir de se creuser la tête…
Sur les logiciels open source, vous devez savoir que les licences gauche d’auteur (copyleft) existent. Et interdissent toute exploitation commerciale de la « chose » créée.
Dans la pratique, ces licences sont souvent piratées par les entreprises commerciales et il est bien connu, dans le monde de la programmation, que les « meilleures » innovations de micro…t, viennent du monde libre et sont simplement programmées de façon différentes afin d’obtenir le même résultat.
Contournant ainsi le peu de lois qui défendent les créateurs qui ne sont pas intéressés.
Ainsi, Wikipédia a déjà tué deux encyclopédies payantes, montrant ainsi que le prix du savoir devenait trop lourd…
Le Libre vaincra. (Le Ché dixit)
à brûle-pourpoint, un peu hors sujet, je cite aussi le déséquilibre existant dans les pays « riches » entre les seniors possédant un patrimoine financier et s’accaparant le patrimoine social (les retraites) contre les jeunes inactifs malgré eux (absence de travail) ; un tel déséquilibre risque de corrompre la paix entre les générations.
on trouvera bien un bouc émissaire …
Ce commentaire est parfaitement dans le sujet. C’est en effet grave que des jeunes même avec des formations correctes ne trouvent pas de travail. Entre l’effet technologies qui réduit la demande de travail et qui en plus facilite dans certains domaines de pointe la délocalisation des emplois: voir les les entreprise d’enquêtes , les services de réservation d’avion ou d’hôtel ou même certains services après vente qui peuvent maintenant être sous-traités en Inde en Afrique ou en extrême Orient. Il est clair que pour ces personnes cela constitue des emplois, mais à quel tarif? Et dans quelles conditions. Sans compter que ce genre d’emploi risque même d’être soumis au remplacement par des technologies nouvelles et d’être rapatriés dans les pays développés sans pour autant y créer des emplois. Mais cela en aura aussi retiré dans les pays où ils avaient étés délocalisés…
A terme avec le système de financement des retraites au travers de cotisations sociales prélevées principalement sur une assiette basée sur les revenus du travail, qu’il s’agisse de la part salariale ou de la part patronale, les nantis retraités dont vous parlez vont aussi se retrouver dans des situations catastrophiques en ayant pourtant eux mêmes cotisé pendant plus de 40 ans…
Si je prends de mon temps pour écrire ces messages et rechercher des références valables pour soutenir leur contenu, ce n’est bien entendu pas par plaisir d’annoncer de mauvaises nouvelles mais avec l’espoir un peu fou d’être un tant soit peu entendu… Si nos gouvernements et nous mêmes ne nous préparons pas à des prévisions d’évolutions aussi graves, alors elles se produiront ce que bien entendu ne sera pas le cas. Malheureusement d’autres avant moi et bien plus connus et reconnus s’y sont essayés et on ne les a pas entendu… Pourtant des gens comme Vance Packard avaient eu la vision dès 1960 d’un monde où la consommation démesurée des biens et services ; consommation encouragée et même exigée par les chantres du capitalisme afin de faire marcher l’industrie. Cet auteur avait eu la vision des bouleversements que ne manqueraient pas d’entrainer la surconsommation de pétrole, entre autre l’évolution du Venezuela devenant fournisseur des USA et même devenant un ennemi potentiel des USA capable de menacer l’économie américaine de couper le robinet du pétrole… Cela en 1960, bien avant le premier choc pétrolier. Depuis les USA ont continué leur politique d’énergie pas chère, de consommation poussée par des stratégies marketing dingues: vieillissement programmé des voitures et appareils ménagers pour en hâter le remplacement. Vance Packard propose des interview d’associations d’industriels américains fiers de leurs stratégies d’obsolescence programmée… Dans son livre il dénonce aussi la politique d’argent facile et de crédit généralisé. Or c’était un auteur connu et personne ne l’a écouté, pas plus que Norbert Wiener annonçant les changements d’organisations du travail et de la société que ne manqueraient pas de provoquer les systèmes « cybernétiques » comme il les avait appelés lui même en en définissant les caractéristiques.
Son livre a été traduit en français Cybernétique et société, L’usage humain des êtres humains (1952, rééd. 1971), Union Générale d’Éditions, Collection 10/18 dénonçant les abus de l’utilisation généralisée des ordinateurs sur les êtres humains, non qu’il ne reconnaisse pas que dans certains domaines cette technologie apporte des éléments utiles socialement.
Paul
@ Paul,
intéressante bibliographie concernant des auteurs que je ne connaissais pas, merci.
Le point 2 va s’avérer faux, car les pays riches vont plonger, donc l’écart avec les pays pauvres va se réduire.
La mondialisation signifie qu’agir localement aura une action globale, au sens du boomerang. Qui perd perd, qui gagne perd. C’est perdant-perdant. Les USA perdent ? la Chine perd ! Elle aura gagné mais perdu. C’est le mieux que puisse obtenir l’auto régulation capitaliste, à ce propos Kant évoque le communisme primordial…
La mondialisation signifie avec l’intrication économique, qu’une action provoque immédiatement une réaction du tissus mondial. Corolaire, le marché mondial devient isomorphe à un marché national, conséquence, il souffre de son impossibilité d’exporter. A la fuite du temps il n’existe point de remède comme dit le Haiku, il en va de même ici. Et monétariser la dette répugne aux épargnants.
Pouvez vous faire prospérer un pays qui n’exporte pas ? non.
Il faut toujours extrapoler à partir de ce que nous avons sous les yeux. Les macrocosme est identique au microcosme, en rien d’autres lois y auraient leur part.
L’innovation technologique est terminée, nous la vivons comme paradigme. Elle permet toutes les délocalisations. Les technologies de pointes ne feront jamais vivre mon concierge or, il est l’étalon auquel je mesure ici le progrès sociétal. Je suis désolé d’être si trivial, mais c’est la réalité.
Je ne vois pas non plus l’intérêt de faire circuler les personnes, cela s’appelle aussi des réfugiés économiques.
billet d’humeur
Excellent rappel de certaines causes profondes de l’évolution de nos civilisations occidentales : disparition du futur, et disparités insoutenables des modes de vie.
Voir, sur le Futur, la publication sur le site de JC WERREBROUK : « la prospective ou la recherche d’un avenir disparu », qui élargit la réflexion à l’ensemble des sciences humaines, qui « à peine de déclassement, se doivent d’observer la même démarche : saisir le temps présent des hommes, le sens de ce qui se fait ou de ce qui se défait, de ce qui se noue, ou de ce qui se dénoue, suppose que l’on comprenne le fonctionnement des ensembles humains. »
Le sentiment diffus et permanent de l’insécurité et de l’imprévisibilité explique nombre de comportements des sociétés développées ou non. D’où la demande de toujours plus d’assistance, tant matérielle que psychologique, incluant toujours plus d’Etat providence, de revenus de subsistance…
D’où également le court-termisme, la recherche de rendements immédiats et maximums, au détriment d’un effort construit dans le temps, sur la base d’une prise de risque évaluable.
Mais si cette évolution résulte essentiellement de la rapidité des changements technologiques, cela conduit à penser que le progrès y trouvera ses propres limites, sa propre négation, sauf à instituer un contrôle total de l’innovation permettant d’en explorer toutes les conséquences et de statuer alors via une « autorisation de mise sur le marché », pour le bien public. (Les AMM existent déjà pour les médicaments.)
Quelle institution mondiale pourrait s’autoriser d’une telle démarche et qu’en diraient, par exemple, les responsables militaires ? Cela n’est envisageable que d ‘un pouvoir mondial totalitaire absolu, impensable.
En réalité, la limitation de l’innovation par l’acceptabilité sociale existe déjà sous la forme du « principe de précaution » qui infléchit de plus en plus le droit, les réglementations, pour que les « entités responsables » garantissent au «citoyen» une sécurité que seuls des experts sont aptes à évaluer.
Citoyen de plus en plus assisté, de ce fait, et de moins en moins responsable, puisque de moins en moins capable de prévoir les conséquences de ses actes dans le futur.
Un conservatisme sécuritaire résultant d’une peur irraisonnée de toute nouveauté faute de pouvoir maîtriser les conséquences de l’innovation est déjà solidement implanté dans les esprits et le consensus social.
L’épisode H1N1 nous a montré jusqu’où une telle logique peut conduire, incluant même la remise en cause du principe de vaccination. La diffusion des avis d’experts, contradictoires ou partiels, bien sûr, c’est-à-dire « d’informations censées réduire l’incertitude » n’a pas réduit l’insécurité intime du public.
Ce conservatisme sécuritaire a biens des arguments à faire valoir, entre Sévéso, Tchernobyl, le DDT, le carbone… tout cela alimente l’argumentaire des écologistes, qui en échange n’ont guère à proposer que la décroissance.
Ces mouvements sont _a minima_ révélateurs d’un antagonisme croissant entre sécurité et nouveauté, qui pourrait bien être la voie par laquelle le capitalisme libéral trouvera ses limites, voire sa fin.
« la concurrence déloyale et les délocalisations de production. Très récemment, des emplois fortement qualifiés aussi ont été impactés par cette situation. Bien que quelques théories libérales prétendent que des mécanismes du marché s’occuperont du phénomène»
Ce ‘mécanisme’ consiste essenciellement en la pauperisation des ‘pays riches’. Cette pauperisation ayant pour conséquence de conduire à un ‘ajustement salarial rendant lesdits ex-pays-riche concurentielle. Ce mécanisme vieux comme le monde s’appel nivellement par le bas.
C’est une observation pertinente que vous faites.
Une politique tournée vers l’homme plutôt que vers l’économie en mettant cette dernière au service de l’homme et non le contraire comme les idéologues du marché ont essayé de nous le faire avaler à travers leurs discours de propagande du genre les politiques ne peuvent rien faire, l’économie préside la destinée du monde, et bien entendu ces idéologues ont pratiquement réussi à faire gober à une grand partie des populations que l’économie se confondait avec l’économie de marché.
Dans une politique tournée vers l’homme, ce qu’il faudrait délocaliser ce sont les acquis sociaux, en exigeant un relèvement progressif des politiques sociales dans les pays où leur inexistence explique en grand partie la faiblesse des coûts salariaux. Nous avons ce problème en Europe aussi bien qu’avec des différences moindres de salaires qu’avec ceux de pays du Sud Est Asiatique ou ceux de l’Afrique. Mais l’idée d’une harmonisation sociale par le haut ne passe même pas au niveau de l’Union Européenne. Cela correspond à une concurrence déloyale institutionnelle puisqu’un produit fabriqué dans un pays d’Europe dont les charges sociales sont plus faibles que dans un autre pays ne va pas entrer en concurrence à cause d’une meilleure qualité ou d’un meilleur savoir faire des employés de l’entreprise et de sa direction, mais simplement parce que les charges sociales et les taxes qui sont appliquées dans le premier pays permettent d’abaisser artificiellement le prix de ce produit. Bien entendu les entreprises des pays où charges sociales et impôts (sources d’une politique sociale acceptable) sont plus élévés vont pousser des cris d’orfraies et demander chez eux une baisse des charges sociales et des impôts. C’est donc aux forces sociales représentées par les syndicats et les associations de défense des droits sociaux de se battre pour que l’harmonisation des règlements sociaux des charges sociales et des impôts charges sociales et impôts se fasse par le haut et non par un nivellement par le bas. Je signale pour les lecteurs de ce blog que la commission européenne, pourtant décriée comme étant, le bras armé du capitalisme sauvage, a publié un document très bien fait intitulé : « Le coût de ne pas avoir de politique sociale : cadre de travail en vue de politiques sociales de qualité » (COSTS OF NON-SOCIAL POLICY: TOWARDS AN ECONOMIC FRAMEWORK OF QUALITY SOCIAL POLICIES – AND THE COSTS OF NOT HAVING THEM)
En anglais seulement je vais chercher si j’arrive à trouver la version en français…
http://www.temaasyl.se/Documents/ETG/Cost%20Of%20Non%20Social%20Policy.pdf
Document montrant clairement que cela coûterait bien plus aux entreprises s’il n’y avait pas de politique sociale en Europe…
Cependant, les tentatives d’harmonisation sociale par le haut, faites par la commission européenne, (Direction Générale emploi et affaires sociales), ont été bloquées par les états membres sous prétexte qu’il s’agissait de domaines réservés aux états (principe de subsidiarité). Bien entendu les états ayant des politiques sociales très basses veulent garder l’avantage concurrentiel que cela leur procure… Là où on ne comprend pas c’est que les états victimes de ces distorsions de concurrence n’aient pas non plus voulu de cette harmonisation qui aurait pourtant été à leur avantage… Embraqués dans leurs idéologies de l’économie de marché pure et dure ils ne voulaient pas céder un pouce à une intervention européenne en faveur de politiques sociales, préférant laisser se dégrader les conditions de salaire et de travail dans leurs propres pays à cause de cette concurrence déloyale d’état.
« 1. L’accroissement de la rapidité d’évolution de l’innovation technologique
2. L’écart croissant entre économies riches et économies sous-développées. »
Si l’on ne lisait les solutions dans vos commentaires, l’on pourrait croire (à tort) qu’il y a confusion des causes et des effets.
C’est la rapacité qui conduit à rebondir sur les évolutions technologiques pour délocaliser ou ruiner les économies rurales du tiers-monde. Avec l’épuisement des ressources, la colonisation des terres agricoles va inévitablement se développer.
Dans un monde au service de l’homme, l’informatique ne serait que bénédiction.
Sur le point 2, rassurez-vous, maintenant que nous sommes exsangues à force de crédits, que le papy-boom a succédé au baby-boom et les retraites aux salaires, que nos états occidentaux ont devant eux un un abysse de dettes à rembourser, les capitalistes ont compris qu’il était urgent d’aller voir ailleurs.
N’oublions pas non plus que les produits pas chers venus de Chine ont, en outre, permis de nous leurrer sur la déconfiture de notre pouvoir d’achat et contribué à revigorer consommation et donc croissance.
« C’est la rapacité qui conduit à rebondir sur les évolutions technologiques » : samedi dernier sur Arte, deux documentaires : l’un nous comptait l’histoire de l’invention du moteur diésel, l’autre celle de la première locomotive à vapeur digne de ce nom, et la construction de la première ligne, de Manchester à Liverpool, avec traversée d’une vaste zone marécageuse. Ces réalisations ont été accueillies comme des progrès pour l’humanité, aucune trace de « rapacité » là-dedans. Aujourd’hui, c’est la concurrence qui vous oblige à « rebondir sur les évolutions technologiques », pas la « rapacité ». A titre d’exemple, les Chinois possèdent désormais le 2nd ordinateur le plus puissant du monde, preuve que la concurrence est bien une réalité, et qu’il n’y a donc pas besoin d’expliquer les évolutions techniques par la « rapacité ».
« Il n’y a donc pas besoin d’expliquer les évolutions techniques par la « rapacité ».
Qui a dit cela ? Dire que la rapacité serait à l’origine des progrès technologiques serait parfaitement débile !
J’ai simplement dit que la capitalisme utilisait le progrès technologique à son profit.
L’un des problèmes réside dans le mode de pensée de nos contemporains: la pensée par analogies, un reste de la pensée archaique. Un exemple: si la crise actuelle ressemble à celle de 29, les problèmes d’aujourd’hui et leurs conséquences n’ont rien en commun avec ceux des années vingt/trente du siècle passé, bien qu’il y a ressemblance. La difficulté des économes, politiques et du public en général consiste à faire abstraction du passé pour étudier le phénomène tel qu’il se présente, dans « son jus »; c’est la seule facon de trouver des solutions possibles.
Non, Germanicus.
Ne nous laissons pas gruger par des libéraux qui diront que les chiffres sont différents. Ils VEULENT faire oublier le passé pour faire passer leurs idées. C’est tout.
La bulle de l’oignon de tulipe en est une preuve.
Pour Yvan
Je crains que vous n’ayez pas bien compris le sujet de mon commentaire: je parle du raisonnement par analogies, et non pas des faits historiques tels que la bulle de tulipes au 17e siècle, ou des évenements de 1929; ce sont des faits et causalités que personne ne peut nier.
Le problème du poids des charges sociales sur le commerce international est résolu par sa perception au moyen d’une T.V.A. SOCIALE. Chaque pays peut faire le choix du montant de sa T.V.A. SOCIALE, sans conséquence sur son commerce extérieur. La perception des charges sociales est plus solidaire, son montant sur les petits salaires est en effet diminué.
Cette démarche ne règle pas le problème créé par l’Organisation Mondial du Commerce qui pratique l’Organisation Mondiale de la Contrebande. Sa philosophie est celle du libre échange qui permet à tous les citoyens du monde d’acquérir des marchandises à bas prix dans des pays, où, les salaires modestes, la protection sociale inexistante et des taux de change qui leur sont défavorables conférent à leur marchandise une valeur intrinsèque locale très faible. Ils vont ensuite vendre ces marchandises dan des pays, où, des conditoions inverses donnent à ces mêmes marchandises une valeur intrinsèque très forte. Il s’agit là de l’activité ancestrale des contrebandiers. Les pays émergeants sont ainsi spoliés, il travaillent beaucoup mais restent pauvre.
Les pays industrialisés voient leurs économies gravement dégradées par la disparition d’un grand nombre de leur P.M.I. et P.M.E, situation agravée par la délocalisation de plusieurs de leurs grosses entreprises qui ont les moyens financiers de se délocaliser.
Il est donc urgent de réagir.
Règles du Commerce International (R.C.I.)
Toute marchandise a une valeur intrinsèque locale qui dépend du lieu où elle est commerciallisée indépendamment de celle qui est la sienne dans son pays d’origine.
Le montant de la réévaluation de la marchandise importée est fixé à la suite d’une concertation entre les deux pays afin de déterminer la différences des valeurs intrinsèques de leur marchandises. Elle est assujettie à une correction inversement proportionnelle à la variation ultérieure du taux de change de leurs deux monnaies de façon à garantir aux deux pays un échange commercial à valeur stable.
Le montant de la réévaluation versée par l’importateur est placé en avoir douanier au profit de son pays fournisseur pour que ce dernier puisse acquiter ses achats à venir.
Les marchandises acquises dans un pays, par un importateur, au moyen des avoirs douaniers qu’il possède dans ce pays, doivent être proposées à ses ressortissants à la valeur intrinsèque locale de ses propres marchandises.
Cette nouvelle technique de commerce universel déclanche une réaction en chîne favorable:
Elle protège les marchés intérieurs des deux pays.
Elle favorise les échanges en provoquant la stabilité des prix entre les partenaires commerciaux.
Elle provoque le paiement des marchandises à leur véritable valeur sur le marché du pays importateur ce qui garanti le pouvoir d’achat du pays exportateur sur le marché de son client.
Elle élimine les délocalisations dont l’objectif est de fournir en dehors du pays d’implantation mais n’entrave pas les installations qui fournissent dans ce dernier.
Elle élimine la spéculation sur les monnaies, les variations des taux de change n’ayant plus d’incidence sur les marchés.
Les accords entre les pays, qui garantissent la stabilité des marchés intérieurs de l’importateur et de l’exportateur redonnent aux industries leur stabilité au détriment de la spéculation boursière.
Elle crée les « avoirs douaniers » qui permettentaux pays en développement de fournir à leur population des équipements à des prix correspondant à leur pouvoir d’achat. Ces populations peuvent alors développer leurs capacités de création de richesses et d’emplois.
La vente à leurs nationaux, par les pays en voie de développement, des marchandises acquises grâce à leurs « avoirs douaniers », leurs procure des revenus avec lesquels ils peuvent assumer le coût des infrastructures nécessaires à leurs population.
A terme, elle suprime l’immigration clandestine, les êtres humains préférant vivre dans leur pays d’origine quand ils peuvent y assumer la charge de leur existance.
Les opportunistes ne pourront plus exploiter des désordres commerciaux qui auront disparus et les établissement financiers ne pourront plus exploiter les instabilités boursières et monétaires que ces désordres provoquaient. Ils pourront disposer de leurs capitaux spéculatifs pour consentir des prêts d’équipements, dont les risques qseront devenus normaux, dans une économie assainie.
L’ensemble de ces réactions en chaîne provoque la disparition des crises financières à répétitions et de leurs conséquences économiques.
Les pays adhérants à ce nouveau commerce universel disposeront de l’arme du gel des avoirs douaniers pour se défendre des chefs d’état qui pratiqueraient des manoeuvres néfastes au commerce universel ou refuseraient, sans raison valable, de s’équiper de moyens de productions d’énergie propres.
Aucune restriction d’échanges commerciaux n’est à craindre car la stabilité monétaire, générée par cette nouvelle technique de commerce international, permettra aux pays importateurs, gestionnaires d’avoirs douaniers, d’autoriser les pays exportateurs, possesseurs d’avoirs douaniers dans des pays différents, d’échanger, à valeur égale, tout ou partie de leurs avoirs douaniers.
Pour ma part, je suis d’accord avec vous.
Mais, il semble que, sur ce blog, personne ne daigne s’intéresser à ce programme.
On vitupère ici « contre le capitalisme », comme s’il y avait sur ce blog des défenseurs du capitalisme. Une obsession, probablement !
Votre article est trop long, je pense.
Je répète encore que ce sujet est sûrement à prendre en considération, mais je n’ai, moi-même, eu aucun succès.
Je pense qu’ici la sensibilité de gauche est prédominante et qu’il y a peu d’intervenants qui s’intéressent aux PME ! C’est ça la gauche, ici : société duale sans classe intermédiaire ! Utopie, bien sûr, et en plus on a déjà échoué dans ce projet tordu ! Ce n’est pas la position du PS en Belgique, qui ne refuse plus l’aide de personne pour arriver à reconstruire !
J’ai cru lire que votre option avait déjà été débattue et éliminée !
@ Paul Therin
Je suis loin d’être sûr d’adhérer à toutes les affirmations de votre texte d’origine. Mais « on reconnaît l’arbre à ses fruits », et je trouve l’ensemble des contributions particulièrement intéressant, ainsi que vos divers commentaires. Vous avez donc assurément mis le doigt sur des questions d’importance….
Pour ce qui est des solutions, que pensez-vous de celles de Noël Rambaldi?
@ ecodouble
J’ai bien conscience que cette recherche se ralie à celles de décroissantistes comme Georgescu Roengen qui fut l’un des premiers à montrer que la manière d’envisager l’économie restait fondée sur la physique mécanique, c’est-à-dire sur des phénomènes réversibles alors que la plupart des phénomènes économiques se passent dans des conditions irréversibles comparables aux phénomènes en physique thermodynamique, ce qui l’a conduit à introduire le concept d’entropie en économie.
Ma recherche diffère cependant de celle de la plupart des décroissantistes en ce qu’elle propose de valoriser la création d’information(au sens scientifique de ce terme : réduction de l’incertitude donc ralentissement de la vitesse d’accroissement de l’entropie, au moins localement) au lieu de stigmatiser et pénaliser les activités accélérant la vitesse d’accroissement de l’entropie localement mais aussi globalement dans ce cas… En effet autant il est possible d’agir localement pour réduire la vitesse d’accroissement de l’entropie, autant il est impossible de limiter les effets d’un d’accroissement même local de l’entropie.
Plusieurs études ont montré que des motivations positives aux changements de comportements sont bien plus efficaces que les motivations répressives. C’est en cela que l’idée de valoriser la création d’information pourrait être plus efficace que celle de réprimer l’accélération de la vitesse d’augmentation de l’entropie par des activités industrielles et commerciales peu conscientes de ces sujets.
Vous dites: « Vous avez peu de chance de voir adopter une économie de ce type ; ce n’est pas vendeur et pas populaire. »
En fait comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, nou avons souvet des comportements informationnels en choisissant un produit ou un service plus cher car nous pensons qu’il a le potentiel de nous éviter les désagréements de défauts de fonctionnement qui sont générateurs d’incertitude. Mon idée est de rendre plus conscients les agents économiques de cette logique qui dépasse la logique du « moins cher ». Mon idée serait aussi de faire prendre ce genre de valeur informationnelle en compte par les indicateurs tels que la Production intérieure brute en produisant des indices de « réduction de l’incertitude » locale de chaque produit ou service et de son coût en augmentation de l’entropie dans l’environnement d’où ce produit ou service aura puisé l’énergie nécessaire à sa production. Dans ce PIB nouvelle manière bien entendu seule a différence nette de réduction d’incertitude et d’accroissement de ‘entropie serait comptabilisée. Cela encouragerait la mise en place de politiques mieux appropriées à une économie consciente des limites de ressources de la terre et aussi des problèmes d’évacuation des dechets physiques et thermiques que toute activité animale et humaine génère…
Merci de m’avoir répondu.
On peut louer des démarches comme la vôtre mais, personnellement, depuis peu, je ne pense pas qu’il soit désormais possible d’empécher l’entropie sur Terre de passer par un maximum qui nous sera fatal, à nous Homo sapiens plusdutoutsapiens, si j’ose dire, car nous sommes incapables de collectivement faire une démarche qui nous sauverait : consommer moins d’énergie.
Je pense aussi que ce que vous étudiez est trop complexe pour la plupart des humains, le manque d’éducation général, que ne cesse d’amplifier la mondialisation, ne jouant pas pour qu’un nombre croissant de gens puisse comprendre le but de vos travaux.
Je crois enfin que l’objectif immédiat des sociétés devrait être de revenir à des choses simples, imposées par le haut, par des dirigeants éclairés ; qui hélas n’existent pas. En effet, le bon sens collectif, comme déjà dit, il n’existe pas. N’existe plus que la volonté de satisfaire des désirs matériels de consommation par trop générateur d’entropie.
Pardon pour le triste tableau.
En tant que géologue, j’admire NGR, pour moi le plus grand économiste de tous les temps, le seul qui au final aura eu raison.
Bon courage à vous, en espérant quand même un miracle : l’avènement de l’économie écologique, que j’appelle – c’est un néologisme – l’écodouble.
o @Génissel Samuel :
22 août 2010 à 21:13
Vous dites : « le plus simple moyen pour limiter l’entropie des marchés est de limiter les cotations, une par mois ou une par semestre ou une par année (on aurait la paix plan de CAC ou d’euro qui bouge pour un rien, toute cette énergie qui ne serait plus gaspillé au yoyo mondial). »
Bonne idée en effet cela permettrait de rallonger la durée de possession des titres par les acheteurs et en même temps de limiter les transactions purement spéculatives.
J’ai proposé une autre idée dont le but serait similaire : pousser les acheteurs sur le marché boursier à redevenir les acteurs de l’économie réelle qu’ils n’auraient jamais du cesser d’être.
L’idée serait de taxer les revenus boursiers, dividendes ou gains en capital en fonction inverse de la durée de l’investissement. Plus un titre serait gardé longtemps moins les gains réalisés seraient taxés. Cela pousserait aussi les investisseurs à s’intéresser beaucoup plus aux fondamentaux des entreprises dont ils achèteraient des titres, actions ou obligations au lieu de ne spéculer sur des valeurs aux variations à très court terme, rapprochant ainsi les transactions boursières de leurs fonctions originelles qui étaient de mettre en relation des investisseurs possédant un capital disponible à des entrepreneurs en recherche de moyens de financement de leurs entreprises.
Or avec l’évolution récente des marchés boursiers cette relation porteur d’actions et entreprises financées s’est dissoute en des comportements d’acteurs boursiers purement spéculateurs au lieu d‘être des investisseurs.
En changeant ainsi les comportements le marché boursier devrait retrouver une évolution nettement plus stable donc voir l’incertitude des acteurs diminuer. En effet le choix de se porter acheteur d’un titre boursier ne serait plus lié à la volatilité des cours au jour le jour mais aux valeurs fondamentales des entreprises ayant émis les actions et autres titres boursiers.
@ yvan
23 août 2010 à 20:00
Je vous cite :
Monsieur Tréhin, « je me dois donc de vous expliquer ce qu’est l’informatique.
Tout d’abord, vous semblez confondre utilisateur et programmeur. Deux races BIEN distinctes qui n’ont AUCUN rapport si ce n’est que toucher un clavier. »
Merci de votre réponse Yvan . Il est vrai qu’on peut toujours apprendre sur un sujet tel que l’informatique, même si, comme c’est mon cas, j’en ai une petite expérience, avec plus de 35 ans de travail dans une entreprise comme IBM, y ayant occupé diverses fonctions qui m’ont mis au contact de la plupart des activités liées au développement hardware ou software. Le groupe des programmeurs est lui-même très hétérogène allant des programmeurs d’applications aux programmeurs système et jusqu’aux programmeurs de composants dont le domaine est la microprogrammation.
Il est vrai que bon nombres de geeks en restent à une utilisation que d’aucuns peuvent considérer comme abrutissante voir même comme des entrainements sournois à des emplois futurs où les interactions hommes machines demanderont des automatismes de coordination œil main semblables mais encore plus déshumanisants que ceux dépeints dans le film de Charlie Chaplin « les temps modernes ».
Toutefois certains de ces geeks se passionnent parfois au point de vouloir modifier ou améliorer certains des jeux et interfaces homme-machine dont ils se servent. Cela n’en fait bien entendu en général pas des programmeurs professionnels bien que certains arrivent à développer des fonctions nouvelles qui seront reprises par les entreprises industrielles et commerciales.
Notons qu’à l’origine certains de ces individus ne disposaient pas d’ordinateurs personnels mais seulement de terminaux à imprimante papier sur lesquels ils ont appris les bases du langage Basic, il me semble que Bill Gates ou Steve Wozniak Steve Job (créateurs de Apple), étaient de ce genre de personnes. On les trouve sur une image célèbre : « Auriez-vous investi dans cette start-up ? »,http://www.emob.fr/dotclear/images/createurs_microsoft.png
L’apparition des ordinateurs individuels et surtout des systèmes ouverts allait leur permettre d’aller « bidouiller » au plus profond des systèmes informatiques et de développer des centaines d’applications sans lesquelles les utilisateurs auxquels vous faites allusion n’auraient jamais pu toucher un clavier. Bien de ces utilisateurs ont été considérablement délivrés vers la fin des années 80 du besoins de geekitude que les premiers ordinateurs individuels requéraient, il fallait en effet être particulièrement geek pour se servir de petites machines comme le ZX80 de la petite startup Sinclair sorti en 1980 pour environ 1000F
Pour rajouter au fait que les grandes entreprises ne voyaient pas d’un bon œil ce genre de machines il est intéressant de savoir qu’IBM avait sorti en 1975 un ordinateur individuel : le 5100, intégrant deux langages le Basic et l’APL mais qu’à cette période ni les mini ni les micros ordinateurs n’étaient bien vus car les grands patrons y voyaient des concurrents aux gros ordinateurs centraux, j’avais produit à l’époque des prévisions montrant au contraire que ces minis et micros allaient augmenter la demande de très gros ordinateurs, qu’on appellerait aujourd’hui Serveurs, en multipliant dans les entreprises l’accès à l’informatique par les utilisateurs directs. Bien sur mes prévisions ont été ignorées… Il faut dire qu’à l’époque un ordinateur central se louait pour une somme de l’ordre de 10000 dollars par mois… Les utilisateurs dans les entreprises travaillaient en temps partagé sur des écrans non intelligents, c’est d’ailleurs sur ce genre de terminaux que j’ai développé des applications en modélisation économique et en analyse de données. Il faut dire qu’à l’époque je disposait en espace partagé 2 megas octets alors que les premiers PC n’avaient que 128 kilos octets…
Bien entendu l’informatique personnelle d’un côté et l’arrivée du web ont considérablement changé la donne, quoiqu’à l’époque IBM disposait déjà d’un intranet (pas encore appelé comme ça) et que nous travaillions déjà en réseau au développement d’applications et de prévisions ou d’études de marchés…
Avec la puissance et la convivialité des ordinateurs individuels actuels l’accessibilité à ces fonctionnalités a changé la donne dans les relations de travail et dans les relations sociales. Cela risque de continuer d’une manière d’autant plus insidieuse que les développements viendront d’entités indépendantes complètement incontrôlées. Je ne me fais pas du tout l’avocat d’un flicage des personnes mais compte tenu de la prévisibilité des évolutions de faire en sorte que nous nous préparions progressivement à ces éventualités pour éviter que nous ayons à nous contenter de réactions en mode panique à des développements avérés, avec leur cortèges de conséquences plus ou moins favorables mais toujours perturbantes…
De nombreux blogs et sites web mettent à disposition des textes des images et des vidéos et même des applications informatiques à titre gratuit sans idée préconçue de rentabilité financière ? Ces blogs et sites contribuent à l’émulation des idées et de cette émulation ressortent plus ou moins directement des technologies nouvelles hors du contrôle des « grandes entreprises et même souvent à leur grand dam. C’est encore ce qui me fait dire que des avancées technologiques peuvent avoir et ont souvent un potentiel de perturbateurs dans un monde trop policé par l’appât du gain financier. Mais ce dernier rattrape souvent ces formes de créativités sauvages pour les exploiter à leur profit.
o @ yvan dit :
23 août 2010 à 18:59
Merci de me répondre, Monsieur Tréhin.
Sans connaître les gens que vous citez, il est évident que le temps de travail aurait dû être réduit proportionnellement au gain de productivité réalisés.
Et pas seulement baisser le coût d’une chose (de façon pas si faible que ça) et augmenter la rentabilité qui tombe dans la poche d’un actionnaire.
Bien des gens que j’ai cité mentionnent qu’n effet l’augmentation de la productivité aurait du considérablement réduire la durée du travail. Malheureusement cette durée du travail a été réduite mais pas de manière favorables aux individus mais par des emplois à temps partiels ainsi de manière étonnante la durée effective du temps de travail aux USA si on tient compte des emplois à temps partiel est de l’ordre de 31 h par semaine (Voir le livre de Pierre Larrouturou pour les détails) mais dans ces conditions ce même employés sont obligés d’avoir plusieurs emplois
Pierre Larrouturou parmi les solutions à la crise propose la semaine de 32 heures mais tendue à l’Europe pour éviter la concurrence déloyale entre pays. Il semblerait que l’ETUC, organisation des syndicats au niveau européen aime bien cette solution. Pour mémoire j’avais vu venir que la semaine de 35 heures manquerait son but de création d’emploi. En effet une demie journée par semaine était quantitativement insuffisante à déclencher une réaction de création d’emploi alors que la semaine de 4 jours correspondant aux 32 heures par semaine pourrait y arriver, étant à la fois plus conséquente quantitativement et plus facile à organiser qualitativement dans le cadre des l’activité des entreprises. Cette idée de la semaine de 4 jours a été expérimentée avec succès par des entreprises de diverses ailles avec comme résultat apparemment surprenant d’une augmentation de la productivité et de la production… Y compris dans des entreprises artisanales…
Pour ce qui serait de libérer du temps réellement disponible pour l’épanouissement humain c’est en effet une idée qui a ses défenseurs depuis de très nombreuses années, malheureusement cette idée était alors trop en avance par rapport aux capacité de mise à dispositions des membres de la société des quantités suffisantes de biens permettant la survie, d’où l’opposition que cette idée a reçu en ces temps là. D’autres oppositions à la réduction du temps de travail sans perte de rémunération, sont apparues en provenance de moralistes autoproclamés parlant du travail et de son salaire comme un devoir social …
Vous trouverez des développements très intéressants de ces idées dans les excellents livres de Dominique Méda : Le travail une valeur en voie de disparition (titre dont elle s’excuse dans la seconde édition car ce titre a été très mal interprété par des critiques qui n’avaient même pas lu le livre…
Voir ses autres livres : « Travail, la révolution nécessaire » et « Au-delà du PIB : Pour une autre mesure de la richesse »
Bon j’arrête mais pour celles et ceux qui seraient intéressés je pourrais concocter une petite bibliographie sur ce sujet et la mettre sur le blog.
@Paul TREHIN,
merci de cet article remarquable que je découvre avec un peu de retard …
Vous avez en particulier parfaitement mis en valeur le fait que l’équilibre des marchés (qui n’a peut être jamais existé) censé être obtenu de la confrontation des courbes d’Offre et demande, et qui n’a jamais été instantané, est quasiment impossible à réaliser lorsque les modifications des conditions de production sont de plus en plus rapides. A l’ère d’Internet, une « génération », c’est 2 ou 3 ans, une « année », c’est de l’ordre du mois.
Les anticipations sont donc presque impossibles à établir, l’incertitude augmente, l’auto-régulation est presque impossible. Laisser faire les marchés n’a donc aucun sens. Mais que faire d’autre. Cela demande à l’évidence une réflexion en profondeur, autant a-idéologique que possible, nous en sommes bien loin. Les spéculations financières et l’indécence de certaines banques, pour ne pas dire toutes, n’ont évidemment rien amélioré.
Bien à vous, Bruno Lemaire.
Bonjour,
« La crise financière actuelle […] probablement la partie visible de l’iceberg d’une évolution structurelle beaucoup plus profonde dans l’économie. »
Vous demandez ici implicitement quelle est la cause des crises, me semble-t-il. Je vois les crises comme un moment où un grand nombre de gens et d’entreprises réalisent qu’ils se sont trompés – trompés dans leur calcul économique, trompés dans leurs prévisions, trompés dans leurs investissements, etc. J’espère que cette définition des crises vous paraît plausible, utile. Je ne la justifierai pas ici, mais acceptons la un instant pour les besoins de l’argument :
Vous examinez plus loin deux causes possibles : 1. l’innovation et 2. les inégalités.
Certaines formes d’innovation et/ou d’inégalités peuvent-elles causer les erreurs collectives que j’ai appelé crises ? Ce sont de bonnes questions. L’innovation est l’explication des crises par Schumpeter. Les inégalités sont l’explication des crises par Marx (et, avec des variantes, Galbraith, Attali, Jorion).
Je vais directement à la conclusion, avec une justification très (trop) courte faute de place et de temps. Ces deux causes ne me paraissent pas suffisantes pour expliquer un grand nombre d’erreurs. L’innovation ne modifie les croyances et les comportements que d’un petit nombre de gens, et se diffuse par imitation lorsque l’innovation est efficace. Quant aux inégalités, il y a des variantes dont aucune n’est satisfaisante amha : la « crise de surproduction » ne tient pas la route ; la « faiblesse des salaires qui sont compensés par le crédit » suppose une intervention politique, et notamment dans la politique monétaire.
On se tourne donc vers l’explication qui a ma préférence : la création de monnaie forcée, c’est-à-dire résultant de privilèges légaux dans le domaine monétaire et bancaire. La version courte est : la planche à billets fait monter les prix, la planche à octets (politique du crédit stimulée par des interventions publiques) fait monter les actifs. La version longue est la théorie autrichienne du cycle.
La politique monétaire apparaît suffisante pour causer un grand nombre d’erreurs dans les décisions économiques, les prévisions et les choix d’investissement. On voit au passage que l’innovation et les inégalités ne sont ni suffisantes, ni nécessaires pour expliquer les crises, puisque la politique monétaire, à elle seule, peut les provoquer même en l’absence de toute innovation et d’inégalités.
Outre 1. et 2. il y a d’autres tentatives d’explication des crises, vues comme des erreurs collectives. Je pense en particulier au comportement moutonnier des marchés, aussi appelé spécularité ou mimétisme. Même conclusion que pour 1. et 2. en ce qui me concerne.
Cdt,
GSF
P.S. Très bonnes réflexions sur l’incertitude et le risque ! et merci pour les références bibliographiques, que je vais chercher de ce pas. Méfions-nous cependant aux formulations comme « réduction (ou augmentation) de l’incertitude » qui traitent l’incertitude comme une donnée observable, quantifiable, etc. Par définition, l’incertitude n’est pas quantifiable. C’est une croyance subjective, qui signifie que l’individu acteur croit qu’il sait ce qui va se passer. Dans ces conditions, il réduit sa demande de monnaie comme vous le décrivez très bien, etc. et il prend plus facilement des décisions à long terme dont le résultat est jugé certain (comme investir et embaucher).
P.P.S J’ai été confus dans ma formulation :
« Par définition, l’incertitude n’est pas quantifiable. C’est une croyance subjective, qui signifie que l’individu acteur croit qu’il sait ce qui va se passer. »
Il faudrait dire :
« La réduction de l’incertitude est une croyance subjective, qui signifie que l’individu acteur croit qu’il sait ce qui va se passer, tandis qu’en situation d’incertitude il ne le sait pas. »
Innovation et crises socio économiques
L’innovation n’est bien entendu pas la cause directe des crises mis à part quelques exceptions: révolte des Canuts à Lyon suite à l’invention de métiers à tisser programmables qui ont permis de fabriquer 10 fois plus de tissus aux motifs complexes par jour en utilisant presque 10 fois moins de personnel. Mais vous avez tout de même raison, c’est en fait le comportement des patrons, accaparateur des richesses dégagées par l’augmentation de productivité et qui ont préféré mettre au chômage les employés alors même qu’une loi de protection sociale existait : apparemment la loi des hommes n’a pas suffi à contrer la loi de la technologie et celle du profit.
Si les innovations ne sont que rarement aussi directement liées à des crises ou des révoltes elles ont en fait souvent plus d’importance que les idéologies ou les institutions politiques dans les changements profonds de la société, qui eux peuvent conduire à des crises et même à des révoltes. La révolution industrielle a apporté son lot de misères et de souffrance des peuples voir l’histoire anglaise à ce sujet. Marx a pu faire passer ses idées en s’appuyant sur les misères des populations ouvrières anglaises mises dans cette situation par les conséquences de l’utilisation de la machine à vapeur, c’est en partie au moins ce qui l’a conduit à la distinction entre les infrastructures qui conditionnent le rapport de force entre le facteur travail et le facteur capital (envisagé sous sa forme d’équipements fixes) et superstructures formées par les institutions et les lois qui les gouvernent. Les infrastructures sont modifiées par des innovations technologiques qui changent les rapports entre capital et travail et cela en accroissant le phénomène d’exploitation du second par le premier Les changements dans les superstructures ne sont que des essais d’adaptation aux changements dans les infrastructures.
Parfois les changements technologiques permettent des évolutions non prévues des comportements sociaux: l’application des machines à vapeur au fonctionnement des imprimantes allait mettre les documents imprimés à la portée de bourses qui ne pouvaient pas se payer des livres produits avec la technique ancienne de Gutenberg de presses opérées par des humains à la force de leurs bras. Cela allait permettre une diffusion bien plus rapide des idées en permettant outre l’impression des livres, la production d’une presse quotidienne qui allait radicalement changer le rapport des citoyens à leurs dirigeants politiques. Voir : http://www.fondationbodmer.org/fr/histoire.asp/2-0-105-4-4-1/
Ou la page sur une petite histoire de l’imprimerie :
http://cerig.efpg.inpg.fr/dossier/impression-numerique/page01.htm
Il est probable que la crise de 1929 ne se serait pas propagée aussi rapidement sans l’existence de ces médias même s’ils n’en sont pas la cause. En revanche déjà à l’époque une forte augmentation de la productivité dans les usines causée par l’utilisation de machines mues par des moteurs à vapeur http://fr.wikipedia.org/wiki/Industrialisation mais aussi avec l’électricité. Du côté des médias, l’apparition de la photographie dans les journaux et du cinéma reportage d’information dont les images allaient à nouveau changer le rapport des citoyens à leurs dirigeants. Petite anecdote à ce sujet, ma grand-mère vers 1912, alors femme de service auprès d’une baronne anglaise a pu s’asseoir dans un parc public londonien et parler pendant une heure à un monsieur qu’elle trouvait fort bien éduqué et fort poli, sans savoir, avant qu’un des gardes du corps de ce monsieur ne vienne lui dire « Savez vous qui était ce monsieur ? » « Non mais il était très sympathique… » « Il s’agissait du roi Georges V », scène inimaginable quelques années plus tard avec la publication des portraits des dirigeants politiques dans la presse populaire…
Plus tard, l’apparition de cette presse à grand tirage puis celle du téléphone allait amplifier la propagation du féminisme, même si ces technologies ne l’ont pas inventé. Notons aussi que d’autres technologies ont aussi parfois retardé ce développement du féminisme quelques dizaines d’années plus tard en répandant l’image de la femme objet dans les magasines « Glamour » ou au cinéma et à la télévision.
Il me semble que tous ces éléments sont assez conformes à la vision marxistes que les conditions matérielles de la production, fut-elle celle des médias, devance les idéologies.
Nous en avons un nouvel exemple avec l’impact d’internet sur les mouvements sociopolitiques, campagnes électorales faites à coup de Youtube ou de blogs divers…
Dernier point sur l’impact des technologies il est cumulatif et s’auto entretien de manière anarchique, c’est-à-dire sans qu’au moins en apparence il n’y ait derrière cette évolution débridée de « capitaines aux commandes… » Les grands groupes capitalistes industriels et commerciaux sont complètement dépassés, ne faisant au plus que s’approprier certaines de ces innovations quand ils arrivent à en voir l’intérêt, je rappelle qu’IBM avait refusé de racheter Microsoft…
Les financiers sont aussi bien en peine à comprendre ces évolutions et beaucoup se sont réfugiés dans des opérations de pure spéculation à court terme, tout investissement industriel et commercial à moyen et long terme étant devenu trop incertain… C’est à mon avis au moins en partie une des raisons qui ont fait que les banquiers se sont lancés dans des opérations financières risquées avec les produits dérivés et autres produits toxiques, opérations qui leurs semblaient sans doute quand même moins risquées que d’investir à long terme dans des technologies quelles qu’elles soient compte tenu des incertitudes quant à leurs évolutions à court terme : l’investissement productif et de distribution commerciale des produits demandant du temps pour être mis en œuvre matériellement, or dans ce temps une nouvelle innovation peut surgir « de nulle part » que ce soit au niveau du produit final ou au niveau de nouveaux processus de fabrication ou de commercialisation, rendant le premier investissement déficitaire. Je parlais des banquiers mais que dire des petits possesseurs de capital souvent acquis par un travail sous payé afin de préparer une retraite non prévue par les institutions. Ces derniers ou les organismes auxquels ils ont confié ce petit capital n’avaient pas plus de vision de l’avenir que les banquiers (dont ça aurait dû être le métier) ils ont donc joué le court terme eux aussi…
Bien que je l’ai déjà dit, je pense que cette situation dramatique ne sera pas résolue par des changements purement financiers. Il faut que les systèmes de répartition des richesses soient revus de manière à ce que les gains de productivité ne profitent plus seulement à une petite minorité. Cette petite minorité, même très riche n’achètera pas la masse des produits et des services créés par les machines automatiques, et ce ne sont pas les machines qui vont acheter ces produits et services, les machines ne consomment que de l’énergie et des matières premières.
Qui dans nos dirigeants politiques s’intéresse à cette nécessaire évolution vers un revenu universel pour permettre une redistribution plus équitables des gains de productivité ?ou au moins à un partage du travail par une réduction massive de la durée du travail à salaire égal, deux stratégies qui sont possibles justement parce que le productivité horaire du travail a augmenté considérablement. La réduction massive du temps de travail existe déjà mais sous une forme intolérable : temps partiel non choisi et rémunéré à l’heure donc entrainant un revenu ne permettant pas d’assurer les frais fixes des ménages : loyer et dépenses alimentaires de base… sans compter le chômage forcé (les économistes libéraux prétendent que le chômage est en fait le choix de travailleurs qui ne sont pas prêts à accepter un travail au prix du marché… En tenant compte du temps partiel non choisi et du chômage non choisi, Pierre Larouturou explique que la durée hebdomadaire du travail officiel aux USA est de 31 h, mais au prix de situations catastrophiques, où de nombreux employés sont obligé d’avoir plusieurs emplois pour arriver à survivre. Les retraités américains vivent dans l’incertitude du lendemain, devant suivre au jour le jour les cours de la bourse où se trouvent leurs pauvres économies dont ils pensaient pouvoir se servir pour finir leurs jours. J’ai connu un ancien ouvrier boulanger à la retraite, si on peut dire, qui à 80 ans passait plus de deux heures par jour à surveiller le cours des actions qui constituaient sa seule source de revenus…
Est-ce acceptable ? Voulons-nous en arriver là en France et en Europe ?
Il semble bien que nos dirigeants aient pris sans s’en rendre compte une attitude marxiste en laissant l’évolution technologique, l’infrastructure, tenir les rennes de la politiquela superstructure, rennes qui ne sont à mon avis qu’en apparence tenues par les financiers que cette évolution technologique dépasse en général totalement …
Paul T.
Je suis d’accord qu’il ne faut pas voir la crise actuelle seulement comme une crise financière, quoiqu’elle l’est. Je suis d’accord sur l’importance de l’acceleration de l’innovation, mais je crois qu’il y a un élément qui manque, et c’est la structure démographique de la plupart des sociétés européennes et aussi de la Japonaise. La population n’augmente pas et elle vieillit, ce qui signifie que la consommation, même s’il n’y avait pas de crise, se reduirait. Ces dernières années on a enregistré une croissance fausse dans les pays riches, mais vraie dans les pays pauvres où la population augmente et est plus jeune et consomme plus. Une fois que les populations des pays émergents arrivent au même point démographique du Japon ou l’Allemagne et elles aient déjá cummulé une certaine richesse, la croissance disparaîtra. Mais je me demande pourquoi nous avons besoin de croissance. Pour que les riches deviennent plus riches?
Bien sur Colomba, les causes d’apparitions de crises sont multiples. je ne prétends pas que l’évolution technologique puisse à elle seule expliquer la crise actuelle, mais qu’elle y prend part d’une manière importante et surtout peu rendue publique, les délocalisation avec les drames locaux qu’elle représentent sont plus intéressantes pour les médias qu’une perte d’emploi lente et diffuse bien que comme le dit Pierre Larrouturou et d’autres auteurs, l’accroissement de la productivité horaire met bien plus de gens au chômage que les délocalisations. Qui se préoccupe des jobs de secrétaires qui disparaissent quand les employés administrtifs et les cadres envoient eux même leurs e-mail et font leurs propres réservations de voyage d’affaires? Même si ces jobs de secrétariat n’étaient pas bien intéressants, ils avaient au moins le mérite de proposer une activité et un salaire de base. C’est vrai que pas mal de tâches poductives remplacées par des machines n’avaient vraiment aucub intérêt autre que de rapporter un maigre revenu. Mais a-t-on pour autant essayé de rechercher d’autres emplois qui soient à la portée de ces employés souvent en plus trop loin des capacités d’apprentissage à un certain âge, en matière de formation, fut-elle une formation dite tout au long de la vie,
Pour ce qui est du viellissement de la population, des articles circulaient dès la fin des années 1950n montrant dans un dessin un adulte portant allègrement en 1900 le poids des jeunes génération et de celles plus âgées, le même dessin montrant qu’en 1950 l’adulte commençait à peiner à supporter ces deux groupes des jeunes et des vieux… Et une projection pour l’an 2000 montrait cette fois une adulte complètement écrasé par ce poids. On savait donc depuis longtemps que cela devrait arriver. Quel homme ou femme politique a eu le courage de prendre le problème à bras le corps ?
L’un des défauts de nos démocraties est que les élus ne gouvernent en général qu’en vue de leur prochaine réélection, donc le long terme ne les intéresse pas…
Apparemment les progrès de la productivité horaire du travail ont permis de retarder quelque peu l’échéance; mais le phénomène de vieillissement ne va pas s’arrêter demain…
Il y a également des causes de crises économiques qui sont mal acceptées suite à l’arrogance des dirigeants actuels qui se croient tout puissants avec leurs industries et leurs armées: malgré bien des progrès scientifiques et technologiques des catastrophe naturelles continuent de causer des crises économiques… éruption volcaniques, nuages de cendres :-; tempêtes diverses et sècheresses dans les plaines de Russie en 2010, etc.
Restent, à l’origine de certaines crises les modèles économiques qui sous-tendent les prévisions financières, dont l’application par des programmes automatiques sur des machines informatiques de plus en plus puissantes et connectées quasi instantanément à l’ensemble des places financières mondiales arrivent à créer puis à amplifier des mouvements spéculatifs au niveau mondial. Il faut rajouter à tout cela le fait que ces programmes font tous l’hypothèse de comportements économiques rationnels alors que les agents économiques, quelle que soient leur tailles, de l’individu à la grande entreprise internationale ont des choix de comportements qui sont loin de se limiter à l’hypothèse de la rationalité économique pure dont les causes sont plutôt à chercher dans des analyses dépendant de la psychologie ou de la sociologie…
Vous dites « La population n’augmente pas et elle vieillit, ce qui signifie que la consommation, même s’il n’y avait pas de crise, se réduirait. » pour le moment au moins ce sont les classes d’âge à présent en retraite qui soutiennent en partie au moins la consommation de biens et services, bénéficiant, elles, des gains de productivité qui ont malgré tout permis un enrichissement des nations, même si cet enrichissement reste mesuré avec un outil absurde comme le Produit Intérieur Brut ou le Produit National Brut (différence subtile inventée par nos « comptables nationaux » sur laquelle je ne reviendrais pas…) Bien des jeunes ne consomment pas ou peu, leur horizon économique étant trop incertain pour s’engager dans des emprunts tels que pour financer l’achat d’un logement. Et économiser en prévoyance de tels investissements personnels, avec le niveau de salaire qu’ils arrivent à trouver n’est souvent pas envisageable. Je comprends l’exaspération des jeunes lycéens qui se disent qu’eux n’auront peut-être même pas un emploi avant longtemps, fut-il mal rémunéré, les adultes travaillant encore plus longtemps ne libèreront plus de postes de travail, et certainement pas de retraite leur permettant de vivre, même en ayant travaillé jusqu’à 75 ans comme ça risque d’être le cas en continuant sur les pas du raisonnement absurde de nos dirigeants et des économistes obtus qui les conseillent.
A mon avis une des meilleurs solution au problème des retraites serait la création d’un revenu universel, rendu possible par les richesses actuellement produites, ce qui n’empêcherait pas de s’occuper des problèmes d’environnement, même au contraire, les forces vives libérées d’un travail contraignant et sans intérêt pourraient être incitées à contribuer à la défense de l’environnement, chacune à son niveau et avec ses compétences propres, c’est le cas de le dire 🙂
Paul
Un revenu universel, c’est quoi ça. On parle de la retraite de base n’est ce pas, celle des salaires les plus bas mais qui doivent permettre de vivre une viellesse heureuse. Alors il y a plus simple: la tva sociale dont une fraction serait réservée a la retraite. Pas d’effet négatif du chômage, plus de souci de temps de cotisation. riches et pauvres cotiseront un peu avant leur naissance du fait de l’achat de leur berceau et un peu apres leur mort du fait de celui de leur cerceuil et la cotisation sera plus solidaire puisque l’achat du gros trimaran ou de l’énorme mercedes abondera davantage la caisse de retraite sans demander aux plus riches un effort extravagant puisque en fait l’effort étant en pourcentage sera le même. mai pas la somme, alors il y en a un qui est un peu plus favorisé et c’est celui qui en a le plus besoin. CQFD.
Changer de montre monsieur TREHÄ°N, vous cherchez trop souvent midi a 14H
Cordiales salutations.
Cher Monsieur Rambaldi,
Merci d’avoir ravivé cette discussion.
Pour ce qui est de « cherchez trop souvent midi a 14H », je pense que s’il existait une solution simple aux problèmes dont nous discutons ici, d’autres l’auraient déjà trouvée et nous ne serions pas si nombreux sur ce blog.
En fait dès qu’on aborde les problèmes humains on doit faire face à des réactions beaucoup plus complexes que dans d’autres domaines. Les relations entre les êtres humains individuellement ou en groupe ne sont jamais faciles à comprendre et encore moins à organiser.
L’idée de « Revenu universel ne vient pas de moi, de nombreux auteurs l’ont proposée avec diverses adaptations, selon les analyses de ces auteurs, certaines sont inspirées par l’idéologie libérale de marché, d’autres sont inspirées par des idées plus généreuses.
Dans une des formulations il s’agirait de verser à tout individu un revenu dit « universel » venant s’ajouter aux revenus existant de ces individus. Bien sur une part de plus en plus importante serait reprise par les impôts sur le revenu total dégagé: revenu du travail ou d’autres origines + revenu universel; Mais je ne parle pas de cette interprétation du terme revenus universel: voyez sur internet avec une recherche google ou Mozila, vous trouverez des masses d’informations à ce sujet.
Une des autres formes est appelée allocation universelle dans le cadre d’études consacrées à L’ Economie Distributive : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_distributive
Elle se rapproche assez des visions futuristes de Buckminster Fuller, dont j’essaierai de reprendre quelques idées à mon avis fort novatrices bien qu’ayant été écrites vers 1970…Ce sera dans un autre message.
Je faisais allusion dans mon texte à une des dernières adaptation, plus pragmatique qu’idéologique de l’idée de revenu universel. Adaptation qui a été proposée par Martin Ford dans un livre intitulé « Lights in the tunnel » (dont j’ai déjà souvent parlé) où il argumente de manière très documentée sur l’évolution structurelle vers la baisse du travail rémunéré dans les économies de l’OCDE et maintenant d’autres économies émergeantes, soumises à une automatisation de plus en plus poussée des processus de production et même de certains services.
Or ces pertes d’emploi entrainent par ricochets, des pertes de moyens de financement des politiques sociales, dont les retraites ne sont qu’une des facettes…
En effet pour le moment presque toutes les politiques sociales sont financées par les charges et cotisations sociales , elles même évaluées sur une base salariale. Donc moins d’emploi implique qu’il y aura moins de moyens pour toutes les politiques sociales et en particulier pour financer les retraites. (Augmentez l’emploi massivement et le problème du financement des retraites disparaitra… Mais comment fait-on pour Augmenter l’emploi massivement?
Martin Ford est lui-même un entrepreneur dans les hautes technologies et américain… Il reste donc dans l’ensemble favorable à l’économie de marché bien qu’en en constatant les graves imperfections dont il pense qu’elles peuvent cependant être corrigées, dans l’intérêt même de l’économie de marché, c’est pourquoi, j’ai qualifié sa démarche de pragmatique: ce n’est pas par idéologie qu’il veur que l’on puisse redistribuer des revenus aus personnes qui ont perdu leur emploi, c’est pour maintenir le niveau de la demande sur le marché.
Il n’envisage donc pas un changement radical de système économique : il fait remarquer que le moteur de l’économie dans laquelle nous vivons est « la demande finale », dont la plus grande partie trouve son origine dans la consommation de masse par des personnes ayant des revenus modestes ou moyens. La consommation de luxe par les personnes riches ne constitue en effet qu’une faible partie du total de la demande finale. Si les revenus distribués baissent, la demande finale baissera quasiment en proportion de la baisse des revenus des catégories les moins favorisées, en effet une baisse des revenus des catégories les plus favorisées ne changera pas grand chose à la demande finale sauf dans quelques secteurs tels que le luxe qui, comme nous l’avons vu, ne représentent qu’une faible part de cette demande finale.
Il propose alors de procéder à la récupération des salaires que l’automatisation des processus de production et de services ont fait disparaître, ceci au travers de taxes spécifiques sur les gains de productivité créés par l’installation de machines automatiques, afin de redistribuer à partir de ces taxes des revenus décents aux personnes qui ont perdu leurs emplois ou à celles qui n’arrivent plus à en trouver, ces postes de travail n’étant maintenant plus nécessaire car les tâches sont effectuées par des machines entièrement automatisées ou ne demandant qu’un dixième de la force de travail précédemment indispensable. Cette redistribution de revenus généralisée grâce au financement obtenus par une taxe sur les gains de productivité réalisés par des machines automatisées, permettrait alors le maintien d’une consommation de base. En effet, contrairement aux augmentations de revenus dans les très hautes tranches, ici, les augmentations de revenus seraient en général très rapidement converties en consommation ou en investissements en biens ménagers ou en achats de logements à usage personnel.
Martin Ford propose aussi des politiques incitatives pour que les citoyens rémunérés participent au fonctionnement du tissu social soit au travers d’actions se rapprochant du bénévolat soit même en complétant leur revenu universel par des emplois où il restera tout de même encore des besoins en travail humain, entre autre dans l’éducation, dans les services à la personne, domaine où il fait remarquer comme le faisait Jeremy Rifkin (auteur de « la fin du travail » que les machines ne sont pas prêtes de remplacer la relation humaine…
Dans un autre livre récent un autre Auteur Matthew Crawford développe l’idée que de nombreux travaux manuels ne seront pas non plus remplaçables même à long terme par des machines ni facilement délocalisables: « Eloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail ».
Ce livre montre par ailleurs à quel point l’orientation vers des filières professionnelles des jeunes en échec scolaire fut une erreur, le travail manuel demande de bonnes compétences intellectuelles: il ne suffit pas de savoir faire une soudure mais il faut aussi savoir ou, quand et dans quel but la faire… ce qui nécessite une bonne formation générale
Il montre aussi que les intellectuels purs feraient bien de « mettre une peu les mains dans la graisse « , on évitrait peut-être ainsi quelques unes de bévues de nos grands ingénieurs et diplômés des grandes écoles ou des universités, parmi lesquels trop peu ont vraiment vu de vraiment près la réalité du travail. Mais c’est un autre sujet. Je précise seulement qu’il ne s’agit pas ici d’une forme de démagogie mais d’une réalité bien vécue par moi pendant mon expérience professionnelle…
Martin Ford propose aussi d’encourager des activités culturelles et créatives pour les personnes recevant ce revenu sans emploi. Il n’est d’ailleurs pas le premier à y penser…
Pour ce qui est de la TVA sociale, elle a des avantages mais aussi de gros défauts, elle est très inégalitaire, car cette taxe est payée sur tous les produits, y compris les produits de première nécessité et par tous les membres de la société. Or elle représente une grosse part du revenu des personnes ayant un faible revenu qui consomment presque tout leurs revenus en produits soumis à la TVA et ne représente qu’une part minime dans les dépenses des personnes ayant de forts revenus. En effet même si ces dernières personnes paient une forte TVA sur des produits de luxe, elles n’en achètent pas au point de payer autant de TVA que n’en paient les personnes à faible revenus sur leurs achats courants et elles ne consomment pas beaucoup de produits de consommation courante, non qu’elles n’en aient pas besoin mais simplement parce qu’elles ne représentent qu’une faible proportion de la population même si elles reçoivent une masse de revenus très élevée en foncton de leur faible pourcentage dans la population. Il faut rajouter qu’un grande partie des dépenses des personnes ayant un haut revenu ne sont pas soumises à la TVA, bien qu’étant soumises à d’autres taxes.
Et pour conclure, pour être vraiment utile la TVA sociale, dépendrait elle aussi d’une reprise de la consommation de base et des achatsde biens diversd’investissements ménagers, or il y a un risque majeur d’assister à une baisse sévère de ces achats et de la consommation liée à la baisse de l’emploi. Je rappelle que même s’il s’agit en général d’emplois dans les bas salaires qui disparaissent, ce sont ceux qui par la taille des populations concernées achètent le plus en quantité absolues, plus que les dépenses faites par les personnes avec les hauts salaires et autres revenus, qui ne représentent que quelques pourcents de la population des pays même parmi les pays de l’OCDE, donc avec moins de demande finale il y aura moins de TVA à récupérer donc moins de TVA sociale à en tirer…
Une autre solution à cette horrible situation serait que les états se lancent dans des investissements massifs dans les domaines publics, mais contrairement aux investissements de type Keynésiens, il faudrait des investissements dans l’éducation et la santé ainsi que dans que dans les réseaux de transports au sen large transports de personnes, de biens divers, d’énergie et d’information investissements qui auraient tous l’avantage en plus de donner des emplois, d’en préparer d’autres pour le futur.
De plus de tels investissements publics devraient être coordonés au niveau international, faute de quoi, des phénomènes de dumping social et fiscal apparaitraient entre pays voisins.
Bien cordialement.
Paul
J’ai oublié de dire que Martin Ford mentionne également le rôle possible de la TVA pour financer en partie le revenu pour tous…
Autre manière de financer des investissements publics, cette fois ci suggérée par Pierre Larrouturou, qui fait remarquer que les taxes sur les sociétés sont inférieures dans les pays d’Europe qu’aux USA. Il suggère que le différentiel de taxes sur les sociétés devienne un impôt européen qui permettrait d’éviter les disparités directes entre pays européens, en effet certains ne voudraient pas appliquer une augmentation des taxes sur les bénéfices des sociétés, quand bien même il ne s’agirait que d’un rattrapage du différentiel avec les USA. Cela permettrait aussi de faire des investissements publics absolument nécessaires pour préparer toutes les infrastructures qui permettront à l’économie européenne d’être au niveau qui lui permetront de négocier avec les autres grandes puissances mondiales.
Quand je parle d’investissements publics absolument nécessaires, cela recouvre les investissement dans l’éducation, la santé et les infrastructures dont éducation et santé auront besoin dans le futur, mais aussi des infrastructures plus générales dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des transports de toutes natures: personnes, marchandises énergies diverses et transport des données.
Paul