La décadence

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Hegel attribua la chute de l’empire romain à la prévalence des intérêts particuliers. Préoccupés de poursuivre essentiellement leur intérêts propres, les Romains se seraient désintéressés de la chose publique. L’avènement du christianisme aurait joué un rôle essentiel dans ce désintérêt croissant : en relation privée avec leur dieu – « Le royaume de Dieu est en vous » – les citoyens cessèrent de s’identifier au sort de leur Cité.

La guerre, dit Hegel, rappelle aux citoyens l’existence de l’État comme entité supérieure par rapport à laquelle leur vie s’organise dans un cadre plus large que celui de leurs préoccupations immédiates. Quand la guerre éclate, le bourgeois qui loge au cœur du citoyen se rend compte que seul, il ne pourra pas défendre les possessions dont il est propriétaire et auxquelles il tient par-dessus tout : c’est l’État seul qui pourra organiser la force collective qui permettra de défendre la propriété de chacun.

La décadence résulte de la perte de ce sentiment du bien commun comme seul capable d’assurer le bien individuel. La société civile, comme simple conjugaison d’intérêts particuliers est insuffisante à alimenter la flamme de ce sentiment.

La décadence a lieu de son propre mouvement quand l’individu fait prévaloir sa liberté immédiate par rapport au bonheur de la communauté dans son ensemble. Une idéologie existe qui place cette liberté immédiate au pinacle : l’ultralibéralisme sous ses formes diverses du libertarianisme, de l’anarcho-capitalisme, etc. Notre société contemporaine se singularise par le fait qu’une idéologie porteuse des principes de sa propre décadence s’est formulée explicitement en son sein, prône les valeurs qui la provoquent inéluctablement quand elles sont mises en œuvre, et applique son programme consciencieusement et systématiquement, quelle que soit la puissance des démentis que les faits lui apportent.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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315 réponses à “La décadence”

  1. Avatar de christian de nissa

    Avant la décadence, l’Empereur Romain Marc-Aurèle décrivait ses pensées pour lui même dans son journal intime.

    Livre IV XXII : « Si quelqu’un peut me convaincre et me prouver que je pense ou que j’agis mal, je serai heureux de me corriger. Car je cherche la vérité qui n’a jamais porté de mal à personne. Mais il se nuit, celui qui persiste en son erreur et en son ignorance. »

  2. Avatar de EOLE
    EOLE

    « Tout à fait d’accord avec vous, mon cher » Paul.
    Je m’en étonne cependant: êtes vous en train de virer un tant soit peu réac… ou bien moi collectiviste?

    PS (lire: post sciptum): je sais que vous n’appréciez pas trop ce que j’ai longtemps cru être de l’humour acerbe ou acide.

  3. Avatar de Jean-François
    Jean-François

    Citation d’Albert Einstein :

    « Les Etats-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence, sans jamais avoir connu la civilisation. »

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Yes…

      C’est dingue comme cet inconnu avait raison…Peut-être une intelligence au dessus de la moyenne pourrait l’expliquer..??

  4. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    L’empire a chu ! ?

    L’empire est mort ! ?

    Enfin une chance pour la République et la Démocratie !

  5. Avatar de pablo75
    pablo75

    Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
    (Aimé Césaire. Discours sur le colonialisme)

  6. Avatar de vigneron
    vigneron

    @Paul
    rien à redire sur le fond de votre billet. C’est au contraire une extension, très hegelienne certes, mais réaliste et inévitable de votre questionnement citoyen-bourgeois.
    Mais quel lièvre vous levez là!
    Je m’attends à une brutale montée dans les tours de la gent postaire! Les souveraino, protectionno, stratégico, militaro, nationalisto, patrio, américano et sino phobiques, euro et sceptiquo, nostalgico, gaullisto machin vont se déchaîner …
    Je crains le pire… Les trolls par l’odeur alléchés…

    Je ferais ptet bien d’aller relire mon Cioran… Avait eu quelques jolis mots pour dire la décadence…

    1. Avatar de pablo75
      pablo75

      @ Vigneron

      Sur la décadence de l’Occident, Cioran, en privé, était bien plus virulent que dans ses livres. D’ailleurs, sur tous les thèmes politico-historiques il n’a écrit que la moitié de ce qu’il pensait.

    2. Avatar de pablo75
      pablo75

      Une nation s’éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares; la décadence est la mort de la trompette.
      (Cioran)

    3. Avatar de Amsterdamois
      Amsterdamois

      Cioran? Un poseur, emberlificoté toujours plus dans ses postures.

      Au final, pas grand chose.

    4. Avatar de pablo75
      pablo75

      @ Amsterdamois

      Encore un qui parle par ouï-dire et n’a jamais ouvert le Précis de décomposition, les Syllogismes de l’amertume, La Tentation d’exister, De l’inconvénient d’être né ou les Cahiers…

      Vous êtes prof de philo, non?

    5. Avatar de roma
      roma

      « Faut-il prendre l’histoire au sérieux ou y assister en spectateur ? Y voir un effort vers un but ou la fête d’une lumière qui s’avive et pâlit sans nécessité ni raison ? La réponse dépend de notre degré d’illusion sur l’homme, de notre curiosité à deviner la manière dont se résoudra ce mélange de valse et d’abattoir qui compose et stimule son devenir » Cioran.

    6. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Amsterdamois

      Toujours difficile de prétendre dénoncer les poseurs sans prendre la pose…

      Sans doute ne vous a t’il jamais rendu service ni ne lui avez vous jamais rendu service…

      « Le seul service que nous pouvons demander aux autres, c’est de ne pas deviner à quel point nous sommes lamentables. » du même poseur…ya pose et pose, cher poseur du dimanche.

    7. Avatar de Crapaud Rouge

      @Amsterdamois : étonnant, votre jugement sur Cioran, de la part d’un historien érudit. J’ai trop apprécié vos autres interventions pour vous le reprocher, au contraire, leur qualité mérite que je vous glisse un mot en espérant vous faire changer d’avis.

      Cioran n’était ni poseur ni emberlificoté. Il a fait preuve d’une remarquable constance dans son refus de s’engager dans ce bas monde. Après une jeunesse, en Roumanie, où il avait milité pour l’extrême droite, il a tout plaqué, y compris sa famille, pour s’installer à Paris avec le statut, très rare, d’apatride.

  7. Avatar de ybabel
    ybabel

    Le dernier post d’Attali en écho à vos propos : http://blogs.lexpress.fr/attali/2010/07/la-societe-demoralisee.php
    Pas sur le même sujet, mais pourtant, en liaison.

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Savoureux à lire. Décidément, c’est la débandade.
      Attali écrit:
      « La société se divise alors en deux catégories : ceux qui n’ont plus les moyens de payer l’impôt et ceux qui ont les moyens de ne pas payer l’impôt. »

  8. Avatar de pablo75
    pablo75

    «Le processus de déclin des civilisations est d’une grande complexité et il plonge ses racines dans la plus totale obscurité. Bien entendu, on peut trouver après coup de multiples explications et rationalisations, sans parvenir à dissiper le sentiment d’un irrationnel agissant au coeur même de ce processus. Les acteurs d’une civilisation bien déterminée, des grandes masses aux grands décideurs, même s’ils prennent plus ou moins conscience du processus de déclin, semblent impuissants à arrêter la chute de leur civilisation. Une chose est certaine : un grand décalage entre les mentalités des acteurs et les nécessités internes de développement d’un type de société, accompagne toujours la chute d’une civilisation. Tout se passe comme si les connaissances et les savoirs qu’une civilisation ne cesse d’accumuler ne pouvaient être intégrées dans l’être intérieur de ceux qui composent cette civilisation. Or, après tout, c’est l’être humain qui se trouve ou devrait se trouver au centre de toute civilisation digne de ce nom. »

    (Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité-Manifeste, 1996)

  9. Avatar de zébu
    zébu

    Personnellement, j’aurais utilisé le terme ‘déliquescence’, le terme de ‘décadence’ ayant été parfois connoté négativement moralement : ‘déliquescence’ équivaudrait à ‘pourrissement’, ‘décomposition’ d’un corps, d’une organisation, d’un ordre, sans forcément qu’une notion morale y ait quoique ce soit à y voir.
    Sinon, vous savez certainement que le terme est ‘phagocité’ par ceux-là même que vous décriez, ceux-là même qui nourrissent la décadence en défendant l’ultra-libéralisme (selon vous) : est-ce pour ne pas laisser le terme aux ‘adversaires’, car utiliser le langage de son ennemi permet d’user de sa ‘force’ et surtout l’empêche la ‘privatisation’ du langage ?
    Nicolas Baverez en avait fait un livre en 2002 je crois et d’autres, bien plus extrême encore, dans les années 30, s’étaient appuyé sur ce thème pour abattre ‘la gueuse’ républicaine, coupable selon eux du déclin de la France (le Front Populaire, voilà l’ennemi !) et de sa défaite qui suivra (thème cher aux pétainistes et à l’Etat français des années 40 sous l’occupation).

    Un récent sondage, qui axe évidemment son titre sur le sentiment de déclin :
    http://www.ifop.com/media/poll/1211-1-study_file.pdf

    Apparemment, les termes sont proches (synonymes) :
    « SYNONYME [de décadence]
    1° DÉCADENCE, DÉCLIN. La décadence est l’état de ce qui va tombant ; le déclin, l’état de ce qui va baissant. La décadence amène la chute et la ruine ; le déclin mène à l’expiration et à la fin : la décadence des empires, le déclin de la vie. Si on dit : l’empire romain était en décadence, cela exprime qu’il se ruinait et tombait peu à peu, on le compare à un bâtiment qui s’écroule ; si l’on dit : l’empire romain était à son déclin, cela exprime qu’il approchait du terme de son existence ; on le compare à un corps organisé qui finit de vivre. »
    http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/d%C3%A9cadence

    PS : comme à l’aïkido (retourner la force contre son agresseur), il faut retourner les termes utilisés par les néo-libéraux contre eux-mêmes.

    1. Avatar de domini CB
      domini CB

      au lieu de décadence, il y a aussi : avancement

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Je propose AUTOLYSE, qui à plus à voir avec le domaine biologique qui nous concerne encore un peu, et jusqu’à preuve du contraire, en tant qu’être humain ou être collectif.
      Je signale d’ailleurs que l’autolyse ou lyse des levures, améliorée et accélérée par le bâtonnage des lies contenues dans des barriques de vin blanc et même rouge, contribue grandement à l’ampleur organoleptique et à la stabilité physico-chimique du futur breuvage en cours d’élevage… Bastonnons, bastonnons, il en restera toujours quelque chose! 😉

    3. Avatar de Piotr
      Piotr

      Décadence du latin cadere -)tomber
      Cave ne cadas -) prends garde de tomber.
      La chute de l’empire romain…

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Piotr
      Quand je vois les louves romaines aujourd’hui, et malgré Berlu, je me dis que la décadence n’a pas tout emporté…
      On pourrait évoquer Florence, Pierro de la Francesca, Buzati ou même Enzo Ferrari, bien sûr, mais simplement les bellissima ragazza…

  10. Avatar de pablo75
    pablo75

    « Aux hommes de la fin du XIXème siècle, la Décadence romaine apparaissait sous l’aspect de patriciens couronnés de roses s’appuyant du coude sur des coussins ou de belles filles, ou encore, comme les a rêvés Verlaine composant des acrostiches indolents en regardant passer les grands barbares blancs. Nous sommes mieux renseignés sur la manière dont une civilisation finit par finir. Ce n’est pas par des abus, des vices ou des crimes qui sont de tous temps, et rien ne prouve que la cruauté d’Aurélien ait été pire que celle d’Octave, ou que la vénalité dans la Rome de Didus Julianus ait été plus grande que dans celle de Sylla. Les maux dont on meurt sont plus spécifiques, plus complexes, plus lents, parfois plus difficiles à découvrir ou à définir. Mais nous avons appris à reconnaître ce gigantisme qui n’est que la contrefaçon malsaine d’une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l’existence de richesses qu’on n’a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d’en haut, cette atmosphère d’inertie et de panique, d’autoritarisme et d’anarchie, ces réaffirmations pompeuses d’un grand passé au milieu de l’actuelle médiocrité et du présent en désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. Le lecteur moderne est chez lui dans l’Histoire Auguste »

    (Marguerite Yourcenar. « Les visages de l’Histoire dans l’Histoire Auguste ». Dans « Sous bénéfice d’inventaire ». Gallimard, 1962)

  11. Avatar de louis delgres
    louis delgres

    #pdlt : L’effondrement des modèles économiques complexes
    DébatsEconomie et marchésEducation et formationInnovation, RD
    Par Xavier de la Porte le 12/04/10 | 9 commentaires | 2,217 lectures | Impression
    Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile sur France Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans le cadre de son émission. Désormais, vous la retrouverez toutes les semaines aussi sur InternetActu.net.

    Clay Shirky est américain. Il est à la fois journaliste, écrivain et enseignant, il s’intéresse particulièrement aux interactions entre réseaux et culture. Il fait partie des gens qui sont très écoutés aux Etats-Unis et au-delà. Son dernier texte s’intitule “L’effondrement des modèles économiques complexes”.

    Shirky raconte avoir donné il y a un an une conférence devant un parterre de décideurs de la télévision. Or, pour tous ces gens, la question n’était pas de savoir si internet allait porter atteinte à leur modèle économique, mais quand et comment. En fait, leur problème était simple : quand la vidéo en ligne générera-t-elle assez d’argent pour couvrir ses couts ?

    Selon Shirky, il est très compliqué de répondre à cette question. Non seulement parce que la réponse risque de ne pas plaire à ceux qui la posent, mais aussi parce les prémisses de cette question sont, selon lui, plus importantes que la question elle-même.

    Ces prémisses sont doubles. D’abord, les produits télévisuels sont fabriqués par des entreprises qui veulent faire du profit. Et il n’y a que deux moyens de faire du profit. Soit faire en sorte que les recettes deviennent supérieures aux dépenses. Soit baisser les dépenses pour qu’elles deviennent inférieures aux recettes. Voici pour la première prémisse. La seconde est qu’il est impossible pour une société qui fabrique des produits télévisuels de faire baisser les dépenses.

    Et Shirky va s’employer à nous montrer pourquoi. Et il va le faire par un grand détour dont seuls les Américains sont capables, mais qui donne tout son sel à la manière dont, souvent, ils présentent leurs arguments.

    En 1988, nous apprend Clay Shirky, Joseph Tainter a écrit un livre qui s’intitulait The Collapse of Complexe Societies (L’effondrement des sociétés complexes), livre dans lequel Tainter s’intéressait à plusieurs civilisations qui avaient atteint un haut degré de sophistication avant de s’effondrer brutalement : les Romains et les Mayas notamment. Ce que cherchait Tainter, c’était des causes communes à l’effondrement de ces civilisations très différentes les unes des autres. La conclusion à laquelle il est arrivé est la suivante : ces sociétés ne se sont pas effondrées malgré la sophistication à laquelle elles étaient arrivées, mais précisément à cause de cette sophistication. Voici comment Jospeh Tainter explique les choses : pour de multiples raisons, un groupe de personnes se trouve avec un surplus de ressources. La gestion de ce surplus rend les sociétés plus complexes : l’agriculture exige des compétences mathématiques, le stockage des céréales nécessite de nouvelles constructions, etc. Au début, la valeur marginale de cette complexité est positive chaque degré supplémentaire de complexité se rembourse, et même au-delà… mais le temps allant, la loi des rendements décroissants diminue la valeur marginale jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement. Et à partir de ce moment-là, tout degré de complexité supplémentaire est un coût pur.

    L’addition des degrés de complexité dont la bureaucratie est un exemple finit par rendre une société si rigide que, quand survient une grosse crise, elle s’effondre. Evidemment, on peut se demander pourquoi ces sociétés, quand elles sont face à une situation de crise, ne font pas machine arrière, vers moins de complexité ? La réponse de Tainter est simplissime : si ces civilisations n’arrivent pas à aller vers moins de complexité, ce n’est pas parce qu’elles ne le veulent pas, c’est parce qu’elles ne peuvent pas. Dans de tels systèmes, il devient impossible de faire juste un peu plus simple. Même quand des ajustements raisonnables suffiraient, les élites – c’est-à-dire ceux qui profitent de la complexité -, ont tendance à résister à ces ajustements, jusqu’au moment où tout devient brusquement et dramatiquement plus simple, jusqu’au moment de l’effondrement.
    Voilà le résumé de la thèse de Joseph Tainter. On est apparemment très loin de ce qui nous intéresse dans Place de la toile. En fait, pas du tout, Clay Shirky,- mais comment en douter ? – retombe sur ses pattes. Car ce modèle, celui des inconvénients de la complexité dans une situation de crise, est selon lui applicable à ce qui est en train d’arriver à certains modèles économiques qui sont défiés par l’écosystème du Web. Clay Shirky prend plusieurs exemples, j’en ai retenu un.

    Au milieu des années 90, Shirky raconte avoir été appelé par des amis d’AT&T (la grande entreprise de télécommunication américaine), des amis qui voulaient le consulter à propos d’un marché naissant : celui de l’hébergement de sites internet. Ces gens voulaient absolument maintenir le fameux niveau 99,99 % de fiabilité qui a fait la marque de fabrique d’AT&T, mais ils ne voyaient pas comment c’était possible d’atteindre ce degré de fiabilité pour 20 dollars par mois, qui était le prix pratiqué à l’époque. S’ils avaient voulu le faire, ça leur aurait coûté beaucoup plus cher.

    Shirky se souvient leur avoir expliqué l’absence de fiabilité des plates-formes d’hébergement qu’il utilisait et leur avoir fait comprendre, pour leur plus grand désarroi, qu’il n’était pas prêt à payer plus cher pour plus de fiabilité. La réponse de Shirky les avait laissés pantois. Parce que les gens d’AT&T avaient bien compris qu’il était impossible de fournir un service fiable pour 20 dollars par mois, mais en revanche, ce qu’ils ne comprenaient pas, – ce qu’ils étaient culturellement incapables de comprendre -, c’était que la solution industrielle à ce problème, dans le milieu des années 90, était de proposer pour cette somme un hébergement de mauvaise qualité. Bref, à la fin du coup du fil, il était clair qu’AT&T n’entrerait pas dans ce marché. Pas parce que la société ne le voulait pas, mais parce qu’elle ne le pouvait pas. AT&T s’était construit pendant un siècle sur la qualité du service, à tous les niveaux de l’entreprise. Et AT&T ne pourrait pas être bon sur un marché qui demandait les qualités exactement inverses de celles qui avaient assuré sa réussite sur d’autres marchés.

    Selon Shirky, elle est bien là la réponse à donner aux dirigeants des chaînes de télé.
    Un jour, les modes de production de la vidéo sur le net seront aussi complexes qu’ils le sont pour la télévision aujourd’hui, et des gens se feront sans doute beaucoup d’argent avec ça. Il est donc tentant, au moins pour ceux qui bénéficient de la complexité d’aujourd’hui, d’imaginer que si les choses étaient complexes auparavant et qu’elles redeviendront aussi complexes bientôt, il n’y a pas de raison d’aller vers plus de simplicité. Mais ça n’est pas comme ça que ça marche.

    Clay Shirky rappelle un fait : la minute de vidéo la plus vue ces cinq dernières années est celle qui montre un bébé du nom de Charlie mordre le doigt de son frère. Elle a été vue par 174 millions de personnes, plus que le public réuni des émissions de téléréalité et du Superbowl.

    Bien sûr, certaines vidéos tirent encore leur valeur de leur complexité, mais la logique de l’ancien écosystème médiatique, où une vidéo devait être complexe pour être une vidéo, cette logique est cassée. Des vidéos produites avec des moyens complexes et chers sont aujourd’hui en compétition avec des vidéos très peu chères et fabriquées avec des bouts de ficelle. “Charlie mord mon doigt”, la vidéo dont il était question plus haut, a été fabriquée par des amateurs, en une seule prise, avec une caméra bon marché. Aucun professionnel n’a été impliqué dans la sélection, l’édition ou la distribution de cette vidéo. Pas un sou n’a circulé entre le créateur, l’hébergeur et les spectateurs. Un monde où ce genre de chose se produit est un monde où la complexité n’est ni une nécessité absolue, ni un avantage automatique.

    D’où l’effondrement prévisible des entreprises pour lesquelles revenir à plus de simplicité est impossible. C’est-à-dire toutes les industries : celles de la musique, de la production audiovisuelle, pourquoi pas du livre, des télécommunications… Toutes ces industries ont parié sur la qualité, ont multiplié pour cela les intermédiaires et les degrés de complexité des modes de production, et sont aujourd’hui en concurrence directe avec le web, où les modes de production et les attentes obéissent à des lois tout autres. On peut s’en désoler. Mais Clay Shirky voit un avantage à cela. Quand l’écosystème ne récompense plus la complexité, une nouvelle population qui émerge : ce sont les gens qui arrivent à travailler de manière simple dans le présent, plutôt que ceux qui rentabilisaient le mieux les complexités du passé, qui feront l’avenir.

    Xavier de la Porte

    L’émission du 9 avril 2010 était consacrée aux thèmes des Data Center avec Hervé Lecrosnier, maître de conférence à l’université de Caen et Mathieu Chazelle, architecte, ainsi qu’au sujet du théâtre à l’heure du web avec Olivier Fournout, enseignant-chercheur à Télécom Paristech et Sara lascols, comédienne. Une émission à réécouter en différé ou en podcast sur le site de Place de la Toile.

    1. Avatar de Jeanne
      Jeanne

      « faire de la qualité ? » à qui servez-vous la soupe ? on comprend surtout de l’analyse de cet auteur que vous citez (en passant la traduction a été faite par un non-francophone ou alors avec un usage trop poussé de google translator) que pour garder leurs téléspectateurs les médias préhistoriques (= avant le web) doivent jouer sur la fidélisation, en un mot l’image et les présentateurs, utilisant toutes les techniques possibles de séduction/hypnose/lavage de cerveau (par hypnose je pense à ces vieux devenus séniles qui regardent le présentateur regarder droit dans les « yeux » de la caméra en croyant que le type s’adresse vraiment à eux). En gros, la « peopolisation » qu’on nous rabache depuis 10 ans avec une incroyable violence, et qui me semble proche d’un culte de la personnalité (auquel il faut ajouter l’ »attitude », « le langage du corps », et autres éléments qui me paraissent fascisants et eugénistes). Donc la décadence est bienvenue. Les cavernes devaient avoir un air plus respirable.

  12. Avatar de Monmon
    Monmon

    Monsieur Jorion
    Votre article reprend la vieille idée que la décadence est d’origine morale et ou politique.
    Ne pensez vous pas en fait après ce que vous avez écrit sur vérité et réalité que notre problème est le déni de réalité qui nous affecte lorsque nous pensons argent. L’argent n’existe que dans notre cerveau et n’est un outil utile que lorsqu’il nous sert à mieux appréhender le réel. Lorsqu’il est détourné dé ce but par des affects égoïstes ou prévaricateurs son usage devient désastreux pour le bien commun.
    Les banquiers ne peuvent être les dépositaires du bien commun .

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Comme tous les outils créés par l’homme. En effet.
      Sauf que là, certains s’amusent à faire de giganstesques collections d’outils.

      Comme si je me mettais à collectionner les marteaux…
      Déjà que j’ai une collection d’ordinateurs, de timbres, de bouteilles,…
      Je vais me faire psychanaliser, si ça continue.

  13. Avatar de Peak.Oil.2008
    Peak.Oil.2008

    Je dirais que la décadence est davantage un symptôme qu’une cause de l’effondrement de l’Empire romain même si ce symptôme a contribué au long processus de déclin.

    Vu que le Empire romain reposait sur son expansion, à savoir sa croissance économique, il n’est pas étonnant qu’ils aient eux aussi atteint leurs limites à la croissance et que celles-ci aient confronté l’Empire à la non-durabilité du modèle civilisationnel sur lequel il reposait.

    Tout système basé sur la croissance porte en ses germes la décroissance. Notre incapacité a accepté cette loi essentielle ne peut mené qu’à notre décadence. Les pommades anti-âge ni changeront rien même si notre religion matérialiste tente de nous faire croire le contraire.

    Le Peak Wood selon Prince Willem-Alexander
    http://www.theoildrum.com/node/4991

    Le Peak Complexity selon Joseph Tainter
    http://www.youtube.com/watch?v=vr9FO15CHO4

    Peak Civilization: The Fall of the Roman Empire
    http://europe.theoildrum.com/node/5528

    1. Avatar de methode
      methode

      d’accord, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.

    2. Avatar de Peak.Oil.2008
      Peak.Oil.2008

      « Notre incapacité à accepter cette loi essentielle ne peut mener qu’à notre décadence. »

      J’ai fait beaucoup de progrès en orthographe grâce à ma participation à la blogosphère, mais c’est encore très loin d’être gagné. Une minute d’inattention, et bardaf, c’est l’embardée!

    3. Avatar de Peak.Oil.2008
      Peak.Oil.2008

      Le début de l’effondrement de la monnaie romaine, le denier, commence à la fin du premier siècle. Rome est alors à son apogée et à la veille de son déclin tant par son emprise géographique que son emprise culturelle.

      Apogée de l’Empire
      http://objectifbrevet.free.fr/rep_hist_6e_07.htm

      Valeur de la monnaie
      http://www.marketoracle.co.uk/images/2008/commodities-boom-june08_image002.gif

    4. Avatar de Loic
      Loic

      @ Peak Oil 2008 :
      la comparaison avec l’empire romain est tres interessantes, a vos references j’ajouterai le passionnant ouvrage de J. DIAMOND: Collapse – ou comment les civilisations decident de mourir ou de survivre.

      Sur le fond du probleme il me semble important de partager des concepts majeurs mais sous estimes dans la realite de la crise qui est la notre (
      et qui permet de faire le lien avec la notion d’energie nette qui est la seule qui vaille mais qui est totalement ignoree):

      – La complexite nous fait perdre pied a vec le reel et on en oublie que nous vivons surtout parce que des entreprises agricoles mecanisees nous nourissent ( d’ou notamment l’incredulite face a la crise energetique)
      – La complexite engendre la complexite et l’on sombre vite a cause de la loi des rendements decroissants (d’ou l adifficulte a trouver des alternatives energetiques durables)
      – une organisation complexe ne doit pas etre notre fierte car elle recele les couses de s propre chute : plus elle est complexe plus elle requiert de bureacratie et de logistique : autant d’activites possible seulement si l’agriculture et la disponibilite d’energie permet d’entretenir tous les elements non productifs au sens primaire(satisfactions des besoins lies a la survie)
      – L’argent medium, vecteur cache la realite : derriere tout produit et service il y a des homees et des machines qui travaillent : cela n’est possible qu’avec une agriculture excedentaire et de l’energie abondante

      Bref avec de l’argent on achete du travail via un reseau de fonctions sociales complexes et parasites( a entretenir) qui n’est en fait que de l’energie transformee

      on en revient aufondamentaux tagibles: en physique le travail est une fonction de l’energie
      l’argent remunerateur du travail ne dedcide pas in-fine de la valeur du travail mais a l’inverse l’energie disponible determine la valeur…. et quand on a des trilliards de dettes et d’espoirs de gains sur le futur sans que la base energetique ne s’accroisse on est ramene au dur plancher des vaches.
      Il me semble PeakOil2008 qu’il serait important de proposer un billet sur la veritable palce de l’energie dans le monde et dans la vie

  14. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    Rome IIIeme siècle après J.C :

    Comment une société esclavagiste, violente, avide d’or et de métaux précieux et qui emploie la force pour en avoir l’usufruit, qui produit son argent pour compenser le troc et pour structurer son clientélisme, peut-elle perdurer ?
    L’Empire ne pouvait pas s’inscrire dans la durée, la chute de Rome était déterministe, avant l’avènement du christianisme …

    2010, Civilisation libérale :

    Comment une civilisation qui confond esclavage et salariat dans ses centres de productions délocalisés, qui emploie la force au nom de la liberté et de la démocratie pour s’assurer sa suprématie, qui utilise ses meilleurs cerveaux pour spéculer plutôt qu’à faire avancer la science, comment cette civilisation peut-elle perdurer ?

  15. Avatar de louis delgres
    louis delgres

    je viens de terminer la passionnante saison 1 de Rome .
    on y voit césar rétablir la dictature et ainsi retirer tous pouvoirs aux patriciens que césar considérait être a l origine de la décadence de Rome (toute relative car seule la plèbe souffrait) .
    on peut peu très facilement y voir un copier coller des situations ante et présente ,ou oligarchie actuelle remplace avantageusement les patriciens de l époque. en ces temps, la naissance déterminait la vie que l’on allait avoir ,aujourd’hui les travaux d’un Bourdieu nous enseigne que le système de perpétuation des élites est le meme malgré force tirade sur l école républicaine ( en déliquescence avancée ) .
    la question que je me pose est: pour avoir un régime égalitaire , la démocratie est elle le moyen le plus efficace ?
    en effet , pour la plèbe d’alors ou pour les métayers que nous sommes aujourd’hui , que l on soit soumis a unique deus ex machina n est au pire qu’un statut quo au mieux un rapport de force bien compris et partagé. si le tyran ne donne pas satisfaction ,il n y a qu’une personne a renverser .alors que nos démocratie sont prises en otage par des mouvances vaporeuses difficiles a circonscrire!

  16. Avatar de lechat
    lechat

    cycles grandeur/déclin, ou mouvement dialectique?
    « Un parti se prouve comme le parti vainqueur seulement parce qu’il se scinde à son tour en deux parti. En effet, il montre par là qu’il possède en lui-même le principe qu’il combattait auparavant et qu’il a supprimé l’unilatéralité avec laquelle il entrait d’abord en scène. (…) De cette façon, le schisme naissant dans un parti, qui semble une infortune, manifeste plutôt sa fortune. (Phénoménologie, II p123) »
    (Hegel cité dans :
    http://jeanzin.fr/index.php?post/2007/03/14/80-l-histoire-apres-l-histoire-hegel-200-ans-apres)

  17. Avatar de roma
    roma

    Visconti, par la métaphore du sablier :
    « Nous ne réalisons la chute du sable que lorsqu’elle touche à sa fin. Et jusqu’alors il paraît vain d’y réfléchir. C’est au dernier instant, lorsqu’il n’est plus temps que naît en nous l’envie de méditer ».

    dans  » Mort à venise »;
    Alfried : « La Beauté née, selon toi, de tes seules facultés spirituelles ? »
    Aschenbach : « Nieras-tu que le Génie de l’Artiste puisse la créer? »
    Alfried : « Oui, c’est le pouvoir que je lui dénie ».
    Aschenbach : « D’après toi notre labeur d’artiste… »
    Alfried : « Ton labeur! La Beauté fruit du labeur! Quelle illusion ! Non ! La Beauté jaillit d’un éclair et ne doit rien aux cogitations de l’artiste ni à sa présomption ! »

  18. Avatar de methode
    methode

    [Hegel attribua la chute de l’empire romain à la prévalence des intérêts particuliers. Préoccupés de poursuivre essentiellement leur intérêts propres, les Romains se seraient désintéressés de la chose publique. L’avènement du christianisme aurait joué un rôle essentiel dans ce désintérêt croissant : en relation privée avec leur dieu – « Le royaume de Dieu est en vous » – les citoyens cessèrent de s’identifier au sort de leur Cité.]

    Rome a du devenir au fil du temps un symbole plus qu’une ville, celui du droit et d’un mode de vie confortable au temps de sa splendeur. tout le monde pouvait s’y identifier et le symbole de Rome devait focaliser alors tous les désirs.

    une fois le désir comblé, la société de confort et le droit devenue une habitude dans les colonies (de droit latins puis romains…), que ces principes de vie portés par Rome avaient démontré toutes leurs limites en application, les romains eux mêmes ne devaient plus vraiment voir leur avantage à vivre dans la ville objet de toutes les convoitises et donc de toutes les violences. qu’est ce qui les différenciaient des gens d’antioche par exemple? et inversement pour ceux d’antioche. ils ont peut-être donc cherché à s’identifier avec autre chose et si possible quelque-chose de moins violent et sanglant tant qu’à faire.

    si les chrétiens ont pu prospéré avec un tel credo c’est peut-être bien que Rome n’appartenait déjà plus au romains un peu comme les états u.s semblent délaissés par washington… Rome appartenait à tout le monde et à personne, c’était la marque déposée du pouvoir, la raison pour laquelle on se battait entre factions de l’empire (prétoriens, légions du danube, sénat, fédérés et autres mercenaires ect…) mais qui n’avait plus grand chose à voir avec l’état réelle de la puissance romaine.

    ces factions étaient peut-être aussi fascinées par leurs luttes intestines que par la ville de Rome en elle-même, le symbole de pouvoir universel de la ville leur renvoyant la hauteur nécessaire à la légitimation et satisfaction de leurs egos démesurés, du fait de leur glorieuse naissance. ces gens étaient sûrement coupés du réel, donc sans prise sur le cour des choses, et tout rival dangereux comme flavius aetius, homme de terrain, était assassiné. l’hubris…

    la puissance romaine était probablement sur la fin avant tout symbolique, elle avait marqué irrémédiablement la notion même de pouvoir terrestre, mission civilisatrice accomplie. elle ne portait plus de sens véritable, son projet ayant abouti, l’empire étant développé, la technolgie à son maximum, il ne lui restait qu’à profiter de ces rentes jusqu’à ce que certains, de plus en plus nombreux, s’aperçoivent qu’il y avait avantage à s’administrer et se développer au niveau local sur la base des infrastructures… payée par l’empire.

    à un moment donné des peuples, devant des hordes asiatiques et dans leur désir de pax romana, se sont donc jetés sur la partie occidentale de l’empire déjà bien faible, mais combien de siècles après se disaient-ils les descendants des romains (renaissance carolingienne) si ce n’est carrément des romains germaniques? dans l’esprit des peuples le symbole semble avoir perdurer jusqu’au 18ème siècle… quelle décadence!

  19. Avatar de jean-luce morlie

    Rassurons-nous, nous n’avons rien à craindre.

    Il semble que la poursuite de » l’intérêt propre » se soit de nos jours spécialisée dans le détournement de l’argent public vers des poches particulières. Aussi, avec ce réseau qui, à tous les étages, aussi bien à gauche qu’à droite , connaît toutes les ficelles de la redistribution, nous sommes garantis d’une une vigoureuse reprise en main de la gestion de la chose publique: « qui peut le plus peut le moins ».

  20. Avatar de roma
    roma

    la décadence c’est quand ? c’est lu su vu sur quoi ? après coup quand on ramasse, il faut bien dire ce qu’on aimerait à la place. pas ça, pas ça non plus, on réfléchit, avant, à ce que fut l’apogée, ce qui reste est ce qui ne fut jamais pris, ce qui se donna, l’incommensurable encore

    BLACK CAT WHITE CAT
    http://www.youtube.com/watch?v=drTgrPzSd-Y

    http://www.youtube.com/watch?v=uznBuDEOq_0&NR=1

  21. Avatar de zébu
    zébu

    Il me semble que la décadence de l’empire romain, si elle prend ses origines sur l’affadissement du bien public comme démontré par Paul Jorion, a eu pour conséquence une dépendance croissante envers ceux que Rome et la Grèce avant elle dénommait les ‘barbares’ (‘ceux qui ne parlent pas notre langue’), qui remplacèrent progressivement au sein des légions de Rome les romains.
    D’abord, les pays colonisés puis ensuite ceux des ‘marches’, notamment les germains.
    Quand ceux-ci se retrouvèrent seuls ou quasiment aux limes, ils prirent conscience de leur pouvoir et de ‘chevalier’ devinrent ‘ennemi’ de Rome (cf. Germanicus, enlevé et élevé comme Romain, chef de la rébellion des germains).
    Quand enfin les ‘barbares’ finirent par décider de l’élection de l’empereur, ils passèrent alors ensuite rapidement au stade de rapine, de conquête. Mais l’empire romain s’était déjà effondré, bien longtemps avant. Car la citoyenneté romaine donnait des droits mais aussi le devoir de s’incorporer dans les légions. Dès lors où les auxiliaires firent le ‘travail’ de défendre l’empire en lieu et place des romains, les droits de la citoyenneté prirent le dessus sur les devoirs.

    4ème couplet de l’internationale :
    « L’état comprime et la loi triche
    L’impôt saigne le malheureux
    Nul devoir ne s’impose au riche
    Le droit du pauvre est un mot creux
    C’est assez, languir en tutelle
    L’égalité veut d’autres lois
    Pas de droits sans devoirs dit-elle
    Égaux, pas de devoirs sans droits! »

  22. Avatar de dissy
    dissy

    There have been rumors in the market for a couple of weeks that the German Finance Ministry has been working on a Plan B for the EU bailout and now Der Spiegel is carrying the story (below). I think this will come a big shock to the market, which I believe has assumed that while we were lacking detail, the broad thrust of how the EFSF would be utilised was agreed i.e. that countries like Spain unable to role their own debt would turn to the fund that would in turn raise the money in the collective name of the EU. However, I’m been told that in reality the details of how the EFSF will work are still highly fluid and will remain so until a member is forced to draw on the funds.

    With that in mind German officials seem to have made their move and are pushing what amounts to a bank bailout/sovereign default plan on the lines of what we have seen in places like Argentina rather than a straight sovereign bailout. Bottom line: private debtors would face substantial haircuts on their holdings. Indeed, Der Spiegel is suggesting 50% and I believe these sort of numbers make sense, although the exact details would be worked out by a “Berlin Club”, which itself would be based on the Paris Club. That would leave the EFSF to be used by various national countries to bailout their own banks with exposures to the defaulting nation, which I’m sure would be far more palatable to the German electorate.

    Why the hell are the Germans willing to upset the apple cart at this stage? Well it appears there are two clear motives. The first is a fear that the existing bailout package, which domestically is seen as ‘hard working German taxpayers bailing out lazy Greeks’ is immensely unpopular and hence potentially carries both a high fiscal as well as political cost for Merkel. Secondly and perhaps more importantly the Germans realise that the existing plan by not reducing the debt burden of the debtor nation doesn’t improve their competitiveness or solve the problem. What happens in 2013 when the EFSF runs out and Greeks have a debt to GDP of 150% to roll? Default and restructuring are the only options

    http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,705959,00.html

    http://www.zerohedge.com/article/efsf-germanys-plan-sovereign-default-not-bailout

  23. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    à Yvan et aux autres à propos des livres en accès gratuits.

    Votre proposition de mettre en ligne un livre qui a un auteur vivant et un éditeur tout aussi vivant est assez amusante et mérite d’être développée et pourquoi pas étendue à TOUS les ouvrages existants.
    Je rappelle ici qu’il existe une propriété intellectuelle qui survivra tant que la notion de propriété subsistera et que numériser et mettre en accès libre, gratuit ou payant, un ouvrage est du VOL.
    Demandez donc à Jacques Attali ou à Paul Jorion ce qu’ils en pensent et ce qu’en pensent leurs éditeurs (c’est parfois le même) et faites le vous même si vous pensez que le jeu en vaut la chandelle.
    La réflexion sur la mise en ligne gratuite d’articles ou d’ouvrages à l’instigation de l’auteur est un tout autre aspect de la question.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Vous voulez vraiment m’énerver, là.

      Machiavel est mort en 1527 et ses ouvrages ne sont toujours pas libres de droit. Voilà ce que je constate.

    2. Avatar de zébu
      zébu

      bin, c’est étonnant pourtant ce qu’on trouve en e-book gratuits sur machiavel, ces derniers temps, dingue …
      Des illégaux, certes, mais aussi des lego.
      Comme quoi, à Chicoutimi, faudrait les informer … à l’insu de leur plein gré.

    3. Avatar de Jeanne
      Jeanne

      @Yvan: ?? vous le voulez en français, en anglais ou en italien ? suivez les liens rassemblés ici, vous aurez le choix aussi entre plusieurs éditions:
      http://mapage.noos.fr/dcolas/Recherchesbiblio.html#Le%20Prince%20de%20Machiavel

    4. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      D’accord avec vous Marlowe.
      Sur le vol, et sur le « tout autre aspect de la question » (j’ai d’ailleurs envie de revenir plus tard sur cet autre aspect).

      Je dévie sur le droit d’auteur en général. Quelques réflexions pour peut-être lancer un débat:

      Je n’avais aucun avis sur la question des droits d’auteur jusqu’au jour où des circonstances professionnelles m’ont fait en percevoir. Je réalisais une série pour la télévision et mon producteur m’a donné les coordonnées d’une personne à la SACD, avec laquelle je devais prendre rendez-vous. J’y suis allé, j’ai remplis un formulaire et, quelques mois après la fin de ce travail grassement rémunéré, j’ai perçu un chèque conséquent, correspondant à un pourcentage sur la copie privée (l’audimat de la série avait parlé, et on considérait qu’un certain pourcentage de téléspectateurs avaient copié les épisodes, donc je « touchais » des droits sur ce pourcentage). J’ai reçu également bien sûr des virements réguliers, à chaque fois que la série était diffusée ou rediffusée, en France ou à l’étranger.
      C’était une situation nouvelle pour moi. J’avais jusque là toujours été rémunéré en fonction d’un travail, sinon d’un nombre d’heures travaillées. Je percevais soudain des sous parce que le grand robinet d’eau tiède de la télévision diffusait un truc auquel j’avais participé, et parce que des gens, de la chair à publicité (argent pour payer les droits d’auteur), regardaient ce travail collectif, ou tenaient à le conserver dans leur vidéothèque.
      Je dis « participer » et « travail collectif » car à aucun moment je ne pouvais me sentir seul auteur de ce truc. Pouvait-on même trouver un auteur à cette mayonnaise formatée qui aurait tout aussi bien pu être générée par un logiciel programmé pour « faire de la série télé ». En y réfléchissant, je pouvais même citer des noms de personnes (auteur du script d’un des épisodes, traductrice, assistant monteur, régisseur de plateau, etc.) qui avaient donné beaucoup plus de leur peine que moi, ou pris plus de risques, professionnels ou même familiaux. Seulement voilà, moi j’étais « réalisateur », et à ce titre j’étais l »auteur » de toute la série et donc les droits me revenaient (je précise, pour détailler l’entourloupe, que mes droits étaient sans commune mesure avec ceux du producteur qui m’avait donné le « tuyau » SACD; lui, avait depuis longtemps rempli les formulaires et il touchait personnellement une partie des droits sur la réalisation (sans avoir jamais su ce qu’était une mise en scène), la moitié des droits sur la musique (sans bien sûr savoir composer la moindre note), les droits sur les personnages (au cas où il réussirait à les vendre à un autre producteur), les droits sur le « concept » de la série, etc., etc., …dans le milieu de la télévision -peut-être est-ce la même chose dans la musique- la « pompe à droits d’auteur » est une machine à pognon formidable, pour ceux qui savent s’en servir. Tant pis pour les soutiers.

      J’ai pensé alors à mon père, jardinier municipal, qui, en sa qualité de contremaître, passait parfois de longues soirées sur la table de la cuisine, avec sa règle en bois, son compas, son stylo et une boîte de crayons de couleur « Cocarde », à dessiner dans son cahier les motifs des massifs de fleurs qu’il aurait à composer. Il fouillait dans ses vieux livres d’horticulture pour s’inspirer. C’était pas André Le Nôtre, mais c’était joli.
      Mon père était payé pour son travail de jardinier. Ses idées de motifs floraux, les mariages de variétés et de couleurs il les donnait. Du beau gratuit pour tous les passants, des idées à copier pour qui voulait.

      En comparant ma situation et celle de mon père, j’ai trouvé que la différence des systèmes professionnels était injuste.
      Parce que les circonstances de la vie m’avaient amené à travailler dans une profession qui générait des flux financiers énormes, via la publicité, je me retrouvais à gagner chaque mois plus de huit fois son salaire, bien peinard, dans des bureaux climatisés, avec mon rond de serviette dans les hôtels des festivals de télévision. De plus, parce que ces circonstances m’avaient amené à devenir membre d’une autre pompe à finance appelée SACD, je me voyais octroyer des sommes rondelettes en restant tranquillement couché dans mon plumard.
      A ce moment-là mon père était déjà décédé, sans être arrivé à la retraite, mais je me rappelais très bien la peine que lui donnait son travail de chaque jour, la peine qu’il avait à gagner son argent.

      J’ai gambergé.

      Je me suis un peu renseigné sur le droit d’auteur et son histoire. J’ai creusé aussi du côté de Beaumarchais, le « Che Guevara » de la SACD, l’inventeur du droit d’auteur. Pas brillant. La citation de Sainte-Beuve relayée par Wikipédia résume l’état d’esprit du bonhomme et de sa grande « conquête » que fut le droit d’auteur: « Beaumarchais, le grand corrupteur, commença à spéculer avec génie sur les éditions et à combiner du Law dans l’écrivain ».

      Je n’ai pas l’intention de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le droit d’auteur sert à redistribuer à l’auteur d’un livre, d’un film, d’une musique ou de toute oeuvre de l’esprit, l’argent généré par la vente, la diffusion ou la représentation de son oeuvre. Cependant le système semble depuis longtemps vicié. La majorité de la masse d’argent collecté par les organismes de gestion des droits d’auteurs ne va pas à des auteurs et n’est pas adossée à des oeuvres. Une grande partie de cet argent fait simplement partie de la grande lessiveuse financière. Il suffit d’être un peu malin et on peut facilement en croquer sans jamais avoir fait oeuvre de l’esprit.
      Pour paraphraser une vieille pub pour le loto on peut dire: « Le droit d’auteur? il suffit d’être en dessous quand ça tombe! »

    5. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      @Yvan,

      Machiavel ? et sur le site des classiques en sciences sociales ?

      Et les peintures de L. da Vinci, en général l’art pictural est considéré par les musées qui le détiennent comme leur propriété exclusive puisque l’on est obligé de payer pour le voir, ou acheter des reproductions, idem en ce qui concerne les enluminures et manuscrits illustrés anciens. Tout ceci alors que les musées ne possèdent aucun droit d’auteur sur ces trésors (Moyen Age, à moins de faire remonter le copy right jusqu’au 12è siècle ?), est pourtant séquestré par eux, leur assurant une rente illégale. Sans parler des oeuvres volées à l’étranger…

      Un Rembrandt du 17è s, qui en possède le copy right, et surtout les De Heem, Ruysdael, Velde, Giorgione, Luca Giordano ? Je ne pense pas qu’un Rembrandt ne soit pas dans le domaine public au bout de plus de 300 ans, or vous n’en trouverez aucune bonne numérisation… De fait, une rente perdure, illégale, que des musées et des éditeurs encaissent sans rien dire sur des oeuvres qui leur appartiennent si l’on veut, mais dont le contenu à savoir ce qui peut être copié de l’oeuvre, ne leur appartient pas…

    6. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Marlowe,

      Je reprends, sur votre phrase.
      Vous écrivez: « La réflexion sur la mise en ligne gratuite d’articles ou d’ouvrages à l’instigation de l’auteur est un tout autre aspect de la question ».

      Il est trop tard pour que j’ai le temps d’aller me renseigner, même rapidement, sur le sujet, mais je sais qu’il existe des systèmes qui encadrent la mise à disposition, libre de droits, d’oeuvres de l’esprit. Je ne sais pas si le terme « presslib’ » sous lequel Paul Jorion diffuse une partie de ses écrits est particulier à lui ou bien si c’est un terme générique, mais je me souviens qu’il existe aussi le terme « Copyleft » ou « culture libre » pour définir la mise à disposition sans échange marchand des oeuvres intellectuelles.

      Il y a quelques années un dossier du magazine Courrier International abordait le sujet. Un groupe de jeunes écrivains espagnols était cité en exemple. Ceux-ci avaient décidé de diffuser tous leurs livres en libre accès sur Internet sur un principe de Copyleft. Ils expliquaient que ce système avait généré de fortes ventes en librairie. Lire un livre sur un écran d’ordinateur ou sur une rame de papier A4 sortie de l’imprimante n’étant pas d’une très grande facilité, les lecteurs finissaient parfois par aller commander le livre à leur libraire après y avoir goûté sur Internet. D’autres fois, après avoir lu le livre sur écran (il y a tout de même des pervers), ils pouvaient aller l’acheter pour, par exemple, l’offrir à un ami. Le Copyleft n’était donc pas pour eux une voie sans issue, mais une voie de diffusion de leurs écrits, et un mode de rémunération très correct.

      Vous citez plus haut, Marlowe, un livre de Jean-Claude Michéa. Vous savez sûrement que cet auteur, fidèle à la philosophie qu’il développe, et qu’il enseigne dans son lycée de Montpellier, et surtout fidèle à son éducation familiale, ne perçoit aucune rémunération ni droits d’auteur sur ses livres: « J’ai du mal à admettre qu’on rémunère une intervention effectuée en tant que citoyen dans le débat public ».
      Il est rémunéré pour son travail de professeur de philosophie au lycée, et il a décidé de « donner » le reste de ses activités littéraires de philosophie politique.
      De plus, il a souvent expliqué qu’il n’écrit tous ses ouvrages que sur l’amicale et insistante pression de son ami Alain Martin, directeur de la belle maison d’édition Climats de Castelnau-le-Lez (qui a été contrainte de rejoindre le vaisseau amiral Flammarion). Il insiste sur le fait qu’écrire un livre est la dernière envie qu’il aurait, car il y a mille activités plus rigolotes dans la vie après le boulot, ne serait-ce que de boire un verre avec des amis. Il écrit donc ses livres par amitié et par une forme d’esprit de devoir. Tout ça me plaît.

      Je parle de la maison d’édition Climats, et j’ai envie d’ajouter une chose. Plusieurs années d’étude à l’école Estienne à Paris, école du livre, m’ont donné le goût de l’édition. Créer un livre réclame un savoir-faire dont on a souvent peu idée. D’autant moins idée que les concentrations industrielles et les impératifs commerciaux les plus récents font passer ce savoir-faire au dernier plan (un bon livre étant souvent un livre vendu, les savoir-faire du « marketeur » ou du « média-planneur », qui sont plutôt des faire-savoir, passent avant).
      Depuis le rachat en janvier 2006 de la maison d’édition Climats par le groupe Flammarion, nous pouvons lire certains de ses titres dans la très riche et intéressante collection de poche Champ-essais, chez Flammarion. La typo est la même, la mise en page aussi; il semble que les « films » de photogravure ont simplement été réduits pour s’adapter au format de poche, et que les marges (les « blancs tournants ») ont été rognés. Le tout reste lisible. Pourtant, ceux qui ont l’occasion d’avoir en main les éditions originales, toujours disponibles, des ouvrages de Michéa, de Lasch, ou des autres auteurs Climats publiés chez Champ-essais, auront une idée précise de ce qu’est un très bon travail d’édition (Champ-essais étant alors le « prêt-à-porter », un très bon travail d’édition de poche.).

      Si ce travail d’édition continu à être bien fait dans le futur, il est certain que les lecteurs des jeunes écrivains espagnols, dont je parlais plus haut, continueront à prendre régulièrement le chemin de la librairie, pour une meilleure diffusion de la pensée.

      —————

      @ rosebud1871,

      Merci pour le lien. J’ai survolé, mais je vais lire l’ensemble bientôt.

    7. Avatar de pablo75
      pablo75

      @ Yvan

      « Machiavel est mort en 1527 et ses ouvrages ne sont toujours pas libres de droit. Voilà ce que je constate. »

      Ce sont les traductions, les préfaces ou les éditions critiques (avec des notes, de la bibliographie, etc) qui peuvent ne pas être libres de droit, pas les oeuvres.

      Vous pouvez lire tout Machiavel sur Gallica, l’excellente bibliothèque numérique de la BNF

      http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=machiavel

  24. Avatar de André
    André

    Intéressant lien qui fait le parallèle entre le déclin de l’empire et ce qui se passe chez nous : http://www.betapolitique.fr/Le-declin-du-Bas-Empire-romain-a-15975.html

    1. Avatar de logique
      logique

      Excellent article a lire absolument …..

  25. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    à jonathan. j

    Un élément qui va dans votre sens : l’industrie du divertissement qui se fait parfois nommer culture (il n’ y a pas en France de ministère du divertissement quoique depuis Jack Lang il aurait fallu changer la dénomination du ministère de la culture) est pour l’essentiel produite aux USA et dans les pays que ceux ci ont culturellement et économiquement colonisés.
    Cette invasion s’exprime dans le domaine de la musique et du cinéma, et chaque jour de plus en plus dans celui de l’édition.
    Cette invasion, qui est encore plus visible dans certains autres pays européens, ne semble pas poser problème à la majorité de nos concitoyens alors qu’elle porte à chaque instant et à tout endroit l’idéologie de « l’Ecole de Chicago. »
    La Chine conserve, elle, la production des marchandises de pacotille qui ont envahi le marché.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      L’usine à rêve US (à laquelle j’ai accès grâce au streaming…) ne véhicule pas un message univoque. Les comédies concernent l’amour, la science fiction est variée (The box), les thrillers bien tournés; l’occasion de découvrir de jolies actrices aussi (Elisha Ann Cuthbert). De la musique également, comme dans Idlewide Fichting club… Paula patton, , etc. Quoi… c’est une usine à rêves. La politique est ailleurs, pour le moment, mais il y a eu des films très critiques dans les années 90 comme falling down…

      http://www.youtube.com/watch?v=F53ceg9XNVk

  26. Avatar de dissy
    dissy

    Ca sent mauvais pour les UK….

    S&P Confirms UK AAA Rating, Outlook Negative, Says Increase In Debt Burden Would Be « Incompatible » With AAA

    http://www.zerohedge.com/article/sp-confirms-uk-aaa-rating-outlook-negative-says-increase-debt-burden-would-be-incompatible-a

  27. Avatar de dissy
    dissy

    Retail Sales Plunge In Italy On Surging Unemployment And Lack Of Confidence: Example Of What US Looks Like Absent Stimulus

    http://www.zerohedge.com/article/retail-sales-plunge-italy-unemployment-and-lack-confidence-example-what-us-looks-absent-stim

  28. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    Ça rassure quelque peu de voir que les idées que l’on cernait plus ou moins consciemment plus ou moins avaient déjà été énoncées il y a environ deux cents ans de cela. C’est typiquement ce qui arrive quand il y a grève des transports…en ces occasions, bon nombre d’usagers se disent pris en otage et lors des grèves de 2007, cette réflexion m’avait paru décadente dans le sens où Hegel l’entendait. Et Nicolas Sarkozy avait par la suite fait remarquer que plus personne ne remarquait qu’il y avait des grèves en France…Nuire à un droit collectif (le droit de grève et in fine la liberté de réunion) au profit de libertés individuelles. Et trouver le bon équilibre est la clé d’une société juste.
    C’est pareil (et bien plus grave à mon goût) avec l’idée de mettre fin (ou d’assouplir) la carte scolaire. Nuire à un droit collectif (une carte scolaire qui permet quoique l’on dise une certaine mixité sociale et avait l’ambition d’offrir une instruction de qualité où que l’on soit en France) au profit des libertés (et là, plus les parents sont informés sur le système scolaire, plus leurs enfants ont de chance d’aller dans les bons établissements scolaires et de réussir) quitte à créer de vrais ghettos scolaires…

  29. Avatar de Kerjean
    Kerjean

    @P. Jorion

    Absolument pas d’accord.
    Le citoyen Romain, de gré et de force, s’était déjà désintéressé de la chose publique depuis plus de quatre siècles.
    La réduction à rien du citoyen romain date d’une période située entre la chute de Carthage et l’avènement de l’Impérium.

    A partir de celui ci, c’est la fuite en avant des conquètes et de l’import des forces vives de tout l’Empire et d’ailleurs qui retarde la déchéance.
    Le citoyen, lui, a été ruiné par l’afflux d’esclaves, propriété de quelques Patriciens et par les produits tirés des colonies appartenant aux mêmes patriciens.
    Le citoyen a été réduit à rien militairement depuis cette époque où on l’a « dispensé » du service militaire, préférant incorporer des esclaves, des conquis et des barbares au sein de la légion.

    Le pouvoir impérial, durant quatre siècles n’eut jamais aucune légitimité et aucune dynastie ne dure plus de deux générations. Ce sont les légions qui firent les empereurs. D’ailleurs, il n’est qu’à considérer le nombre de guerres civiles durant les trois derniers siècles: 240!!!!

    1. Avatar de zébu
      zébu

      Exactement.
      Donc vous êtes d’accord avec P. Jorion.
      Car dès l’empire presque ou tout au moins dès la fin du 1er siècle Ap. J-C, la ‘décadence’ est déjà en oeuvre mais l’empire n’est pas en ‘déclin’ (cf. distingo intéressant dans mon post, du Littré, sur ces deux termes).
      Comme quoi on peut décadent et en pleine puissance : ce fut le cas des US jusqu’à la crise des subprimes. Maintenant, on s’attaque à son déclin, soit sa fin.
      On est donc en plein ‘décaclin’ !! (lol).

    2. Avatar de methode
      methode

      @kerjean

      je suppose que vous vouliez dire que le désintérêt préexistait au christianisme, mais paul reste vague là-dessus. le christianisme a sans doute contribué à le rendre irréversible.

      deux questions:

      [et aucune dynastie ne dure plus de deux générations.]

      – vous êtes sûr de ça?

      [Le citoyen, lui, a été ruiné par l’afflux d’esclaves, propriété de quelques Patriciens et par les produits tirés des colonies appartenant aux mêmes patriciens.]

      – feriez vous des parallèles avec les effets discutés des vagues d’immigration actuelles en europe occidentale?

    3. Avatar de Kerjean
      Kerjean

      @Zebu

      l’Impérium EST la décadence. Dés le début. La rupture du « contrat » social et politique intervenue à la période de la révolte de Spartacus(que les simples citoyens auraient été avisés de suivre…) génère un chacun pour soi, une a-moralisation de la société, des déséquilibres inédits de fortune(Crassus possédait 400 000 esclaves, Cesar 2000 000!!!) et une anarchie qui amène l’Impérium.

      L’Impérium ne sera JAMAIS légitime et Rome verra 4 siècles de guerres de clans, de coups d’état militaires et la moitié des empereurs mourra de mort violente. Le citoyen réduit à une sorte de mendiant de première classe ne comptera pour rien.

      Ce que je veux dire, c’est que nous sommes, selon moi, à la période qui précède l’impérium.

  30. Avatar de Piotr
    Piotr

    Décadence d’un empire on s’en remet …
    Décadence d’une civilisation ,de notre civilisation c’est plus grave…
    De qu’elle décadence parle Paul?
    La décadence de l’Occident? la décadence planétaire?
    J’aimerai bien savoir !

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Plus simplement ,le mot décadence fait-il sens pour un chinois,un indien ,un brésilien?

    2. Avatar de zébu
      zébu

      A priori, pas les mêmes concepts.
      Je pense que P. Jorion parle de la civilisation ‘occidentale’ au sens de la civilisation européenne centrée sur l’individu, depuis la réforme (cf. Max Weber et sa thèse sur l’éthique du protestantisme), qui s’est ‘globalisée’ aux pays relevant culturellement de cette civilisation, le mouvement du libéralisme économique venant parachever ce qui avait été commencé il y a quelques siècles.

    3. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      L’occident est oxydé.

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      De l’oxydante incidence décadente de l’occident accidenté et occis?

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