Quand on voyage, on a l’occasion de se faire des amis. Lui et moi, on s’est mis à parler à la table du petit déjeuner et quand l’un disait quelque chose, l’autre renchérissait aussitôt. Je n’ai pas été surpris. D’abord, j’aime ce qu’il fait depuis très longtemps, depuis que je l’ai entendu pour la première fois avec le Cuarteto Cedron. Et puis, j’ai beaucoup aimé son concert hier soir : ses chansons castillanes, espagnoles, basques, de toutes les époques. Son substitut français à « happy birthday to you », ses anecdotes : que les Chinois préfèrent les chansons basques parce que « c’est comme ça qu’on chante à Ceylan ». Il nous a fait chanter dans la cour de l’abbaye de Lagrasse « Le parapluie » de Georges Brassens et j’ai été épaté du nombre de gens dans une foule qui savent encore que « même en orage, les routes vont vers des pays ». On a terminé par « Le temps des cerises », tous ensemble, et il y avait dans les voix, une fermeté rassurante.
Mon nouvel ami Paco Ibáñez.
51 réponses à “Les amis qu’on se fait quand on voyage”
Formidable !
C’est le mot que je cherchais pour dire mon émotion.
Qui a dit que les montagnes ne se rencontraient jamais ?
Il est magnifique (Théodore, pas Paco ;-))
Pour la musique, je verrai plus tard, il fait beau.
Des chansons, des voyages, l’amitié, des souvenirs, du pain et un petit d’homme… la vie simple et le bon côté de la vie, sans qu’il soit toujours question du sordide, heureusement.
[…] This post was mentioned on Twitter by Denis Fruneau, Entre midi. Entre midi said: Les amis qu’on se fait quand on voyage http://tinyurl.com/2wle8aj […]
? El duende ?
A Lagrasse en plus, là où tout petit j’allais pêcher des saumons de fontaine. Paco est un vieil ami de tous les réfugiés politiques espagnols et nous lui portons une grande affection. Il nous à fait chanter tous les grands poètes espagnols nous permettant ainsi à nous, les enfants d’exilés de garder nos racines et de conserver la mémoire de notre pays.
Cette rencontre à du être quelque chose d’exceptionnel, cet homme n’a jamais mis genou à terre.
« même en orage, les routes vont vers des pays ». et dans les pays il y a encore des routes.
Merci, Mr Jorion, pour ce moment de grâce. Cela nous change des minets et minettes qui se tordent le derr….. sur des paroles plus insipides les unes que les autres.
Très intéressante aussi l’anecdote à propos des Chinois qui préfèrent les chansons basques parce que « c’est comme ça qu’on chante à Ceylan ». Preuve que la musique transcende les frontières et qu’elle est porteuse d’universaux qui transcende toutes les différences.
PALABRAS PARA JULIA
Des mots pour Julia
(poème de José Agustín Goytisolo [Barcelone, 1928-1999] – à sa fille)
Tú no puedes volver atrás
Tu ne peux pas retourner en arrière
porque la vida ya te empuja
parce que la vie est là, qui te pousse
como un aullido interminable,
comme un hurlement interminable…
interminable…
Te sentirás acorralada
Tu te sentiras aux abois,
te sentirás perdida o sola
tu te sentiras perdue ou seule
tal vez querrás no haber nacido,
peut-être tu voudras ne pas être née,
no haber nacido…
Pero tú siempre acuérdate
Mais souviens-toi toujours
de lo que un día yo escribí
de ce que j’ai écrit un jour
pensando en ti, pensando en ti,
en pensant à toi, en pensant à toi,
como ahora pienso…
comme je le fais manitenant…
La vida es bella, ya verás,
La vie est belle, tu verras
como a pesar de los pesares,
comment, en dépit de tout,
tendrás amigos, tendrás amor,
tu auras des amis, tu auras de l’amour
tendrás amigos…
Un hombre solo, una mujer,
Un homme seul, une femme,
así tomados de uno en uno,
considérés individuellement,
son como polvo, no son nada,
ils sont comme de la poussière, ils ne sont rien,
no son nada…
Entonces siempre acuérdate
Alors souviens-toi toujours
de lo que un día yo escribí
de ce que j’ai écrit un jour
pensando en ti, pensando en ti,
en pensant à toi, en pensant à toi,
como ahora pienso…
comme je le fais maintenant…
Nunca te entregues ni te apartes
Ne rend jamais les armes, ne t’écarte jamais
junto al camino nunca digas
au bord du chemin ne dis jamais
no puedo más y aquí me quedo,
je n’en peux plus et je reste ici
y aquí me quedo…
La vida es bella ya verás,
La vie est belle, tu verras
como a pesar de los pesares,
comment, en dépit de tout,
tendrás amigos, tendrás amor,
tu auras des amis, tu auras de l’amour
tendrás amigos…
Y siempre, siempre acuérdate
Et souviens-toi toujours, toujours
de lo que un día yo escribí
de ce que j’ai écrit un jour
pensando en ti, pensando en ti,
en pensant à toi, en pensant à toi,
como ahora pienso…
comme je le fais maintenant…
Pour pablo75, paco, théodore etc… :
LA POESIA ES UN ARMA CARGADA DE FUTURO – GABRIEL CELAYA
http://www.youtube.com/watch?v=laWOBCnAwFM&feature=related
@ Vigneron
Oui, on en avait déjà parlé de ce poème et donné la traduction:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=13700#comments
Merci de nous rappeler ce texte magnifique . La voix de Paco Ibanez est toujours aussi émouvante .
salut!
je suis en train de bosser a la guitare « palabras para Julia », mais il manque un couplet dans les paroles que je trouve sur internet et je n’arrive pas bien a noter le texte, vu que mon niveau en Castillan est assez limité… dans tous le textes que je trouve, ce couplet manque, cela commence par » otros » …
quelqu’un peut m’aider?
Muchas Gracias!
A propos des chansons basques et de Ceylan: j’ai entendu dire qu’il y’ aurait un véritable mystère, sur le plan linguistique, remontant à très longtemps, les langues basque et japonaise ayant un certain nombre de points communs, exceptionnels. Certes, Ceylan n’est pas le Japon! Mais que sait-on réellement des liens ayant existé dans le passé entre civilisations ou même « tribus »? Finalement: pas grand chose… A propos de la vidéo: musicalement -et humainement-, grandiose: merci. Cela nous change des « chansons » marketing, à »3 francs, six sous »! Un excellent signe (qualitatif): Paco Ibáñez est introuvable sur amazon: il n’y a laissé que quelques traces…
Le Basque , comme le Finnois, ne font pas partie des langues indo-européennes. Ainsi, , il faudrait donc chercher du côté du Japon et de Ceylan . A suivre .
Concernant les basques, mon pépé, horrible expression, s’en était intéressé :
http://www.bonnal.org/Ermend_Bonnal/discographie.html
C’est probablement une culture venant de ceux qui ont édifié les mégalithes.
Merveille des merveilles ! ouf, ça nous change de l’économie ! ( Oh, pardon !…)
L’essentiel …beauté des lieux chargés d’histoire, dans un pays « ombrageux », …un repas en commun, un échange imprévu …Paco Ibanez, qui a enchanté toute une génération : l’engagement poétique …de là à « la Poétique en Politique », chère à Chamoiseau et Glissant, il n’y a qu’un pas !
et, l’enfant si charmant …
Merci !
De Goytisolo, chanté par le même, j’aime beaucoup « Erase una vez un lobito bueno » …cela plairait à l’enfant…
Sauf que c’est plutôt un poème politico-philosophique…
http://www.youtube.com/watch?v=BK1pZE5QlzU
El lobito bueno (José Agustín Goytisolo)
Le gentil petit loup
Érase una vez
Il était une fois
un lobito bueno
un gentil petit loup
al que maltrataban
maltraité
todos los corderos.
par tous les agneaux.
Y había también
Et il y avait aussi
un príncipe malo,
un prince méchant
una bruja hermosa
une sorcière belle
y un pirata honrado.
et un pirate honnête.
Todas estas cosas
Toutes ces choses
había una vez.
il y avait une fois.
Cuando yo soñaba
Quand je rêvais
un mundo al revés.
d’un monde à l’envers.
Ca c’est génial ! Ses chants et poèmes , nous les connaissions par coeur …Amitiés à vous deux !
Le grand Paco et le grand Paul…. et la nouvelle génération !
http://www.dailymotion.com/video/x3u0rc_paco-ibanez-andaluces-de-jaen-en-el_music
L’héautontimorouménos
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d’espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu’ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C’est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
– Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Baudelaire
il y a comme un air de famille dans cette mélodie des rencontres ; sur les photos se distinguent trois générations, une ressemblance notamment dans le regard.
grattez guitares !
J’étais un voyou :
http://www.youtube.com/watch?v=A4dNvKItif4&feature=related
S’il vous fallait un éphéméride, le voici: http://epheman.perso.neuf.fr/
Qu’il est beau, qu’il est mignon, toute l’innocence, la candeur, la sincérité de la jeunesse; c’est pour eux que nous militons, pour un monde meilleur. La fontion première et peut être unique de l’homme n’est elle pas la procréation ?
Merci Paul pour cette photo qui me remue les tripes et votre bonheur se lit en grandes lettres sur votre visage.
Merci aussi pour cette vidéo d’un artiste européen, espagnol, je transmet à l’autre papi de mes petits enfants, « d’origine espagnole ».
El rey Almutamid : Letra de Fanny Rubio, musica de Paco Ibañez
(Por una cancion 1990 / Universal Music)
http://www.youtube.com/watch?v=heef4jIMrzk
Paco Ibáñez. je ne connaissais pas.
Merci
@pablo75
Merci pour le texte et la traduction.
Et bien tu as de la chance : à découvrir..;!
Petite rétrospective :
http://www.youtube.com/watch?v=bvwpzHHzgGc&NR=1
L’autre grand chanteur espagnol actuel est Amancio Prada (né en 1949), très peu connu en France, malgré le fait d’être très francophile: il a vécu à Paris (où il a pu chanter grâce à l’aide de Brassens), il vient régulièrement donner des concerts au Théâtre de la Ville et son dernier cd est une adaptation en espagnol de chansons de Léo Ferré.
Il est l’auteur de 28 disques, et surtout d’une sublime version chantée (avec guitare et violoncelle) du plus beau poème de la littérature espagnole (et pour P.Valéry de la littérature tout court) le « Cántico espiritual » de San Juan de la Cruz (un miracle unique en espagnol de musique faite avec des mots). Le cd a été publié en France par Jade (on le trouve parfois sur Amazon).
http://www.youtube.com/watch?v=YAqD1Th0VfQ
(Poème intraduisible dont il existe plusieurs traductions françaises, toutes très décevantes).
Prada a une très belle chanson sur un très beau poème de Lorca (à clé homosexuelle), de son livre « Divan del tamarit » (publié en 1936, l’année de sa mort), intitulé « Gacela del amor desesperado » (le mot « gacela » – qui signifie « gazelle » – a une deuxième aception: poème amoureux court – de l’arabe « ghazel »):
http://www.youtube.com/watch?v=aQo8mOh6AHc
GACELA DEL AMOR DESESPERADO
La noche no quiere venir
La nuit ne veut pas arriver
para que tú no vengas
pour que tu ne viennes pas
ni yo pueda ir.
ni moi je puisse aller
La noche no quiere venir…
La nuit ne veut pas arriver…
Pero yo iré
Mais moi j’irai
aunque un sol de alacranes me coma la sien.
même si un soleil de scorpions me mange la tempe.
Pero tú vendrás
Mais tu viendras
con la lengua quemada por lluvia de sal.
avec la langue brulée par une pluie de sel.
El día no quiere venir
Le jour ne veut pas arriver
para que tú no vengas
pour que tu ne viennes pas
ni yo pueda ir.
ni moi je puisse aller.
El día no quiere venir…
Le jour ne veut pas arriver…
Pero yo iré
Mais moi j’irai
entregando a los sapos mi mordido clavel.
en livrant aux crapauds mon oeillet mordu.
Pero tú vendrás
Mais tu viendras
por las turbias cloacas de la oscuridad.
par les troubles cloaques de l’obscurité.
Ni la noche ni el día quieren venir
Ni la nuit ni le jour veulent arriver
para que por ti muera
pour que je meure pour toi
y tú mueras por mí.
et toi tu meures pour moi.
Para que tú mueras por mí…
Pour que tu meures pour moi…
Ni la noche ni el día quieren venir
Ni la nuit ni le jour veulent arriver
para que por ti muera
pour que je meure pour toi
y tú mueras por mí.
et toi tu meures pour moi.
Para que tú mueras por mí…
Pour que tu meures pour moi…
Para que yo muera por ti…
Pour que je meure pour toi…
Son site http://www.amancioprada.com/
Sur García Lorca, l’adaptation magnifique de son poème « Pequeño vals vienés » par Leonard Cohen (qui l’admire tellement qu’il a appelé sa fille Lorca):
http://www.youtube.com/watch?v=WdkIW7V8Y0w&feature=related
Scenes from Mirror (Зеркало) by Andreï Tarkovsky set to Mirror in the Mirror (Spiegel im Spiegel) by Arvo Pärt.
http://www.youtube.com/watch?v=dweiGyjxhHs&feature=related
pourquoi tant de grâce ?
merci
@ hema
parce que la beauté sauvera le monde
@ octobre
Savez-vous si l’année de la Russie en France offre l’opportunité de visionner les chefs d’oeuvre d’Andeï Tarkovski?
Spassiba bolchoï.
@ la menuise
Oui, au printemps 2010 !
Trop tard, Gaspard !
la menuise
Il faut éplucher leur programme. Il y a des événements de toutes natures sur l’ensemble de la France. Mais pour voir les films de A.T. je ne sais pas.
http://www.france-russie2010.fr/
Par contre, ils sont diffusés régulièrement dans une ou deux salles d’art et essai du Quartier Latin à Paris. Voir aussi dans d’autres grandes villes, je suppose. Désolé je n’en sais pas plus.
@ hema (et saule) et octobre pour le cadeau
…pourquoi tant de grâce…
Dans « Le temps scellé », ouvrage qui rassemble les écrits du cinéaste (Editions Cahiers du Cinéma, 1989),
sa femme remarque dans la préface :
« André Tarkovski estimait que le pessimisme n’avait aucun rapport avec l’art qui était, selon lui, d’essence religieuse. L’art nous donne la force et l’espoir devant un monde monstrueusement cruel et qui touche, dans sa déraison, à l’absurdité. »
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/tarkovski/tarkovski.htm
Un autre Paco, 63 ans, qui entame sa tournée d’adieu, et qui vient d’enflammer le festival de Marciac par sa maestria ! J’irai le revoir à Paris cet automne !
Paco de Lucía- Mi Niño Curro (Rondeña) :
http://www.youtube.com/watch?v=saWnR7L7xd0
Merci Bertrand pour ces images.
Je me souviens d’un concert de Paco de Lucia à Alicante, en 1980, juste après la mot de Franco, concert à ciel ouvert, sous les étoiles… splendide… avec en prime les mamas espagnoles qui frappaient dans leurs mains sur les accords flamenco…
Paco de Lucía, Al di Meola et John McLaughlin
http://www.youtube.com/watch?v=9cadbYIzhqQ
… alors, vous donnerez le bonjour à Paco Ibanez de ma part, en souvenir d’un pot d’après-concert en Bourgogne, dans les années 70, où nous étions allés boire un verre avec tout un groupe de fans dont ma tante, professeur d’espagnol à l’époque.
Homme charmant, charmeur, à la voix chaude et réconfortante auprès duquel nous avons passé une très belle fin de soirée grâce à sa gentillesse et son sens de l’humain… Contente de savoir qu’il est de vos ami à présent…
Une toujours fan… qui continue à vivre « a galopar » …
Théodore, né le 02/08/2009, vient d’avoir un an.
Bonne anniversaire, petit!
Arvo Pärt : Silouans Song / Vienna Philharmonic Women.
http://www.youtube.com/watch?v=MZTGYxVGzQg&feature=related
Paco Ibanez de père anarchiste n’apprécie certainement pas qu’on accole « anarchiste » à « libéral » …
ou bien plutôt à « capitaliste »
Paul,
Nous avions « C’est vendredi ».
Et si on créait « C’est dimanche » avec une séquence douce comme celle-ci?
😉
Arvo Pärt – Perfect Silence
http://www.youtube.com/watch?v=pq2s5SlbHsk&feature=related
bonjour, c’est sympa ce post, toussas
de la bonne humeur ça fait toujours du bien.