Billet invité.
ELLE TOURNE ET ELLE RODE
Après avoir sévi sous sa forme aiguë en Europe – où une pause prévaut actuellement – elle menace les Etats-Unis, hier présentés comme relevant les premiers la tête et aujourd’hui devancés d’une longueur par les Européens. Comment s’y retrouver se lamentent les chroniqueurs à la mode d’antan ?
En Asie, les Japonais continuent d’être désespérément envasés dans une déflation endémique, tandis que les Chinois tentent de dégonfler leur gigantesque bulle financière immobilière, devenue noire et menaçante. Celle-ci, résultat de leur tentative de relance précipitée et massive, illustre par ses résultats malencontreux qu’ils continuent de dépendre de la poursuite de leurs exportations vers l’Occident. Ainsi, en interne, qu’un modèle de développement privilégiant la montée des inégalités.
Le développement de leur marché intérieur est décidément une entreprise de longue haleine, auquel ils ont tourné le dos en s’inscrivant dans la logique de la globalisation, et qui nécessitera des remises en cause dont on peut se demander s’ils seront en mesure de les accomplir, vu les intérêts en jeu. Ce n’est pas un problème propre à la Chine, il est partagé par toutes les puissances émergentes.
On ne peut toutefois pas s’en tenir à cette vision du monde région par région. Si la crise ne se manifeste pas simultanément partout de la même manière, elle n’en est pas moins globale.
La tendance n’est pas à ce que le pôle de croissance asiatique tire irrésistiblement derrière lui le reste de l’économie mondiale, comme le voulait une autre vision angélique. Au contraire, les difficultés des uns se communiquent aux autres et pèsent sur eux. La globalisation exerce toujours ses effets, mais pas dans le sens de la sortie de crise. Dans l’attente de son prochain épisode aigu, on ne sait trop où et comment, elle se confirme sourde et installée, aucun des problèmes qui en sont à l’origine n’ayant été véritablement réglé, continuant d’être superbement ignorés. Petit à petit, l’idée s’insinue même qu’il va falloir en faire son parti et vivre avec, s’installer pour une période indéfinie dans un provisoire durable et détestable.
En Europe, l’alerte rouge est passée. La zone euro n’a pas éclaté, aucun pays n’a eu à restructurer sa dette publique dans l’urgence, le système bancaire n’a pas craqué, le fonds de stabilité n’a pas eu besoin d’être activé. Mieux, la croissance globale de la zone remonte, bien que faiblement et surtout très inégalement.
Il faut toutefois y regarder de plus près avant de chanter victoire, car la partie n’est qu’engagée. Les résultats à l’export obtenus par l’économie allemande ne font que renforcer les écarts économiques au sein de la zone euro. Ce qui, pour une zone monétaire, n’est pas exactement ce qui devrait être recherché si l’on voulait la renforcer. Par ailleurs, les pays qui étaient menacés par la crise obligataire, et se sont engagés à marche forcée vers la réduction de leur déficit, font déjà face une forte détérioration de leur situation économique et sociale. Accréditant l’idée qu’une restructuration de leur dette s’imposera vraisemblablement dans les deux ou trois ans à venir.
L’accalmie qui prévaut sur le marché obligataire, aboutissant à une baisse des taux des pays les mieux dotés, ne doit pas masquer que les taux consentis par les autres pays aux seigneurs les marchés restent très élevés, pesant sur le service de la dette et renvoyant au risque de restructuration précédent. Cette dynamique vers le bas n’est pas brisée, d’autant que les retombées effectives de la croissance allemande vers les pays émergents risquent d’être limitées en Europe. Et que ces résultats sont fragiles. L’imbrication dette privée-dette publique, ainsi que le cumul des deux, restent le problème numéro un de l’Europe, qu’aucun répit passager ne peut effacer.
Enfin, le rôle apaisant qu’a joué la Chine sur le marché de la dette publique ne doit pas être ignoré, car ce sont ses acquisitions, notamment de la dette espagnole, qui ont contribué à la souscription des récentes émissions. La BCE pouvant fortement réduire ses interventions pour cette raison et non parce que les choses rentrent dans l’ordre, comme elle le prétend en brouillant les pistes.
Les Chinois n’ont en effet aucun intérêt à laisser se poursuivre la baisse de l’euro, qui pourrait restreindre leurs flux d’exportation vers le marché européen, et encore moins à un rebondissement de la crise qu’a connu la zone euro, qui pourrait la déstabiliser brutalement. Enfin, ils poursuivent avec persévérance leur objectif stratégique de diversification de leurs avoirs. Comme ils viennent de le faire de manière spectaculaire avec le yen japonais, ils acquièrent également des euros afin de ne pas accentuer leur dangereux tête à tête avec le dollar. Car ils font l’analyse que c’est celui-ci qui est à terme prioritairement menacé de dévalorisation, ce qui les atteindrait particulièrement vu la masse de leurs avoirs dans cette monnaie.
Décrire ainsi la situation, c’est reconnaître que la Chine a déjà largement en mains – de facto – les clés du système monétaire international, pour la simple raison qu’elle continue d’amasser de gigantesques surplus et dispose des plus grandes réserves monétaires. Ce qui n’est pas parti pour changer, au rythme qui est actuellement constaté d’accroissement de ces dernières. Les dirigeants chinois sont donc à la manœuvre, après avoir formellement abandonné le peg (la cheville) – la parité fixe entre le dollar et le yuan – tout en limitant drastiquement les variations de change de la monnaie du peuple (le renminbi, 元人民å¸).
Dans ces conditions, le moment viendra inévitablement où ils pourront faire valoir avec succès la nécessité d’engager sans plus tarder la réforme du SMI (système monétaire international). Elle bouleversera en défaveur du dollar la donne, sanctionnant les nouveaux rapports de force économique mondiaux. Les dirigeants chinois ont déjà annoncé qu’ils entendaient procéder avec prudence et progressivement, afin de ne pas jouer contre eux en précipitant une crise américaine qu’au contraire ils redoutent.
Mais revenons en Europe. Si les échéances ne sont plus immédiates, cela ne signifie pas qu’elles ont été repoussées très loin dans le temps.
Que 15 à 20% des commerces de la région d’Athènes aient été contraints dans les dernières semaines à la fermeture, pour ne prendre que cet exemple frappant, illustre l’ampleur du recul économique que connaît le pays, résultat de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse de l’endettement du commerce de détail. La semaine dernière en visite d’inspection sur place, le groupe des experts de l’Union européenne et du FMI a indiqué que la contraction de l’économie allait atteindre 4% en 2010 et, toujours selon les prévisions, se réduire de 2,5% supplémentaires en 2011, alors que l’inflation devrait atteindre 4,75% à la fin de cette année. Le taux de chômage officiel a en conséquence atteint 12% en mai dernier, 32,5% des jeunes de 15 à 24 ans sont désormais sans emploi. La réduction du déficit est par contre dans les clous, se sont félicités les mêmes experts. Combien de temps le pays pourra-t-il résister à ce traitement ?
Le gouvernement espagnol vient pour sa part d’annoncer qu’il prendrait, si nécessaire, des « mesures additionnelles » d’austérité pour atteindre son objectif de réduction des déficits. Car ses propres prévisions sont considérées comme optimistes par le FMI et la Banque d’Espagne. Elena Salgado, la ministre de l’économie, vient encore une fois de marteler que la réduction du déficit restait « la priorité numéro un». C’est que si en façade la crise espagnole est contenue, c’est autre chose quand on retourne les cartes.
Les banques espagnoles ont actuellement emprunté un montant historique de 130,2 milliards d’euros à la BCE, quasiment la seule source accessible de financement, les marchés continuant à leur être largement inaccessibles. Cela représente 30% des encours de la BCE dans la zone euro. Javier Ariztegui, gouverneur délégué de la banque centrale d’Espagne, avait en avril dernier déclaré que cette situation de dépendance ne pouvait pas durer éternellement, c’est toujours largement le cas. Ainsi, lorsque BBVA, pourtant l’un des deux fleurons du système bancaire espagnol, s’est rendu le mois dernier sur le marché obligataire pour y chercher 2 milliards d’euros, la banque n’y est parvenue qu’au prix d’un rendement très élevé.
L’Espagne reste donc suspendue en l’air, et avec elle la zone euro. Une affaire d’une autre dimension que la Grèce et qui pourrait déraper à plus court terme.
Au Royaume-Uni, George Osborne, le ministre des finances, essaye de débloquer le crédit bancaire en faveur des PME, afin que ces entreprises contribuent à relancer la machine économique toujours en panne. Par delà les communiqués diplomatiques de l’Association des banques britanniques (BBA), qui reconnaît que ses membres ont « un rôle collectif à jouer » – voulant dire que chacune d’entre elle ne peut être tenue responsable de ne pas y contribuer – un groupe de travail portant sur le financement de la reprise du secteur privé et regroupant les patrons des six principales banques du pays mène une réflexion à ce sujet, en vue de présenter ses conclusions au gouvernement en octobre prochain.
Sans surprise, mais non sans perplexité, on apprend que la principale piste qui est proposée, hors la relance des exportations via des mécanismes financiers de soutien à celle-ci (à laquelle la baisse de la livre apporte sa contribution), est la relance du marché de la titrisation… Ce qui n’est pas spécialement de bonne augure, étant donné que la titrisation est dans l’ensemble du monde financier occidental quasiment au point mort et que personne ne sait comment et à quels coûts elle va pouvoir reprendre. Certainement pas de manière aussi flamboyante qu’avant la crise, en tout cas, considèrent les analystes qui gardent les pieds sur terre.
George Osborne, chancelier de l’échiquier, et Mervyn King, gouverneur de la Banque d’Angleterre, se sont tout dernièrement étonnés du fait que les banques britanniques ne prêtent pas davantage aux PME, bien qu’ayant renoué avec les bénéfices cette année. C’était faire peu de cas de la logique dans laquelle elles inscrivent leur activité, avant tout préoccupées par le rendement de leurs propres fonds propres, ainsi que par la recherche d’opérations plus rentables et moins risquées sur les marchés financiers que de prêter aux PME britanniques. Elles sont donc prêtes à l’envisager, à condition de pouvoir se défausser du risque, d’où leur intérêt pour la titrisation.
Faute d’une relance de cette dernière – un marché que les investisseurs abordent désormais de manière plus que circonspecte pour avoir été durement échaudés, craignant d’importants taux de défaut des collatéraux en raison des perspectives économiques ambiantes – il est en effet peu vraisemblable que la machine à faire de la dette puisse être relancée, et avec elle l’économie qui en est devenue totalement dépendante par manque de fonds propres. C’est sans doute le cercle vicieux le plus redoutable auquel le capitalisme financier doit faire face.
En Allemagne, nouveau miracle encensé par les commentateurs, le niveau des exportations a retrouvé celui d’avant la crise. Entraînant une hausse des excédents commerciaux et de la balance des comptes courants. Le miracle a une explication qu’il faut chercher principalement en Asie, où la demande en machines-outils, voitures haut de gamme et produits chimiques s’est brutalement réveillée. Le taux de croissance de l’économie allemande s’est en conséquence élevé de 2,2% au second trimestre par rapport au premier. Ce qui a diminué le chômage partiel subventionné par l’Etat, mais pas amélioré le niveau de vie individuel des Allemands, sur lequel la hausse des prix et le coût de la santé pèsent.
Quant à elle, la situation politique empoisonne le climat, depuis la baisse qui se poursuit de la popularité d’Angela Merkel jusqu’aux dissensions qui continuent de se faire jour au sein de la coalition au pouvoir. Elle ne cesse de perdre du terrain dans les sondages électoraux. Le plan d’économies budgétaires en vigueur a épargné les plus aisés et fait peser le poids de l’austérité sur les classes moyennes, déjà lourdement mises à contribution durant ces deux dernières décennies. Paradoxalement, en raison des résultats économiques enregistrés, la situation se tend dans le pays.
Il a été relevé que ces performances reposent, pour une part significative, sur la vente de BMW, Audi, Daimler et Mercedes haut de gamme aux clientèles les plus fortunées des pays émergents, un marché qui n’est pas extensible à l’envi. 120.000 BMW seront cette année vendues sur le marché chinois, environ 10% de la production mondiale de la marque.
Les milieux d’affaire allemands expriment leur inquiétude face à cette nouvelle dépendance des exportations vis à vis de la Chine, dont la croissance tend à se tasser. Une situation de ralentissement général de la croissance, aux Etats-Unis et en Europe également, ne permettrait pas de répéter les performances actuellement enregistrées.
Voilà qui procure une image saisissante de la crise actuelle, au sein de laquelle les minorités plus fortunées se donnent la main sans considération du statut de leur pays d’appartenance, développé ou émergent : riches de tous les pays, unissez-vous!
85 réponses à “L’actualité de la crise: elle tourne et elle rode, par François Leclerc”
Tarif aérien: Athènes en baisse de 40%
Les tarifs aériens pour Athènes reculent de 40% sur un an pour un départ programmé entre le 18 et 25 septembre, selon le baromètre des billets d’avion Go Voyages-Relaxnews.
http://voyages.liberation.fr/actualite/tarif-aerien-athenes-en-baisse-de-40
http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/07/31/clockwise-spirals/?src=twt&twt=NytimesKrugman
Krugman : The conscience of a liberal.
De cette manière nous somme fixés : c’est un liberal.
En quoi il propose des graphiques incompréhensibles (déflation)…
Reflexion faite, les graphiques sont compréhensibles…
Libéral au sens US, quasiment un gauchiste…
Magnifiques graphiques! Effectivement si on anticipe en regard de 74/77 et 80/86, on a vraiment encore rien vu! Mais le pire quasi-certain n’est pas envisageable pour certains…
Ne pas oublier que « liberal » aux Etats-Unis veut dire « progressiste ». Pas révolutionnaire, mais au moins réformiste, pas libéral au sens français de partisan du tout marché.
@charlesA
Oui, libéral quasiment au sens français du XIXème. De gauche quoi.
« Libéral au sens US, quasiment un gauchiste… »
Peut-être quasiment un gauchiste aux USA. Mais ici, on appelle ça la gauche caviar ou encore le social-libéralisme. (Les conservateurs de là-bas, on les appelle ici des fachos).
Krugman nous écrivait il y a à peine quelques années des trucs du genre « la mondialisation n’est pas coupable ».
Krugman se fait même traiter de « Stalinien » dans une des réactions à son article! 😀
Complètement bargeots, ces conservateurs…
@Lisztf
Il ne faut pas oublier qu’un « liberal » au sens américain, est une personne plutôt à gauche…
Votre analyse sur la Chine est optimiste. En réalité, c’est le pays de tous les dangers et de la poudre aux yeux.En capacité de consommation intérieur: nombre d’individus, moitié du potentiel européen, en chiffres beaucoup plus, car leurs classes privilégiées est plus riches, leurs coûts quotidiens et leur fiscalité plus basse. Mais, ils sont déjà équipés et depuis longtemps. Ce marché est déjà en phase de remplacements, plus d’équipements. Quant au milliard et quelques autres, comment croyez vous qu’ils puissent consommer avec une moyenne salariale si basse. Pas moyen de les augmenter, la concurrence de prix de main d’œuvre indienne et surtout vietnamienne font déjà des dégâts considérables. Et fait majeur, le gros de leur clientèle mondiale a disparu. A qui vendre? US éclatés et européens en situation d’épargne, de hausse taxatoire et prévisions d’une énorme spéculation sur les M.P.. La Chine et autres émergents n’ont fonctionné que par NOTRE consommation occidentale.
Assez juste. Concurrence pas seulement Vietnam ou Inde. Pas mal d’autres.
Les entreprises chinoises du secteur de l’assemblage se sont précipitées depuis des années par exemple vers le Bangladesh.
Si, les Chinois peuvent augmenter leurs salaires. Le potentiel de leur marché interieur est énorme.
Etre tout le temps compétitif à l’exportation est une idée neolibérale. Dans cet ordre idée, la captation des richesses se fait selon l’avidité d’une minorité, ou dans le cas de Chine, dans le projet de capter l’économie réelle du reste de la planéte. Bien joué.
Dans une autre optique, le dévelopement de la Chine, et non pas l’enrichissement strérile de quelques happy few comme dans les pays du golfe, est la priorité. Et ensuite la bonne méthode c’est la redistribution.
La hausse des salaires et du pouvoir d’achat était pourtant le modéle des 30 glorieuses.
On ne voit pas pourquoi la Chine ne ferait pas pareil avec succés. Mais elle peut etre réticente, car cette politique peut entrainer des demandes de liberté et de plus de démocratie.
Quand on sort de la pauvreté, on demande plus de liberté…Pas l’inverse.
Ensuite une autre thése: La Chine ayant détruit une bonne partie de l’économie réelle de l’occident, elle pourra imposer ses prix à la hausse, car nous ne pourrons pas lui résister…
Un lien relatif à l’exploitation et aux luttes du prolétariat chinois. Loin des images d’Epinal médiatiques qui nous vendent miracle économique et travailleur chinois discipliné et soumis. 58000 grèves sauvages rien qu’au premier semestre 2009.
http://infokiosques.net/IMG/pdf/incidents_de_classe_en_chine-40p-A4-fil.pdf
Pour les autorités chinoises (cela est vrai aussi pour d’autres pays asiatiques qui misent essentiellement sur l’exportation), il est effectivement nécessaire de développer leur marché intérieur; elles en sont bien évidemment conscientes. Qu’elles puissent y parvenir, c’est une autre paire de manches. En effet, pour l’oligarchie bureaucratique qui a mis le pays en coupe réglé à son bénéfice, réformer le système, même en partie, c’est également remettre en cause une partie de ses privilèges de classe et mettre en oeuvre une gestion des affaires moins autoritaire. Pour un système politique, et plus particulièrement s’agissant d’un système de type autocratique, le moment le plus périlleux n’est il pas celui où il tente de se réformer.
Le système économique de ce pays tel qu’il existe actuellement ne tire son existence que de la mise en place de la nouvelle division mondiale du travail que l’on a appelé mondialisation. La remise en cause de cette dernière associée à la montée indéniable des revendications sociales et des révoltes spontanées face à l’exploitation capitaliste pourrait, je pense, constituer un cocktail explosif dans les années à venir.
Affaire à suivre de très près.
Pour paraphraser un ancien gaulliste: quand l’occident se réveillera, le monde suivra. Occident…surtout l’Europe.
Le dernier paragraphe fait penser à des mots comme « anatiofurtifs » ou des proportions comme « 99,99% de pigeons ». 😉
Quand se produira l’éclatement de la bulle immobilière, que les autorités chinoise paraissent incapables de dégonfler malgré leurs multiples moyens d’action, certaines illusions sur le mythe chinois vont s’effondrer avec et les limites du soi-disant tout puissant pouvoir central risquent d’être testées sans ménagement par tous les acteurs, nationaux ou internationaux.
Je sais pas pourquoi, mais je pense que c’est de l’empire du milieu que risque de venir la prochaine grosse déflagration, même si l’opacité de l’information qui y règne pourra en atténuer provisoirement le souffle et l’onde de choc.
Ce pays me fait vraiment penser à un géant aux pieds d’argile, déstabilisé en profondeur malgré les planifications centralisées et la prudence affichée par les autorités, vieillissant, déraciné, en grande partie sacrifié et bercé d’illusions sur l’autel de la croissance à deux chiffres. Qu’est ce qui se passera avec une croissance effective ramenée à 6, 4, voire même 2 % et pourquoi pas 0? Inimaginable? A voir. Il n’est que de voir les effets de la relance de Pékin en 2009 sur la bulle immobilière, boursière et les bilans bancaires (ICBC, China Construction Bank, Bank of China, 1ère, 3ème et 5ème banques mondiales en capitalisation…). S’ils doivent remettre ça alors qu’ils n’arrivent même pas à contenir la bulle en cours…
Bis repetita: Observez l’histoire de l’empire du milieu. Remplacez l’empereur par le P.C. Même féodalisme, même système de mandarinat corrompus, même état de la plèbe. Même géographie économique. Même présences financières étrangères avec les mêmes mobiles. Même servage. L’opium est remplacé par l’espoir de l’accès à la consommation type occidentale. l’espoir fait vivre et rêver, comme une drogue. Rien de neuf à l’est.
Bonjour !
@ Mr VIGNERON :
La réflexion que vous soulevez est juste. Ceci constitue une projection possible, voire fort probable.
Quant on regarde l’histoire de cette partie du globe, force est de reconnaître que son talon d’achille a, sur plusieurs périodes, le maintien de la cohésion…pour diverses raisons… notamment, ethnique et socio- economiques.
le parti central s’attache, de toutes ses forces, à maintenir cette cohésion. Si elle se fissure ( ce qui est déjà le cas dans plusieurs zones géographiques… et expéressement réprimandée), puis cède, on sera confronté à une onde de choc aux conséquences rapides et imposant un changement rapide dans cette zone géographique…
C’est d’ailleurs, ce à quoi s’emploie les américains aristocorporatistes, via leurs sbires et chacals de la CIA, en poussant à la faute le parti central, pour créer des fissures quant à cette cohésion, accélérer celles déjà présentes ( ouighours, nationalistes taiwanais vs libéraux taiwanais, séparatistes et nationalistes népalais, bouthanais, lamaistes, sans oublier ceux des zones actuelles multi-états comme le cachemire, l’arunacha pradesh, l’hamichal pradesh et du myannmar, notamment..)
suite de mon premier commentaire :
C’est également les cas pour certains pays européens, comme la GB … et la france !
Pour ce dernier, les négociations d’un accord stratégique entre le vietnam et la france, est tout sauf innocent.
Attention toutefois, à ne pas tomber dans le piège indirect tendu par les vietnamiens… et surtout chinois ( se référer à la situation actuelle en Irak, d’un point de vue géostratégique et économique, et non pas militaire/humanitaire).
Difficile de ne pas être tenté de faire le rapprochement entre les méthodes de l’impérialisme britannique et celles de l’empire US aujourd’hui. La corruption est une arme redoutable, qu’elle utilise de l’opium ou du papier-dollar, le résultat est garanti. Reste à savoir si la guerre du dollar aura lieu comme la guerre de l’opium. L’histoire nous apprend que les illusionnés payent en général plus cher que les illusionnistes…
Quant à la corruption interne dans la nomenklatura chinoise, je ne me suis pas intéressé à elle spécialement, mais je subodore qu’elle doit déjà avoir sacrément envahi les lieux quant on voit les difficultés que le PC chinois rencontre pour stopper la spéculation malgré le pouvoir quasi illimité et les moyens coercitifs qu’il peut théoriquement mettre en œuvre quand bon lui semble, et de la manière qui lui sied. Bien sûr que les processus pervers financièrs et économiques jouent là-bas comme ailleurs, mais quand même! Entre le gvt chinois et des entités gouvernementales occidentales possédées, « Aliénées », par les spectres de la Phynance, il est censé y avoir un petit distinguo…
Apparemment non. Et pour cause…
Oui, Krugman est libéral, parce qu’il est keynesien.
Keynes se qualifiait lui même de néo-libéral.
La belle affaire.
Félicitation M. Leclerc F, un très bon rapport de la situation mondiale ouvrant la discussion en cette séance du lundi 16 aout du bureau politique de l’Internationale ouvrière révolutionnaire. Je plaisante !
Certes il n’ait rien dit sur notre pays, mais sans doute considérez-vous que le président-bonapartiste et la quasi totalité de son gouvernement en vacances, la seule ministre des finances, M. Lagarde, en première ligne à continuer de nous raconter des sornettes, pas de catastrophes naturelles en vue sur l’hexagone, des deuxiémes et troisième couteaux du parti au pouvoir, alimentant méchamment et maladivement la chasse aux Roms, pauvres bougres-émissaires victimes expiatoires d’enjeux politiques les dépassant, tout ceci ne mérite pas même mention.
Personnellement j’en aurait fait écho quand même, si j’avais été à votre place, car la lutte des classes est nationale dans sa forme, internationale dans son contenu. Nous sommes français, c’est en France qu’il nous faut porter en priorité notre sens critique et nos analyses.
Vous dites qu’en Allemagne, sans doute le pays le plus important pour une évolution positive de la lutte des classes sur notre continent:
« … Le plan d’économies budgétaires en vigueur a épargné les plus aisés et fait peser le poids de l’austérité sur les classes moyennes, déjà lourdement mises à contribution durant ces deux dernières décennies. Paradoxalement, en raison des résultats économiques enregistrés, la situation se tend dans le pays… ».
Tout cela est vrai, mais permettez moi, M. Leclerc, de vous interroger sur la signification de ce terme « classes moyennes » dans votre pensée.
Plus exactement, ne croyez-vous pas qu’il serait plus pertinent pour l’analyse, de prendre l’habitude de différencier prolétariat et petite bourgeoisie ? Lorsque vous mentionnez que l’austérité sévit là bas depuis « deux décennies », donc bien avant la grande crise qui met à mal les petites entreprises, plus en Grèce qu’en Allemagne d’ailleurs, ne croyez-vous pas qu’elle touche en premier lieu le prolétariat allemand ?
Vous plaisantez, en conclusion de votre excellent article, par le provocant slogan » riches de tt les pays, unissez vous ! » (bien qu’il ne suffit pas de se vendre des BMW pour sceller une entente politique ), mais nous cher François, devons-nous leur répondre par un tonitruant « classe moyennes de tt les pays, unissez-vous … dans l’ambiguité et la confusion » ?
Et les pauvres alors ?
C’est vrai, je parle peu des pays où la majorité des lecteurs du blog résident, dont la France mais aussi la Belgique, la Suisse ou le Québec (pour m’en tenir à eux), parce que ceux-ci sont exposés à plus d’informations sur leur pays. C’est aussi parce que la crise que nous connaissons est globale, ce qui implique de tenter d’en saisir les mécanismes généraux.
Quand au concept fourre-tout de classes moyennes, je l’utilise par commodité. Pour ne pas entrer dans une analyse d’ensemble de l’évolution des sociétés occidentales. Se référer à la lutte des classes implique en effet une mise à jour de ce qu’elles sont devenues. Un vaste débat, parmi d’autres…
Et les pauvres dans tout cela, demandez-vous ? Hassan Fathy, grand architecte égyptien, a un jour expliqué que « il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres! ».
@Rideau Philippe: « ne croyez-vous pas qu’elle touche en premier lieu le prolétariat allemand ? »
Je pense que vous vous trompez si par « la petite bourgeoisie », vous entendez la classe moyenne salariée. Coller « bourgeoisie » et « salarié » est sans doute un oxymore. Donc la classe moyenne salariée est le prolétariat (il s’est enrichit depuis Marx, certes). Ce que vous appellez « prolétariat » est sans doute le lumpen proletariat (qui s’est lui aussi enrichit depuis Marx grâce à l’Etat-Providence).
Pour en venir au fait: c’est bien la classe moyenne (c’est-à-dire le prolétariat) qui trinque. Le lumpen proletariat est, d’après les études sur le sujet, relativement épargné (et ce sera le cas tant que les aides sociales tiendront).
Je trouve comique tout ce jargon communiste désuet ! On se croirait revenu au temps de Georges Marchais, encore qu’il fut, lui, bien plus amusant. Ici, c’est du comique involontaire et pesant.
@Senec C’est en effet tellement ha been. Tiens, je propose :
100-95 : les « méritants »
75-95 : les « tauliers »
10-75 : “les variables d’ajustement“
0-10 : “les parasites »
Moins coco, et tellement plus proche de notre modernitude, n’est-ce pas ?
@ Senec
Si Paul, François et pratiquement tous les autres sont désuets en parlant de classes sociales, proposez-nous d’autres catégories qui permettent de comprendre mieux.
Mais de grâce, gardez vos nostalgies d’ancien régime, avec ses serfs et ses seigneurs. C’est complètement hors sujet.
@moi
Euh, là tu pousses un peu p’têt… Difficile de faire trinquer ceux qui ont déjà un verre vide. Et qui représentent à la louche des deux cotés du Rhin, un bon 20/25% de la population. Et pourtant ils trinquent bel et bien, plus que jamais.
Hola Hola ! Comme vous y allez M. Senec : « comique » ! « Pesant » ! La courtoisie dans le débat ? Vous connaissez ? De toute façon je pensais que c’était le capitalisme financier qui était considéré comme « désuet » sur ce blog ! Aussi cher monsieur, peut-être devriez-vous entendre le philosophe Aron, qui en fin de vie, conseillait à des gens comme vous, de lire Marx avant de le rejeter, voir l’insulter.
Voilà ce qui arrive lorsque par « commodité », un chroniqueur s’en tient à des formules « fourre tout ». Il y a une grande confusion chez le lecteur.
M. Moa par exemple s’emmêle allègrement les crayons dans une sociologie de base, qui était encore largement admise, de l’époque de Jojo. Manifestement l’opération décervelage ces 25 dernières années aura fait de sacré ravage:
« …Je pense que vous vous trompez si par « la petite bourgeoisie », vous entendez la classe moyenne salariée. Coller « bourgeoisie » et « salarié » est sans doute un oxymore. Donc la classe moyenne salariée est le prolétariat (il s’est enrichit depuis Marx, certes). Ce que vous appellez « prolétariat » est sans doute le lumpen proletariat (qui s’est lui aussi enrichit depuis Marx grâce à l’Etat-Providence)… »
M. Moi, je vous rassure, la classe ouvrière moyenne n’est pas à mes yeux la petite bourgeoisie. De même « la classe moyenne salariée » n’est pas à elle seule le prolétariat, au sens ou Marx employait ce terme, et pour tout dire, selon la définition du dictionnaire.
Parce que nous nous refusons à faire de la politique et de la sociologie, armé d’un double centimétre pour mesurer la taille de chaque salarié: classe moyenne, classe grande, classe petite, nous autres marxistes, nous nous en tenons à cette grande définition des classes sociales:
– Il y a la classe bourgeoise : propriétaires des grands moyens de production et d’échange. Le Capital .
– Il y a la classe ouvrière ou le prolétariat (synonyme): ensemble des travailleurs salariés, qu’ils soient « col bleu » ou « col blanc », « manoeuvre » ou « maitrise ». Dans cet ensemble je crois nécéssaire de distinguer « l’aristocratie ouvrière » (salariés jouisant d’une relative sécurité de l’emploi, de relatif bon salaire etc, bref vous savez les mecs de la SNCF ou de la RATP qui sont tj en grève ! Je suis membre de cette ariiiistôôôcrathie ), bref voilà Le Travail.
– A coté de cette classe des salariés, il y a la petite bourgeoisie. Cette classe travaille, et même elle travaille souvent bien plus que le prolétariat. Mais voilà, la difference fondamentale c’est qu’elle travaille à son compte et avec ses propres moyens de production. Elle n’est pas salariée. Vous surprendrais-je si j’affirme que cette classe est par nature assez anti-communiste ? son existence repose sur la propriété individuelle et les communistes ont la fâcheuse tendance à la décrier cette sacré propriété. Alors !!!
Ce que les journalistes bourgeois nomment « classe moyenne », c’est une masse d’individus qu’ils considérent plus en fonction de leur pouvoir d’achat, de leur capacité à être des bons consommateurs, que de part leur origine de classe.
La classe moyenne chez nous c’est: la petite bourgeoisie (quand les affaires tournent et les indices boursiers montent au ciel ) et le haut du prolétariat (cette aristocratie ouvrière, d’autant plus consommatrice que les banques le lui permet). Mais en Chine par exemple, cette même « classe moyenne », ne compte en son sein paradoxalement, pratiquement aucun ouvriers, certes depuis quelques années quelques petit bourgeois de Shangai, mais alors beaucoup, beaucoup de zélés serviteurs du parti communiste chinois (simple caste de bureaucrates parasites vivant sur le dos du peuple travailleurs).
bref j’ai dit que je ne croyez pas judicieux l’utilisation de ce vocable fourre tout qui obscurcie plus qu’il n’éclaire le débat. Alors pourquoi tant de haine ! (lol)
Enfin est pour finir, il y a ce que les vulgaires appellent la classe des pauvres et les sociologues marxistes, mais pas seulement, le « lumpen prolétariat », textuellement et traduit de l’allemand: le prolétariat en haillon. haillon enfant de la Patrie, quand donc arrivera le jour de gloire !
Cette classe est composée des chômeurs, surtout ceux non couvert ou en fin de droit; les marginaux, les clochards, les travailleurs sans papiers, ne pouvant se placer qu’à la journée chez des patrons sans scrupules, les sans le sou, les damnés de la terre.
« il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres! » nous dit l’ami François.
Dieu n’existant pas, cela n’ont donc rien, et nous devons pour eux, nous battre à mort, ensemble, ouvrier et petit bourgeois, contre l’inertie des choses, contre la bêtise et l’égoisme, contre la bourgeoisie menant le monde dans l’impasse, pour un systéme qui les feront nos égaux, le Socialisme.
M. Moi, nous sommes d’accord sur un point: c’est bien le prolétariat qui paye en ce moment le plus dur tribut à la Crise. La petite bourgeoisie va morfler certes, mais lorsque les indices boursiers et les monnaies vont s’effondrer. Il y aura des millions de petits entrepreneurs qui vont faire faillite. j’ose espérer qu’elle se tournera intelligemment et avec respect vers le prolétariat et qu’elle dirigera sa grande et légitime colère en direction de la seule classe sociale responsable de son malheur: La bourgeoisie et le capitalisme, qui lui seul tombe un peu plus chaque jour en désuétude. Alors la victoire, sans même user de violence, sera certaine. Dans le cas contraire …
Salutations léniniste
Cher Philippe Rideau, merci pour vos contributions très éclairantes. Une petite question cependant : êtes-vous vraiment communiste ? Pourquoi je vous le demande ? Parce qu’il y a des indices troublants depuis votre premier message (mettre Lénine et Trotski dans le même bateau, vraiment ?) et dans celui-ci : « … Alors la victoire, sans même user de violence, sera certaine ». Tant de choses dans ce que vous dites qui ne sont pas dans le style des communistes que j’ai eu l’occasion d’observer au fil de longues années. Ceci dit, vous appartenez peut-être à un nouveau type, ou à une nouvelle génération. Sait-on jamais ?
Bonjour M. Jorion.
Tout en vous remerciant de vos encouragements, permettez moi de vous féliciter vous-même pour le combat que vous menez – à contre courant – et la qualité de votre blog et de vos collaborateurs. Bonne chance pour la rédaction de votre ouvrage.
Ce faisant, permettez-moi de me montrer surpris de votre surprise à mon égard.
Bien sûr que je suis communiste, et cela depuis plus de trente ans.
Vous vous étonnez de la proximité de vue chez Lénine et Trotsky. Mais enfin Paul, « trotskysme » est une invention de Staline. Le véritable nom, dès l’origine, des trotskystes étaient « bolchevik-léniniste », en opposition aux « bolchevik-stalinien ». Trotsky, en tant que dirigeant bolchevik de premier ordre dans l’URSS, à partir de la mort de Lénine, devant la dégénérescence bureaucratique du régime ouvrier, jusqu’à le fin de ses jours, resta fidèle à la pensée de Marx et Lénine. Son bouquin « La Révolution trahie » par exemple, est de ce type de document incontournable encore aujourd’hui, pour comprendre le présent et nous projeter dans le futur.
Je n’appartiens pas à un nouveau type de communistes où je ne sais quelle génération spontanée. C’est derrière Engels (et l’ensemble des théoriciens marxistes) que je ne désespère pas d’une révolution socialiste pacifique. Engels, en fin de vie, entrevoyait déjà cette possibilité, à partir du moment où le peuple (classe ouvrière et petite bourgeoisie), instruit et convaincue par la raison de l’Internationale Ouvrière (la deuxième) saurait désarmer les capitalistes. Certes il y eu la première guerre mondiale et après la mort de Jaures, la faillite honteuse des dirigeants sociaux-démocrates de la II internationale (sauf Lénine Trotsky Luxembourg Liebnecht fondant la III ). Bref pour de plus amples informations :
http://www.marxists.org/francais/liebknec/index.htm
http://socialisme.free.fr/liens.htm
Cher M. Paul Jorion, je ne peux évidemment pas aller plus en avant dans le cadre de cette réponse, mais permettez moi, au risque de me montrer pesant pour les « comiques », de vous inviter à parcourir l’histoire du mouvement ouvrier, avant même de coucher sur le papier la première phrase de votre ouvrage en préparation.
C’est quoi à la finale un gouvernement ouvrier et paysan, sinon une alliance politique entre le prolétariat et la petite bourgeoisie ?
@vigneron: j’insiste, le lumpen proletariat (en gros, les assistés sociaux) n’ont pas vu leur pouvoir d’achat diminuer (sauf peut-être récemment). Le proletariat par contre a vu ses revenus diminuer depuis quelques décennies et surtout il est précarisé et se retrouve facilement déclassé (perte d’emploi, etc). Le résultat est que le lumpen proletariat augmente.
@Rideau Philippe: je suis d’accord avec vos catégories, c’est bien ainsi que je les entendais. Par contre, en Belgique où je vis, la classe moyenne est bien essentiellement le proletariat (on y inclus aussi la petite bourgeoisie). D’après ce que vous nous dites, votre classe moyenne n’a plus rien de moyenne (petite bourgeoisie + élite prolétaire), d’autant plus que la petite bourgeoisie (et ce qu’il reste de paysannerie) est souvent bien plus mal en point que l’élite prolétaire.
@Paul: si j’ai bien compris, la victoire sans violence c’est uniquement si la petite bourgeoisie s’allie au proletariat (et que ce dernier est uni). Dans ce cas, évidemment, les élites capitalistes trop peu nombreuses ne pourraient faire que s’adapter au nouveau rapport de force.
Par ailleurs, j’attends toujours un exemple historique d’un changement pacifique au niveau du pouvoir. Cela ne préjuge pas du futur, mais…
@moi
« le lumpen proletariat (en gros, les assistés sociaux) n’ont pas vu leur pouvoir d’achat diminuer »
Comment diminuer ce qui ne peut être diminué? Il me semble que c’est une des règles d’or du capitalisme, tout comme des théoriciens ultra-lib modernes, que de maintenir un niveau de revenu minimum correspondant à la subsistance du « stock-outil » de marchandise humaine, qu’elle ait une fonction productive pure en société de capitalisme de production « classique », une fonction de régulateur à la baisse du coût humain sur le marché du travail, ou « d’optimisation » du niveau de consommation dans nos sociétés postmodernes.
Faut pas gâcher la marchandise humaine et la laisser perdre ou crever! Même, voire surtout, si elle ne coûte pas cher…
@vigneron: « Comment diminuer ce qui ne peut être diminué? Il me semble que c’est une des règles d’or du capitalisme, tout comme des théoriciens ultra-lib modernes, que de maintenir un niveau de revenu minimum »
Oui. Et d’ailleurs ça peut diminuer et ça va diminuer (si la résistance n’est pas assez forte). Prochaine étape: suppression du noyau dur des acquis sociaux (sécurité sociale, allocations de chômage, allocations familiales, etc). La retraite n’est qu’un début. D’abord, ils affaiblissent le prolétariat, ensuite ils s’occupent du lumpen proletariat. Enfin, c’est l’objectif du moins, je n’ose croire qu’il soit atteignable.
Les billets de M LECLERC sont toujours particulièrement interressants.
Celui ci m’apparait cependant contenir une contradiction :
– 1) il y est affirmé que la Chine ne peut tirer la croissance des pays développés
-2) que les excédents de la balance des paiments Chinois sont toujours plus hauts
-3) que les succes de l’économie Allemande ( au dernier trilmestre , relativisons !) sont dus aux exports vers la Chine.
veuillez me pardonner mais il me semble que les propositions 2 et 3 ( basées sur des observations) infirment la proposition 1 , qui n’est qu’une opinion ( peut être bien éclairée , mais cela reste a démontrer).
Dans ce schéma décrit par M LECLERC se dessine un monde encore plus globalisé et intégré que celui que nous connaissons depuis 30 ans , mais avec des acteurs affirmant leur position de domination ( Chine et Allemagne ) et d’autres ( beaucoup d’autres dont la France et les US) perdant de plus en plus leur substance et richesses par des déficits commerciaux récurents.
Et un groupe intermédiaire de pays producteurs de matières premières ( pays pétroliers, Australie voir Brésil).
Rien de nouveaux donc , sauf la persistance et même l’amplification de ce qui nous a conduit dans la situation actuelle.
Malheureusement ce déséquilibre pourrait se poursuivre longtemps encore et peser sur les classes moyennes et pauvres des pays perdants jusqu’a ruine complète.
Un point d’accord avec M LECLERC , les classes supérieures de tous ces pays ont effectivement interet a la perpétuation de ce mécanisme infernal et se donnent volontiers la mais par dela les frontières et les cultures.
Et aucun levier a l’horizon pour changer le rapport de force.
Ah parce que le « débiteur » importateur plus ou moins insolvable est nécessairement en plus mauvaise posture, en perte de « substance », que le « créancier » exportateur spolié avec sa population suant sous le harnais de l’exploitation salariale et la rigueur vendant ses richesses naturelles ou technologique contre de une éventuelle monnaie de singe?
Désolé, mais pour moi fa France et les US sont des pays pratiquement foutus, l’Allemagne totalement.
C’est avec des visions de cet ordre, de petits comptables vertueux, qu’on va tous dans le mur…
La contradiction que vous relevez n’est à mon sens que relative.
Il n’y a pas de commune mesure entre la vision qui était promise d’une économie asiatique sauvant le monde grâce à son taux de croissance et ce à quoi nous assistons.
Certes, l’économie chinoise tire les exportations, en premier lieu de l’Allemagne et du Japon, mais qu’en sera-t-il demain si la croissance chinoise venait à faiblir, ce qui est craint alors que l’on mesure mieux ce sur quoi elle repose ?
On sait par ailleurs la fragilité des économies dont le moteur est pour l’essentiel l’exportation et qui ne s’appuient pas parallèlement sur leur marché intérieur: elles sont très dépendantes de la conjoncture.
Si le monde apparaît de plus en plus à deux vitesses, c’est de moins en moins en raison de la coexistence de pays émergents et développés, mais aussi à cause de celle de deux autres mondes qui se côtoient : celui qui accède à un mode de consommation à l’occidentale et l’autre, numériquement beaucoup plus nombreux dans les pays émergents, qui le contemple dans dans la vitrine. Dans les pays développés, on parle d’une Tiers mondisation qui ne résulte pas uniquement de l’immigration mais également de la paupérisation.
je me suis voulu quelque peu provocateur , M VIGNERON et je ne pense pas en effet que le sort de la classe ouvrière Allemande « suant le burnous » et se « serrant la ceinture » soit plus enviable que celui de son homologue Française obligée de compenser une « mauvaise » spécialisation de l’appareil productif national par un surcroit de productivité prix (si ce n’est qualité) et par la disparition du système de protection sociale.
Le soucis c’est qu’il restera moins de miettes à distribuer à « nos » pauvres en France qu’en Allemagne et plus beaucoup de société « mères » capables d’impulser une statégie a partir de ce territoire. Stratégie qui pourrait au moins à la marge tenir compte de l’état social du pays du siège ( cf pensez vous que les salariés de feu saint Gobains ne seraient pas un peu mieux traités si cette société avait encore une autonomie de gestion ?).
pour moi la France et les Etats unis se font tirer le sang de pays au bord de l’anémie ( la fable du parasite qui tue son hote certes , mais qui meurt le dernier).
M Artus a commis la dessus un fort bon billet en mars 2010 ou il fustigeait la stratégie « suicidaire » de l’Allemagne qui nous oblige à la « rigueur » . Statégie suicidaire certes , mais d’abord meutrière à notre égard et ça change beaucoup de choses ! parce que tant que nous ne sommes pas quasi morts des pays commes l’Allemagne ou la Chine ne changerons pas une stratégie jusque là gagnante pour leur classe dirigeante et « moisn perdante » (cf le taux de chomage en Allemagne ) pour leur classe laborieuse.
Et cette pression peut durer tant que le malade bouge.
M LECLERC nous sommes sur la même longueur d’onde quand vous écrivez :
« Si le monde apparaît de plus en plus à deux vitesses, c’est de moins en moins en raison de la coexistence de pays émergents et développés, mais aussi à cause de celle de deux autres mondes qui se côtoient : celui qui accède à un mode de consommation à l’occidentale et l’autre, numériquement beaucoup plus nombreux dans les pays émergents, qui le contemple dans dans la vitrine. Dans les pays développés, on parle d’une Tiers mondisation qui ne résulte pas uniquement de l’immigration mais également de la paupérisation. »
Transfert de richesse par l’excedent commercial ( produit par l’intensification des échanges) des classes moyennes ou pauvres des pays développés vers les classes riches des émergeants .
je ne vois tout simplement pas ce qui pourrait faire changer la donne et rendre non souhaitable la politique du « tout export » de pays qui mennent la danse actuellement , soit l’Allemagne pour l’Europe et la Chine pour la « chinamérique ».
les craquements que certains ici entendent en Chine ne me paraissent pas de nature à inverser le processus , mais simplement à le ralentir .
Les bulles sont alimentées par de l’argent venant du commerce extérieur et peuvent éclater sans remetre en cause ( et même en renforcant à court terme) l’orientation exportatrice de l’économie Chinoise.
Attention du coté US on est peut être arrivé à un terme…..les déficits des balances des paiements sont peut être tels que le mode « endettement » n’est plus possible. peut être.
Il faudrait un brutal effondrement du commerce internationnal et un re-couplage des zones de productions avec celles de consomations pour que le rapport de force entre le capital et le travail puisse s’équilibrer quelque peu.
Et là toujours rien en vue !
Comme pour venir confirmer le commentaire de François Leclerc, un article du Wall Street Journal:
Les Allemands ordinaires se sentent laissés derrière.
La presse allemande tirait en fin de semaine dernière une autre sonnette d’alarme la semaine dernière sur les 1,5 trillions d’euros que les banques européennes doivent refinancer d’ici à fin 2011, plus les 500 millions dus au titre aides publiques reçues des divers gouvernements
Die neue Crash Risiken: Das 2000 Ms Euro Problem der Europáischen Banken
[…] This post was mentioned on Twitter by Éric Chwaliszewski, Denis Fruneau. Denis Fruneau said: #BlogPaulJorion L’actualité de la crise: elle tourne et elle rode, par François Leclerc: Billet invité. ELLE TOURN… http://bit.ly/bTPYG6 […]
Quelque chose se passe…depuis 10H30 ce matin, on observe une incroyable flambée du cours de l’or, un peu plus tard, c’est l’euro qui lui se met à dégringoler…
Des rumeurs circulent concernant la solvabilité des banques.
Effectivement à 10:30 l’or est fortement monté mais il est reparti ensuite quasiment au même niveau qu’a 08:00.
bonjour
peut-être parce que les métaux précieux (essentiellement cotés en dollars) sont confrontés à la hausse du dollar par rapport à l’euro!!!
Chris
@Francisco: normalement si le prix de l’or monte, c’est que le dollar baisse. Non? Du fait qu’ils sont libellés en dollar, ils devraient coûter moins cher (en dollars) si le dollar prend de la valeur.
Que l’or monte très fort en même temps que le dollar, c’est assez inhabituel il me semble.
Toutefois , je considère que la stratégie américaine est erronée, porteuse de graves conséquences sur le moyen terme.
Il serait préférable de raisonner la chine, et l’accompagner, avec le paramètre du temps bien évidemment, dans un développement contrôlé.
De ce fait, la plus grave erreur récente est celle, de mon point de vue, est celle de s’est immiscé dans les affaires de l’IRAN, d’une part; et poursuivre dans cette voie. Nous avons tous ( occidentaux comme pays de la mer caspienne au Japon, a encouragé, facilité les accords, projets entre l’inde, le Pakistan et l’Iran, en favorisant une recomposition étatique de la région.
Les porte-avions aux couleurs de l’US-Navy de la politique géo-stratégique et « pent-agonique » US ne se manœuvrent surement pas plus facilement que les porte-avions bancaires et financiers des intérêts capitalistes aux couleurs du star spangled banner!
Surtout quand les deux flottes avancent de concert et n’ont qu’un seul mot d’ordre : « Maintenez le cap et poussez les machines! »
Amazing! isn’t it? 🙂
Les pays d Asie vont tirer la consommation chez nous
Un doux rêve
Des réflexions de bon sens de mère de famille gérant un budget
Comment continuer a importer si la balance est pas équilibrer combien de temps vas t on nous faire crédit
Comment acheter sans salaire sans indemnités avec les prix qui augmentent
Que vas t il se passer quand on nous fera plus crédit
Comment fabriquer qqchose chez nous
Quand un salarié coute au bas mot 2000€ mois et
Un chinois 100€ mois
Un cambodgien 28€ mois
Un thaï 129€ mois
Un polonais 300€ mois
Etc.
La solution est simple supprimer les aides diverses sécu retraite chômage etc. donc les charges ce qui ramènerai le salaire a environ 1200 mois mais c est pas encore assez alors baisse de salaire et augmentation des heures suppression des congés etc.
Ne sommes nous pas engagées sur cette voie en Europe Et la nous serons enfin compétitif
Les stages des jeunes non rémunérés les alternances ne sont il pas déjà sur la bonne voie pour préparer le terrain
Les emplois précaires créant la peur de ne pas avoir un salaire
Mais on achètera rien pas de pouvoir d achat
Connaissant bien la Thaïlande je vais vous dire ce que j y vois depuis pas mal de temps
Les salaires n’ont pas bougé de puis 2003
Le bol de nouilles « kwai tthio » est passé de 20 a 30 bath 50% et idem sur un max de produit
En ce moment le sucre est monté très haut donc tous les restaurants de rue vont encore augmenter leurs prix « on met du sucre dans énormément de plat »
Les fruits le poulet les œufs le riz tout a augmenté
De moins en moins de touriste des grands hôtels de luxe fermé
Une anecdote les spéculateurs sur les œufs ont décidés de pas importer le cota de poule car il gagne plus a faire venir les œufs de Chine et cela a ruiné les petits producteur
Idem pour l ail et les légumes
Plein d autre exemple
Le roi a promus l économie suffisante pour fixer les villageois a rester au village et a produire de quoi vivre ce qui diminue les cohorte de pauvre
Le chiffre d affaires des hôtels à diminuer donc beau coup ont augmentés les prix etc.
Par contre comme en chine il y a un groupe qui a augmenté ses revenus au-delà de tout
Les boutiques de Siam Central de Silom Sukhuvit deborde de nos plus superbes productions Dior Chanel Boucheron Cartier ETC
Je ne vois d issue
Pour finir sur la chine, et plus globalement sur cette partie du globe, on n’oppose pas, une stratégie d’encerclement, plus exactement de fermeture, à une stragégie d’ouverture… qui plus est, lorsqu’on se situe dans une position défensive. On ne réunit pas les conditions de l’INITIATIVE MAJEURE », qui sert les aspects opérationnels et, également, mais dans une moindre mesure, les aspects tactique. ( Se référer à YAKOVLEV, CLAUZEWITZ)
PS: Désolé pour l’orthographe, grammaire et faute de frappes >>>> je suis pressé !
Bonne journée Mr VIGNERON et à tous !
Ils croient avoir déjà bouclé la Russie, le Japon, pratiquement l’Asie Centrale et le Moyen-Orient, ils veulent pas s’arrêter en si bon chemin… Ils se permettent même de laisser leurs affidés d’Am-Sud prendre un peu l’air du grand large!
M. Leclerc,
vous écrivez :
« des experts de l’Union européenne et du FMI a indiqué que la contraction de l’économie allait atteindre 4% en 2010 et, toujours selon les prévisions, se réduire de 2,5% supplémentaires en 2011, alors que l’inflation devrait atteindre 4,75% à la fin de cette année »
Un peu plus bas vous mentionnez une hausse des prix en Allemagne dont souffrent les ménages allemands.
Le novice en économie que je suis a du mal à comprendre cette hausse des prix dans la zone euro alors qu’on évoque plutôt un contexte déflationniste. Dans le cas grec, je peux comprendre que cette inflation est largement importée, mais en Allemagne ?
Une âme secourable pourrait-elle me donner une explication ?
Merci d’avance.
On sent bien que c’est les vacances. Je prends note de la condescendance habituelle des Français quand ils se soucient du niveau de vie des Allemands ! Incorrigible fatuité !
@Senec : J’exècre ce genre de remarque. Ne serait-ce pas aussi de la fatuité que de « noter » ainsi la « condescendance » chez les autres ?
Quand le gouvernement français, obéissant aux directives de l’Europe qui voulaient favoriser l’industrie allemande, a fermé nos aciéries qui, équipées de fours dernier cri pour les aciers spéciaux, ne savaient plus vers qui envoyer leurs fidèles clients asiatiques très demandeurs, nous étions un certain nombre à nous indigner devant tout ce gâchis tant financier qu’humain .
Résultat : les Lorrains au chômage, des fours très coûteux achetés moins d’un an auparavant mis au rebut, les gros clients asiatiques qui payaient bien envoyés ailleurs, des usines lorraines en ruines . Et maintenant le gouvernement français voudrait que l’on s’extasie sur les exportations de l’industrie allemande à laquelle il a sacrifié la nôtre . Honteux !
Marrant… dans une université où j’avais un post-doc, tous les étudiants (ainsi que les profs non titulaires) attendaient une Green Card et ne souhaitaient que partir n’importe où ailleurs. La raison ? Les mini-jobs à 400 euros (il fallait en avoir 2 pour vraiment survivre) qui pourtant leur assurait 20h de boulot à la fac, un peu mieux que l’étudiant francais et son boulot au macdo, et aussi les « jobs à un euro » pour les ch^omeurs. Heureusement, la fac se trouvait dans une banlieue bien éloignée de tout, et on trouvait des chambres à 150 euros (comme les kot en Belgique…)
Je ne suis pas certaine que la classe moyenne allemande trouvait son niveau de vie enviable. En tout cas c’est certain: si vous passez votre vie au boulot, vous dépensez moins !
il reste encore à penser que l’économie zape les impacts de destruction (de notre environnement social, écologique, sanitaire …) collatérale de sa production
Fracture anthropologique et écologique
31.07.2010 – 07:02
http://www.franceculture.com/emission-terre-a-terre-ete-10-fracture-anthropologique-et-ecologique-2010-07-31.html
« Quels sont les ressorts culturels de cette double fracture anthropologique et écologique, de cette attaque au bien commun et à l’engendrement du monde ? Pourquoi une telle destruction des milieux de vie et des conditions de régénération des êtres ; une telle mise en marché des sources vitales : eau, gènes, semences végétales, animales et humaines ; un tel bricolage de vivants laboratoires, transgéniques et clonés ? Eléments de réponse avec Louise Vandelac .. »
A partir de samedi, la Terre va vivre à crédit
ENVIRONNEMENT – On a épuisé tout ce que la planète pouvait produire en une année…
A partir du 21 août et jusqu’à la fin de l’année 2010, les Terriens vivront à crédit sur les ressources de la planète.
http://www.20minutes.fr/article/588413/planete-a-partir-de-samedi-la-terre-va-vivre-a-credit#
Très interessant ce lien mais je me demande comment concretement on arrive à calculer ça… avez vous d’autres liens sur le sujet?
Il est vrai que la dépendance extrême de l’export implique un risque énorme, on en a vu un signe avant-coureur l’année dernière. Mais tant l’industrie exportatrice gagne de l’argent et que l’euro restera une monnaie relativement stable, le gouv. Merkel soutiendra cette orientation, au détriment de la consommation intérieure et du pouvoir d’achat. Le marché du travail en profite moins qu’espéré, on embauche surtout et avant tout du personnel temporaire.
Qui peut croire que les US vont laisser le péril jaune chinois prendre l’égémonie sur la planète.
Les US ne tarderont pas à faire parler la poudre sous peu pour mettre tout le monde d’accord.
Ce n’est qu’une question de temps pour la mise en place avec ses alliés occidentaux, car à terme, ne la crise va se poser en la seule et simple conclusion, le bloc chinois et asiatique contre le bloc occidentale.
@Senec:
Je ne pense pas que la lutte des classes soit désuete. C’est une realité dont les termes doivent être remis à jour; mais le fond reste ,lui, toujours actuel.
Rappelez-vous la phrase recente de Warren Buffet:
» La guerre des classes existe, d’accord, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »
Warren Buffet est-il desuet?Helas NON
A propos de l’Allemagne et de son évolution trimestrielle de PIB, tant mise en valeur dans la presse depuis 2 jours, voici une mise en perspective qui me semble intéressante (source : l’office fédéral allemand de statistiques, Destatis)
La 1ère colonne est bien sûr le trimestre, la 2ème l’évolution du PIB trimestre / trimestre précédent, la 3ème colonne est le PIB que j’ai reconstitué en prenant la base 100 au 1er trimestre 2008.
Trimestre Evol/T-T PIB
1st qtr 2008 1,4 100,0
2nd qtr 2008 -0,7 99,3
3rd qtr 2008 -0,4 98,9
4th qtr 2008 -2,2 96,7
1st qtr 2009 -3,4 93,4
2nd qtr 2009 0,5 93,9
3rd qtr 2009 0,7 94,6
4th qtr 2009 0,3 94,8
1st qtr 2010 0,5 95,3
2nd qtr 2010 2,2 97,4
On constate donc qu’il s’agit du 1er et seul trimestre franchement positif de puis le début de la crise. Plus significatif, le PIB n’est pas encore revenu à son niveau du 1er trimestre 2008, loin s’en faut. On y reviendra sans doute cette année, si la tendance est confirmée.
Pourquoi un tel déferlement dans la presse? on suppose que c’est pour vanter la politique de rigueur, laquelle s’applique essentiellement sur la période 2010-2016, et qui produit donc ses effets par anticipation…
Ceci dit, il faut être fair-play : si les Chinois achètent des BMW, tant mieux. C’est bien à leur tour d’avoir mal au dos…
Tout le monde connait la blague (originaire de Stuttgart je suppose…) sur les BMW.
Les BM, c’est comme les hémorroïdes, tout le monde finit par en avoir.
Même les chinois…
François Leclerc vous dites « Les résultats à l’export obtenus par l’économie allemande ne font que renforcer les écarts économiques au sein de la zone euro. Ce qui, pour une zone monétaire, n’est pas exactement ce qui devrait être recherché si l’on voulait la renforcer. »
–> Je ne suis pas tout à fait d’accord. Il me semble que l’analyse suivante serait plus juste même si plutôt orthodoxe: Il est normal que toutes les régions d’une même zone monétaire ne soient pas exportatrices. La concurrence monétaire êtant abolie, chaque région aura tendance à valoriser ce qui est son atout propre selon la bonne vieille théorie des avantages comparatifs. A partir de là, le vériatble problème qui est posé par la zone euro est que cette inégalité croissante n’est pas compensée par une péréquation des revenus suffisante pour la contrebalancer de la même façon qu’à l’intérieur d’un même pays. Et on n’est pas près d’y arriver, les allemands notamment s’accorchant à cette navrante illusion qu’ils peuvent y gagner et l’argent et le beurre et le postérieur de la Grèce par dessus le marché via le fameux prêt européen.
Il va pourtant falloir choisir: soit un développement équilibré (reste à savoir comment), soit la péréquation des revenus d’autant plus nécessaire que la mobilité interne se heurte toujours à la barrière de la langue.
Combien de temps les allemands peuvent-ils tenir en l’état sans subir d’une façon suffisamment pregnante pour se voir obligés de réagir intelligemment l’écroulement lent de leur zone périphérique.
Il me semble que c’est tout le paradigme à l’échelle de la zone euro de la crise actuelle. Aucun pays n’êtant atteint de façon suffisammant irréparable (au moins dans le ressenti) pour le moment pour se voir contraint de réagir vraiment et s’attaquer à une correction volontariste.
@ Ken Avo dit : 16 août 2010 à 22:14
Comment cela ne pourrait pas durer ?
Ne peut-on pas voir l’Allemagne comme l’équivalent d’une province d’Europe au même titre qu’il y a en Chine des régions plus riches que d’autres fonctionnant avec une même monnaie ?
@ jducac
Afin que cela puisse fonctionner ainsi, le corollaire de la solidarité financière devrait être accepté. Ce n’est pas le cas, d’où le déséquilibre qui en résulte.
Une analyse toute fraiche à ce propos : Le dilemne de l’Europe à deux vitesses
‘Berlin Province », le dernier essai de Tony Judt, historien britannique décédé le 6 Aout, dans Der Spiegel cette semaine : « L’Europe est à la croisée des chemins: petite et fermée, ou grande et ouverte sur le monde ».
@ François Leclerc dit : 17 août 2010 à 13:36
Merci et pardonnez mon insistance.
Mais est-il vraiment impossible d’envisager une Europe avec sa monnaie l’€uro et des états utilisant cette même monnaie comme le font les états aux USA avec le dollar ?
Les états US n’ont pas les même lois, ne sont pas tous au même niveau de vie, ne sont pas tous au même niveau d’endettement, certains vivent de leurs richesses fossiles, d’autres de haute technologie, d’autres d’agriculture ; le dollar est leur monnaie commune et le reste du monde ne va pas voir si l’un exporte et que d’autres importent. Même les fonctionnaires ne sont pas traités à égalité puisque, du fait de difficultés financières dans certains états, certains ne travaillent qu’une partie du temps et sont moins payés.
Notre tradition nationale égalitariste ne nous amène-t-elle pas à voir des problèmes là où il y en a moins qu’on ne le pense dès lors qu’on admet d’œuvrer dans l’intérêt d’une communauté d’appartenance élargie.
Ainsi en Europe tous les pays ne contribuent pas au même niveau et ne reçoivent pas des aides en proportion du nombre d’habitants. Si c’est le prix à payer pour vivre en paix, cela ne mérite-t-il pas que les plus aisés fassent des efforts allant dans le bon sens. En retour, les moins aisés doivent sentir que pour bénéficier des avantages procurés par la communauté d’appartenance, ils y a des limites à ne pas franchir. C’est ce qui est arrivé avec la Grèce.
Bien sûr, c’est plus gênant quand on appartient à l’état le moins aisé, de voir que, dans la même grande communauté d’appartenance, certains vivent nettement mieux que les autres. C’est déjà le cas en France avec les régions où par exemple le bas normand constate qu’en moyenne le francilien a un revenu 50% supérieur au sien. Deauville vit en grande partie grâce aux franciliens. C’est un peu la même chose pour la Grèce avec l’Europe du Nord.
L’idéal, c’est de se procurer des revenus là où c’est le plus rentable et de vivre là où c’est le plus agréable, mais cela n’est pas possible pour tout le monde.
@ charles dit : 17 août 2010 à 19:36
Curieux. J’ignorais l’existence de cet essai « Berlin Province » quand j’ai parlé de l’Allemagne comme une province d’Europe.
@ Jducac
Dans un Etat de droit, des péréquations visent à assurer la continuité territoriale.
C’est un principe de service public dont l’objectif est de renforcer la cohésion entre territoires d’un État grâce à une compensation des handicaps de certains.
Ces redistributions obéissent à des règles établies par les pouvoirs publics.
http://www.dailymotion.com/video/xeavq6_antony-sutton-entretien-avec-stanle_news
En Grèce, la rentrée sociale sera chaude !
Licenciements, dépôts de bilan… Selon les observateurs, c’est à la rentrée que les premiers effets du plan d’austérité se feront pleinement sentir.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/07/08/en-grece-la-rentree-sociale-sera-chaude
La crise est-elle en W, U, L ou V?
http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2010/08/la-crise-estelle-en-w-u-l-ou-v.html
Les commentaires répondent mieux à la question que l’article.
Il y a un côté franchement dérisoire à ces interrogations derrière lesquelles de nombreux analystes se réfugient. En particulier avec ce recours à des lettres de l’alphabet pour tenter de caractériser l’évolution de la crise, au mieux un constat et en aucune mesure une explication.
Ils donnent également souvent l’impression d’être comme ces spectateurs d’une partie de tennis, qui tournent leur tête d’un côté à l’autre du cours pour suivre les échanges. Pour enregistrer les variations quotidiennes des cours des bourses de valeurs ou bien les aller-retour entre marché des actions et obligataire : quand l’un est à la baisse, l’autre monte, en application de la loi de la recherche du moindre risque.
@Thomas
ma préférence va pour celle en « K »
Michael Pettis, professeur d’économie en Chine et l’un de ses meillleurs analystes, consacrait
une analyse récente à ce ‘marché intérieur’, la consommation ne représentant que 35.6% du PIB en 2009
Chinese consumption
« Parmi ces défis, l’agence met en avant la nécessité de relancer la croissance malgré les efforts déjà déployés en matière d’austérité, de mener des programmes d’ajustement budgétaire à moyen terme et de faire face au vieillissement de leur population. »
Le principe même de l’injonction paradoxale …
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/08/17/moddy-s-menace-de-degrader-la-note-de-quatre-pays-dont-la-france_1399910_3234.html#xtor=RSS-3208
Moody’s se verrait bien dans un remake de l’épée de Damoclès, avec évidemment un rôle principal pour elle, celui de l’épée et les états, dans le rôle de Damoclès.
Pr contre, pour ce qui est du rôle de Denis le Tyran, même pas la peine de demander qui …
Les déséquilibres de la mondialisation, mis en valeur par M. LECLERC au travers ses chroniques, pourraient être simplement la résultante d’intérêts divergents, mis au diapason par le commerce international des USA, et dont le « la » aujourd’hui sonne faux.
Une « globalisation » de la crise, avec des interactions dans les rouages de chacune des économies mondiales, laisse imaginer un système , que l’on nomme « capitaliste », mis en place pour la paix du monde. Or le monde est composé de peuples. Et les peuples, il me semble, ne font que cohabiter, et ont accepté jusqu’alors le leadership américain pour cohabiter. La montée probable des idées nationalistes en tout genre est d’ailleurs fortement à craindre.
Les réactions économiques des uns et des autres face à ce qui n’est finalement que la chute de la première puissance mondiale ne me paraissent pas avoir un ordre, mais résulte plus « d’un petit bonheur la chance », et, lorsque cela n’est pas probant, de la force de la propagande.
Quant aux questions de « classe sociale », j’en reviens toujours à mes poncifs, le problème n’est pas l’appartenance à une classe ou à une autre, mais pourquoi appartenir à telle classe plus qu’à telle autre. Retombe la question de la naissance, de la méritocratie, et du problème posé par le rationalisme, qui, fondamentalement, privilégie ceux qui ont de la jugeote.