Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

La monnaie entre la matière et l’esprit

Quantification de la valeur dans le temps

Depuis des milliers d’années, la monnaie est un outil empirique de mesure de la valeur. L’homme a besoin d’attribuer des prix aux objets matériels pour les produire et les échanger. Pour transformer la matière physique, il lui est nécessaire de se la représenter par des nombres. La valeur mérite d’être produite si le nombre de la destruction de valeur qu’elle impose demeure inférieure au nombre du résultat de la production. Décider de produire quelque chose, c’est juger que la chose est potentiellement rentable pour soi-même. Cette rentabilité se confirme par l’échange avec un autre, quand le nombre attaché à ce qui est acheté à l’autre reste supérieur au nombre attribué intérieurement à l’objet de la vente. Tous ces nombres sont des prix. Ils forment un système logique de valeur d’action propre à chaque personne individuelle.

Les prix pour soi-même ne sont pas visibles. Ils sont intérieurs à la personne du sujet du raisonnement économique de la valeur. En revanche, par le marché, sont visibles les prix d’échange de ce qui est consommé pour produire et finalement vendu à un autre qui va consommer. Les prix visibles sont des nombres partagés entre plusieurs personnes pour un même objet échangé sur le marché. Les prix visibles s’inscrivent dans les limites invisibles propres à chaque agent économique. Le prix de la vente se réalise effectivement dans l’échange si le prix de la production a été anticipé en dessous du prix de l’objet acheté en contrepartie. Personne ne produit pour de l’insatisfaction nette à terme. L’unité de compte des prix visibles marchands et invisibles personnels est commune aux individus dans la collectivité marchande ; donc commune à tous les objets de valeur formés dans la société. L’unité de compte de la valeur est la monnaie dont la matière est le fruit de la pensée économique rationnelle des personnes en société.

La monnaie est un système logique de valeur sociale qui naît des échanges des objets matériels entre personnes. Une société construit un réseau d’échanges qui détermine un marché. De l’ensemble des échanges du marché, naît un ensemble de prix associant à chaque instant dans la durée un nombre à chaque objet. Si la société a institué un objet de référence, tous les prix s’expriment par une quantité de cet objet. La relation de cet objet à l’unité de valeur est la définition matérialisée de la monnaie, la matérialité du sens social des nombres que les individus attachent aux objets produits et échangés. La matérialité monétaire transpose la conception de la valeur dans les limites de la matérialité physique des objets économiques. La matérialité monétaire n’est pas naturelle mais culturelle. Elle résulte de l’exercice de la liberté humaine dans l’attribution d’un prix aux objets de transformation de la matière physique. Par le calcul économique, la personne physique décide ou non de s’engager dans la transformation de la matérialité physique. Ce qui est vendu a été physiquement produit par une nécessité de calcul qui n’est pas une nécessité physique. La nécessité libre du calcul dégage une valeur ajoutée qui motive la production et l’échange.

Justice contenue dans la monnaie

Pour le vendeur qui achète un prix, le prix de marché tend en logique de justice à se placer entre les deux nombres qui calcule le coût de l’objet et qui calcule sa contrevaleur finale d’échange. L’objet acheté dans la vente d’une contrepartie n’a pas d’intérêt pour son consommateur final si sa valeur d’échange reste supérieure à sa valeur de consommation. Elle n’a pas non plus d’intérêt pour le producteur de la contrepartie si le prix de vente reste inférieur au prix de production. La logique du calcul économique veut qu’un prix d’échange se situe pour les deux parties entre le prix de production du produit cédé et le prix de consommation du produit acquis. Sinon l’une et l’autre conservent ce qu’elles ont produit car l’échange ne contient aucune justice. Elles n’échangent rien et gardent pour elles-mêmes la plus ou moins-value de satisfaction de l’effort de production. Un prix en monnaie issu d’un échange est la matérialisation d’une plus-value pour les échangistes : la valeur supérieure du produit acheté sur le produit vendu. Cette plus-value a bien sa cause dans la société qui permet l’échange et matérialise la justice.

L’existence de la société est nécessaire à l’instauration d’une loi de rentabilité par laquelle s’échangent les objets qui rapportent à leur vendeur davantage qu’ils ne coûtent. Si la société instaure le principe de la libre responsabilité des prix, alors ils expriment l’accroissement de la valeur par les échanges. La mesure sous-jacente au marché par l’objet de référence monétaire est la matérialité positive garantie de la valeur. La monnaie révélée par le marché garantit qu’on ne produit pas ce qui n’augmente pas la valeur. Sans l’existence de la plus-value pour toute personne échangiste, la liberté de transaction interdit la non-valeur par le non-paiement ; le non-échange d’un objet matériel contre monnaie. Le nombre ainsi attribué par la société de marché à chaque objet est un prix juste parce qu’il augmente la valeur pour tout acheteur et tout vendeur.

Si un marché n’est pas l’expression d’une société formée par une même loi de la valeur, alors le prix de l’un ne signifie plus ce qui est valeur pour l’autre. Les prix ne sont pas justes et la monnaie ne matérialise aucune garantie. La monnaie est bien la matière comptable de la Loi. Elle implique que la loi qui exprime la valeur instaure la liberté des échanges en protégeant l’intégrité de jugement des personnes. La loi de la valeur ajoutée définit le marché par des sujets inviolables, des sujets qui doivent ne pas échanger des objets s’ils leur apportent moins de valeur qu’il ne leur en prennent. Le marché qui engendre la monnaie est un système de calcul, une métaphysique adoptée par les individus rassemblés en société par une même loi d’une valeur commune. La structure de la monnaie est vulnérable au flottement historique des sociétés ; aux lois qu’elles se donnent et s’appliquent par le marché ; au langage du Droit qui justifie les lois.

Mythe invaincu de la matérialité monétaire

Selon le statut effectivement accordé à la représentation de la personne dans le marché, les sociétés ont prospéré ou périclité avec leur monnaie. Il a fallu une très longue maturation pour explorer la nature métaphysique de la monnaie. Le 15 août 1971 après plusieurs millénaires d’histoire monétaire, la civilisation a définitivement renoncé à attacher la définition de la monnaie à une quantité physique de matière. En l’occurrence, le prix de l’or en dollar s’est mis à flotter. Cette mutation fondamentale a résulté de l’intuition non démontrée de la détermination de la monnaie par la bonne gouvernance du marché et non par la matière physique. La crise actuelle est la conséquence du détachement matériel de la monnaie fictivement gouvernée.

Parce qu’il avait toujours fallu matérialiser physiquement la monnaie d’une manière ou d’une autre, l’idée s’est ancrée dans la grande majorité des consciences que la substance monétaire est physique ; donc qu’elle obéit aux lois quantifiées de la physique. Le triomphe de cette erreur dans le contexte de la mondialisation est en train de vider le concept monétaire de sa substance. Avant de dominer la théorie de la monnaie, l’idée de la matérialité a cohabité avec une expérience aussi ancienne : la causalité de la monnaie dans le crédit. Les autorités publiques engendrées des sociétés constituées ont expérimenté dès leurs origines la proportionnalité de la création monétaire à leur propre crédit de gouvernement. Les pouvoirs politiques savent d’expérience que leur autorité forte et respectée leur permet d’imposer naturellement une définition crédible de la monnaie émise. Ce fut d’abord le prix nominal de certains objets courants. Mais il apparu très tôt que la crédibilité politique pouvait dispenser de constater sur le marché la correspondance matérielle effective entre le prix des objets officiels d’étalonnage matériel de la valeur et le nombre d’unités monétaires émises en règlement de l’échange. Il était possible d’émettre plus de signes monétaires que d’unités de matière monétaire effectivement disponible par le marché.

L’existence de la monnaie a été initiée par l’impression d’un nombre dans un objet physique. Le nombre monétaire étalonné par la matière physique établissait une parité entre une matière quantifiable reconnaissable et la mesure affirmée de sa valeur. Prisonnier de ses cinq sens en dehors desquels il ne peut interagir avec le monde, l’homme confond intellectuellement la réalité avec ce qu’il ressent physiquement. Il a du mal à reconnaître sa capacité intellectuelle d’abstraction qui est en même temps sa capacité à communiquer métaphysiquement avec son semblable comme réalité distincte de la physique. Il lui est difficile d’éprouver la valeur qu’il ressent par le fonctionnement de son intelligence comme distincte de la matérialité physique qui est son objet. L’homme voit naturellement la réalité objective mais ne conçoit pas immédiatement qu’il en est le sujet ; qui plus est le sujet pluriel. Ainsi se dérobe-t-il à sa responsabilité de choisir son rôle dans la détermination des déterminismes physiques. Ainsi est-il immédiat de croire que la valeur soit simplement un nombre inscrit dans la matière physique.

Morale monétaire

La monnaie de matière, de mesure et de droit

Une fois initiée, la monnaie s’est révélée matérialisable autrement que par des pièces physiques de matière précieuse. Il n’était pas non plus nécessaire pour répondre à la demande de transaction de limiter l’émission de signes à la quantité de matière physique effectivement reconnue par le souverain. Un simple billet nommant un objet de valeur à un certain nombre est apparu suffisant à représenter la matière de la mesure. Le billet à ordre, qui n’est pas la matière de son objet, matérialise une mesure disjointe du concret. Une reconnaissance de dette validée par la Loi suffit à matérialiser la métaphysique monétaire. En vérité, l’acceptation d’un paiement en monnaie n’est pas une acquisition de valeur présente en matière physique mais bien la promesse quantifiée d’une valeur future quelconque. La supervision politique d’un marché par la détermination effective de droits équivalents entre tout échangiste est la contrepartie réelle de la monnaie. Un règlement en monnaie est d’abord la quantification d’un droit et ensuite la potentialité de sa transformation en objet de matière physique.

La véritable urgence du paiement est le juste prix puis sa transformation à une échéance libre en valeur physique. La monnaie contient du temps matériel de justice qui n’est pas une simple abstraction. Un vendeur n’a pas de mal à accepter de la monnaie s’il sait que le prix calculé est juste et lui donne droit dans un délai qu’il choisit à une juste contrevaleur physique. L’émission monétaire véritable est proportionnelle à l’État de droit d’une société. Le Droit garantit la contrevaleur physiquement matérialisable que la société entière promet du présent au futur. La matière réelle de la monnaie est le crédit issu d’une société. La matière du crédit est la somme des prix des objets que la société anticipe produire. L’anticipation du prix des échanges est crédible si elle est réaliste ; réaliste si les droits de la demande équivalent ceux de l’offre. L’équivalence des droits d’offre et de demande n’existe pas sans le marché régulé par l’unicité instantanée du prix de tout objet d’échange.

La multiplicité des prix d’un même objet au même instant signifie qu’un vendeur a pu priver un acheteur d’une satisfaction supérieure par un prix plus élevé ; ou qu’un acheteur a pu priver un producteur du prix de son effort par un prix moins élevé que l’équilibre réel du marché. La monnaie est le crédit du système des prix établis en équivalence de droit. Elle implique le marché pour fabriquer le crédit par les prix négociés de la réalité physique présente et future ; pour transformer métaphysiquement la matérialité physique présente en prix de la matérialité physique anticipée. La négociation d’un prix futur engage le vendeur dans la production d’un objet matérialisable à une valeur certaine à l’échéance du crédit. Un emprunteur en monnaie est un vendeur à terme non pas d’un objet matériel mais du prix dont il est le sous-jacent. Le prêteur en monnaie est un acheteur à terme du prix sans connaître l’objet matériel sous-jacent mais sa seule définition en valeur. Pour que le marché produise le crédit qui matérialise la monnaie, il faut un droit qui stabilise la valeur des engagements dans le temps ; qui oblige réellement les emprunteurs à livrer au prix promis un objet de valeur restituable aux prêteurs.

Monnaie d’intermédiation financière de marché

L’escroquerie métaphysique des subprimes a montré qu’il n’y a pas en réalité de crédit sans intermédiation financière. Elle garantit le droit par l’anticipation du prix et l’application effective du droit par l’anticipation du prix. La première intermédiation financière a émané historiquement de l’autorité publique souveraine. Elle établissait d’un même acte un ordre marchand, des droits et la monnaie de mesure matérielle des droits échangés. La banque primitive est un trésor public. Du développement des échanges qu’elle engendre au fil des siècles a surgi la monétisation des dettes entre personnes privées. Les activités marchandes régulières suscitent créances et dettes au nom de leur propriétaire. Le marchand expérimenté est propriétaire d’une mesure de la valeur ajoutée future de ses ventes sur ses achats. Si cette valeur nette anticipée est substantielle, réelle et vérifiable, des tiers se mettent à conserver leurs créances sur le marchand pour régler leurs dettes. La fonction initiale du marchand est de prendre des marchandises en dépôt contre reconnaissance de dette, engagement de vendre et livraison finale à un acheteur. En démembrant la mesure et le règlement du prix de la livraison effective d’une marchandise. la fonction de crédit se sépare de la fonction commerciale. Le banquier est un marchand qui ne s’occupe pas de la marchandise physique.

Grâce à la garantie d’un État de droit, la fonction de marché produit en crédit le prix de mesure de la valeur certaine future. Le marchand a prouvé sa capacité à livrer la valeur physique contre un prix en monnaie. Le Droit l’engage à certifier par anticipation le prix de ce qu’il pourra livrer par le marché dont il est acteur. C’est l’anticipation de la valeur ajoutée propre de l’intermédiation marchande qui suscite le crédit. Parce que le vrai marché dégage des plus-values réelles de l’échange des objets matériels, l’intermédiaire marchand en porte par lui-même une fraction. L’existence probable mesurée de la plus-value marchande entre les mains d’un même intermédiaire lui donne le crédit suffisant à régler par des créances de marché des dettes entre des tiers. Pour que le marchand devienne banquier, il faut que les fonds propres qui résultent de l’anticipation de sa propre activité d’échange soient mesurables. Les créanciers et déposants doivent pouvoir constater que l’excédent des créances sur les dettes marchandes est réel. Soit l’excédent provient du passé et se matérialise par des biens physiques comme un stock de métal et autres actifs matériels, soit il provient du futur sous forme de ventes à terme ; une réalité non visible livrable dans le futur négociée par un prix présent qui contient le prix du temps.

Il n’y a pas de crédit sans fonds propres, sans valeur réelle à terme excédent la mesure de la valeur due. Le prix de la valeur promise en certitude doit en Droit être inférieur au prix de la réalité future incertaine. Le crédit est fictif sans le marché régulé par le Droit, sans la constatation possible à terme d’une valeur réelle incertaine supérieure à la valeur nominale juridiquement certaine. Pour qu’un prix soit certain en droit, il faut une plus-value d’autant plus ample par rapport au prix que la contre-réalité est éloignée dans le futur. Un prix de contre-réalité présente est juste s’il dégage une plus-value de satisfaction à la fois pour l’acheteur et le vendeur. C’est le marché régulé par l’État de droit qui garantit cette plus-value. Quand la contre-réalité du prix est future, il faut ajouter une plus-value de réalité physique visible à terme pour que le prix promis dans le crédit soit juste. Il faut rémunérer le portage de l’incertitude par une fraction de la réalité produite ; une incertitude dont la mesure de la réalité est mise en réserve dès l’origine du crédit pour combler les erreurs de calcul.

Couverture du prix de la réalité future

Sans plus-value réelle à terme de l’origine à l’échéance d’un crédit, la justice est suspendue du fait qu’à un moment de la durée du crédit, le prêteur perd la raison de croire que la valeur de sa créance soit totalement réelle. La valeur réelle de justice n’est pas seulement une promesse hors du temps universellement satisfaisante en elle-même ; elle doit être réalisable de son origine à son échéance. L’économie de la justice est de durée autant que de matérialité. A moins d’admettre que le crédit puisse cesser d’être un engagement de la réalité du futur, il n’est pas acceptable que dans le moment d’un crédit la réalité soit à un quelconque instant insuffisante à terme pour certifier le prix remboursable. C’est le marché dans l’État de droit qui relie la mesure des promesses à la réalité à terme. Il signifie deux prix pour chaque promesse : le prix de la certitude en crédit et le prix de l’incertitude en fonds propres. Le crédit qui anticipe la valeur future ne peut pas être vrai sans marché régulé par la séparation matérielle de la réalité promise et de la mesure de l’incertitude de la réalité promise. Ce marché-là n’existe pas encore.

Une banque est un intermédiaire qui applique le droit par l’anticipation du prix certain des objets de l’échange futur. Une banque transforme en monnaie la mesure de l’anticipation de la valeur par ses débiteurs. Elle extrait le prix à terme de la production engagée par ses débiteurs. Elle comptabilise à leur bénéfice puis à celui de ses déposants un pouvoir d’achat monétaire. La monnaie issue du crédit est un droit à dépenser accordé à un débiteur engagé à produire une valeur future certaine ; valeur qui est la contre-réalité de la consommation différée par l’épargne. L’intermédiation bancaire adosse la mesure de la production épargnée à la mesure de la production investie ; la production immédiatement consommée dans l’investissement de la valeur future. Le banquier transforme le prix présent de l’investissement en prix à terme des crédits remboursables. Les déposants achètent dans leur épargne la mesure de la valeur future. Les emprunteurs la vendent. Ils empruntent au présent par l’intermédiation bancaire la mesure certaine de la valeur anticipée dans la réalité incertaine qu’ils vont produire. Les dépôts à vue bancaire sont des droits à dépense immédiate. Les crédits remboursables à très court terme sont la matière de la monnaie que représentent les dépôts à vue. La monnaie de dépôt existe dans une banque tant qu’elle est capable d’afficher une mesure de ses fonds propres suffisante pour garantir la contre-réalité du pouvoir d’achat comptabilisé. Les fonds propres garantissent la transformation du crédit prêté en crédit emprunté et la transformation monétaire des objets de production en objets de dépense équivalents.

L’utilité du marché à l’existence de la monnaie de crédit est triple. Elle produit les prix de la réalité, puis les prix de la mesure certaine de la réalité à terme et enfin les prix de la réserve de valeur réelle disponible à terme en comblement de la moins-value potentielle de tout crédit. Pour que la monnaie compte la valeur, il n’est pas acceptable en droit que sa contre-réalité soit incertaine. Cela signifie qu’une fois définie par la puissance souveraine la valeur réelle de la monnaie, il ne doit pas être possible de mesurer une créance de crédit en monnaie sans que le banquier métreur ne dispose par lui-même d’une réserve de valeur réelle. Si le droit se mesure et s’il a une valeur réelle, alors le métreur de la réalité en droit doit être capable de combler ses erreurs de mesure à terme. Les règles de couverture de la mesure du crédit par des fonds propres sont les fondations d’un système monétaire de crédit. Paradoxalement, cette vérité s’est révélée ignorée dans la crise provoquée par la spéculation des subprimes. Ce n’est pas la nécessité de disposer de fonds propres pour faire crédit qui a été méconnue mais leur nature-même qui les différencie des crédits. Trois ans après le début de la crise, la confusion reste totale entre ce qui est propre dans un passif de banque et ce qui est dû avec certitude.

Capital de la monnaie de droit

Inachèvement du capital délié de la monnaie

L’histoire conceptuelle de la monnaie n’est en fait pas arrivée à son terme. A partir de l’État de droit du marché, la possibilité s’est faite jour de matérialiser physiquement l’unité de compte de la valeur. Puis la matérialisation physique s’est révélée conceptuellement inutile avec le développement du crédit. Mais pour maîtriser la certitude du crédit, il fallait limiter son émission à la réalité future mesurable. Il fallait que les fonds propres bancaires soient du capital, de la valeur future incertaine mesurable qui respecte le droit du crédit. Le marché financier permet depuis plusieurs siècles de mesurer le capital par l’offre et la demande de sa contrevaleur réelle à terme. Le capital se mesure en lui-même par les sujets qui le rendent actif. Mais après un millénaire d’histoire du capitalisme, la loi de la transformation de la valeur réelle future en mesure certaine présente du crédit a été oubliée du Droit. Les normes appliquées sont dites prudentielles. Leur sens est interprétable et leur effet sans garantie objective non dépendante des sujets qui les appliquent.

Le droit de nommer la mesure du capital en crédit et la mesure du crédit en capital n’existe pas sans la réalité du marché qui oblige sans interruption les vendeurs de promesses financières. Les obligations du crédit en capital et du capital en crédit ne sont pas définissables objectivement. Mais elles le sont par l’engagement durable de tout sujet de droit à condition que le capital soit juridiquement la mesure de l’incertitude qui découle du crédit. La condition du capital détermine juridiquement le crédit comme matière mesurée invariable de la monnaie. Le capital devient formellement la mesure variable dans le temps de la mesure certaine du crédit. Tant que le Droit admet la notion de responsabilité limitée dans la transformation d’anticipations financières en monnaie, il nie la réalité humaine et physique du changement et la possibilité d’engager la stabilité du langage. Le marché n’est que la circulation d’objets sans sujets ; l’information ne s’échange pas. Le sujet humain est dispensé de s’engager dans la valeur comme s’il n’était qu’individu isolé de son histoire en société.

Le monde actuel de la finance ne contrôle pas conceptuellement la transformation de la mesure de la valeur réelle en crédit. Les banques règlent empiriquement leur crédit à partir des fonds propres dont elles disposent. Et les opérateurs financiers utilisent les emprunts bancaires pour transformer en plus-value à terme la mesure de leur capital. Le droit de la responsabilité financière limitée détache les prix de la réalité objective. L’autorité politique croit assumer ses responsabilités monétaires en édictant des règles sans vérifier leurs effets. Elle ne donne pas son avis dans des contrats financiers bilatéraux qui compromettent le bien commun. Elle n’oblige pas la qualification publique certaine ou incertaine à l’origine des mesures calculées de la valeur future. Elle permet à l’opérateur financier de changer la nature de ses engagements par la gestion sous un même intérêt du risque et du crédit. La finance utilise la métaphysique du calcul pour transformer la matérialité physique présente en matérialité future abstraite du présent. La civilisation contemporaine en déduit insensiblement que l’abstraction est immanente à la matière physique alors qu’elle est un choix responsable de l’intelligence humaine.

Comptabilité internationale de l’efficience du Droit

L’intelligence de la matière transcende la matière physique ; le temps ne peut pas se réduire à une accumulation linéaire ni à un effet d’usure de la matière. L’information de la matière au fil du temps est une réalité sans être de nature physique. L’écoulement du temps manifeste l’action de la liberté humaine dans les déterminations de la physique. L’homme est à la fois libre par son intelligence et déterminé par sa matérialité physique. La finance contemporaine utilise la diminution de l’autorité sociale publique de la liberté pour simuler une détermination purement physique de la valeur future ; pour suspendre la finalité incertaine de la valeur humaine. Elle prétend produire du crédit en calculant un risque seulement matériel. En réalité elle calcule du faut crédit qui contient le risque de la décision financière et du faux risque qui ne contient pas l’engagement humain que constitue le capital. La fausse finance repose sur le faux marché qui fond le risque de l’engagement humain dans la stabilité de la matière physique. La fausse finance produit de la fausse monnaie qui ne contient pas la valeur de l’engagement humain.

Cette pathologie métaphysique de la civilisation se révèle brutalement dans la crise présente à cause de deux phénomènes nouveaux : l’accélération de l’évolution humaine comprime le temps et densifie la créativité de l’intelligence ; la mondialisation crée un réseau unique d’intelligence entre des cultures humaines différentes. La fiction juridique d’un Droit universellement connu et compris dans son abstraction ne tient plus. Le marché où s’échange la matière doit servir à partager la forme. Sinon la matière échangée transporte des formes qui ne sont pas un bien universel probable. Les Américains exportent dans leurs dollars un droit dont les Chinois ne comprennent pas la valeur comme les Européens importent dans leurs paiements en euro des marchandises dont ils ne comprennent pas la non-valeur. Le vrai marché ne fait pas seulement circuler des objets matériels mais les formes de la valeur. Pour que les formes existent humainement dans leur immatérialité en dépit des langues et des cultures différentes, il est nécessaire de leur attribuer un prix distinct de celui des objets de matière. La réalité métaphysique numérisée en monnaie est accessible à toute intuition humaine. Cela signifie que le prix du capital doit être matériellement distinct du prix en crédit et que le prix des monnaies doit être décomposable en réalité stable et en capital variable. La mesure de l’incertitude des monnaies selon la valeur matérielle relative des droits nationaux doit se mesurer en engagement indépendant des nationalités.

L’issue économique de la mutation présente de la civilisation est transparente : le vrai marché ne donnera pas seulement le prix de la matière mais aussi celui de la réalisation du droit quelle que soient ses formulations nationales. La conceptualisation de la monnaie arrive à son terme. Aux monnaies nationales qui anticipent et soldent la réalisation de droits nationaux va s’ajouter une monnaie internationale qui anticipe et solde la valeur universelle des droits nationaux. L’unité de compte internationale de la valeur reposera sur trois principes naturels du droit humain : la mesure de la valeur est finalisée par la réalité physique à terme des personnes ; le crédit de la valeur est un engagement réel personnel sans limite juridique ; l’engagement humain de la valeur mesurée est garanti par les relations sociales de solidarité inter-personnelles. De ces principes découlent un marché international garanti par des autorités publiques nationales ; concurrentes dans l’application d’un droit commun d’humanité qui les transcende, souveraines dans l’interprétation nationale du Droit.

Responsabilité personnelle internationale de la monnaie

Enfermé dans un marché commun matérialisé par une monnaie commune exclusive de toute autre, le système financier international distinct des systèmes nationaux et du système international non régulé s’auto-régule par la responsabilité personnelle illimitée. Cette responsabilité est instaurée par la séparation du capital et du crédit, surveillée par les pouvoirs judiciaires nationaux engagés dans la transnationalité du Droit : celui qui fait crédit n’est aucunement propriétaire du capital qui le garantit ; celui qui garantit la mesure d’un crédit ne peut pas s’approprier la monnaie qui en résulte ; la transformation par le temps de la monnaie en valeur réelle est visible et vérifiable par le marché. La théorie financière de la valeur est en gestation depuis l’aube de la civilisation. Elle n’a jamais été appliquée faute d’une humanité unifiée. L’unité matérielle de la civilisation est maintenant réalité. Mais incomplète en l’absence d’intelligibilité commune de la valeur, c’est à dire en l’absence de marché financier international qui compte le droit dans une même monnaie. L’étape à franchir est politique. Il faut que les hommes décident vraiment de vivre ensemble dans leurs différences et que les pouvoirs politiques en assument vraiment la responsabilité.

Derrière la simplicité des mots, la mutation en cours affecte les racines de la religion, de la politique et de l’économie. Le monde occidental est à nouveau un parmi d’autres dans une civilisation terrestre matériellement unifiée. L’économie mondiale s’est unifiée sur le paradigme religieux et politique occidental construit sur le système causal gréco-judéo-chrétien. La religion est l’ensemble des motifs et des fins du vivre ensemble. La politique est l’ensemble des formes du vivre ensemble. L’économie est la matière du vivre ensemble. La monnaie qui sert à compter la valeur synthétise dans l’économie de la matière le paradigme de pensée du vivre ensemble. Sur un dollar il est écrit : « in god we trust » ; la monnaie matérialise une profession de foi. La crise provoquée par les subprimes est le déclassement définitif de la monnaie internationale construite sur le dollar, c’est à dire de la suprématie politique et religieuse de l’Occident.

Les subprimes ont été l’ultime et vaine tentative de relever par la spéculation le défi de civilisation de la Chine. L’empire du milieu a cassé le jeu financier occidental. La civilisation chinoise repose davantage sur la société que sur la personne individuelle : elle se sert de la monnaie pour acheter de la sécurité financière au reste du monde avant de développer la valeur par les échanges interpersonnels domestiques. Une énorme accumulation de dettes s’est produite que le système financier international ne sait pas gérer. Le modèle de la monnaie exclusivement portée par la religion et le système politique de l’Occident est en train de s’effondrer.

La crise ne sera pas surmontée par une simple substitution monétaire comme celle de la livre par le dollar entre 1914 et 1945. Elle le sera par une refondation du capital et du crédit qui permette un étalon véritable de la valeur internationale. Un étalon qui ne repose pas seulement sur la séparation occidentale du temporel et du spirituel mais sur le modèle holistique que pratique la Chine. Le respect de la conscience personnelle en Occident admet le faire sans le dire et le dire sans le faire. Il est possible de prêter une parole qui n’est pas concrètement réalisable et de réaliser sans dire contre l’intérêt de la société. Par le culte de la patrie des ancêtres, la Chine met son unicité pérenne au-dessus de tout : elle réduit le faire au dire et le dire au faire. En fixant par elle-même la valeur de sa monnaie, elle impose par son modèle politique une économie rentable par définition. Par sa masse, elle manipule la définition du dollar que l’État de droit étatsunien délaisse. La substantification des monnaies ne peut plus reposer sur des définitions juridiques, politiques et religieuses nationales ; ni celles des États-Unis, ni celles de la Chine ni d’aucune autre nation. Keynes l’avait dit à Bretton Woods dans sa proposition du bancor. Il n’y a plus de raison de ne pas l’écouter.

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161 réponses à “Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay”

  1. Avatar de Cécile
    Cécile

    merci, il me manque quelque chose relativement à l’écologie, ou autres paramètres qui opèrent eux aussi quelque par sur la réalité de la valeur
    NB il y a un faux, écrit faut, à cet endroit-là : En réalité elle calcule du faut crédit

  2. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    « La monnaie contient du temps matériel de justice qui n’est pas une simple abstraction. »

    Peut-être que si, c’est une simple abstraction :

    Le temps est jusqu’à preuve du contraire, immatériel. Je pense que même dans le LHC on n’a pas encore vu un morceau de temps.

    « le temps matériel de justice », pose problème.

    Outre le fait que la monnaie ne contient rien du tout, pas plus que la marchandise. La valeur est établie par le rapport offre/demande exclusivement, à l’exclusion de toute autre cause. Le rapport entre l’offre et la demande, ces deux résultantes des forces en présence, détermine la valeur.

    Le temps ne fait rien l’affaire comme le dit Molière, le contenu ne compte pas. Le rapport marchand compte.

    Pour avoir ignoré ce fait, sciemment ignoré, marx a du rédiger 100 pages en trop dans le Chp 1 du Capital.

    La valeur d’usage de l’argent (car tout a une valeur d’usage) est sa valeur d’échange. La valeur d’échange EST la valeur. Pas de justice de morale, de temps, de temps socialisé, etc. Ces considération peuvent servir de repère, sans plus.

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      L’argent est la marchandise vedette, le concept de marchandise réalisé.

      Et aussi, mon grand père me disait que celui qui fait de longs discours ne fait qu’endormir ceux qui l’écoutent.

      Heureusement, les rêves gardent le sommeil.

    2. Avatar de Igor
      Igor

      Votre raisonnement (propre au marchand) vous empêche d’entrevoir la véritable définition de la monnaie, vous dites que la monnaie ne contient rien du tout, il n’y à rien de plus faux, elle contient la reconnaissance sociale, ce qui est d’importance. Le clochard parisien n’ayant plus d’argent n’a plus le droit ce privilège.
      Tout n’a pas valeur d’échange, et pourtant est monnayable, il s’agit des indemnisations : combien vaut le prix de la douleur, quelle est la valeur d’un licenciement, quelle est la valeur de la trahison…Il s’agit bien de transactions sociales se référant aux places hiérarchiques des concernés. La véritable valeur de l’argent, comme souligné dans ce billet est sa valeur juridique qui permet de clore des contrats, il serait plus juste de parler d’indemnisations. La monnaie n’a qu’une définition juridique, c’est bien l’instrument de la justice distributive (à chacun selon ses mérites et ses apports) au sein d’une société ou groupes de sociétés.
      Par voies de conséquences il n’y a pas de monnaie forte et reconnue sans état fort et organisé avec bien évidemment une police et une armée « fortes ».

  3. […] This post was mentioned on Twitter by Frédéric Guerrier, Denis Fruneau. Denis Fruneau said: #BlogPaulJorion Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay: Billet invité. La mon… http://bit.ly/deRkuz […]

  4. Avatar de Charles A.
    Charles A.

    La crise actuelle est la conséquence du détachement matériel de la monnaie fictivement gouvernée.

    En fait, chaque crise économique du capitalisme se déroule des contextes différents,
    que ce soit culturel, social, politique, financier, monétaire, ou autre.
    La fin du « gold standard » évoquée dans ce billet est un élément clé de ce contexte.
    Mais il ne faut jamais oublier que la racine des crises est ailleurs:
    ce sont les rapports sociaux antagonistes, en l’occurrence actuellement le salariat.

    Pour une compréhension détaillée lire ce remarquable document,
    très critique du « marxisme » passé à la hache au cours du XXème siècle:

    Le cadre méthodologique de la théorie des criseschez Marx et sa validation empirique
    Marcel Roelandts , 2009
    http://www.labreche.ch/PDF/Roelandts_ThCrisesMarx06_09.pdf

  5. Avatar de L'enfoiré

    Paul,
    Sujet passionnant pour lequel il y a encore beaucoup de choses à dire.
    La monnaie donne une valeur estimée dans un marché donné. Un euro dans un pays dit développé n’aura pas la même force dans un pays qui l’est moins.
    L’inflation, les dépréciations de ce qu’on vend dépendent de la marchandise vendue. La technologie aura une pérennité plus rapide que les biens de premières nécessités. Il faudra passer par les soldes et même par la vente à perte pour éviter de continuer à payer pour le stockage.
    La vente se fait de manière complètement différente en Afrique qu’en Europe. Les souks qui multiplient les prix par un coéfficient de sécurité en attendant le marchandage que l’on aime pratiquer, face aux prix fixes de nos magasins.
    Oui, Nixon a complètement déstabilisé les marchés mondiaux en ne rendant plus le dollar convertible en or et par là même les autres monnaies. Je me souviens du dollar à 50 FB. Immuable. Au moins, il ne fallait pas ajouter une prime de risque dans le calcul des prix due au fluctuations des monnaies. L’or, les diamants est resté une valeur refuge, alors que ce n’est pas eux qui permettent de produire l’industrie. Le cuivre est bien plus utile.
    Le crédit est un potentiel supplémentaire à la production qui sera normalement transformé dans le futur en du concret. Normalement…
    Une monnaie mondiale comme valeur refuge serait bien venue mais qui en prendrait la gestion?
    Dans les année »s 2000 les spins off commençaient à fleurir. On leur donnait confiance puisque leurs titres grimpaient en valeur. La bulle les a pour la plus part réduit en cendre sans une invention maitre qui restait dans le temps, comme Google et quelques autres.
    Attribuer une valeur se fait souvent par le temps pour le fabriquer en plus du cout du matériel.
    Cela devient complètement aléatoire dans l’art, la peinture, la musique…
    Ici, on parle de confiance dans un marché futur, totalement fictif et parfois prétentieux ou de snobs.
    Des peintures se sont vendues alors qu’ils avaient été exécuté par un animal.
    Non, vraiment le prix de choses est à valeur très variable.
    Anthropologue, vous pourriez expliquer certaines choses.
    L’homme a ses raisons que la raison ne connait pas. 🙂

    1. Avatar de L'enfoiré

      Je n’ai parlé qu’en temps de paix, évidemment. En temps de guerre, de conflit, tout est chamboulé.

  6. Avatar de L'enfoiré

    « Il faut que les hommes décident vraiment de vivre ensemble dans leurs différences et que les pouvoirs politiques en assument vraiment la responsabilité. »

    Là, j’approuve. Avec cette idée, on dit que je suis belgicain.
    Allez comprendre. 🙂

    1. Avatar de L'enfoiré

      Comme vous êtes belge de naissance, peut-être voudrez-vous signer la pétition.
      Ils sont en manque… (rires)

  7. Avatar de louise
    louise

    Pour aller vivre seul sur une île déserte, emporteriez-vous de l’or, des diamants, des pierres précieuses, de l’argent, des billets, de la monnaie ???
    Ces choses là n’auraient aucune utilité pour vous !!
    Elles n’auraient donc aucune valeur pour vous dans votre existence sur l’île.
    Elles auraient beau être corrélées à autre chose que cela ne changerait rien au fait qu’elles vous seraient absolument inutiles.
    La « monnaie » que l’on emploie pour échanger des marchandises, n’a de « valeur » que s’il y a des marchandises à échanger.
    Et l’on peut très bien échanger des marchandises sans passer par la « monnaie ».
    Et plutôt que d’échanger des marchandises en terme de « valeur » il serait plus judicieux de les échanger en terme de « besoin ».
    A ce moment là il serait possible de dire :
    « J’ai X tonnes de ceci, je n’en ai pas besoin, je n’ai besoin de rien, donc je les donne !! »

    Ce qui me sidère, par exemple, c’est que maintenant, lors d’une catastrophe naturelle, il est fait appel aux dons en « monnaie » plutôt qu’en « nature ».
    Il faut commencer par récolter les dons, puis acheter ce qui est nécessaire.
    Résultat, les pays annoncent XXXXX millions pour aider, mais le temps que l’argent soit débloqué il se passe des semaines ou des mois et pendant ce temps les victimes meurent faute de soins ou d’aliments. (voir Haïti)

    Et même si l’argent arrive, le pays concerné par la catastrophe doit acheter ce dont il a besoin.
    Et à qui ? Ben en général aux pays qui lui ont procuré l’argent !!

    J’ai lu sur un blog le commentaire de quelqu’un qui, lors d’un vide grenier organisé dans sa ville, a installé devant sa porte divers objets inutiles pour lui, avec un panneau indiquant que chacun pouvait emporter 3 objets gratuitement. Ses voisins, qui, eux, vendaient leurs objets inutiles étaient furieux!!

    Donc chaque chose n’a de valeur que celle que l’on veut bien lui donner, et la « monnaie » fait partie des choses.

    Pour finir, je vous rapelle deux fables :
    Perrette et le pot au lait, où Perrette se retrouve ruinée par le bris de son pot

    Ce que fait le vieux est bien fait, où le vieux est félicité par la vieille pour avoir échangé son cheval contre trois pommes

    1. Avatar de L'enfoiré

      Louise,
      Dans le désert, un million d’euros ou de dollars, cà a une grande valeur pour poser sa tête comme oreiller. Le sable, c’est trop mou.
      Mais cela peut devenir encore plus intéressant si il y a un chameau avec quelqu’un dessus qui passe par là.
      🙂

      1. Avatar de François Leclerc
        François Leclerc

        Le sable se tasse sous le poids du corps. C’est très dur !

    2. Avatar de louise
      louise

      @ L’enfoiré :
      Seul dans le désert , vous avez une chance d’être recueilli par le quelqu’un sur le chameau.
      Seul dans le désert avec un oreiller de billets les choses peuvent mal tourner pour vous !

      @François Leclerc :
      Un matelas de billets est-il plus confortable ?

    3. Avatar de Michel MARTIN

      A Louise,
      Même si je n’ai personne avec qui échanger, les biens ont une valeur d’usage dépendant du contexte. Cf Robinson Crusoe.

      Si je suis dans le désert et que je peux échanger, c’est peut-être le cours « local » de l’eau ou celui du filtre solaire qui battra des records. Dire « Le marché » n’a pas beaucoup de sens, un marché est local et actuel, il actualise les valeurs d’échange en un lieu donné(je n’ai pas dit qu’il donne la « vraie » valeur, mais celle qui est pratiquée en un lieu à un moment donné).

    4. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Hum… La monnaie a surtout un intérêt si il y a des PERSONNES pour échanger. Seul sur son île, Robinson n’a pas besoin de monnaie. Même à deux, la monnaie n’apporte rien par rapport au troc, si ce n’est qu’elle complique l’échange. Ce n’est que dans une société nombreuse, en particulier où tout le monde ne se connaît pas, que la monnaie devient utile.

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      « La monnaie a surtout un intérêt si il y a des PERSONNES pour échanger. »

      Gu Si Fang. 10.08.2010; Blog Jorion.

      Apparemment elle en présenterait encore un pour vous, résiduel et idol-à-trique sans doute, même sans personne d’autre que vous, voire sans personne du tout, dans l’éternité glacée d’un univers minéralisé…

      Et que penseriez vous de mes définitions, Grand Maître :

      « Les personnes présentent surtout un intérêt s’il y a de la monnaie à échanger ».
      Ou :
      « Les personnes ont sur tout un intérêt s’il y a de la monnaie à échanger ».
      Ou
      « Les personnes ont un intérêt, surtout s’il y a de la monnaie à échanger »

  8. Avatar de Coeur
    Coeur

    Bref, un de ces quatre, on aura plus besoin d’argent pour être heureux! Et d’ailleurs ça commence déjà!

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Exact, mon Coeur, on nous demandera d’être heureux pour avoir de l’argent! Pire quoi…

  9. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Lorsque l’argent circulait sous sa forme métallique, les gens avaient une représentation claire et articulée de ce qu’était l’argent. D’autant plus que le France et toute l’Europe connaissait une période d’une remarquable stabilité entre 1815 et 1919, la fameuse « époque louis d’or ». On a l’impression que les gens ont perdu cette notion, l’argent est devenu un moyen de payement que l’on peut multiplier à volonté, il suffit de l’imprimer. Aujourd’hui, l’argent est virtuel, sans rapport à quelque chose (de palpable), ce sont des chiffres….
    Mais à quoi correspondent-ils?

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Effectivement, la monnaie est d’abord une marchandise. Historiquement elle a d’abord été mesurée en poids, ce qui fait qu’une unité de poids devient l’unité monétaire. La livre, le mark, dérivent leur nom étymologiquement d’une unité de poids. Le dollar tient son nom d’une monnaie d’une once d’argent – encore une unité de poids.

      Puis, après avoir été monopolisée par des seigneurs, elle a changé de nom. C’était parfois le nom du lieu (le besant), du pays (le franc), voire même du seigneur lui-même (un « Louis »). Pour le passage des pièces aux billets convertibles et enfin au papier-monnaie inconvertible, voir mon autre commentaire.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Non seules les protomonnaies étaient des marchandises utilisées pour assurer le règlement des échanges en système de troc, avant l’invention de la monnaie en Lydie (en Turquie d’aujourd’hui) au VIIème siècle av JC sous un prédécesseur en ce royaume de Crésus (VIème av JC).

      La monnaie est une ressource. On parle de ressource monétaire.

    3. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ simplesanstete

      Dollar vient de Thaler qui vient de l’allemand Thal, la vallée. Vers 1530, un comte de Bohème nommé Schlick a reçu le pouvoir de battre monnaie. Ses pièces d’une once d’argent (le métal argent) ont été baptisées Joachimsthaler « la monnaie de la vallée de Joachim » du nom de la vallée où elles étaient frappées. Par la suite, Joachimsthaler a été abrégé en Thaler. Cette monnaie, d’excellente réputation, a été frappée (on pense) à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Son format a ensuite été imité par de nombreux monnayeurs, jusqu’aux Mexicains qui frappaient toujours des pièces du même format au XIXème siècle. Lorsque le gouvernement fédéral américain s’est mis en place et que Jefferson a imposé aux Etats fédéraux un format commun, ces pièces étaient en circulation entre tous les Etats, et c’est pourquoi Jefferson les a choisies. C’est encore une illustration du fait qu’une monnaie commence par émerger dans la société, avant d’être monopolisée par l’Etat.

    4. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ vigneron (poli ?)

      « les protomonnaies étaient des marchandises utilisées pour assurer le règlement des échanges en système de troc, avant l’invention de la monnaie en Lydie »

      Oui, je crois que c’est bien le consensus actuel des historiens et archéologues. Des morceaux de métal de taille et de forme variées, non frappés, ont d’abord été utilisés. Puis Crésus a frappé des monnaies en Lydie vers 700 av. JC et a simultanément inventé le monopole du monnayage 😉 Selon G. Le Rider, la motivation était le seigneuriage, qui constituait à l’époque sa principale source de revenu. Voir :
      http://gigapedia.com/items/320955/

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      Par Saints Von Mises et Rothbard réunis!!! Les vers infâmes du seigneuriage et de du faux-monnayage étatico-satanique était donc déjà dans l’inflorescence délicate du fruit paradisiaque monétaire!!

      GuSi Fang ! Soyez notre exorciste! Nous vous en prions à genoux! Abusés par le Malin que nous sommes depuis 27 siècles! Votre mission est divine. Votre détermination à lutter contre l’antéchrist fait de vous une figure de bienheureux! Mieux, de Saint! Que dis-je! Une figure christique!

      PS aux satanistes: j’ai 1 kg de clous rouillés à céder, plus quelques sarments d’aubépine, un peu de vinaigre et deux bons madriers de chêne…

    6. Avatar de Germanicus
      Germanicus

      Vigneron:
      Le roi Crésus a émis, pour la première fois dans l’histoire semble-t-il, une monnaie en or pur (et non pas en électrum) en grand nombre, ainsi qu’en argent affiné, également une nouveauté à l’époque.
      Simplesanstete:
      Le mot « Thaler » vient de « Joachimsthal », qui était en effet un lieu et une mine d’argent qui avait une grande importance 16e et 17e siécle.

  10. Avatar de eauliv
    eauliv

    j’ai rien compris
    c’est du chinois

    1. Avatar de Bruno

      De ce que j’ai compris (en-dehors de la manipulation financière -hautement politique- des subprimes, en vue de prolonger la prééminence du $ US, en pleine guerre…): l’importance du prix « psychologique »! Ne pas oublier que, pour la plupart des produits achetés, le prix de production est au maximum de l’ordre de 10% -amortissement de l’usine compris-, du prix de vente au consommateur final. La « valeur (dite) ajoutée » se fait ailleurs (intermédiaires, éventuels bureaux « d’études » situés évidemment dans les pays développés, centrales d’achat -pour certaines, situées en Suisse…-, distributeurs). Je prendrais un exemple: une amie parisienne ayant régulièrement l’occasion d’aller en Allemagne a fait un jour un test: acheter exactement les mêmes produits de marque à Paris, en grande surface, et près de la gare de Stuttgart, dans une superette (pas l’endroit le moins cher, puisque très proche de la gare): résultat des courses (c’est le cas de le dire), 90€ à Paris, 46 ou 47€ à Stuttgart. Et si cela ce n’est pas « culturel », dans l’acte d’achat, qu’est-ce donc? A noter: l’Allemagne n’est pas largement moins développée que ne l’est la France…

    2. Avatar de Senec
      Senec

      Il parait que c’est bien pour le cerveau d’étudier des langues compliquées. Certaines religions sont également très compliquées. Elles augmentent le QI. Je ne dis pas cela pour quelqu’un, bien sûr.

    3. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      C’est pas simple… 😉

      Voir commentaire plus bas
      http://www.pauljorion.com/blog/?p=14650#comment-101567

  11. Avatar de rosebud1871
    rosebud1871

    PSDJ,
    Votre 1er §
    Parler de besoin d’attribuer un prix pour produire est récent.
    D’abord pour calculer il aura fallu inventer la numération de position, puis la comptabilité à partie double qui date des vénitiens, ensuite si le boulier asiatique est très ancien, il ne semble guère avoir servi pour anticiper des coûts de production pas plus que la Pascaline.
    « La valeur mérite d’être produite …»
    Même critique, se soucier d’une « rentabilité » est récent, et même avec l’informatique les prévisions dans les grands travaux sont largement fautives.

    Votre second §
    « Les prix pour soi-même ne sont pas visibles, ils sont intérieurs à la personne du sujet du raisonnement économique de la valeur »
    La personne, je suppose que c’est l’individu, l’acheteur, le vendeur, et le sujet je lis qu’il est celui qui est assujetti au raisonnement qu’on a bien voulu lui refiler dans le contexte idéologique où il a grandi.
    Vous croyez à un intérieur et donc à un extérieur. Qui sait si ce n’est pas d’une autre topologie dont il s’agit dans ses affaires de liens entre cette fabrication occidentale d’un sujet réduit à son unité corporelle (des tonnes de tomes d’écrits) et sa multitude dénommée, société, marché etc. (des tonnes de tomes d’écrits aussi).

    Plus simple, 2 petites histoires. Je n’achète sauf exception jamais de tapis sans repasser 3 voire 4 fois voir mon vendeur pour discuter.
    Au bazar d’Hamadan en 99 je flashe sur un petit tapis sur le dos d’un âne. Le muletier intrigué s’approche et je lui fais signe que je souhaite l’acheter. Par geste je comprends qu’il en demande 100$ US, je lui fais signe pour 10, un marchandage muet avec les doigts s’engage, mais il ne descend pas en dessous de 40. Un mollah passe là et s’intéresse à l’attroupement. Je tente de quitter la scène et finalement il me propose 20. J’accepte, je sors quelques billets et au moment où je lui donne 20 il fait signe d’intérêt pour un autre billet dans ma main, lui de 10. Il me le prend et me rends celui de 20.
    Le mollah entre dans l’échange et m’explique en anglais que ce muletier est intéressé par le billet de 10 parce qu’il est neuf, qu’il voit des dollars pour la première fois de sa vie, et qu’il va l’encadrer chez lui. Je ne suis même pas sûr que quelqu’un lui aura refilé le taux de change de l’époque. Un fétiche donc.
    Dans une autre ville, ou je revenais voir quelque tapis je tombe sur des étatsuniennes en tchador bien sûr. J’apprends qu’elles sont G.I’s en Arabie et que la République islamique autorise les militaires femmes seulement (pas les mecs) à faire du tourisme. Elles marchandent un tapis. Le lendemain je reviens négocier encore mon tapis pour un prix sur lequel je ne cède pas. Finalement le marchand accepte mon prix parce que je suis français et qu’à Neauphle le Château, l’Iman Khomeiny a été bien reçu. Un prix d’ami donc.
    Dans ces deux cas, quelque chose excède les règles classiques de l’échange.
    Il n’y a aucun juste prix pour un tapis, pas plus que pour une chaussure.
    Par contre le juste prix, je me répète, c’était la boîte de conserve dont le prix était gravé à l’usine sur le couvercle et vendu partout à ce prix sur le territoire de l’URSS. J’avais trouvé formidable de ne pas avoir à comparer les prix dans 5 supermarchés. Bon, je suis averti que cette boîte pouvait se troquer ensuite pour une autre conserve d’un autre prix fixé aussi à l’usine, mais c’est un autre problème…

    1. Avatar de L'enfoiré

      Deux belles histoires qui démontrent que l’intérêt n’est pas dans l’argent mais dans le potentiel qu’il donne.
      Les prix fixes sont pratiqués plus au nord, bien plus au nord….
      🙂

    2. Avatar de zébu
      zébu

      Je ne crois pas. Il y a un juste prix : c’est le prix proportionnel. Soit le prix que vous considérez comme juste pour l’autre et inversement.
      Mais dans les deux cas, c’est votre statut social qui y est intégré, ce que l’on ne trouve plus dans l’échange ici : votre statut d’apporteur de billet ‘neuf’ dans un cas, votre statut de français dans l’autre.
      J’ai eu l’occasion de vérifier à moultes reprises ceci. Dès lors où votre position n’est pas celle du ‘simple’ touriste-consommateur, les prix varient, à la baisse. Le prix juste est donc celui que l’autre considère comme juste pour l’autre : si votre statut social laisse transparaître une différence (culturelle, sociale, financière, etc.) par trop importante, le prix s’en ressentira d’autant plus. A la hausse.
      A l’inverse, plus vous aurez une ‘proximité’ d’avec le vendeur et plus le prix aura tendance à baisser, jusqu’à un prix ‘d’équilibre’, d’où les variations sont faibles.
      C’est comme voyager dans un même avion mais avec des prix de billets très différents, pour un même classe. Dans certains cas, vous payez le ‘prix fort’ ce billet tandis que d’autres l’ont obtenus à bien moins cher. Dans les deux cas, c’est votre ‘position sociale’ qui intervient : le premier achète la garantie de partir, la sérénité, le choix de la date ; le second l’achète le plus souvent au dernier moment et dépend des dates et des départs charters low-cost.
      Les positions sociales sont donc déterminantes quant à la définition des prix.

    3. Avatar de rosebud1871
      rosebud1871

      @L’enfoiré,
      Je n’encourage personne à perdre le nord…

      @ Zebu
      Merci de cet échange valeureux et gratuit.
      C’est mieux que malheureux et payant.
      Je vais essayer de faire court, néanmoins…
      Je m’intéresse peu à la monnaie, c’est juste un signe dont il semble depuis Bretton Wood qu’il est sorti de la logique classique du signe à savoir ce qui représente quelque chose pour quelqu’un. Le « quelque chose » valant son poids (donc un autre signe étalonné) d’or ou sa médiation dolarisée-devenue dolorisée aujourd’hui. Le référent devenu introuvable justifie l’anxiété généralisée : à quoi se fier ? C’est un tsunami d’un système symbolique.
      Le papier monnaie peut donc être encadré comme une icône, ou servir aux toilettes.
      Au moins l’or permettait un sourire aurifère plutôt qu’édenté.
      De plus « le quelqu’un » a un statut incertain. Si on se précipite sur la personne, le sujet, l’individu, cette singularité devient vite encombrante.
      On tombe vite dans des abymes à penser avec ces dualités concret/abstrait, signe lettre-chiffre et signe opérateurs-connecteurs logiques ou le ternaire sujet/signe/objet.
      La valeur est le coté visible de l’iceberg du manque de l’objet. Ça c’est clair, que le langage désarrime l’humain de tout rapport au réel de l’objet comme on peut imaginer qu’il est la règle chez l’animal.
      Sinon à quoi bon le désirer ? Et lui attribuer quelque vertu ?
      L’objet se montre par essence métonymique d’où le peu de satisfaction qu’il procure à peine acquis, puisqu’un autre vient déjà à être désiré à la même ? place, ce dans quoi est aliéné le devenu consommateur toujours en manque de…
      Ceci n’est qu’une caricature du triptyque de Lacan besoin/demande/désir.

      Le prix est du coté quantitatif de la qualité d’un manque à combler avec un objet quelconque.
      Ce manque est irréductiblement subjectif et comme tel s’articule à tous les réseaux qui fabriquent cette subjectivité singulière.
      Il est d’usage d’entendre quelqu’un qui a acquis un objet quelconque à un prix qui apparaît après-coup n’être pas le meilleur prix avec un comparatif, dire 1/ « je me suis fait baisé » ou 2/ témoigner d’une certain destitution de son investissement libidinal de l’objet.
      Ce n’était donc pas le juste prix ?
      1/ La jouissance est imputée à l’autre, au vendeur.
      2/ Ça semble témoigner que la jouissance attenante à l’appropriation de l’objet est dévalorisée

      Quoiqu’il en soit l’expression est un peu ancienne dans sa connotation, puisque de nos jours à la lettre, se faire baiser, laisse espérer quelque jouissance. Car il parait qu’il y a eu une révolution sexuelle.
      Le juste prix (ce juste n’a rien à voir avec la justice des hommes, mais est plutôt du coté du sentiment subjectif de justice, d’équité avec ses mystères) exclut une forme de surjouissance chez l’autre, dénoncée du coté de la plus-value chez Marx.
      La plus-value en soi par effet du travail n’est pas le souci, c’est sa répartition qui fait problème.
      Donc qu’il puisse parfois y avoir un juste prix une fois écartée ces réserves de jouissance malvenues, je ne vous dis pas non.

      Mais pour tout ce qui concerne les effets de l’accumulation de capital en occident, de spoliation par voies économiques et militaires du reste du monde depuis… allez, la renaissance, ça ne me laisse pas croire qu’il puisse y avoir un juste prix.
      Je suis en accord avec Jorion sur l’intégration du rapport de forces dans le mécanisme de formation du prix, et c’est bien pour ça que quelque soit le prix payé pour un tapis localement en Iran je ne soutiens pas qu’il puisse y avoir un juste prix. A l’export, avec les intermédiaires, c’est pire.
      Je n’ai pas le goût des tapis réalisés en France mais au tarif syndical du tapissier-lissier seul l’État et quelques très riches particuliers peuvent en payer le juste prix. C’est un prix de classe, comme pour les avions !
      J’ai eu la curiosité de recenser sur les 5 articles de Sarton du Jonchay si le terme « travail » avait une place.
      À ma surprise, on le trouve :
      18 juin : […] Les banques européennes travaillent […] Si les États nationaux font leur travail
      23 juin : L’hypothèse de travail est contradictoire avec l’expérience
      27 juin : Rien
      06 juillet : La spéculation de marché travaille l’asymétrie d’information
      24 juillet : […] La réalité physique est bien distincte du travail mental d’anticipation financière […].garantie par le bas coût du travail.
      09 août : Rien
      Il est vrai qu’il travaille sur la monnaie, ça ne doit avoir aucun rapport.
      J’arrête mon bavardage

    4. Avatar de rosebud1871
      rosebud1871

      P.S. Il a bien du se passer quelque chose depuis que les tapis persans présents chez les primitifs flamands ou italiens ou plus tard dans quelques vanités et qui étaient alors accessibles à quelques élites qui se faisaient tirer le portrait en présence, sont aujourd’hui devenus accessibles à une multitude.

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      @rosebud1871 : effectivement, parler de la monnaie sans jamais employer une seule fois le mot travail ne colle pas. Quand on achète un bien, on achète en fait le travail de celui qui l’a produit. Et c’est du physique, ça, le travail, c’est du temps, de l’énergie, du savoir faire, et bien souvent de la sueur, quand ce n’est pas de la souffrance…

    6. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      Vous avez raison. La monnaie est un concept vide sans le travail. C’est bien en niant le travail que la finance est en train de se détruire. Elle supprime la source de la valeur en considérant le travail comme un coût.

  12. Avatar de Senec
    Senec

    « Les subprimes ont été l’ultime et vaine tentative de relever par la spéculation le défi de civilisation de la Chine. L’empire du milieu a cassé le jeu financier occidental. La civilisation chinoise repose davantage sur la société que sur la personne individuelle : elle se sert de la monnaie pour acheter de la sécurité financière au reste du monde avant de développer la valeur par les échanges interpersonnels domestiques. Une énorme accumulation de dettes s’est produite que le système financier international ne sait pas gérer. Le modèle de la monnaie exclusivement portée par la religion et le système politique de l’Occident est en train de s’effondrer. »
    Voilà, pourtant, qui est clair.
    Merci, Monsieur Sarton.

  13. Avatar de Bruno
  14. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    Cher Monsieur,

    J’espère que vous pardonnerez la longueur de mon commentaire. La monnaie est LE problème économique mondial du moment, si l’on s’intéresse à la crise à la manière d’y remédier. Vous avez bien raison d’en parler.

    Pour faciliter la lecture, j’ai rassemblé au début du commentaire les quatre affirmations qui sont justifiées plus loin :

    1) La monnaie est une marchandise qui devient progressivement acceptée par tous dans les échanges. Elle sert ensuite de référence commune dans le calcul économique, c’est-à-dire pour vérifier que ce que l’on fabrique a plus de valeur que les ressources utilisées dans le processus de production.

    2) L’Etat peut augmenter l’échangeabilité d’une monnaie particulière par la Loi, en lui conférant cours légal. Ceci tend à faire disparaître les autres monnaies.

    3) On entend par papier-monnaie les billets de la BCE, qui ne sont pas convertibles. Jamais le papier-monnaie non convertible n’est apparu sur le libre marché. C’est théoriquement impossible, et confirmé par l’histoire : il n’y a aucun exemple. Les monnaies produites par des individus qui échangent sans coercition extérieure sont toujours et nécessairement des marchandises, ou contractuellement convertibles en marchandise.

    4) La monnaie n’a pas besoin de l’Etat pour exister ni pour fonctionner, mais l’Etat intervient souvent dans la monnaie parce que cela lui procure des revenus. La conséquence est qu’il perturbe les échanges commerciaux, et le processus social de formation et de diffusion des valeurs au sein de la société. Les deux conséquences les plus visibles de l’intervention de l’Etat dans la monnaie sont l’inflation et les crises.

    Cdt,

    GSF

    Sur le premier alinéa « Quantification de la valeur dans le temps »

    Il faut préciser la chronologie entre monnaie-marchandise et monnaie unité de compte. Dans votre présentation, la monnaie est d’abord une unité de compte, un nombre attribué à chaque produit, PUIS « la société institue un objet de référence » (dans le texte). Selon cette chronologie, une pomme vaut « trois » sur le marché (prix visible) ; or, elle vaut seulement « deux » pour moi (prix invisible). Je vais donc réaliser un profit de un si j’échange ma pomme contre autre chose. La description est presque exacte, mais il y a un hic : le prix de la pomme est « trois quoi » ? Trois oranges ont de la valeur, trois banaces aussi. Mais trois tout court… ?

    La première étape chronologique est donc de comparer la valeur des pommes, des bananes et des oranges. Ce n’est que dans une deuxième étape que l’un de ces biens peut éventuellement être adopté par toute la population et devenir monnaie. Il peut alors servir de référence commune – ce d’unité de compte. Un peu plus loin, vous semblez rétablir la chronologie correcte en écrivant : « Si la société a institué un objet de référence, tous les prix s’expriment par une quantité de cet objet. » Plus bas, vous allez dans le même sens en écriant : « monnaie révélée par le marché. » Oui : après qu’une marchandise est devenue généralement acceptée dans les échanges, ALORS elle devient la référence pour comparer les valeurs. C’est le passage de la monnaie-marchandise à l’unité de compte.

    Carl Menger est le premier à avoir correctement décrit ce phénomène d’émergence sociale de la monnaie, dans Principle of economics (1871) Ch. VIII – hélas, jamais traduit en français à ma connaissance, mais très facile à lire en anglais. Il insiste sur le fait que la monnaie, même une fois qu’elle a émergé, n’est pas une unité de mesure, mais plutôt de comparaison des valeurs. Je ne considère pas que le livre que j’achète et la monnaie que je donne au libraire ont la même valeur. Si ils avaient la même valeur, pourquoi faire l’échange ? L’échange a lieu parce que, pour moi, le livre a plus de valeur ; pour le libraire, c’est la monnaie qui a plus de valeur. Il n’y a donc pas égalité de valeurs, mais une double inégalité, en sens inverse selon le point de vue d’où l’on se place.

    D’où mon affirmation 1).

    Le deuxième paragraphe « Justice contenue dans la monnaie » est plus confus

    Vous expliquez qu’un producteur ne fabrique un produit que s’il anticipe un profit, c’est-à-dire qu’il aura plus de monnaie en vendant son produit qu’il n’en aura dépensé pour le produire. Mais plus loin, vous écrivez « une société formée par une même loi de la valeur » et parlez « d’individus rassemblés en société par une même loi d’une valeur commune. » Mais il y a là une confusion. L’existence d’une monnaie commune ne veut pas dire que vous avons tous les mêmes valeurs. Un bon steak a de la valeur pour moi, mais n’en a aucune pour un végétarien. Cependant, la monnaie nous sert à découvrir les valeurs des autres et à échanger avec des gens qui n’ont pas nécessairement les mêmes valeurs que nous. D’où l’utilité sociale de la monnaie.

    Par ailleurs, vous introduisez la Loi, et passez de la loi (de la valeur) à la Loi (du Droit), sans qu’on voie bien le rapport que vous faites entre les deux. Une interprétation possible – corrigez-moi si je me trompe – c’est que la Loi peut rendre une monnaie plus facilement échangeable en lui donnant cours légal. On s’approche là d’un autre débat concernant la monnaie : est-elle générée spontanément par les interactions d’individus vivant en société, ou bien est-elle décrétée par l’Etat ? Est-ce votre question ?

    Dans « Mythe invaincu de la matérialité monétaire » j’avoue avoir un doute sur ce que vous voulez dire : qu’est-ce qui est un mythe, exactement ?

    Je pense que vous voulez dire que nous sommes trompés par « l’idée ancrée dans la grande majorité des consciences que la substance monétaire est physique. » En réalité, la monnaie serait immatérielle, mais comme nous lui avons fait correspondre une marchandise pour les besoins de la cause, nous avons fini par croire qu’une marchandise était nécessaire pour avoir une monnaie. Je ne déforme pas ?

    Vous expliquez également que l’Etat peut intervenir dans la monnaie, et tenter de fixer (manipuler) sa valeur, son pouvoir d’achat. C’est le cours légal dont j’ai parlé plus haut.

    Il est exact que l’Etat peut augmenter le pouvoir d’achat d’une monnaie par la Loi en lui donnant cours légal. Si je décrète que tout employeur peut désormais payer ses salariés en carottes, et que le salarié n’a pas le droit de refuser, et que les tribunaux donneront raison à l’employeur, je donne cours légal aux carottes. La conséquence est que les carottes acquièrent un pouvoir d’achat qu’elles n’avaient pas jusqu’alors. Il en va de même avec la monnaie. Menger l’écrit dans ses Principes (toujours Ch. VIII).

    C’est l’affirmation 2).

    Le deuxième problème qui a torturé les philosophes jusqu’au début du XXème siècle est le suivant. La question était : « Est-ce la valeur d’une marchandise qui lui donne son caractère monétaire, ou l’inverse ? » En langage d’économiste : « La demande d’une monnaie-marchandise dépend de sa valeur, de son pouvoir d’achat, du niveau des prix ; mais la valeur de la monnaie-marchandise dépend de sa demande, de son échangeabilité, de son caractère plus ou moins monétaire. Alors est-ce le pouvoir d’achat de la monnaie qui génère une demande, ou la demande de monnaie qui lui donne un pouvoir d’achat ? » Ce deuxième problème a été résolu par Ludwig von Mises, et sa réponse est connue sous le nom de « théorème de régression ». Nom un peu pompeux, certes, mais le contenu est clair. Je laisse les lecteurs qui le souhaitent chercher des précisions sur Google.

    La conclusion est que toute monnaie dérive sa valeur, son pouvoir d’achat, d’une marchandise préexistante et utile. L’Etat peut augmenter le pouvoir d’achat d’une monnaie-marchandise existante, il peut la monopoliser, mais il ne peut pas décréter que des bouts de papiers ont cours légal et espérer qu’ils serviront de monnaie. Historiquement, le papier-monnaie est apparu parce qu’il était convertible, et donc rattaché à une monnaie-marchandise. On lui a ensuite donné cours légal : il est donc devenu monnaie convertible en marchandise ayant, de plus, cours légal. Enfin, l’Etat a suspendu la convertibilité et annoncé aux porteurs de billet que… non… ils n’auraient pas le métal qui leur était normalement du. Ce papier n’était plus convertible, mais il figurait désormais dans de nombreux contrats, en héritage de la période précédente où les gens s’étaient mis à l’utiliser. Il conservait de plus son cours légal. Ce n’est qu’alors qu’il « est apparu suffisant à représenter la matière de la mesure. » Ce n’est en rien le résultat d’une évolution spontanée de la monnaie, mais le produit de l’intervention de l’Etat.

    C’est l’affirmation 3).

    Les letttres de change (monnaie de crédit), les billets de banque (convertibles), et les certificats de dépôt (remboursables) sont des monnaies parfaitement légitimes, produites par le marché. Mais ce ne sont pas des papiers-monnaies. En revanche, il est assez facile pour l’Etat d’encourager la diffusion de ces monnaies qui ont le papier pour support, puis de suspendre leur convertibilité pour passer au papier-monnaie. D’où une confusion fréquente.

    Je passe rapidement sur la suite :

    Le sens général de votre conclusion semble être que, pour pouvoir échanger entre différents pays, nous avons besoin de valeurs communes, donc d’une monnaie de référence commune, et donc d’un Droit commun. Cela découle de ce qui précède, puisque le Droit définit / modifie / manipule la valeur de la monnaie. Ce n’est pas faux, mais la présentation peut être simplifiée sans (j’espère) modifier le sens :

    Lorsque l’Américain Jack échange avec le Chinois Chang, ils ne connaissent pas a priori les valeurs (les goûts, les préférences) de l’autre. Mais en comparant les quantités de monnaie qu’ils cèdent et qu’ils reçoivent dans les échanges et dans les contrats, ils peuvent progressivement découvrir les valeurs de l’autre – sans nécessairement les partager. Le fait que l’Etat américain et l’Etat chinois manipule leur monnaie rend les échanges entre Jack et Chang imprévisibles. Jack ne peut pas savoir si une hausse de prix reflète un changement des préférences de Chang, ou bien une intervention étatique. Ils vont donc perdre de l’énergie à comprendre leurs valeurs respectives dans ce brouhaha monétaire, et faire en cours de route des erreurs de calcul économique, c’est-à-dire de mauvais investissements.

    D’où, enfin, l’affirmation 4).

    Pour finir, un mot sur le bancor. Il y a du bon et du mauvais dans ce projet. Le bon, c’est qu’il s’agissait de recréer une monnaie internationale commune, afin de faciliter les échanges. Le mauvais, c’est qu’elle était artificielle et contrôlée par un organisme interétatique. Le bancor était de plus, par nature, plus inflationniste que son concurrent l’étalon de change-or qui l’a emporté à Bretton Woods. Bretton Woods s’est effondré dans le vrombissement de la planche à billets qui avait servi à financer la guerre du Vietnam aux Etats-Unis, et la guerre d’Indochine et d’Algérie en France – entre autres. Le bancor était non convertible et donc par nature plus tentant pour des gouvernements inflationnistes. Selon toute vraisemblance, il se serait effondré aussi, mais plus vite…

    Pour une introduction, je renvoie à Etat, qu’as-tu fait de notre monnaie ? de Murray Rothbard, économiste autrichien et libéral. C’est la meilleur exposition que j’aie trouvé à ce jour.

    http://tinyurl.com/etatquastufaitdenotremonnaie

    Pour aller plus loin, on peut lire :

    Bastiat, Frédéric – Maudit argent (1849) : http://bastiat.org/fr/maudit_argent.html

    Menger, Carl – Principle of economics (1871) : http://www.mises.org/Books/Mengerprinciples.pdf

    Mises, Ludwig von – The theory of money and credit (1912) : http://mises.org/books/tmc.pdf

    Rist, Charles – Histoire des doctrines relatives au crédit et à la monnaie (1938) : http://gigapedia.com/items/320960/

    Hülsmann, Guido – Ethique de la production de monnaie (L’Harmattan, 2010) : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=31994

    1. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Voir mon commentaire plus bas ^^.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Pour finir, un mot sur le bancor. Il y a du bon et du mauvais dans ce projet. Le bon, c’est qu’il s’agissait de recréer une monnaie internationale commune, afin de faciliter les échanges. Le mauvais, c’est qu’elle était artificielle et contrôlée par un organisme interétatique. Le bancor était de plus, par nature, plus inflationniste que son concurrent l’étalon de change-or qui l’a emporté à Bretton Woods. Bretton Woods s’est effondré dans le vrombissement de la planche à billets qui avait servi à financer la guerre du Vietnam aux Etats-Unis, et la guerre d’Indochine et d’Algérie en France – entre autres. Le bancor était non convertible et donc par nature plus tentant pour des gouvernements inflationnistes. Selon toute vraisemblance, il se serait effondré aussi, mais plus vite…

      1) Le but du Bancor n’était pas de « faciliter les échanges » mais de réduire les désordres monétaires issus d’échanges déséquilibrés. Apaiser les relations internationales et commerciales et stabiliser le système monétaire mondial. Objectifs avoués et aisément compréhensibles de Bretton-Woods,

      2) Si vous abhorrez les « organismes inter-étatiques », eussiez vous préféré une BMPS, Banque Mondiale Privée Supra-étatique?

      3) Où avez vous lu que les USA ont soutenu la France en Algérie? Lisez Irwin Wall (Les États Unis et la guerre d’Algérie). Ils soutenaient plutôt la résistance au Maghreb contre les intérêts français et ont accueilli De gaulle avec soulagement, pensant qu’il accorderait rapidement l’indépendance. Mais ce n’est que fin 59 qu’il se résout, en grande partie sous la pression US, à accepter la fin de l’empire français qui, pensait-il, offrait à la France une chance pour accéder à un « directoire tripartite  » au côté de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. La France resta un sous-fifre, grommelant tel un grenadier de la garde, mais aligné, avec pincement d’oreille par l’Empereur en prime. On ne va pas contre l’Histoire même en s’appelant De Gaulle, alors Gu Si Fang….

      4) La guerre du Vietnam a bien contribué à l’effondrement de la parité Dollar/Or et donc aux accords de Bretton-Woods. Mais le facteur déclenchant a été le refus de la Bundesbank au début des années 1970 de créer trop de monnaie nationale en contrepartie des déficits américains. Ils ont fini par refuser de respecter les règles de l’accord ; symétriquement les États-Unis ont fini par ne plus assurer le change des dollars en or, ayant vu fondre le stock d’or de la FED. Toutes les monnaies se mirent bientôt à flotter.
      Le système Bancor, en déplaçant l’émission et la gestion de la monnaie d’échange au niveau mondial, et non plus au niveau local comme pour une monnaie nationale ou d’union internationale (Euro) ou au niveau « impérial », comme le dollar/Or de Bretton-Woods, ou le pétro-dollar qui suivit, je ne vois pas en quoi il serait intrinsèquement plus inflationniste que la parité Or.

      Il me semble qu’entre les tendances opposées quant à « l’ontologie » monétaire au sein du clan de vos apôtres adorés et bien divisés de la Société du Mont Pèlerin, vous penchiez nettement plus vers les vociférations d’un Rothbard, que vers les injonctions monétaristes d’un Friedman (Milton, pas le rejeton dégénéré), sans parler du nobélisé (un des 9 du petit club d’échangiste libéral) et gaulois Maurice Allais, qui, avec véhémence, a très largement retourné sa veste…

    3. Avatar de Sarton du Jonchay
      Sarton du Jonchay

      Merci vivement de ce développement passionant. Je n’ai pas les outils adaptes pour vous répondre immédiatement. Je vous promets de revenir vers vous.

    4. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ vigneron (merci d’ouvrir le dialogue)

      1) Je suis d’accord, il ne me semble pas qu’il y ait d’opposition.

      2) Quand on laisse les banques fonctionner sans se mêler de leurs affaires ni se servir dans la caisse, elles n’évoluent pas vers une super banque mondiale. Il y a cependant un risque. En particulier, un régime de banques à réserves fractionnaires requiert une chambre de compensation. Il suffit parfois d’une petite intervention légale pour donner à cette institution un rôle hiérarchique par rapport aux autre. A partir de là, la mécanique s’emballe : la création monétaire accélère, les crises apparaissent, d’où la nécessité pour la banque « supérieure » de prêter à celles qui sont en difficulté. Puis, un jour survient une crise où la banque supérieure n’est plus en mesure de convertir ses propres billets en métal. Elle a imprimé pour alimenter les autres en liquidité, et la pyramide va s’écrouler. C’est alors qu’elle suspend la convertibilité, ce qui ne peut se faire qu’avec la bénédiction des pouvoirs publics. Sans cours légal, en effet, un papier non convertible serait refusé. C’est donc avec l’aide de l’Etat seulement que la banque supérieure devient un émetteur de papier-monnaie non convertible.

      3) Vous m’avez mal compris. La planche à billets américaine a financé la guerre du Vietnam, et la planche à billets française, la guerre d’Algérie. N’oubliez pas que, dans Bretton Woods, la Banque de France était tenue de rembourser les francs en dollars, moyennant quoi elle était libre d’imprimer la quantité qu’elle désirait. Et comme elle en a souvent abusé, et vu ses réserves diminuer, le franc a dévalué de 75% par rapport au mark pendant ces « glorieuses » décennies.

      4) Les déboires de Bretton Woods ont commencé bien avant 1971, et ils étaient inscrits dans le système lui-même. Il était « conçu pour s’effondrer » comme l’ont très bien écrit Jacques Rueff à partir de 1961 et Henry Hazlitt dès 1944. L’Allemagne a refusé la fuite en avant vers l’inflation parce qu’elle avait payé très cher ses expériences en la matière. Elle n’a d’ailleurs pas été la seule à se rebeller contre la politique monétaire américaine : il y a eu la France et les Pays-Bas.
      http://gigapedia.com/items/322171/ (Rueff, en français)
      http://mises.org/books/brettonwoods.pdf (Hazlitt, en anglais)

      Pourquoi le bancor est-il « intrinsèquement plus inflationniste que la parité-or ? » Parce que le bancor est un papier-monnaie : on peut le produire en quantités potentiellement illimitée, ce qui n’est pas le cas des monnaies convertibles. C’est pourquoi l’étalon de change-or (Bretton Woods, ou entre-deux guerres) est moins inflationniste que le papier-monnaie. De même, l’étalon-or est moins inflationniste que l’étalon de change-or, et des monnaies produites sur le marché sont moins inflationnistes que l’étalon-or.

    5. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      1) En effet, pas de contradiction intrinsèque à priori, sauf que vous privilégiez l’objectif de stimulation des échanges aux buts régulationnistes…

      2) J’en conclus que vous êtes bien dans la ligne de Rothbard et souhaitez l’abandon du dernier relief du contrôle souverain (si peu!) de l’émission monétaire : la règle des réserves fractionnaires…

      3) / 4) Pourquoi ne pas avouer que Bretton-Woods n’était qu’une concession passagère de l’histoire triomphale du libéralisme à des objectifs purement politiques, l’effondrement de l’empire soviétique, que seuls les États honnis étaient en mesure de permettre moyennant quelques « libéralités » à ceux-ci offertes et quelques subsides illusoires et provisoires pour une classe moyenne condamnée à terme? tout cela derrière 80 millions de morts bien embarrassants. Ça valait bien une petite mise en veilleuse et sourdine des grands principes libertariens pendant quelques décennies, le temps pour les valets étatiques de faire le ménage.

      « La fin de l’ère keynésienne » article-testament du Monde rédigé en 76 par Rueff, co-fondateur de la société du Mont Pèlerin, grand manitou de l’économie gaullienne puis européenne, ami du cancrelat Pinay et grand pourfendeur de Keynes et Tobin devant l’éternel Von Mises prouve bien qu’il ne pouvait qu’être d’accord avec le libertarien revendiqué Hazlitt.

      Vos références sont décidément sans équivoque.

    6. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ vigneron

      Sur 3) / 4) je ne comprends pas. Vous considérez que Bretton Woods, le FMI et la Banque Mondiale étaient d’inspiration libérale, ou au contraire ? Les 80 millions de morts : embarassants pour qui exactement ? Vous savez, s’il y a trop de sous-entendus sarcastiques, je décroche.

    7. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      Je trouve votre conception de l’échange un soupçon déséquilibrée.

      Je me vois contraint de me fader, avec toute la bonne volonté que mes limites cognitives et morales m’autorisent, la prose résultant de votre plongeon en apnée et sans « lumières » dans les profondeurs de la « pensée libertarienne ».

      Et en retour je n’obtiens que votre difficulté prétendue à saisir quelques lignes, bien innocentes pourtant, où vous ne voyez que de l’équivoque et du sarcasme rendant rédhibitoire toute explication de votre part sur les tenants et aboutissants politiques de vos théories chéries, pourtant bien chargées de multiples ambiguïtés et contradictions. Masquant ainsi bien mal le cynisme et le nihilisme de la vision du progrés humain qu’a adoptés votre école de pensée.

      Il s’agit de votre part de bien pire que de sarcasmes ou d’imprécision. Il s’agit de professions de foi mono-sourcées à la fontaine miraculeuse du Mont Pèlerin, de la tentative de diffusion de théories partout agissante et partout réfutées, il s’agit de la justification performative de celle-ci par l’évocation permanente des prophètes auto-proclamés et l’amalgame opportuniste et sélectif de quelques grands penseurs libéraux originels au moyen de citations déplacées du contexte historique et de leur corpus philosophique et moral (Smith par exemple).
      Bref, appliquer à la règle les préceptes rhétoriques et pseudo-dialectiques que l’on vous enseigne en votre église et éviter les questions qui fâchent. Et tordre consciencieusement toute réalité objective à l’aune de ces préceptes en la pliant au gabarit de bêton pré-contraint d’une idéologie tout simplement totalitaire.

      Comment peut-on citer Basquiat (et Salin ou Madelin si votre courage vous l’autorisait sur ce blog…) avec une telle gourmandise, et se permettre en toute candeur de le mélanger aux enseignements autrement plus complexes et nuancés d’un Smith ou d’un Locke, si ce n’est parce qu’on est le produit d’une déviation morbide et falsificatrice de la pensée issue d’une ouverture épistémologique salutaire en son temps?

    8. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      La question de l’interprétation de la clause provisionnelle est une question distincte tout comme celle de la propriété privée. Ce n’est absolument pas à cela que je faisais référence mais à sa théorie de la monnaie.

      Pour ce qui est des interprétations différentes de la clause provisionnelle, je n’en ai vu que deux d’intéressantes, celle de Nozick et celle de Claude Roche. Pour les libertariens en général Locke fait deux pas en avant, mais un pas en arrière du point de vue de la théorie de la propriété, le pas en en arrière étant cette fameuse clause qui les ennuie tant, évidemment… Je passe sur l’interprétation extremement subtile de Nozick (que j’ai déjà expliquée une fois ailleurs sur ce blog) pour rappeler que l’interprétation de Claude Roche est disponible ici:
      http://www.editions-harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=13701&no_artiste=3743

    9. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Zut… si le moderateur voulait bien remettre mon commentaire ci dessus à sa place (c’est une réponse à celui e Bruno, juste en dessous, et il répond à la demande du lien vers l’article de C. Roche).

      Je précise que je n’aime pas trop les « arguments » qui ne discutent pas du fond théorique.

      Que je sache les théories libertariennes sur la nature/fonction de la monnaie n’ont rien à voir avec le soutien de la dictature de X ou de Y. A moins de prouver qu’il y a un lien de causalité directe entre le système monétaire qu’ils préconisent et la dictature d’un Pinochet. Ce qui est peut-être possible, mais dont on devrait faire la preuve avant (c’est quand même pas gagné…).

      Du reste, à titre personnel, notre commentateur n’a pas LUI-MEME cautionné ou participé à ce genre d’opération de toute façon. Je ne vois pas pourquoi on lui impute les fautes de Friedman. C’est encore privilégier l’attaque ad nominem et noyer le poisson théorique. Surtout qu au final on perd le fil pour se pencher sur des questions de géopolitique ou d’histoire des relations internationales. Restons en à la monnaie, et à ce que nous pouvons en apprendre.

      C’est quand même bien d’avoir sur ce blog un rothbardien et un vrai connaisseur de la monnaie fondante. Ne les gaspillons pas. Il y a peut être un aperçu ou un autre qui pourrait nous avoir échappé, et qui pourrait être utile pas nécessairement dans le même contexte. Enfin je dis ça… je dis rien…

    10. Avatar de Moi
      Moi

      @AntoineY: « A moins de prouver qu’il y a un lien de causalité directe entre le système monétaire qu’ils préconisent et la dictature d’un Pinochet. »

      Cela tombe bien. Le lien est prouvé et depuis longtemps. Voir, entre autres, le bouquin de Naomi Klein dont je vous mets la référence. Bonne lecture.

      http://www.amazon.fr/strat%C3%A9gie-choc-mont%C3%A9e-capitalisme-d%C3%A9sastre/dp/2742775447

    11. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Ceci n’est pas un lien causal au sens où je l’entend: c’est une « description » des stratégies historiquement mises en œuvre et poursuivies par des acteurs ayant des buts différents.

      Bien sûr une théorie peut servir une stratégie de conquête (théories du droit divin), et une stratégie de conquête peut servir à imposer un modèle qui découle de cette théorie (guerres de religions, guerre froide…). Mais ceci est autre chose que de s’interroger sur la valeur stricto sensu, du point de vue de la recherche, de la théorie en question.
      Les motivations des agents ne constituent pas un lien causal, pas plus que les motivations du physicien ne permettent de valider/invalider ses théories, qui sont jugées sur des critères distincts.

      Qu’une théorie génère des opportunités pour certains acteurs c’est une chose, que ces opportunités expliquent que la théorie soit émise au sein d’un groupe plutôt que d’un autre c’est certainement vrai aussi (même si d’autres facteurs entrent en jeu, aussi importants ), mais du point de vue de la validité intrinsèque de la théorie défendue, tout cela reste contingent et non « nécessaire ».

  15. Avatar de morita
    morita

    Bonjour
    merci beaucoup pour ces réflexions.
    Encore étudiant en formation, suite à une longue période(8 ans) d’absence de réflexion et de lectures suite à une maladie grave, j’aimerais poser quelques questions aux contributeurs(et vous prie de m’excuser si mes réflexions ou questions vous semblent « dépassées »

    – en quoi les réflexions de Paul grignon sur « l’argent-dette « peuvent -elles être contestables?
    http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news

    b) outre la lecture des ouvrages de Mr Jorion, d’Attali, de la théorie dite « de la régulation »(ici sur le plan strictement économique..mes domaines d’intérêt étant multiples)..

    Comment puis-je me restructurer intellectuellement, tant en termes de qualité d’expression que d’idées? (HS si ce commentaire est hors-propos pourrai-je , en envoyant un mail personnel, bénéficier des méthodes de travail des chercheurs de métiers ou autodidactes postant souvent sur ce blog des commentaires et liens de qualité)

    Je serai à partir de mi septembre étudiant en japonais et Economie Internationale à l’université Paris-dauphine

    En espérant une réponse de votre part

    cordialement

  16. Avatar de all
    all

    OK merci Gu Si Fang

  17. Avatar de Bruno

    A Gu Si Fung

    « Je ne considère pas que le livre que j’achète et la monnaie que je donne au libraire ont la même valeur. Si ils avaient la même valeur, pourquoi faire l’échange ? L’échange a lieu parce que, pour moi, le livre a plus de valeur ; pour le libraire, c’est la monnaie qui a plus de valeur. »

    Amusant! Un philosophe français du XVII° siècle (à l’époque, les « économistes » n’éxistaient pas en tant que tels…) a dit EXACTEMENT la même chose.

    Et que c’était donc ce phénomène qui créait la richesse.

    Je n’en suis pas sûr, mais je crois qu’il s’agit de Condillac ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Bonnot_de_Condillac ).

    Cordialement

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Absolument, merci de l’avoir signalé. Condillac est l’un des précurseurs de la théorie de la valeur subjective. C’est l’idée que les choses ont une valeur différente pour chacun de nous, ce qui fait que l’échange est si utile : j’échange ce qui a peu de valeur pour moi contre ce qui a peu de valeur pour vous !

      Parmi les rares à avoir eu cette idée révolutionnaire avant Condillac, il faut citer les théologiens scolastiques espagnols au 16ème siècle (Molina, de Mariana).

      Si l’on remonte plus loin, Aristote s’était planté sur ce sujet, puisqu’il croyait que l’échange démontrait une égalité de valeur entre les choses qui sont échangées. Malheureusement, la théorie aristotélicienne sur ce point a fait beaucoup d’émules. Il faut dire qu’elle est plus intuitive, bien qu’elle soit fausse 😉

    2. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Si c’est une intuition de Rothbard, qui commet contresens sur contresens quand il parle d’Aristote (lui faisant dire à peu près n’importe quoi), je serais vous je m’en méfierais… D’ailleurs ce n’est pas du tout ce que dit Aristote, si on en croit Paul.
      Je précise aussi, au passage, qu’il y a une différence entre la théorie de la monnaie et la théorie de la formation des prix, et j’ai l’impression que vous mêlez souvent confusément les deux types de questions, ce que l’auteur du blog vous expliquera sans doute mieux que moi.

    3. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ AntoineY

      Pour Aristote, on fait souvent référence à sa discussion de l’échange et de la monnaie dans Ethique à Nicomaque : « il ne saurait y avoir ni communauté d’intérêts sans échange, ni échange sans égalité, ni enfin égalité sans commensurabilité. »

      N’étant pas spécialiste d’Aristote, je me fie à ce que je lis à son sujet. Il a distingué valeur d’usage et valeur d’échange, insisté sur le fait que les deux parties d’un échange doivent être satisfaites, et réfléchi sur le rôle de la monnaie dans ce contexte. Selon lui, la monnaie est nécessaire pour que les échangeurs puissent comparer les valeurs des objets échangés et arriver à un échange juste.

      Or, cette idée de commensurabilité amène directement à l’idée de « mesurer » la valeur, et donc à l’idée de valeur intrinsèque. C’est là le piège que je tiens à signaler : la valeur n’est pas mesurable ; elle n’est pas attachée à l’objet. Ou, en tous cas, si on définit une valeur qui a ces caratéristiques, comme le fait par exemple Ricardo, on arrive à des contradictions. Tandis qu’en partant de la valeur subjective, comme on le fait depuis la révolution marginaliste, on peut expliquer les échanges économiques – y compris la monnaie.

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      Il n’y a pas que les marginalistes qui soient partis de Ricardo pour le critiquer. Il y a aussi un certain Marx, même s’il se fonde sur la valeur travail abandonnée ensuite par les néo-classiques qui utiliserons la valeur marginale:

      Karl Marx; le Capital, Livre I « La marchandise et la monnaie » :
      « L’utilité d’une chose fait de cette chose une valeur d’usage. Déterminée par les propriétés du corps de la marchandise, elle n’existe point sans lui. Ce corps lui-même, tel que fer, froment, diamant, etc., est conséquemment une valeur d’usage, et ce n’est pas le plus ou moins de travail qu’il faut à l’homme pour s’approprier les qualités utiles qui lui donne ce caractère. Quand il est question de valeurs d’usage, on sous-entend toujours une quantité déterminée, comme une douzaine de montres, un mètre de toile, une tonne de fer, etc. Les valeurs d’usage des marchandises fournissent le fonds d’un savoir particulier, de la science et de la routine commerciales ».

      « En tant que valeurs toutes les marchandises ne sont que du travail humain cristallisé. »

      L’utilité marginale est définie comme l’utilité de la dernière unité d’un bien consommé. Par exemple le premier verre d’eau a beaucoup de valeur pour un assoiffé, mais le dixième n’en a aucune. Cette définition de la valeur domine l’économie actuelle. Et on vous fait manger salé, très salé…

      Et « expliquer (certains) échanges économiques » par une théorie suffit -il à l’entériner. Ne serait-elle pas réfutable, comme toute théorie scientifique qui se respecte un chouïa (Popper)? Sauf à considérer qu’il ne s’agirait nullement de Science…

    5. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      OK
      Alors je précise.

      1/Aristote ne parle JAMAIS de « valeur d’échange » ni de « valeur d’usage ». Ce n’est pas pour rien qu’il n’utilise surtout pas le concept de « valeur » sous-entendu ici.
      2/ Pour lui la fixation des prix n’est pas liée au jeu de l’offre et de la demande mais un rapport politique avant tout. Qui n’a rien à voir avec la justice et tout avoir avec le « rang » ou la place »hiérarchique » des citoyens. Cette question est distincte de celle, normative, du « juste prix », et distincte encore de la recherche sur la nature de la monnaie et du crédit.
      3/Karl Marx fait un contresens total par rapport à Aristote et reprend au fond la quasi totalité des prémisses de la pensée qu’il qualifiait lui même de « bourgeoise » en matière de formation des prix (en plus de vouloir systématiquement contredire Hegel, ce qui l’amène à commettre des erreurs). Il reprend également la théorie de la monnaie de Schumpeter, sans rien y changer alors qu’on le crédite, à tort, d’une innovation majeure sur ce point. C’est Locke qui innova vraiment, dans le seul ouvrage non traduit en français, consacré à la théorie du crédit, avec plusieurs siècles d’avance.

      Cf l’ouvrage de Paul sur « Le Prix » (à paraitre?).
      Cf également l’ouvrage de Henaff sur le « Hors prix », pour une meilleure compréhension des vues d’Aristote.
      Cf. Claude Roche sur l’ontologie de la monnaie, son ouvrage et ses articles en ligne.

      La théorie de la formation des prix est une chose (ce qui inclue le rôle des motivations des agents). La théorie de la monnaie une autre. La deuxième n’est pas de la compétence des économistes.

    6. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Il s’agit bien de Ricardo, et non pas de Shumpeter. Mes confuses.

    7. Avatar de zébu
      zébu

      @ Antoine Y :
      Je serais tenté de dire que la première non plus 🙂

    8. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ AntoineY

      Locke est en effet un des premiers à avoir formulé l’idée que n’importe quelle quantité de monnaie suffisait pour l’économie. Mais il a ajouté un proviso, disant que cette quantité devait être stable, faute de quoi il y aurait des erreurs de calcul économique. Or, le fait que la quantité de monnaie varie ne provoque des erreurs de calcul économique que SI les acteurs économiques ne l’anticipent pas.

      Je ne trouve pas les références de Claude Roche en ligne. Auriez-vous une URL ? Merci d’avance.

    9. Avatar de vigneron
      vigneron

      @ zébu

      laissez leur un os à ronger à nos économistes! soyez miséricordieux, que diable!

    10. Avatar de zébu
      zébu

      @ Vigneron :
      Riiiiiiin du tout !!
      Qu’ils gobent les mouches, les mains dans le dos.

  18. Avatar de Bruno

    Quelques citations de Condillac (XVIII° siècle!):

    « Le partage des trois pouvoirs constitue proprement ce qu’on nomme république, comme la réunion des trois pouvoirs constitue ce qu’on nomme monarchie. »

    « Les matières premières qu’on travaille dans les manufactures passent par bien des artisans et par bien des marchands, avant d’arriver aux consommateurs ; et à chaque artisan, à chaque marchand, elles prennent un accroissement de prix, parce qu’il faut remplacer successivement les taxes qui ont été payées. »

    « On ne croirait pas ces choses, si tout n’était pas croyable de la part d’un homme en démence qui voulait passer pour Dieu. »

    « On juge avec raison que, lorsqu’une nation n’est recherchée ni dans sa nourriture, ni dans son habillement, ni dans son logement, il suffit, pour la faire subsister dans l’abondance et dans l’aisance, d’employer le quart des citoyens aux travaux journaliers de la cultivation et des arts grossiers. »

    « Les Manichéens ont, de tout temps, entassé principes sur principes, absurdités sur absurdités. »

    Etc. http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/auteur/condillac/32

  19. Avatar de Bruno

    A propos d’une monnaie créée… « de toute pièce », ayant valeur à Rosenheim: le « Chiemgauer » (cela vaut bien l’euro, non?). http://www.chiemgauer.info/

  20. Avatar de AntoineY
    AntoineY

    @ Gu Si Fang:

    J’aimerais si possible avoir votre opinion sur la théorie gesellienne de la monnaie (fondante), si ca ne vous ennuie pas (je suppose que vous la connaissez un peu si vous êtes sur ce blog, sinon une bonne âme retrouvera surement les liens les plus pertinents).

    Ce serait surtout super, si vous le pouvez, que vous nous expliquiez en détail à quoi ressemble et comment fonctionnerait la monnaie dans un cadre qui serait purement libertarien, et quels seraient les droits des établissements de crédit dans un tel contexte (au delà du fait qu’ils seraient logiquement dépossédés de leur casino). Par exemple le système des monnaies « à la carte ».

    Plus important:
    Vous semblez penser que la monnaie devrait rester quelque chose de neutre et ne remplir que la/les fonctions qui semblent être (naturellement) la/les sienne. Pour la découverte de cette dernière, vous croisez (oscillez entre?) différentes méthodes d’investigation, qui vont de la psychologie sociale à l’histoire en passant par la logique pure (ce qui ne va pas sans de nombreuses contradictions…).

    J’ai donc deux questions:
    – A quelles conditions une monnaie reste t-elle « neutre »/ »pure »? Et en quoi l’intervention étatique ne relève t-elle pas, après tout, de cette même logique du fonctionnement « neutre » de la monnaie (en quoi cette « fonction naturelle » peut-elle être affectée par le type d’entité qui en fait usage, par exemple un Etat?)

    – Puisqu’il existe différents modèles de fonctionnement de la monnaie (par exemple les deux cités plus hauts, plus le système existant), qui au fond lui attribuent tous différentes fonctions, ne faut-il pas renoncer à l’idée de fonctions fondamentales ou résiduelles de la monnaie (au mieux ce n’est pas discriminant, au pire c’est hors-sujet). Si on a besoin de raisons indépendantes pour justifier le choix de tel ou tel modèle, pourquoi comme vous le faites accorder une priorité à des raisons de type « conséquentialistes » du genre « ca produit/aurait produit de l’inflation » plutôt que des raisons de principes?

    En gros, pour quelles raisons préfereriez vous le modèle libertarien au modèle gesellien (ou l’inverse)? Hypothèse: le modèle libertarien est décentralisé alors que le modèle gesellien implique une intervention de l’Etat, (mais il se pourrait que ce dernier maximise la liberté des personnes sur d’autres dimensions).

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ AntoineY

      Je n’ai pas lu les billets de ce blog sur la monnaie fondante, mais c’est un sujet ancien sur lequel on n’a pas tellement innové depuis John Law. L’argument est le suivant : mes dépenses font le revenu de quelqu’un d’autre ; si je thésaurise ma monnaie, quelqu’un d’autre n’aura pas de revenu. A l’inverse, en créant de la monnaie ou en faisant en sorte qu’elle « brûle les doigts » des consommateurs, elle changera plus vite de mains et stimulera l’économie.

      Autrement dit, c’est une des variantes d’un sujet plusieurs fois centenaire : le lien entre la création monétaire et la croissance économique ! Gesell voudrait introduire une monnaie sous monopole, qui coûte un intérêt négatif à son porteur. Autrement dit, vous n’avez pas intérêt à la garder trop longtemps parce qu’elle perd progressivement de la valeur. Les intérêts en question sont bien entendu perçus par l’Etat, qui est l’émetteur sous monopole.

      En étant un peu provocateur, on pourrait dire qu’une monnaie comme l’or, par exemple, est une monnaie fondante. On extrait tous les ans un peu d’or, et le pouvoir d’achat de l’or diminuerait si l’économie ne produisait pas simultanément plus de biens. Mais, à la différence de la monnaie fondante, l’or a été choisi parce que personne n’a le pouvoir de créer de l’or arbitrairement et de s’enrichir ainsi sans travailler. Dans le système gesellien, les profits de la planche à billets (ou son équivalent) vont à celui qui en a le monopole. Sur le marché, les profits de la production de métaux précieux vont à ceux qui les produisent, de même que pour le charbon, par exemple.

      On a donc d’un côté un système où la production de monnaie est potentiellement illimitée, et où les profits résultent d’un privilège ; et de l’autre un système où la production de monnaie est limitée et où les profits ne proviennent pas d’un privilège.

      Quelques remarques :
      – la monnaie n’est jamais neutre, qu’il s’agisse de pièces métalliques, de monnaie de crédit ou autre : toute production entraîne une création de richesses et donc un changement dans la distribution des richesses ;
      – c’est encore plus vrai pour le papier-monnaie, qui n’entraîne aucune création de richesse, et se traduit donc par un transfert à somme nulle de la société vers l’imprimeur ;
      – il n’y a pas besoin de construire un système monétaire ou bancaire, ils « s’organisent tous seuls » à condition de faire respecter le droit civil.

      Pour revenir au modèle de Gesell, de Knapp ou toute autre création de monnaie par l’Etat ou sous contrôle de l’Etat, la raison pour laquelle je les rejette est très simple : c’est une violation (légale) de la propriété, ça apporte l’inflation et les crises, et les soi-disant effets bénéfiques que l’on espère en retour sont soit inexistants (ça ne produit pas plus de croissance que de beurre en broche) soit obtenables par d’autres moyens (par ex. aider les pauvres peut se faire par l’impôt, c’est plus transparent et démocratique).

      Il y a donc deux visions de la monnaie, d’où le titre du livre d’Aglietta et Orléan (La monnaie entre violence et confiance). Ces deux types de monnaies ont des répercussions sur la société qui vont plus loin que les seules questions économiques. Cela est très bien analysé par Herbert Frankel dans Two philosophies of money : http://gigapedia.com/items/450817/

    2. Avatar de L'enfoiré

      Gu…,
      Absolument.
      En résumé on pourrait dire que l’argent est fait pour rouler et jamais pour prendre l’âge.
      Et comme l’a dit De Larochellière « A cash city »

    3. Avatar de Bruno

      MxV = PxQ (Masse monétaire x Vitesse de rotation = Prix x Quantités de marchandises

      = Formule d’Irwing Fisher (années 30). Non-quantifiable, mais à postériori forcément exact. Direction la « stagflation »?

      J’en profite pour faire une place à cette citation de Condillac:
      « En devenant monnaie, les métaux n’ont pas cessé d’être marchandise ; ils ont une empreinte de plus et une nouvelle dénomination ; mais ils sont toujours ce qu’ils étaient, et ils n’auraient pas une valeur comme monnaie s’ils ne continuaient pas d’en avoir une comme marchandise. »

    4. Avatar de VB
      VB

      @ Gu Si Fang,

      Juste deux petites remarques, en passant, un peu hors sujet mais dans le thème quand même :

      « Sur le marché, les profits de la production de métaux précieux vont à ceux qui les produisent, de même que pour le charbon, par exemple.
      On a donc d’un côté un système où la production de monnaie est potentiellement illimitée, et où les profits résultent d’un privilège ; et de l’autre un système où la production de monnaie est limitée et où les profits ne proviennent pas d’un privilège. »
      =>
      Sur votre première phrase : à qui pensez-vous lorsque vous évoquez le producteur de métaux ? Je ne connais que des extracteurs (exploitants) de matière première, aucun travail de production car le seul travail est celui de l’extraction, pas d’autre valeur ajoutée au produit que celui de l’avoir extrait.
      ->
      d’où j’en arrive à ma seconde remarque : dans le contexte où le producteur est en réalité seulement un extracteur de matière première, comment justifiez-vous l’idée, apparemment naturelle, selon laquelle sa richesse provient d’un travail et non d’un privilège ? A mon sens, le travail de mise en œuvre de la planche à billets vaut bien celui d’extraction d’un métal ? d’autant plus que vous serez surement d’accord avec moi pour constater que ce n’est pas le propriétaire de la mine qui effectue lui-même le travail d’extraction.

      Absolument d’accord avec vous pour constater que la monnaie n’est jamais neutre et que toute production entraîne une création, et/ou un déplacement, de richesse ; mais, peut-être est-il maintenant temps d’analyser la légitimité de l’appropriation de la richesse en question. Il m’est idée que, derrière toutes ces belles analyses et toutes ces belles théories, la seule raison à la création de richesse est « la force », le rapport de force.

      Au final, si vous voulez bien me suivre, la question est posée du rapport qu’il y a entre la richesse provenant de la monnaie et la justification de cette richesse. Je crois que l’époque nous donne l’occasion d’aller au fond de cette problématique existentielle et qu’il serait donc dommage de s’en dispenser.

      Cordialement,

    5. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ VB

      Je pense aux mines d’or, par exemple. Ce n’est pas un métier plus rentable qu’un autre, si l’on tient compte du fait qu’il est risqué et qu’une mine d’or vaut très cher.

      Bien sûr, les propriétaires (actionnaires) de la mine n’ont pas l’air de travailler. On a donc le sempiternel débat sur le « partage de la valeur ajoutée » entre les actionnaires qui ne font rien et les travailleurs qui suent sang et eau. La réponse est qu’on n’a rien sans rien : les actionnaires ont travaillé en leur temps pour acheter leurs actions ; et aujourd’hui ils se privent temporairement de leur argent pour payer les salaires des travailleurs en attendant l’arrivée d’un aléatoire dividende.

      Mais je ne devrais pas employer un langage aussi chargé, sinon je vais avoir vigneron sur le dos. Le constat factuel est qu’il y a des accords contractuels qui sont passés entre des actionnaires qui ont une mine, qui l’ont payée un certain prix, et qui ont aussi de l’argent, mais à qui manquent les bras pour extraire le métal ; et des travailleurs qui ont les bras, mais qui n’ont ni mine, ni de quoi payer leur loyer. C’est la raison pour laquelle ils font l’échange : chacun a quelque chose que l’autre valorise plus que ce qu’il cède.

      Sur le « rapport de force » cher à Aristote, Marx et Paul Jorion 😉 je reste prudent tant qu’on n’a pas donné une définition de ce qu’on appelle la force. Dans ce sens « flou » j’ai parfois des rapports de force avec mes garçons préado, avec mon patron, etc. La négociation peut être psychologiquement douloureuse, et son issue insatisfaisante. Mais ce n’est jamais tout à fait comme avoir un pistolet sur la tempe. Le choix, aussi difficile soit-il, reste un choix. La force – dans le sens où je l’entends – supprime le choix. La « pression psychologique », qu’elle soit sociale, familiale ou professionnelle, correspond à la première version de la force. La loi correspond à la seconde : celui qui ne l’accepte pas spontanément se voit contraint d’obéir par la force physique ou sous la menace.

      Sur votre dernier point, il est très important de se demander si la richesse acquise par la monnaie ou autrement est justifiée. On entre sur le terrain de l’éthique : que faut-il faire ? qu’est-ce qui devrait être interdit ? Les économistes ont parfois le travers d’évacuer un peu vite la question en répondant : « C’est simple, ce qu’il faut faire c’est ce qui maximisera la fonction machintruc. » Je suis en désaccord. Cela dit, le mariage entre l’éthique et l’économie peut être fructueux. Adam Smith concevait l’économie comme une science morale, et il a d’ailleurs commencé par écrire « La théorie des sentiments moraux » avant « La richesse de nations. » En raison de l’approche mathématique des économistes contemporains, ce genre de démarché a été totalement délaissé. Tout au plus on a comparé les situations où l’on maximisait l’utilité de Pierre, Paul ou Jacques, les cas où l’on maximisait l’utilité sociale, etc.

      Une exception, cependant : le livre de Guido Hülsmann que j’ai signalé précédemment « L’éthique de la production de monnaie. » C’est un auteur autrichien et catholique, de quoi donner des boutons à certains. J’aimerais essayer de les rassurer. Je suis athée, et passé une réaction de surprise en lisant les commentaires sur Centesimus Annus etc. le fait est que les préceptes moraux qu’il applique à la monnaie sont faciles à accepter. On reste dans l’universel. Pas besoin d’aller à la messe. De plus, il ne discute pas la moralité de l’usage de la monnaie qui est un sujet souvent rebattu. Il y a déjà une abondante littérature chrétienne sur ce thème : comment faut-il utiliser sa monnaie (pour faire le bien) ? combien en avoir ? comment l’acquérir ? Son sujet est beaucoup plus original, et c’est : « Quels modes de production de la monnaie sont moraux ? et lesquels ne le sont pas ? » La simplicité du sujet et des conclusions est désarmante. De plus, contrairement aux livres d’économie mathématique, c’est lisible par tout un chacun.

      Je lui fais de la pub avec d’autant plus de plaisir que j’assiste à son séminaire d’économie autrichienne depuis 2 ans et que j’y ai beaucoup appris.

    6. Avatar de Paul Jorion

      @ Gu si fang

      Vous êtes éloquent dans le style que vous appelez « autrichien » et qui a cours aussi sous le nom d’« anarcho-capitalisme » mais vous recourez trop à un vieux truc rhétorique, le « on ne sait pas trop… ». On a déjà vu ici le « on ne sait pas trop ce qu’est un spéculateur » : quelqu’un qui réfléchit ? qui se regarde dans un miroir ? qui pense à l’avenir de ses enfants ? etc. etc. Ici, vous essayez de nous vendre « on ne sait pas trop ce qu’est un rapport de force… » Vous pouvez continuer à l’infini : on a déjà vu ici aussi : « Quand on dit que certains n’ont pas assez d’argent et d’autre trop, que veut-on dire par ‘argent’ ? » C’est pour ça que j’ai écrit un livre sur le sujet. Un conseil d’ailleurs : lisez-le. Mon prochain livre parlera des rapports de force, pour éclairer votre lanterne.

      Une remarque en passant : votre tactique, ça a un nom : « Noyer le poisson ».

    7. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      Vous êtes donc bien plutôt misesien et rothbardien que hajekien ou kirznerien. C’est la propriété qui fonde l’efficience du Marché et la vérité du prix, et non la connaissance et sa diffusion au travers du prix de marché.

      Accrochons nous à la plus dure racine libertarienne, fût elle promue par un enseignant en université catholique (Ah! la douceur angevine..) . Quand la tempête souffle fort, concentrons nous sur le pivot le plus sûr, le plus « radical », Von Mises! Quitte à vouer l’approche plus empirique et matérialiste d’un Hayek à un placard de circonstance. Les failles de ses théories face à l’adversité semblent par trop dangereuses pour l’équilibre de l’ensemble…

      On s’étripe gentiment entre théoriciens du Marché dans la famille que vous vénérez. Les péripéties entre trotskistes et stalinistes, ou entre papistes et réformistes,c’était de la bluette pour teenagers attardés à coté!

      http://www.euro92.com/acrob/guidosavoir.PDF
      (Critique de l’interprétation hayékienne et kirznerienne des prix. Jörg Guido Hülsmann)

    8. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Paul,

      Votre critique est décevante. Me lire et réfuter mes commentaires plus ou moins intéressants, vous avez mieux à faire, je le comprends. Mais pourquoi ce petit commentaire où vous me collez des étiquettes que je ne reconnais pas (anarcho-capitaliste), m’attribuez des intentions invérifiables, me décrivez comme un rhéteur manipulateur ? Je cherche la vérité (quand c’est possible) et je discute avec des gens même si je ne partage pas leurs idées. La mauvaise foi est plus rare qu’on croit. Dur avec les idées, tolérant avec les gens. Voilà.

      Je lirai votre prochain livre !

      Cdt,
      GSF

    9. Avatar de VB
      VB

      @ Gu Si Fang,

      La notion de rapport de force peut être décrite comme la loi du plus fort, peu importe l’origine de la force (physique, loi, système de valeurs et que sais-je encore), sachant que la force première est la force brutale, physique et irréductible. J’ai l’intuition que la force qu’elle quelle soit découle toujours de ce rapport physique primordial.

      Pour le reste de votre exposé, vous ne me convainquez pas.

      Je ne suis cependant pas loin de penser que tout système, quel qu’il soit (libéral, ultralibéral, communiste, étatiste : en tout état de cause volontariste), trouve avec le temps ses limites qui sont aussi les limites humaines. A la vérité, cette pensée n’est pas parfaitement aboutie : je pense qu’il y a beaucoup de postulats à analyser derrière.

      Cordialement,

    10. Avatar de Paul Jorion

      @ Gu Si Fang

      Que je vous déçoive me fend le cœur. Si, si, j’insiste. Vous cherchez peut-être la vérité mais s’il s’agit pour vous de déterminer qui, de Pinochet ou de Friedman, en est le plus proche, votre méthode présente des lacunes rédhibitoires. Vous avez malheureusement cessé d’amuser.

    11. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Fi Sang

      Un regret et un conseil, de mon humble part, je vous prie:

      1) Que n’avez vous persisté à participer à l’édification des foules administrées en continuant à distiller vos pensées et vos commentaires sur votre blog, hélas apparemment inactif désormais!!!

      2) Que ne le réactivez vous pas dare-dare! Vous n’y prêcheriez dorénavant que des convaincus chenus ou exaltés. Certes. Mais au moins ne nous apparaitriez vous plus sous ce visage de troll hirsute et passagèrement clandestin. Bref vous seriez chez vous et plus chez les autres…

    12. Avatar de rosebud1871
      rosebud1871

      À Gu si Fang 11 août 2010 à 00:23
      « je reste prudent tant qu’on n’a pas donné une définition de ce qu’on appelle la force ».

      À défaut d’avoir connaissance de quelque chose de plus établi, j’ai l’idée que cette notion de force est une métaphore importée du champ de la physique classique.
      À savoir qu’au moins depuis Newton on parle de forces en mouvement, de couple, de puissance, et la notion de rapport est à chercher du coté de la logique ou on établit un lien via un opérateur dit logique entre deux entités ou objets, qui jusqu’alors n’en avaient pas, ce qui introduit possiblement à une mesure etc.
      Je tombe comme la pomme, sur cette définition : « le couple est une force liée à un mouvement circulaire composé de 2 valeurs , 1 force F et un bras de levier R. »
      Si on vous parle du bras armé, ou de bras de fer, de porter à bout de bras, de tomber à bras raccourcis, ou d’avoir le bras long, de baisser les bras, d’être bras dessus bras dessous, de bras d’honneur, de bras droit, de se croiser les bras, de jouer les petits bras, vous trouverez aussi ces métaphores dans le champ de forces du politique.
      Pour prendre les choses à bras le corps, les corps célestes ne semblent pas trop engagés dans des affaires de jouissance dans leurs rapports de forces.
      Les grecs s’étaient posés la question de la jouissance de la lune, compte tenu de sécrétions dans l’orifice, mais ça reste depuis en discussion.
      Du coté des corps humains la question de la jouissance semble aussi opaque qu’incontournable, mais à défaut de l’invention d’un jouissomètre, il faut bien dire que les témoignages sont sujets à analyse et à débats.
      Freud dans mon souvenir semble avoir renoncé à la cocaïne après avoir usé d’un dynamomètre qui lui aurait démontré qu’avec ou sans prise de cocaïne sa force physique était équivalente, alors que subjectivement il aurait cru que la cocaïne le faisait surhomme. Ça montre que Freud contrairement à la rumeur croyait au moins à une chose : le dynamomètre. Avec d’autres molécules que la cocaïne par exemple celles du viagra, un simple centimètre dont l’étalon est au pavillon de Breteuil, suffit.
      Donc on n’a pas encore la bonne équation pour résoudre le problème de la mesure de la jouissance, parce qu’on ne sait pas encore comment poser les prédicats. Il ne faut pas désespérer, ni dé-primer car P. Jorion remarque aujourd’hui que la propriété est inanalysée
      Même si c’est le cas, ça n’empêche pas de s’en servir, avec les formes dites de mesure en cours, par exemple la monnaie, même si un avis de recherche pour son étalon a été publié.
      Enfin puisque j’apprends que vous avez un blog, et que j’y lis que vous y déclarez être un cochon de capitaliste, sans doute écologiste puisqu’il est vert mais c’est juste mon association personnelle, je salue votre détermination à venir remettre sur le métier votre opinion ici.

    13. Avatar de vigneron
      vigneron

      @citizen Kane (bouton de rose)

      MDR 🙂

      PS : Quant on aura découvert le jouissomêtre, plus le souffromêtre et le froussomêtre, c’est que l’humanité aura cessé d’exister ou sera appelée à disparaitre rapidement, je suppose. Tout aura été numérisé.

    14. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ VB

      Pour illustrer ce que j’entends par l’usage de la force, pensez à une agression, un vol, un cambriolage. Rien de tout cela dans le domaine de la monnaie, me direz-vous ? Oui et non. Historiquement, il y a eu de nombreux usages de la force pour imposer le monopole de la monnaie. Qu’on pense aux assignats de 1791, par exemple. Mais la population n’a pas accepté our autant le papier-monnaie. C’est pourquoi, à de rares exceptions près, on a rarement imposé le papier-monnaie par ce moyen brutal. Les étapes usuelles sont les suivantes, qui s’étalent sur des décennies ou plus :
      – monopoliser le monnayage des pièces, ce qui se faisait en pourchassant les fabricants – et parfois les utilisateurs – de pièces concurrentes ;
      – accorder le monopole d’émettre des billets de banque à quelques établissements – généralement contre un concours financier (comme pour la Bank of England en 1694) – en poursuivant les émetteurs non autorisés ;
      – mettre en place le cours légal, c’est-à-dire l’obligation pour tout créancier d’accepter les billets comme du métal – cette mesure était mal acceptée par la population, mais au moins on pouvait aller à la banque convertir ses billets ;
      – passer au cours forcé en fermant les guichets, c’est-à-dire en suspendant la convertibilité – cette mesure était très mal acceptée, et toujours présentée par les gouvernements comme une mesure temporaire face à une situation d’urgence (guerres napoléoniennes, révolution de 1948, guerre de 1914) ;
      – tout ceci ne s’applique qu’à la populace : dans les échanges entre banques, la convertibilité était généralement maintenue, et dans les rapports entre États elle a perduré jusqu’en 1971 (on n’est jamais mieux servi que par soi-même).

      On voit que la force prend ici plusieurs formes, qui vont de l’agression physique à l’emprisonnement en passant par le refus de justice, la dénonciation unilatérale des contrats (convertibilité), etc. Il est bien évident que jamais on ne tolérerait cela de la part d’une personne privée, mais c’est le privilège de l’Etat que de pouvoir user de la force légitime. Il me fait aussi pour l’impôt, etc. Mais il y a des limites : la constitution, la séparation des pouvoirs, etc. Dans le cas de la monnaie. Je pense qu’il est indispensable de se demander si l’usage de la « violence légitime » est une bonne chose dans la monnaie. Il ne s’agit pas de dire que l’Etat doit se comporter comme un acteur privé. En tant qu’Etat, certains objectifs justifient l’usage de la violence, et certaines formes de violence sont légitimes. Mais tout n’est pas permis. Quid de la monnaie ? C’est un point sensible, quelle que soit la couleur politique de l’interlocuteur. Une manière de désamorcer le sujet est de reprendre la chronologie plus haut, et d’examiner étape par étape la légitimité des objectifs et des moyens mis en œuvre.

    15. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Mouais…

      – votre usage de la théorie du contrat ca a un nom, ca s’appelle « du positivisme légal » (je suppose que vous vouliez aller vite… enfin je l’espère, parce que reprendre un argument de Hobbes pour un ami de la pensée autrichienne, c’est d’un gout douteux…).
      Indépendamment de ça: que se passe t-il si l’ensemble des règles qui règlementent le droit du travail produisent in fine des externalités négatives (le marché en est saturé, car ces dernières ne sont pas l’exception mais la règle cf Gauthier)? Ne faut-il pas alors penser à partir de ces dernières, indépendamment des motivations de X ou de Y (au passage l’idée que l’actionnaire s’est infligé une désutilité ou a hérité légalement des desutilités que se sent infligés d’autres avant lui ne suffit pas… quid de l’héritage, du jeu et du don d’ailleurs?).

      – la question CENTRALE pour un libertarien est celle de la frontière entre théorie politique et théorie morale, autrement dit celle des « bornes du pouvoir coercitif fondamental » (ce qu’on peut vous imposer sans votre consentement).
      Pour l’avoir posée sans tricher dans toute sa clarté Nozick est à la fois le seul penseur libertarien ayant un intérêt qui va au delà du simple courant de pensée auquel on le rattache mais aussi le pire ennemi des penseurs libertariens. C’est simple, il fournit lui-même le kit de démontage (ce pourquoi nombre d’entre eux lui vouent une haine féroce d’ailleurs, sans d’ailleurs l’avoir vraiment tout a fait compris; si c’était le cas ce serait pire!).
      Vous tracez la limite à partir d’une distinction « contrainte psychologique »/ »violence physique ». Ca ne marche pas. Sinon Etat Anarchie et Utopie n’aurait pas été écrit. La frontière est floue, poreuse… fourmille d’exceptions en fonction des problèmes étudiés (dommage que Nozick n’ait pas abordé la « monnaie »).

      -Pourquoi partir seulement de la catégorie de la volonté et non pas d’une théorie générale des sentiments moraux? Qu’est ce qui rend l’autonomie de la volonté si spéciale, au regard des vertus « classiques », vertus qui me semblent, ceci soit dit en passant, de bien meilleures guides que « liberté », égalité » ou « bien-être » quand on veut penser le domaine des affaires humaines… elle est une valeur parmi d’autres, et nullement la condition de possibilité de l’épanouissement des autres (ce serait trop simple…). Les péchés capitaux, c’est un bon début de réflexion politique, mine de rien. Un catholique devrait commencer par ça… (et les autres aussi, peut-être… c’est peut etre une meilleure base de départ ;-)).
      Et puis on pourrait dire aussi que la monnaie doit remplir une certaine fonction (déterminée par la communauté politique: il est évident que ce n’est pas la même chose en terre d’Islam, au Benin ou au Japon…). Une fois qu’on comprend cette fonction, on comprend comment, par qui et pourquoi elle devrait être produite/organisée. En gros cette » sphère » doit être régie indépendamment de toute espèce de considération sur la liberté. C’est tout simplement hors sujet, la seule question à se poser étant: le job est-il fait, ou pas?

      Le désaccord de fond est surtout celui-ci: pour vous la liberté c’est la possibilité de choisir. Pour nous c’est ne pas être dominé. Un monde NOUS sépare, les frontières du légal et du moral n’étant absolument pas les mêmes dans les deux cas, et les deux conceptions prétendant également être le minimal minimum imposable.

    16. Avatar de rosebud1871
      rosebud1871

      @ Vigneron, 11 août 2010 à 16:52,

      Content de vous faire rire, mais ça n’est pas tout à fait de l’oblativité puisque les frais sont à la charge de Gu Si Fang. J’ai ri aussi à vous lire battre les cartes entre personne/intérêt/monnaie/échanger !
      Je vous remercie de rappeler Citizen Kane, car on ne sait jamais avec les pseudos, si ça évoquait une remise de 25 % sur un gadget érotique à la mode plaqué or à 2500 € et d’autant plus avec votre traduction. Un nom propre ne se traduit mais se translittère.

      Vous êtes en retard sur le progrès, à défaut des appareils cités, il existe déjà un embryon d’amouromètre, à ne pas confondre avec un amour-au-maître. Voyez :
      http://www.america.gov/st/innov-french/2009/January/20090112161519esnamfuak0.3103296.html

      L’avantage d’un discours biologique sur un discours économique c’est qu’on mesure plus vite ses effets. Enfin ! enfin un test d’imagerie à résonance magnétique fonctionnelle pour savoir de qui on peut être amoureux. Les agences matrimoniales devraient s’en équiper pour améliorer leur productivité.

      À Gu Si Fang, 11 août 2010 à 18:30

      « tout ceci ne s’applique qu’à la populace »

      Grand Robert !
      – Péj. Bas peuple, basses classes de la population; le peuple (dans un langage dépréciatif et insultant). – Masse, 1. peuple, plèbe, populaire (n. m.), populo, vulgaire (n. m.). – Artiste, cit. 13; barbare, cit. 24; déguenillé, cit. 3; démagogue, cit. 1; esprit, cit. 36; laideur, cit. 4. La populace se soulève. Chercher à calmer (cit. 3) la populace. La voix de la populace. Haranguer (cit. 1) la populace. – Foule, multitude. Vile populace. – Canaille (cit. 1 et 5), écume, lie, pègre, racaille, tourbe. La populace romaine. – Prolétariat.

      Je reçois votre changement d’icône, comme un changement de pavillon dans la marine, mais je ne lis pas le moindre humour dans votre utilisation du terme « populace ».

      Je poursuis sur vos soucis avec la force :

      Gu Si Fang : « La force – dans le sens où je l’entends – supprime le choix ».

      Dans les sondages vous devez être content : vous avez l’embarras du choix et parfois même pas forcé de répondre !
      Pareil pour vous marier, le choix : toutes sauf votre mère, votre sœur etc.
      Dans les structures élémentaires C. Levi-Strauss montre comment c’est arrangé ! Pas le choix ! mais n’importe quel sociologue vous dira à quel point votre propre choix ici a été forcé par des surdéterminations qui vous échappent. Et je ne vous parle pas de la couche que Freud a ajouté là-dessus.
      J’ai une question : quelle force vous pousse à faire le choix des théories que vous aimez ?

    17. Avatar de VB
      VB

      @ Gu Si Fang,

      « La réponse est qu’on n’a rien sans rien : les actionnaires ont travaillé en leur temps pour acheter leurs actions ; et aujourd’hui ils se privent temporairement de leur argent pour payer les salaires des travailleurs en attendant l’arrivée d’un aléatoire dividende. »
      =>
      N’êtes vous pas en train de confondre les actionnaires (dispersés, très nombreux) et les actionnaires majoritaires (nettement plus rares) ? En matière de mine d’or, sans avoir étudié plus avant la question, j’ai l’impression qu’il y a surtout un ou quelques actionnaires qui comptent. Par ailleurs, les propriétaires premiers de la mine qui se la sont approprié par des moyens initialement peu protocolaires (usage de la force et de la devise : premier arrivé premier servi, malheur à qui approche de mon bien => une appropriation au sens littéral du terme).
      D’où ma remarque sur la nécessité de réexaminer la question de la légitimité de l’appropriation de la richesse.
      Je ne conteste pas l’idée que certaines personnes puissent s’élever de la mélée (aujourd’hui en occident par l’argent mais la notion de chef ne dépend pas toujours et en tout lieu de l’argent) par sa valeur humaine ou son travail acharné mais je conteste absolument et irrémédiablement le spectacle actuel où certaines personnes s’élèvent uniquement pour la raison qu’ils spéculent en appauvrissant la collectivité et se permettent de donner des leçons de morale à cette collectivité, en ayant l’extravagance de se poser par dessus le marché (sans jeu de mots) en modèle. Il y a là à mon sens une très grave dérive de la notion de valeur inhérente à la civilisation et qui la soutend.
      D’ailleurs, si l’on observe l’histoire, il semble que la perte d’intégrité soit le point de non retour en terme de civilisation : il ne s’agit pas de l’amorce du déclin, il s’agit des dernières marches de la décrépitude. Toute l’évolution du droit, en France, au XXème siècle cadre parfaitement avec cette analyse. Toute l’évolution géopolitique stratégique atteste de cette tendance mortifère pour l’Occident.
      J’aimerais faire erreur, mais nous vivons bien un déclin des valeurs, un déclin qui n’est pas contournable et qui aboutira à la disparition de la civilisation occidentale dont le point culminant a été, selon moi, les Lumières et la Révolution industrielle.

      Cordialement,

  21. Avatar de AntoineY
    AntoineY

    S’agissant de la monnaie fondante:
    – ce n’est pas de l’intérêt négatif du tout.
    – c’est une monnaie anti-crise par excellence (alors dire qu’elle suscite des crises…)
    – elle est partiellement justifiée par Kreutz en ceci qu’elle supprime les externalités négatives générées par la finance actuelle en terme de structure des prix (assimilables à une situation de domination).

    – « il n’y a pas besoin de construire un système monétaire ou bancaire, ils « s’organisent tous seuls » à condition de faire respecter le droit civil. »

    Je ne connais rien d’humain qui « s’organise tout seul » (sinon il n’y aurait pas de sciences de gestion, de théorie des organisations, de stratégie industrielle, de question sur le « meilleur mode de gouvernement » etc…). Et qui plus est « tout ce qui s’organise tout seul n’est pas nécessairement bon ». Pourquoi le serait-ce? Quid des monopoles/oligopoles (pourtant justifiés par la théorie des couts de transactions)?
    Je suppose que quand vous dites « qui s’organise tout seul », vous dites « tout s’organise tout seul, la seule intervention centralisée permise étant celle qui sanctionne le viol du consentement des agents (reste la question des bornes de l’habilitation à consentir, et cette métaquestion ne peut pas, par définition, être elle-même traitée à partir d’une quelconque théorie générale du consentement puisque c’est là ce qu’il va falloir justifier) ». Pour quelle raison le code civil devrait-il recevoir le contenu qui a votre préférence, étant donné qu’on ne voit pas bien en quoi laisser les choses « s’organiser toutes seules » devrait nécessairement conduire au « meilleur résultat possible » (selon quels critères d’évaluation?).

    Le problème c’est justement le choix D’UN code civil (je vous rappelle le débat violent Rothbard/ Friedman/ Nozick/ Englehart sur l’idée de savoir si le droit civil ne devrait pas lui-même être soumis au marché… Imaginez la problématique appliquée au problème de la monnaie!).

    Choisir de laisser les choses s’organiser « toutes seules » c’est un choix d’organisation, à côté d’autres choix d’organisation également possibles. Et en fait le simple fait de choisir de les laisser s’organiser toutes seules implique qu’elles ne s’organisent pas toutes seules.

    – « Violation légale de la propriété »
    Je suppose que c’est là le critère d’évaluation: le respect de la contrainte libertarienne interdisant l’agression.
    Si on s’en tient au plan légal, alors ce N’est PAS une violation de la propriété, à moins de dire qu’il s’agit d’une violation d’un droit (moral) naturel à la propriété (attribué à qui, sur quoi, dans quelles circonstances, et justifiable sur quelles bases indiscutables?).
    Si par là on veut dire que c’est une violation morale d’un droit naturel à je ne sais quelle titre de propriété (Pourquoi le « prêt à intérêt » serait-il un droit « naturel »?), alors l’impôt, tout transparent et démocratique qu’il soit, est dans le même cas… et est parfaitement illégitime.
    S’il n’est pas dans le même cas, pour quelle raison alors, raison qui ne serait pas également acceptable pour la monnaie fondante? En quoi ce qui constitue un « privilège » dans un cas n’en est plus un au moment de lever l’impôt?

    Au delà de cette question de cohérence interne du raisonnement, je ne vois pas en quoi il y a privilège. Tous les citoyens sont logés à la même enseigne. Aucun de dispose de possibilités qu’un autre n’aurait pas. La loi ne change pas une fois fixée, en fonction des intérêts éventuels de X ou de Y. Il y a là un fonctionnement procédural pur, sans interférences une fois les règles du code civil « fixées », au même titre que dans la monnaie « à la carte », qui ne souffre plus d’interférences une fois les règles du code civil « fixées » (si on choisit celles-là). Pas plus de privilèges dans un cas que dans un autre, donc.

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ AntoineY

      Je viens de lire quelques pages de Gesell sur la monnaie fondante 🙂
      http://tinyurl.com/3y6zdju

      Il s’agit de billets où l’on doit coller des timbres (peu importe la technique), pour signifier que détenir cette monnaie a un coût. On paie donc un intérêt annuel de 6% pour que la monnaie conserve sa validité.

      Les points importants :
      – l’Institut d’émission ne s’engage pas à reprendre (convertir en or) les billets fondants
      – l’échange des pièces en or contre des billets fondants reste facultatif
      – l’Etat accepte désormais que les taxes soient payées en billets fondants, et passé un certain délai il refuse les pièces d’or
      – le seigneuriage de 6% sur la masse monétaire (vente des timbres) est affecté aux dépenses publiques
      – les fabriques de monnaies privées sont autorisées
      – les marchands ne sont pas obligés d’accepter les billets fondants en paiement, ils peuvent exiger de l’or s’ils le souhaitent

      Je souris car ce système aboutirait certainement – mais sans le vouloir – à un régime monétaire libre !!! Explication :

      Les gens n’étant pas obligés d’échanger leurs pièces contre des billets, garderaient presque tous leurs pièces. Les marchands, n’étant pas obligés d’accepter les billets, demanderaient à être payés en pièces plutôt qu’en billets qui se dévaluent sans cesse. Comme l’Etat s’arrêterait de produire et de renouveler les pièces, des producteurs privés prendraient rapidement sa place.

      La seule contrainte est qu’il faudrait payer ses impôts en billets. Pour cela, j’irais le jour du tiers provisionnel à l’Institut d’Emission échanger mes pièces d’or contre des billets, que je remettrais aussitôt au Centre des Impôts. Et voilà !

      Il est évident dès les premières lignes que Gesell ne comprend pas bien le fonctionnement de la monnaie. D’ailleurs, Keynes ne s’y est pas laissé prendre. Il cite Gesell Ch. XXIII par. 6, mais précise bien que sa théorie monétaire ne tient pas la route. Il lui voit cependant divers avantages (puisqu’il est également partisan de la création monétaire).

    2. Avatar de VB
      VB

      @ Antoine Y,

      « La loi ne change pas une fois fixée, en fonction des intérêts éventuels de X ou de Y. »
      =>
      Euh, vous êtes sûr ? Concrètement, aujourd’hui on en est là pourtant, en vertu de la gracieuseté des lobbies tout puissants, ou d’autres volontés activistes…
      C’est précisément la raison pour laquelle il importe aujourd’hui, selon moi, de réinvestir, la question du « droit naturel » (jusnaturalisme).

      Cordialement,

    3. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Non.
      Mon propos ne visait pas une description empirique des faits! Il faut me lire.
      Il visait à écarter une objection avancée plus haut. Selon cette dernière certains traits présents dans un modèle ABSTRAIT de fonctionnement de la monnaie n’étaient pas présent dans un autre modèle ABSTRAIT. Je montrais que sous l’angle du privilège les deux systèmes sont identiques (en fait je reprenais la réplique de Rawls à Nozick sur un point qui partage un air de famille avec celui-ci, concernant le caractère également purement procédural de la théorie de la justice développée par Rawls, Nozick ayant prétendu que seule sa « théorie de l’habilitation (entitlement) » était purement procédurale/ »historique », toute autre théorie impliquant des interventions étatiques répétées).

    4. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      Au contraire Gesell comprend très bien. Et c’est Keynes qui ne comprend rien…

    5. Avatar de VB
      VB

      @ Antoine Y,

      Oui, oui, je sais, mais j’ai trop souvent le sentiment que l’on cite et recite des auteurs, que l’on délaye à l’envie ce qu’ils ont dit, ou plutôt ce que d’autres leur a fait dire (car honnêtement combien y a-t-il de personnes qui connaissent parfaitement et personnellement les auteurs dont ils parlent ? ma remarque ne concerne pas tout le monde car j’ai l’impression que au moins monsieur Jorion est sérieux lorsqu’il parle d’un auteur).
      Bref, j’ai trop souvent l’impression que toutes ces belles citations et ces remarques logiques sont déconnectées de la réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui, c’est-à-dire certainement pas hier et pas non plus demain.
      J’ai peur que les grands économistes dont il est souvent question ne se soient prononcé dans un contexte politique, culturel, stratégique, social, économique tellement différent de ce que nous vivons actuellement que cela invalide pour demain tout ce à quoi ils ont pensé pour hier et avant-hier. Il faut revenir aux fondamentaux non strictement économique pour récupérer une vision à peu prés réaliste des faits et une analyse créative.

      Je précise que j’ai utilisé votre commentaire pour dire ce que, au fond, je pense de toutes ces théories économiques. Mes excuses donc pour le commentaire intempestif que vous avez mal accepté.
      Pas d’économie sans hommes et sans contexte politique et social, je pense d’ailleurs que vous être d’accord avec moi sur cette question, ce qui invalide la notion de « théorie économique » ainsi peut-être aussi que celle d’économiste d’ailleurs.

      Cordialement, (c’était juste ma minute de mauvaise humeur)

  22. Avatar de vigneron
    vigneron

    A signaler que contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les tenants du libertarianisme n’ont pas attendu Friedman, Pinochet, Reagan ou Thatcher pour prendre ou partager les rênes des politiques économiques en occident. Les exemples de Pinay ou Rueff le prouvent en France, beaucoup d’autres ailleurs.
    Limiter leur influence à quelques think-tanks, universités, fondations, groupes de pression ou à neuf prix Nobel d’économie serait sous-évaluer leur action concrète dans les appareils d’État y compris sous la période « keynésienne », foutrement matinée de leurs sabotages systématiques.

    De la même façon qu’ils nous expliquent que leurs préconisations n’ont rien à voir avec l’effondrement actuel, ou que l’inflation du prix des actifs ou des hauts revenus n’ont rien à voir avec la dérégulation financière et la libre-circulation des capitaux qu’ils exigèrent, promurent et mirent en œuvre, mais tout à voir avec les réserves fractionnaires et les politiques monétaires, fiscales et sociales irresponsables des gouvernements démocratiquement élus…

    Aux innocents les mains pleines.
    Leur contre-attaque, jusque sur ce blog, me révulse, littéralement.

    1. Avatar de Louis
      Louis

      Je suis loin d’être libertarien, mais il faut reconnaitre qu’ils ont raison sur un point qui est celui du principe des réserves fractionnaires qui permet au système bancaire privé de créer des moyens de paiement quasiment sans limite (si ce n’est la demande)

    2. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Cher vigneron,

      Vous pourrez garder votre sang-froid ? Je suis prêt à vous concéder que la crise actuelle, l’explosion de certains hauts revenus, la bulle des actifs etc. ont quelque chose à voir avec la déréglementation ! Wow ! Cadeau bonux : lorsque des banques ont l’autorisation de créer de la monnaie fiduciaire, dans le cadre du droit civil, cela ne suffit pas à causer beaucoup de problèmes. Ouf !

      Plus sérieusement :

      Le problème vient non pas des autorisation données aux banques, mais de leurs privilèges. La réglementation était justement conçue pour éviter qu’elles fassent trop d’âneries en faisant payer les pots cassés par bibi (ce qui est rendu possible par les privilèges en question). Si elles avaient juste le droit d’exercer librement leur métier, sans prêteur en dernier ressort, sans banque centrale ayant le cours légal etc. on serait dans ce que l’on appelle un régime de banque libre. Il y a des discussions sur les détails, mais je considère que ce serait une très bonne chose.

      En revanche, retirer la réglementation, tout en leur laissant les privilèges, s’est avéré une catastrophe. J’avoue que je ne l’avais pas prévu. Je n’y connaissais rien à la monnaie, et je n’avais retenu que le côté négatif de la réglementation. La distribution du crédit se faisait selon des critères politiques. Ce sont surtout les grosses entreprises existantes qui en bénéficiaient, ou les clientèles électorales habituelles par l’intermédiaire de nombreux prêts bonifiés. Les entreprises innovantes ou performantes avaient beaucoup de mal à se financer. Tout cela militait pour la suppression de la réglementation.

      Mais il aurait fallu en même temps supprimer les privilèges, ce qui n’a pas été fait. Ce que préconisait Friedman, par exemple, consistait à adapter les banques centrales. Il reconnaissait qu’il serait difficile de les supprimer, même si cette solution aurait eu sa faveur. Homme pragmatique, il a donc considéré que le moindre mal était de les garder, en faisant en sorte qu’elles « imitent » le fonctionnement de l’or : augmentation lente et régulière de la quantité de monnaie. Mais il savait que tant qu’il y aurait des planches billets et le cours légal, les Etats avaient le pouvoir de déroger à la règle à condition de trouver une excuse.

      Je considère personnellement que, malgré les qualités de sa proposition, Friedman s’est trompé sur la monnaie. Le monétarisme est un échec, parce qu’il ne supprime pas la planche à billets.

      « Nous croyons, dit Thucydide, par tradition au sujet des dieux, et nous voyons par expérience au sujet des hommes que toujours, par une nécessité de nature, tout être exerce tout le pouvoir dont il dispose. »

    3. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      Une citation du même Thucydide, chantre de la Raison, qu’ont retenue ceux que vous citez si souvent mieux que ses leçons de morale et ses odes à la « gnômè » :

      « Un homme qui ne se mêle pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile. »

      Les citoyens seraient bien inspirés de s’en souvenir et de vous lire avec une vision politique et non pas pseudo-rationnelle, comme votre prose prétend l’y inviter.

    4. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ vigneron

      Intéressante, cette citation. On retrouve l’idée de la liberté des anciens que Constant compare à celle des modernes.

      La politique que je souhaiterais correspond à la société civile. Construire une communauté, s’activer pour la faire fonctionner, à condition que l’adhésion au club soit volontaire et facultative, sinon on change de catégorie. Il faut préserver le « droit de ne pas être d’accord », opinion qui semble d’ailleurs souvent exprimée sur ce blog.

    5. Avatar de zébu
      zébu

      @ Gu Si Fang :
      Friedman, un ‘homme pragmatique’ !!?
      Vous avez pris combien de rails de coke pour pouvoir affirmer ça ‘benoîtement’ ??

      Combien de conférences au Chili après 73 ?

      Et il n’y a pas que sur la monnaie qu’il s’est planté mais bien sur tout le reste, philosophie politique comprise (je ne parle même pas d’économie) :
      « Une société qui place la liberté avant toutes choses finira par obtenir, sans l’avoir cherché, davantage d’égalité en même temps que davantage de liberté » (‘La liberté du choix’, 1980).

      30 ans plus tard, dites moi, qu’a-t-on ?
      Bien moins d’égalité (les inégalités ont explosées). Et même bien moins de liberté (développement ‘sécuritaire’).
      Et pourtant, Friedman l’a bien cherché, cette société.

      Devant un tel désastre, politique, social, environnemental et monétaire, et pour parodier Friedman, il est nécessaire de rappeler que le libertarisme est une maladie dangereuse, parfois fatale.

      PS : et n’allez pas me sortir que c’est parce qu’il restait des résidus étatiques freinant la mise ne place du vrai marché libre.
      Résiduts d’états sous lesquels les libertariens sont allés cherché refuge comme caniches apeurés sous les jupes de maman, quand la bise fut venue.
      Et pourtant, le pape avait pourtant dit, 35 ans avant : « Je m’oppose à toute ingérence du gouvernement dans l’économie. »
      Milton Friedman, interview de Que Pasa (Santiago), 1975 (tiens, ce serait pas une de ses fameuses interview au Chili, des fois ?).
      Alors quoi, tous excommuniés ?

      Friedman et les libertariens …
      Des chauffards alcooliques multi-récidivistes unijambistes venant donner des conseils pour courir un sprint en pleine tempête à des aveugles.

      MDR …

    6. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Zébu

      Friedman a donné en 1975 une série de conférences à l’Université de Santiago, à la demande d’un collègue de Chicago qui avait depuis longtemps des relations académiques et des échanges de doctorants avec les Chiliens. A cette occasion, Rose et Milton Friedman ont rencontré Pinochet, en dépit du fait que les violations des droits de l’homme étaient déjà connues. De retour aux Etats-Unis, il a rédigé une lettre de recommandations sur la politique économique qu’il préconisait.

      Il y a deux questions différentes :
      1) Friedman approuvait-il le régime autoritaire de Pinochet ?
      2) Les réformes économiques préconisées par Friedman ont-elles fait du mal aux Chiliens ?

      Il semble impossible de répondre « oui » à la première question. Friedman était épris de liberté et d’initiative individuelle, et soucieux du respect des droits de l’homme. Cela n’a pas empêché de rencontrer, outre Pinochet, des dictateurs communistes, non parce qu’il approuvait leurs méthodes politiques, mais pour prodiguer des conseils économiques à des pays où des erreurs de gestion avaient causé des souffrances terribles à la population. Il pensait donc que de bonnes politiques économiques pouvaient être bénéfiques pour la population, ce qui nous amène à la question 2).

      Susan George, Naomi Klein et d’autres ont pris l’habitude d’affirmer que la politique économique du Chili inspirée par Friedman a été désastreuse. Selon elles, non seulement Friedman serait l’ami des dictateurs, mais de plus un docteur Folamour de l’économie. Ouch ! Mais ce que Friedman recommande dans sa lettre à Pinochet, c’est d’abord et avant tout d’arrêter la planche à billets. C’est une mesure économique de bon sens, sans compter qu’on connaît les effets politiques destructeurs de l’inflation sur la société (montée du nazisme). Il préconise de plus que l’arrêt de la planche à billets soit rapide et net, plutôt que progressif et étalé dans le temps (la fameuse « shock doctrine »). Cette mesure ayant pour conséquence prévisibles une récession courte mais sévère, il recommande qu’un programme d’aide aux plus pauvres en situation de détresse. Il ne parle pratiquement de rien d’autre. Le Chili a mis en oeuvre cette mesure, et je ne sais pas si on a suivi la « shock doctrine » ou préféré un peu plus de « gradualisme. »

      Pour répondre à la question 2) il faut s’appuyer sur la science économique. Ce que je connais de la monnaie me fait dire sans ambigüité que l’arrêt de la planche à billets a été un grand soulagement pour les Chiliens. C’était indispensable, l’inflation avait déjà endommagé l’économie du pays, et sa poursuite aurait été pire.

      Pour le reste, il y a eu beaucoup d’autres réformes économiques au Chili, qui correspondent aussi aux idées de Friedman : privatisations, réforme des retraites, etc. Même problème que ci-dessus : pour juger des effets de ces mesures, il faut faire de l’économie. Je connais un peu la réforme des retraites au Chili, par exemple, et j’estime que c’est un succès. Mais il y a aussi eu de mauvais aspects économiques, comme l’indexation du peso sur le dollar, et la persistence du « capitalisme de connivence » (crony capitalism). Tout cela a eu des effets négatifs. Seulement, jamais Friedman n’aurait recommandé ou approuvé de telles politiques. Au final, je ne vois donc pas quels problèmes économiques au Chili peuvent être attribués à Friedman ou à ses idées. C’est pourquoi je réponds aussi « non » à la deuxième question.

      Cdt,
      GSF

      P.S. Je ne pense pas vous convaincre de quoi que ce soit concernant Friedman : il n’y a que vous qui puissiez vous faire votre propre opinion. Personnellement, je ne connaissais rien de lui jusqu’en 2006. J’ai alors regardé sa série Free to Choose http://thepiratebay.org/torrent/3369921/ que j’ai beaucoup appréciée et que je recommande. Par la suite, en m’intéressant à la théorie de la monnaie, j’ai commencé à comprendre les qualités et les failles du monétarisme.

    7. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      « Cher vigneron,

      Vous pourrez garder votre sang-froid ?  »

      Désolé ce genre d’expression a le don de me faire bouillir l’hémoglobine, qui flirte au naturel avec les 38 degrés Celsius!
      Il me semble que le sang froid, c’est juste bon pour les reptiles, invertébrés divers, animalcules négligeables, hibernatus, cadavres, tueurs efficaces et efficients, et néo-libéraux de toutes obédiences…

    8. Avatar de Paul Jorion

      @ Gu Si Fang

      Ce matin vous étiez là à noyer le poisson, maintenant vous tournez autour du pot : si Pinochet et Frideman s’entendaient comme larrons en foire, c’est parce qu’entre représentants de deux variétés de l’extrême-droite, on trouve toujours un terrain d’entente. Ceci dit, l’apologie de Pinochet a atteint ses limites naturelles dans le cadre de ce blog.

    9. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Gu Si Fang

      Vous connaissez bien l’œuvre de José Piñera au Chili sous Pinochet, et aujourd’hui comme vice-président du Cato Institute. Donc vous connaissez le résultat de son « exemplaire » régime quasi-exclusif de retraite par capitalisation au Chili qui servit de modèle aux 25 pays, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est essentiellement, et sous l’influence désintéressée de gens de son espèce:

      ../..En apparence, le Chili réunissait les conditions optimales pour faire la preuve de la supériorité de la capitalisation. Pourtant, les Chiliens réalisent aujourd’hui que les AFP ne sont pas en mesure de tenir leurs promesses. Des millions d’entre eux percevront au moment de leur départ en retraite des sommes infimes (de 8 à 16 euros par mois), quand le salaire minimum est de 135 000 pesos (156 euros).

      Que s’est-il donc passé ? Depuis 1981, à l’exception des 3,8 % de Chiliens qui parvinrent à conserver leur ancien régime par répartition (parmi eux, les militaires et les policiers) et des 3,5 % cotisant à la caisse des indépendants, l’ensemble de la population active est obligatoirement affiliée à un régime par capitalisation. Cependant, le marché de l’emploi est devenu si précaire que seuls 11 % des salariés parviennent à effectuer des versements sur une base mensuelle. Les statistiques communiquées par les AFP elles-mêmes démontrent qu’en moyenne les deux tiers des assurés ont cotisé moins d’un mois sur deux ; la moitié, moins d’un mois sur trois ; et un tiers, moins d’un mois sur cinq.

      Dans les mégapoles des pays émergents, la frontière entre secteurs d’activité formels et informels est de plus en plus floue. Des millions de travailleurs alternent contrats de courte durée et périodes de chômage ou de travail indépendant, en attendant un emploi plus stable. La précarité est encore plus patente pour les femmes, qui opèrent un va-et-vient constant entre emploi salarié et travail au foyer. Dans un tel contexte économique et social, un système prévisionnel reposant sur l’hypothèse d’une manne générée par les intérêts capitalisés de l’épargne salariale ne pouvait se maintenir.

      Après avoir entendu les critiques et recueilli les propositions émanant entre autres de l’opposition de gauche, la présidente Michelle Bachelet décidait, au début de 2008, d’instaurer un « filet de sécurité » garanti par l’Etat : une allocation publique de solidarité d’un montant de 120 euros par mois, équivalant à 60 % des revenus salariaux les plus modestes, et un complément alloué aux bénéficiaires des AFP recevant des prestations inférieures à 315 euros. L’adoption de ces mesures prouve à l’évidence qu’une politique de retraite par capitalisation, même menée dans les meilleures conditions, ne répond pas aux besoins essentiels d’une population. Au Chili, elle laisse sans revenu les deux tiers des retraités../..
      Manuel Riesco.

      Un seul mot : Wunderbar!

      http://www.monde-diplomatique.fr/2008/12/RIESCO/16613

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Pi%C3%B1era#cite_note-12

    10. Avatar de zébu
      zébu

      @ Gu Si Fang :
      En lieu et place de regarder des ‘séries’ produites à la gloire du pape, je vous souhaite, un jour, de rencontrer la réalité, face à face.
      Soit, d’aller, par exemple, prendre un billet d’avion et de s’envoler vers les pays qui ont suivi allègrement les politiques ‘friedmaniennes’. Le Chili étant assez éloigné de Paris, je vous suggère le Mexique. Moins loin et ‘facile’ d’accès. En quelques heures, vous y êtes.
      Allez faire un tour du côté de la Colonia San Miguel Teotongo à Mexico DF. Ce n’est qu’à 30 km à peu près de l’aéroport. Discutez avec la population, si vous parlez espagnol. Demandez leur comment et pourquoi ils sont arrivé là et comment la Colonia a pu évoluer, grâce à la mobilisation populaire, sans aides aucunes.
      Ensuite, on pourra reparler tranquillement du ‘pragmatisme’ du grand homme.
      Tout le reste, c’est du blabla de salon pour parvenus désireux de justifier leurs surplus de richesses dont ils ne savent que faire.
      De plus, vous savez pertinemment ce que signifie ‘rencontrer Pinochet’ et ‘faire des conférences en 75 au Chili’.
      Ne racontez pas n’importe quoi, encore une fois.
      Cela ne fait que décridibiliser encore plus votre idéologie, passablement ridicule au regard des réalités observables.
      Vous valez mieux que cela.

    11. Avatar de Oppossùm
      Oppossùm

      A Gu Si Fang

      Pinochet est un peu un outil idéologique basique assez pratique, sorte d’anti_totem à fonction damnatrice. Tout ce qui touche à Pinochet est souillé d’emblée et irrémédiablement , sans que cela soit discutable.

      La minceur du point de vue quantitatif et même qualitatif -si tant est que cela puise avoir un sens- , de ses horreurs, eu égard à celles , gigantesques, de biens des dirigeants se réclamant du communisme, ne compte pas aux yeux des gentils partisans des « bonnes intentions ».

      Et même si toutes les applications concrètes du « marxisme » ont été des horreurs sans que la doctrine marxiste en soit trop affectée , même si l’oeuvre de Sartre ne saurait être entachée par son soutien à des régimes répressifs , liberticides et criminel, (puisque, comme disait l’autre  » il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ») , par contre Friedman est d’emblée disqualifié et excommunié pour ses contacts et ses interventions aux Chili à cette époque.

      Et donc , derrière Friedman, c’est le monétarisme qui est discrédité, et au delà, tout ce qui pourrait porter trace de libertarianisme .

      Tout ce qui sent le libertarien , est presque diable.

      Et peu importe qu’ en réalité le monétarisme n’ait jamais réellement été appliqué, sinon sous Reagan, un court et vague instant après lequel un consensus monétaire greenspannien s’imposera , fondement même de la crise actuelle, puisque basée sur une théorisation et naturalisation des bulles et donc partant de là, de la spéculation et du pompage transparent et clean de la richesse selon un autre procédé que celui du pénible partage des revenus selon les rapports de classes du moment.

      Peu importe également que les divers et mêmes contradictoires modèles libertariens n’aient jamais réellement inspirés des expérimentations historiques globales cohérentes (… tant mieux d’ailleurs ! …) : tout ce qui s’y rapporte sera tout de même maudit et même au delà !

      Ainsi , et donc, toute idée de contrôle de la quantité de monnaie, toute idée de revenir à un système de retraite par capitalisation (tel qu’il existait d’ailleurs avant guerre !) , sont de très dangereuses idées , dont l’essence se rattache nativement au « Mal ».

      « Mal » dont je suis forcément un des suppôts (et vous aussi j’en ai bien peur -sans autre forme de procès-) , bien sûr, dans le meilleurs des cas, pauvre inconscient !

    12. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      @ Opposum

      « Tout ce qui touche à Pinochet est souillé d’emblée et irrémédiablement , sans que cela soit discutable ».
      C’est typiquement le raisonnement des négationnistes…

      « Friedman est d’emblée disqualifié et excommunié pour ses contacts et ses interventions aux Chili à cette époque. »
      Ah bon, le pape a excommunié Friedman ?

      « Tout ce qui sent le libertarien , est presque diable ».
      Donc vous êtes croyant.

      « sont de très dangereuses idées, dont l’essence se rattache nativement au « Mal ».
      Ça se confirme.

      « Mal » dont je suis forcément un des suppôts (et vous aussi j’en ai bien peur -sans autre forme de procès-) , bien sûr, dans le meilleurs des cas, pauvre inconscient !
      Redondance

      « pénible partage des revenus selon les rapports de classes du moment ».
      Je ne vous le fais pas écrire.

      « puisqu’un gain sans production de travail , est possible !!! »
      C’est justement le problème à régler définitivement, jusqu’à ce que dire « je fais travailler mon argent » soit devenu imprononçable dans le cadre de la liberté d’expression publique bien sûr, puisque comme disait Claudel, la tolérance il y a des lieux pour ça.

      Enfin pour vous égayer, je reconnais au moins à Staline le mérite de ne pas avoir empêché la liquidation des nazis.

      Vous portez bien votre pseudo.

  23. Avatar de Boson
    Boson

    Il me semble que dès l’antiquité les métaux précieux dont l’or et les pierres précieuses ont constitué valeurs d’échange , que les différents pouvoirs ont marqué de leurs sceaux . Ce qui était une des marques de leur pouvoir , inscrites dans la territorialité . Ainsi tel empereur romain frappait monnaie pour affirmer sa puissance. En contrepartie il se devait de défendre par les armes toute puissance qui aurait voulu la déloger . Et justement , pour équiper ses armées il se devait d’avoir des réserves de métaux précieux, de pierres ou de monnaies frappées , ce qui va à l’encontre de la théorie qui préconise que la monnaie doit brûler les doigts , pour faire tourner l’économie …

    En 1946 l’état fédéral US affirmait ne plus avoir de réserves pour terminer la guerre , ce qui risquait d’en compromettre l’issue …De gigantesques show ont été montés avec des combattants vedettes pour faire appel à des souscriptions publiques .La population a souscrit en masse par patriotisme , pour que les efforts fournis et les pertes humaines ne soient pas vains.

    Ce qui aurait tendance à démontrer que la guerre n’est pas un moyen infaillible pour faire tourner l’économie sauf si on la gagne à coup sûr , si elle permet de mettre la main sur des matières premières, de nouveaux territoires et des nouveaux marchés . Mais il me semble que dans ce cas il s’agit de captation de marché , de siphonner les richesses des pays vaincus . Richesses existantes ou à venir …L’économie de guerre a permis une relance de l’économie , mais comme elle débouche sur une guerre , celle-ci peut s’avérer ruineuse . Et encore je parle d’un temps où la monnaie avait sa contrepartie en or .

    La monnaie n’étant plus convertible , celle ci est adossée à la puissance militaire du pays pour la défendre et l’imposer . Il y a un équivalent monnaie /armée .

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Boson

      L’équivalent monnaie / force joue à l’intérieur du pays, pas à l’extérieur. Les US ne peuvent pas imposer leur monnaie à un Français ou à un Chinois. Nous utilisons des dollars parce que nous pensons que ce n’est pas une si mauvaise monnaie. Mais nous avons le droit de les refuser, et de demander à être payés dans une autre monnaie. Les Américains, non.

      Il y a des petites exceptions, comme toujours. Dans Bretton Woods, la France s’est engagée par traité à accepter tous les dollars que la Fed lui présenterait. Cette mesure était facile à mettre en oeuvre, puisque c’était la banque de France qui les achetait. Il y a sûrement d’autres exemples, à rechercher dans les activités du FMI. De manière générale, lorsqu’un Etat veut imposer sa monnaie à l’étranger, il doit avoir recours à la contrainte, ou s’appuyer sur l’Etat local pour l’aider. On parle dans ce cas d’impérialisme monétaire. Mais si sa monnaie est acceptée par les participants parce qu’ils l’apprécient, c’est juste un bon producteur de monnaie !

    2. Avatar de Senec

      Un pays riche, qui perd ses guerres, périclite à coup sûr ! Qu’est devenue l’Espagne alors qu’elle ramenait tant et tant d’or d’Amérique ? Elle a perdu contre l’Angleterre, pour commencer ! C’est probablement plus compliqué, mais il doit bien y avoir un fond de vérité.

    3. Avatar de Boson
      Boson

      @ Gu ,
      Je pense qu’effectivement il n’est pas difficile d’imposer une monnaie à un petit pays comme le notre…Il n’empêche que ceux qui ont tenté de se déconnecter du dollar ont eu ou ont de graves ennuis…Beaucoup de conflits actuels sont liés à ça …

      Comment expliquer autrement qu’un pays  » ruiné  » , qui fonctionne en grande partie avec l’économie virtuelle et la planche à billets actuellement comme les US soit engagé sur tant de fronts ,et puisse soutenir de telles dépenses dans le secteur militaire ? Bien évidemment avec la Chine , c’est une autre histoire…Question d’échelle !

      Mais l’euro est tributaire en grade partie du dollar actuellement, sauf erreur de ma part ,et c’est une des raisons pour laquelle , tant de pays européens sont en difficulté et doivent faire appel au FMI…

      L’autre raison est qu’une économie qui voit disparaître toute son infrastructure productive n’est pas viable et qu’il est logique que sa monnaie soit attaquée aux endroits faibles . Faibles c’est à dire spéculatifs avec tout l’arsenal financier abscons actuel.

      Au fait ce que l’on appelle le marché , les capitaux , fonctionne de façon libre , indépendamment justement d’une régulation étatique . Cela n’apparaît pas comme une grande réussite pour la collectivité .

    4. Avatar de VB
      VB

      @ Boson,

      « Au fait ce que l’on appelle le marché , les capitaux , fonctionne de façon libre , indépendamment justement d’une régulation étatique . Cela n’apparaît pas comme une grande réussite pour la collectivité . »
      =>
      Cela est un grand succès dans le sens où ça a, un temps, permis de masquer l’appauvrissement de la collectivité due à une perte de création de richesse ; ce temps, qui ne pouvait être que temporaire, est maintenant révolu, et nous en sommes à celui des expédients avant de découvrir ce qu’est la vraie pauvreté.
      Là où vous avez raison c’est dans la perte de valeur d’intégrité que ce système suppose : la décadence pour tous et l’enrichissement indu pour quelques uns au détriment de tous les autres.

  24. Avatar de octobre
    octobre

    Vous vivez dans des sociétés qui – sous le nom de gouvernement – laissent s’instituer des groupements politiques auxquels vous devez obéissance – jusqu’à la mort y compris. Ces groupements politiques qui vivent de vos deniers. Vous vivez dans des sociétés qui permettent que – dans vos rues – déambulent des hommes avec une arme à la ceinture – prêts à toute
    éventuelle violence. Vous vivez dans des sociétés où la justice officielle est
    plus ou moins secrètement au service des pouvoirs. L’un n’est pas jugé
    comme l’autre. Les gens de justice aspirent à être des gens de pouvoir – et
    l’ambition les pousse plutôt vers les pouvoirs que vers l’irréprochable équité. Vous vivez dans des sociétés où la misère vous entoure quotidiennement sans que se produise un sursaut d’honneur ou de compassion. Vous vivez dans des sociétés qui trouvent des hommes pour en condamner d’autres à la prison perpétuelle – faute de pouvoir les condamner à mort – et qui, de cette tâche ingrate, retirent bénéfice et respect. Vous vivez dans des sociétés où l’homme est assez stupide pour nuire lui-même à ses sources d’existence. Vous vivez dans des sociétés où est proposée l’abondance à ceux mêmes qui sont dans l’incapacité pécuniaire d’y participer.
    Vous vivez dans des sociétés sans partage.
    Vous vivez dans des sociétés de chiens de garde.
    Vous vivez dans des sociétés de tueurs.
    Vous vivez dans des sociétés de peur.
    Les chiens de garde – c’est vous.
    Les tueurs – c’est vous.
    La peur – c’est vous
    Les Etats de violence – c’est vous.
    Vous vous préparez au colossal écrasement du malheur.

    Il n’y a plus de Beauté – parce qu’il n’y a plus d’Amour.
    Dans la foule – les physionomies elles-mêmes sont devenues laideur.
    Il n’y a plus d’âmes.
    Sociétés vidées de Vie.
    Tout s’est consumé dans la passion du profit et de la possession.
    Qu’est devenue la sainte noblesse de la Pauvreté ?

    Si vous n’aimez pas – on ne vous aime pas.
    Misez une bonne fois pour toutes sur l’amour.
    Ça changera réellement les choses.
    Ce n’est pas la racaille politicarde qui rénovera le monde.
    C’est toi.
    C’est ta volonté de vie.
    Le monde est exactement ce que tu le fais.
    Le monde est exactement à l’image de ton âme.
    Tu l’as donné à ces jouisseurs que sont les chefs d’Eglise
    et à ces forbans de la politicaille.
    Tu n’as rien à attendre d’eux.
    Reprends-le.
    Reprends le monde.
    Le monde est toi.
    Le monde est à toi.
    Fais du monde ce que tu désires qu’il soit.
    Un espace de liberté.
    De sympathie.
    D’entente.
    Un espace libre de ce fléau que sont les guerres.
    Ces guerres de religion fomentées et entretenues par la complicité
    des pouvoirs d’Etat et des pouvoirs d’Eglise.
    Ces guerres de l’ignorance populaire.
    Le monde est dans ta main.
    Fais-le savoir.
    Dis que tu n’obéis plus.
    Ils vont trembler.
    L’économie n’est pas la Vie.
    La machinerie n’est pas la Vie.
    La Vie – c’est ce qui est libre.
    La Vie – c’est ce qui ne coûte rien.
    Vis avec la Vie – pas avec l’argent.

    Louis Calaferte – L’Homme vivant

    1. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ octobre,

      Merci.
      Est-ce vous également qui nous aviez offert il y a quelques mois un premier extrait de L’homme vivant ?
      Je l’avais conservé:

      Sachez qu’il y a l’arme du refus.

      Le refus est une arme spirituelle.

      Si le refus engendre autour de vous la violence – effacez-vous.

      Mais ensuite – revenez au refus.

      Revenez inlassablement au refus.

      Ce qui ainsi sera obtenu l’aura été par la seule véritable et insurpassable force – celle de l’esprit.

      Que vos gains soient exclusivement ceux de l’esprit.
      
Pour être ce monstre phagocytaire qu’elle est, la société a besoin de soumission.
      
Opposez-lui l’insoumission de l’esprit.

      La violence est impuissante devant la détermination de l’esprit.

      Ce que vous n’admettez pas – dites-le par le refus.

      Ce que vous n’admettez pas – transformez-le par le refus.
      
Si vous n’êtes pas heureux – c’est qu’ils ont tort.

      Si votre Vie n’est pas ce que vous désirez qu’elle fût – c’est qu’ils ont fait des erreurs.

      Faites-leur réparer leurs erreurs par le refus.

      Leurs règles aujourd’hui ne sont ni les seules ni forcément les meilleures.

      Changez ces règles par le refus.
      
Et que ce soit égalisation et paix que souhaite votre refus.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Jean-Luc

      Je pense que oui. J’ai dû semer quelques textes de Calaferte depuis que je
      viens sur ce Blog. J’ai beaucoup aimé les écrits de cet homme. Aujourd’hui, je le lis toujours avec beaucoup d’émotion. Il a écrit aussi un essai sur la peinture ( lui-même était passionné par cet art et a une œuvre de peintre: [Perspectives, éditions Hesse] ). Ce petit livre est une merveille :

      Ce qu’oublie l’œil – la main le retient.
      L’œil est intermédiaire – la main artisan.
      L’œil est répercussion d’espace,
      conscience d’espace,
      formulateur de dimensions.
      La main est élaboration.

      Un autre pour la route:

      Des millions d’hommes meurent de faim, l’injustice, l’obscurantisme sont partout; on arrête, on emprisonne, on déporte, on torture, on répand le sang, on diffuse le mensonge corrupteur, on entretient l’analphabétisme, on étouffe les idées généreuses, on anéantit les consciences – pendant ce temps là nos célébrités littéraires font de la littérature confortable, c’est-à-dire du pur fumier, se prostituant au public de toutes les façons, notamment par l’intermédiaire de cette entreprise de décérébration qu’est notre actuelle télévision. Entre gens de bonne compagnie, on brode sur des idées usées – mais ce qui compte aujourd’hui, c’est la faim dans le monde, la non-culturisation des masses, la pollution de la nature par l’abus chimique, la démographie anarchique, les menaces de l’arsenal nucléaire. Le reste, madame, on s’en fout ! Louis Calaferte (Droit de Cité)

    3. Avatar de Fab
      Fab

      Octobre,

      « Des millions d’hommes meurent de faim », et pendant ce temps-là il y’en a qui se marrent !

      « la non-culturisation des masses » a encore de beaux jours devant elle. Et le reste décrit dans votre dernier extrait de Louis Calaferte donc aussi.

      Merci.

    4. Avatar de octobre
      octobre

      Fab

      D’accord. Je comprends mieux maintenant où vous voulez en venir.
      Dans un premier temps, j’ai regretté d’avoir posté cette image et ce qu’elle représente. Heureusement vous avez vu. Et puis, vous avez apporté un regard critique, mais bienveillant, avec une analyse – je n’aime pas ce terme, mais je n’en vois pas d’autre – plus fine, comme pour me dire « oui mais là, attention. » En effet, il y a des détails qui ne vous ont pas échappé. Vous ne vous êtes pas arrêté au simple effet esthétique et aux apparences.
      C’est donc très bien ainsi, un travail en progression et concentré sur l’essentiel. Et c’est moi qui vous remercie.

  25. Avatar de Senec

    Voilà qui fut, sans aucun doute, un débat de très haut niveau ! Je dirais même qu’il fut à la fois étonnant et impressionnant ! Pourtant, je ne me rappelle pas avoir entrevu le mot « PECUS », la tête de bétail, le substantif qui a donné l’adjectif « pécuniaire » ! La tête de bétail n’a-t-elle pas précédé la poignée de clous ? Si je ne l’ai pas remarqué au passage, je vous prie de m’excuser. Et si cela allait de soi, ce qui est bien possible aussi, excusez-moi aussi.
    « Sanctions pécuniaires, intérêts pécuniaires, avantages pécuniaires, peine pécuniaire, responsabilité pécuniaire », etc !! Un adjectif extrêmement utilisé puisque la liste n’est pas limitative.
    Mais, il ne s’agit, alors, que de vocabulaire pas d’économie, encore que cela puisse situer une époque historique. Je me réfère donc à vous pour situer l’antériorité relative.

    1. Avatar de Senec

      On pourrait se demander aussi ce qui a précédé l’autre du bâton ou de la carotte, qui furent aussi deux instruments de pouvoir au début des temps.
      Pour ce qui est de l’oeuf et la poule, on pense depuis peu avoir démontré que c’est la poule, mais avec les scientifiques et surtout la paléontologie, on ne sait jamais.
      Vain débat puisque « la poule descend du dinosaure » qui lui aussi pondait des oeufs. Encore fallait-il une preuve (?).
      http://www.slate.fr/lien/24839/poule-oeuf-mystere-resolu
      La contestation de cette preuve bat son plein. Décidément, rien n’est simple ! L’essentiel, là non plus, ne semble être que d’obtenir des fonds grâce à la publication du travail. On en revient, donc, toujours à l’argent. Avec une publicité pareille, l’avenir immédiat du chercheur est assuré, du moins sur le plan pécuniaire.

      Mais, ceci n’est plus non plus de l’économie, encore qu’on puisse supposer qu’il devait bien s’agir d’un produit de base idéal pour le troc. Passionnant, non ?

    2. Avatar de Senec

      En somme et, cela, je pense bien sûr l’avoir vu plus haut, l’existence et l’utilisation sont deux choses différentes et l’une a bien entendu précédé l’autre. Of course !

  26. Avatar de Senec
    Senec

    Et pour terminer, je ne peux résister au plaisir de vous renvoyer à ces fables que je ne trouve pas du tout « hors sujet » :
    http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/pouledor.htm
    « La poule aux oeufs d’or. »

  27. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    Je suis admiratif de la patience déployée par certains commentateurs pour répondre sérieusement à des individus qui veulent nous enfumer, ou « noyer le poisson ».

  28. Avatar de tata
    tata

    Comme on parle pas tant que cela de votre billet, je me permets de réagir en pleine AM… Merci pour l’effort progressif de clarté que vous faites, cela rend vos propos de plus en plus accessible. Si j’y vois beaucoup d’idées, des points me choque mais le temps nécessaire à l’incubation n’est pas encore venu (pour ma part)… Voilà, j’espère avoir des remarque plus conséquentes au prochain commentaire!

  29. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    à Jean Luc,

    Refuser, une des plus belles manifestations de l’esprit humain.

    1. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Marlowe,

      Sûr! Je relis les mots de Calaferte cités plus haut :
      « Les règles d’aujourd’hui ne sont ni les seules ni forcément les meilleurs.
      Faites-leur réparer leurs erreurs par le refus.
      Ce qui sera ainsi obtenu l’aura été par la seule véritable et insurpassable force – celle de l’esprit. »
      Ces mots pourraient presque servir de profession de foi au blog de Paul Jorion!

      En ce moment, je rame pour aider un comité de riverains de ma ville à gagner une bataille contre l’avancée d’un urbanisme municipal oublieux des hommes. « Destruction ordinaire des villes en temps de paix », selon les mots de …Jean-Claude Michéa (*). La difficulté vient de ce que l’air du temps a réussit à faire entrer dans nos esprits que cet urbanisme était aussi inexorable que la succession des saisons, et aussi impitoyable que l’avancée des siècles. Voilà certains citoyens atteints d’une forme de syndrome de Stockholm, et prêts à chercher avec la mairie les meilleurs solutions d’urbanisme pour détruire leur vie!
      Des voix commencent à s’élever un peu partout en Europe. Les erreurs des années soixante en matière d’urbanisme sont en train de se reproduire de façon débridée depuis quinze ans. « Quand le bâtiment va, la finance va ». Les mêmes erreurs, qui auront les mêmes conséquences sociales futures, ou pire ! car ces erreurs se font avec la puissance décuplée d’un système déréglementé, dont certains de nos élus sont les relais serviles.
      Dans le cas précis pourtant, il conviendrait d’utiliser de la manière la plus ferme l’arme que nous propose Louis Calaferte: refuser fermement que l’on touche à nos immeubles et maisons, refuser que l’on touche à nos arbres, à nos rues, refuser que des multinationales sans conscience ( Lafarge, Vinci, Eiffage, Arcelor-Mittal, Bouygues, Decaux, … ) viennent écraser, sous des tonnes de béton, de goudron, de ferraille du « mobilier urbain », la civilité si patiemment construite au fil des siècles.
      J’ai bien envie d’offrir à mes concitoyens les mots de Calaferte.

      * 😉

  30. Avatar de Crapaud Rouge

    « Parce qu’il avait toujours fallu matérialiser physiquement la monnaie d’une manière ou d’une autre, l’idée s’est ancrée dans la grande majorité des consciences que la substance monétaire est physique ; donc qu’elle obéit aux lois quantifiées de la physique. » : même si la monnaie n’existe que sous forme de papier, elle doit fonctionner comme une chose physique, sinon elle ne serait qu’une mesure inutilisable comme moyen d’échange, car personne ne voudrait échanger une chose réellement physique contre sa seule mesure…

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