Billet invité
A mesure que l’on avance dans la crise financière en cours, il devient de plus en plus évident que celle-ci masque de plus en plus mal un autre type de crise : une crise du sens que les hommes donnent à la représentation qu’ils se font de ce monde. Pierre-Yves D. et Jean-Pierre Pagé, sans compter évidemment l’hôte de ce blog et François Leclerc ont déjà interrogé cette crise paradigmatique.
L’épuisement des hommes, des concepts et des environnements y apparaît en filigrane de manière rédhibitoire. Simultanément, l’urgence et la nécessité d’un nouvel ‘astrolabe’ pour effectuer des observations universelles mais aussi d’un ‘sextant’ pour faire le point hors de vue d’une terre en plein brouillard y sont sans cesse rappelées. Car la navigation humaine se pratiquant à l’ouïe, aux sons des chutes répétées que pratique de manière assidue et croissante le capitalisme financier, le risque que celle-ci ne s’échoue sur des bancs de crises, pour au mieux s’y amarrer, semble de jour en jour croissant.
La Révolution étant la chose la mieux partagée tant qu’elle n’a pas commencé, on convoque de toutes parts des processus qui permettraient enfin de sortir du bourbier que l’on constate, tant les similitudes se prêtent parfois à des analogies historiques : ‘1788’ est un item qui commence à ressortir de plus en plus fréquemment dans les moteurs de recherche sur internet (31 500 000 occurrences sur Google, contre 35 800 000 pour ‘1789’).
Mais d’autres révolutions ont aussi été évoquées comme référentiel d’analyse. La ‘révolution industrielle’ marqua elle aussi une profonde césure entre un ‘monde d’avant’ et un ‘monde d’après’, bien que ces deux mondes coexistèrent encore longtemps. Cette révolution là provoqua de vives contestations, parfois jusqu’à l’insurrection armée, comme avec le mouvement luddiste en Angleterre, en 1811-1812 et jusqu’à la fin des années 1830, dans le secteur du tissage artisanal, qui subit de plein fouet les premières politiques de libéralisme économique. Des fabriques ‘industrielles’ furent ainsi détruites mais le mouvement fut rapidement réprimé par le gouvernement anglais, autant inquiet de ce type de mouvement que de la lutte contre Napoléon.
En France, des émeutes contre l’introduction des nouveaux métiers à tisser furent aussi réprimées dans le sang à Vienne en 1819. La révolte des Canuts à Lyon en 1831 quant à elle concerna les salaires et non les outils de production mais la loi Le Chapelier (1791) fut invoquée par les fabricants pour dénier le droit à l’Etat de s’immiscer dans le monde du travail, rappelant ainsi aux ouvriers 40 ans après que la Révolution française était bien une révolution libérale, notamment économique, dont les ‘héritiers’ comptaient bien faire valoir leurs nouveaux ‘droits’, y compris par les armes.
Dans tous ces cas, la liberté économique et son pendant idéologique, le libéralisme économique, surgirent dans ‘l’Ancien monde’, s’appuyant sur les processus que la révolution industrielle avait mis en œuvre pour asseoir sa domination pour plus d’un siècle. Le paradigme de la mécanisation ‘engendra’ par la suite et bien plus tard une modélisation ‘scientifique’ avec le fordisme et le taylorisme. La création d’une société de consommation de masse puis d’un capitalisme financier ‘globalisé’ finalisèrent le processus engagé plus de deux siècles auparavant, en poussant l’exploitation jusqu’au point maximal où elle pouvait l’être mais devant faire face aujourd’hui aux conséquences de cette même exploitation à outrance : finitude environnementale (notamment des énergies nécessaires à la mécanisation), exploitation maximale des consommateurs (sans tenir compte de la nécessité de préserver un pouvoir d’achat suffisant à la consommation), autonomisation de la finance sur la production (la finance ayant été pourtant vitale à la croissance de la mécanisation). C’est donc la fin de la mécanisation comme paradigme, sans toutefois qu’advienne pour ‘prendre le relais’ un nouveau paradigme.
Or, les chances de réussite quant à faire advenir un nouveau paradigme par un ‘luddisme financier’ (destruction de l’outil de ‘production’ que sont les banques) semblent réduites, d’une part parce la ‘globalisation’ financière rendrait vain ce type d’action et aussi parce qu’aujourd’hui comme hier les pouvoirs politiques seraient très soucieux (autant que pouvait l’être le gouvernement anglais des luddistes en 1812) de préserver cet outil essentiel de production qu’est devenu l’argent à la civilisation ‘industrielle’, même déclinante. Il y a donc fort à parier qu’il faille, comme en 1789, accoucher la réalité avec les forceps, ce qui se fait souvent dans le sang, la douleur et avec des marques à vie pour l’enfant.
D’autres ont néanmoins anticipé cette fin paradigmatique, d’une toute autre manière cependant que ne le saurait le proposer une révolution et/ou un luddisme de fin d’époque envers le capitalisme. Dès avant la fin de son mandat, Jacques Delors, alors Président de la Commission Européenne, proposa un Livre Blanc intitulé « Croissance, compétitivité, emploi. Les défis et les pistes pour entrer dans le 21e siècle » en 1993, qui marquera un tournant fondateur vers ce que l’on appellera ensuite ‘l’économie de la connaissance’.
« Globalement, l’Union doit tendre vers une économie, « saine, ouverte, décentralisée, compétitive et fondée sur la solidarité » qui devrait produire quinze millions de nouveaux emplois « d’ici la fin du siècle ». En termes macroéconomiques, cela implique de réduire les déficits publics, de parvenir à la stabilité monétaire et de s’ouvrir plus largement à l’international, l’arrivée de l’UEM et la clôture du cycle de l’Uruguay round du GATT sont tous les deux sur la table à ce moment. » On y retrouve d’ailleurs, déjà, la réduction des déficits comme objectifs.
L’arrivée de la ‘société de l’information’ (qui ne s’appelait pas encore ‘économie cognitive’) devait être accélérée et pour ce faire, le marché du travail devait être débarrassé de ses rigidités, afin d’ailleurs de faciliter, grâce à cette nouvelle flexibilité, la formation tout au long de la vie et la remise à niveau permanente, base de cette société de l’information en devenir.
Le tournant semble d’importance : « Le livre blanc a joué un rôle majeur dans l’évolution de la pensée des élites européennes en matière d’emploi. Suivant l’expression de Caroline de la Porte, « la Commission a formulé avec succès le problème politique (chômage, croissance faible) et proposé une ‘solution politique’ (pour accroître l’emploi et développer des politiques actives sur le marché du travail) ». Cette « formulation » comme ces propositions politiques ont fini par être largement partagées. ». Tellement partagées d’ailleurs que le Conseil Européen d’Essen en 1994 intègrera la politique de l’emploi à l’ordre du jour et le Conseil Européen de juin 1997 proposera d’intégrer cette politique dans le Traité d’Amsterdam, proposition acceptée en novembre 1997.
Et l’ensemble de ces propositions concernant cette société de la connaissance sera alors intégré dans la fameuse Stratégie de Lisbonne portée en 2000 par le Conseil Européen et par Johannes Laitenberger, « (…) artisan de la « stratégie de Lisbonne ». Ce même Johannes Laitenberger, intime de Manuel Barroso et devenu entre-temps son Directeur de Cabinet, porte aussi la stratégie ‘UE 2020’, succédané de celle de Lisbonne, aux dires mêmes des partisans des stratégies proposées …
Tout ceci démontre combien le changement de paradigme avait été non seulement clairement diagnostiqué par les instances européennes, et ce dès 1993, mais aussi qu’un nouveau paradigme avait été recensé et structuré : le cognitif. Car le capitalisme a grand besoin de la société de l’information pour atteindre enfin son rêve de symétrie informationnelle, justifiant ainsi la pertinence des ‘marchés’ et surtout pour se relancer en ces temps difficiles de crise croissante. Car l’économie cognitive telle que pensée par les libéraux devrait permettre au système de sortir la tête de l’eau et rien moins que de lui sauver la peau (avis tout à fait anachronique, au vu de la situation actuelle) : en bons scientistes, s’appuyer toujours sur des progrès technologiques (comme pour la révolution industrielle), faire face aux contraintes écologiques dues à l’exploitation par trop massive des ressources naturelles, relancer la théorie concurrentielle par le biais des ‘savoirs compétitifs’ et parler de capital humain quand parler de capital tout court n’est plus la panacée.
Malheureusement, le paradigme ainsi énoncé ne tiendra pas ses promesses et il faudra déchanter rapidement devant les échecs (imputés selon ses thuriféraires par l’absence de structuration européenne suffisante) de la Stratégie de Lisbonne dès 2004, qui sera ensuite réorientée en 2005 vers une stratégie de développement de la croissance et de l’emploi bien plus ‘classique’. Echec qui s’explique d’ailleurs très bien, l’inverse des causes évoquées officiellement, tant ce ‘capitalisme cognitif’ apparaît pour ce qu’il est : un oxymore, une injonction paradoxale.
En effet, le droit à la propriété subit de plein fouet la tension entre la nécessité à ce que les informations puissent librement circuler tout en respectant un des ‘droits’ les plus essentiels du capitalisme, la propriété intellectuelle, notamment avec les brevets. Le travail est aussi concerné puisque le salariat comme base sociale de production semble difficilement adapté à ce genre de ‘renversement’, sauf à remettre là aussi en question le productivisme, fondement théorique jusque là nécessaire au capitalisme. Enfin, un tel ‘capitalisme cognitif’ aura du mal à gérer la mutation de son génome concurrentiel pour faire place à la coopération induite par une société d’échanges d’informations et de savoirs. La préservation d’un patrimoine commun, qu’il soit local ou universel, fera lui aussi pièce aux multiples ‘patrimoines’ privés basés sur l’accumulation de ‘valeurs’ qui n’auront plus rien à voir avec les valeurs d’un système cognitif. En se risquant à une analogie, le ‘capitalisme cognitif’ serait comme un ordinateur qui accepterait pour sa survie de dépendre d’un virus (libre) qui mettrait gravement en danger son système (d’exploitation) : un non-sens. L’affaire semble donc entendue : le capitalisme ‘cognitif’ n’est pas prêt de voir le jour, du moins en tant que nouveau paradigme.
Pour autant, le bébé doit-il être jeté avec l’eau du bain, sous prétexte que l’eau paraît bien trouble ?
Jean Zin, dans la critique qu’il fait de l’ouvrage de Yann Moulier-Boutang, énonce bien plusieurs pistes que le ‘cognitif’ permettrait d’envisager, à l’envers du capitalisme : revenu garanti, qui permettrait de faire face à l’extension d’une potentielle précarisation qu’induirait la généralisation du travail autonome des individus, relocalisation de l’économie, monnaies locales, coopératives municipales, investissement public, … L’alternative lui semble non seulement souhaitable mais aussi possible. D’autres, comme Thierry Gaudin, parlent de société cognitive, voir de civilisation cognitive et même « d’économie cognitive » mais dans un sens bien différent de celui présenté dans la Stratégie de Lisbonne.
« L’économie cognitive est avant tout une économie de la REconnaissance. La notion essentielle dans la révolution cognitive n’est pas la connaissance, mais la reconnaissance (qui précède la connaissance, cf. Piaget La construction du réel chez l’enfant). C’est vrai pour les humains, mais aussi pour les machines, les collectivités… La reconnaissance est d’abord une reconnaissance de soi. Ce sont ces processus qui sont à la base du fonctionnement de l’internet. Il faut donc s’intéresser à la reconnaissance et à ses processus. »
Où l’on reparle de ‘communs’, vieille notion médiévale, où l’on réinterroge la propriété intellectuelle et la définition des normes et où l’on parle de reconnaissance plus que de connaissance. De même, le savoir n’est pas supérieur au savoir-faire, qui tire sa légitimité d’une praxis, approche pratique de transformation de la réalité, qui génère ainsi une connaissance spécifique que la connaissance théorique ne peut intégrer (théorie du mystère de la chambre chinoise, évoquée par Paul Jorion). Evidemment, on est loin d’un « capitalisme cognitif » dont on pressent aussi que l’approfondissement de la société de consommation de masse finira par se transformer alors en société massivement consommée, l’humain devant mobiliser tous ses affects pour devenir compétitif. L’Homme deviendra ainsi réellement un ‘homme-nivore’ complet : il se cannibalisera lui-même.
A l’inverse, une ‘civilisation cognitive’ permettra de libérer l’Homme de sa propre consommation, en se reconnaissant lui-même et en reconnaissant l’Autre, tout en s’affranchissant du fameux ‘tripalium’ productiviste tel que définit jusqu’à maintenant, dans un esprit coopératif et respectueux de son environnement, à commencer par le sien. Une vraie révolution.
Ce ‘nouveau paradigme’ (ou qui semble l’être) souffre de ‘modélisation’, au sens où seules quelques pistes éparses en lien avec cette ‘civilisation cognitive’ sont évoquées, rendant difficiles à réaliser ce à quoi justement il devrait justement servir : être un ‘prisme’ explicatif de la réalité du monde. Car des pistes ne forment pas une carte, encore moins les outils pour la ‘lire’.
Néanmoins, si l’on revient à l’analyse de la crise du capitalisme post-1929, on constate que les solutions imaginées (collectivement) et mises en œuvres à partir de 1936 en France avec le Front Populaire et en 1945 (sur la base du programme du CNR) et que l’on appela ‘Etat social’ ou ‘trente glorieuses’ peut nous donner un élément de prospective.
En effet, l’ensemble du système imaginé pour faire face à cette crise ‘mondiale’ du capitalisme (mais pas encore du capitalisme ‘mondialisé’) était basé sur la mise en place de politiques sociales financées par des cotisations sociales et patronales dont l’assiette de calcul était … le travail.
L’assise toute entière du système social, du moins en France, reposa (et continue de reposer) sur le salariat. S’il est vrai que les solutions envisagées pour ces moments là furent opérantes et firent progresser les sociétés les ayant mises en œuvre, il demeure que ces mêmes solutions risqueront fort de ne pas l’être aujourd’hui (pour un ensemble, trop large, de raisons diverses et variées).
Pour autant, rien n’interdit de penser qu’en lieu et place d’instaurer des cotisations sur le travail salarié, que celles-ci le soient sur la connaissance et le savoir-faire. Quelle différence me diriez-vous ? Elles seraient de plusieurs ordres.
D’abord, le fait d’asseoir la taxation sociale sur la connaissance permettrait de prendre en compte les années de formation, y compris scolaire, dans la vie d’un homme car ces connaissances permettront ensuite de générer un savoir-faire pour produire (des connaissances, des biens, des services). Alors même que l’individu arrive aujourd’hui avec ses connaissances pour travailler dans une entreprise, ces mêmes connaissances ne sont ni financées par la dite entreprise ni même reconnues par le système de sécurité sociale, notamment pour la retraite. Ceci est d’autant plus paradoxal que les études s’allongent dans la durée, réduisant ainsi la durée de cotisation ou reportant de fait l’âge de la retraite. Si l’on souhaite ainsi développer une civilisation cognitive en haute intensité de connaissance, il est donc nécessaire d’inclure tout ou partie de la formation initiale suivie par un individu. On objectera que les dites entreprises financent déjà la formation initiale, via les impôts sur les sociétés, ce en quoi on peut très rapidement constater que, pour celles qui les payent, le taux a été progressivement et régulièrement réduit, comme l’est d’ailleurs la part de leurs contributions au budget de l’Etat (qui finance majoritairement l’éducation).
De plus, les périodes de ‘chômage’ deviendraient alors plus ‘propices’ à reprendre une formation étant donné que ces mêmes périodes seraient incluses dans le calcul de droits à la retraite. Des variations de taux de cotisations pourraient ainsi être mises en œuvre, favorisant la haute intensité de connaissance avec des taux faibles et une taxation forte sur les faibles niveaux de formation initiale, à l’inverse de ce qui s’effectue actuellement, où les exonérations de cotisations patronales et sociales sont principalement dues sur les bas salaires ou les postes non qualifiés, ce qui ne permet pas vraiment d’inciter les individus à prolonger leur formation initiale, sauf à réaliser la course aux diplômes les plus élevés … pas forcément les plus adaptés au regard des besoins du terrain, ni les entreprises à s’extraire de l’effet d’aubaine (les exonérations de cotisations en France représentent plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année).
Concernant le savoir-faire, en se basant sur la spécificité propre de son acquisition à laquelle ne saurait prétendre le savoir, il pourrait ainsi être envisagé de valoriser par des coefficients supérieurs les années ‘validées’ comme étant de savoir-faire, notamment pour la retraite. Ce type d’approche permettrait à la fois de ‘compenser’ un éventuel déficit de savoir d’un individu en formation initiale en survalorisant son expérience acquise, elle-même plus longue que celle d’un autre individu ayant suivi une formation initiale plus longue mais avec une potentielle expérience professionnelle plus courte. L’avantage dans ce type de proposition est que loin d’être égaux ou égalisés, les individus de parcours différents seraient EGALEMENT RECONNUS : on rejoindrait ainsi une politique de civilisation.
Des systèmes de taxation aussi de la production pourraient être basés sur un même principe de distinction et de reconnaissance des savoirs utilisés et produits. Dans le cas par exemple d’une entreprise, il serait demandé d’identifier dans le process de fabrication (ou de création) ce qui relèverait des savoirs ‘communs’ de l’innovation propre au process ; identifié comme ‘savoir-faire’. L’idée sous-jacente serait de taxer l’utilisation des savoirs communs à un taux important et sur une assiette variable (dépendante du niveau de savoirs ‘communs’ sollicités) tandis que la part relevant de l’innovation serait elle taxée faiblement, afin de favoriser l’innovation. La possibilité pour une entreprise de faire basculer son savoir-faire dans le domaine public des savoirs lui ouvrirait par ailleurs des déductions de taxation sur ses futures productions, réduisant ainsi le coût de production, favorisant l’innovation tout en développant le domaine ‘public’ des savoirs, dont tout le monde pourrait ensuite bénéficier. On peut aussi imaginer que le service public serait exonéré de taxes sur les savoirs, puisqu’il est sensé transmettre justement les savoirs et les ‘communs’. De même, le secteur ‘tiers’, non lucratif, pourrait se voir reconnaître un déduction variable de sa part de taxation sur les savoirs en fonction des actions bénévoles qu’elles mèneraient, tout en étant exonérées de la part de taxation sur l’innovation.
On pourrait aussi imaginer que la taxation des savoirs et des savoirs-faire permettront dans les pays à haut niveau cognitif de financer un revenu garanti et dans les autres pays, le financement de diverses priorités : sécurité alimentaire, eau potable, systèmes de santé et évidemment système d’éducation et de communication.
Enfin, on pourrait tout aussi bien imaginer que le secteur bancaire, qui ne produit aucun savoir et dont les savoir-faire sont réduits, soit taxé sur la part des savoirs, part qui serait la plus haute possible. L’Unesco deviendrait alors le Centre mondial de reconnaissance cognitif quant aux savoirs ‘communs’, permettant ainsi d’œuvrer pour l’identification des savoirs ancestraux de tous les peuples, notamment dits ‘primitifs’, afin de les préserver et les faire reconnaître. Les individus pourraient alors connaître ce qui relève du savoir ‘commun’, connaître leur savoir et faire valoir leur savoir-faire, dans des situations variées, allant de la formation initiale, l’enseignement, la production et le salariat, sans compter le bénévolat, le revenu garanti venant ainsi permettre de reconnaître, là aussi, des temps différents.
Voilà donc pour une vision intuitive de ce que pourrait être une ‘civilisation cognitive’, qui pourrait être un nouveau paradigme. Mais si vous me demandez par contre comment adviendra cette civilisation cognitive, je répondrais tout simplement que je ne peux pas y répondre puisque par définition, une telle réponse ne peut être … que ‘collective’ : le terme ‘civilisation’ proviendrait du latin ‘civis’, « ensemble des personnes qui dorment sous le même toit ».
191 réponses à “Une civilisation cognitive, par zébu”
excellent billet dans sa première partie, dérappe quand il est question de taxer les « savoirs ».
En effet qui, quel organisme, serait habilité et suffisemment universel pour déterminer les degrès de « savoir » et les taux de cotisation correspondants. En particulier dans les domaines des « savoir-faire » dont on connait l’aspect réducteur des outils de mesure utilisés à aujourd’hui.
La somme des savoirs (être,faire,savoir) est de toute évidence unique et particulière à chaque individu et en constante évolution. L’évaluation évoquée dessus devrait donc être répétée souvent afin de garantir un processus évaluatif up to date.
Ce me semble très lourd à gérer, sujet à contestations multiples et répétées tant les individus ont des idées souvent erronnées de leurs propres compétences.
La qualité de l’outil réside dans sa possibilité de « quantifier » des parcours aussi divers que l’enseignement, le management et la production qui seront de plus en plus le lot des « carrières » non-linéaires dont Paul nous donne l’exemple vivant…
Votre critique est tout à fait fondée.
Par contre, concernant le ‘qui’, ‘l’habilitation’, ‘l’universalité’, les degrés de savoir et les taux de cotisations, je pense que l’on sait faire, en France mais aussi dans un certain nombre de pays, avec les systèmes de sécurité sociale.
Le notre fonctionne paritairement, y est légitime à gérer un budget équivalent à celui de l’Etat, définit les degrés de savoirs-faire dans les conventions collectives et leurs modalités d’application. Quant aux degrés de savoirs, c’est l’Etat qui les définit actuellement, ce qui ne signifie pas que ces validations actuelles ne sont pas effectivement réductrices. Reste l’universalité dont je reporte le soin et le travail de définition à l’UNESCO, organisme spécialisé de l’ONU, qui me semble la plus à même d’effectuer cette tâche au niveau international.
Ceci dit, je ne suis d’accord avec vous sur votre définition quant aux savoirs et à leurs liens avec l’individu. En premier lieu, j’ai certes parlé d’individu mais il ressort que les savoirs sont aussi reliés à des collectivités, comme des savoirs ‘communs’. Qu’ensuite, contrairement à ce que vous écrivez (« La somme des savoirs (être,faire,savoir) est de toute évidence unique et particulière à chaque individu et en constante évolution. »), cette somme des savoirs n’est pas unique et particulière puisque justement chaque individu reçoit un savoir en grande partie composé d’un savoir ‘commun’, du moins au début. Ce n’est qu’après, avec l’acquisition d’un savoir-faire (qui là deviendra ‘unique’) par l’expérience que cette somme s’individualisera, sans jamais lui appartenir non plus complètement (mixité ‘communs’/individuels).
Enfin, sur l’évaluation, c’est effectivement ‘lourd’ et récurrent mais le système social mis en place ne l’est pas moins puisqu’il gère déjà 4 ‘risques’, générant des ‘salaires’ décalés, tous basés sur des cotisations adossées sur le travail effectué, les taux de cotisations, etc.
En prenant le cas par exemple de la carte vitale, votre dossier médical est normalement réactualisé à chaque visite à votre médecin ou tout autre professionnel de la santé. De ce dossier découle l’ensemble des prises en charge mais aussi la visualisation de l’historique, les personnes contactées, les maladies recensées, etc.
Dès lors, si on peut le faire pour une chose aussi ‘large et complexe’ que la maladie, en quoi le faire pour les savoirs serait-il impossible ?
Cordialement.
« Ceci dit, je ne suis d’accord avec vous sur votre définition quant aux savoirs et à leurs liens avec l’individu. »
En ‘désaccord avec’.
Temps d’aller se coucher …
« excellent billet dans sa première partie, dérappe quand il est question de taxer les « savoirs ». »
Je partage entièrement ce jugement. Le début est excellent. Par contre, ça débloque (et je reste gentil) à partir d’ici: « En effet, l’ensemble du système imaginé pour faire face à cette crise ‘mondiale’ du capitalisme (mais pas encore du capitalisme ‘mondialisé’) était basé sur la mise en place de politiques sociales financées par des cotisations sociales et patronales dont l’assiette de calcul était … le travail. » Car les cotisations sociales et patronales (ces dernières étant en réalité financées par la part revenant au travail) ne sont aucunement un pilier des 30 glorieuses. Le problème c’est la baisse de la part du travail par rapport à celle du capital, qui est la conséquence de la baisse des salaires et des impôts sur les riches. Je ne vois pas en quoi taxer encore le travail, même à travers la connaissance, irait dans le bon sens pour rétablir l’équilibre. Et je ne parle même pas des problèmes techniques que l’application de cette taxe sur la non-connaissance pose, à commencer par définir ce qu’est un savoir et un savoir-faire (dont les banques ne disposent pas???).
C’est pourtant ce que font des millions d’élèves tous les jours avec leur professeurs. Article passionnant et donnant beaucoup de matière à réflexion.
@ AlainLoreal,
tout à fait d’accord avec vous. Taxer les choses et/ou les êtres : une notion à dépasser, transcender.
Liberté personnelle?
« Chomage périodes propices pour de nouvelles formation »??Des contraintes qui ne pourront que se retourner contre les individus m^me si elles partent ‘d’un bon sentiment’
Et c’est repartir sur l’obsolète notion du travail pour tous, salariat etc, etc..
A moi A propos de savoir et de savoir-faire, n’oublions-pas le savoir-être (qui ne fait parti qu’exceptionnellement du savair-faire: pour les postes de commerciaux et de management d’équipe).
@alain loreal
Bien d’accord avec vous sur le fonds et l’esprit qui anime ce billet. Cela rejoint les commentaires que j’avais pu faire sur les idées de Mr Friot.
J’y ajouterai quelques commentaires, (sans commentaires, soyons charitable) à l’intention de Mr ZEBU.
« la liberté économique et son pendant idéologique, le libéralisme économique, surgirent dans ‘l’Ancien monde’, s’appuyant sur les processus que la révolution industrielle avait mis en œuvre pour asseoir sa domination pour plus d’un siècle. »
Ne confondez vous pas cause et effet : la liberté économique s’appuierait sur la révolution industrielle ? Et n’est-ce pas l’esprit du liberalisme et des Lumières qui a conduit à la liberté économique ?
Mais pourquoi pas s’interroger sur le sens des causalités, et sans doute y a-t-il interaction permanente dans une perspective de stratification historique des faits et des choses.
« exploitation maximale des consommateurs (sans tenir compte de la nécessité de préserver un pouvoir d’achat suffisant à la consommation) »
Le consommateur est-il donc si débile, qu’on puisse l’exploiter sans vergogne et qu’il se laisse faire ? Voila bien du mépris. Et dans ce cas comment espérer une révolution cognitive d’un tel amas d’abrutis ? Vous nagez en pleine contradiction.
L’ensemble relève d’un Grand maître du charabia et donneur de leçons. Quelques exemples :
« le capitalisme cognitif serait comme un ordinateur qui accepterait pour sa survie de dépendre d’un virus (libre) qui mettrait gravement en danger son système (d’exploitation) : un non-sens. »
Effectivement, un véritable non-sens, car un ordinateur n’ »accepte » rien… Curieuse conception anthropomorphique et fantasmatique d’une machine qui ne fait strictement rien d’autre qu’exécuter les instructions qui lui ont été fournies par le programmeur. J’ignore peut- être son « capital cognitif » ?
« L’épuisement des hommes, des concepts et des environnements y apparaît en filigrane de manière rédhibitoire. »
Rédhibitoire signifie : qui empêche absolument. Qu’est-ce qui empèche quoi ?
« Enfin, on pourrait tout aussi bien imaginer que le secteur bancaire, qui ne produit aucun savoir et dont les savoir-faire sont réduits, soit taxé sur la part des savoirs, part qui serait la plus haute possible. »
Si le secteur bancaire ne produit aucun savoir, comment le taxer sur « la part des savoirs », et de quelle part s’agit-il ?
« Les individus pourraient alors connaître ce qui relève du savoir ‘commun’, connaître leur savoir et faire valoir leur savoir-faire, dans des situations variées, allant de la formation initiale, l’enseignement, la production et le salariat, sans compter le bénévolat, le revenu garanti venant ainsi permettre de reconnaître, là aussi, des temps différents. »
Connaître son savoir…le faire valoir durant la formation initiale, l’enseignement… reconnaître des temps différents… désolé, je n’arrive pas à suivre le raisonnement, sans parler du concept.
Je m’arrète là. Vous avez dit fumeux ?
@ Moi :
« ne sont aucunement un pilier des 30 glorieuses. »
A mon sens, c’est une contre-vérité. C’est grâce à l’instauration du système de sécurité sociale après guerre que les 30 glorieuses purent émerger, en permettant la stabilité, sans laquelle la croissance économique n’aurait pu émerger. C’est justement parce que les cotisations ont été assises en grande majorité sur la travail, qui commence à se raréfier à partir de la crise économique de la fin des années 70 et l’émergence de plus en plus croissante de la part des revenus financiers dans la création des richesses que le système ainsi créé s’est vu remis en cause, car justement trop assis sur la part ‘travail’. Sans cotisations, pas de 30 glorieuses. Et la fin de la prépondérance des cotisations, du fait du chômage grandissant, de par la croissance des revenus financiers, signe la fin des 30 glorieuses.
L’idée n’est PAS de revenir à ces 30 glorieuses : cela n’aurait pas de sens. L’idée est de s’en inspirer et de refonder un système qui ne soit PAS justement assis que ou majoritairement sur le travail mais bien sur les savoirs et savoirs-faire mobilisés, notamment par le système productif. L’idée est exactement l’inverse : se servir de cette refondation pour une meilleure répartition des richesses. Le travail étant de moins en moins pertinent à mon sens pour se faire, il faut donc refonder et élargir, sur la base des savoirs, où la part majoritaire serait justement payée par ceux qui l’utilisent pour en faire profit : les entreprises et non les ‘travailleurs’, sans payer l’investissement ‘gratuit’ réalisé en amont par la société.
Cordialement.
@Bruno : « n’oublions-pas le savoir-être » : oui, absolument, sans lui l’entreprise capitaliste serait impossible. En France, cela se manifeste par la persistance de discriminations à l’embauche qui prouvent qu’il faut disposer d’un certain savoir-être « standard ».
@ Laurence :
L’objectif n’est pas de taxer pour taxer : ce n’est qu’une conséquence, une fonctionnalité de l’ensemble du système. L’important est de RECONNAITRE les savoirs et savoirs-faire, par soit-même et par les autres. Le ‘travail’ n’y est plus ‘central’, au sens d’objectif, comme dans le capitalisme productiviste actuel : il n’est qu’une ‘matérialisation’ de ces savoirs et un RECONNAISSANCE des pratiques de ces savoirs (savoirs-faire). De fait, le travail devient un outil et non une finalité. Ainsi, une période de chômage devient une réelle ‘opportunité’ de réinterroger ses savoirs et ses savoirs-faire, de les RECONNAITRE (et faire reconnaître). que ce soit via des processus de formation ou non.
Enfin, du fait de la taxation des savoirs ‘communs’ qui seraient utilisés à des fins lucratives, l’existence d’un revenu garanti permettrait, justement, à des personnes qui ne ‘travaillent’ pas (au sens justement de production) non seulement d’être RECONNU socialement en dehors de la fonction de production mais aussi de valoriser et faire valoriser leurs savoirs sur des temps non productifs, comme le temps bénévoles.
Cordialement.
@Hard Roquet
Votre commentaire n’apporte qu’un enseignement au débat: votre esprit est décidément trop obtus et rétif à tout discours s’échappant tant soit peu des autoroutes commodes pour ne pas faire contre-sens sur contre-sens et ravaler votre niveau de compréhension au niveau de celui d’un élève de cm1.
On comprend dès lors beaucoup mieux votre imperméabilité à toute évaluation des savoir-faire et des savoirs, bref de la progression intellectuelle; je ne parle même pas des savoir-être… D’autant que j’ai bien peur que votre opposition de principe ait d’autres motifs, plus idéologiques, encore moins avouables et qui ne mériteraient pas, comme l’initial, après tout bien excusable, notre charitable commisération.
@ Bruno et Crapaud Rouge :
Concernant le savoir-être, je rejoins Crapaud Rouge car ce type de définition rejoint complètement le fonctionnement d’un ‘capitalisme cognitif’, à savoir mobiliser toutes les facettes humaines afin qu’elles ‘servent’ dans les processus de production, au sens lucratif du terme of course. Si on y ajoute l’aspect normatif comme l’autonomie, le respect des consignes, le sens de l’initiative, le sens relationnel, etc. (eh oui !, je connais le concept des habiletés pour avoir ‘travailler dessus’, qui nous provient du Canada, déjà fort en avance sur le ‘capitalisme cognitif’), on est en plein dans le ‘normatif utilitariste productif’ !!
Question : et si on n’est pas ‘reconnu’ comme suffisamment ‘autonome’ pour travailler dans un métier (car le processus des habiletés se fonde sur les métiers), est-ce à dire :
1/ que je suis ‘incompétent’ pour effectuer ce métier ?
2/ que je ne peux pas acquérir ces ‘habiletés’ au cours justement de mon expérience professionnelle ou les développer ?
La réponse des ‘concepteurs’ reste toujours identique : les habiletés sont définies par métiers, branches de métiers, etc. Si vous n possédez pas les habiletés requises pour travailler dans un métier donné, ce n’est pas grave, vous pourrez alors travailler dans un autre métier. Et quand on leur dit qu’il n’y a qu’une infime partie des métiers à être labellisés ‘habiletés’ (le processus d’identification des habiletés, au nombre maximum de 24 de mémoire, par métier est très long) et que ce renvoi là ne renvoie vers rien sinon vers la culpabilisation des individus ayant suivi ce parcours et ne ‘collant’ pas à la norme, on entend en réponse que voulez vous, il faut bien commencer … (en clair, tant pis pour les ‘cobayes’).
De plus, on voit bien le processus utilitariste de ce fonctionnement : si vos habiletés ne ‘conviennent’ pas au métier recherché, pas grave, suffit de se retourner vers ‘autres métiers où vos ‘habiletés’ ‘colleront’ (éboueur ou soudeur sous-marin, par exemple).
La formation sur les habiletés, si elles viennent à manquer ?
Euh, en fait, il n’y en a pas, parce que l’on considère que les habiletés s’acquièrent ‘individuellement’ ou professionnellement, par l’expérience. Ah, ok … Alors, donnez moi un métier où je pourrais développer mes lacunes sur certaines habiletés, alors. Euh, mais non, puisqu’il faut ces habiletés pour …
Ah, ok. Je vois le ‘truc’.
Voilà le genre de processus cognitif qu’il faut éviter, sans quoi, on tombe dans le ‘capitalisme cognitif’.
Cordialement.
@zébu : merci pour toutes ces précisions sur les « habiletés ». Je ne savais pas que cet aspect du travail avait été dûment conceptualisé, mais ça ne m’étonne pas. En tout cas, c’est à ce genre de choses que je pensais à répondant à Bruno. Ca prouve bien, au passage, que le capitalisme récupère tout, un véritable aspirateur.
A Crapeau Rouge et Zébu: justement, le savoir-faire est « l’élément générique » et exclusif à prendre en compte, évitant tout éventuel « jugement de valeurs » sur la personne concernée, quant à ses compétences, pour effectuer de manière pérenne son métier. Le savoir-etre n’a (ou n’aurait?) absolument pas à etre pris en compte! Sauf dans les deux cas dont j’ai parlé: les métiers de commerciaux et de managers d’équipe. Ce que l’on peut comprendre. Il est vrai qu’entre la théorie et la pratique, tout comme dans d’autres domaines, il y a un monde… Cordialement
@Zébu (mais pas de trop comme dirait vigneron),
Vous décrivez là, mieux que je n’aurais su le faire, l’objection que j’ai soulevé dans la note plus haut.
1) de la difficulté (longueur, complexité, réduction normative, ect…) du processus d’évaluation
2) de l’utilitarisme du process aux fins capitalistiques.
il en reste néanmoins vrai que le travail comme seule base de financement de la protection sociale n’est plus viable. L’esprit qui animait le Conseil de la Resistance – fortement impacté par la présence des communistes- n’a plus cours par rapport à un contexte à l’époque de « reconstruction » à envisager, de plein emploi et de plan Marshall.
Au risque de soulever des tollés, je suggère, sur ce point, de consulter les propositions de Peyrelevade (ses oeuvres, son site : http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/) qui ont le mérite de l’originalité.
@ Bruno :
Oui, je pensais que vous amalgamiez le tout et que vous justifiez cette définition du ‘savoir-être’.
Mais les remarques me semblent aussi fondées pour les autres métiers que vous évoquez.
@ Alain :
Pour Peyrelevade, faire attention. Il avance souvent masqué et c’est un grand baron du capitalisme financier (BNP) : il me semble que s’il utilise le cognitif, c’est bien justement pour fonder un ‘capitalisme cognitif’, soit un oxymore, une injonction paradoxale. Mais cela ne m’empêchera pas de le lire, ne serait-ce que pour connaître les arguments de ‘mes adversaires’ !! 🙂
Cordialement.
@Alain Floréal
On va vous appeler Floréal désormais. Un vrai boute en train! Vos jokes fleurissent en été!
contre proposition;tva en fonction du prix;plus c’est cher;plus c’est taxe de 0 à L’EXPONENTIEL
c’est lapidaire;c’est EcoHumanismeRadical
@Zébu.Je crois que vous confondez en ce qui concerne Peyrelevade. Il n’a jamais eu affaire à la BNP.
Après un parcours « technique » dans l’aéronautique, il rejoint Mauroy comme Directeur de Cabinet (il sera l’artisan de la « rigueur » et de la dévaluation). Ensuite il fera un parcours de Dirigeant à Suez, à l’UAP et au Crédit Lyonnais (sa haine de Tapie est légendaire). Il occupe toujours un poste dans une banque d’affaire.
Il n’a jamais été un « patron de gauche », au sens ou je l’entend, mais un « grand commis » de l’Etat, comme Louis Sweitzer (je les ai rencontré il y a quelques jours dans un séminaire Terra Nova).
Si l’homme est désormais âgé (il a plus de 70 ans), ses convictions progressistes restent fermes, sa pensée claire et ses propositions précises. Après avoir quitté le PS, il a rejoint en 2007 le Modem dont il a été Vice -Président.
Il l’a aussi quitté : je crois qu’il se fait une très piètre opinion des compétences économiques des « élites » politiques, sentiment que je partage. (lire « Sarkozy : l’erreur historique » chez Plon). Au final il fait partie de ces économistes « de gauche » ( Allais, Fitoussi, Daniel Cohen, Larrouturou,…)qui ne seront jamais entendus à gauche (ni à droite) la démagogie primant sur le réalisme économique.
En ce qui concerne le financement de la solidarité collective, l’idée qu’il défend dans ses bouquins et articles c’est que c’est aux bénéficiaires et à eux seuls de payer, par leurs impôts et leurs cotisations, les prestations qu’ils reçoivent.
Ceci exclue donc les entreprises et permet à ces dernières de restaurer leurs marges…
Ce sont en réalité les prémisses même du discours des éternels défenseurs des opprimés qui sont fausses, qui révèlent leur obsession quasi-paranoïaque et qui les amène à se battre contre les moulins à vent.
La première phrase de ce billet en est une parfaite illustration :
« A mesure que l’on avance dans la crise financière en cours, il devient de plus en plus évident que celle-ci masque de plus en plus mal un autre type de crise : une crise du sens que les hommes donnent à la représentation qu’ils se font de ce monde. »
La crise financière ne masque pas UNE AUTRE crise plus profonde.
C’est l’AUTRE crise, profonde et d’ordre civilisationnel, qui conduit à des dysfonctionnements en tous genre, dont la fantastique arnaque financière qui nous a tous pris en otage.
La crise financière s’inscrit dans la logique d’une démarche beaucoup plus globale, à laquelle nous participons tous, volens nolens, démarche qui a conduit notre société dans l’impasse où elle se trouve.
Trop facile de s’exonérer de nos responsabilités sur le dos du capitalisme financier, des média, des politiques, et autres boucs émissaires. Les sacrifices expiatoires n’ont jamais soigné le malade.
Si la Banque a été aspirée dans le tourbillon malsain de la Finance, prenant ainsi nos économies et nos retraites en otage, et obtenant des politiques, sous la menace de panique collective, une rançon que nous devons maintenant payer, c’est que la porte était ouverte. Il a existé des réglementations, dites de Bâle II en Europe ou Glass-Stegall Act aux US, pour interdire la confusion des activités de banque de dépôt / finance spéculative.
Pourquoi et comment certains ont-ils pu contourner ces réglementations? C’est dans l’explication sociologique de la possibilité de ce contournement que réside le lien avec notre responsabilité collective.
Le danger était parfaitement identifié, puisque les dispositions réglementaires contraignantes avaient été édictées et appliquées. Comment est-on passé outre le feu rouge clignotant, a t-on perdu le sens du danger ?
Tout un ensemble d’institution est vraisemblablement en cause dans cette évolution.
On peut avancer que cela n’a pu se faire que dans un contexte de laxisme généralisé, de perte de repères, d’effacement des limites.
L’effacement des limites et des contraintes est une caractéristique éminente de la « Nouvelle économie psychique » selon le psychanalyste élève de Lacan, Charles Melman. « Nous avons à faire à une mutation qui nous fait passer d’une économie organisée par le refoulement à une économie organisée par l’exhibition de la jouissance » (« l’homme sans gravité »). Dans le même ouvrage : « il n’y a de reconnaissance de soi pour le capitaliste_ et par la même pour tout sujet inséré dans ce ‘régime’_ que dans l’accumulation du capital. Car, quand la reconnaissance n’est plus que celle du semblable, elle est du même coup fragile et susceptible d’annulation …d’où le besoin d’accroître sans cesse son capital. »
Il n’est bien sûr pas le seul à mettre en évidence cette évolution psycho-socio-économico-culturelle, mais semble en exprimer assez bien l’essence, les ressorts profonds, l’air du temps. Celui où le sujet ne s’autorise que de lui-même.
Consumérisme capitalistique associé à la des-intégration des contraintes et de toute autorité conduisent à la suppression radicale des interdits, dont, pourquoi pas, ceux de la finance…
Interdit d’interdire… oui, mais on ne viendra pas se plaindre que la boite de pandore ait été ouverte, pour l’activité financière comme dans bien d’autre domaines tels que la sécurité, l’enseignement, le travail…
Il faut payer le prix de la liberté, mais vient un seuil de désorganisation qui n’est plus socialement supportable.
Si l’on considère que le lien social n’existe que pour satisfaire les besoins essentiels, se nourrir, se défendre des ennemis et des esprits, qu’il se délite lorsque la satisfaction est obtenue, on peut espérer que l’évolution actuelle conduira à sa reconstitution (avec les contraintes qui l’accompagnent), après une phase de désordre.
Autrement dit, plutôt que de s’en prendre aux effets (le capitalisme financier, le travail, la répartition des richesses…), il conviendrait d’attaquer la cause de la désagrégation sociale et culturelle à laquelle nous assistons. Mais ce genre d’évolution ne se décrète pas, ne se gouverne pas. Le balancier doit poursuivre son cours jusqu’ à l’apogée, avant de repartir dans l’autre sens, sans toutefois jamais revenir au même endroit car il aura progresse simultanément (en avant ?).
Oups, pardon, mon inconscient m’a joué des tours.
J’ai lu Pébereau, au lieu de Peyrelevade …
Ceci dit, pour moi, c’est kif-kif et bourricots.
« En ce qui concerne le financement de la solidarité collective, l’idée qu’il défend dans ses bouquins et articles c’est que c’est aux bénéficiaires et à eux seuls de payer, par leurs impôts et leurs cotisations, les prestations qu’ils reçoivent.
Ceci exclue donc les entreprises et permet à ces dernières de restaurer leurs marges… »
Et ce mec se prétend de gauche … comme moi je suis pape.
Voilà le genre de capitalisme cognitif : masqué mais bien pire que le ‘simple’ capitalisme.
A dénoncer sans relâche.
Cordialement.
addendum :
« Malheureusement, le paradigme ainsi énoncé ne tiendra pas ses promesses (…) ».
Malheureusement, pour ses promoteurs et partisans : ça va mieux en le disant.
Par ailleurs, désolé pour les fautes de frappe et d’orthographe, mon savoir en ce domaine est assez réduit.
« Les marchés, donc vous et moi, les épargnants du monde entier, les fonds de pension, les caisses de retraite, les compagnies d’assurance, les pays émergents dont les finances sont en bien meilleur état, en un mot les citoyens et les peuples, ont soudainement pris conscience de l’impéritie de nos gouvernants. Et vous voudriez qu’ils continuent à leur prêter ? Qui le ferait sur ses économies personnelles parmi ceux qui aujourd’hui condamnent les marchés ? »
dixit Peyrelevadade
Extrait d’un texte sur le blog: http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/%29
Ce monsieur est habile, il réunit en un seul ce qui est disparate, et pour cause. Les marchés ,les épargnants , les fonds de pensions, les pays émergents ……dans « un vous et moi » qui ne veut rien dire. (mes économies et mon compte épargne n’ont surement rien à voir avec les siens ) Il dissocie ce qui est imbriqué: les gouvernants, c’est à dire le monde politique et la finance . Les complices se cachent les uns derrière les autres. S’accusant de tous les maux.
Les gouvernants dénonçant la finance et les grands patrons ,ces derniers dénonçant les gouvernants.
Les uns comme les autres ont leur part de responsabilité dans la gabegie et la démesure de la répartition des poids et des mesure.
Les gouvernants, tenus par les k……..par ceux qui les financent. En construisant une fiscalité aberrante et inique, compensant le manque à gagner du fait des multiples exonérations possibles pour les gros revenus, par une charité sociale et un endettement croissant. Leur art consistant à favoriser, la chèvre, le choux et le loup. Tout en s’aménageant à soi même,carrière, retraite, avantages et revenus confortables. Ils gèrent surtout leurs électorats respectifs.
La finance et un certain patronat, spoliant et détournant de la production nationale, la richesse crée,le capital, le faisant sortir du pays par le jeu savant des textes de droits et de procédures.
La finance compensant un faible pouvoir d’achat en développant de manière abusive les crédits de toutes sortes.Car pour pouvoir vendre il faut des acheteurs.On écrase les individus mais on soutient le consommateur.
Pour après dénoncer dans son ensemble un Etat, une Nation qui vivrait au dessus de ses moyens.
Oser dire que la finance des pays émergents est en meilleure état que celle des pays Européen. C’est parcourir le monde à vol d’oiseau. Il occulte le prix payé par une multitude pour une poignée de nouveaux riches. Une progression à marche forcée.
Ce monsieur ne s’embarrasse pas de détails, il globalise.On sent le type qui à su se vendre.
Au nom de la solidarité Européenne, on fédéralise, on ressert l’étau, en accroissant la contrainte et en sanctionnant les contrevenants .Bref on reproduit à plus grande échelle un système pyramidal national.
Tout l’art de brouiller les cartes, pour redistribuer un bon jeu aux mêmes, le changement dans la continuité.
La cerise sur le gâteau: « Aujourd’hui, ne voulant pas renouveler leur concours, les marchés sont devenus des adversaires. Quant à la spéculation, elle est comme l’écume sur une mer démontée : elle révèle la tempête, elle n’en est pas la cause.Laissons là les boucs émissaires. »
Belle démonstration en effet. Avec une pointe de poésie. J’en suis toute retournée.
Comme disait de Gaulle : » le talent n’est pas la justesse des idées »
Peyrelevade ne manque pas de talent.
Je trouve ce billet excellent et en même temps il me met mal à l’aise.
Un peu comme si la pensée voulait à tout prix concurrencer la vie. La formuler, comme ce mathématicien (dont j’ai oublié le nom) qui devint fou en voulant cerner l’univers dans une formule mathématique, exprimer en les contenant ,tous les possibles.
La vie est en elle même un processus cognitif, tout est cognitif. La problématique essentielle est notre capacité à lire et à comprendre les réseau de connections et à jouer avec elles. Le mot clé et adaptation et synergie. Il nous faut juste poser un centre de gravité et des limites à nos activités, fixer l’objectif. Pour moi il est clair ,l’objectif c’est la vie, le jeu c’est la vie, la limite c’est tout ce qui met en péril l’équilibre de la vie, en perturbant gravement le jeu subtile et innombrables des connections déjà existantes.
Sans rien s’interdire dans l’audace de nos imaginations mais faire preuve de prudence dans la réalisation exponentielle . Ne pas foncer bis en tête afin se donner le temps de mesurer les impactes et de pouvoir ajuster.
Vous qui aimez la musique. Supposons que la vie soit un grand boeuf ou chacun se joint , en tâtonnant afin de jouer une partition singulière mais en harmonie avec l’ensemble.
Cela n’empêche pas de se faire preuve d’originalité et d’inventivité mais oblige à tenir compte de ce qui se joue déjà. Bien sur il peut y avoir des couacs par ci par là. Donc on ajuste au fur et a mesure de la progression. Dans le but de préserver le jeu musical.Par un respect mutuel des « artistes » et la complémentarité des instruments et des talents.
Adoucir la compétitivité qui pousse chacun à exister plus que l’autre au risque de fiche en l’air l’ensemble. En la remplaçant par une émulation ludique. Un peu comme les savantes chorégraphies dans les arts martiaux. Ou ceux qui s’affrontent sont à la fois partenaires et adversaires. Chacun démontrant sa maîtrise de l’art par sa technique, sa rapidité, sa souplesse,mais surtout sa capacité a retenir ses coups. Ce qui fait toute la beauté fascinante de la performance.
Une civilisation qui mise sur l »‘Homme ». Sur une certaine idée de l’être humain et du progrès.
Qu’est ce que le progrès , un but final? Le progrès c’est de pouvoir progresser sans cesse dans le Grand Jeu. Il n’y a pas de finalité. Mais des règles simples à poser et à respecter, savoir former de nouveaux arrivants doté d’un « bon esprit » afin de poser en guise de tatamis , la Confiance.
Cela suppose un degrés de maturité et d’élévation d’esprit qui est ce qu’il y a de plus inégalement partagé dans la société. En particulier dans celle de nos élite, élevé dans une tradition millénaire reposant sur la confrontation des égaux et le culte de la conquête, sur autrui. Seul témoignage de la Réussite,se mesurant à la part du gâteau conquit dans la bataille.
Ces gens se prétendent mélomanes, esthètes, ils n’ont pas l’oreille musicale. La musique comme le reste respire entre les partitions.
L’intellect est un outil de création, servant à comprendre,et a créer. Mais il peut par un excès d’usage stériliser tout ce dont il s’empare. Privant la matière, celle des mots, celle des arts et des sciences de sève. Du pouvoir fertilisateur de la pensée .
La pensée cognitive moderne, découpe au scalpel le monde et réinvente dans ses labos des connections nouvelles déconnectées du monde cognitif préexistant dans lequel nous ne faisons que passer. D’où la situation apparemment inextricable dans laquelle se trouvent nos sociétés.
Chacun de nous est un ensemble cognitif complexe, dans un tissu cognitif complexe mais lisible. Il faut repenser notre rapport au temps. La lecture du monde, afin de l’interpréter au plus juste,au plus près. Le monde se lit dans la durée. Chaque génération passant le relais à la suivante.
Une autre question fondamentale: le temps.
Ce n’est pas par ce que la terre tourne sur elle même et autour du soleil, qu’il faut que nous en fassions autant. Tournant collectivement sur notre nombril et autour de valeurs périmées dans leur formes, leurs expressions. Il nous faut changer de « Soleil » intérieur.
Je repropose cette chanson de Jacques Brel, la moins connu . Quand il chante « pourvu que nous vienne un homme », je suggère d’entendre « pourvu que nous vienne l’ »Homme ». Le Messie, le Consolateur….Nous même.
En toute humilité et chaleureusement.
En ma qualité de petit d’homme.
@ saule,
Merci, merci, merci. Je ne sais pas à quelles sources vous avez formé votre esprit, mais on sens que vous avez su trouver les plus claires.
Et merci pour cette chanson de Jacques Brel que je ne connaissais pas:
» (…)
Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Et qui ne soit pas un baume
Mais une force, une clarté
Et que sa colère soit juste
Jeune et belle comme l’orage
Qu’il ne soit ni vieux ni sage
Et qu’il rechasse du temple
L’écrivain sans opinion
Marchands de riens
Marchand d’émotions
(…) »
D’un côté du baume et de l’émotion, et de l’autre « du ressentiment et des passions tristes, si répandues dans le monde militant » (Michéa), voilà ce que certains proposent aujourd’hui aux foules impatientes. Face à ceux-là, saule, votre texte nous aide à garder la juste colère et le goût du « Grand Jeu ».
Merci de votre apport, très humain.
Petite précision : à l’inverse de ce que pressentez (savoir cognitif, 😉 ), je souhaite vivement qu’une part obscure perdure, non ‘cartographiée’ car non ‘cartographiable’.
Sinon, nous tomberions dans un totalitarisme du savoir. Même ‘humaniste’ (car basé sur les savoirs de l’Homme), celui-ci serait la porte des enfers entrouverte. C’est le même problème avec les sciences, notamment celle qui se prétend ‘économique’, qui prétend à la totalité. La part d’inexpliquée dans l’Homme doit restée ainsi.
D’où votre ‘malaise’ je crois …
Cordialement.
Riche analyse au fil du « cognitif ».
Belle tentative (brouillonne sans doute) de chercher à faire circuler la valeur par le savoir.
Côté positif, pourquoi pas. Même si on règlemente par ce biais « des » savoirs, il reste toujours de l’espace pour l’Esprit, et les singularités, espace qui doit rester inaliénable et respectueux desdites singularités.
Côté négatif ou Cassadresque : « il ne faut chiffrer quelque chose que d’une main tremblante » (on dit cela pour écrire la loi avec soin et appréhension, vous le savez) .
En deux mots, n’oublions pas que dès que les petits pères Egyptiens eurent vers -15xx une société d’agriculteurs à dominer, et qu’ils surent garder trace de la valeur des céréales ou boeufs échangé par les uns et les autres, il s’ensuivit l’esclavage pour dette.
En gros, donnez à un cerveau humain une éducation où il apprend à compter, donnez lui une règle quelconque pour associer un objet (ou un savoir ou une personne) à un chiffre, et il réduira la représentation au chiffre, deviendra manichéen, et oubliera le yin et yang qui étaient dans l’usage de la chose (genre poison/soin) pour appuyer très sans gêne là où ça l’arrange…
Il y a une malédiction du chiffre et de la technique, mais pas d’une infinie profondeur, si on s’aperçoit qu’on peut y échapper … (i) par la même voie, en évaluant l’objet ou le savoir avec deux ou trois chiffres et plus un seul. et (ii) par la voie qui a anthropologiquement structuré notre cerveau : la main (et non l’oeil par exemple)
La visite de votre rizière, zébu, semble un plaisir…
« il ne faut chiffrer quelque chose que d’une main tremblante ».
Je ne connaissais pas cette expression. Elle est très juste. Et mon sens très adaptée à la RECONNAISSANCE des savoirs et savoirs-faire. Merci de votre avertissement.
Cordialement.
@timiota
Ce n’est pas parce que la religion pythagoricienne a fait de nous des dévots ou des culs-bénis du Chiffre, qu’il faut pour autant jeter à l’eau cette création humaine proprement démiurgique. Que les chiffres n’existent pas en tant qu’objets (Wittgenstein 🙂 ) et tendent à remplacer, ou masquer, pourtant tout objet, soit. Mais bon…
@vigneron, @ zébu
1) la citation était de Montesquieu
« Il est parfois nécessaire de changer certaines lois, mais le cas est rare, et lorsqu’il arrive, il ne faut y toucher que d’une main tremblante ». Montesquieu
2) nous semblons d’accord, je ne veux pas tout jeter du chiffre/chiffrage de toute chose, mais cette religion pytagoricienne du chiffre nous rend doublement aveugle …
(i) en ce que le chiffre remplace les autres appréhensions de la vérité (« les autres mesures » osai-je écrire mais je me raturai)
et aussi…
(ii) en ce qu’il nous rassure devant bien des difficlutés, notamment par exemple la difficulté à rentrer au contact des gens lorsque ils sont d’une classe sociale plus défavorisée, je veux dire la difficulté d’arriver à la faire sans condescendance ou compassion etc .
Donc le chiffre, là, nous aide à assumer notre idéal d’égalité en nous rassurant qu’on comprend sa version chiffrée, genre « je sais que c’est pas facile avec même pas le smig » ou « il y a tant % de chômeurs qui vont arriver en fin de droit » et en nous dédouanant de ne pas être « au contact » des individus de ces classes.
(on comprend les chiffres, avec une réserve quand même : on a du mal pour les CDO synthétiques, comme on dit à Condé sur Gartempe),
Ma remarque [ii] me vient de ce que je continue de lire R Sennett et ne m’en lasse pas, il excelle à pointer ces difficultés, mais il n’ajoute rien sur une « malédiction du chiffre », qui me vient plutôt de mon côté de lecteur empêtré de Stiegler.
Entre nous, deux écrans, deux claviers, vingt doigts, deux regards, des émotions, des mots et des 0 et des 1, des 1 et des 0.
chiffre=pensée magique? 🙂
Et des centaines de milliers d’heures de travail 🙂
Je ne peux m’empêcher de pensée que c’est ce travail [temps / effort / savoir] qui donne sa valeur à cet outil (si on peut appeler outil cet ensemble de construits matériels et logiques)
Non pas une valeur absolue mais relative au moment présent, c’est à dire le [temps / effort / savoir] qu’il faudrait déployer aujourd’hui pour le refaire ou construire qqch de mieux.
Mais également peut être par anticipation, le travail qu’il faudrait demain (si l’information est disponible et fiable).
Ici le savoir commun est important, mais c’est le savoir acquis (tiré de ce savoir commun voire dépassé/enrichi) par ceux qui sont disponibles pour effectuer la tâche qui est déterminant.
Le problème est que, dans mon subconscient, taxer n’est pas synonyme d’encourager, bien au contraire.
C’est peut être ma principale barrière à la compréhension de cet article.
[…] This post was mentioned on Twitter by betapolitique.fr and Denis Fruneau, Denis Fruneau. Denis Fruneau said: #BlogPaulJorion Une civilisation cognitive, par zébu: Billet invité A mesure que l’on avance dans la crise financi… http://bit.ly/9GENzS […]
En contrepoint à ce billet, un peu trop hagiographique à mon goût, cf. http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LHS_152_0151
Merci pour l’article (très intéressant).
Il faut effectivement éviter de tomber dans un ‘cognitivisme’ de bon aloi, qui permettrait d’endormir la pensée. Etant bien placé pour connaître la place de l’Histoire, je rejoins Gorz dans la nécessité d’intégrer la flèche du temps, sans laquelle le cognitif n’aurait plus de ‘sens’.
Cordialement.
Voilà donc pour une vision intuitive de ce que pourrait être une ‘civilisation cognitive’, qui pourrait être un nouveau paradigme.
Il y a un os. Quel que soit le type de civilisation que nous voudrions mettre en place, il faudrait d’abord reconnaître le mensonge pour ce qu’il est, quand il est pratiqué à grande échelle : un facteur grave d’altération du réel.
C’est dans cette direction que Monsieur Jorion s’avance, dans son dernier « temps qu’il fait », avec sa réflexion sur la « confiance » et la « vérité ».
Le mensonge produit une foule d’hommes égarés (et on le voit bien actuellement dans la construction aberrante des structures financières), qui mobilisent toutes leurs énergies à faire perdurer les apparences trompeuses. Ils ont complètement perdu de vue le principe de réalité – et la réalité elle-même.
L’effondrement est donc, en quelque sorte, programmé. Car la caractéristique principale de la réalité, c’est qu’elle finit toujours par vous rattraper. C’est inévitable.
De plus, celui qui est obligé de travailler sans cesse à la consolidation et à la sauvegarde de ses mensonges s’y égare lui-même. Contrairement à « l’honnête homme » qui a l’esprit libre pour observer le réel et en tirer des conclusions, développant ainsi son intuition et affinant ses analyses (M. Jorion en est un exemple frappant), le menteur professionnel se perd dans son propre théâtre d’ombres, où bientôt il ne discerne plus rien.
Son jugement peut en être complètement aboli, l’amenant aussi bien à des erreurs critiques qu’à un sentiment de malaise diffus mais permanent. Suprème ironie de la situation : même le « bonheur » qu’il croyait trouver dans son succès lui échappe.
Ceux qui nous ont précédés nous ont laissé un principe moral : « mentir, c’est mal ». Or ils étaient incapables d’expliquer pourquoi. Je les soupçonne de l’avoir oublié, parce que notre culture admet depuis trop longtemps comme bénin le fait de mentir à tout propos. Dangereuse insouciance.
Et sans y mettre aucune connotation « religieuse » mais seulement une intention pragmatique, je dirai que cela sera certainement pour une grande part dans notre perte. En commençant celle du système financier qui est désormais totalement vérolé par l’imposture.
On pourrait dire, en quelque sorte, que la falsification pourrit la trame cognitive de notre monde. Il faut que nous en prenions conscience. D’autant qu’il s’agit pour l’essentiel de choix personnels, en fin de compte.
Pour conclure, il me faut quand même remettre certaines choses en perspective, car je peux sembler bien radicale à certains : oui, un monde où on avouerait tout, tout le temps, serait un enfer – probablement sanglant. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
C’est Coluche, en fait, qui a le mieux défini la sincérité : « ne pas mentir, ce n’est pas dire tout ce qu’on pense… mais simplement penser tout ce qu’on dit »
I. Nouvel, 5h 24 du matin :-), 24 juillet.
5h24 du matin + sourire + lucidité + choix + Coluche = petit bijoux de réflexion pendant que les autres dorment. Bravo.
Bonjour,
votre remarque souléve un point fondamentale,de ce qu’est la responsabilité individuelle dans une société qui « va » correctement.
Salutations
« la falsification pourrit la trame cognitive de notre monde ».
D’où la nécessité de mobilier toutes les ressources cognitives pour lutter contre cette falsification, qui réifie le réel. Le néo-libéralisme et la capitalisme ne sont pas qu’une prétention : c’est aussi un grand mensonge. Or, ce que nous faisons, ici, sur ce blog, est justement de mobiliser les savoirs et savoirs-faire des uns et des autres pour lutter contre ce mensonge.
Le cognitif ne peut faire l’impasse sur l’éthique (cf. Aristote et ‘Ethique à Nicomaque’). Car c’est sa base de déploiement. Sans elle, il serait comme un outil tout puissant mais aveugle.
Cordialement.
On avait déjà parlé de ça sur ce blog… Ce que nous rappelle cette crise c’est qu’aucun système humain ne peut marcher longtemps en faisant l’impasse sur l’éthique.
Isabelle
Je vous sens capable de nous écrire un texte sur « Comment l’illusion et le mensonge furent inventés ». Cela ne ferait-il pas un bon pendant au dernier opus de Paul?
@ Alain A
Bien sûr que j’en suis capable :-))
Ecrire a toujours été mon métier, avant que les modèles dominants ne parviennent à se débarrasser « mécaniquement » des gens qui à leur goût, pensaient trop et surtout qui, conscients de leur capacités, refusaient de les utiliser pour propager une parole mensongère.
Maintenant, je sais toujours écrire, bien sûr… mais il me faut pratiquer gracieusement, tout en me résignant à avoir des problèmes pour nourrir mes enfants (entre autres). Et je n’ai plus l’âge ni la santé pour bosser en indépendante, comme autrefois. Etre une femme seule avec des enfants est déjà un gros travail, alors y rajouter des journées de 15h… -_-
Ici, un excellent complément d’information sur la situation générale, par Omar Aktouf, prof HEC Montréal :
http://encerclement.info/extrait04-M.html
Mais en fait, ce commentaire est déjà un texte (je l’ai conçu ainsi). Il est venu naturellement -car cette réflexion était mûre- et finalement c’est un don au blog de Paul Jorion, dont j’apprécie le travail et l’honnêteté.
Il suffit de commencer à « Quelle que soit le type de civilisation que nous voudrions mettre en place » jusqu’à la citation de Coluche, vous avez l’unité de sens.
D’ailleurs il aurait fallu écrire « Quel que soit le type… »
Il était vraiment très tard, désolée, l’orthographe doit s’en ressentir – une bonne relecture ne serait pas de trop.
Pareil pour la citation de Coluche qui est légèrement tronquée, en fait c’était : « ne pas mentir, ce n’est pas dire tout ce qu’on pense… mais simplement penser tout ce qu’on dit »
Bref, tout ça pour dire que si M. Jorion veut le reprendre pour le mettre en valeur, je ne m’y opposerai pas, bien sûr. Sinon je ne l’aurai pas déposé ici ^^
« Le mesonge produit une foule d’hommes égarés.. »
L’état actuel de la Grèce illustre bien où on va quand les vérités sont cachées ou déformées: la presse grecque – tout la presse sauf internet – était acheté par le gouvernement et des lobbys, un journalisme indédendant n’y existait pratiquement pas. Le problème: la Gréce est partout, plus ou moins.
La première victime d’une guerre, c’est la vérité. (Kipling)
Reste à savoir si nous sommes en guerre ^^
De mon point de vue, oui.
Critique utile du soit disant capitalisme « cognitif » par JM Harribey
http://www.humanite.fr/29_06_2010-les-abeilles-nous-sauveront-elles-de-la-finance-448552
Merci Charles. C’est une autre critique radicale de ce ‘capitalisme cognitif’ que l’on souhaite nous faire absorber, différente de celle de Jean Zin intégrée dans le billet. Plus marxiste disons, mais tout aussi pertinente … 😉
Cordialement.
Même remarque que alainloreal. Plus:
« en lieu et place d’instaurer des cotisations sur le travail salarié, que celles-ci le soient sur la connaissance et le savoir-faire »
Je prend un exemple que je connais bien: Moi. Ce que j’ai de plus précieux, de mon point de vue, c’est ma connaissance mystique et mon savoir faire dans le domaine de la méditation profonde. Combien cela vaut-il ? Faudrait-il que je verse une cotisation sociale pour avoir droit à l’accès au vide ?
Je nie que la connaissance, l’intelligence, le savoir faire, le savoir, ou quoique ce soit d’abstrait, ait quelque place à tenir dans la répartition des richesses et je tiens la culture, l’art et le savoir en haut mépris. La solidarité sociale ne peut, à mon sens, avoir que deux sources imaginables: La production et/ou la consommation. A l’évidence, ce n’est pas sur la production qu’il fallait faire peser la solidarité sociale.
Trop « intelligent », dans un monde cruel et stupide, Zébu ». Remarque finale: Trop référencé. Face à un problème structurel, les références ne servent à rien. Surtout ces références culturelles qui n’ont jamais remis en cause la structure: La dominance sociale.
« je tiens la culture, l’art et le savoir en haut mépris« : on pourrait aussi bien mépriser la méditation…
C’est exact. C’est un savoir ‘commun’, provenant du patrimoine universel, que vous vous appropriez, personnellement. Ce savoir doit être protégé, justement, contre une utilisation lucrative et doit être RECONNU, universellement, comme savoir ‘commun’ à l’humanité. A l’inverse, votre expérience personnelle de méditation, propre à chaque homme, peut être RECONNUE, si vous souhaitez la partager car c’est un savoir-faire SPECIFIQUE que le savoir ‘commun’ à laquelle la méditation en tant que savoir ‘commun’ ne peut accéder.
S’il doit être taxé, ce ne sera pas par ceux qui l’utilisent à des fins non lucratives et personnelles mais AU CONTRAIRE par ceux qui souhaitent en tirer profit (exemple : dès lors où vous donnez des cours ‘payants’, utilisant ce type e savoir ‘commun’, vous DEVEZ être taxé en conséquence).
Vous avez oublié la suite du paragraphe, sur le service public et le secteur ‘tiers’ (non lucratif).
Suis-je plus clair ?
Cordialement.
Cette réponse me plonge dans la perplexité, Zébu. Remarque: Si quelqu’un avait l’intention de tirer profit de l’expérience mystique, ce serait la démonstration définitive de son absence de connaissance de cette même expérience. J’essaye en vain de généraliser. Quelle est la valeur d’un savoir ? Le droit d’auteur est à l’évidence un crime. A minima, une faute de goût majeure. Comment sortir de la mythologie du mérite en pensant taxer la connaissance ? Quelle valeur accorder à telle ou telle savoir dans une société qui ne fait même pas la différence entre culture universitaire et savoir ? Entre savoir « consensuel » et originalité ? Entre intelligence conventionnelle et éthique ?
Il y a peu, je regardais un reportage sur des jeunes gens ayant obtenu plus de 20/20 au BAC et qui venait recevoir les honneurs de Sarkosi pour cette réussite. Quid de ceux qui y sont allés ? Des traîtres ? Des idiots parfaits ? Des génies sans une once de morale ? Quelle est la valeur d’une connaissance qui ne rendrait pas impossible l’idée de serrer une telle main sans vomir ?
La connaissance n’est rien. Un maçon ne sait pas comment construire un mur: Il le fait. Et encore: S’il s’agit d’un mur de prison ou d’un mur de la honte, ce maçon ne relève que d’une connaissance maudite.
@ Betov :
Non, pas la taxation des connaissances !! (je crains de m’être très mal exprimé, vu le nombre de commentaires du même style). Mis bien assoir une taxation non pas sur le travail mais sur la connaissance utilisée, et selon ses fins (lucrative ou non). De plus, il fait différencier savoirs et savoirs-faire.
Quant au maçon, justement ! Il possède un savoir (qui lui a été transmis, soit par un compagnon, soit par maître, soit par un collègue, soit par un professeur), en formation ‘initiale’ ou lors de stages, ou lors de différents boulots ou même lors d’activités toutes personnelles, comme faire monter un mur en auto-constrution (partage et transfert des savoirs). S’il en fait son activité, professionnelle ou non, il développe ainsi un vrai savoir-faire, qu’il pourra retransmettre. Sans pour autant posséder le savoir de retransmettre le savoir : c’est justement e que montre finement le mystère de la chambre jaune. La transmission ou/et la compréhension des savoirs-faire peut se passer du savoir comme relais de transmission.
Allez lire cet article, c’est très intéressant.
Cordialement.
on peut toujours critiquer ce que vous proposez Zebu, mais ces réflexions ont le grand mérite d’ajouter aux pistes possibles d’évolutions de notre humanité.
Merci à vous et à votre contribution
pour ajouter aux réflexions intéressantes je signale le dernier numéro de « manière de voir » (publication du monde diplomatique) sur « le temps des utopies » et celle de l’économie politique n° 47 sur « pour une fiscalité au service des pauvres ».
bonjour,
taxer les savoirs et les savoir-faire plutôt que les salaires du commun revient en fait à surtaxer les hauts salaires … de ceux en principe qui détiennent un vrais talent.
Pour l’instant la réalité est tout autre, par exemple nombre d’ouvrier ont réellement de « l’or dans les mains » ( honneur à ces gens) mais ils sont sous payés par rapport à la richesse qu’ils représentent dans une entreprise, à l’opposé les salaires mirobolants de certains dirigeants reflétent ils là un talent exceptionnel ou un retour juteux pour service rendu à l’actionnaire ?
Au niveau des produits de consommation, la valeure cognitive de l’objet que je confond avec la valeure du service rendu au consommateur est trop souvent déconnecté du prix payé (le marketing joue à fond) , là ce devrait être le contraire, une basse valeure de service rendu (energie grise, fiabilité, sav) devrait être surtaxé.
Allons donc secouer le cocotier pour une TVA et des charges salariales progressives !
cordialement
Hummmm …
Justement, il n’y a pas de connexion automatique entre hauts salaires et vrais talents (exemple justement du secteur financier).
Se baser sur les avoirs et savoirs-faire permettrait justement de mieux répartir les richesses créées, à leurs justes valeurs : quelle savoir-faire amène un manager financier, au regard d’un ouvrier qualifié, dont le ‘savoir’ est défini comme pourtant ‘inférieur’ dans l’échelle normatif des savoirs actuelle à celui possédé par le manager financier, lui permettant d’accéder à des hauts salaires, pour un même taux de cotisations ?
Effectivement, des taux variables de cotisations, comme pour l’impôt sur le revenu, seul impôt ‘progressiste’ (dans les deux sens du terme) :c’est exactement ce que j’indiquais dans le billet.
Cordialement.
Je n’ai pas tout compris, j’ai même décroché à un moment donné, peut-être bien dans le fait d’avoir trop lu le terme cognitif dans les diverses passages de votre texte, enfin à chacun sa façon de voir et de parler des choses comme de la crise, je le répète ce n’est pas seulement la crise du capitalisme pour le monde.
Il est vrai contrairement à d’autres intervenants plus qualifiés que moi que je ne propose jamais rien, je me demande néanmoins combien de gens dans notre société sont en mesure de réellement comprendre votre texte, comme de vous suivre dans les diverses idées qui y sont exprimées, certains passages me renvoie même à ce même monde de penser comme d’expression en société, rassurez-vous tout n’est quand même pas aussi inabordable à la compréhension.
Le final de votre article me laisse aussi à réfléchir sur ce que vous sous entendez, lorsque vous dites qu’une telle réponse ne pourra être que forcément « collective », comme une obligation de plus pour l’homme de se mouler davantage dans un même moule de conduite pour tous. Je me doute bien que si nous voulons vraiment changer les choses pour les autres comme pour nous même, il nous faudra bien alors lisser le plus possible nos propositions de changement afin de pouvoir mieux obtenir l’assentiment, l’accord et l’acceptation de tous, c’est justement ce passage qui me laisse encore à méditer, ne pas trop associer non plus en latin le terme « civis » à un plus grand ensemble de personnes suggérant aux autres un même genre de valeurs dormir et coucher tous ensemble sous le même toit ou le même enclos, pour plus de sécurité visible à travers un autre de plus fonctionnant pareillement comme d’autres.
Votre passage aussi sur l’aspect formation, me laisse aussi à réfléchir mais pour le moment je préfère me contenter qu’à ce modeste commentaire sans intérêt.
Je salue néanmoins votre démarche cordialement, mais personnellement je n’ai jamais réellement eu un bon esprit d’équipe en société, pardonnez-moi, mais lorsque l’esprit de l’homme se diffuse trop dans l’esprit groupe, surtout dans ce monde actuel et dans un bon nombre de gens au travail,
ce n’est plus guère hélas une meilleure société d’adultes que je vois mais bien plus son contraire préférant encore jouer plus longtemps collectivement ensemble, veuillez alors me comprendre, mais pour le moment je préfère encore rêver et méditer d’un autre monde plus adulte, c’est-à-dire réellement adulte et moins de faux semblants …
« Il est vrai contrairement à d’autres intervenants plus qualifiés que moi que je ne propose jamais rien ».
Jérémie, ce genre e réponse est justement objet de la ‘civilisation cognitive’, selon moi. Il n’y a pas dépossession de vos facultés d’analyse et de participation car il n’y a pas de ‘qualification’ obligatoire pour participer à une discussion. Et vous ne proposez pas rien, puisque vous participez à cet échange. Ce paradigme là ‘oblige’ en premier lieu à RECONNAITRE ses propres savoirs et savoirs-faire et a les faire reconnaître aux autres : vous êtes qualifié pour donner votre avis car vous possédez en vous les savoirs ‘communs’ que tous ou la plupart ont reçus, en degré variable.
Quant à l’aspect ‘techniciste’ de la discussion, c’est une erreur à corriger car tout texte doit être facilement compréhensible, par tous ceux qui savent lire, écrire et possèdent les rudiments de raisonnements. Une constitution devrait être ainsi. Les textes aussi.
Vais essayer de faire un effort car je vois bien que mon texte soulève beaucoup d’interrogations. C’est le processus cognitif : je ne peux reconnaître mon savoir-faire que si les autres participent aussi à cette reconnaissance.
Cordialement.
😉
Tenter de faire coller l
A la première lecture de cet article, je voudrai valider un exemple ayant trait à la relocalisation de la production dans la zone géographique du monde qui l’utilisera : prenons par exemple la production de casseroles de cuisine en Europe, c’est une industrie métallurgique produisant des objets courant :
– pour fabriquer des casseroles il faut des presses à emboutir d’assez forte puissance, c’est un outil de production couteux
– basée sur ce qui est appelé dans cet article « les savoir communs », il y aura donc un taux élevé d’imposition sur le savoir universel, l’innovation est à priori faible les principaux progrès récents portent sur une augmentation de la taille des presses qui permettent de fabriquer plus d’objets en même temps or cet innovation se trouve chez les fabricants de presses pas chez les utilisateurs
– il faut des personnes qualifiées pour concevoir et fabriquer les outils d’emboutissage ainsi que des personnes avec beaucoup de savoir faire pour les régler et les entretenir.
– il faut soit des manutentionnaires pour alimenter les presses et ranger les produits fabriqués, soit des systèmes automatisés.
Il me semble alors que ce type de production de biens se voit donc pénalisé quant à ses coûts et ses taxes et les sociétés qui fabriquent ce genre de produit ont peu d’intérêt à s’implanter dans la zone géographique qui utiliserai le système décrit.
Ceci me semble paradoxale alors qu’à la description du système proposé, il me semble comprendre que des gens à l’intelligence moins développée que d’autre (je tiens à préciser que je ne porte pas de jugement de valeur quant à la qualité de ces personnes, j’essaye de prendre en compte la spécificité de chaque individu dans la société) ne s’en tirerons pas très bien car moins capable d’apprendre des savoirs et des savoirs-faire ce qui leur donnera un revenu moindre sans grand espoir d’amélioration, comme c’est déjà le cas aujourd’hui (même si ces personnes sont loin d’être les seules touchées par cet effet là)
Qu’en pensez vous ?
@ Runn :
Je ne crois pas, au contraire. Fabriquer des casseroles ne nécessite pas de savoirs-faire spécifiques quant à la production MECANIQUE. Par contre, cela nécessite des fortes valeurs e savoirs-faire en création de ces machines et en gestion de celles-ci dans leurs productions, par les ouvriers. Ces mêmes ouvriers peuvent ne pas posséder, à un temps x, de savoirs ‘élevés’ (l’échelle ne signifie pas grand chose dans une civilisation cognitive, à terme) mais un savoir-faire très fin, quant à l’utilisation de cette machine : réglage, amélioration du système de production, …
C’est justement cela qui doit être RECONNU, à la fois par les ouvriers et à la fois par l’entreprise qui les emploie : sans ce savoir-faire fin, le système de production périclite dans un système non amélioré. Une bonne part du processus de production sera donc taxé sur la base de l’utilisation de savoirs ‘communs’ (mécanique, énergie, etc.) mais le reste, le savoir-faire spécifique de l’entreprise, détenue par ceux qui utilisent la machine sera valorisé car reconnu et taxé à sa ‘juste’ valeur : assiette moins large, taux moins élevé. L’innovation (mais pas qu’au sens technique, au sens cognitif) sera ainsi ‘récompensée’, en premier lieu, pour les ouvriers, dont les savoirs-faire seront reconnus et donc payés en conséquence.
A l’inverse, une entreprise de production de casserole qui ne reconnaitrait pas ces savoirs-faire ne serait taxée sur l’ensemble de son processus de fabrication QUE sur les savoirs ‘communs’, donc plus cher que si cette même entreprise avait valorisé les savoirs-faire spécifiques de ses ouvriers, qui lui permettrait à la fois d’être moins taxé (assiette et taux plus réduit sur la part du savoir-faire spécifique) et de ‘motiver’ (RECONNAITRE) ses ouvriers, en les payant par ailleurs mieux.
Ce serait ainsi une ‘démarche cognitive Qualité’, non productiviste ou pas seulement.
J’espère avoir été plus clair ainsi.
Cordialement.
Tenter de faire coller l’idée du futur à une évolution supposée de la vie réelle.
La démarche et la réflexion est la même que celle que se posait Malthus lorsqu’il vit arriver la machine à vapeur, il ne pouvait à partir du réel estimer ce qu’il adviendrait ensuite, en partie avec l’avènement de la machine tout court qui déboucha sur une évolution complète, frigo, Tv, phone, Pc…
A partir de la situation actuelle, bien évidemment nous travaillerons moins, productivité oblige dûe à la créativité de l’homme, l’informatique fut un rêve, il aurait pu créer de nouveaux marchés ( ce qu’il fit ) et donc lancer une nouvelle révolution ( bulle de l’an 2000 ), aujourd’hui on l’espère verte cette révolution…
Sauf que s’il faut des usines pour produire des machines, pour produire de l’informatique, il suffit de concevoir et ensuite de l’expédier tel quel à travers ce fantastique tuyau qu’est internet, bref il ne motive pas l’espoir de la révolution industrielle…car il crée bien moins d’emplois !
Comment meubler ce temps libéré, le cognitif est une vision possible, elle a débouché d’ailleurs sur cette croyance que nous pourrions lutter contre les pays émergents grâce à notre intelligence supérieure qui découlerait de ce temps supplémentaire ( 35 H par exemple ) pour devenir plus intelligent…
A côté de cette évolution et comme en 1788, le pouvoir royal si je peux dire s’est réinstallé, la noblesse est celle de l’argent, des médias, des VIP, de ceux qui ont quelque chose de plus que les autres, irons nous vers une révolution contre ce super pouvoir approprié !!!
En fait nous ne savons pas vers quoi nous allons, ce temps de libre, pour l’instant, nous l’utilisons pour des loisirs, des voyages, sans doute est-ce sur ce point qu’il faudrait disserter, comment mieux utiliser ce temps et le peut-on réellement…
Sur la caste qui a le pouvoir aujourd’hui, en laisse-t-elle assez aux autres, voilà aussi une autre piste de réflexion…1788 je te tiens..
Pour ma part, je vous en donne une autre, étudiant je m’interrogeais sur l’égalité homme/femme, en fait surtout sur le fait que la femme n’avait auparavant pas de liberté financière et pas de liberté du tout, du fait qu’elle ne travaillait pas.
Pour les enfants, la liberté de la femme est survenue grâce à la contraception, ma théorie était que la femme avait un rôle dans la société, tout comme l’homme, mais venir travailler pour avoir l’indépendance financière était absurde, il eut fallu que la femme eut un salaire pour l’activité qu’elle avait envers la société.
C’est elle qui assurait la réception des enfants au retour de l’école, qui surveillait les enfants et assurait les devoirs, c’est elle qui faisait le lien entre les générations, c’est elle qui mettait de l’huile dans les rouages de la société, elle avait une certaine sérénité qu’elle donnait aux autres…
Mais ce travail n’était pas reconnu, vous remarquerez au passage qu’une valeur de ce travail est donné dans la PIB, que la réflexion récente tente à donner une réelle valeur à ce lien social qu’entretenait la femme.
Alors pourquoi ne pas rêver revenir en arrière, donner un salaire à la femme qui lui donnerait sont indépendance financière et donc sa liberté en faisant ce qu’elle a fait de si nombreuses générations, assurer la sauvegarde du lien social..
Plus de problèmes d’éducation et d’incivilité, plus d’urgence pour le couple et la vie familiale le soir, le chômage en réduction drastique, les gens âgés plus solitaires…
Ce n’est pas un retour en arrière que je prône, je pense que homme et femme sont complémentaires avant tout et égaux dans leur liberté de vivre, mais je crois que pour trouver un nouvel équilibre pour demain, il faudra aller plus loin que cette réflexion sur le cognitif…
A travers le capitalisme si décrié, c’est d’un côté la concentration du pouvoir comme sous la noblesse de Louis XIV qui est décriée, mais aussi avec ce temps libre apparait des besoins supplémentaires et donc des besoins financiers tout court, reste que nous voyons bien, comme en 1993, que fournir du travail à tous est une UTOPIE de politique désormais, nous avons peur, extrapoler ce qui se passe actuellement ne permettra pas à mon avis de penser le monde de demain…
La gageure est tellement importante qu’il faut aller au delà du présent, tenter de comprendre si à un moment la société à fait de mauvais choix, si c’est le cas, tenter de penser à revenir à ce moment et essayer autre chose, reste l’ultime question, le développement éternel de l’homme dans un monde fini est-il réaliste…
Bref ne sommes nous pas à la fin du développement insensé de l’homme, sans doute est ce la question la plus pertinente actuellement, reste que c’est une question dérangeante, dans tous les cas, je pense que la génération d’après 68 aura été une génération bénie, nous aurons tout connu, l’ascension vertigineuse de l’homme, verrons nous sa chute, sans doute de ce questionnement vient mon incapacité à me projeter avec optimiste vers le futur et sans doute et indirectement mon mal de vivre actuel…
« Pour ma part, je vous en donne une autre, étudiant je m’interrogeais sur l’égalité homme/femme, en fait surtout sur le fait que la femme n’avait auparavant pas de liberté financière et pas de liberté du tout, du fait qu’elle ne travaillait pas. »
La femme ne travaillait pas ? Vous parlez sans doute de la conception erronée d’une certaine classe privilégiée mais très minoritaire, celle dont les femmes ne travaillaient pas, qui essaye d’imposer l’idée que le travail féminin serait une nouveauté . Or, les femmes qui ne travaillaient pas ont toujours été très minoritaires : les aristocrates et les grandes bourgeoises . Historiquement, même au Moyen-Age, la grande majorité des femmes a toujours travaillé . Chacune de ces femmes qui ne travaillaient pas avait à son service une dizaine de femmes au travail : lingère, cuisinière, femme de chambre, couturière, femme de ménages, gouvernante . Les paysannes et les commerçantes ont toujours travaillé et il y en a toujours eu . De même dans l’artisanat et ensuite dans l’industrie
Personnellement, issue du milieu ouvrier, j’ai toujours vu ma mère, ma grand-mère, mon arrière grand mère travailler pour un salaire ( employée d’usine, ménages, lessives pour des bourgeois, petit commerce ou travail à la ferme) pour gagner la vie de la famille tout comme leur époux, en sachant très bien qu’aussi loin que l’on puisse remonter, mes ancêtres féminines travaillaient .
Le plus amusant, c’est que les historiens âgés qui soutiennent que le travail salarié des femmes est un phénomène récent voyaient bien chez leurs parents et leurs grands-parents une femme de ménage, une repasseuse, une couturière. Ils achetaient leur pain à la boulangère , leur épouse se faisait friser chez la coiffeuse, ils achetaient leur thé chez l’épicière ou à sa vendeuse, leurs volailles , leurs oeufs et leurs fromages à la fermière qui employait en plus des filles de ferme pour l’aider dans son travail, croisaient les lavandières transportant des lessiveuses remplies du linge de leurs clients . Et malgré tout ils soutiennent mordicus qu’à leur époque les femmes ne travaillaient pas !
Rectifions : à leur époque, la minorité des femmes de ll’aristocratie et de la haute bourgeoisie ne travaillaient pas mais faisaient travailler les autres femmes, la grande majorité des femmes .
Aujourd’hui, un certain nombre de femmes de l’aristocratie et de bourgeoises travaillent aussi dans des emplois plus valorisants. C’est là la seule différence .
« Comment meubler ce temps libéré, le cognitif est une vision possible, elle a débouché d’ailleurs sur cette croyance que nous pourrions lutter contre les pays émergents grâce à notre intelligence supérieure qui découlerait de ce temps supplémentaire ( 35 H par exemple ) pour devenir plus intelligent… »
Cette croyance, c’est justement le ‘capitalisme cognitif’ ou ‘productivisme cognitif’ : la recherche de la compétitivité à tout crin ne mène nulle part, selon moi. La quantification de l’intelligence aussi. Par contre, l’intelligence collective, associée non pas au productivisme mais à la coopération mène vers bien autre chose que ce vers quoi ce type de capitalisme veut nous emmener.
Cordialement.
La société cognitive ? On en est très loin, nous allons surtout vers une société de la Com, de la Propagande et de la Manipulation . l’évolution ne pourra venir que de l’Education et de l’Instruction dès la maternelle pour développer l’intelligence de chacun ; or de cela, point de salut…..
« La société cognitive ? On en est très loin, nous allons surtout vers une société de la Com, de la Propagande et de la Manipulation. » : tout ce que vous citez résultant de la cognition, on est en plein dans « la société cognitive » !
Une révolution mondiale.? impossible et heureusement! Une révoution européenne.? mêmes réactions. Une révolution française.? Peut-être car nous sommes des spécialistes en la matière. Mais pour changer quoi.? En unpeu plus de deux siècles nous avons fait trois et rien n’a changé Les hommes se sont enflammés par pultion et les premières têtes qui roulent demandent toujours d’en avoir d’autres car ce genre d’exercice exite l’appétit des foules.. Les analyses des deux siècles passés montrent que rien n’a changé depuis dans les comportements sociaux. Alors d’accord pour un changement des méthodes de gouvernance dans le monde en général oui, mais en France en particulier sûrement car, c’est plus que nécessaire.
Hormis 1917, je ne connais pas, sur le continent, de révolution faite avec l’intention d’instaurer un modèle prédéfini. On peut tout reprocher aux bourgeois, mais sûrement pas d’être en manque dans l’art de justifier et user de la matraque pour faire respecter un certain ordre social. Tout cela explique pourquoi les révolutions retombent dans l’ornière du capitalisme.
@ Crapaud Rouge :
Yes sir !
L’utilitarisme, moteur de protection du capitalisme. Cf. Mai 68.
Par contre, pour 1917, je ne suis pas si certain que le nouveau paradigme ait été finalisé avant la révolution mais plutôt qu’il a été initié par Marx, par Hegel et finalisé par Lénine … dans la pratique. Le savoir-faire, Crapaud Rouge, le savoir-faire !!
D’ailleurs, ce savoir-faire révolutionnaire fut ‘reconnu’, mondialement : révolution ‘made in USSR’ a été le label longtemps apposé (et imposé) sur tous les continents.
Malheureusement.
Un article qui ouvre des perspectives.
Mais on reste toujours sur un système où il faut des salaires et des taxes pour que cela fonctionne.
Je suis pour le tout gratuit.
Oui, oui, je sais, les feignants qui, que ………….;;
Pourtant je constate que dans tous les domaines il y a des passionnés, des gens qui ont la « vocation », des « doués pour quelque chose », ils possèdent une intelligence particulière, de la main, du coeur, des yeux, de la parole, de la pensée, etc…..
Et nombre de ces gens là sont soit inemployés, sous employés ou malheureux dans leur emploi car ils ne peuvent l’exercer correctement.
Je pense, par exemple, à un membre de ma famille qui est un petit génie de la mécanique-électronique-informatique, les garagistes se l’arrachent.
Il a eu la chance de passer le barrage de la « connaissance obligatoire » imposée par l’école, a obtenu un diplôme et ainsi a eu le « droit » de « monnayer » son savoir faire.
Aujourd’hui il y a des millions de chômeurs.
Et tous ces gens là ne demandent qu’à travailler.
A partir du moment où tout est gratuit, le travail peut être effectué par beaucoup plus de gens, calmement, posément, avec l’amour du travail bien fait, sans les contraintes de temps, de rentabilité, de compétitivité, etc…
Et pour les travaux particulièrement pénibles, non seulement la pénibilité sera partagée entre beuacoup de personnes, ce qui l’allègera d’autant, mais d’autres personnes pourront travailler à rendre ces travaux moins pénibles, voire plus du tout, sans avoir justement cette contrainte de la rentabilité à tout crin !
@Louise:
Les actes humains ont toujours un but. Si certains (une minorité) ne demande qu’à travailler, l’immense majorité ne demande, en fait, qu’à consommer. Même ceux qui seraient susceptibles d’agir pour le bien commun dans une utopie réalisée du tout gratuit, le feraient pour un motif personnel: L’estime de soi. Et comme cette estime de soi dépend entièrement de la reconnaissance sociale, c’est à dire de la dominance…
De fait, l’humanité dans son ensemble n’a jamais si bien fonctionné qu’aujourd’hui. L’être humain n’a jamais eu tant de richesses à disposition. Le seul et unique problème qui se pose est celui de la répartition. C’est le problème racine. Qu’on tourne ce problème comme on veut, il ne peut avoir qu’un seule solution: La criminalisation de l’excès de richesse. Toute autre proposition ne peut être, au final, que diversion de type Front de Gauche.
Pour l’heure, devant nous, et de façon incontournable sans restructuration de la dominance sociale, il n’y a rien d’autre que la prédation ou la guerre, probablement les deux, la dominance sociale ne pouvant pas exister sans l’un ou sans l’autre. Pour la première fois depuis le néolithique, l’humanité ne peut plus aller ailleurs que vers sa destruction ou vers la destruction de la dominance sociale. Même la convergence des systèmes sociaux vers le totalitarisme généralisé ne fera pas l’affaire, ne pouvant faire que ce qu’il sait faire: Accroître la prédation. C’est-à-dire s’enfoncer dans sa propre contradiction de base.
entre l’utopie louisienne et la deprime totale van betovienne ( jeux de mots) je propose une mesure simple , efficace , il suffit de definir un salaire (ou plutot une richesse) maximum , et l’humanite deviendra tres vite plus humaine.
reste a definir cette richesse maximale (on redefinira au passage ce qu’est la richesse minimale)
richesse minimale : manger , se loger , avoir le temps d’aimer , ne pas etre inquiet de l’avenir
richesse maximale : euh je reflechis …. boing boing boing ….. 100 millions d’euros soit 170 fois moins que lilane bettancourt . ou 1 millions d’euros /an pendant cent ans .
franchement c’est deja pas mal et en echange , la societe promet de ne pas etre envieux ou agressif envers vous . Allez top la …
Rappellez vous les anglais qui en 1447 ne voulait pas signer un traité de traité de paix avec les francais et 3 ans plus tard se font etrier a formpigny grace a l’intervention du connetable de richemont (un breton je le signale au passage) . IL faut savoir signer quand il est encore temps !!!!!
@ Betov
Qui ou quoi sera capable d’imposer la criminalisation de l’accaparement des richesses ? Supposons que nous puissions tous nous réveiller, échapper aux conditionnements médiatiques et pratiquer tous ensembles le rétropédalage, cela serait il suffisant pour changer de paradigme ? Rien n’est moins sûr .
Faire la guerre à l’élite mondialisée qui possède tout ? Comment allons-nous financer nos opérations militaires ?
Non, le changement aura lieu de l’intérieur avec un retour du spirituel comme le prédisait A . Malraux . Il nous faudrait la preuve tangible que les affaires ne cessent pas une fois nos petites existences terrestres terminées, afin de calmer les ardeurs prédatrices tellement à la mode actuellement !
@Betov et à pauvre pèlerin
Ajouter des vérités partielles à d’autres vérités partielles n’autorise aucune certitude .
Perceval, la limite se définit d’elle-même. La fortune maximale correspond à ce qu’un homme très doué, très avare, très travailleur… peut accumuler en travaillant seul (sans exploiter personne), en toute une vie. Il faudrait une petite étude sociologique pour fixer le curseur, mais je suppose, à la louche, que cela pourrait difficilement dépasser cinq ou six millions d’euros.
Quant au salaire maximal, il semble que ce soit une fausse bonne idée:
D’une part, les grands dominants sociaux n’ont pas besoin de salaire du tout, étant donné les multiples types de revenus dont ils disposent.
D’autre part, certaines professions spéciales (prostitué(e)s, artistes, sportifs, …) ne doivent pas être plafonnées en termes de salaires mensuels ou annuels, étant donnée la courte durée d’activité de ces professions.
@Paul-émile:
Malraux ne pouvait pas savoir ce que le mot spirituel signifie… sauf, justement, à lui donner une acception religieuse. Plutôt mort que croyant.
Si une solution « spirituelle » était possible (ce que je ne crois pas -sans jeu de mot-), cette mutation ne serait pas religieuse mais *mystique*. C’est-à-dire tout son contraire, l’expérience mystique, par nature personnelle et secrète, étant totalement incompatible avec quelque forme religieuse que ce soit. Toute forme religieuse, même monastique, relève de la perdition de l’être (avec jeu de mot, cette fois… comprenne qui pourra…) et ne sort pas des contorsions sociales.
Un bon curé est un curé mort. Faire l’expérience mystique, c’est cesser d’être. Contrairement à la psychanalyse, la mystique ne peut tolérer d’écoute extérieure. On plonge dans l’expérience mystique comme on plonge dans la mort: Seul. Et quand on en revient, on a rien à dire qu’autrui pourrait entendre.
@ betov ,
My name is Perceval78 , not Perceval .
Evidemment , il est hors de question que la richesse s’acquiert en exploitant autrui .
>>> cela pourrait difficilement dépasser cinq ou six millions d’euros.
je ne faisais qu’une simple proposition
>>>>>D’une part, les grands dominants sociaux n’ont pas besoin de salaire du tout
c pourquoi je parlais de richesse
>>>D’autre part, certaines professions spéciales (prostitué(e)s, artistes, sportifs, …) ne doivent >>>pas être plafonnées en termes de salaires mensuels ou annuels, étant donnée la courte durée
c pourquoi je parlais de richesse accumulée sur une vie entiere
@ Louise :
Je ne suis pas pour le tout gratuit (je l’utilise aussi moi-même 😉 ). Mais encore moins pour le tout payant. Entre les deux …
Dans le billet, j’ai parlé du secteur public mais aussi du tiers secteur avec le bénévolat, sans compter le revenu garanti qui pourrait être financé par les taxes sur les savoirs ‘communs’ utilisés à des fins lucratives. Pour le reste, justement, si les savoirs ‘communs’ sont reconnus, ils sont aussi protégés car fortement taxés en cas d’utilisation lucrative.
Dans la grande majorité des objets ou des productions, il y a ces deux parts. Vouloir les réduire à l’une ou l’autre n’a mené nulle part jusqu’à maintenant, dans les deux sens. Il serait temps selon moi que l’on reconnaisse enfin cette DUALITE. Elle permet d’éviter le débat, sans fin (but du capitalisme) sur la propriété des choses.
Enfin, je crois …
Cordialement.
@ betov ,
je dis 100 millions , vous dites 5 millions
comme l’ideal est une societe democratique , il serait normal que ce soit le peuple qui decide de ce montant maximum .
ca m’interessesrait de savoir ce qu’en pens les autres lecteurs .
Ah Perceval 78, j’aime votre programme,
Gagner cinq ou six millions d’euros sans le faire au dépends d’autrui, ce sera quand même coton, et ce maximum représente une cinquantaine d’habitation standard : une paille.
Pour les déplafonnement de capital pour prostituées et sportifs, seuls les seconds, en fait seront necessaires puisque l’un dans l’autre, cela revient au même….
Ecrivez nous encore !
@ perceval78
Limiter la richesse, soit ! Mais qui pourra imposer à nos puissants au pouvoir de voter cette loi ?
Une Terreur comme celle de la Révolution Française ? Au lieu de mettre leur tête au bout d’une pique, on peut trouver un système pédagogique pour dissuader les riches de dépasser un certain plafond : les rassembler dans un espace comme le Plateau du Larzac, très vaste mais entièrement clos, avec juste quelques frusques sur le dos plus un anorak et rien d’autre . Ces personnes qui ont toujours été servies depuis des générations devront se construire leurs outils avant de se faire un abri et de se procurer leur propre nourriture par la cueillette, la chasse et la pêche avant de récolter leurs premières cultures .
Au bout de quelques années, elles auraient compris .
@ Betov
» Le seul et unique problème qui se pose est celui de la répartition. C’est le problème racine. Qu’on tourne ce problème comme on veut, il ne peut avoir qu’un seule solution: La criminalisation de l’excès de richesse. »
Voilà la clé de l’histoire, le pot (aux-roses) autour duquel les philosophes, ici comme ailleurs, tournent inutilement avec leurs tonnes de mots inutiles.
tout d’abord: MERCI à zébu pour son approche non conventionnelle; risquée mais ô combien enrichissante.
concernant le changement de paradigme énoncé, je rejoindrais volontiers « la thèse houellebecienne » de mutation métaphysique car effectivement la science et ses avancées nous mène peu à peu vers une autre humanité: car si le siècle passé nous a offert une révolution industrielle aux conséquences déjà notoires sur nos sociétés, il est possible que le siècle qui débute ou celui qui y succedera nous livre une autre révolution aux conséquences incroyablement spectaculaires non sur les sociétés mais sur les civilisations voire l’humanité même: une révolution biologique ou génétique ou plutôt phylogénétique.
Une révolution, oui, c’est bien le mot, quand pour perpétuer l’espèce, il n’est plus nécessaire que papa et maman s’unissent mais que papa seul ou maman seule puisse assurer cette fonction. Et second effet kiss cool: alors que l’on peut soi-même assurer sa descendance, on peut le faire à l’infini. Oui, Houellebecq est visionnaire, oui, Houellebecq a senti et décrit la mutation à venir.
Les conséquences sont insoupçonnées et ne nous étonnons pas des remous actuels économiques ou sociétaux ou financiers ou familiaux ou …..bref tout est lié.
pour faire simple (si possible): l’humanité jusqu’à maintenant, c’est papa et maman qui assure l’avenir avec papa qui sait qu’il ne pourra jamais assurer lui-même seul cette tâche ET qui, frustré de cela montrera à la femme qu’il est le plus FORT (musculairement) = patriarcat. Tandis que maman sait que si elle le veut, elle peut assez facilement faire des enfants toute seule et donc perpétuer l’espèce. Elle est donc en position de FORCE (mais sagement se plie à la domination qu’elle sait factice du mâle).
La mutation induite par l’avancée totalisante des techno-sciences conduit progressivement :
ds un premier temps à : donner la possibilité à papa de faire un enfant seul avec l’invention de l’utérus artificiel (j’entends les sceptiques dire qu’il faut qd même un ovule pour faire un bb; évidemment mais comme il était facile pour la maman de trouver un spermatozoïde (par la séduction), il sera aisé pour le papa de trouver un ovocyte (par la force). Donc papa fait un enfant seul et maman est frustré que papa puisse se passer d’elle: d’ou avènement progressif du matriarcat et de toutes ses conséquences: hyperconsommation, intolérance à la frustation, personnalité addictive….
ds un second temps: égalité homme-femme puisque la science va permettre à papa et à maman de faire un enfant seul ds son coin et par centaine s’ils le veulent………..conséquences insoupçonnées sur une humanité disons….transgenre….
vos remarques SVP…
Mes félicitations pour ce texte, Zébu, très intéressant à lire. Une solution serait donc une sorte de politique redistributive type Trente Glorieuses, fondée sur l’impôt et la taxation, mais en fonction du savoir plutôt que du travail. Le défaut de cette solution est de ne pas s’attaquer au principe de base du capitalisme qui consiste à se disputer l’appropriation des richesses, qu’elles soient sous forme d’argent, de bien matériels ou de connaissances. Avant d’envisager tel ou tel nouveau paradigme, il faut prendre conscience que nous sommes réduits à tout décider selon une perspective bien connue et un tantinet réductrice qui se nomme « pertes ou profits ». Nous sommes sur un échiquier où les règles n’ont plus aucune importance, seul compte in fine ce que vous mettez sur les cases blanches, les profits, et les cases noires, les pertes. L’argent est le seul enjeu véritable, tout le reste, absolument tout, s’y trouve asservi. Il faut donc se libérer de se carcan avant d’envisager un autre paradigme. (Ou bien le nouveau paradigme doit dire comment briser le carcan.)
Vous n’êtes pas le premier à vous pencher sur le versant cognitiviste des choses, mais quand je vois un titre tel que Le capitalisme cognitif, la nouvelle grande transformation, je rigole, parce que le capitalisme est congénitalement cognitiviste : pas de gain de productivité sans connaissances intégrées dans ses processus et structures organisationnelles.
@ Crapaud Rouge :
Arghhhh !!!!
Je vais encore me répéter mais dans le billet j’énonce aussi justement la part nécessaire du ‘service public’ (appelez le comme vous voulez) et du ‘tiers’ secteur. De même, la RECONNAISSANCE de savoirs ‘communs’ doit permettre :
1/ que ces avoirs ‘communs’ soient enfin ‘payés’ lorsqu’ils sont utilisés à des fins lucratives, ce qui n’existe absolument pas actuellement
2/ que ces savoirs ‘communs’ soient reconnus à leurs justes valeurs (à mon sens, très haut et donc avec des assiettes et des taux de cotisations très hauts).
De sorte que l’argent devient plus difficile à accumuler, que cette accumulation est issue d’une répartition plus juste entre savoirs ‘communs’ et savoirs-faire, que de cette répartition naît un financement d’un revenu garanti, etc.
L’argent devient dès lors moins RECONNU que ne pourront l’être les savoirs et les savoirs-faire dans ce système, en tant que tel : il devient plus la base de l’échange, l’argent pour l’argent.
Ar -> ‘produit’ -> Ar mais Savoirs -> Ar -> Savoirs.
Enfin, le capitalisme n’est pas fondamentalement cognitif comme il souhaiterait le laisser accroire : c’est justement l’inverse que Jean Zin démontre et démonte dans son article critique (radical) de ce fumeux concept de capitalisme cognitif.
Cordialement.
Témoignage à l’attention des banksters et autres politiques
Une auditrice en colère craque en direct – RMC 21-07-2010
envoyé par xandercagex. – L’info internationale vidéo.
Et oui, en plus d’être devenu un objet de crainte, le système financier en ait devenu indescent.
Comment un système devenu indescent peut il espéré redonner confiance ?
Cette Laetitia a tout compris…
Il me semble que dans l’enveloppe psychcognitive au sens large, et puisque l’article commence par la question du sens, ce que l’on interroge pas suffisamment est le futur, c’est le rapport au temps qui est faussé. Il me semble que l’avenir n’émerge pas dans nos esprits et que nous vivons toujours sur le mythe positiviste qui a remplacé les religions au 19è s.
Les questions auxquelles répondait la religion ont été transposées ou supprimées, dans l’idée de Révolution, dans celle de l’Art, dans les sciences dures ou humaines, tout ceci nous épargne le fait d’avoir à penser l’avenir, puisque le monde avance tout seul n’est-ce pas. Comme des fétus nous nous laissons porter par l’onde d’un monde qui va, inconscients. Le liquide amniotique du monde est une chose sécrétée par le tropisme du passé ! On n’a pas encore compris que le passé est mort. l’illusion de l’immortalité est partout présente.
Le tropisme historique, la fascination pour le passé nous immerge dans ce mythe aussi freudien que le sens est sauf et qu’il se suffit, le mythe d’une « Aufhebung » hégélienne du tout dans le tout par le tout et qu’il n’y a qu’à fermer les yeux. La religion est finie, mais ça ne va pas si mal.
Nous épargne aussi toute question de responsabilité par rapport à l’avenir dans ce shéma d’un monde qui suit ses axes eschatologiques autonomes, l’immanence a pris le relai de la transcendance. Pas d’avenir, pas de responsabilité ! pas de projet, pas de devoir, etc.
Cet aveuglement là est le pire de tous, qui va de paire avec le culte de la jeunesse, les série TV et tout cet abrutissement généralisé, de sorte que personne ne voit plus le ciel au delà de cocon civilisationel. La civilisation est un ventre maternel et nous ne sommes pas vraiment nés ou en état de naitre, naitre c’est naitre à l’avenir et non au passé.
Je considère cette crise économique comme une perte de temps lamentable. Si voltaire revenait, il y aurait un autre Zadig…
« naitre c’est naitre à l’avenir et non au passé ».
Certes, mais seul le passé (et le présent) peut accoucher de l’avenir. Le Deus Ex Machina n’existe pas. Et il n’existera pas.
Toute révolution est ancrée : on peut faire du passé table rase mais on ne peut l’ignorer.
Cordialement.
@zébu
Oui, je voulais dire qu’on se laisse un peu bercer par le passé, l’élan du passé… avec comme conséquence le fait de croire que l’avenir n’est pas un problème, outre que le chiffre (+ 2 C de réchauffement…)
Ce message est un peu une bombe atomique, il ne faut pas le lire… c’est un poison mental.
D’un côté on fait grand cas du jugement de l’Histoire, d’un autre on se comporte comme si cela était égal (voir sarkozy et des dizaines d’autres). Selon Freud, l’inconscient ne connait pas la négation… qu’est-ce qu’il veut dire…. Une incapacité à penser la mort ? Et pourtant le contenu des rêves comporte la négation… un rêve de vol, de perte. Et pourtant les responsables se fichent du jugement de l’Histoire, de l’avenir ils n’en ont rien à faire. c’est pourquoi j’aborde ce thème de l’avenir…
Le « paradigme » est utilisé par Kuhn, ex : Newton -> Einstein, Euclide -> Riemann, cercle -> Elypse. Dans ce cas le nouveau paradigme n’aboli pas l’ancien mais le restitue comme cas particulier d’un domaine plus large
Quel serait le paradigme dont le capitalisme n’est qu’en cas particulier …?
c’est vrai qu’on se laisse bercer par le passé (en psy, c’est grave ?). Et concernant le paradigme qui permettrait d’effacer le capitalisme, il faudrait qu’il puisse rendre obsolescent, inutile, même pas digne de mépris le productivisme, la concurrence, la lucrativité sans fins, réduise la propriété privée à a juste valeur, soit autant que la propriété commune, etc.
Vaste programme.
Bonjour,
Je rejoins absolument les premiers commentaires en ce que je trouve le début de l’article très bon dans l’analyse mais absolument hors des réalités en même temps qu’annonciateur de lendemains, notamment paperassiers et tracassiers, qui déchantent sérieusement dans la solution proposée en seconde partie.
Cordialement,
je pense que ce que vous reprochez a la deuxieme partie sans le savoir (evidemment ) c’est l’utilisation de deux mots qui frappent l’usage du bon francais , a savoir : ludiisme et paradigmatique . Mr jorion aurait du dire : la fin du paradigme , hyper important le respect de la grammaire !!!!!!
Monsieur perceval, d’abord le texte n’est pas de monsieur Jorion mais de zébu, ensuite zébu n’a pas écrit « ludiisme » mais « luddisme », (je dis ça parce que le respect de l’orthographe me semble hyper important quand on prétend donner des leçons de grammaire, les fautes de frappe ne sont pas admises, on vérifie son texte, c’est la moindre des politesses), ensuite j’ai retrouvé la phrase de zébu : « D’autres ont néanmoins anticipé cette fin paradigmatique, d’une toute autre manière cependant que ne le saurait le proposer une révolution et/ou un luddisme de fin d’époque envers le capitalisme. » : c’est une phrase qui sert manifestement à introduire la suite de l’exposé, et dont il n’y a strictement rien à redire, sauf quand on cherche des poux.
@Crapaud Rouge ,
My name is Perceval78 with a seven and a eight , i’m ok for a lower case if crapaud rouge has also lower case . Je traite d’egal à egal .
>>>>>d’abord le texte n’est pas de monsieur Jorion mais de zébu
je m’en suis apercu trop tard !!!!
>>>>le respect de l’orthographe me semble hyper important
d’accord avec vous mais il faut tenir compte du contexte ma compagne me mettait la pression pour aller manger
pour le reste , j’essayais de defendre Zebu et d’expliquer pourquoi les lecteurs n’avaient pas accrochés sur la deuxieme partie du texte .
pour la fin , c’est parce que je suis pas assez instruit , je n’avais jamais entendu les mots luddisme et paradigmatique .Mais rassurez moi le peuple aura le droit d’exister dans le monde ideal que vous dessinez ou il ne sera reservé qu’a quelque élite ivre de ses propres mots ???
Je ne sais pas si c’est cela mais je perçois, au-delà des mots une inquiétude que je partage avec vous : le voläpuck, la bureaucratie, le parti unique, …
Les mots ‘taxes’ ou ‘taxation’ sont connotés et ‘historicisés’. Il faudrait en trouver d’autres …
Cordialement.
Je me souviens que la première fois que j’étais allé chercher une définition de paradigme dans un vieux Larousse, je n’avais trouvé que le sens grammatical, apparemment premier dans l’usage français. Il s’agissait même du sens restrictif lié à la conjugaison des verbes, comme par exemple le paradigme de la conjugaison des verbes du premier groupe. Le sens issu du Timée de Platon n’était pas même évoqué.
Et dans Wikipédia sur le paradigme en linguistique:
Comme quoi, tout se complique toujours quant on parle linguistique et qu’on va à la source des concepts vagues…
@ Zébu cornu,
« D’abord, le fait d’asseoir la taxation sociale sur la connaissance… »
=>
Permettez moi de douter du bien fondé d’une telle solution : trop rigide, trop administratif (cf. les commentaires sur les 2 prestations de Bernard Friot), trop définitif : qui décidera de la « connaissance » en question ?
La connaissance est toujours, par essence amenée à évoluer, celle d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui ni celle de demain ; et puis, la connaissance dépend du contexte dans lequel elle s’inscrit = une connaissance ayant un jour peu d’intérêt pour tous peut, le lendemain, s’avérer incroyablement porteuse d’avenir.
Qui sera le « grand jury » de la connaissance ? Non, vraiment, je réitère mes sérieuses réserves quant à cette utopie administrative.
Cordialement,
@ Perceval :
Pas de soucis concernant l’utilisation des mots. Les pédants me gonflent. Malheureusement, concernant le luddisme ou le luddisme, ce sont les termes tels qu’employés pour définir ces aspects, très spécifiques.
On peut très bien dire ‘mouvements de résistance du début du 19ème siècle contre la mécanisation qui se caractérisait par des bris de machines’ et ‘représentation que l’on se fait du monde à partir d’un ensemble de valeurs’. Sauf que c’est long et que je suis fainéant …
😉
« Permettez moi de douter du bien fondé d’une telle solution : trop rigide, trop administratif (cf. les commentaires sur les 2 prestations de Bernard Friot), trop définitif : qui décidera de la « connaissance » en question ? »
Je vous permets bien volontiers, VB 🙂
La critique est tout à fait justifiée, c’est celle que plusieurs commentateurs m’ont fait sur cette proposition : ‘bureaucratique’.
Ce qui amène, évidemment, une réponse de ma part.
1/ en premier lieu, c’est quand même étonnant, mais un grand nombre de personne trouve la première partie du billet intéressante mais se focalisent sur la seconde partie, comme si la seconde n’avait aucun lien par rapport à la première. Or, j’ai montré justement que si le travail avait pu poser un problème, au niveau paradigmatique, à partir des années 70, cela n’empêchait en rien de s’inspirer de ce qui avait été pensé à ce moment là en se basant sur le travail. Mutatis mutandis, alors même que l’on peut constater que c’est justement le fait que ce système se soit assis en très grande partie sur le travail qui l’a rendu ‘instable’ et non évolutif au regard des transformations qui ont opéré avec la révolution conservatrice néo-libérale. En clair, le système qui a été opérant et pertinent, même encore jusqu’à maintenant (mais de moins en moins, on sait pourquoi) l’est pour le travail, mais dès qu’on substitue l’élément ‘travail’ par l’élément ‘connaissances’, cela devient impossible, pire : dangereux. Pour quelles raisons ? Parce que ce sont des savoirs et des savoirs-faire ? Que compter vous faire alors pour les reconnaître et les faire reconnaître ? Quelles sont vos solutions ?
2/ rigide, administratif, définitif. C’est votre perception. Pour autant, c’est drôle, mais quand vous vous faites rembourser par la sécu pour la maladie, pour le chômage, l’accident du travail, les allocations familiales, etc., vous plaignez-vous de la rigidité, de l’excès d’administratif et du fait que cela soit trop ‘définitif’ ? Ou préférez-vous plutôt ‘flexible’, ‘individualisé à la carte’ et ‘variable’, comme vos droits pourraient l’être, notamment avec des fonds de pensions ?
D’où vient le problème selon vous : de la sécu ou des fonds de pensions ? Je ne crois pas aux Deus Ex Machina, je l’ai déjà écris. Pour faire table rase du passé, encore faut-il bien le connaître et parfois s’en inspirer (qui ne signifie pas ‘copier’).
3/ ‘qui’ décidera. Après le comment (alors que l’on aurait pu en premier lieu interroger le pourquoi), le qui, donc. Et bien comme l’indique ma réponse en fin de billet, collectivement. le cognitif demande la reconnaissance, par soi-même en premier lieu puis ou en même temps, par les autres. Sans doute pas forcément de manière très différente (quoiqu’on puisse imaginer des modes de fonctionnement très différents aussi) à ce que l’on fait déjà, bien que cette ‘reconnaissance’ soit justement très portée sur des ‘compétences’, au sens de l’utilité que peut en retirer le système. La gestion paritaire devra certainement laisser place à d’autres modes de fonctionnement, plus démocratique et représentatifs. Je pense en particulier à des désignations par tirages au sort de citoyens, qui participeront à cette définition. Sur l’aspect évolutif, certes, oui, mais ps plus et moins que d’autres aspects : la maladie, la situation familiale, etc., toutes choses déjà gérées ‘évolutivement’ actuellement et qui vous permettent, notamment, d’être pris en charge de manière évolutive d’ors et déjà sur des aspects très complexes.
4/ A supposer que ce soit une utopie administrative, j’attends donc la vôtre d’utopie mais attention, qui ne soit ni administrative et qui soit en même temps réalisable, sans compter qu’elle doive plaire à tous ‘instantanément’ …
🙂
Cordialement.
@ Zébu,
1) Sur le fond de votre idée :
Votre appréhension de la connaissance ne pourra valablement se faire que par l’intermédiation du travail justement… Ce qui fait tourner en rond.
Juger de la « connaissance » (quels que soient le qui et le pourquoi) est non seulement utopique mais également extrêmement dangereux. Vous mettez de la hiérarchie là où elle ne devrait pas être. Pardonnez moi mais la notion de « censeur social » sur des connaissances ou compétence est inacceptable ; il faut laisser le temps au temps et ne rien figer sous peine de graves, graves, déconvenues en terme de paix sociale et de bien-être collectif.
2) Sur ce que vous supposez de moi et de la vie actuelle :
Je n’ai jamais prétendu que la situation actuelle était idyllique, et ai, au contraire, souvent insisté sur son aspect ultra-règlementé, paperassier et tracassier : moralisant à l’extrême pour le commun des mortels pendant que certains, ultra-minoritaires, se permettent toutes les dérives et au-delà en se prenant pour Dieu.
3) Pour répondre à votre dernière question un tantinet provocatrice : j’ai déjà préconisé les choses suivantes :
a) la suppression de la liberté pour les banques et le grand capital ;
b) le retour à la liberté pour le commun des mortels, c’est-à-dire la fin de l’hyper-contrôle en place de toutes les activités autres que financières ;
c) le tout ne pouvant valablement se faire que moyennant un retour des valeurs, que l’on peut aussi désigner du terme de spiritualité, afin d’éviter à l’avenir l’écueil que nous connaissons (à savoir des lois moralisantes pour tous excepté pour leurs initiateurs, qui en sont et qui s’en sentent déchargés.)
4) Pour résumer, il faut assumer, pour le peuple, une part de liberté (mais est-ce possible, et imaginable de sa part ?), limitée par quelques grands principes intangibles dans le même temps qu’il faut limiter de façon drastique la liberté des pouvoirs constitués (et en place maintenant de façon quasi héréditaire).
Cette nouveauté ne pourra faire l’économie d’une rénovation des équilibres institutionnels, lesquels sont actuellement plutôt des déséquilibres, les contrepouvoirs ayant de facto disparu de la vie politique, économique, institutionnelle etc.
Cordialement,
PS : je ne crois pas que les quelques idées simples exposées ci-dessus par mes soins puissent être désavouées par ce qu’il est convenu d’appeler « l’esprit de résistance » 😉
Longue réponse …
Je vais essayer de faire court mais ce sera difficile car il y a matière à répondre.
En premier lieu, vous n’avez pas réagit sur le travail, élément central du capitalisme productiviste, comme base d’assise aux cotisations et sa substitution par les savoirs. C’est donc apparemment que cette substitution, en soit, n’est pas le fond du problème.
Sur le fond, l’appréhension des savoirs ne se réalise pas QUE par le travail, puisque les savoirs peuvent s’identifier en savoirs et en savoirs-faire, ces derniers n’étant d’ailleurs pas du tout dépendant d’un ‘travail’ tel que vous l’entendez pour être ‘appréhendés’ (je dirais ‘reconnus’ mais c’est pareil) : l’activité bénévole, l’activité personnelle et sociale, etc. ne sont pas intégrés dans le ‘travail’ (heureusement). Il existe donc un vaste pan de savoirs, y compris des savoirs-faire qui ne s’intègrent pas dans le ‘travail’ et n’ont pas absolument pas besoins de l’intermédiation du travail pour pouvoir être reconnus. Le fait qu’ils ne le soient pas actuellement montre bien les marges de progression et de la refonte nécessaire du système de reconnaissance des savoirs.
Par ailleurs, je ne met pas de ‘hiérarchie’, là où il n’y en a pas : où avez-vous vu qu’au sein d’un tel système de reconnaissance des savoirs il existait une ‘hiérarchie’ entre savoirs ? C’est exactement le contraire. Le ‘censeur social’ n’existe pas : il n’est pas exogène. Il participe lui-même à cette reconnaissance, cela ne peut pas être autrement car personne n’est assez légitime pour l’être. C’est d’ailleurs le problème actuellement d’un système de reconnaissance des savoirs, basé justement sur un concept hiérarchique (même si ceux qui l’utilisent sans défendent), notamment de supériorité du savoir sur le savoir-faire, en définissant leurs propres positions sociales comme exogènes, comme n’ayant pas partie liée à cette définition, ce qui est proprement faux.
Et quand vous dîtes que c’est inacceptable, je pense qu’il faudrait vous réveiller que cela existe depuis des dizaines d’années et vous l’avez, vous comme des millions d’élèves ou travailleur, ‘subit’. Cela s’appelle ‘Education Nationale’, ‘Formation initiale’, ‘Formation continue’, …
C’est le système avec lequel nous vivons depuis des dizaines d’années et qui fonctionne encore (mal et de pire en pire) aujourd’hui, tant que le travail continue d’être l’alpha et l’oméga de la mesure. Mais quand la balance est faussée, comment mesurer justement ?
Enfin, quant à vos propositions, je vous fais les remarques suivantes :
« a) la suppression de la liberté pour les banques et le grand capital » : qui, comment, quoi. Sans compter les graves ‘dérapages’ que cette suppression engendrerait, selon vos propres termes.
« b) le retour à la liberté pour le commun des mortels, c’est-à-dire la fin de l’hyper-contrôle en place de toutes les activités autres que financières » : soit le règne du plus fort, soit le néo-libéralisme à l’état pur.
« c) le tout ne pouvant valablement se faire que moyennant un retour des valeurs, que l’on peut aussi désigner du terme de spiritualité, afin d’éviter à l’avenir l’écueil que nous connaissons (à savoir des lois moralisantes pour tous excepté pour leurs initiateurs, qui en sont et qui s’en sentent déchargés.) » : quelles valeurs, qui et comment les ‘sélectionner’, etc.
C’est étrange. Vous criez au danger de liberticide quand on parle d’asseoir des taxes sur l’utilisation des savoirs, de substituer les savoirs comme référentiel au travail, mais vous êtes le premier à vous inscrire sur des actes ‘liberticides’, évidemment contre les ‘méchants’ …
Très sincèrement, le jour où une révolution aura malheureusement commencée, je ne voudrais pas avoir à être sous la coupe de votre pouvoir.
Cordialement.
Bonjour Zébu,
Merci pour votre réponse qui me permet d’avancer dans le tunnel en direction de la sortie.
Votre réponse me permet de dépasser des réactions épidermiques pour mettre en lumière ce qui me semble être le vrai problème sous-jacent à ces questions récurrentes et lancinantes de valorisation du « travail ».
1) Il me semble que nous n’avons pas la même définition du « travail ». J’ai le sentiment que le travail est pour vous le travail salarié. Pour moi, le terme travail s’applique à toute activité humaine rémunérée soit par de l’argent soit en nature (troc).
Ce qui m’amène les réflexions suivantes et fait le lien avec d’autres articles qui intéressent ce blog (notamment sur la monnaie) :
2) Toute réflexion sur la rémunération du travail met en scène plusieurs postulats que je qualifierai de « politique » :
– d’une part, qu’est-ce que la rémunération d’une activité humaine ? Cette question met en exergue le fait que dans une société qui fonctionne, l’argent n’est que la contrepartie d’une valeur réelle préexistante et n’est absolument pas spontanée (il ne devrait pas être parlé, à proprement parlé, de création d’argent) ; on en est loin aujourd’hui ;
– d’autre part, le contexte dans lequel le travail est aujourd’hui considéré.
=>
Il ne saurait, selon moi, être question de repenser la rémunération du travail tant que :
1) l’argent est déconnecté de la valeur réelle de ce qui est créé par notre société, laquelle ne crée plus rien à l’exception de l’argent lui-même) ;
2) la création autoritaire ou le maintient par la force du travail est de toute façon vouée à l’échec (voir l’évolution de l’union soviétique) : or, aujourd’hui en France et plus largement en Occident, il n’y a plus aucun projet stratégique de développement économique -> les derniers projets créateurs de richesse datent, en France, de la vision de De Gaulle (notamment le développement du téléphone, qui a été à tort mis à l’actif de Giscard, lequel n’a fait que reprendre à son compte le projet Gaulliste).
=>
J’en arrive à votre idée : comment voulez-vous que soient correctement valorisés la compétence et le vrai savoir-faire (on est absolument d’accord sur la nécessité de valoriser correctement tout cela) dans le contexte ou le seul travail provient de capitaux extérieurs intéressés uniquement par la quantité. Autrement dit, lorsque toutes les industries (alors que l’artisanat a disparu du point de vue macro économique de l’apport de richesse) sont uniquement détenues par des personnes intéressées à autre chose que d’apporter du bien être à la Société.
Ma réaction épidermique provient du fait que toute tentative pour résoudre le problème de la qualification du travail (selon ma définition) ne pourra, dans le contexte ci-dessus décrit, que se faire de façon autoritaire et arbitraire (par un nouvel accès de positivisme aigü) : vouloir de façon administrative imposer telle ou telle chose qui ne peut, par la force des choses, être faites naturellement.
C’est là que nous avons effectivement besoin du renouveau de « l’esprit de résistance » : dans l’absolu nécessité d’un retour aux valeurs créatives de bien-être pour tous dans la mesure où les ambitions nationales ou autres se projettent et projettent les gens dans l’avenir.
J’espère me faire comprendre, votre réaction me renseignera là dessus,
Cordialement,
erratum :
avant dernier § : lire « qui ne peut, par la force des choses, être faite naturellement. » au lieu et place de « qui ne peut, par la force des choses, être faites naturellement. »
Dernier § : lire « …dans l’absolue nécessité » au lieu et place de « dans l’absolu nécessité »
Pouah, la mésentente !!!
Non, on a bien (quasiment) la même définition du ‘travail’ et notre confrontation provient du fait que l’on pensait l’un et l’autre que l’on avait qu’une conception ‘limitée’ au travail productif et rémunéré.
Dont acte.
Petite précision néanmoins : selon moi, le ‘travail’ est une production, qu’elle soit rémunéré, faisant l’objet d’un échange non rémunéré … ou non. Une activité bénévole par exemple n’est pas rémunérée, ni même l’objet d’un ‘échange’ non monétaire. La contribution volontaire d’un programmeur à un logiciel libre non plus (bien qu’il puisse aussi l’utiliser par la suite). On est là en plein coeur de l’économie du don et du contre-don, qui n’est pas ‘reconnu’.
Je précise de suite que si je dis ‘reconnu’, cela ne signifie pas forcément ‘monétarisé’, ‘rémunéré’ mais simplement qu’il est connu et validé comme tel par un autre et/ou par soi-même.
Le ‘travail’, tel que définit, ne provient donc pas QUE d’un financement dont le but est le productivisme, la lucrativité et la concurrence.
Le but de cette ‘civilisation cognitive’ est donc de faire reconnaître socialement que les activités productives mobilisent des savoirs et des savoirs-faire bien plus larges que la seule et restrictive conception du ‘travail’ actuellement.
Le but est aussi de définir les règles de cette reconnaissance, en fonction de l’utilisation que l’on fait de ces savoirs et savoirs-faire, que le ‘travail’ soit ou non rémunéré, etc.
Quant à la notion d’arbitraire, elle n’existe pas de manière ‘exogène’ : elle se créée. Mais dès lors que l’on définit les conditions, légitimes (soit ‘vrais’ pour tous) de cette reconnaissance et que ces conditions ne sont pas ‘arbitraires’, je ne vois pas pourquoi le fait qu’une définition intervienne sur ce domaine (le cognitif) soit plus ou moins arbitraire que, disons, les droits constitutionnels en France (par exemple). Tant que cela reste une production humaine, où tous peuvent selon les modalités définies et acceptées, participer, je ne vois pas où est le problème. C’est exactement le même fonctionnement avec le suffrage universel, le pouvoir politique, etc.
Il n’y a pas de définition administrative dans cette reconnaissance, bureaucratique !! J’ai proposé que par tirage au sort, les citoyens désignés participe justement à la reconnaissance des savoirs, au même titre que le jury populaire participe à la justice.
J’espère que c’est ainsi plus clair mais je comprends mieux maintenant votre positionnement. Il se situe effectivement sur une ligne de résistance face, justement à un ‘capitalisme cognitif’ très dangereux, afin d’éviter qu’un ‘Brazil cognitif’ ne survienne. 😉
Cordialement.
@ Zébu,
Juste une petite observation : vous ne pourrez pas taxer une « compétence » sans la rémunérer avant ; la taxation est une problématique secondaire par rapport à la définition de ce que, collectivement, on souhaite valoriser.
Quant à un jury populaire qui définirait la « compétence » ou la « qualité » professionnelle : je n’y crois tout simplement pas. Comment voulez-vous dans de telles conditions avoir une ligne de conduite cohérente, suivie et dans laquelle les gens en général puissent se positionner dans la durée. Il ne faut pas oublier que la durée est un facteur essentiel de ciment social. Le risque, quasi-certain, est celui d’un bazar généralisé autant qu’il sera arbitraire.
Je pense, que nous devrions continuer notre réflexion car je pense que nous avons les mêmes aspirations et que seules la confrontation du comment sera porteur d’un avenir possible. Je pense au final que les grands principes qui devront réguler la société de demain sont seuls à même de pouvoir résoudre notre problématique.
La question est la suivante : comment faire obstacle au positivisme exacerbé actuel et comment accepter une nouvelle « morale » se contentant de quelques textes, peu nombreux, applicables à tous (sans exception) ? Il faut se mettre collectivement d’accord sur cette question essentielle.
Au final, être d’accord sur l’essentiel ne devrait pas poser trop de problème mais, à mon humble avis, nous n’avancerons pas tant que nous n’aurons pas pris de décision sur les éléments suivants :
– quel cadre géographique est-il possible et souhaitable de transformer en cadre juridique et politique (sans dogme, juste du pragmatisme) ?
– quels sont, dans ce cadre, nos forces et nos faiblesses et sur quoi pouvons-nous compter pour préparer l’avenir en terme de ressources, d’échanges possibles etc. ?
– quels sont les principes devant gouverner la société de demain : sur quoi voulons-nous, pouvons-nous ou souhaitons-nous positionner l’avenir ?
– quels sont les contrepouvoirs politiques à mettre en place ?
Voilà, c’est un début de réflexion politique profonde.
Cordialement,
@Zebu
Merci pour votre texte.
J’ai eu par moment du mal à suivre et certaines subtilités m’ont sans doute échappé mais je me permets néanmoins une question. A supposer que tout ou partie d’entre elles puissent trouver une application concrète, en quoi vos propositions pourraient bien remettre en cause quoi que ce soit de la domination du capital sur nos nos vies? (à moins que ce ne soit pas leur but, auquel cas ma question est sans intérêt)
J’ai l’impression que vous essayez d’inventer une sortie de secours à un système à l’agonie. Que tout change pour que rien ne change.
Avec un peu plus de contrôle social en prime.
cordialement
Non, non, pas de porte de sortie de secours. Et encore moins de contrôle social.
Le capitalisme fonctionne sur différents ‘ressorts’ : jusqu’à maintenant la mécanisation qui induit le productivisme qui induit la consommation de masse. L’argent ayant tendance à remplacer même la mécanisation (à moins que l’argent ne se soit lui-même mécanisé), le capitalisme ne fonctionne plus qu’en tautologie : l’argent produit de l’argent.
En passant par une civilisation cognitive, l’objet n’est plus de ‘produire pour produire’ (que ce soit de l’argent ou non) mais bien de RECONNAITRE : l’argent reprend sa place qu’il n’aurait jamais dû quitter, soit un vecteur, un outil, rien de plus. Et voilà pour l’argent.
Pour le reste et comme le montrait bien dans sa critique Jean Zin (lien dans le billet), le cognitif est justement à l’inverse de ce type de capitalisme, intrinsèquement : non productiviste, échanges, remise en cause de la propriété, coopération et non pas concurrence, etc.
Ce que j’ai indiqué dans le billet. Le cognitif serait plutôt un cheval de troie qui viendrait ‘véroler’ tout le système capitaliste. C’est pourquoi il me semble que la Stratégie de Lisbonne a très vite été stoppée car les dits capitalistes se sont très vite aperçus des conséquences que cela aurait pour l’ensemble du système si cette stratégie allait véritablement à son terme. Dès 2004, en Europe, on réorienta la machine vers autre chose, autre chose e bien plus connu : concurrence, flexibilité, etc.
Cordialement.
oups, pardon, ‘Troi’.
Que les troyens m’excusent, mais la guerre de trois n’aura pas lieu.
Excellent billet comme l’écrit Saule, c’est en changeant nos conceptions, que nous transformerons nos actions.
Ils nous suffit de réaliser notre véritable nature intérieure, de repérer quels sont nos défauts, de renforcer nos qualités, et de continuer à évoluer.
L’homme étant perfectible, nous verrons nos qualités et nos points forts se développer et nos défauts disparaître progressivement.
En se concerne la tracasserie « pape-racière », cher(ère) VB, rassurez-vous, toute action implique forcément un être qui l’a produit et ressent les effets. Tout ce qui arrive à un être pauvre ou riche a pour origine une cause antérieure, et cette cause est une action passée produite par ce même être.
En d’autres termes, la loi universelle régit tous les plans de l’être, et tous les êtres, à tous les niveaux, tous sans exception.
Pas d’inquiétude, tout arrive à qui sait attendre.
A propos du texte de Paul Jean Pouillon et le mystère de la chambre chinoise : à l’origine, il sert à montrer qu’une machine pourrait manipuler correctement des symboles et donner l’impression de comprendre une langue complexe comme le chinois, mais qu’elle sera toujours incapable de comprendre comme nous, faute de pouvoir accéder au sens. Il leur manquera toujours l’intégration que l’être humain opère entre les symboles abstraits et les réalités concrètes, faites de rapports de force et d’émotions.
Mais je vois un autre usage à cette « chambre chinoise » : celui de modèle pour décrire la relation entre les financiers et les humains en général. Les premiers sont enfermés dans une telle chambre et ne communiquent avec le reste du monde que par des informations financières. Les faits qui les concernent sont exclusivement constitués d’informations, qu’elles soient vagues ou précises, favorables ou défavorables, partagées ou confidentielles, vraies ou fausses,… Ce n’est pas le sens qui manque aux financiers, mais le fait qu’ils ne peuvent ni éprouver ni être éprouvés par les faits qui sont à l’origine des informations qui les intéressent. C’est en ce sens que leur univers, comme le dit ci-dessus Isabelle N., est complètement « falsifié » : il correspond à la réalité mais de façon purement formelle.
Un état d’esprit guère plus différent des gens de la mafia russe ou d’ailleurs, leur humanité perdu
au nom même d’un plus grand processus médiatique de conditionnement engagé et plus les intermédiaires sont nombreux entre le bas et le haut de la société et plus ils se montrent les plus à même de prendre les meilleures décisions cognitives et choix de société pour les masses.
La démocratie n’est qu’un leurre médiatique depuis d’ailleurs pas mal de lunes et de visages .
« A mesure que l’on avance dans la crise financière en cours, il devient de plus en plus évident que celle-ci masque de plus en plus mal un autre type de crise : une crise du sens que les hommes donnent à la représentation qu’ils se font de ce monde. »
Il y a quelque temps un certain Jaycib nous a quitté, l’autre jour je pensais encore à lui je ne sais pas pourquoi, peut-être bien parce que le fait de vouloir souvent changer le monde dans nos têtes nous fait continuellement oublier de voir les autres de près.
Je suis sur qu’il aurait été très inspiré pour répondre aux multiples interrogations de cet article avant que le monde d’avant bascule peu à peu graduellement dans le monde d’après, seul les pauvres gens se reconnaissent entre-eux comme seuls les premiers de ce monde se protègent mieux d’abord les mêmes us et coutumes bancaires entre-eux.
Que savons-nous vraiment de ce que les autres ont besoin afin de pouvoir pour mieux être considérés comme des hommes et non comme d’autres bêtes de plus dans des bureaux ? J’ai parfois l’impression que nous nous conduisont parfois avec guère peu de différence de vue comme de conduite et recherchions bien inconsciemment encore à expérimenter autre chose de plus sur la personne humaine en société, comme si par exemple il n’y a avait encore quelque chose qui nous aurait grandement manqué de voir chez nous.
Tant de parents, tant de pseudos-adultes poussant continuellement leurs enfants à obtenir le plus tôt possible la marque du système la plus profondément inscrite en eux, le bac par exemple pour leur assurer continuellement une meilleure place de survie matérielle en société, comment persuader alors le plus grand nombre qu’il en sera alors toujours ainsi sur terre comme dans l’univers tout entier.
On dirait même que les gens les plus marqués profondément par le système se montrent de plus en plus irrécupérables et au fur et à mesure que les choses se dégradent et vacillent brutalement dans leur monde, mais peut-être que vous en avez rencontré beaucoup de ces gens là.
Un certain nombre.
Je suis l’un des leurs.
(et non pas des ‘leurres’).
Il y a aussi quelque chose que nous devons peu à peu apprendre à nous dire en société, et si nous étions tous devenus des gens très très frileux en société, voire même carrément des sarments secs au fil du temps et des vaines choses matérielles produites de plus et que tout ce que nous recherchions encore n’avait qu’un seul but.
Après tout il n’est plus vraiment nécessaire de croire au ciel, d’avoir des ailes pour déplacer des montagnes d’injustices au dehors, le grand progrès visible du collectif aidant nous en finirons bien par croire davantage aux seules lois de la physique sociale, mettre davantage le monde sous cloche. J’ai parfois l’impression que nous recherchions encore à batir une seconde tour de Babel à coté déjà de celle qui commence à s’effondrer sur les marchés, comme si toutes ces choses et phénomènes préexisteront toujours à l’extérieur de nos esprits.
On veut voir un autre monde plus dégourdi moins endormi, mais pas trop différent quand même de celui que nous avons si souvent eu l’habitude de voir ou d’entendre à l’image, changer de régime culinaire oui mais à petites doses et sans grande amertume au coeur comme à l’estomac quel challenge …
Les paradigmes et modèles me font le même effet que la pharmacopée .
Ils anesthésient plus qu’ils ne nomment et décrivent la maladie ou l’état de » bonne santé » .
Dans le meilleur des cas , ils permettent de faire cohabiter provisoirement les malades .
Nous sommes tous ‘malades’ (même imaginaires).
Ceci dit, une médecine qui ne ferait que décrire ne m’intéresserait guère non plus.
A moins de croire, comme les ‘primitifs’, que lorsqu’un Chamane nomme la maladie, il détient son pouvoir, le nom étant le pouvoir de la chose.
C’est une autre possibilité. Mais elle n’est pas de notre ‘monde’, il me semble (on le regretter ou non mais nous en sommes par trop éloigné) : la pensée ‘primitive’ fonctionne sur l’affect, il sera alors nécessaire véritablement d’instaurer une civilisation cognitive pour y revenir ou retrouver sa trace enfouie après des siècles de rationalisme et de positivisme.
Cordialement.
Je connaissais des techniciens et ouvriers d’Airbus et de l’industrie aéronautique sur Bordeaux et Toulouse qui m’expliquaient très bien comment la perte de savoir-faire et la non-reconnaissance des savoir-faire encore présents dans leur branche était en train d’insinuer chez eux l’idée de leur mort annoncée. Et en 2005-2006, déjà, certains m’annonçaient l’échec inévitable du projet A380. Ya que Forgeard qui voyait rien venir… 🙂
Et de m’expliquer comment ils étaient obligés de rectifier des pièces sortant des machines numériques dernier cri, en dehors de toute procédure autorisée bien sûr. Et comment leur scepticisme et leur manières à l’ancienne les opposaient aux BTS et bac pro sûrs de leurs chiffres et de leur savoirs livresques procédural. Rien que du très classique sans doute, et non dénué de l’acrimonie du vieux soldat mis à pied; mais replacé dans le contexte de l’aéronautique si emblématique de perfection techno, il y avait de quoi rester bouche bée!
Cela dit, ça n’avait pas empêché un de ces techniciens aéro de vendre ses actions EADS pour les placer sur Natixis! Les compétences trouvent toujours une limite! On peut ne pas faire confiance au Directoire d’EADS et filer ses économies à son banquier banque populaire…
Vigneron, c’est marrant, je pensais écrire un truc sur un article que j’avais lu, probablement dans le Monde Diplo, où justement une analyse comparative avait été menée entre les modes de production chinois et les modes de production français, afin d’estimer si l’innovation pouvait ou non se trouver plutôt sur l’un ou plutôt sur l’autre des types de production analysés. Ceci avait été réalisé je crois, de mémoire, sur des chaines de montage de moteur de camion, pour les mêmes camions (joint-venture de Renault si je me souviens bien).
Et il s’est avéré que l’acquisition des procédures avaient plus rapides en Chine mais modifiées (avec un temps de production aussi plus long) tandis qu’en France, les modes de process étaient scrupuleusement respectées mais généraient souvent des défauts et des retards.
La raison en était simple : en Chine, on laissait aux ouvriers le DROIT de faire remonter aux ingénieurs les défauts apparus à l’utilisation, soit le savoir-faire, tandis qu’en France, la machine ne pouvait ps se tromper. Les ouvriers français passaient alors une bonne partie de leur temps à ‘cacher’ les défauts apparus, en lieu et place de les faire remonter car ils savaient que cela ne ferait rien changer : la machine ne peut pas se tromper.
En clair, la bureaucratie ingénieurale (le scientisme à toute épreuve) contre l’empirisme, lent mais sûr et progressif des savoirs-faire. Au résultat : plus de production en moins de temps en France mais avec plus de défauts, tandis qu’en Chine, la production était plus faible mais le taux de satisfaction plus élevé des clients ET des ouvriers (qui étaient plus reconnus).
Sauf qu’après un certain temps, les niveaux de production, avec des qualités supérieures, en Chine étaient devenues égales à celles d’en France.
Et après, on s’étonne que les chinois sont forts …
Argh, trop tard, je viens de retrouver l’article :
http://www.monde-diplomatique.fr/2010/01/RUFFIER/18706
« Juste avant la fermeture de la chaîne en France (en 2006), alors que de nombreuses machines n’étaient plus entretenues et que l’approvisionnement en pièces devenait difficile, les opérateurs ont déployé des trésors d’imagination afin de « convaincre » ces appareils que le montage se déroulait comme prévu – en passant la main devant tel capteur pour simuler la prise d’une pièce manquante, en mettant brièvement quelque chose dans une caisse pour leurrer d’autres capteurs liés au poids. Dans le même dessein, ils sont allés jusqu’à construire des objets – par exemple une plaque métallique, à présenter devant l’aimant chargé de vérifier l’insertion de certaines pièces –, et sont ainsi devenus des experts du fonctionnement des équipements davantage que du moteur à monter ! »
Du grand n’importe quoi !!
Voilà ce à quoi mène notre capitalisme !!
Devenir des experts … des procédures, au détriment même de la production : l’exemple même du capitalisme se dévorant.
Perso, je confirme. Dans un domaine fort différent.
@Zèbu
Il me semble qu’il y a quelque chose qui vous a échappé dans l’article de Ruffier, quoique celui-ci n’en traite pas explicitement : la sempiternelle contradiction entre dirigeants et exécutants, dans tout processus de production industrielle capitaliste : la nécessité simultanée d’exclure les ouvriers de la direction de leur propre travail (considérés comme de simples écrous de la machine productive), et, vu l’effondrement de la production qui serait le résultat de cette exclusion si jamais elle se réalisait intégralement, de les y faire participer (comme des surhommes capables de parer à tout).
Cette contradiction se retrouve chez Renault après 2000 : d’un côté, de par l’installation de détrompeurs, « l’opérateur est relégué à un rôle d’exécutant et son travail contrôlé par des machines ; et de l’autre côté, « pour atteindre leurs quotas de production, les travailleurs ont de ce fait dû modifier les procédures en cours… avec l’accord tacite de leur encadrement direct. Il s’agissait de « tromper les détrompeurs » ».
L’existence de cette contradiction éclaire le passage de l’article de Ruffier, que vous reproduisez, et qui n’est vraiment pas du « grand n’importe quoi » (je vous cite) de la part des travailleurs de Renault : il s’agissait, pour eux, rien moins que de prouver, par l’absurde, qu’ils étaient tout à fait capables de maîtriser, en grande partie, le processus de production, donc de résoudre, en grande partie, ladite contradiction à leur profit. Cela ressort nettement de la phrase de Ruquier : « et sont ainsi devenus des experts du fonctionnement des équipements ». Avec un peu d’imagination, on peut même en conclure qu’ils seraient tout à fait capables de maîtriser, entièrement, le processus de production, donc de résoudre, entièrement, ladite contradiction à leur profit, en concevant eux-mêmes ces équipements.
L’article de Ruquier est également intéressant en ce qu’il montre, tacitement encore une fois, que tenter de résoudre la contradiction dirigeants-exécutants par un surcroît de robotisation ne peut qu’échouer : « (…) les robots, loin d’avoir la fiabilité que leur prêtaient les concepteurs de la chaîne, étaient responsables de multiples erreurs sur les postes automatiques et les détrompeurs. « Je finis (sais) par passer plus de temps à réparer cette machine qu’à monter des plaques (sa tâche sur la chaîne) », constate un opérateur ». Ladite contradiction en devient même plus aigue : « (…) l’insistance mise sur le respect des procédures rendait illégitimes et forcément informelles les modifications pourtant indispensables opérées par les travailleurs en cas d’erreur des robots. Limiter leur marge de manœuvre créait chez eux la souffrance d’être réduits à un rôle d’exécutants encadrés par des machines : ils avaient l’impression d’être « asservis » à elles, selon l’expression d’un d’entre eux. Deux conséquences en ont résulté. D’une part, les opérateurs français ont effectué moins de modifications que leurs homologues chinois pour améliorer la qualité du produit, et, lorsqu’il était trop difficile de contourner la procédure, ils ont eu tendance à s’y conformer, même s’ils savaient qu’elle pouvait entraîner un défaut (…) D’autre part, étant dans l’ignorance des routines de production, Renault Trucks s’est trouvé bien en peine de comprendre les problèmes liés aux mauvaises pratiques ».
Ma dernière considération me ramène à votre billet. Vous devez prendre conscience que le capitalisme de la connaissance, appliqué à l’agriculture, à l’industrie et peut-être même aussi aux services (du moins à certains d’entre eux), c’est aussi cela : un surcroît de robotisation, d’automatisation, d’informatisation … et donc une exacerbation de la contradiction dirigeants-exécutants, sous son aspect intellectuels-manuels : à cet égard, je ne puis que citer, longuement, Thierry Pouch (cf. le lien que j’ai donné dans mon commentaire du 24/07 – 4 :32) « Partant de l’idée que la connaissance n’entraîne pas nécessairement l’intelligence, André Gorz insiste sur les dangers qui guettent désormais la civilisation, dans la mesure où il pointe « le divorce entre la connaissance et le savoir, la science et le monde vécu . Il rappelle à juste titre ce que le philosophe Edmund Husserl avait mis en exergue en 1936 dans La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale. Le pouvoir de la science dans les sociétés modernes contenait le danger d’une séparation de la théorie d’avec le monde vécu. Le verdict d’Husserl fut à l’époque sans appel et vaut très probablement pour la période actuelle, tant les sciences européennes n’ont plus rien à nous dire sur l’homme, constat appelant à un retour, comme nous y invitait Husserl dans les années trente, à la connaissance réelle, inscrite dans la pensée du monde concret et dans l’histoire. Le capitalisme cognitif ne peut alors que faire fonctionner la pensée selon un ordre machinique, conduisant à une artificialisation de la vie des hommes. André Gorz y voit le signe annonciateur d’un refus généralisé du corps, de la mort, de la finitude de l’homme . Le capitalisme cognitif serait le point d’aboutissement de la stratégie permanente, structurante, du capital : éliminer le corps des hommes pour y substituer des machines, programmées, intelligentes, et une alliance de la science, produite et financée par le capital, et d’une civilisation de l’ingénieur. Le genre humain est sur une trajectoire de déclin irréversible ».
@ André :
Attention, quand je dis ‘c’est du grand n’importe quoi’, je parle du système, pas des hommes qui au contraire font preuve d’un grand dévouement à leurs activités, d’un grand savoir-faire et qui permettent in fine à ce système de ‘fonctionner’.
Mais à quel prix ?
Justement, je pense que l’article de Ruffier montre bien que le capitalisme, qu’il soit ou non cognitif, ne peut que ‘mal’ produire, ce qui est quand même sacrément paradoxal pour un système qui se veut ‘productiviste’, non ?
Seul le cognitif permet la nécessaire coopération entre les ‘dirigeants’ (que je préfère appeler ‘les ingénieurs’) et les ‘ouvriers’, qui seuls possèdent le savoir-faire d’utilisation des chaînes de montage, coopération qui permet d’obtenir :
1/ la reconnaissance des savoirs-faire, notamment des ouvriers
2/ une meilleure production vs une plus grande production de moins bonne qualité
Concernant votre remarque sur la mécanisation ultime des process (‘finalité’ du paradigme de la mécanisation utilisé par le capitalisme), on voit bien avec ces exemples que l’intelligence artificielle ne pourra jamais atteindre le niveau humain, par le simple fait que les boucles de rétroaction sont infinis et intégrés dans le cerveau humain. Sur ce point, articles très intéressant de notre hôte, M. Jorion, sur l’AI et le cognitif.
Mais vous avez raison d’insister sur ce point AUSSI : le cognitif permet justement de lutter contre une des caractéristiques du capitalisme, à savoir le productivisme, en basant le développement de l’activité humaine sur la reconnaissance des savoirs et des savoirs-faire HUMAINS, que ne pourra jamais atteindre l’AI. Dès lors, puisque le cognitif est nécessaire à un bon fonctionnement productif, pourquoi utiliser des machines en tant qu’OBJECTIF ? La machine restera ainsi à ‘sa place’, soit celle que les humains auront décidé de lui définir pour elle. Ce qui permet ainsi de revaloriser le rôle de l’humain dans le process de fabrication, à toutes les étapes, de l’y réintroduire, de lutter contre le productivisme qui se fonde sur la machinisation à outrance. En outre, les savoirs-faire sont également RECONNUS, au même titre que les savoirs, ce qui permet de revaloriser les fonctions de mise en oeuvre au même titre que les fonctions de création, de gestion, de décision, etc. D’un modèle ‘vertical’, nous pouvons alors passer à un modèle plus ‘horizontal’, où la coopération intègre tous les acteurs, tant dans la réalisation que dans la décision. Dès lors, l’ouvrier n’est ouvrier uniquement que parce qu’il ne possède pas (encore) les savoirs qui lui permettraient d’accéder à des fonctions d’ingénieurs, de contrôleur qualité, etc. La hiérarchie sociale n’étant pas figée parce que basée sur une HIERARCHIE COGNITIVE figée et de plus en plus définitive, les statuts sociaux deviennent évolutifs et chaque individu peut reconnaître les POTENTIALITES (au sens d’a(d)venir) de chacun et non les statuts sociaux tels que définis actuellement, d’où un plus grand respect entre individus (‘je suis [peut-être] ce que tu as été, je serais [sans doute] ce que tu es’).
Le cognitif est essentiel, ne serait-ce que pour cela.
Enfin, oui, Gorz a tout à fait raison et vous citez en plus un passage où il cite le pape de la phénoménologie, une es sciences sociales qui permet de comprendre le cognitif.
Oui, le capitalisme cognitif est un paradoxe, oui, c’est le stade ultime de l’exploitation de l’Homme par lui-même.
C’est pourquoi il est nécessaire d’identifier l’adversaire et de le combattre, surtout quand il prétend utiliser les armes que vous devriez utiliser pour le combattre.
Le cognitif ne doit surtout pas tomber dans les mains de l’ennemi ! 🙂
Cordialement.
@ Zébu
Merci beaucoup pour vos éclaircissements !
Pour faire en sorte que « le cognitif ne (tombe) surtout pas (…) dans les mains de l’ennemi ! », il faudrait, à mon sens, revaloriser le travail manuel, plus précisément en finir avec cette fausse dichotomie travail manuel-travail intellectuel.
A cet égard, je vous conseille vivement la lecture de deux ouvrages passionnants :
+ « Eloge du carburateur, Essai sur le sens et la valeur du travail » de M.B. Crawford :
quatrième de couverture : http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-_loge_du_carburateur-9782707160065.html
et recension : http://www.liens-socio.org/article.php3?id_article=6425
+ « Ce que sait la main, La culture de l’artisanat » de R. Sennett :
quatrième de couverture : http://www.passiondulivre.com/livre-82717-ce-que-sait-la-main-la-culture-de-l-artisanat.htm
et recension : http://blog.homo-numericus.net/article10434.html
P.S. : lors de vos recherches pour écrire votre billet, avez-vous trouvé, sur Internet, des articles du même genre que celui de Ruffier ? Si oui, pouvez-vous m’en fournir le lien ? Un grand merci d’avance!
Cordialement
@ André :
Merci pour les liens. Je crois avoir lu des commentaires ici sur ces ouvrages, à moins que ce ne soit sur là-bas si j’y suis …
Pour d’autres, non je n’en ai pas. De fait, je marche à l’intuition, sans trop de références, en dehors de ce que je lis ici ou sur le Monde Diplo (l’article de Ruffier m’est revenu de mémoire car il m’avait fortement impressionné), ce qui évidemment est un frein quant à l’expression claire de mes idées.
Je me base aussi sur mes savoirs-faire concernant mon domaine professionnel, où constate la même divergence entre ‘techniciens’ et ‘décisionnaires’, les mêmes paradoxes, les mêmes injonctions paradoxales.
Désolé.
Je pense néanmoins que la revue du MAUSS est une source ‘profonde’. M. Jorion y a versé ses savoirs à de multiples reprises.
Cordialement.