Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quand on pense à la transition d’un type de société vers un autre, on peut le faire de deux manières différentes : on peut soit envisager le phénomène « à vol d’oiseau », de manière globale, holiste : en extériorité, soit du point de vue d’un acteur de la transition, quelqu’un qui la fait ou qui est emporté par elle : en intériorité. Ces deux points de vue sont très différents.
Dans la perspective « à vol d’oiseau », qui serait celle par exemple d’un physicien, on observe une succession de différentes phases : d’abord un système social qui était plus ou moins stable, et qui entre ensuite dans une phase « métastable », et qui, après une période de chaos plus ou moins prononcé, retrouve ensuite une certaine stabilité. Une telle manière d’examiner les choses ignore bien entendu complètement le vécu des acteurs : la transition a pu aussi bien être la fin d’un servage, ressentie comme une libération par les intéressés, ou l’instauration d’une dictature bornée, ressentie par la plupart comme un asservissement brutal.
L’acteur d’une transition vit la situation et pour lui, l’affect est aux commandes. Il se révolte contre des circonstances qui lui sont devenues intolérables et il aspire à créer un monde nouveau, en vue d’une libération. Mais l’acteur n’est jamais seul et aucun système ne peut satisfaire tout le monde. Certains sont les bénéficiaires de ces systèmes qui sont devenus intolérables à la plupart, et même au sein des systèmes les plus répressifs, on trouve des gens qui s’y sentent comme des poissons dans l’eau. Et c’est cela qui conduit certains philosophes politiques, à la suite de Jeremy Bentham au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, à mettre au point des systèmes subtils d’évaluation des régimes politiques en termes de maximisation du bonheur, où on s’interroge par exemple s’il s’agit de maximiser la somme absolue des bonheurs individuels ou de faire que la moyenne soit la plus élevée possible. Ce type de littérature débouche rapidement sur des casuistiques ennuyeuses où l’on se perd dans des arguties sur des exemples théoriques comme le droit du premier qui découvre un puits dans le désert de l’enclore et le prix qu’il a le droit d’exiger pour un verre d’eau à ceux qui y parviennent ensuite, etc. Les excès de ces auteurs ne suffisent cependant pas à ce que l’on disqualifie ce type de problématique dans son ensemble car elle est parvenue à mettre en évidence, même si c’est essentiellement par contraste par rapport à elle, que si le calcul des bonheurs est effectivement très compliqué, celui des malheurs est lui beaucoup plus simple parce que le bonheur est une notion en réalité très floue mais le malheur a lui la limpidité du cristal.
Partons de trois grands principes dont la réputation n’est plus à faire : « Liberté », « Égalité » et « Fraternité ». Maximisons la Liberté : laissons chacun faire absolument comme il l’entend. On verra bientôt se créer des noyaux de pouvoir dominant des zones entières d’asservissement. Et la jouissance associée au pouvoir sans limite peut être à ce point grande chez certains qu’il s’agisse là effectivement du meilleur moyen de maximiser le bonheur global. C’est par exemple une logique de ce type qui a conduit les disciples de von Hayek, dont les anarcho-capitalistes, à admirer et à aider de leurs conseils la dictature militaire du général Pinochet au Chili.
Si l’on fait entrer le malheur en ligne de compte, comme susceptible de neutraliser une quantité équivalente de bonheur, les choses sont très différentes : alors la liberté des maîtres du monde ne compte plus pour grand-chose par rapport à la souffrance et au ressentiment de leurs victimes. La Liberté passe alors à l’arrière-plan et c’est le principe d’Égalité qui apparaît comme le plus susceptible d’assurer le bonheur moyen le plus élevé.
Ce qu’apporte le principe de Fraternité, c’est qu’il nous permet de trancher aisément entre la première et la seconde approche : la Fraternité en mettant l’accent sur les interactions entre les hommes fait intervenir la solidarité dans les réseaux qui les connectent et requiert que la Liberté soit limitée par les contraintes de l’Égalité.
Quand la Révolution française met ces trois principes conjointement au fronton des édifices de la République, elle découvre bientôt les difficultés qui résultent du fait de vouloir les appliquer simultanément et avec la même force. On pourrait affirmer sans raccourci excessif que l’histoire de cette révolution fut celle des hésitations dans l’accent mis sur l’un ou l’autre de ces trois principes ou dans la combinaison privilégiée de deux d’entre eux par rapport au troisième.
(… à suivre)
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180 réponses à “La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur”
La professionnalisation de la vie politique rend-elle possible un vrai sentiment de compassion envers le « malheur des gens » dans les classes dirigeantes ?
c’est un peu comme de la géomètrie variable, sans être de l’algèbre ; il faut construire les agencements qui nous conviennent au sein et avec ces 3 forces constitutionnelles élémentaires.
Oui, c’est aussi simple que la Super Symétrie en Physique Quantique.
C’est ce que l’on veut évaluer qui conditionne ce que l’on évalue (onde ou corpuscule), de même que l’observateur influe sur le système (je simplifie à outrance).
C’est une analogie qui me plaît bien: la démocratie permet à la population de s’exprimer, mais cette expression est évaluée à l’aune des politique et des phynanciers qui modifient eux-même le système.
Mais j’y pense, les politiques ne sont pas extérieurs au système, donc ils l’observent de l’intérieur. Ils ne sont donc pas observateurs impartials, mais impliqués.
Loupé, il faut donc trouver un observateur impartial, hors du système, mais dont l’observation va influer ledit système.
Ah… Il reste donc à le trouver, ou à l’inventer…
Bosons,
Ne bosons pas, mais si..
🙂
en attendant, on peut toujours se consoler avec les ombres … et relire le Zarathoustra !
Lorsque qu’un dieu unique fit l’homme à son image et le douât des trois principes, d’empathie, de charité et de pardon, gravés conjointement au fronton de son église sous le vocable unique d’ »Amour », il découvrit bientôt les difficultés qui résultent du fait de vouloir les appliquer simultanément et avec la même force.
Liberté amoureuse? Egalité amoureuse? Fraternité amoureuse?
Et si nous questionnions notre noyau dur au sortir de nos récentes expériences de partouzes citoyennes?
Nous constaterions que si dieu est éternel, nos amours ne le sont généralement pas, et que c’est la mort qui les sépare et les réunit dans un même mouvement.
Voilà pourquoi nous « fuyons » peut-être « le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».
Un homme « libre » sait qu’il ne sert à rien d’atteindre des sommets, s’il n’est pas foutu d’en redescendre en respectant l’intégrité des âmes dont il a la charge.
En toute « égalité » et en toute « Fraternité », il va sans dire.
Le seul « Bonheur » acceptable est de cet ordre là.
Faire son devoir.
Faire son devoir c’est prévoir.
Cela se calcule peut-être, si l’on croit savoir faire, car cela implique la projection et l’adhésion à une notion de « dette universelle »…..
Voilà qui n’est pas sans intérêts pour certain!
Combien moi devoir et à quel taux?
Voilà donc un an que l’âme de Théodore bénéficie du « droit du sol » et du « droit à la dette » de la Sarkozy…..
Portons nous-en tous aujourd’hui garant, au regard inquiétant de l’actualité, il va en avoir besoin.
Bonne anniversaire, et tout l’Amour des siens à votre petit Homme!
Pierre,
Je sens que la religion ne vous est pas étrangère. Mais analysons.
L’empathie, la charité, le pardon, la volonté de l’homme préserver la nature et les êtres vivants qui vivent sue la planète, le dieu à son image sont gravés conjointement au fronton de son anthropomorphisme.
Liberté amoureuse? Egalité amoureuse? Fraternité amoureuse?
C’est du vent. C’est même tellement théorique que cela se passe réellement que rarement, chez les héros, comme on dit. Nous sommes tous différents. Nous sommes tous des êtres vivants que l’évolution est en train de tester pour trouver ce qui est le plus viable pour perdurer l’espèce.
Voilà pourquoi nous « fuyons » peut-être « le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».
Peut-être.
La nature n’a pas d’autres buts.
Faire son devoir.
Quel devoir? Procréer?
Faire sa vie c’est prévoir. Ca oui.
La notion de « dette universelle »
Dette envers qui? La nature? Elle s’en fout.
du « droit du sol » et du « droit à la dette » de la Sarkozy…..
Je vais vous transposer cela « à la Belge ».
Nous avons les Flamands qui jouent avec le droit du sol. Les Francophones avec le droit des gens.
Fameux dilemme qui dure depuis très longtemps. 🙂
Nous sommes potentiellement tous des « héros ». …. Ou des « anti-héros ».
La surréaliste série documentaire Belge « Strip-tease » est là pour le prouver.
Aucun des participants n’a trouvé à redire sur le traitement médiatique de sa prestation exhibitionniste au sein du zoo humain.
Il n’y a donc pas que le vent du nord pour souffler sur la Belgique.
Certes, les amours de Brel furent déçues mais sa liberté et sa fraternité de coeur nous ont découvert des vents communs…..
@L’enfoiré
Vous lui avez sondé la rate et les reins à la « nature »? Moi, ce qui m’évoque un finalisme naturel, ça me crispe légèrement.
Cher Pierre,
Le surréalisme vous le découvrirez en dehors de l’émission Strip-tease (une des seule qui a cassé la glace de nos frontières). Nous avons une culture qui a les mêmes racines que vous mais nous avons évolué autrement dans notre histoire.
Je viens d’écrire ce que je considère être le patriotisme.
Brel, mon maitre à penser, n’a jamais compris les femmes. Il en a eu peur. Souvent, ses interviews intimistes le prouvent.
Bonne journée
Vigneron,
« Vous lui avez sondé la rate et les reins à la « nature »? Moi, ce qui m’évoque un finalisme naturel, ça me crispe légèrement. »
Un peu, oui.(la preuve) Que cela vous crispe, c’est peut-être normal, mais c’est ainsi.
S’il y a un dieu, il n’a pas tête humaine.
Bonne journée
@l’enfoiré
Alors quelle tendance de finalisme :
– lamarckisme?
– créationnisme?
– dessein intelligent?
– teilhardien?
– enfoirisme?
Bonne journée.
Vigneron,
N’avez-vous pas l’impression de tout mélanger? Les melting pots, je connais.
Mais parce que vous m’avez fait sourire, je m’en vais le cœur plus léger.
Bonne soirée
« Tous les assassins voient l’avenir en rose, ça fait partie du métier »
L.F.Céline.
Il est vrai que les victimes leur facilitent beaucoup le métier en voyant la vie en noir .
Mais tous ceux qui voient l’avenir en rose sont-ils des assassins? 🙂
» Je ne peux m’empêcher de mettre en doute qu’il existe d’autres véritables réalisations de nos profonds tempéraments que la guerre et la maladie, ces deux infinis du cauchemar. » (Louis-Ferdinand Céline)
Le paradoxe fondamental de l’espèce humaine est probablement admirablement et cruellement contenu dans cette phrase…
Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire pour en avoir la confirmation… éclatante.
« Le besoin de tendresse, d’affection, de chaleur humaine, d’amour n’a d’égal que le besoin contraire. » (Kostas Axelos, déjà cité, qui m’a fait sourire et frémir à la fois quand je l’ai découvert)
En conscientisant chacun sur la part de destruction qui vit en lui, peut-être avancerons-nous alors dans une direction plus ou moins… éclairée…
Grande vérité. En général, les victimes ont une vision plus pessimiste de l’avenir. Allez savoir pourquoi.
Ah, voilà pourquoi elle me dit qu’elle voit la vie en rose dans mes bras! 🙂
Sérieusement les mecs, vous voulez refaire le dialogue d’a bout de souffle avec le salaud heureux et le con malheureux?
Autrement, Céline, dans les premières pages du Voyage, dit quelque chose comme « on est puceau de l’horreur comme on l’est de l’amour. »
Sauf que, si j’ai bien compris, il aurait préféré garder ce premier pucelage le plus longtemps possible…
@Moi :
Le sado – masochisme n’est pas une notion récente .
J’espère que ceux qui fréquentent ce blog n’aspirent à être ni sadique, ni masochiste .
@juan
Vous en connaissez beaucoup vous, des qui « aspirent » au sadisme ou au masochisme? C’est le genre d’arguments juste bons pour un procureur de cour d’assise.
@ Vigneron :
Je ne connais en fait que très peu de sadiques ou masochistes pur jus .
Pour les impurs , à défaut « d’aspirer » , c’est souvent ( toujours ?) une façon de » combler un vide » .
Je vous concède la pesanteur , qui alimente les vases communicants , à la dépression artificielle de l’aspirateur .
la France n’est pas une terre de grande Liberté, il suffit d’observer les barbelés dans les campagnes comme les restrictions sur la Liberté d’expression dans les médias ou les mesures envahissantes de santé publique et de sécurité en tous genres: la société ‘zéro mort’…
la Liberté suppose l’éducation, pour que sa mise en oeuvre intélligente et optimisée puisse amener petit à petit les individus à faire preuvre de parcimonie et même de sobriété après en avoir mesurer par eux même l’étendue des avantages et des inconvénients. à mon sens c’est cela un projet émancipateur, la vertu émancipatrice de la Liberté.
hors d’un tel cadre, les mesures déresponsabilisantes, donc infantilisantes, prennent une tournure répressive. sans vision d’avenir. contre-productive. anti-sociale.
certes, je pense faire partie de la fraction minoritaire de ceux qui ne seront jamais en accord avec aucun système et doivent donc ‘faire avec’.
Hélas , la fraction n’est pas minoritaire ….
ça me rappelle la réflexion qu’en tant que fonctionnaire » itinérant « , j’ai toujours reçu des élus ou notables locaux que l’on rencontre lors des premières prises de contacts :
» vous êtes très intelligent , on a certes besoin de vous mais attention , ici on n’est pas comme ailleurs »
Ce à quoi j’avais pris coutume de répondre : » vous avez certainement raison , mais c’est en me disant ce que vous me dîtes que vous me prouvez le contraire . »
Les plus » pas comme les autres » , se demandent encore ce que j’ai bien pu vouloir dire .
Mais la majorité de ces élus , qui sont des hommes fins et responsables , après une petite grimace , trinquaient en général leur verre au mien , en annonçant : « je crois qu’on va s’entendre ! … »Et de fait ça turbinait dans le même sens , j’espère le bon .
Ce qui prouve qu’il est aussi utile de tenir le coup à l’apéro que d’avoir des raisonnements intelligents .
mh, juan, je ne bois généralement pas d’alcool, et sûrement pas avec n’importe qui. votre anecdote est tout à fait représentative d’un certain mode de ‘gestion’ et d’un climat collusif pour moi délètère. c’est le problème quand on a toujours raison, que ce soit contre les premiers concernés ou la majorité exprimée.
http://www.centpapiers.com/les-maires-de-la-creuse-votent-des-actions-rompant-avec-l%E2%80%99etat/20207
j’aurais préféré vous lire disserter sur la vertu émancipatrice de la Liberté, première des trois valeurs dans l’ordre républicain.
Un parcours politique à partir de C. Castoriadis – Interview de Alexandre
@méthode :
Curieux que vous n’ayez retenu que l’apéro ( je vous rassure , ce n’est pas là que se prennent les décisions ) dans l’anecdote , qui voulait simplement souligner que ceux qui disent aspirer au bien commun commencent étrangement par mettre leur « spécificité » ( leur autonomie ?) en condition première .
La liberté n’est pas la première des valeurs de l’ordre républicain .
La République c’est les trois , unes et indivisibles . C’est pour ça que c’est encore embryonnaire et fragile .
L’émancipation ne vient pas de la liberté . Elle vient de la République .
vaste programme! j’apprécie les références, le soucis de rigueur intellectuelle, les propos sur le gauchisme, le libéralisme et l’autonomie comme remise en question permanente. merci. nous sommes de plus en plus nombreux à voir les choses ainsi.
C’est fondamental de comprendre cela : l’autonomie n’est pas l’auto-organisation, du moins tel qu’on entend ce terme de manière générale. L’auto-organisation a été l’un des ’’dada’’ des années 70, ça a été aussi le mien : la question de l’auto-organisation des particules, des molécules, des cellules, des organismes, des populations, des écosytèmes, de l’univers, etc. On a cru que c’était le concept transdisciplinaire qui permettait de relier l’ordre naturel à un projet politique, à l’auto-gestion qui était, rappelons-le quand même, dans le programme du PS à cette époque… Il suffisait alors d’une pichenette pour que tout bascule et que le discours libéral occupe le devant de la scène. Et oui : on est passé en un clin d’œil de l’auto-gestion à l’auto-régulation du marché. On ne s’en est toujours pas remis, même si les choses sont peut-être en train de changer un peu avec la crise financière et économique. C’est cela, au fond, le ’’galimatias’’ libéral-libertaire : « laissez les choses s’auto-organiser », « moins d’Etat », « vive les TAZ », « autonomie des quartiers », « dérégulation du marché », « ne survivent que les plus aptes », etc. Les gauchistes sont tombés en plein dedans, et ils sont toujours au fond… Tu parles d’une déroute ! Le discours contestataire est au fond le même que celui du sommet de l’oligarchie
Puisqu’on parle de la ‘Transition’ aujourd’hui, je vous recommande à tous la lecture de « la grande transition’ (« la France dans le monde qui vient ») de Pierre Veltz au seuil, parut début 2008, < c'est un livre qui posait déjà à l'époque un certain nombre de question sur la validité notre modèle, mais surtout y apportait des réponses sur la manière dont, en France, en Europe et dans le monde, les territoires pourrait évoluer pour générer de l'attractivité économique.
M. Jorion, j’ai une question concernant la constitution pour l’économie. C’est une question idiote mais ayant récemment accepté cette condition, je vous la pose donc :
Au regard d’une redéfinition souhaitable et possible (je l’espère) des droits naturels et du contrat social, une constitution pour l’économie est-elle envisageable et pertinente ?
Certes, je vous cite :
« La finance est, comme je l’ai dit, contrainte par un lacis de réglementations. Mais celles–ci ne forment pas conjointement une « constitution », il s’agit plutôt d’un glacis, d’un système d’endiguement, d’une combinaison de garde–fous, contre une finance prédisposée à l’excès et au débordement. Dans un processus infini de réglementation et de déréglementation, nous révisons sans cesse ces textes pour prévenir leurs effets négatifs inaperçus à l’origine, voire pour contrer ceux–là qui font profession d’en découvrir les failles afin de les détourner. La raison en est simple : contrairement au cas du politique, notre économie et notre finance ne disposent pas d’un système inventé par nous, il s’agit au contraire d’une survivance de la manière dont fonctionne la nature livrée à elle–même, dans la concurrence de tous avec tous, réglée seulement par les rapports de force et débouchant sur l’élimination du plus faible par le plus fort. »
http://www.pauljorion.com/blog/?p=165
Mais si cette survivance de la nature du tous contre tous (vision hobbesienne ou rousseauiste ?) devient elle-même redéfinit, l’économie a-t-elle besoin d’une constitution si le contrat social renové en a une ?
Si l’état de ‘nature’ de la propriété (sous-entendue) (re)devient définie comme étant limitée et/ou multiple, l’économie et la finance ne deviennent-ils pas eux aussi redéfinis ?
On peut citer l’article 18 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1793 qui énonce l’inaliénabilité de la personne (« Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie. ») et considérer que le temps appartient à la personne, comme élément constitutif. Dès lors, réaliser un prêt à intérêt amortissable devient aliénant et donc interdit, car l’intérêt ainsi calculé aliène le temps de la personne et cette personne même.
Quel nécessité alors de prôner l’interdiction, par un droit positif, modifiable (même constitutionnellement), inférieur au droit naturel ainsi défini des prêts à intérêts amortissables ?
[C’est d’ailleurs une conception qui rejoint la conception ‘orthodoxe’ du catholicisme envers le prêt à intérêt : seul Dieu possède le temps. Il suffirait d’ajouter à la religion la conception des droits naturels ainsi définis].
Au final, définir une constitution pour l’économie, est-ce primordial au regard d’une redéfinition des droits naturels et du contrat social ? N’est-ce pas faire ‘trop d’honneur’ et focaliser par trop sur cet objet, ‘au détriment’ de l’objet principal que seraient les droits naturels et le contrat social ?
Ou est-ce que vous concevez cette constitution pour l’économie comme un levier pour redéfinir l’objet final ?
Merci pour vos réponses.
« Si l’état de ‘nature’ de la propriété (sous-entendue … PRIVEE) ».
Et oui !
les droits » naturels » qui ne le sont pas tant que ça , et le contrat social , ça s’appelle une …. Constitution tout court .
Je me suis déjà répandu pour exprimer qu’à mon sens , une constitution économique ne peut être qu’à » l’aval » de LA Constitution .
Jack Lang que j’ai souvent vilependé ici , semble à nouveau émerger (cf . ce matin sur France Inter ) . Je crains bien qu’une nouvellle fois , on ne se prépare à voler au peuple de France la pleine responsabilité de la rédaction des modifications à apporter à notre Constitution .
Cher Zebu cornu,
Il y a « les droits naturels », qui sont du positivisme juridique appliqué et, « le droit naturel » ; je crois que le cours des choses nous montre aujourd’hui de façon évidente les limites du positivisme juridique et qu’il est temps de passer au jusnaturalisme, éventuellement rénové.
Quelques échanges anciens me revenant en tête, il serait peut-être intéressant d’avoir l’avis d’Antoine Y sur cette question du jusnaturalisme.
Cordialement,
@ VB :
Les droits naturels tels qu’évoqués sont ceux désignés par les différentes déclarations des droits de l’Homme et du Citoyen, ainsi que ceux cités dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Rien à voir donc avec le positivisme juridique (c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique).
Le droit naturel est le jusnaturalisme, tandis que la philosophie politique du contrat social se fonde sur les droits naturels.
Vous mélangez, encore une fois.
@ Zebu,
1) « c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique ».
=>
Justement, cette idée est de vous seul, et elle n’est pas acceptable en soi
2) « Vous mélangez, encore une fois. »
=>
Ou ne serait-ce pas plutôt vous qui n’acceptez pas la contradiction ? Votre théorie mise en application, on arrive tout droit en plein positivisme : plier la réalité à votre conception générale, sans s’occuper plus avant de ce que pensent, vivent les autres. Mais vous ne l’admettrez jamais, cela je l’ai compris, pas de confusion possible : vous êtes sûr de détenir la vérité universelle.
Sur le fond, je me réserve de détailler, plus tard, mes idées.
@ VB :
Concernant le positivisme, une simple citation de wikipedia suffit concernant le positivisme de Comte et le contrat social :
« Auguste Comte leur reproche de raisonner à partir de la supposition abstraite et métaphysique d’un contrat social primitif comme le fait notamment Jean-Jacques Rousseau et de raisonner à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux idées de liberté et de souveraineté du peuple. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_trois_%C3%A9tats#Description_des_trois_.C3.A9tats_selon_Comte
Après, très franchement, je peux plus rien pour vous …
Mais si votre unique quête est de me voir avouer que j’ai tort, rassurez-vous, je vais vous enlever une épine du pied : j’ai tort.
@ Zebu,
1) « Concernant le positivisme, une simple citation de wikipedia suffit concernant le positivisme de Comte et le contrat social :
« Auguste Comte leur reproche de raisonner à partir de la supposition abstraite et métaphysique d’un contrat social primitif comme le fait notamment Jean-Jacques Rousseau et de raisonner à partir des droits individuels communs à tous les hommes, aboutissant aux idées de liberté et de souveraineté du peuple. »
=>
Votre citation ne résout aucunement le problème soulevé, à savoir que votre assertion selon laquelle « « c’est même l’inverse, si on on accepte l’idée que les droits naturels sont la source du jusnaturalisme, opposé au positivisme juridique » » est fausse.
Le contraire pourrait être soutenu : le jusnaturalisme pourrait être considéré, par certains, comme la source des droits naturels. Mais, personnellement je conteste cette assertion. Il y a un hiatus entre les droits naturels que vous évoquez et le jusnaturalisme.
2) « Après, très franchement, je peux plus rien pour vous … »
=>
Je ne vous demande absolument pas de pouvoir quelque chose pour moi, simplement d’être un peu plus ouvert.
3) » Mais si votre unique quête est de me voir avouer que j’ai tort, rassurez-vous, je vais vous enlever une épine du pied : j’ai tort. »
=>
Vous me jugez à l’aune de vos propres réactions ; ne croyez pas que vous ayez à m’enlever une épine du pied, mais sincèrement, je ne peux pas faire autrement que de réagir lorsque je lis ou entends des choses (en particulier des théories) qui me semblent douteuses.
Maintenant, il reste intéressant que les gens, dont vous faites partie, aient des idées, l’essentiel étant de ne pas rester braqué dessus et d’accepter d’évoluer, de voir ses idées évoluer.
Vous avez maintenant le fond de ma pensée sur la forme ; quant au fond, je continue à penser qu’il faudrait creuser la question du jusnaturalisme afin de se repositionner d’une façon générale quant aux fondamentaux de notre civilisation. Y a-t-il, dans l’assemblée, des gens ayant eu l’occasion d’étudier ou d’approcher les thèses, antérieures aux Lumières, et qui sont à l’origine de la doctrine jusnaturaliste ? Antoine Y peut-être ?
Merci de votre attention (pas toujours cordiale malheureusement mais ce n’est pas si grave, l’essentiel étant d’échanger)
Petites précisions supplémentaires : les doctrines qui me semblent avoir un intérêt sont celles, pour les plus connues, de Socrate, Platon, Aristote, Marc Aurèle, Cicéron et Saint Thomas d’Aquin…
Mais je pense qu’il doit exister d’autres auteurs, en particulier au Moyen-Age, dont j’ignore tout.
Il me semblerait intéressant de commenter l’évolution de ces doctrines avec celles des Lumières, je pense qu’il y aurait plus d’une surprise et que peut-être nous trouverions une des fameuses bifurcations.
Je crois avoir déjà cité ce texte sur ce blog. Il y est question de bonheur et de socialisme. Qu’on remplace socialisme par ce qu’on veut.
Orwell, Georges, Les socialistes peuvent-ils être heureux? in, Orwell, Georges, Écrits politiques (1928 – 1949), Banc d’essais, Marseille, Agone, 2009, pp. 234 – 236
Extrait de « 1984 » de George Orwell (1945)
« Nous ne cherchons pas le pouvoir en vue de nos propres fins, mais pour le bien de la majorité tel que nous le définissons. Les hommes, ces créatures frêles et lâches, ne peuvent endurer la liberté ni faire face à la vérité. Ils doivent être dirigés par ceux qui sont plus forts qu’eux. L’espèce humaine a le choix entre la liberté et le bonheur, or le bonheur vaut mieux. »
« Le bien des autres ne nous intéresse pas, nous ne recherchons que le pouvoir, le pur pouvoir. Les nazis et les communistes se rapprochent beaucoup de nous par leurs méthodes, mais ils n’eurent jamais le courage de reconnaître leurs propres motifs. Ils prétendaient s’être emparés du pouvoir pour une période limitée; passé le point critique, il y aurait un paradis où les hommes seraient libres et égaux. Nous ne sommes pas ainsi, nous savons que jamais personne ne s’empare du pouvoir avec l’intention d’y renoncer. On n’établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture. Le pouvoir a pour objet le pouvoir.
L’esclavage c’est la liberté. Seul, libre, l’être humain est toujours vaincu. Mais s’il renonce à son identité, s’il se soumet entièrement et totalement, il se fond dans le pouvoir collectif, il est alors tout-puissant et immortel.
Ce pouvoir est aussi le pouvoir sur d’autres êtres humains, sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière n’est pas important, notre maîtrise de la matière est déjà absolue. Ce qui importe c’est de commander à l’esprit. La réalité est à l’intérieur du crâne… Le réel pouvoir, le pouvoir pour lequel nous devons lutter jour et nuit, est le pouvoir non sur les choses, mais sur les hommes. Comment assure-t-on le pouvoir sur un autre? En le faisant souffrir. L’obéissance ne suffit pas. Comment, s’il ne souffre pas, peut-on être certain qu’il obéit, non à sa volonté, mais à la nôtre? »
Nous sommes d’accord.
Pas entièrement.
Je vous renvoie au 1ères pages de l’ »éloge de la fuite », d’Henri Laborit.
Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République française et d’Haïti.
Devise belge;L’union fait la force.
Devise de la Corée du Nord : « Un pays puissant et prospère ».
Devisons gaiement!
Celles et ceux qui ne voient dans ces trois mots qu’une devise , n’ont besoin que de devise .
Sur ce blog très critique vis à vis de l’argent ( et des devises donc ) , ça fait au moins deux raisons de ne pas faire desdits trois mots le sujet paresseux de jeux de mots sans lendemains , alors qu’ils sont jeu de clés .
Les mots n’ont de sens que celui qu’on veut bien leur prêter.Jouer avec eux, fut ce paresseusement est une forme de lucidité.
Un peu pontifiant mais bon,je ne détiens pas le record.
Merci à Zébu de nous rappeler la déclaration de 1793 par rapport à celle de 1791, et de rappeler ainsi que Robespierre et se amis sont les précurseurs de notre morale laïque républicaine
Le reproche a été fait à Paul Jorion de se contenter de vouloir remoraliser le capitalisme financier. Ce qui serait déjà énorme dans un premier temps ! Et (je ne sais ce qu’il en pensera) je fais le lien entre sa lucidité et celle de Robespierre s’attaquant dans un long discours à ce matérialisme des physiocrates libéraux ou philosophes anticléricaux ( ses ennemis à l’intérieur même du mouvement révolutionnaire ) que désigne (selon moi) le terme d’athéisme qu’il emploie ici :
« Je n’ai pas besoin d’observer qu’il ne s’agit pas ici de faire le procès à aucune opinion philosophique en particulier, ni de contester que tel philosophe peut être vertueux, quelles que soient ses opinions, & même en dépit d’elles, par la force d’un naturel heureux ou d’une raison supérieure. Il s’agit de considérer seulement l’athéisme comme national, & lié à un système de conspiration contre la République. »
« Eh ! que vous importe à vous, législateurs, les hypothèses diverses par lesquelles certains philosophes expliquent les phénomènes de la nature ? Vous pouvez abandonner tous ces objets à leurs disputes éternelles : ce n’est ni comme métaphysiciens, ni comme théologiens, que vous devez les envisager. Aux yeux du législateur, tout ce qui est utile au monde & bon dans la pratique, est la vérité ».
Extrait de
http://membres.multimania.fr/discours/morale.htm
Pour Rousseau l’homme occidental, en se socialisant, s’est dénaturé ( terme à entendre positivement ).Pour Robespierre les lois républicaines données au peuple par les conventionnels ( cette avant-garde dans un espace européen alors hostile) doivent sauvegarder l’éthique héritée d’avant selon le temps. Afin de ne pas risquer une dénaturation négative, voire une désocialisation ? Que connaît le capitalisme aujourd’hui ?
Ce texte d’Italo Calvino
est extrait du recueil de nouvelles
« La grande Bonace des Antilles »
traduction de Jean Paul Manganaro
(Edition Points)
Il était un pays où il n’y avait que des voleurs. La nuit, tous les habitants sortaient avec des pinces-monseigneur et des lanternes sourdes pour aller cambrioler la maison d’un voisin. Ils rentraient chez eux à l’aube, chargés, et trouvaient leur maison dévalisée.
Ainsi, tous vivaient dans la concorde et sans dommage, puisque l’un volait l’autre, et celui-ci un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive au dernier qui volait le premier. Le commerce, dans ce pays, ne se pratiquait que sous forme d’embrouille tant de la part de celui qui vendait que de la part que celui qui achetait. Le gouvernement était une association de malfaiteurs vivant au détriment de ses sujets, et les sujets, de leur côté, avaient pour seul souci de frauder le gouvernement. Ainsi, la vie suivait son cours sans obstacles, et il n’y avait ni riches ni pauvres.
Or, on ne sait comment, il arriva que dans ce pays on trouva pourtant un homme honnête. La nuit, au lieu de sortir avec un sac et une lanterne, il restait chez lui à fumer et à lire des romans.
Les voleurs arrivaient et s’ils voyaient la lumière allumée ne montaient pas.
Cela dura quelque temps, puis il fallut lui expliquer que s’il voulait vivre sans rien faire, ce n’était pas une raison pour ne pas laisser agir les autres. Chaque nuit qu’il passait chez lui, c’était une famille qui ne mangeait pas le lendemain.
L’homme honnête ne pouvait rien opposer à ces raisonnements. Il se mit, lui aussi, à sortir le soir et à revenir à l’aube, mais il n’était pas question de voler. Il était honnête, il n’y avait rien à faire. Il allait jusqu’au pont et restait à regarder l’eau couler. Il revenait chez lui et trouvait sa maison dévalisée.
En moins d’une semaine, l’homme honnête se retrouva sans un sou, sans rien à manger, la maison vide. Et jusque-là, il n’y avait rien de trop grave, car c’était de sa faute ; le malheur était que, de cette manière d’agir, naissait un grand bouleversement. Car il se faisait tout voler, mais pendant ce temps il ne volait rien à personne ; il y avait donc toujours quelqu’un qui, rentrant chez lui à l’aube, trouvait sa maison intacte : la maison qu’il aurait dû, lui, dévaliser.
Le fait est que, au bout de peu de temps, ceux qui n’étaient plus cambriolés devinrent plus riches que les autres et ne voulurent plus voler. Et d’autre part, ceux qui venaient pour voler dans la maison du l’homme honnête la trouvaient toujours vide ; ainsi devenaient-ils pauvres.
Pendant ce temps, ceux qui étaient devenus riches prirent l’habitude, eux aussi, d’aller la nuit sur le pont, pour regarder l’eau couler. Cela augmenta la confusion, car il y en eut beaucoup d’autres qui devinrent riches et beaucoup d’autres qui devinrent pauvres.
Or les riches comprirent qu’en allant la nuit sur le pont ils deviendraient pauvres en peu de temps. Et ils pensèrent : « Payons des pauvres qui iront voler à notre compte. » On rédigea les contrats, on établit les salaires, les commissions : naturellement, c’étaient toujours des voleurs, et ils cherchaient à se tromper mutuellement. Mais, comme à l’accoutumée, les riches devenaient de plus en plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.
Il y avait des riches si riches qu’ils n’avaient plus besoin de voler ni de faire voler pour continuer à être riches. Mais s’ils s’arrêtaient de voler ils devenaient pauvres parce que les pauvres les dévalisaient. Alors ils payèrent les plus pauvres parmi les pauvres pour protéger leurs biens des autres pauvres, et ils instituèrent ainsi la police, et construisirent les prisons.
De cette manière, peu d’années après l’arrivée de l’homme honnête, on ne parlait plus de voler ou d’être volé, mais seulement de riches ou de pauvres ; et pourtant ils restaient toujours tous des voleurs.
D’honnête homme il n’y avait eu que celui-là, et il était vite mort, de faim.
REVOLUTIONS ?
Pressée de divorcer d’un affreux mari, ma tante Simone préférait sa pénible situation aux affres de l’inconnu.
Merci à Paul Jorion de rappeler qu’envisager un bouleversement depuis son fauteuil n’est pas la même chose que le subir dans sa chair.
Merci à François de rappeler que les crises ont une dynamique dont les effets ne sont pas toujours prévus. Quel acteur des Etats Généraux aurait prévu Thermidor ?
Chercher, trouver, manier le levier qui fait basculer le cours de l’histoire au moindre coût, voila la tâche des « hommes de bonne volonté » qui ont appris que cette histoire obéit aussi à des forces qui nous échappent, non ?
Le calcul du bonheur et du malheur = calcul de l’utilité marginale bonheur et du malheur ?
Au risque d’etre long, je donne la suite;
« La Nature a mis dans l’homme le sentiment du plaisir & de la douleur qui le force à fuir les objets physiques qui lui sont nuisibles, & à chercher ceux qui lui conviennent. Le chef-d’oeuvre de la société serait de créer en lui pour les choses morales, un instinct rapide qui, sans le secours tardif du raisonnement, le portât à faire le bien & à éviter le mal ; car la raison particulière de chaque homme, égarée par ses passions, n’est souvent qu’un sophiste qui plaide leur cause, & l’autorité de l’homme peut toujours être attaquée par l’amour-propre de l’homme. »
« Vous vous garderez bien de briser le lien sacré qui les unit (unit les hommes) à l’auteur de leur être. Il suffit même que cette opinion ait régné chez un peuple, pour qu’il soit dangereux de la détruire. Car les motifs des devoirs & les bases de la moralité s’étant nécessairement liés à cette idée, l’effacer, c’est démoraliser le peuple. Il résulte du même principe qu’on ne doit jamais attaquer un culte établi qu’avec prudence & avec une certaine délicatesse, de peur qu’un changement subit & violent ne paraisse une atteinte portée à la morale, & une dispense de la probité même. Au reste, celui qui peut remplacer la Divinité dans le système de la vie sociale est à mes yeux un prodige de génie ; celui qui, sans l’avoir remplacée, ne songe qu’à la bannir de l’esprit des hommes, me paraît un prodige de stupidité ou de perversité. » ( Robespierre)
« L’Union fait la force » est, en quelque sorte, une réponse théorique, bien qu’il s’agisse encore d’un voeu pieux ! Ce concept ajoute cependant quelque chose comme la force donnée par la solidarité.
Le but à atteindre ne serait-il d’avoir constitué des garde-fous assez efficaces pour canaliser suffisamment les pulsions par trop égoïstes égoïstes qui pourraient être déclarées « inciviques », càd non souhaitables pour le bien commun. Une belle bataille de juristes en perspective ! N’est-ce pas là le noeud du problème : arriver à définir de manière souple, mais claire les limites de la liberté de nuire aux autres, ce qui manque assurément dans certains domaines actuels, caractérisés par le pouvoir financier énorme de certains, qu’on peut voir dans des entreprises de spéculation capables de déstabiliser des pays ou des parties du monde. On voit nettement, a posteriori, à qui a profité l’instauration de cette « révolution » ! Si vous voulez aller encore plus loin, le fait qu’il ne soit pas accepté par ces nuisibles que l’on fasse intervenir des concepts comme la moralité est, pour moi, une preuve supplémentaire de cette manipulation. Un problème évident à « arranger » !
Visiblement rien ne change …..les aveugles et sourds continuent à la méthode coué….il faut dire que les plans de rigueur européens sont surtout à ce jour restés des effets d’annonces…par exemple la forte hausse de la TVA en Angleterre n’interviendra qu’au 1er janvier 2011..idem en Grèce et en Espagne je ne suis pas certain que le citoyen ‘moyen’ constate deja la moindre diminution concrète de son pouvoir d’achat (à ce jour)..ceci dit cela ne saurait tarder….2011 devrait logiquement être bien sombre…car la on sera dans le ‘concret’…à ma connaissance ce sont les Irlandais qui s’y sont mis les premiers (à la rigueur) qui casquent le plus en terme de chômage et de déflation réelle(pour le moment)
http://www.lemonde.fr/depeches/2010/08/02/paris-et-les-marches-europeens-cloturent-en-forte-hausse_3208_38_43097290.html
Avec les élections midterms en vue dans trois mois, Obama fera TOUT pour monter WS à 12.000 pts d’ici la …greenspan a d’ailleurs suggéré hier de le faire….tous aux abris ensuite en novembre …
Certainly today started with a very strong risk appetite, and the ISM release will help carry the momentum with PMI/ISM giving the markets an excuse to shrug disappointing GDP data. It also feels like there is a buildingconsensus that going into the fall elections markets will have a strong bid. It makes sense to expect all sorts of stimulus, stimulus promises, and information spin, given that a populist approach where major equity indices are the benchmark of success for politicians has been the mantra for Western democracies over the past 30 years. Basically monetary expansion and propping of financial assets has been the response to the shocks of the 70s after the end of the fight against inflation, and please keep in mind when thinking about this issue that creditexpansion and monetary expansion are very different from rates policy, though both have been used to achieve the same goals over the past few decades. In that sense comments by Mr. Greenspan that a rally in equities would be more beneficial to the economy than anything else is very revealing, if not incriminating in my opinion…
http://www.zerohedge.com/article/guest-post-global-macro-update
Tiens en mai on nous disait (me Lagarde entre autres comme toujours dans toutes les mauvaises déclarations): l’euro faible (vers 1.18/1.20)serait un bonheur pour stimuler les exportations européennes…et bien ce fut court ….que vont ils dire à présent que l’Euro remonte à 1.32 (surtout suite à la faiblesse du dollar)?Et plus inquiétant comme le dollar baisse le pétrole monte et dépasse les 82 dollars..on s’approche tout doucement des 100 dollars..je doute que cela soit bon pour une ‘reprise’ économique?
En vrac,
« Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie » Flaubert.
Le bonheur n’est pas la somme de bienfaits.
La vie n’a pas pour but le bonheur.
Le malheur est la somme des préjudices subis.
La vie est souvent vécue au quotidien, comme une longue suite pénible de malheurs, dont l’un des principaux est d’être né au moment où la civilisation s’écroule.
La société ne doit pas avoir pour but le bonheur des citoyens bien que la société de la marchandise mesure le bonheur qu’elle prétend apporter à la somme des marchandises qu’elle vend, y compris avec le crédit qui pour beaucoup de consommateurs coincide avec le malheur.
La liberté, dans un régime politique et économique où la propriété privée est tout, se résume à la liberté d’exploiter.
Liberté rîme avec collectivité, sinon, c’est une grande catastrophe.
L’égalité est un leurre : les hommes, et les femmes, ne sont pas égaux.
La seule revendication qu’une société plus humaine doit avoir, c’est une égalité des droits et des devoirs en société.
La fraternité, « lien existant entre les hommes comme membres de la famille humaine » (dictionnaire le Grand Robert) est certainement le terme le plus adapté à la vie en société.
Partout, l’intérêt commun doit s’opposer à l’intérêt particulier.
Le sens commun, la « common decency » telle que définie par Orwell comme une « morale populaire » est à même de conduire la reconstruction, à condition d’abattre le fondement de l’exploitation de l’homme par l’homme dans la production des marchandises.
Pour alimenter ces réflexions : « l’empire du moindre mal » de J.C. Michéa (Editions Climats)
marlowe@orange.fr
Trois mots simples et jsutes valent plus que toutes les exégèses faites sur leurs déclinaisons .
Ils restent des diamants purs d’une exigeance plus colossale que la prétention de ceux qui veulent les réduire et les enfermer .
Bonjour,
en cours de transition et avant de toucher le fond, comment ne plus être égaux, libre et fraternel tous ensemble comme des moutons dans le naufrage et contre l’iceberg des puissances financiéres ?
Ce refus du seul canot de sauvetage qui en soit un , est étrange .
Liberté, oui.
Égalité, pas beaucoup.
Fraternité, pas du tout.
Paul Gauguin
Profil de Paul Gauguin en noir, par Odilon Redon – 1903 :
http://irea.files.wordpress.com/2009/09/1903-paul-gauguin.jpg
La révolution Française a permis de détruire le droit du sang, bleu, c’est contre ce droit qu’on a eût besoin de déclarer liberté égalité et par l’euphorie du moment fraternité, on est pas en Inde, il n’y a pas de caste, peut-on avancer avec ces valeurs qui réagissent à un peuple n’étant qu’un sous fils de pharaon ou doit en trouver de nouvelles qui nous permettent d’être les fils de ces révolutionnaires?
De nouvelles, peut-être. Mais, avant de chercher de nouvelles terres à prendre, ne tenterez-vous pas d’abord de redresser, d’amender, de drainer,de fertiliser, de revivifier vos anciennes parcelles épuisées ou en friches?
Quant aux castes, pas si sûr qu’elles aient disparu; pas sûr du tout.
je ne suis pas à l’aise avec les absolus, la liberté, l’égalité.
A trop vouloir partir, d’une révolte, comme si on imaginait ce que devait être le fantasme d’un roi pour le peuple, la culpabilité de prendre à une église des biens et de demander le baptême ou l’extrême onction le lendemain, c’est bien aussi de mettre en avant le contexte, pour préciser ces valeurs républicaine,qui devait inscrire dans le marbre des absolus aussi fort que la foi la crainte du représentant de dieu.
L’injustice existe toujours certes, mais par le pouvoir et l’argent, faut-il les mêmes mots que pour le droit divin?
Il en est de même pour le bonheur (qui est un absolu), la richesse le pouvoir, face à la mort l’amour…
L’objectif d’une république est en réalité pus pragmatique, l’équité, permettre l’épanouissement et la fraternité me semble plus accessible à une société.
Les hommes naissent libre et égo en droit et après il ce dermerde (je sais plus qui la dit), si ils ont un boulot, un toit et peuvent accéder au savoir, une justice, etc.. c’est déjà pas mal.
Les absolus sont ils encore nécessaire à la république ou à une réflexion et une foi personnel?
Fonder les règles d’une nouvelle société sur la somme des ressentis individuels, que l’on chercherait en quelque sorte à nourrir par toujours plus de satisfactions, conduit immanquablement à une impasse et à des tragédies. Le malheur, quand il est vrai, est visible et évident croit-on. La faim, le froid, la maladie… Est-il si limpide cependant ? Dans des systèmes fondés sur la satisfaction sans fin, narcissique et immédiate, de compulsions futiles, de vraies souffrances peuvent apparaître : le manque de sens, la solitude, la perte du sentiment de soi. Ce malheur-là est si répandu qu’on finit par ne plus le voir. Est-il moins légitime que le malheur de celui qui dors dans un duvet, enveloppé dans une couverture de survie, dans le bois de Vincennes en février ? Cette manière d’envisager la question de l’équilibre du malheur et du bonheur a des inconvénients. D’abord elle part du principe que l’individu est un acteur (un « agent économique » ?), une sorte de dieu, capable de créer son univers, seul maître de son malheur et de son bonheur. N’est-ce pas une illusion caractéristique des sociétés individualistes?. Ensuite, elle pose comme préalable, en opposant les deux termes, que c’est en fuyant la souffrance que l’on s’approche du bonheur.
http://www.marianne2.fr/Crise-les-banques-et-les-patrons-d-abord_a195818.html
à Pierre,
Votre extrait de 1984,
Merci de m’indiquer le N° de page par rapport à l’édition.
Cordialement.
Les mouvements/régimes totalitaires (comme le totalitarisme de la finance) se forment et se maintiennent grâce à ceux qui en tirent profit.
C’était le cas (à titre d’exemple) du regime nazi. Ce système était une machine à créer des emplois, d’offices et d’honneurs (la chasse aux concitoyens juifs avait libéré un nombre considérable d’emplois et d’entreprises au profit des allemands non-juifs), pour l’industrie allemande la nouvelle politique hitlérienne était un véritable eldorado, le régime s’empressait à adopter des mesures innovatrices en terme social pour contenter le peuple. C’est justement l’un des problèmes majeurs qui font hibituellement obstruction a un renversement de la tendance. Comment procéder à un « management du changement » si un grand nombre d’individus et groupes sociaux profitent du régime et ne veulent pas de changement (sauf en leur faveur bien sûr)? Je pense qu’il ne faut négliger ce genre de problèmes pratiques.
Un article de fond que je viens de lire avec quelque peu de retard : « Le retour de l’Etat régulateur » dans le Monde du 6 juillet de la plume de Philippe Aghion, économiste, spécialiste de l’innovation, docteur en éco à l’université Harvard.
3 thèmes sont développés très en détail.
« Pour assurer une croissance forte et durable et permettre à la France de maintenir sa place dans l’économie mondialisée, un Etat moderne, doit, selon nous, remplir au moins trois fonctions essentielles : 1) celle de régulateur et de garant des contre-pouvoirs démocratiques, pour prévenir de nouvelles crises, pour limiter l’impact négatif des récessions sur les citoyens et les entreprises, et pour réduire la corruption ;
2) celle de redistributeur et de garant du contrat social, pour créer des bases sociales solides permettant la maîtrise des déficits publics ;
3) celle d’investisseur dans l’innovation, la formation et le savoir ».
En évidence « Un Etat moderne, c’est tout d’abord un Etat qui garantit l’existence de contre-pouvoirs démocratiques »
L’article n’est accessible qu’aux abonnés à ce jour.
Quelle que soit notre opinion au sujet de la croissance, j’ai trouvé que cet article comportait bien des éclairages pertinents.
Liberté: liberté d’être qui l’on est, dans la pureté de soi, l’acceptation de soi, de corps et d’esprit, respect de soi!
Egalité: laisser les autres être eux-mêmes, libres de corps et d’esprit, tel qu’on le vit pour soi-même!
Fraternité: bienveillance à l’égard de soi et des autres; participation au bien-être en « donnant » le meilleur de soi, pour le bonheur de tous!
Le bonheur c’est d’être, et de s’en rendre compte!
Le bonheur en + , c’est en fait le « cogito ergo sum » de Descartes .
N’étant pas très érudite en philo, je suis allé lire l’idée que Descartes exprimait par ces mots « cogito ergo sum »; oui je trouve cela très juste et très beau! Et c’est une base très sûre sur laquelle s’appuyer pour participer à cette transition, » nous le ferons nous-même », car tout être peut dire: cogito ergo sum », et donc savoir que son existence est réelle, et qu’il peut lui donner un sens, indépendamment de qui ou quoi que ce soit, et qu’il ne tient qu’a lui de la « façonner », en se servant de son »je pense », en choisissant consciemment ce qu’il veut, en alliant ses actes à ses pensées. »La foi sans les travaux, reste morte »; liberté, égalité, fraternité, je le ferait moi-même!
Ce qui a amené Descartes à dire que « l’Homme est comme maître et possesseur de la nature » et que « Nous pouvons nier la vérité, si nous avons en vue d’affirmer par là notre liberté »…
Magnifique et terrible Descartes, qui nous ouvre les portes de la Vérité : celles du danger et du mensonge créateur. De la vie quoi.
Doucement les basses !
Descartes n’a pas tout dit , même si son intuition traduite en language , a été une fenêtre ouverte .
Et il y a bien d’autres pitons où s’accrocher .
Raison de plus pour n’en mépriser aucun .
Raison de plus pour en chercher encore d’autres .
Ceci étant , on a encore à apprendre de l’opposition entre le héros cornélien ( » je suis maître de moi comme de l’univers « ) et le héros ( héroïne en l’occurence ) racinien ( « je me livre en aveugle au destin qui m’emporte » ).
Descartes et Corneille étaient presque de la même génération .
@juan
A un moment faut partir en grimpe libre. En tout cas quitter les vias ferrata… Le pauvre Descartes ne pouvait pas simplement aller plus loin et annoncer avant Nietzsche que Dieu était mort, qu’il n’y a eu (et qu’il n’y aura) qu’un seul chrétien et qu’il est mort sur la croix. Qu’il n’est qu’un seul Dieu, l’homme lui même, et qu’un seul univers, le sien. Que la seule limite de l’homme était son imaginaire, l’infini.
Et cessez de faire comme si vous ne me compreniez qu’au premier degré, ça m’indispose. 😉
@ Vigneron :
En fait , je ne vous comprends qu’à partir du degré 13,5 !
Vigneron
« Que la seule limite de l’homme était son imaginaire, l’infini » ?
Y’a comme quelquechose qui colle pas; limite et infini!
@ juan nessy
@ Vigneron :
En fait , je ne vous comprends qu’à partir du degré 13,5 !
décidément, c’est récurrent.
@ Méthode :
Non , c’est de l’humour .
Ou du vin .
Ou les deux .
Mais Vigneron m’a compris , car entre ivrognes on n’a pas de secrets .
A la vôtre !
@Coeur
C’est normal que ça colle pas. Sinon ce serait trop facile, pas intéressant, pas humain, pas rigolo, et je déteste quand ça colle, « pègue » aux doigts!
@méthode
c’est plus de l’ivrognerie de bon aloi, c’est de l’alcoolisme mondain! 😉
Trois commentaires :
1) Les deux perspectives, « en extériorité » et « en intériorité » ne sont pas exclusives l’une de l’autre , elles sont toute deux nécessaires. Pour « aspire(r) à créer un monde nouveau, en vue d’une libération », il faut savoir d’où l’on vient et où l’on en est. Ce que savait le mouvement ouvrier à sa naissance et pendant longtemps (les ouvriers anglais, par exemple, avec leur salaire de misère, achetaient des livres pour s’instruire et des bougies pour les lire la nuit) Peut-on en dire autant des « masses populaires » d’aujourd’hui ?
2) Je ne suis pas du tout convaincu que « le malheur a lui la limpidité du cristal », contrairement au « bonheur (qui) est une notion en réalité très floue ». Bonheur et malheur sont des significations imaginaires sociales (magma inextricable de représentations, d’affects et de désirs) qui diffèrent de société à société et, au sein de chaque société, de groupe à groupe et d’individu à individu. Ce qui fait le bonheur de l’un(e) fait le malheur de l’autre et inversement. De plus, l’histoire (d’une société, d’un groupe ou d’un individu) n’arrête pas d’altérer ces significations. Ce qui montre bien que bonheur et malheur ne sont pas des états mais des processus en perpétuelle évolution ; pour un individu ce processus prend fin à sa mort et c’est seulement à ce moment-là que l’on peut « jauger » s’il a été plus ou moins heureux ou plus ou moins malheureux (Hérodote déjà (Histoires, Livre I, 30 à 33 : dialogue entre Solon et Crésus) le savait bien).
Donc, la casuistique des malheurs est tout aussi « compliquée » … et « ennuyeuse » que la casuistique des bonheurs. La casuistique des malheurs, aussi, n’est que l’inverse symétrique de la casuistique des bonheurs : on ne sort donc pas des mêmes monde et mode de pensée.
Ce qui m’amène à poser la question suivante : Quelle est la fin de la politique ? Le bonheur ou la liberté ? Cette question est aussi vieille que la querelle des Anciens et Modernes ! A chacun de juger et de choisir, à ses risques et périls. Pour ma part, le choix est fait depuis longtemps : la liberté.
3) « Liberté, égalité, fraternité »
En tant que droits POLITIQUES , la liberté et l’égalité n’existent toujours pas. Elles s’impliquent d’ailleurs réciproquement : « la liberté implique l’égalité effective – et réciproquement. Comment donc pouvez-vous être libre si les autres ont plus de pouvoir que vous ? Puisqu’il y a nécessairement pouvoir dans la société, ceux qui ne participent pas à ce pouvoir sur un pied d’égalité sont sous la domination de ceux qui y participent et l’exercent, ne sont donc pas libres» (Castoriadis).
Et la fraternité ? Dans la Déclaration des droits et devoirs du citoyen, elle est définie comme suit « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».
Selon Paul Thibaut, « Autant la liberté et l’égalité peuvent être perçues comme des droits, autant la fraternité est une obligation de chacun vis-à-vis d’autrui. C’est donc un mot d’ordre moral. ». Cette observation me fait penser à Aristote qui disait que la politique est « architectonique », c’est-à-dire à la préséance sur l’éthique.
Ce qui m’amène à poser cette autre question : Le jour où la liberté et l’égalité, en tant que droits politiques, seront acquis effectivement, y aura-t-il encore sens à maintenir « fraternité » sur le fronton des édifices publics … du moins dans le domaine du et de la politique ?
La honte ! : langage .
Et m… à la reine d’Angleterre !