Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quand on pense à la transition d’un type de société vers un autre, on peut le faire de deux manières différentes : on peut soit envisager le phénomène « à vol d’oiseau », de manière globale, holiste : en extériorité, soit du point de vue d’un acteur de la transition, quelqu’un qui la fait ou qui est emporté par elle : en intériorité. Ces deux points de vue sont très différents.
Dans la perspective « à vol d’oiseau », qui serait celle par exemple d’un physicien, on observe une succession de différentes phases : d’abord un système social qui était plus ou moins stable, et qui entre ensuite dans une phase « métastable », et qui, après une période de chaos plus ou moins prononcé, retrouve ensuite une certaine stabilité. Une telle manière d’examiner les choses ignore bien entendu complètement le vécu des acteurs : la transition a pu aussi bien être la fin d’un servage, ressentie comme une libération par les intéressés, ou l’instauration d’une dictature bornée, ressentie par la plupart comme un asservissement brutal.
L’acteur d’une transition vit la situation et pour lui, l’affect est aux commandes. Il se révolte contre des circonstances qui lui sont devenues intolérables et il aspire à créer un monde nouveau, en vue d’une libération. Mais l’acteur n’est jamais seul et aucun système ne peut satisfaire tout le monde. Certains sont les bénéficiaires de ces systèmes qui sont devenus intolérables à la plupart, et même au sein des systèmes les plus répressifs, on trouve des gens qui s’y sentent comme des poissons dans l’eau. Et c’est cela qui conduit certains philosophes politiques, à la suite de Jeremy Bentham au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, à mettre au point des systèmes subtils d’évaluation des régimes politiques en termes de maximisation du bonheur, où on s’interroge par exemple s’il s’agit de maximiser la somme absolue des bonheurs individuels ou de faire que la moyenne soit la plus élevée possible. Ce type de littérature débouche rapidement sur des casuistiques ennuyeuses où l’on se perd dans des arguties sur des exemples théoriques comme le droit du premier qui découvre un puits dans le désert de l’enclore et le prix qu’il a le droit d’exiger pour un verre d’eau à ceux qui y parviennent ensuite, etc. Les excès de ces auteurs ne suffisent cependant pas à ce que l’on disqualifie ce type de problématique dans son ensemble car elle est parvenue à mettre en évidence, même si c’est essentiellement par contraste par rapport à elle, que si le calcul des bonheurs est effectivement très compliqué, celui des malheurs est lui beaucoup plus simple parce que le bonheur est une notion en réalité très floue mais le malheur a lui la limpidité du cristal.
Partons de trois grands principes dont la réputation n’est plus à faire : « Liberté », « Égalité » et « Fraternité ». Maximisons la Liberté : laissons chacun faire absolument comme il l’entend. On verra bientôt se créer des noyaux de pouvoir dominant des zones entières d’asservissement. Et la jouissance associée au pouvoir sans limite peut être à ce point grande chez certains qu’il s’agisse là effectivement du meilleur moyen de maximiser le bonheur global. C’est par exemple une logique de ce type qui a conduit les disciples de von Hayek, dont les anarcho-capitalistes, à admirer et à aider de leurs conseils la dictature militaire du général Pinochet au Chili.
Si l’on fait entrer le malheur en ligne de compte, comme susceptible de neutraliser une quantité équivalente de bonheur, les choses sont très différentes : alors la liberté des maîtres du monde ne compte plus pour grand-chose par rapport à la souffrance et au ressentiment de leurs victimes. La Liberté passe alors à l’arrière-plan et c’est le principe d’Égalité qui apparaît comme le plus susceptible d’assurer le bonheur moyen le plus élevé.
Ce qu’apporte le principe de Fraternité, c’est qu’il nous permet de trancher aisément entre la première et la seconde approche : la Fraternité en mettant l’accent sur les interactions entre les hommes fait intervenir la solidarité dans les réseaux qui les connectent et requiert que la Liberté soit limitée par les contraintes de l’Égalité.
Quand la Révolution française met ces trois principes conjointement au fronton des édifices de la République, elle découvre bientôt les difficultés qui résultent du fait de vouloir les appliquer simultanément et avec la même force. On pourrait affirmer sans raccourci excessif que l’histoire de cette révolution fut celle des hésitations dans l’accent mis sur l’un ou l’autre de ces trois principes ou dans la combinaison privilégiée de deux d’entre eux par rapport au troisième.
(… à suivre)
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
180 réponses à “La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur”
On entre donc avec cet article dans cette « phase constructive » dont vous parliez précédemment.
Très belle entrée en matière. La problématique : quelle dose de chaque ingrédients (liberté, égalité, fraternité) pour obtenir un plat digeste et suffisamment alléchant pour les papilles de TOUS les convives ?
Ça tombe bien, j’adore la cuisine [rires].
« Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. » Léon Tolstoï, Anna Karénine
« la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » préambule de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999.
oui. il arrive trop souvent qu’on inscrive dans les constitutions des choses tout à fait contraire à ce que l’on fait, histoire de bien se convaincre de sa supériorité morale.
la suisse persécute de préférence le faible. voir l’observatoire romand du droit d’asile et des étrangers
Oui, mais voyons, les «estrangères» ne font pas partie de «ses membres» !
Sans oublier que l’idée même de mesurer le bien-être est un travers plus que discutable.
@Théodore
Bon anniversaire !
Alain Souchon – La vie Théodore
envoyé par Shakki. – L'actualité du moment en vidéo.
Fugisan,
Je ne connaissais pas cette chanson de Souchon.
Excellente de finesse.
Bonjour Paul,
Sujet qui a mérité beaucoup d’analyses.
Stiglitz s’est même payé, tous frais payés par Sarkozy, une étude sur ce qui pourrait remplacé le PIB.
J’ai fait un résumé de son rapport.
Je l’ai appelé le BIB (Le Bonheur Intérieur Brut).
Comme le PIB était brut, le BIB l’était aussi.
Mettre la population mondiale au même niveau et en donner des conclusions relève de la haute voltige.
Bonne journée
Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, avait préconisé un nouvel indice, le Bonheur National Brut, dans le but de bâtir une économie servant la culture de son pays, sous les valeurs bouddhistes.
Quant à moi j’aime bien l’indice de Développement Humain…
Je ne voulais pas parler de lui, mais il me semble de circonstance :
John Maynard Keynes – comme d’autres – rêvait d’une société oisive à la grec (encore et toujours eux !) à l’orée technologique, postulant que l’industrialisation pousserait les Hommes à beaucoup moins travailler, reléguant aux machines nos labeurs, jusqu’à ne plus travailler du tout… On en est loin, hélas !
Brian,
« Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, avait préconisé un nouvel indice, le Bonheur National Brut, dans le but de bâtir une économie servant la culture de son pays, sous les valeurs bouddhistes. »
Exact. J’avais effectivement connu cela et pris en compte. L’exposé de Stiglitz, la mienne, se voulaient plus cartésienne, plus terre à terre, platonique même.
« … l’indice de Développement Humain… »
Ouais. Peut-être à condition que l’on garde toujours le développement dans la ligne de mire. Il est clair qu’aujourd’hui, une croissance exponentielle n’est pas viable à terme?
Ecoutez cela vous comprendrez où je veux en venir.
« John Maynard Keynes – comme d’autres – rêvait d’une société oisive à la grec (encore et toujours eux !) à l’orée technologique, postulant que l’industrialisation pousserait les Hommes à beaucoup moins travailler, reléguant aux machines nos labeurs, jusqu’à ne plus travailler du tout… On en est loin, hélas ! »
Croyez-vous vraiment?
L’homme est-il vraiment fait pour travailler?
Cette question n’est pas anodine.
J’ai toujours hurlé quand j’entendais ‘faut travailler plus, pour gagner plus »
Quelle connerie. Faut travailler mieux et pas plus.
Avec efficacité, sans redondance.
Et, ça on en est loin, je confirme….
🙂
@ L’enfoiré : « Faut travailler mieux et pas plus. Avec efficacité, sans redondance. » Mais non : ni plus, ni mieux ! Vous trouvez que le stress dû au travail n’est pas encore suffisant ? Qu’il faut encore un nouveau petit effort pour « mieux » travailler, plus d’efficacité, plus de motivation, plus de soumission, plus de plus ?
Un bouquin est sorti dans les années ’70 : « travailler 2 heures par jour ». Douce utopie des années 70 qui n’a évidemment pas résisté à la capture par une minorité des fabuleux gains de productivité réalisés. Capture qui a donné naissance une décennie plus tard aux stocks option, 2 décennies plus tard aux parachutes dorés, 3 décennies plus tard, ben, à ce qu’on connait maintenant…
A mon avis, on n’en sortira pas sans une nouvelle répartition des richesses produites. Condition nécessaire mais malheureusement pas suffisante, ce serait trop simple.
Hachere,
« Vous trouvez que le stress dû au travail n’est pas encore suffisant ? Qu’il faut encore un nouveau petit effort pour « mieux » travailler, plus d’efficacité, plus de motivation, plus de soumission, plus de plus ? »
Vous n’avez pas lu mes autres commentaires. Je posais une question bien plus stratégique « L’homme est-il fait pour travailler? »
Si l’évolution nous avait voulu tel quel, elle nous aurait donner beaucoup plus de bras.
Ce qu’elle a « inventé » pour nous, ce sont nos neurones en plus.
J’ai travaillé avec gens qui ne prenaient aucune initiative par eux mêmes, qui faisaient semblant de comprendre ce qu’on leur demandaient et puis s’en retournaient « travailler » dans leur coin pour produire ce qui n’était pas demandé. Pouvez-vous déceler ce que veut dire « mieux » et « efficace »?
Il ne s’agit pas de bouloter idiot, il faut réfléchir avant et trouver la meilleure technique, le meilleur procédé pour arriver à ses fins. Cela ne demande pas d’effort, seulement de la réflexion.
Croyez-vous qu’on s’intéresse en haut lieu au temps qu’il a fallu pour réaliser ou plutôt le point final, le résultat?
Nos heures de travail, je peux vous le dire que vu l’arrivée des robots de toutes sortes, vont être réduites. Pas de travail pour tout le monde. Le travail, ce sera « inventer » et pousser le mot eureka, cela peut se faire n’importe où, même dans son bain.
« A mon avis, on n’en sortira pas sans une nouvelle répartition des richesses produites. Condition nécessaire mais malheureusement pas suffisante, ce serait trop simple. »
Exact.
La richesse vient du cerveau.
😉
Thomas More écrivait
« En utopie, le jour solairz est divisé en 24 h d’égale durée, dont 6 sont consacré au travail: 3 avant le repas de midi, suivi de 2 he de repos, puis de 3 autres h de travail terminées par le repos du soir »
Chacun est libre d’occuper à sa guise les heures comprises entre le travail, le sommeil et les repas. La plupart consacrent ces heures de loisir à l’étude. Chaque jour, des leçons accessibles à tous ont lieu avant le début du jour. Mais, venus de toutes professions, hommes et femmes affluent librement, chacun choisissant la forme d’enseignement qui convient le mieux à son esprit »
Nous étions en 1516.
Ne trouvez-vous pas qu’on est assez rétrograde et qu’on a perdu beaucoup d’utopies?
😉
@l’enfoiré
Super, vérifié n et n fois sur le terrain, la richesse vient des neurones.
Aussi de la mise en commun, on dirait à ce jour en réseau, de notre intelligence, au service du groupe, du projet, du résultat.
Il y a des jobs où la productivité brute n’est pas un vain mot mais ils sont en régression au profit de ceux où la réflexion préalable, la recherche de la solution optimum prime et il ne s’agit pas d’inventer à chaque fois le fil à couper le beurre.
J’attends la suite avec impatience.
En attendant
Voici les définitions de « liberté, égalité, fraternité » du petit « Google ». Comme je n’ai pas de dictionnaire sous la main, je me demande si elles sont équivalentes. Car j’avoue que je suis assez surpris, voir désappointé.
* La liberté est la faculté d’agir selon sa volonté en fonction des moyens dont on dispose sans être entravé par le pouvoir d’autrui
(commentaire:En fonction des moyens dont on dispose, ce qui sous entend pas mal de choses. Les riches aurait-ils le droit d’avoir par définition plus de liberté que les autres?)
* Egalité: Qualité de ce qui est égal; Uniformité. (Egal: Qui est semblable, soit en nature, soit en quantité, soit en qualité; Toujours le même, invariant, uniforme; Indifférent, sans importance)
* La fraternité est l’expression du lien moral qui unit une fratrie
(commentaire: le lien moral est bien mal en point en ce moment… vue toutes les divisions…)
J’aime bien que Paul trouve que « Fraternité rattrape le laxisme éventuel de « Liberté » ! Mais, malgré tout, je pense qu’il serait utile de se remémorer que tout le monde ne se réfère pas de la même façon à ce « slogan ». Certains sont très forts pour exploiter toutes les lacunes de ces bonnes intentions. Je voulais demander aussi si quelqu’un a trouvé s’il y avait des devoirs qui soient mentionnés dans la « Déclaration des droits de l’homme » ? Toujours, pour moi, dans le but de ne pas laisser trop de liberté de pouvoir abuser de sa force (financière, par exemple).
Apparemment, tout cela n’a pas changé grand-chose sauf qu’on a changé de maîtres. La Loi et la manipulation de la loi ont remplacé la naissance ou le titre de noblesse.
Nous sommes dans un système où les classes dirigeantes sont de plus en plus bornées et où règne un manque d’imagination absolu quant à une quelconque vision d’avenir. Ce n’est pas une dictature, mais on sent monter la surveillance à tous les niveaux…
Quant au bonheur, selon moi, il ressemble à un état, « le plus stable possible », assez proche du détachement de la plupart des possessions matérielles. Mais quand on interroge ses voisins sur ce qu’ils considèrent comme pouvant les rendre « heureux », chacun y va de son désir de posséder:
« Une tourniquette
Pour fair’ la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux »
La complainte du progres
envoyé par tontonfredo. – Regardez plus de vidéos comiques.
La plupart confondent plaisir (principalement celui de posséder) et bonheur. Mais le plaisir retombe aussi vite qu’il est atteint, et sa quête effrénée en répétitions incessantes est épuisante, génératrice d’amères déceptions et sans issue.
Le véritable bonheur est durable, difficile à atteindre.
La possession engendrant rapidement la frustration, c’est par l’éducation et la mise en lumière d’exemples que l’on peut espérer changer de civilisation.
Nous en sommes loin: la glorification à outrance de la niaise « réussite sociale » selon Pognon, partout prônée, est hallucinante: Une Rollex, un Hummer, un hippodrome de Compiègne et un cercueil 24 carats pour couronner le tableau.
Ah, Gudule, aime-moi où je reprends tout ça…
Une question: pourquoi associez-vous et réduisez-vous votre analyse à la Révolution française?
Où est la référence avec le monde?
La plupart des pays ont eu leur révolution.
Pourquoi réduire cela à une devise?
En définitive, avec l’effet de recul, il n’y jamais eu de révolution mais une seule évolution avec des changements de mains du pouvoir.
Je ne vais pas vous rappeler les révolutions en Russie, à Cuba, la Sécession américaine… et j’en passe.
Passe-t-on réellement d’un régime à un autre?
La démocratie, les droits de l’homme ont-ils changé les choses en profondeur?
Nous sommes toujours sous la relation parents-enfants avec la hiérarchie que cela comporte.
[…] This post was mentioned on Twitter by gribouille, Denis Fruneau. Denis Fruneau said: #BlogPaulJorion La transition (I) – Le calcul du bonheur et du malheur: Ce texte est un « article presslib’ » (*) … http://bit.ly/aypu1A […]
Le dilemme entre la vue d’avion, la réalité des faits observables ou bien la position de l’observateur impliqué et la vérité de ses décisions de ses actions. Voilà bien le penseur grec Aristote J.
Et derrière le tableau au contour rationel, les croyances indéfinies de chacun et les actions insidieuses qui en découlent. Quelle part de pensée magique « déraisonable » et d’activisme tortueux derrière la conviction du monde financier d’une cohérence mathématique des marchés financier?
Dénicher cette part d’irrationel porté par des affects puissants est sans doute l’enjeu principal de laction à mener.
La chance de Robespierre ou le retour de Lénine?
Déjà beaucoup de questions !
1/ Oui pourquoi considérer que la devise française peut être le point de départ d’une telle réflexion ? Parce que, sauf erreur de ma part, elle est issue de la révolution qui s’est produite dans le pays le plus évolué du monde à cette époque, avec les élites ayant produit les travaux théoriques les plus profonds sur les rapports entre personne, état, bonheur, citoyenneté, justice, droits et devoirs, etc. Cette Révolution est allée au bout du renversement de la féodalité et de la royauté. C’est l’ensemble de ces caractéristiques, entre autres, qui la place comme un jalon décisif et qui a fait que toutes les transitions suivantes l’ont peu ou prou eue comme référence.
2/ Les rapports entre les termes de la devise sont complexes et dialectiques : ne pas en tenir compte conduit à des points de vue limitatifs et erronés. Par exemple, la liberté est certes contrainte par l’égalité, mais réciproquement l’égalité est contrainte par la liberté : sinon, on tombe dans l’égalitarisme le plus bête.
Liberté et égalité forment un couple bien sec si l’on ne prend pas en compte la fraternité qui appelle une idée de la liberté qui ne peut s’exercer ni dans la lettre ni dans l’esprit au détriment du « frère » ou de la « sœur » et donc de l’égalité de droits (certains veulent encore confondre les inégalités naturelles avec les inégalités de droits et justifier celles-ci par celles-là !)… Ou encore certains veulent donner « l’égalité des chances » en lieu et place de l’égalité des droits : ainsi, si les droits sont inégaux c’est de la faute de ceux qui n’ont pas « su profiter des chances qui leur étaient offertes » !
Inversement une fraternité qui ne s’appuie pas sur la liberté et l’égalité est un communautarisme ou une fraternité formelle…
Etc., etc.
3/ Ne pas oublier enfin (si l’on peut dire !) que la devise est un idéal nulle part atteint que la Révolution n’a pas su ou pu mener jusqu’au bout : son efficace cependant est tel qu’elle relance sans cesse la réflexion entre l’idéal et la réalité. Nous en sommes là de nouveau et toujours !
La révolution française est en france la fin d’un processus commencé à la renaissance. Les républiques comme venise existaient avant la notre. La révolution 1789 a surtout remplacé la majesté par la majorité comme legitimité du pouvoir.
Ce système valable à l’époque est le coeur de la crise de civilisation actuelle. La majorité, l’opinion est manipulée car manipulable et est élu celui qui à les moyens les plus énormes de propagande. Les sondages donnent tjrs à l’avance les résultats avec peu d’erreur. Le système majoritaire est donc devenu immoral car ne pouvant plus selectionner le plus apte, mis selectionnant le plus retord.
Le système bourgeois (pouvoir détenu par l’argent) de ce fait arrive à son terme. Le probleme de legitimité des élites (les affaires) est au coeur du basculement de civilisation actuel. La question centrale est celui de la legitimité du pouvoir et de son exercice. Les élites sont immorales et donc illégitimes. Légitimité et moralité sont liées car seul celui qui sait s’auto-limiter dans ses désirs peut être légitime. Et faire le bien. Car ne pensant pas seulement à son intérêt particulier il ne tournera pas la société vers l’intérêt général même en organisant la gestion de l’intérêt général (ce qu’est l’économie, le systeme de gestion de nos societés actuelles).
Une société où l’intérêt général est la loi, se donne des dirigeants immoraux, tournés vers leur intérêt particulier. Les dirigeants n’étant pas libres de leur désirs, souffrent d’addiction. Et celà est le problème de tous les dirigeants politiques. Un dirigeant politique doit l’être sur sa vertu pas sur ses connaissances, son expérience, son cv, son nom, sa famille, sa fortune etc…
Par exemple, il est apparu que la loi limitant les dons aux partis, chaque responsable politique a créé le sien, reversant ensuite tout ou partie au grand parti dont il sont. Ces gens manifestement ne peuvent plus etre aux commandes. Chercher la faille dans la loi pour leur propre intérêt, par ceux-la-même qui doivent les faire.
Tant que les dirigeants sont esclaves de leurs pulsions, la société ne peut être que celle que nous avons.
C’est la mise en forme dans les lois, de la légitimité du pouvoir basée sur la vertu qui est la grande affaire de ce siècle.
Monmon,
« La chance de Robespierre ou le retour de Lénine? »
Vous connaissez la phrase qui vient d’une Bible (que je n’ai jamais consulté… 🙂 )
« Celui qui joue avec l’épée, périra par l’épée ».
Vous voulez voir un état de révolution permanente?
Allez à Cuba. L’esprit de Révolution existe toujours depuis près de 60 ans.
Pour quel résultat?
« Un cuba libre por favor »
@l’enfoiré
« La chance de Robespierre ou le retour de Lénine? »
Juste un clin d’oeuil à P.J. qui enquète sur le beau Maximilien.
Pour ma part je crois que la ligne qu’il faut garder est de traquer inlassablement les fausses raisons dérrière lesquelles se cachent des lambeaux de pensées violement magiques parfois dérrière de lentes belles mathématiques.
@ Paul Jorion
Votre propos m’interpelle comme une réponse à mon commentaire du billet: « Est-il encore temps de monter dans l’ascenseur social? ».
» EOLE dit :
26 juillet 2010 à 10:58
Encore un billet qui spirale autour de la notion d’égalité, pourtant pas si mal définie par la déclaration de 1789 reprise par le préambule de la dernière constitution.
La devise de la République Française est: « Liberté, égalité, fraternité ». Comme nous le savons tous, elle résume les deux lectures courantes qu’en font les français, celle de gauche: « égalité, fraternité, liberté »; celle de droite: « liberté, fraternité, égalité ». La plupart d’entre nous peuvent lire de droite à gauche ou de gauche à droite, selon son humeur (ou son intérêt) du moment.
Il est vrai qu’aujourd’hui on assiste à une certaine dérive vers la formule: « individualisme, égalitarisme, communautarisme »… »
Peut-être allez-vous nous en faire d’autres lectures. A noter que la notion de fraternité dernière du tryptique est toujours médiane dans chaque lecture…
Vu que nous entrons dans une phase où l’humanité rencontre les limites de sa planète, le salut viendra soit de la science (la maitrise d’une source d’énergie illimitée et non polluante) soit de la décroissance.
Il faut donc un système qui soit résiliant à la décroissance et qui l’encourage. Garder une croissance exponentielle dans un monde linéaire c’est courir à un crash majeur.
Pour que la décroissance soit durable et humaine elle doit se planifier sur de longue périodes et tendre à réduire le nombre d’humain sur la planète en réduisant le nombre des naissances tout en douceur pour ne pas trop déformer la pyramide des âges (on voit le problème du baby boom – Crunch sur les retraites).
A ma connaissance les seuls moyens d’agir sur les naissances sont le confort et l’éducation des pays occidentaux (avec l’accès aux moyens contraceptifs) ou la coercition d’un régime fort avec la stérilisation et des interdictions comme en Chine.
Vu que la terre ne pourra pas amener toute l’humanité au niveau de confort-éducation de l’occident (avec sa population actuelle) et qu’un régime coercitif de type chinois à grande échelle n’est pas souhaitable, existe-t-il une troisième voie ? Est-il possible de concevoir un système d’organisation sociale qui autorégulerait la population mondiale sans passer par des famines-épidémie-guerre ?
Peut être avons-nous besoin d’une nouvelle « religion » qui ne prône pas la croissance et la multiplication 🙂 Un nouveau Sauveur 🙂 Paul 😉
« Est-il possible de concevoir un système d’organisation sociale qui autorégulerait la population mondiale sans passer par des famines-épidémie-guerre ? »
C’est l’une des rares qualités du système actuel, de faire ça très bien. Et c’est là le danger de ces interprétations malthusiennes reposant sur une phobie des courbes exponentielles, c’est qu’une fois qu’on montre à l’aide de chiffres que la nature (laissée à elle-même) a horreur des courbes exponentielles, les Malthusiens disent : « Ah ben alors, tout ne va pas si mal ». Exactement comme cet économiste marxiste que j’évoquais hier, à qui Husson montre qu’il n’y a pas baisse tendancielle du taux de profit comme l’avait prédit Marx, mais au contraire une hausse, et qui répond : « Ah ben, alors le capitalisme n’est pas en danger ! »
Je viens de regarder le texte de Michel Husson qui analyse les rapports salaires/profits/investissements (http://hussonet.free.fr/psalires.pdf, page 24 particulièrement).
Il montre en effet que depuis les années 1980, sous l’effet des politiques néolibérales, le taux de profit augmente dans les pays occidentaux. Ce que nous constatons effectivement qualitativement par les plus grandes difficultés de vie et de développement des réponses aux besoins sociaux, corrélativement à l’augmentation exponentielle des masses financières stérilisées dans les bourses et les paradis fiscaux… puisque ces profits, il le montre, ne sont pas utilisés pour augmenter les salaires ou les investissements productifs.
Mais ceci ne contrevient en rien à la « baisse tendancielle du taux de profit » puisque Marx montre comment les capitalistes s’organisent pour lutter contre cette baisse qui met en danger les profits (effet mécanique de l’accumulation du capital mort qui réduit d’autant l’efficacité du capital variable dans le rapport qui les lie).
Nous constatons aujourd’hui que depuis 30 ans les capitalistes grâce à la combinaison du chômage, de la baisse des salaires, à l’augmentation de la productivité, à la délocalisation, à la réduction des impôts sur les bénéfices et les patrimoines, etc. ont réussi non seulement à maintenir le taux de profit mais à l’augmenter !
Mais dès qu’ils relâcheront la pression sur un des points ou sur une combinaison de quelques uns de ces points devant le refus des salariés de continuer à supporter les coûts directs de l’exploitation du travail et les remboursements des dettes induites par la financiarisation de la société, alors le taux de profit reprendra sa baisse tendancielle. Ce mot signifiant que la baisse est bien la tendance lourde sur la longue période, mais qu’il peut se faire que dans des circonstances historiques particulières le taux va à contre tendance… parce que les capitalistes ont fait ce qu’il fallait pour.
Il n’est pas possible d’invalider l’analyse marxienne sur cet argument par une analyse en période courte en occultant en particulier les effets des colonisations, du néocolonialisme et de l’appauvrissement généralisé de peuples entiers qui contribuent à cette remontée locale (pays occidentaux) du taux de profit alors que si l’on considère la planète entière, il baisse… si c’était le contraire on le saurait et on le verrait (en tout cas les statistiques générales de l’ONU sur l’évolution du bien être général démontrent qu’il y a bien une baisse de taux de profit).
JeanNimes,
« depuis les années 1980, sous l’effet des politiques néolibérales, le taux de profit augmente dans les pays occidentaux. »
Je crois qu’il faut remonter bien plus haut dans le temps et cela n’a rien à voir avec l’occident non plus.
Vous ne connaissez pas Dou Yousheng très certainement.
Ca a le goût d’Al Capone, sans être Al Capone. En plus, ce n’était pas à Chicago, mais à Shanghai. Vous voulez l’histoire?
Le goût du profit s’exporte et s’importe dans l’histoire entière. Il n’a pas fallu attendre au capitalisme.
« depuis 30 ans les capitalistes grâce à la combinaison du chômage, de la baisse des salaires, à l’augmentation de la productivité, à la délocalisation, à la réduction des impôts sur les bénéfices et les patrimoines, etc. ont réussi non seulement à maintenir le taux de profit mais à l’augmenter ! »
Encore une fois, ce n’est pas depuis 30 ans, l’histoire des usuriers lombards devrait vous faire reculer un peu plus. Eux, c’était les rois qu’ils « alimentaient » en richesses pour aller faire la guerre.
Le capitalisme est loin d’être récent.
Il a permis, aussi, de pouvoir assoir contraint et forcé, c’est évident, à plus de socialisme.
Il fut un temps, où l’idée même de pouvoir posséder un capital, n’effleurait même pas les esprits.
On est sorti des Temps Modernes, montré par Charlot, dans l’immédiat après guerre.
Ce n’est que ces dix dernières années que nous retrouvons dans la phase inverse.
Bravo P.J.
Eviter que dérrière le langage murmurant de la foule qui cherche à se rassembler et à se rassurer par de fausses raisons, ne se déclenche la panique dévastatrice.
Voilà une réponse importante sur la tentation malthusienne!
Ils ont toujours eu tort et sont toujours là.
les taux de fécondité sont en baisse partout, hormis deux ou trois nations au contexte particulier, il y aura bien décroissance de la natalité avec impact sur l’économie.
C’est une erreur, à mon avis, que de voir des concepts différents entre Liberté, Egalité et Fraternité. Pour ma part, je préfère y voir des modalités d’un seul et même concept fondamental, celui de Libre Arbitre. Dans cette optique, Liberté est l’affirmation de sa propre capacité à réaliser des choix (et la revendication qu’ils soient reconnus). Fraternité est la reconnaissance de la capacité d’autrui à choisir (et sa propre revendication que ses choix soient reconnus). Egalité n’est que le constat d’une absence de hiérarchie entre Liberté et Fraternité. Liberté ne prime pas Fraternité, et vice versa.
Le bonheur devient alors aussi limpide que son contraire. Le bonheur, ce n’est rien d’autre que la pleine capacité à user de son libre arbitre. Le malheur survient lorsque, d’une manière ou d’une autre, cette capacité est diminuée, ou à tout le moins ressentie comme telle.
« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Cet adage bien connu illustre bien mon propos en ce que, dans notre société, l’argent permet d’accroître la capacité de choisir, et son absence la diminue.
Le capitalisme est un échec parce qu’il a tenté de faire primer Liberté sur Fraternité. Le communisme est un échec parce qu’il a tenté de faire primer Fraternité sur Liberté. La solution, aussi simple en principe que compliquée en pratique, se trouve dans l’Egalité, dans l’équilibre entre Liberté et Fraternité.
Je suis loin d’avoir une idée précise de l’articulation effective du Libre Arbitre à l’échelle de la société, mais il y a un concept économique que j’aime beaucoup : les optima de Pareto. Une société est un optimum de Pareto lorsqu’on ne peut accroître le bien-être d’un individu sans détériorer celui d’un autre. En couplant cette idée avec la fiction de l’Etat de nature, il pourrait être possible d’imaginer un développement équilibré de société.
Ce n’est qu’une ébauche de raisonnement, et un rapide passage par la page wikipédia consacrée à L’Etat de nature me fait comprendre qu’un détour par la lecture d’auteurs classiques tels que Hobbes, Locke ou Rousseau semble indispensable.
La lois de Pareto a été de multiples fois critiquée et contredite. Les critiques venant des thèses nouvelles de l’éconophysique, nouvelle discipline scientifique qui repense l’économie sur des bases physiques en oubliant les axiomes mathématiques, me paraissent particulièrement pertinentes dans les perspectives actuelles.
Extrait Wapédia:
Voir aussi une conférence de Bouchaud sur les modèles (courbe de Gauss, répartition de Pareto, mouvement brownien de Bachelier-Einstein, scholes & brown…)
http://www.canal-u.tv/canalu/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs/dossier_programmes/les_conferences_de_l_annee_2000/questions_de_sciences/les_caprices_de_marches_financiers_regularite_et_turbulences
Vigneron,
« Plus on a d’argent, plus on en consomme. »
Ce n’est plus vrai en temps de crise.
Je l’avais déjà signalé ici, en disant que les comptes à terme en Belgique n’avaient jamais été autant chargé pour atteindre des sommets.
J’ai appris la même chose, hier, sur une de vos chaînes françaises.
Le problème actuellement c’est de redonner la confiance à consommer, à prendre des risques.
Mais chat échaudé, craint l’eau froide….
@l’enfoiré
Ça reste vrai en temps de crise, puisque le plus riche, même en réduisant éventuellement son train de vie et en épargnant plus, consommera toujours plus qu’un plus pauvre. Pauvre qui dans le pire, et le plus courant, des cas ne pourra diminuer sa consommation déjà minimale, ou, s’il le peut, épargnera plus et donc consommera toujours moins que le plus riche au dessus. Élémentaire.
« L’argent ne fait pas le bonheur… »
Sophisme des bien-portants
Vigneron,
C’est évident. Là on enfonce des portes ouvertes. Plus on a de potentiel, statistiquement, le pouvoir d’achat d’un riche restera toujours plus élevé.
Je ne sais si vous contrôler ce qui se passe dans l’industrie. Mais les grandes fusions, les grands melting pots de production comme Procter & Gamble par exemple, sont occupés à se recentrer.
Les banques vont mieux, je ne fais que l’entendre, parce que « la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf » est en train de mourir dans l’oeuf. On se recentre aussi.
Si vous ne connaissez pas l’histoire de Fortis, je peux vous en donner quelques explications.
A une action qui a mal tournée, il y a toujours un retour de flamme. On ne se brûle pas deux fois de la même manière.
Élémentaire, mon cher Einstein.
@Vigneron
On a guère besoin de l’éconophysique ( quel nom ! ) pour voir l’inanité de la loi de Pareto. Si j’ai bonne mémoire, c’est à la fin des années 1890 que Pareto – qui vient d’ailleurs d’hériter d’un membre de sa famille ( il est donc pété de tunes, ça a son importance ) – étudie la répartition des revenus en Suisse, pays où il réside alors. Il découvre que 20% de la population dispose de 80% des richesses. Etendant son étude à d’autres pays, il constate une répartition sensiblement identique.
Là où un esprit normalement constitué aurait conclu que cette inégalité découle d’un certain état des rapports de force dans la société, Pareto, partisan de l’inégalité, va s’efforcer de démontrer, notamment à l’aide de calculs mathématiques fumeux, que cette répartition découle d’un ordre naturel valable en tout tout temps et en tout lieu et qu’il serait vain de vouloir la modifier en quoi que ce soit.
La loi de Pareto est née, connue également comme loi des 80/20. On l’utilise de nos jours dans de nombreux domaines, en marketing par exemple, pour faire je ne sais quelles bêtises.
A ne pas confondre néanmoins avec l’optimum de Pareto qui est autre chose. Même si à mon avis l’un ne va pas sans l’autre.
@Vincent P
Evoquer l’optimum de Pareto pour ce qui nous préoccupe n’a guère de sens. Cela désigne, pour une société, une économie donnée, une allocation des ressources telle qu’il est impossible de donner plus à un individu sans détériorer la situation d’un autre individu.
D’où on peut conclure qu’il existe pour une société donnée une infinité d’allocations optimales. Il est par ailleurs impossible de hiérarchiser entre les différents optimums possibles, au sens de Pareto une répartition n’est pas préférable à une autre parce qu’elle serait plus juste. Ainsi, une société où un seul individu disposerait de toutes les richesses et le restant de la population d’aucune est, stricto sensu, en situation d’optimum. En effet, il est impossible de donner une partie des richesses à la partie de la population qui n’a rien sans léser l’omnipossédant.
Pour Pareto, l’inégalité est un état de nature, la liberté est celle du plus fort, quant à la fraternité, allez faire un tour du côté de son travail de sociologue pour voir ce qu’il en pense.
Pour les têtes creuses des mathématiciens fous de la microéconomie, l’optimum de Pareto fait figure d’idéal d’équilibre vers lequel il faut tendre dans le cadre de la concurrence pure et parfaite. C’est du délire pur et parfait.
Pour le démontage raisonné des fariboles de la microéconomie (pas seulement d’elle d’ailleurs) je ne saurais que trop vous conseiller la lecture des ouvrages de Bernard Guerrien. Il existe au format poche une petit livre consacré à la micro ainsi qu’une somme impressionnante aux éditions repères, le ‘dictionnaire d’analyse économique’.
Il a également un site internet : http://www.bernardguerrien.com/index.htm/
Pendant que je suis là et pour aller dans le sens des propos de Paul Jorion d’il y a quelques jours sur l’économie comme religion, un texte de Bernard Guerrien sur la pseudo-scientificité de l’économie.
http://bernardguerrien.com/Scienceoupseudoscience.pdf
@l’enfoiré
Heureux de constater, pour l’intégrité de votre front comme de votre appendice nasal, que vous daignez enfoncer, même en grommelant, les portes qu’on vous ouvre; plutôt que de vous efforcer à les franchir après les avoir refermées. 😉
L’avis d’un éminent disciple de Bentham commençant à nuancer son utilitarisme. John Stuart MILL, Sur la liberté ~ Chapitre I. propos introductif:
–>>Les intérêts qui sont ceux que je soutiens,
légitiment l’assujettissement de la spontanéité individuelle
au contrôle extérieur, seulement eu égard aux actions de chacun,
où l’intérêt d’autres gens est en jeu.
Voila exactement ce qui fait que la société actuelle est finie. le contrôle est donc social, mais qui contrôle les controleurs, eux qui manipulent avec l’argent la majorité? La loi? Ben non puisque la loi c’est eux qui la font.
Le contrôle ne peut être que intérieur, c’est l’auto-contrôle, la vertu. Et seuls ceux vertueux et libres donc de leurs pulsions peuvent légitimement accéder au pouvoir.
Tous ces vieux textes ont eu leur valeur en leur temps, plus maintenant.
Votez pour scaringella, le « philosophe-roi » platonicien, seul capable d’être « vertueux » !
En effet, tous ces très vieux textes ont eu leur valeur en leur temps, plus maintenant…
Que cette soit-disant élite auto-instituée, auto-reproduite et cooptée arrête de prendre la population pour des imbéciles, des ignares inaptes qui conviendrait de guider. Et si, pour changer, on osait la démocratie ?
Il faut donc changer la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » par « Egalité, Fraternité, Bonheur ».
Tu garde les deux absolus et enlève la fraternité pour le bonheur, qui restera flou, car propre à chacun, la perfection n’est pas ce monde.
l’utopie c’est de rendre les deux absolus la liberté et l’égalité plus réel par d’autres concepts, comme l’équité ou l’épanouissement
Il y a les paradigmes et ce qu’on met dessous ( les sous-entendus) Je signale à ce propos un lien vers une étude historique des ambiguïtés, dés l’origine entre liberté et égalité, pour les protagonistes de la Révolution française( en quelle fraternité on peut comprendre selon les sous-entendus):
http://revolution-francaise.net/2008/12/27/275-sieyes-origines-science-naturelle-etat-social
Je me permets de penser que lire ou relire ce texte est utile en liaison avec le billet d’aujourd’hui?
Je fais comme avec zebu ….
Des fénitions claires de ce que sont liberté,égalité, fraternité
et faites pascomme zébu, à remplacer un mot par un autre.
Parceque j’ai l’impression que vous mélanger chèvres et choux.
Puisque vous me faîtes l’honneur de me citer, j’attends toujours vos réactions sur les définitions données concernant le sujet abordé.
Sans compter qu’on attend les vôtres, de définition, histoire de voir si vous remplacer un mot par un autre …
Sans compter que si on veut couper les cheveux en quatre comme vous (et à ce rythme là, on serait toujours à chercher à tenter de définir ce qu’est un ‘blog’ avant que d’avoir pu commencer à écrire), va aussi falloir améliorer l’orthographe, la grammaire, la conjugaison, etc.
Serviteur.
Liberté + Egalité + Fraternité ? Que ça?
La grille de lecture de la Révolution à venir ne devrait s’établir que sur une axiologie redéfinie.
Comme je pense l’avoir évoqué précédemment sur le blog, la nouvelle approche ne pourrait s’établir qu’en base quaternaire (la double dualité) et non ternaire (une impasse, selon Abélio et sa structure absolue).
Liberté/ égalité/fraternité sont issues des lumières. à l’époque les droits sociaux, culturels, et
à fortiori environnementaux étaient encore dans les lymbes, ou du moins à l’état embrionnaires…
Bien-sûr, il faut préserver les paramètres fondamentaux, LIB/EGAL et secondaires qui en découlent
(la Fraternité par ex. ne se décrète pas, c’est l’intersection de la Liberté inscrite dans une Identité)
J’ai peu de temps ici, mais je propose la grille suivante: 4 paramètres fondamentaux
(IDENT.)-> LIBERTE -> GALITE -> RESPONSABILITE -> IDENTITE ->
-> FRATERNITE -> EQUITE -> SOLIDARITE -> PERRENITE ->(FRATER.)
En circulaire, on obtient les paramêtres civilisationnels secondaires qui en découlent…
A méditer, à approfondir rapidement.
Bonne journée à tous.
Bonjour
« ….les membres de la société sont unis par un commun accord sur l’organisation et les buts sociaux ; les relations
individuelles et politiques sont stables et acceptées, la disposition du pouvoir révèle diverses possibilités de
contribuer au bien-être de la société. Par opposition les périodes « critiques » sont marquées par l’écroulement
du consensus et par la désintégration de la société en fragments dissidents et hostiles les uns vis à vis des autres.
Le statut est remis en question, les relations s’enveniment et, dans la lutte qui s’ensuit pour le pouvoir, les
qualités respectives des classes en conflit et des individus sont oubliés…….une civilisation qui se désintègre est le
théâtre de deux intrigues différentes qui se jouent côte à côte. Tandis que la minorité dominante répète sans
changement et inlassablement sa propre défaite, de nouveaux défis appellent inlassablement de nouvelles
réponses créatrices de la part des minorités ….-A. TOYNBEE « a study of History »
Voilà (rien de nouveau en quelque sorte), vous et moi sommes en plein dedans et compte tenu des « challenges »
(écologiques, économiques, sociaux etc…) qui demandent des réponses créatrices de la part des minorités « qui
n’acceptent pas la désintégration de leur société et ne tentent pas de s’y opposer par des substituts artificiels de
la créativité, mais relèvent le défi avec lucidité et courage… » (Toynbee toujours), nous pouvons mesurer le
problème……en gros rien à attendre des vieilles recettes [ » Ne méprisez rien mais n’imitez rien de ce qui est passé
avant nous…. » St Just (rapport à la convention, sur la police générale, 26 germinal an II -15 avril 1794).] compte
tenu du challenge novateur qui se présente à l’espèce humaine…et qu’elle doit résoudre sous peine de disparition
(problème du réchauffement climatique par exemple) !!!
Si on se rapporte aux analyses historiques de Toynbee (qui datent certes), je dirais que, compte tenu de
l’évolution actuelle du patient, le pronostic est plus que réservé !!!!
Chris
D’un point de vue méthodologique, il peut sembler plus efficace pour s’orienter de partir des conditions du malheur, ou à un degré moindre du mal-être — prélude au malheur.
Si il est un élément usant, déprimant à la longue, c’est la précarité subie qui morcelle l’existence, empêche de se projeter dans l’avenir et donc de se construire sur la durée. Précarité du revenu, de l’emploi, de la situation géographique et donc socio-environnementale. Autrement dit, ce seul constat, tiré de ma propre expérience, milite largement en faveur de la mise en place dans un premier temps d’une forme de REvenu Minimum pour une Existence DEcente (aspect individuel de l’acceptabilité) couplé à une Activité Socialement Utile (acceptabilité sociale de la mesure et intérêt pour les individus d’être en situation de faire oeuvre utile). Ces deux données ne garantissent pas l’accès à une existence heureuse ; toutefois ils en constituent un préalable incontournable dans la quasi totalité des cas.
Seconde condition : cesser d’imposer des modèles de réussite existentielle inatteignable pour la plupart d’entre-nous, si tant est qu’ils aient un quelconque intérêt ! A la place, on valorisera sans les survaloriser différentes sortes d’expériences sur la base de témoignage authentiques et non pas mis en scène à des fins marketing !
Bien sûr ce qui précède ne constitue que des prémices.
Bien dit…
Céline :
« Cauchemar d’avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, sur-homme du matin au soir, le sous-homme claudiquant qu’on nous a donné. »
Et c’est vrai…
@Liszt
Le problème étant avec le bon docteur Destouches, malgré toute mon amour pour son oeuvre, voire sa personnalité, que ce constat l’avait amené hélas et pourtant à considérer qu’il existait en plus des sous sous hommes, plus estropiés sans doute. Ou pas assez, allez savoir!
Et de s’en donner quittus pour les maltraiter, au moins de sa plume virtuose, de la façon quen l’on sait…
De toute façon, il semble que le bonheur ne puisse se définir qu’a condition qu’il y ait eu du malheur. D’ailleurs je pense que la notion même de bonheur et de malheur ne sont que des dérivés de la notion de plaisir et de déplaisir, joie et tristesse. Les notions de liberté, d’égalité et de fraternité sont a la joie se que la dictature et le féodalisme sont a la tristesse.
Ont a souvent enttendu que le bonheur des uns faisait le malheur des autres. C’est surement a se momment que la notion d’équilibre intervient. il faudrait donc en conclure que la notion d’équilibre que défini l’égalité soit un état entre la liberté et la fraternité.
L’Agent Smith, parlant de la Matrice à Morpheus:
« Ne l’avez-vous jamais contemplé, Morpheus ? N’avez-vous jamais été ébloui par sa beauté, son ingéniosité ? Des milliards de gens vivant leurs petites vies anonymes sans même y penser. Saviez-vous que la première Matrice avait pour dessein de créer un monde parfait, où personne ne souffrirait. Le bonheur parfait pour chaque être humain ! Ce fut un désastre, une catastrophe pour les récoltes.
Certains pensaient que nous devrions reprogrammer l’algorithme du concept de monde parfait. Mais je crois que votre espèce, les humains, définissez la réalité comme une sorte de purgatoire, une souffrance. Le monde parfait était un rêve auquel vous ne pouviez accéder qu’en mourant. C’est pour cela que la Matrice fut remaniée en ceci, l’apogée de votre civilisation. Je dis bien votre civilisation car depuis que nous pensons à votre place, c’est devenu notre civilisation, ce qui en fin de compte nous importe.
==============
Je me souviens vaguement d’une débat chez Taddei sur ce sujet, le PIB bonheur etc ?
@Paul Jorion
Vous dites chez Taddéi: « Mon grand-père n’avait aucune raison d’être optimiste, et pourtant il l’était. »
Vous dites aussi ailleurs: « Les bourses n’ont aucune raison d’être optimistes, et pourtant elles le sont. »
Paradoxe de l’optimisme de cette « espèce humaine qui est comme ça, voilà. »
L’optimiste accepte son malheur dans une sorte de bonheur inconditionnel (Guatemala/Floride) et aspire néanmoins au progrès.
Espérance ou Volonté de Vivre inconditionnée et inconsciente?
Paul,
J’ai bien aimé votre représentation de cette
Le bonheur est fait de très peu de choses.
Sur une même journée, on peut se retrouver optimiste et pessimiste en fonction d’un événement, d’une confrontation avec ses proches ou ses éloignés.
Comme je vous avais laisser deviner ce sur quoi j’allais écrire aujourd’hui, je vous le dois: une confrontation entre le virtuel et le réel.
Curieux d’en être sorti par ces chansons.
Au milieu des deux, il y a les symboles, les fantasmes qui rassurent ou enfoncent…
Entre le virtuel et le réel, on a voulu y voir une rupture.
Non seulement, ceux qui en parlent, ne savent pas où elle se situe mais en plus, la faille entre les deux était souvent très ténue.
🙂
J’ai bien aimé votre représentation de cette idée du bonheur….
Un morceau de phrase est restée sur mon clavier… 🙂
« Article premier – Le but de la société est le bonheur commun »
Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen … de 1793.
A mon sens, une des ‘bifurcations’ que vous recherchez est celle-ci : la conception des droits naturels y est différente de celle de 1789. Et le contrat social aussi, sur lequel repose la constitution de 1793, jamais appliquée (suspendue par la terreur) et définitivement abrogée avec le 10 de thermidor.
On y observe notamment cette référence au bonheur commun. Mais aussi des références très différentes :
– « l’égalité, la liberté, la sécurité, la propriété » (dans cet ordre là),
– une conception de l’égalité en droit mais aussi en nature (« Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi »),
– le droit à l’insurrection (la résistance à l’oppression est citée par la déclaration de 1789 mais se différencie du droit à l’insurrection),
– la souveraineté populaire > souveraineté nationale,
– le droit de pétition,
– la liberté de se réunir (en ‘société populaire’),
– le secours publique (octroi de travail ou moyens d’exister pour ceux qui ne peuvent pas travailler)
– « l’instruction est le besoin de tous », elle doit être accessible à tous les citoyens ;
– le droit pour tout citoyen d’exercer tous les métiers, afin d’éviter les corporatismes (« Nul genre de travail, de culture, de commerce ne peut-être interdit à l’industrie des citoyens »),
– la liberté d’exercice de culte (qui n’est pas explicitement citée en 1789).
La quasi totalité de ces dispositions disparaîtront avec la déclaration de 1795.
On mesure mieux ce que la République actuelle doit à 1793 plutôt qu’à 1789 :
– laïcité, avec la liberté de culte ;
– la sécurité sociale (avec le secours public) ;
– l’instruction libre et obligatoire (l’obligation interviendra plus tard mais elle découle logiquement du ‘besoin de tous’) ;
– le droit de pétition, très imparfaitement reconnu par le référendum d’initiative populaire, très récent ;
– la souveraineté populaire, partiellement, avec les référendums ;
– l’accès de tous à tous les métiers ;
– le droit d’association.
Mais on mesure aussi la différence entre aujourd’hui et 1793, notamment par la conception de l’égalité (par nature, et pas uniquement en droit) et sa primauté sur la liberté, le bonheur commun étant le premier objectif.
Enfin, bien que la propriété soit consacrée comme un droit, elle y apparaît en dernier rang, derrière la sécurité. Ce droit de propriété sera défini par Napoléon dans le Code Civil, où la propriété privée est absolue, exclusive, perpétuelle mais peut être limitée par la loi.
A l’inverse, un élément très intéressant, quasi oublié mais qui pourrait ‘servir’ pour la redéfinition du contrat social : le domaine public (‘res communis’).
Ce domaine était exclu de toute propriété privée et définissait aussi par le Code Civil ce qui concernait les mines, les forêts, la pêche, etc.
Actuellement, la notion de ‘domaine public’ est défini dans le Code Civil par l’article 714 :
» Il est des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous.
Des lois de police règlent la manière d’en jouir. »
Note ancienne :
Auteur : Pascal DUPUY
Alors que la Liberté par nature de l’Homme est, depuis Locke, gravée dans le marbre du droit de propriété et des sociétés fondée ou refondée sur lui, personne, hormis les eugénistes (ceux là à l’intérieur du système libéral-lockien), aucune théorie politique n’ose, excepté dans le strict domaine religieux, poser ce postulat préalable de l’Égalité de nature.
On se contente de l’Égalité de Droit, y compris chez les marxistes ou les anarchistes de tout poil, les premiers se réfugiant eux aussi derrière une égalité produite par un Droit, et donc issue d’une société ou d’un modèle de société préexistants, les seconds se contentant d’invoquer une Dignité partagée.
La révolution française était allée réellement très loin dans les principes.
Attention au sens d’ »égalité de nature » :
Les textes de l’époque renvoient au fait que les êtres humains appartiennent à la même espèce et qu’ils doivent ainsi être traités comme égaux (pas de sous-hommes, d’esclaves, etc.) en droits et en dignité.
Cela ne signifie certainement pas que leurs caractéristiques physiques ou intellectuelles ou morales… soient identiques. Cela va sans dire, mais mieux en le disant. Le libéralisme (néo ou non) est trop friand de failles à exploiter dans ce domaine, en particulier en s’appuyant sur la notion de « nature humaine » .
@ Vigneron :
C’est rien de le dire … Allez par exemple consulter les conceptions de la citoyenneté et vous serez surpris d’apprendre que des citoyens de nationalité étrangère avaità une certaine période, sans l’avoir requise, obtenus la nationalité française, uniquement parce qu’ils résidaient sur le sol français et déclaraient y vivre.
Une conception de la citoyenneté, primant sur celle de la nationalité. Si je vous dis que nos conceptions actuelles sont l’exact opposé, cela ne vous étonnera pas …
@ M. Jorion :
J’ai aussi oublié le mandat impératif, inscrit dans la constitution de l’an 1. En plein dans le contrat social rousseauiste donc sur la souveraineté populaire et l’intérêt général …
« A quel signe dois-tu donc reconnaître désormais l’excellence d’une constitution?…Celle qui tout entière repose sur l’égalité de fait est la seule qui puisse te convenir et satisfaire à tous tes voeux.
Les chartes aristocratiques de 1791 et de 1795 rivaient tes fers au lieu de les briser. Celle de 1793 était un grand pas de fait vers l’égalité réelle ; on n’en avait pas encore approché de si près ; mais elle ne touchaient pas encore le but et n’abordait point le bonheur commun, dont pourtant elle consacrait solennellement le grand principe. »
Manifeste des égaux, 1796.
http://kropot.free.fr/Marechal-manifeste.htm
‘Gracus’ Babeuf pris ce nom des Gracques. Retour aux sources …
Reste que ce ‘premier communisme’ selon Marx et Engels mettait sous le boisseau l’autre source de droit naturel, la liberté individuelle. On sait ce qu’il advint par la suite des utopies, réelles ou non, de ‘l’égalitarisme’.
Le chemin est donc étroit. Mais certaines choses peuvent s’imaginer :
– véritable droit d’initiative à référendum populaire (actuellement, l’initiative revient aux députés, sur la base d’une pétition d’1/10ème du corps électoral) ;
– séparation des pouvoirs accrus ;
– révocabilité des représentants et des lois;
– introduction d’une part de mandat impératif dans la représentation ou sur certains sujets ;
– tirage au sort d’une partie des représentants ou pour des fonctions spécifiques ;
– reprise, extension et intégration dans les droits naturels de la définition de ‘res communis’ pour les biens et les savoirs communs ;
– précision de la définition de la nature de la propriété, en y adjoignant en droit naturel la propriété publique (appartenant à l’Etat) et la propriété ‘commune’ (relevant du patrimoine humain et naturel) ;
– définition de l’égalité en nature, ouvrant la voie à la définition et la mise en place d’un revenu universel ;
– etc.
1793, oui …
Mais sans la terreur, est-ce possible (mutatis mutandis) ?
C’est bien ce que je veux dire en prétendant que le radicalisme égalitaire n’était jamais allé aussi loin que le libéralisme égalitaire, naturellement défini et au secours de la propriété naturelle. Et que face à ce monstre conceptuel de liberté naturelle, matrice de l’idole valeur et marchandise, la possibilité d’une « triangulation » amenant l’émergence d’une fraternité en souffrance autre que le care ou la « common decency » ou société décente d’Orwell, rend sans doute nécessaire d’aller aussi loin dans la radicalité théorique égalitaire fondée naturellement (et non pas identitaire au sens d’identique bien sûr).
Le libéralisme, y compris avec Tocqueville, cherche à faire croire que l’on est allé très loin dans l’égalitarisme, toujours insatisfaisant (paradoxe de Tocqueville). C’est un mensonge. Infiniment et universellement partagé. Non seulement dans la pratique sociale et politique, ce que l’application des idéaux égalitaires partage avec l’application de ceux du libéralisme, mais surtout dans la théorie politique et philosophique. La pente libérale est plus prononcée que l’égalitaire. Je maintiens.
La Constitution de 1793 ne fut pas mise en application… avec ou sans Terreur.
@ M. Jorion :
Vous avez raison : la constitution et les droits naturels définis dans la déclaration de 1793 n’ont pas été appliqués car suspendus face aux évènements internes et externes, qui précédèrent la mise en place du Comité de Salut Public. De même, quand la Terreur cessa, la constitution de l’an 1 ne fut pas mis en oeuvre, comme ce qui avait été convenu au préalable mais une autre convention créa une autre constitution, bien différente (1795).
Reste que la convention montagnarde, qui créa cette constitution, est aussi en lien avec un environnement interne et externe très spécifique, pour lequel il n’est pas interdit de penser qu’il influença les rapports de force politiques et les définition des concepts utilisés pour fonder la constitution de 1793 …
Le mot ‘Terreur’ (avec un grand ‘T’) n’a donc pas lieu d’être utilisé avec cette constitution, cela créé un amalgame, avec des situations antérieures (septembre 1792) ou postérieures à sa conception.
@ Vigneron :
La tyrannie de la majorité et le despotisme démocratique définis par Tocqueville sont produits selon lui par le conformisme des opinions et la mise à l’écart des citoyens des débats démocratiques par l’Etat. Pour autant, la fabrique du consentement de Chomsky montre bien ceci n’est pas ‘naturel’ et que ce n’est pas une déviance de la démocratie mais bien une résultante de processus mis en place consciemment, dans un but bien précis. La figure de Tocqueville comme parangon de la liberté dans le système démocratique est présentée comme indépassable par leurs thuriféraires, à dessein : hors la limitation de l’égalité (qui conduit ‘naturellement’ à l’égalitarisme et donc à la limitation de la liberté, donc au despotisme et à l’arbitraire) est indépassable.
Sauf que le raisonnement de Tocqueville n’intègre absolument pas dans son analyse la pauvreté et l’exclusion, y compris ‘radicale’ (au sens d’esclavage, de ségrégation ou d’extermination), à l’encontre des classes sociales américaines urbaines pauvres, des noirs et surtout des tribus amérindiennes. Là dessus, étrangement, Tocqueville, la figure totémique du libéralisme politique, ne dit rien, ou presque. Point de vue ethnocentrique donc, qui plus est de sa position socialement déterminée.
@ Paul Jorion :
Sur la constitution de 1793, Saint Just a déclaré le 10 octobre 1793, jour de déclaration du gouvernement révolutionnaire (jusqu’à la paix) et de la non application de la constitution : « dans les circonstances où se trouve la République, la Constitution ne peut être établie ; on l’immolerait par elle-même, elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté parce qu’elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer ».
Ah, ce thème inépuisable de Liberté – Égalité – Fraternité…
2+1=1 en quelque sorte
Pour peu que chacun y mette du sien.
Et c’est sans doute là que le bât blesse : « que chacun y mette du sien » relève à ce stade de la pure utopie, tant que n’aura pas été sérieusement analysé cette réalité basique confirmée par plusieurs siècle d’Histoire et que je vous livre :
De même que l’interprétation statistique est la forme la plus élaborée du mensonge, le pouvoir politique est la forme la plus élaborée du parasitisme social.
S’attaquer à l’antinomie atavique entre Liberté et Égalité ne saurait donc se contenter de mettre en œuvre la Fraternité, dans un monde ou il est impensable qu’une société puisse vivre et se développer sans pouvoir.
Il faudrait d’abord régler son compte au pouvoir politique en redonnant ses lettres de noblesse à l’anarchie qui sous-entend plus la concertation et l’empathie que le désordre.
Tant qu’il sera aisé de s’installer dans le luxe sans aucun effort ni aucune compétence autre que le faux-semblant, il y aura toujours trop de demandeurs de pouvoir politique pour garantir la moindre Fraternité que ce soit.
Ce n’est pas ici une opinion, c’est un constat et j’espère que nous aurons l’occasion d’ouvrir notre champ de réflexion sur cet aspect aussi délicat que crucial.
Ouvrons le champs !
Fermez le ban !…
Bonjour,
Le bonheur et le malheur sont-ils susceptibles d’être mis en équation ? Il me semble que si les excès de l’un ou de l’autre de ces états sont évidents, les strates intermédiaires sont pour le moins difficile à évaluer à une seule aune, tant la part de subjectivité est grande.
De même, il me semble difficile aujourd’hui de prévoir une grande théorie prompte à permettre le bonheur.
Une grande théorie qui fonderait ou refondrait l’organisation sociale est possible mais « gare à ne pas faire le bonheur des gens malgré eux » (c’est un peu ce que je reproche à la théorie de Zébu). En son temps, Karl Marx, a-t-il une seule seconde envisagée que sa théorie permettrait le stalinisme ? Je ne pense pas ; un pas plus loin : si cela avait été le cas, Marx aurait-il quand même persévéré ? Je n’ai pas la réponse, mais la question me semble devoir être posée et surtout gardée à l’esprit pour l’avenir.
Ce scepticisme irréductible m’incline à penser qu’au delà d’une grande théorie sur « le monde de la connaissance » ou autre, peut-être vaudrait-il mieux, plus modestement, se contenter d’une nouvelle façon d’organiser la vie en société, je veux dire par là la vie en commun, en prenant soin d’organiser des contrepouvoirs (ceux là même évoqués par monsieur Jorion), sachant évidemment que pour que les choses soient viables (cad l’organisation sociale soit viable), il faut toujours une légère prééminence d’un ou plusieurs pouvoirs, mais cette prééminence doit être limitée de façon à rester dans un cadre acceptable.
Au fait, il me semble que dans la période de transition que nous vivons, nous ne pourrions faire mieux que de rester modeste sur la société de demain, en ajournant justement à « demain » les contours philosophiques du « nouveau monde » (cad de la nouvelle société), le temps que la phase transitoire ait montré le chemin de l’avenir (il me semble d’ailleurs que cette méthode correspond au chemin que nous montre François Leclerc au fil de ses textes).
Je pense que nous éviterons les dérives dogmatiques à ce seul prix. Mais peut-être que je fais erreur ; il est vrai que j’ai, à l’esprit, beaucoup plus de questions que de réponses.
Cordialement
Peut-être est-il concevable de faire le malheur des très riches malgré eux en ne leur permettant de n’être que riches. Tant que cela n’est pas fait, le bonheur, le bonheur tranquille, c’est la vulgarité détestable du pas encore vraiment bourgeois.
Betov vous combattez le méga bonheur pervers-narcissique du « robinson-bourgeois » qui rêve secrètement d’une retraite genre bunker climatisé gardé par une armée privée dans une îles quelconque d’un paradis fiscal, où il pourra vivre entre les siens le reste de son âge tout en jouissant notamment du prestige des déracinés et de la lecture des « billets de vendredi » de Paul Jorion reconverti pour l’occasion en « bon sauvage de la pensée exotique » ?
« Autrefois, y’avait des gens qui ont dit faisons des villes, ce sera plus simple à plusieurs pour enterrer nos frayeurs, ce sera plus facile à beaucoup de chasser tout c’qu’est pas nous, hordes de loups, saltimbanques, filous….. » F Berranger.
Attention Betov, vous-êtes pas du quartier, ni à la bonne heure…….!!!!
Dans ma « cité de la joie », on ne « fait » pas le malheur, on a le simple bonheur de l’être, de le connaître et de tenter modestement de l’apprivoiser.
Si le désir de progrès régresse, la maladie progresse…..
Aime toi, le ciel t’aidera! Tu ne peux donner que ce que tu es et que ce que tu as.
@ VB,
« Au fait, il me semble que dans la période de transition que nous vivons, nous ne pourrions faire mieux que de rester modeste sur la société de demain, en ajournant justement à « demain » les contours philosophiques du « nouveau monde » (cad de la nouvelle société), le temps que la phase transitoire ait montré le chemin de l’avenir (il me semble d’ailleurs que cette méthode correspond au chemin que nous montre François Leclerc au fil de ses textes). »
Je partage tout à fait cette façon d’envisager le cours des évènements.
(Sauf peut-être en ce qui concerne les contre-pouvoirs qui, pour moi, doivent -d’une manière ou d’une autre- atteindre leur objectif : la fin de la concentration des richesses ds les mains de qlq uns).
Ps : je ne vois pas non plus pourquoi la devise de la République Française doit servir de base à une réflexion sur les priorités du Monde de demain.
Les mots : « Respect », « Education », « Harmonie » sont , je crois, très importants voire essentiels.
Pierre,
Aide toi…. cela m’a rappelé quelque chose. Il y a longtemps.
😉
@ Betov,
« Peut-être est-il concevable de faire le malheur des très riches malgré eux en ne leur permettant de n’être que riches. »
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Peut-être que ce faisant, nous œuvrerions pour leur bonheur, allez savoir…
@ Laurence,
1) « (Sauf peut-être en ce qui concerne les contre-pouvoirs qui, pour moi, doivent -d’une manière ou d’une autre- atteindre leur objectif : la fin de la concentration des richesses ds les mains de qlq uns). »
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Oui, certainement.
2) Ps : je ne vois pas non plus pourquoi la devise de la République Française doit servir de base à une réflexion sur les priorités du Monde de demain. Les mots : « Respect », « Education », « Harmonie » sont , je crois, très importants voire essentiels. »
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Il se peut en effet que nous ayons fait le tour de « liberté, égalité, fraternité » ; l’important étant de garder à l’esprit la nécessité absolue d’organiser des contrepouvoirs. La moralité (ou l’éthique selon les préférences des uns et des autres) devrait quoiqu’il en soit reprendre la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.
Le problème? « Liberté, Egalité, Fraternité » est la devise de la République Française, certes. Mais si l’on s’apesentit sur le terme de République (« res publica », en latin, c’est à dire: les affaires publiques), on se rend compte qu’il s’agit d’un terme « générique », puisque toute nation, tout Etat, de quelque nature qu’il soit, ne peut faire l’économie des « affaires publiques ». Nos révolutionnaires voyait l’Egalité, sur un plan juriddique (et non « matériel »). Et c’est très certainement le plus difficile à formaliser -le quotidien nous le démontre très régulièrement, ne serait-ce que pour une seule raison: cette égalité en droit ne peut être que théorique, les moyens de défense -pas seulement pécuniaires-, ne pouvant être égaux. La question n’est donc, à mon avis, pas prête d’être résolue… D’autant plus quand il y a « consanguinité » entre affaires publiques et affaires privées. La solution, si elle existe? Très franchement, je suis incapable de la donner, même dans « le meilleur des mondes », de séparation des pouvoirs, tel que l’a définit Montesquieux.
Greenspan vote pour le ‘double dip’
http://www.independent.ie/business/world/us-economy-in-danger-of-doubledip-greenspan-2281142.html
Asked if another economic contraction, a so-called « double-dip », was possible, Mr Greenspan said: « It is possible if home prices go down. ???
Bonjour à tous,
« Quand on pense à la transition d’un type de société vers un autre, on peut le faire de deux manières différentes : on peut soit envisager le phénomène « à vol d’oiseau », de manière globale, holiste : en extériorité, soit du point de vue d’un acteur de la transition, quelqu’un qui la fait ou qui est emporté par elle : en intériorité. Ces deux points de vue sont très différents. »
Pour ceux que ça intéresse et qui ne l’auraient pas déjà lu, je vous signale la disponibilité intégrale en téléchargement du livre de Jean Louis LEMOIGNE, le « fondateur » de la Systémique :
« La Théorie du Système Général – Théorie de la Modélisation »
sur le site http://www.mcxapc.org (Modélisation de la CompleXité – Association pour la Pensée Complexe).
Il suffit de cliquer sur le lien suivant pour télécharger gratuitement un .pdf de 5 Mo : http://www.mcxapc.org/inserts/ouvrages/0609tsgtm.pdf
C’est un ouvrage fondateur de référence sur la Systémique, au style scientifique raide et difficile à lire tant le texte est truffé de notes de bas de page qui freinent et hachent la lecture. Mais bon, ces références scientifiques et historiques permettent d’avoir aussi un large panorama documenté sur l’émergence de ces concepts. !
C’est donc à destination de ceux qui veulent encore se remuer les méninges et n’ont pas peur d’entrer dans des considérations épistémiques, notamment à propos du fameux « Discours de la Méthode » de notre cher Decartes, qui est le socle des principes d’intelligence (et d’aveuglement …) de notre méthode scientifique.
Je n’ai pas tout lu car je pense que liberté -égalité- fraternité est plus utile à la société que cette somme ( qui pousse à en piquer un ) où j’ai pourtant relever une mention intéressante :
» passage d’une systémique molle à une systémique douce : douce et ferme »
Cette contibution au débat qui m’oppose à certains sur la différence entre le doux et le mou , m’a récompensé de l’effort un peu violent qu’il m’a fallu faire pour me remuer les méninges au risque de les carboniser et anesthésier .
Depuis le début, les hommes considèrent par peur de la mort, que le progrés c’est l’accumulation : protéger les cultures des aléas climatiques , se préserver du pillage des autres tribus. C’est inscit dans nos gènes. Aujourd’hui, nous prenons vaguement conscience que ce progrés nous précipite vers notre propre fin. Nous avons développé toutes les techniques qui nous permettent de vivre sereinement sans craindre le lendemain. Il devient urgent d’arrêter, parceque là, on est en train d’attaquer l’os. Alors plutôt que de redéfinir « l’algorithme d’un monde parfait », il s’agirait de redéfinir la notion de progrés dans le but de nous réconcilier avec nous même, avec notre voisin, avec notre environnement. Ca devient une question de vie ou de mort pour l’humanité toute entière.
l’humanité ( en tous cas moi , ce qui fait déjà beaucoup moins de monde ) n’a pas peur de mourir ( on n’imagine pas la mort ) , elle a peur de souffrir .
@juan
Pourquoi devrions nous craindre la mort puisqu’elle est tout notre passé à la microscopique exception près de notre existence. Et tout notre avenir avec le même improbable interlude souffrant ou ennuyeux comme disait l’autre. Et pourtant, cette peur de la mort, en tout cas cette exception spécifique de l’angoisse nous définit bien. Je ne vous rappelerai pas Pascal et tant d’autres..
J’ai bien peur que cette caractéristique humaine ne soit pas optionnelle durant notre court stage dans cette usine à vivant qui nous forme et nous déforme mais n’embauche pas en CDI en fin de formation… 🙂
« Inscrit dans nos gènes » ?
C’est en effet un discours dominant voulant justifier les conduites d’accaparement et d’accumulation sans limite, avec les oppressions qui les accompagnent.
Ce n’est pas ce qui ressort de travaux tels ceux de Elman Service, de Marshall Sahlins (Âge de pierre, âge d’abondance. L’Économie des sociétés primitives), de Pierre Clastres (La société contre l’État).
La question qui me taraude depuis plusieurs années est : comment être « acteur de la transition », à la fois la faisant et emporté par elle, en se servant même de l’exacerbation et de la décomposition que nous vivons pour dégager nos esprits et nos vies de ce qui contribue à leur dévoiement ? Comment redonner cours à des aspirations étouffées par les cultures de l’avoir à travers les tensions et déchirements accentuées par l’appréhension et les effets de la raréfaction des ressources ?
Pour mieux y parvenir, peut-être faudrait-il commencer par chercher à se dégager d’une de nos caractéristiques, largement induite par nos langues indo-européennes : penser à coup de grands substantifs figeant et segmentant indûment la pensée, l’entravant lorsqu’il lui faut appréhender la dynamique de situations comme celle dans laquelle nous entrons ?
Des penseurs s’y essayent (je pense entre autres à Edgar Maurin) ; un mouvement se dessine pour reconnaître l’apport d’autres modes d’exploration et d’ajustement au monde que ce qui s’est fait dans nos cadres mentaux estimés à tort universels. Est-il possible d’explorer aussi ces voies dans ce blog ?
Et pour commencer, peut-on s’attaquer autrement qu’en parlant de « la propriété » à repenser aux liens que nous entretenons avec nos ressources (matérielles, relationnelles…) et à leur incidence sur notre image de soi, notre rôle social et nombre de nos conceptions ?
@ Vigneron :
Je persiste et signe . Buvez une bouteille à ma santé » (sinon mon immortalité ) et vous parviendrez je crois , à mieux partager avec moi cette conviction que l’on n’a pas peur ( sentiment conscient ) de …quelque chose dont on ne peut avoir complètement conscience .
« La mort ,comme le soleil , ne peut se regarder en face. »
C’est d’ailleurs pourquoi la nature , bonne mère , nous a dotés de l’instinct de survie , activité réflexe qui nous donne une chance sans avoir besoin de réfléchir .
@juan nessy
L’angoisse de mort, diffuse ou submergeante, refoulée ou sublimée, un sentiment conscient?
Ce qui me parait confus sinon sublimé , c’est votre question .
J’ai écrit que la mort ne pouvait être consciente .
C’est la vie qui est la conscience et réciproquement .
Revoir là dessus le Cogito de René Descartes , qui comme Freud est l’un des « pitons » de cette cordée que j’évoque ailleurs , sur une des voies qui conduit …plus haut .
Time to Buy Dollars as Euro Economies Reach Limits of Austerity
http://www.bloomberg.com/news/2010-08-02/time-to-buy-dollars-again-as-euro-economies-hit-limits-of-fiscal-austerity.html
Affaire grave et sérieuse .
Affaire essentielle .
J’attends donc la suite annoncée avec espoir et un peu de peur , surtout quand je lis certains commentaires qui me navrent .
Je ne serai jamais d’un projet qui n’ambitionne pas ces trois clés primaires et universelles d’une même serrure : la vie en commun au sein d’un monde physique reconnu et respecté .
C’est indéfectible …
@Piotr :
Oui .
C’est le sujet et le verbe .
Compléments et circonstancielles bienvenues .