Billet invité.
CE QUI POURRAIT NOUS ATTENDRE (partie I)
Ne pas faire de promesses, c’est ne pas prendre le risque qu’elles vous soient rappelées quand on ne les a pas tenues. Voilà une leçon que beaucoup de politiciens ont retenue et dont ils ont même fait un argument trop entendu, en la retournant : « faites-moi confiance, puisque je ne vous promets rien » !
En cette poursuite d’une crise qui n’en finit pas – et n’est pas prête de se terminer – est-il possible d’anticiper sur ce qui pourrait nous être réservé, que les détenteurs du pouvoir se gardent de revendiquer ? Agissant avec précaution, soucieux d’éviter les éclats et les affrontements, convaincus que le temps travaille pour eux. Sans appliquer un plan préconçu, car il leur faut en permanence s’adapter à une crise dont ils ne maîtrisent pas les rebondissements. Avec pour mission d’exercer toute leur habilité afin de faire accepter comme inévitable et nécessaire – dans la nature des choses, du monde, de l’homme… – la poursuite d’un système qui a piteusement failli. Car ils en sont les exécutants.
Il n’est pas interdit de tracer une première ébauche de la suite, une sorte de scénario, en mettant en relation tout ce que l’on peut déjà percevoir d’annonciateur. En allant à l’essentiel et sans tenir compte d’importantes variantes entre régions du monde et pays. En projetant les grandes lignes d’un avenir sur lequel pèse encore beaucoup d’incertitudes, que de nombreux incidents de parcours peuvent bouleverser. Car il n’y a pas de fatalité, il y a des logiques, parfois inattendues.
Allons-y !
L’expression sortie de crise ne faisant plus partie du vocabulaire de base, il est en premier lieu acquis que celle-ci est désormais réputée introuvable. Amenant à logiquement considérer que nous sommes engagés dans une nouvelle période dont la durée n’est pas connue. Seule référence, la précédente clairement identifiée a été qualifiée de « trente glorieuses », mais c’est chose datée (de la fin de la seconde guerre mondiale au choc pétrolier de 1973). La suivante, que nous venons donc de quitter, mais seulement officieusement, aura donc duré presque trente-cinq années. Plus tard, l’histoire lui attribuera un nom. Nous n’en sommes donc pas à en chercher un pour celle dans laquelle nous venons tout juste de pénétrer. En nous disant donc que son espérance de vie pourrait encore être d’une trentaine d’années, par simple analogie. C’est long et nous allons voir pourquoi.
Dans le monde occidental, la croissance économique – cet indice phare exprimé en pourcentage du Produit Intérieur Brut – ne va pas retrouver ses niveaux précédents. Un débat s’est même instauré sur les tendances à la récession qui se manifestent et le risque de la déflation qui pourrait survenir. En tout état de cause, il s’agira d’une croissance sans emploi. Entendez par là qu’une grande partie des emplois perdus ne seront pas retrouvés, exprimant un chômage structurel, correspondant à des activités qui ne reprendront pas. La durée effective d’insertion dans la vie active étant par ailleurs appelée à continuer de diminuer, aboutissant à ce que l’on rentre sur le marché du travail de plus en plus tardivement pour en sortir de plus en plus précocement.
Sous l’impact des préoccupations environnementales montantes, de premières interrogations ont déjà vu le jour et se sont largement développées à propos des modes de calcul de cette croissance et de son bien fondé en soi. Celle-ci va désormais faire l’objet d’interrogations complémentaires, afin de trouver de nouveaux moteurs – des activités productives – pour remplacer ceux que les pays émergents ont appris à faire fonctionner à moindre coût.
Car le monde a basculé, la mondialisation y a fortement contribué bien avant que la crise n’intervienne, précipitant les pays émergents dans une croissance économique déséquilibrée et destructrice, accentuant en leur sein les inégalités sociales, contribuant à l’accession à un mode de consommation occidental d’une marge significative de leur population. Les pays occidentaux, qui en subissaient déjà le contrecoup, le compensaient partiellement par la machine à faire des dettes et du crédit. Or celle-ci ne retrouvera pas ses rendements perdus.
Seconde caractéristique de cette nouvelle période, le double mouvement de désengagement de l’Etat et de financiarisation de nouvelles activités jusque-là publiques, déjà largement engagé, va se poursuivre, en dépit de la crise qui devrait sonner son glas. Les plans de santé privés et les fonds de pension par capitalisation vont continuer à se développer, réservés aux catégories les plus aisées. Les Etats vont multiplier les partenariats avec le privé, afin de réduire leurs investissements, pour louer des équipements et des services dont ils avaient auparavant la charge. De nouveaux systèmes d’incitation financière parés des vertus environnementales vont être mis sur pied, en lieu et place de contraintes réglementaires. Les terrains de jeux des activités financières vont être agrandis, les activités régaliennes de l’Etat vont être réduites.
Ce que l’on appelle la crise de la démocratie représentative va se poursuivre, non seulement en raison de la professionnalisation de l’activité politique et de la disparition des dernières fragiles barrières entre service public et privé, à tous les niveaux, mais également à cause de l’opacité grandissante dans laquelle les grandes décisions sont prises, hors de tout contrôle et débat ouvert. Les dispositifs institutionnels que le monde financier est en train de se donner pour assurer sa surveillance et sa régulation en sont un inquiétant exemple. C’est tout le débat sur les nouvelles oligarchies.
Enfin, cette évolution va encore accentuer les disparités sociales existantes, qui ne s’expriment pas uniquement en terme de revenus et de pouvoir d’achat, ou bien de patrimoine et de répartition de la richesse, mais se cristallisent de plus en plus en des sociétés différentes, coexistant sur des territoires séparés. Disposant de leur environnement culturel propre, de leurs codes sociaux et de leur mode de fonctionnement distincts. Les passerelles entre elles, pour ne pas parler des ascenseurs, sont peu nombreuses et de moins en moins poreuses entre ces mondes qui se côtoient.
Un univers idéologique virtuel tient lieu de lien social fictif, tandis que les éléments d’un contrôle social multiforme et étendu gère les déviances, quand elles atteignent des proportions inacceptables. L’intériorisation règne en maître. Les contingences de la démocratie et de la liberté ne sont pas revendiquées mais masquées, pour être musclées. La société était éclatée, elle est encore plus compartimentée. Les inégalités sont accrues, ceux dont le statut est d’être dans la moyenne sont à la recherche d’un équilibre de plus en précaire, faisant la connaissance d’un inconfort anxiogène permanent.
Voilà la promesse qui ne nous est pas faite mais qui pourrait être tenue. Chacun peut y reconnaître les contours de bien des événements et des situations dont il a été déjà témoin dans le monde, autour de lui et dans sa vie. Par de nombreux aspects, elle est déjà en voie de réalisation. De la même manière que se manifestent aussi, dans les batailles d’idées comme dans certaines pratiques sociales, les prémices de ce qu’une alternative pourrait être.
C’est sans compter avec la dynamique de la crise actuelle, qui n’a pas dit son dernier mot.
A suivre, partie II : CE QUI LES ATTEND.
158 réponses à “Ce qui pourrait nous attendre (partie I), par François Leclerc”
Heureusement que votre titre est rédigé au conditionnel sinon je me serais interrogé sur la validité du billet de Paul Jorion qui appelle à passer à la phase construction .
J’aurais volontiers ajouter à votre liste de ce qui apparait comme une liste de dangers et d’écueils , la poursuite et accélération de la marchandisation des corps , de la société spectacle , de la privatisation marchande de toutes les solidarités par le biais de l’assurance et des PPP , la poursuite de la mise sous tutelle des médias libres et citoyens , la privatisation des forces armées et des rapports judiciaires …
Reste à savoir si les lignes de plus grandes pentes que vous citez sont des évolutions historiques inéluctables ( et tout le monde va se coucher ) , ou des scories d’une histoire particulière et récente qui se termine .
Si inflexion « de main d’homme » , il doit y avoir, elle résultera ,selon moi, de la conjonction entre des analyses et mises en perspective prophétiques « rationnelles » , telles que celles tentées sur ce blog et chez de plus en plus nombreux individus ou groupes , avec un ou des détonateurs émotionnels qui n’ont rien à voir avec l’analyse historique .
Beaucoup de politiques l’ont appris à leur dépens ou à leur « avantage » , en réduisant malheureusement l’exercice de maîtrise ( ou de metteur en scène ) de l’émotion populaire à la recherche de réélection pour un prochain mandat sans contenu réel novateur .
» Vivez , si m’en croyez , n’attendez à demain …. »
France, mon cher vieux pays , comme j’aimerais que tu portes en germe la force réunie de toutes tes générations pour accoucher d’une nouvelle insolence au » cours de l’histoire » , et prendre le parti , le pari , le plus fou , celui de dire non à ce que les pouvoirs donnent comme inéluctable .
Puisque nous sommes sur un site qui cherche d’autres systèmes économiques, avez-vous déjà entendu parler de celui-ci :
http://www.vivant.org/
Il fut fondé par un petit industriel belge, Roland Duchatelet, et a des ambitions au moins théoriques à défaut d’avoir réussi à remuer un nombre suffisant d’électeurs.
Trop révolutionnaire et trop simple ! Cette idée ne pouvait venir que de gens qui travaillent dans l’industrie et le commerce et non de simples théoriciens ou de simples financiers, fussent-ils gonflés d’orgueil.
Le système a été inspiré par le Professeur Van Parijs et est appliqué, parait-il, dans une certaine mesure dans quelques régions du monde, dont l’État de l’Alaska ! Ce système, que beaucoup de personnalités veulent voir comme totalement irréaliste ou totalement inapplicable, a quand même été officiellement étudié par le Ministère des Finances, qui a simplement trouvé que le niveau suggéré quant à l’Allocation universelle était trop optimiste.
Personnellement, j’aurais aimé que ce système ait du succès, mais il a trop d’opposants dans le camp des pouvoirs en place qu’il s’agisse du pouvoir de Gauche ou du pouvoir de la Finance. Je pense que le système est aussi partiellement utilisé au Brésil. L’appliquer à toue l’Europe relève évidemment de la gageure ! Mais, sait-on jamais de quoi demain sera fait ?
J’espère que vous serez intéressés. J’espère que Paul s’y intéressera et pourra ainsi ,que tous les membres éminemment compétents de ce blog, donner un avis motivé si vous le voulez bien !
Ce blog est vraiment l’endroit rêvé pour en parler ! Non ? Merci d’avance !
Le système a été inspiré par le Professeur Van Parijs et est appliqué, parait-il, dans une certaine mesure dans quelques régions du monde, dont l’État de l’Alaska !
Ainsi qu’au Danemark et en Allemagne.
Mais financer une allocation universelle par la TVA, c’est fortement régressif, la TVA étant payée par les plus bas revenus. Je rapelle au passage que même un ultra-libéral comme Milton Friedman était favorable à une forme d’allocation universelle a minima (impôt négatif), juste en vue d’éviter les émeutes…
Philippe VAN PARIJS, Allocation universelle et valeur du travail , in Espace de libertés 378, septembre 2009, 10-12
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/etes/documents/2009w.AU_Espace_de_libertes_.pdf
A long terme nous serons tous morts, en attendant c’est le grand creux de l’été.
Sauf sur ce blog bien sûr. Pour ce qui est de nos écrans et de nos boîtes à parole, c’est
le calme plat: tous les grands prêtres des ondes sont en vacances, les classes moyennes
se bronzent la pilule sur des plages surpeuplées. Le grand cirque reprendra fin Août.
Dans la torpeur de l’été le gouvernement met la dernière main aux mesures d’austérité
qu’il dévoilera à l’automne, une grande manifestation contre la réforme des retraites est déjà
programmée pour le 7 septembre. Voilà la « révolution » attendra que les flacons de crème solaire
soient vides, et les portes feuilles aussi d’ailleurs…
Et si tout nouveau système ,à court ou même moyen terme, était en fait impossible , en raison de la mondialisation et des écarts actuels de richesse entre les peuples ? Car il faudrait que celui-ci convienne à la fois aux pays riches et aussi aux pays émergents ,ce qui est difficile : voir les rapports chine-USA et ses conséquences aujourd’hui ( dé-industrialisation et endettement record d’un côté et amas de devises de l’autre ) . Je pense que c’est une instabilité durable qui nous attend ,avec un possible chaos en bout de course. A moins de trouver les ressources et les hommes qu’il faut pour créer une sorte de CNR et élaborer un programme ( remettre par exemple le système financier à sa vraie place ,au fond du couloir à gauche ) ,mais cette fois- ci au niveau mondial. On peut toujours rêver…..
Bonjour,
trés franchement je trouve que votre scénario pour les 30 années suivantes représente DEJA un fait,c’est exactement ce qui se déroule en ce moment, ne voit ont pas déjà une société à deux vitesse, une poussée sécuritaire, le populisme au plus haut niveau, l’accaparement des richesse, et enfin USA, eux qui sont bien souvent en avance sur beaucoup de société : il me semble que tout ce que vous décrivez existe encore plus fort actuellement chez eux, le rapt de la démocratie par les puissances d’argent devient évident maintenant.
Votre scenario pour un futur c’est du présent déjà bien installé par l’action des logiques capitalistiques.
Nous en serions donc ,pour un scénario du futur, aux conséquences de ce processus de liquéfaction par l’économie-reine et du fric-roi.
Accentuation et exacerbation des phénoménes avec in-fine des guerre civile, réveils du terrorisme autochtone (cf en Gréce) ou bien un sursaut du politique qui sache enfin faire régner le bien publique au dépend des interêts du capitalisme ( et qu’une certaine justice sociale reprenne ses droits) car il me semble que le capitalisme non régulé tel que nous le voyons dans cette crise est absolument nuisible à nos démocraties.
Cordialement
Il n’y a effectivement qu’à observer ce qui se constitue pour saisir qui ce pourra en résulter, une fois accompli.
Un univers idéologique virtuel tient lieu de lien social fictif, tandis que les éléments d’un contrôle social multiforme et étendu gère les déviances, quand elles atteignent des proportions inacceptables. L’intériorisation règne en maître. Les contingences de la démocratie et de la liberté ne sont pas revendiquées mais masquées, pour être musclées. La société était éclatée, elle est encore plus compartimentée. Les inégalités sont accrues, ceux dont le statut est d’être dans la moyenne sont à la recherche d’un équilibre de plus en précaire, faisant la connaissance d’un inconfort anxiogène permanent.
Voilà la promesse qui ne nous est pas faite mais qui pourrait être tenue.
Voilà bien le passage le plus foudroyant!…
Enfin, il respire encore, pauvre bête…SI…If…Conditionnel espoir…La connaissance d’un inconfort anxiogène permanent.
Bonsoir,
oui mais dîtes le clair : c’est le net à l’oeuvre n’est ce pas ?, l’action hors de la rue ça devient quoi ? une prise de conscience stade 1.0 ou stade 0.1
Cordialement
Ou bien encore… » Vivez , si m’en croyez , n’attendez à demain …. »
France, mon cher vieux pays , comme j’aimerais que tu portes en germe la force réunie de toutes tes générations pour accoucher d’une nouvelle insolence au » cours de l’histoire » , et prendre le parti , le pari , le plus fou , celui de dire non à ce que les pouvoirs donnent comme inéluctable .
ET alors…L’équipe de secours des fins fonds de la toile apparurent…De quoi faire frémir les propagandistes de l’internet…Cela était-il réellement comme dans le virtuellement possible?
P. Jaurion s’obstinait à nous le faire partager sur ce blog…Du fin fond de la pensée commune réside le germe d’une pensée concrète commune…Bon pour le moment rien d’alarmant…La suite demain avec nos nouveaux nombreux ami(e)s.
En ce moment, l’émission sur FR C le magazine de la rédaction concerne le chômage, c’est une rediffusion du 8 mai;
Horrible caricature : l’on tombe dans le déclassement prolétaire, la musique prolo, le « prolo », c’est le chômeur;
– Allez, c’est vrai qu’il y a des gens qui n’ont rien, il ne reste pas toujours quelque chose qui traine (merci pour cette charitable question monsieur le journaliste, « ce qui traine » c’est par exemple un os pour les chiens, un petit morceau de pain par terre)
– non en effet les moins de 25 ans n’ont rien
Suit le portrait d’un homme de 54 ans visiblement sans formation, ancien conducteur de convois, célibataire habitant dans le nord. Voilà comment l’on caricature cette population dans une émission sensée se pencher sur la caravane du chômage…
Alors on leur propose aussi des petits jardins à cultiver, ici des poireaux, des courgettes et c’est bien parce qu’il font peur, personne ne les voit, ils sont invisibles…
Eh bien dites donc… parler de cette façon du chômage, me donne envie de pendre haut et court toute l’équipe responsable de ce magazine.
Etrange stigmatisation involontaire dans une émission certainement pas délibérément hostile, mais qui n’a fait que recycler des poncifs et tirer des équivalences entre chômage = exclusion, chômage = « prolo » vieux et sans formation, sale, célibataire…
La réédition du cliché = homme seul, sans formation, vaguement bedonnant, du nord probablement, imbibé, fréquentant les bistros, le proche cousin du SDF.
Voila la caricature du chômage, que j’ai aussi constaté malgré toutes les bonnes intentions, chez Mermet : Arrière fond musical de kermesse, accents bizarres et, personnes dégradées physiquement.
Une des recommandation du médiateur de pôle emploi était aussi, d’être plus humain avec les chômeurs de leurs parler…mettre un peu d’humanité dans les contact avec ces pauvres malheureux exclus…il faut leur parler.
Tout cela est révoltant. Beaucoup de bac + 8 sont au chomage, et beaucoup de familles. Ce sont des familles, avec des enfants.
C’était de l’humanitaire à l’usage interne mais reproduisant le shéma eux/nous. Le chômeur fait peur etc… un peu comme les cafards mais c’est tout de même des êtres humains…
Eh bien je vis cela autrement. Il est vrai que je me sens le plus souvent découragé et incapable d’agir, mais je ne suis pas exclu, au contraire je me sens bien, inclus, et je considère que ceux qui travaillent sont plus exclus que moi. Cette grande peur de l’exclusion est ridicule, la vie est un véhicule monospace. Le travail n’inclus pas, et cette obsession de normalité de grégarité est simplement stupide.
« la vie est un véhicule monospace. »
Et ya un support pour le gobelet de coca? Sinon j’en veux pas.
Liszt, tu m’en bouche un coin.
Lisztf – (31 juillet 2010 à 20:33)
Remarquable et brillant.
Avec un sourire adressé à la vie depuis son large monospace.
Le grand véhicule.
La banalité de l’horreur, le côté sadique de notre société avec l’obligation de devoir travailler sans pour autant offrir du travail pour tous, ce qui est très contradictoire comme le dit Marlowe. Sitôt qu’on parle chômage dans ce pays c’est toutes les portes qui se ferment : cœur, esprit, entendement, pensée, imagination : Ils se bouchent les entrées et les sorties !
« …et je considère que ceux qui travaillent sont plus exclus que moi. »
: Je suis arrivé à la même conclusion.
Le profit est la source du chomage
Extrait de
http://www.npa2009.org/content/crise-septembre-noir
Un peu de poésie bernankienne pour aérer les synapses…
La mauvaise nouvelle : 37 milliards de plus pour la busherie Afgirak, malgré les crimes de guerre révélés par des militaires non décervelés
La bonne nouvelle : 114 représentants ont voté contre ce budget, soit près du double de l’année passée. Comme au Vietnam, l’agression impérialiste aura été atroce pour les peuples concernés mais la déroute approche.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/07/27/ar2010072704655.html?wpisrc=nl_headline
Budget total dégagé par le gvt US pour le secteur militaire, d’après Chalmers Johnson, analyste spécialisé prof à Berkeley, en incluant les dépense affectées à toutes les administrations: 1100 Milliards de $ en 2009. Pas loin de l’endettement en Euros de l’État français, et ça ne baisse pas. Les dépenses ont doublé depuis 2002…
http://www.truthdig.com/arts_culture/item/20090514_chalmers_johnson_on_the_cost_of_empire
•19%, or 14.748 million of the 77.570 million US households, are in negative equity
•30.6% of the 48.243 million of homeowners with first mortgages are in negative equity
•21.8% of the 67.578 million in owner-occupied single family homes are in negative equity
•4.133 million of the 14.748 million of underwater homeowners are underwater by 50%+, meaning the owe more than 50% more than their homes are worth
â—¦Of the 50%+ underwater category, the worst states are California (672K), Florida (423K), and Texas (344K)
•Total Negative Equity in the US is currently estimated at $771.1 billion
â—¦California mortgages have $234 billion in negative equity, Florida mortgages have $79 billion in negative equity, Texas mortgages have $48 billion in negative equity
•$2.4 trillion in total mortgage debt is impaired due to negative equity
http://www.zerohedge.com/article/147-million-19-us-mortgages-have-770-billion-underwater-equity-24-trillion-total-debt-impair
« Negative equity » : la maison vaut moins que l’argent que l’on doit encore à la banque.
Ah j’ai compris l’« inhabituellement incertain » de Bernanke!
Il pensait vaguement, dans un coin de son inconscient, à Freddie & Fannie. Quelque chose comme cet « habité incertain » ou ce bientôt » inhabité certainement »!
Il est habité par l’angoisse du « Negative equity ». Les douleurs de l’empathie du banquier central…
François Leclerc écrit:
« »L’expression sortie de crise ne fait plus partie du vocabulaire » ».
Certes, elle a été tellement rabâchée depuis un an et demi qu’elle n’a plus aucune portée. Ce qu’on entend souvent maintenant, c’est que, sous-entendu, si « la crise est derrière nous », nous n’en subissons plus que les effets. En somme nous avançons à reculons dans la sortie de crise… (comprenne qui pourra!)
N’étant pas spécialement un « fan » de Bernard Maris, mais il y a des auteurs (dont je pense qu’il fait partie) dont le prisme d’investigation permet de bien discerner les « non-dits » majeurs qui pullulent dans notre vécu et le déterminent sur de nombreux plans. Ainsi, cette remarque de lui dans la présentation de son Anti Manuel de l’Économie:
« »les économistes ont “naturalisé” l’économie, l’ont soumise à de pseudo-lois naturelles pour éviter les sujets-clés : qui fabrique l’argent permettant aux gens de vivre, qui crée l’opacité sur les marchés, occulte son rôle néfaste et son inefficacité » »
Le jour où le capitalisme et les marchés seront – transparents -, ce sera sans doute une autre civilisation. Parlera-t-on encore de capitalisme sous l’acception actuelle et de marché? On peut espérer que ce ne seront plus que des vestiges. Car c’est la condition sine qua non, basique, pour que le moins de gens possible se fassent rouler comme d’habitude. La ruse et le piège, jamais annoncés, c’est l’opacité et la dissimulation, or cette dernière renvoie toujours à la culpabilité. Mettons au point un coefficient déterminant de transparence. Enfin un vrai gage de vérité.
Et la nature étant tout ce qu’on voudra sauf transparente, de toute façon…
L’idée d’une transparence des marchés est une absurdité. Elle n’a de ‘sens’ que dans le délire du modèle de la concurrence pure et parfaite, c’est à dire, pour les néo-classiques, une sorte d’idéal vers lequel il faudrait tendre. A but normatif donc.
Elle supposerait que tous les agents disposent d’une information parfaite (quantités, prix,qualité) et exclut toute forme d’incertitude.
Elle suppose également qu’il n’y ait pas de transaction directe entre les agents puisque ceux ci sont censés passer par l’intermédiaire d’une sorte de figure imaginaire, le ‘commissaire-priseur’.
Bien sûr, ce qui se déroule dans le réel ne se réduit pas à ce simplisme, les néo-classiques le reconnaissent eux-mêmes. Mais, pour eux tout ce qui empêche le réel de se rapprocher du modèle est considéré comme une perturbation et doit être éliminé. Ce dernier a donc une fonction normative, il agit sur le réel si on décide d’en tenir compte.
L’incertitude est pour ainsi dire la raison d’être des marchés financiers. Un marché qui serait transparent supposerait que tous les intervenants disposent des mêmes informations correctes. Donc que personne ne peut se tromper (pour le modèle, erreur=imperfection). Dans de telles conditions, la spéculation ne pourrait exister puisque personne ne pourrait gagner contre les autres. Supposer que tous les intervenants puissent disposer de l’information est bien entendu, pour le coup, pure spéculation.
Sur le marché du travail, un libéral vous expliquera que l’intervention de l’état, par l’intermédiaire d’allocations chômage par exemple, est un élément perturbateur qui empêche de parvenir au prix d’équilibre (le salaire) par simple jeu de l’offre et de la demande. Prix d’équilibre qui ferait magiquement disparaître le chômage.
Sous prétexte d’apporter à chacun une satisfaction maximale par une allocation optimum des ressources, cette idéologie vise dans les fait à légitimer sous un vernis de scientificité les inégalités et la domination de classe.
Ce n’est pas avec des injonctions à la transparence que nous mettrons à bas ce système.
Coluche aurait dit que voilà qu’elle est bonne la question clef de Mr Marris,
qui fabrique l’argent dont les gens ont besoin pour vivre…..
dixit Coluche ah les … s’ils savaient ils bosseraient moins. D’ailleurs avaient vous déjà vu un riche travailler, aurait-il rétorqué.
Respirons et profitons du soleil, des étoiles filantes et de dame nature, c’est offert, comme l’argent devrait être, et les marchés deviendraient transparents Souvarine.
à Souvarine
sans doute aimerez-vous écouter quelques réfléxions de
http://www.dailymotion.com/playlist/xxbxl_urbain_glandier_frederic-lordon-chez-tropiques#videoId=x8zunm
Frédérique Lordon chez Tropique
Triste monde mais tellement réaliste…je m’empresse de lire la suite.
La France en 2020 avec ses favelas, l’abstention aux élections dépassant les 50 %, un chômage à 15 ou 20%, « les fils de » succédant aux « fils de ».
Votre crise de la démocratie représentative me fait penser à une idée qui me paraît simple et claire : on parle souvent de mettre fin au cumul des mandats, mais il faudrait proposer de limiter le nombre de mandats que l’on peut effectuer pour chaque fonction. Ça pourrait être trois mandats pour les maires et les députés etc. et rajouter aussi une limite de nombre d’années à exercer des fonctions politiques pour ne pas avoir des gens qui restent indéfiniment en politique (20 ans de politique, hors présidentielles)
Enfin pour les élections présidentielles, le système de parrainage serait défini par le nombre de signatures de citoyens en âge de voter pour la présidentielle suivante. On pourrait fixer le nombre à 0.25 ou 0.50% du corps électoral.
Je ne sais pas si ça pourrait relancer l’intérêt pour la chose politique mais je crois ça sain pour le renouvellement des générations notamment.
Mesures d’évidence, mais qui ne changeront rien à la dictature du capital.
Au niveau d’avancement de la concentration/putréfaction du capital,
la condition nécessaire de la démocratie, c’est son extension,
pour la première fois, à la sphère économique,
autrement dit la socialisation des moyens de production.
Après, bien sûr, commence la vie politique démocratique avec des mesures telles que:
– démocratie directe comme principe
– délégation de pouvoir à des élus limitée le plus possible
– non cumul des mandats
– mandat limité à quelques années, non renouvelable
– rémunération de l’élu au niveau du salaire moyen
– droit de référendum populaire
– droit de révocation des élus.
Mais c’est le socialisme, nom de Dieu.
Pire, sire, la démocratie!
Bonjour à tous !
C’est mon premier post ici après de longs mois de lecture. Je suis un modeste éducateur sportif au contact de jeunes et d’ adultes de tous ages du milieu sportif . J’ai la chance de pouvoir suivre relativement le sens général de ce blog ( sans tout comprendre loin de là ! ) mais je me demande comment faire ce lien avec eux face à une crise qui nous entraine vers des conflits inter classes inter ethniques inter générations ..inter religieux….etc !
PS: J’ai pratiqué longtemps un sport COLLECTIF et je crois à ses vertus !
En vous remerciant de m’avoir lu
Moi aussi j’ai pratiqué longtemps un sport collectif, peut-être le plus emblématique: le rugby. Et j’ai aimé ses vertus et haï ses vices.
Sport co, église, armée, parti…
Il n’y a que le premier pas qui compte !
@François
« Premier et dernier pas » se disait le suicidaire du haut des cinquante étages… 🙂
sourires Vigneron !
J’ai plus souffert pour ma part des vices de l’église ,de l’armée et des politiques et j’ai beaucoup plus profité des vertus du sport en général même si effectivement l’histoire de certains sports est liée à l’église, l’armée et aux politiques !
Merci encore pour ce lieu d’échanges !
Et puisque certains parlent ici de monnaie fondante,je pense que c’est un peu un des principes du sport à quelque niveau que ce soit ! Rien n’est jamais acquis définitivement !
Mais les dérives du Sport Spectacle liées au vieux concept romain ( je crois ) » Panem et Circenses » ( Du pain et des jeux ! ) me font peur !
Il y a entre l’économie et le sport , des éléments d’espoir et de désespoir comparables :
L’apprentissage de la mesure ( au sens propre et un peu plus ) , de la connaissance de ses forces réelles , de la gestion du temps et du chronomètre , de la solidarité quand il s’agit de sports collectifs , seraient à mettre en parrallèle avec le pragmatisme , la « prudence » , le risque mesuré , l’apprentissage du monde , nécessaires en économie .
ça se gâte quand le fameux » esprit de compétition » conduit à voir dans celui avec lequel on se mesure , un ennemi « à tuer » . Car alors tous les moyens sont bons : tricherie , dopage , violence , hors limites et l’argent vient mettre le carburant sur l’incendie qu’il exploite . L’équivalence en économie alimente ce blog depuis des mois .
Il y a trois décennies j’ai présidé aux destinées d’un petit club d’athlétisme ( 80 licenciés sur l’ensemble des catégories ) . J’y ai appris la reconnaissance et la joie de vivre des gamines et gamins heureux de se découvrir . J’y ai aussi découvert la bêtise assassine de pas mal de parents qui vivent un challenge délirant au travers de leurs enfants . Je m’étais fait une règle de ne jamais aller plus vite que la musique et que la nature , et de ne jamais mettre du fric dans la balance . Mes meilleurs souvenirs entourent des minimes te des cadets .
Pour avoir aussi tâter des jurys de concours , j’ai un amour certain pour les lanceurs de poids qui sont des gens d’un calme , d’une patience , voire d’une obéissance ahurissante , sans doute parce que leur nature leur a suffi à comprendre que la vraie force n’a pas besoin de s’exhiber et d’humilier qui que ce soit . Je n’en dirai pas autant des sprinters .J’aime bien le judo aussi , ce sport où l’on s’arrête dès que l’adversaire s’admet » en infériorité » , et que l’on salue alors avant de se quitter pour se retrouver un jour .
En tant que cadre , j’ai souvent rêvé de n’avoir que des lanceurs ou lanceuses de poids dans mes équipes de travail .
« Les 35 piteuses » ont fait suite à la période des « 30 glorieuses ».
Pour les trente années qui nous attendent si nous ne changeons pas de SYSTEME, je propose, comme nom, « Les trente merdeuses »…
Bon, c’est un sourire, non dépourvu de vérité cependant… mais attendons la fin. « Comme elle disait ces mots », un formidable bouleversement vint la faire mentir… et tant mieux…
On a maintenant le choix entre un éveil collectif et consacrer notre dégénérescence.
Je suis toujours stupéfait du nombre de gens qui pensent que nous vivons dans un système capitaliste libéral. Le fait qu’une élite réduite profite du système n’en fait pas du capitalisme. Compte tenu des paramètres monétaires où certains sont éternellement financés par les autres, je pense que l’on peut parler de socialisme conservateur pour riche …