Billet invité.
Je remercie chaleureusement les personnes qui ont commenté mon billet du 4 juillet (La pension comme salaire continué, solution aux impasses dans lesquelles sont aujourd’hui le travail et l’investissement) et je souhaite faire écho à leurs questions et objections en quatre points.
- 1. Système utopique ou changements révolutionnaires ?
Mon propos est d’observer des contradictions porteuses de changements révolutionnaires en matière d’investissement et de travail, ce qui est le contraire de la construction d’un système utopique. A l’opposé d’une démarche utopique qui construit un système imaginaire symétrique d’une réalité lue d’une manière péjorative et univoque, opérer un changement révolutionnaire c’est savoir discerner dans le présent le déjà-là révolutionnaire et le porter plus loin. Ainsi, j’observe une contradiction entre l’emploi et le salaire à vie que je pose au cœur de l’enjeu des retraites. Construite au 20ème siècle comme un salaire continué, la pension de retraite subvertit le marché des capitaux par l’extraordinaire réussite d’un engagement massif et de long terme assumé sans aucune accumulation financière qui montre que celle-ci est inutile pour l’investissement. Elle subvertit aussi le marché du travail par l’expérience massive du bonheur au travail dès lors qu’est attachée à la personne une qualification qui était jusqu’alors l’attribut de ses emplois. Les changements révolutionnaires à notre portée consistent donc
– à transposer à l’investissement la cotisation sociale et à abolir le droit de propriété lucrative [1] tout en asséchant le profit,
– et à attribuer à tous à partir de 18 ans le salaire à la qualification des retraités en supprimant ainsi le marché du travail négateur de notre qualité de créateurs du monde commun.
L’obstacle à surmonter pour engager de tels changements révolutionnaires est notre vision désespérée d’un « système » tout puissant qui ne change que pour maintenir le pouvoir des dominants. Ce désespoir fonde notre conviction que le présent n’est pas porteur d’un autre avenir collectif, ce qui conduit soit à la fuite utopique, soit au cynisme, soit à d’interminables rationalisations de notre défaitisme [2]. En appeler à la résistance ne suffit pas : nécessaire, elle est porteuse de redoutables perversions si elle s’en tient à dire non, comme on le voit dans le devenir de tant de mouvements de libération. Les révolutionnaires sont portés par un oui : ils se libèrent de l’utopie, du cynisme et du défaitisme dans la générosité d’être que nourrit l’amour des personnes et donc une vision dialectique du réel, toujours à l’affût de la vie qui sourd des institutions les plus mortifères. Que ceux qui pensent que les pistes que j’ouvre sont trop belles et trop faciles pour être bonnes interrogent l’étrange conviction qui veut que demain sera pire qu’aujourd’hui ; qu’ils mesurent leur détermination à affronter des obstacles considérables pour dépasser le marché du travail et l’accumulation privée du capital, dépassements qui pourtant sont aujourd’hui à portée de mains.
- 2. La cotisation économique et le salaire à la qualification à vie sont l’étape aujourd’hui possible de l’émancipation du travail et de la production
Je partage bien sûr les interrogations de mes interlocuteurs sur la part d’inconnu qu’ouvre la sortie du marché du travail et du marché des capitaux. Se libérer d’une partie de ses chaînes crée le trouble dans les routines et dans les quelques sécurités acquises en échange de la soumission. L’essentiel est dans la solidité des institutions déjà-là de la qualification et de la cotisation sociale que nous pouvons aujourd’hui porter à un niveau supérieur en remplacement d’institutions centrales du capitalisme.
Depuis 1945, la classe dirigeante mène campagne contre la cotisation sociale : elle n’a pas été en mesure d’empêcher sa considérable progression, de 32 à 65% du salaire brut. Sa régression qu’elle organise aujourd’hui au nom de la réforme (remplacement partiel par la CSG, gel des taux, changement de sens de la cotisation comme financement du salaire continué en prévoyance d’un revenu différé) nous place devant l’alternative : combattons-nous en défense (au prix de défaites répétées) ou sommes-nous assez confiants dans la solidité et le caractère émancipateur de la cotisation pour nous battre pour son extension au financement de l’investissement qui portera un coup fatal au droit de propriété lucrative ? N’avons-nous pas prouvé que faire de 30% de la valeur ajoutée un bien commun en la ponctionnant pour l’affecter au salaire sous forme de cotisations sociales [3] a été favorable à l’accès à la santé ou aux pensions de retraite, et que nous avons su gérer ces institutions non étatiques du salaire socialisé avant que la classe dirigeante s’emploie à les étatiser pour tenter de reprendre la main sur elles ? Sur ce modèle et forts de cette expérience, nous pouvons à la fois reconquérir le pouvoir sur les caisses de sécurité sociale et affecter 25 autres % de la valeur ajoutée, qui vont aujourd’hui au profit et nourrissent des portefeuilles financiers prédateurs et sous-investisseurs, à une cotisation économique finançant l’investissement productif sans taux d’intérêt. Nous saurons gérer les caisses d’investissement, qui seront non étatiques elles aussi puisque nées de la mutualisation salariale de la valeur ajoutée, car nous avons déjà l’expérience de l’examen de projets d’investissement. L’arbitrage entre les projets sera conflictuel, et on ne peut que s’en réjouir pour la démocratie … et inventer au fur et à mesure les institutions et les règles de ces arbitrages.
De la même façon, les conventions collectives ont classé les postes de travail dans une grille de qualifications correspondant à une grille de salaires que les employeurs ont dû respecter, grâce à la mobilisation syndicale face au patronat de branche. Cette sécurité du salaire était tolérée par les employeurs parce qu’elle était liée à l’emploi, dont ils ont seuls la maîtrise, et on pouvait penser possible un marché du travail assurant une certaine sécurité de carrière. Mais les droits salariaux liés aux emplois sont devenus incompatibles avec la « production de valeur pour l’actionnaire », qui suppose une grande liquidité des investissements et donc une grande flexibilité du marché du travail. La mise en cause de la sécurité de l’emploi au nom de « l’employabilité » nous place donc là aussi devant une alternative : ou une action défensive pour introduire un peu de sécurité dans la flexibilité (l’illusoire flexicurité préconisée par les réformateurs) et ainsi tenter de limiter la casse, ou la revendication offensive de la fin des emplois et du marché du travail par l’attribution à tous, sur le modèle réussi des retraités, d’une qualification personnelle et donc d’un salaire à vie, évidemment toujours évolutif au fur et à mesure des épreuves de qualification, mais irrévocable.
Ainsi, la cotisation économique et la qualification personnelle ne naissent pas de l’imagination du chercheur, elles sont l’urgent prolongement d’un déjà-là que la classe dirigeante tente de supprimer et qui ne pourra être maintenu que par son affirmation décisive contre les fondements du pouvoir du capital que sont le marché du travail et le droit de propriété lucrative. Que leur remplacement pose des questions nouvelles est évident : il ne s’agira pas de la fin de l’histoire ! Démocratiser l’investissement ne nous prémunira pas contre Bhopal. Comment allons-nous transposer à la qualification des personnes notre expérience collective de la qualification des emplois ? L’appariement des projets individuels et des besoins des entreprises continuera à se faire par voie de contrat, mais la signature du contrat ne reposera plus sur le salaire offert (il faudra donc d’autres arguments pour attirer les collègues, comme la qualité du travail), pas plus que sa rupture ne signifiera perte de la qualification et du salaire pour les intéressés. Le salaire direct ne sera plus payé par l’entreprise, mais par des caisses (à compétence de branche, territoriale, nationale ou autre) alimentées par une cotisation « salaire direct », comme il y a déjà une « cotisation sociale », financée par la valeur ajoutée : nous mutualisons déjà près de la moitié du salaire, qui se trouve ainsi fort heureusement dissocié de l’emploi (il est heureux que ce ne soit pas mon employeur qui paye ma contraception ou mon opération du cœur), il s’agit de prolonger cette situation en mutualisant tout le salaire. Les contraintes, la hiérarchie, le pouvoir de décision inhérents à tout collectif de travail seront assumées sans la subordination capitaliste et en absence d’employeurs et d’actionnaires : c’est une situation déjà vécue à grande échelle dans la fonction publique, dans les coopératives, dans de nombreuses entreprises à but non lucratif ou des cabinets de professions libérales. Les inquiétudes des commentaires sur la motivation au travail de titulaires de salaires à vie oublient que le malheur au travail (qui justifie selon eux la pression du chantage à l’emploi et de la subordination) est précisément le résultat de l’emploi [4]. Et s’il reste des tâches dégradantes non mécanisables dans une production débarrassée de la valeur travail [5], il faudra nous les partager.
- 3. La qualification personnelle s’oppose au revenu inconditionnel d’existence
Beaucoup de commentaires voient dans mon billet une argumentation en faveur du revenu inconditionnel d’existence. C’est un contresens. Le salaire universel (pour tous, à travers la qualification personnelle, et pour tout, avec la salarisation de l’investissement par la cotisation économique) est contradictoire au revenu universel. J’ai débattu à ce propos avec Guy Standing [6]. Brièvement : un revenu est ce que l’on tire d’un patrimoine, ce qui conforte l’idéologie de la propriété lucrative, alors que le salaire la subvertit ; au maximum égal au Smic, le revenu universel appelle un « second chèque » que l’on tire d’un emploi, ce qui conforte la logique du marché du travail que le salaire abolit ; revenu d’existence, il nous pose comme des êtres de besoins, comme le fait le capital, alors que le salaire nous pose comme participants à la production du bien commun au titre de notre qualification. Bref, comme toute utopie, le revenu d’existence est symétrique, et non pas contraire, aux institutions du capital.
- 4. La lutte de classes et la problématique réactionnaire des générations
Je conclus ce billet en évoquant les commentaires qui renvoient à la problématique des générations, qu’il s’agisse de la guerre des générations ou de la solidarité intergénérationnelle. L’invocation des « âges de la vie » comme celle des « générations » ou du « vieillissement » n’a de sens fécond que pour les biographies individuelles. Transposées à l’échelle de la société, ces notions sont particulièrement réactionnaires. Une société ne vieillit pas : pour montrer l’absurdité du propos, on pourrait dire, en considérant qu’aujourd’hui on est à 70 ans dans la situation de santé de ceux qui en 1850 avaient 40 ans et que la part des plus de 70 ans est inférieure à celle des plus de 40 ans à l’époque, que nos sociétés sont aujourd’hui plus jeunes qu’au 19ème siècle. De même le statut de salarié abstrait les personnes de leurs caractéristiques biographiques d’âge, de genre, de nationalité. Ce qui différencie un retraité d’un actif, ce n’est pas la génération, c’est le support du salaire : la personne pour le premier, l’emploi pour le second. Savoir lire cette différence, c’est pointer une subversion du capitalisme par le salaire à vie et la possible suppression des employeurs et des actionnaires, alors que la lire comme différence de générations, c’est pratiquer une naturalisation des âges qui désigne comme adversaires d’autres salariés. Affirmer, comme le font les opposants à la réforme, que les générations ne sont pas adversaires, que la solidarité intergénérationnelle est au cœur du lien social, ne change rien à l’affaire. Dans la production, le lien social ne met pas en présence des générations mais des employeurs et des actionnaires confrontés à des salariés. Quand les réformateurs tentent d’opposer les âges comme ils opposent les nationalités ou les genres, c’est pour éviter l’affirmation de salariés et d’institutions du salaire susceptibles d’en finir avec les employeurs et les actionnaires. Exactement comme la problématique de la guerre des générations, celle de la solidarité intergénérationnelle fait des retraités des anciens salariés, certes aux activités utiles mais qui ne travaillent plus et ne peuvent vivre que d’une ponction sur la valeur créée par les actifs. C’est là s’interdire toute alternative au capitalisme. Je reprends ce que je disais dans mon précédent billet : « travailler, est-ce tenir un emploi (qualification du poste) ou avoir un salaire à vie (qualification de la personne) ? Le salaire à la qualification à vie des retraités transforme leur activité en travail. Le salaire à vie est très supérieur à l’emploi pour assumer notre aspiration à contribuer au bien commun, car ce qu’il définit comme travail s’en rapproche davantage que ce que l’emploi désigne comme travail. »
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[1] La propriété lucrative est la possession d’un patrimoine que l’on ne consomme pas afin d’en tirer un revenu, à l’opposé de la propriété d’usage. C’est la propriété lucrative qui empêche la propriété d’usage (exemple du report des titres sur le marché du logement, source d’une hausse des prix qui interdit à beaucoup l’achat d’un logement). La défense de la propriété d’usage suppose l’abolition de la propriété lucrative.
[2] Dont une des plus récurrentes (et les commentaires n’y dérogent pas) est l’invocation de la mondialisation pour dire que nous ne pouvons rien changer à l’échelle nationale ou européenne. Comme si l’essentiel de nos échanges commerciaux n’étaient pas intra-européens, et comme si nous n’attirions pas plus de capitaux que nous n’en exportons.
[3] Attention à la confusion de nombreux commentaires : les prestations sociales ne sont évidemment pas financées sur le salaire, mais sur la valeur ajoutée ; elles sont une ponction sur le profit opérée par des cotisations sociales calculées en pourcentage du salaire pour bien affirmer qu’elles sont du salaire et qui, comme tout le salaire, sont une part de la valeur ajoutée. Qu’elles s’ajoutent en France à des salaires directs plus bas que dans des pays où elles ont un poids plus faible montre l’importance que nous attachons à affecter la valeur ajoutée à des formes non marchandes de production de biens et services. A contrario, l’état catastrophique du marché de l’immobilier montre combien nous aurions gagné à faire du logement une branche de la sécurité sociale à côté de la santé ou de la retraite.
[4] Contre une série de commentaires, j’insiste sur le fait que nous sommes plus proches quantitativement et qualitativement du plein emploi que pendant les trente glorieuses : le taux d’emploi des 20-60 ans est nettement supérieur, et la qualité de l’emploi aussi. La possibilité de recenser et d’indemniser les demandeurs d’emploi offerte par l’Unedic en 1958 et l’ANPE en 1967 a révélé leur existence, tout comme l’invention du CDI au début des années 1970 a imposé de donner un cadre juridique aux petits boulots, et les a ainsi révélés. Mais ces thermomètres n’ont pas créé la fièvre. Et qu’un taux d’emploi supérieur avec des emplois de meilleure qualité juridique suscite plus de souffrance au travail ne surprendra que ceux qui ne veulent pas voir que l’emploi, c’est-à-dire la réduction des personnes à des forces de travail sur un marché, ne peut qu’engendrer la négation des travailleurs comme uniques producteurs, qu’elle se manifeste dans le chômage (il n’y a de chômage que parce qu’il y a de l’emploi, c’est-à-dire une qualification des postes et non pas des personnes) ou dans l’impossibilité pour ceux qui ont un emploi de « bien travailler ». L’emploi est aujourd’hui, avec le sous-investissement, le principal obstacle au travail.
[5] Sur ce point très important que je n’ai pas la place de développer, comme d’ailleurs sur le reste de mon argumentaire, je renvoie à L’enjeu des retraites que j’ai publié en mars dernier à La Dispute (et à L’enjeu du salaire que je publie en 2011 chez le même éditeur).
[6] Pour un salaire universel, réponse à Guy Standing, les Mondes du Travail, n° 5, janvier 2008, pp. 107-116.
187 réponses à “Repenser le travail : Réponse aux commentateurs de mon billet du 4 juillet, par Bernard Friot”
« Autrement dit, nous naissons et nous vivons grâce à une « Dette » qui ne sera jamais soldée envers ceux qui nous ont précédés. »
Qui a dit que ceux qui ont précédés n’étaient pas une part de nous même, disait noumène tout en songeant au phénomène.
Vous n’imaginez tout de même pas vous en tirer comme ça, cela serait un peu trop simple non?
Enfin, après c’est une question de croyance, on peut aussi ne croire en rien et à rien, mais le bon sens veut qu’il en autrement. Tous non coupables, mais tous responsables.
La continuité du monde et de la nature existe et cela depuis l’éternité. Donc corrigeons-nous et préparons une autre vie plus élégante et plus altruiste. Amen c’était dimanche.
Au pas sage :
« Ce que tu refuses de faire par ignorance, tu le feras pas nécessité. »
Bonnet de nuit
Bonjour Monsieur Friot,
Votre proposition est et reste intéressante car elle me semble soulever les bons problèmes. Mais, la notion de revenu lié à la qualification est problématique en soi car :
1) elle suppose une prise de position administrative que je qualifierai de dogmatique sur la valeur sociale des qualifications. Ce phénomène induit une rigidité extrême dans un système et ne peut aboutir qu’à des dérives socialement catastrophiques.
La qualification est indépendante de l’utilité sociale mais elle doit rester libre. Telle qualification va apparaitre inutile un jour alors que, quelques années ou décennies plus tard et parce qu’un évènement ou des évènements particuliers auront vu le jour, la qualification en question aura une aura sociale énorme. Ce qui peut aussi se produire en sens inverse, en particulier avec les progrès de la science : une qualification apparemment très utile du point de vue sociale à une date T va perdre de son utilité avec le temps (T + n).
Il faut laisser le temps au temps et la liberté à la liberté, ce qui permet les évolutions et évite de sombrer dans le dogmatisme.
2) Votre proposition suppose un suivi administratif très conséquent, facteur de rigidité et lourd de potentialités d’orages.
3) Je pense qu’il est maintenant temps de sortir de tout ce carcan industriel (avec toutes les contraintes financières et sociales qui lui font nécessairement cortège), pour favoriser l’artisanat et la créativité artisanale. Cette évolution ne pourra se faire qu’après avoir pris conscience que « notre société » n’est libérale (ultra libérale, ordo libérale, ou que sais-je encore) que pour les banques et le grand capital. Tous les autres secteurs d’activité sont au contraire ultra règlementés, administrés et contrôlés jusqu’à la sclérose.
Il est aujourd’hui grand temps de restaurer :
a) un système éducatif digne de ce nom (qui permet la formation d’un esprit critique : notamment par la restauration de l’enseignement de l’histoire et des sciences sociales) ; ce qui n’est pas forcément synonyme d’allongement de la durée des études mais au contraire plutôt d’un raccourcissement : remplacer la quantité par la qualité en quelque sorte ;
b) la liberté d’entreprendre (ce qui suppose, notamment, la restauration de la suppression des « corporations et des jurandes » modernes, tous ces corps intermédiaires qui s’arrogent le droit de contrôler, d’administrer et de nuire à leurs « adhérents forcés ») ;
c) la suppression de la possibilité infinie du droit de nuire qu’ont certains corps institués : par la restauration institutionnelle de limites, c’est-à-dire de contrepouvoirs efficients et effectifs. Ces contrepouvoirs suffiront à limiter les dérives éventuelles liées à la liberté d’entreprendre.
Cordialement,
En accord avec vous VB.
En dehors du fait que la grille va mettre le pays à feu et à sang,revenu lié à la qualification rime avec rente de situation.
LACORDAIRE (Henri)
Prêtre et dominicain français (1802-1861)
<>
| Source : Quarante-cinquième conférence de Notre-Dame
A méditer avant d’écrire le mot liberté !!
Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit.
Je parle de vos points 1 et 2…
@Lisztfr
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit. »
L’établissement de la loi dépend d’un certain rapport de force dans la société. Elle peut libérer comme elle peut opprimer. Tout dépend de ce rapport de force et de quelle côté de la barrière sociale on se situe.
Quant à la notion de liberté elle-même, elle est aussi un des moteurs idéologiques du système de domination actuel (‘choix’ du consommateur, marché libre et sans entrave,…). Il faut donc définir ce que l’on entend par là. Comme pour la vulgate néolibérale (ex: ‘réforme’ employé dans un un sens contraire à ce qu’il veut réellement dire, et employé justement pour cela), il y a tout un renversement sémantique à effectuer. « Les mots travaillent »(Ivan Chtcheglov)
VB je suis aussi d’accord avec vous.
à phev,
J’ai signalé que vous êtes un militant libéral admirateur de Frédéric Bastiat qui était lui-même partisan de supprimer tous les impôts.
Seriez vous son descendant ?
j’aime bien aussi Jean Baptiste Say, pas vous ?
tenez une page de jean Baptiste, c’est dans le domaine public donc nous avons aucune raison de nous priver d’aussi saines lectures :
Dans quel but les gouvernements font-ils des emprunts ?
Dans le but de subvenir à des dépenses extraordinaires que les rentrées ordinaires ne suffisent pas pour acquitter
Avec quoi paient-ils les intérêts des emprunts qu’ils font ?
Ils les paient, soit en mettant un nouvel impôt, soit en économisant sur les dépenses ordinaires une somme annuelle suffisante pour payer cet intérêt.
Les emprunts publics sont donc un moyen de consommer des capitaux dont les intérêts sont payés par la nation ?
Vous les caractérisez bien.
Quels sont les préteurs ?
Les particuliers qui ont des capitaux disponibles, lorsqu’ils supposent au gouvernement emprunteur la volonté et le pouvoir d’acquitter exactement les engagements qu’il contracte envers eux.
Puisque le gouvernement représente la société, et que la société se compose des particuliers, c’est donc, dans les emprunts publics, la société qui se prête à elle-même ?
Oui : c’est une partie des particuliers qui prête à la totalité des particuliers, c’est-à-dire à la société ou à son gouvernement.
Quel effet produisent les emprunts publics par rapport à la richesse générale ? l’augmentent-ils ? la diminuent-ils ?
L’emprunt, en lui-même, ne l’augmente ni ne la diminue, c’est une valeur qui passe de la main des particuliers aux main du gouvernement ; c’est un simple déplacement. Mais comme le principal de l’emprunt, ou, si l’on veut, le capital prêté, est ordinairement consommé à la suite de ce déplacement, les emprunts publics entraînent une consommation improductive, une destruction de capitaux.
Un capital ainsi prêté n’aurait-il pas été consommé de même, s’il fût resté entre les mains des particuliers ?
Non : les particuliers qui ont prêté un capital avaient l’intention de le placer, et non de le consommer. S’ils ne l’eussent pas prêté au gouvernement, ils l’auraient prêté à des gens qui l’auraient fait valoir ; ou bien ils l’auraient fait valoir eux-mêmes ; dès lors ce capital aurait été consommé reproductivement au lieu de l’être improductivement. Si cette portion du capital national servait précédemment des usages reproductifs, le capital national est diminué de tout le montant du prêt ; si elle était le fruit d’une nouvelle épargne, le capital national n’a pas été accru par cette épargne.
Le revenu total de la nation est-il augmenté ou diminué par les emprunts publics ?
Il est diminué, parce que tout capital qui se consomme entraîne la perte du revenu qu’il aurait procuré.
Cependant, ici, le particulier qui prête ne perd point de revenu, puisque le gouvernement lui paie l’intérêt de ses fonds : or, si le particulier ne perd aucun revenu, qui peut faire celte perte ?
Ceux qui font cette perte sont les contribuables qui fournissent l’augmentation d’impôt dont on paie les intérêts ; ce qui occasionne pour eux une diminution de revenu.
Il me semble que le rentier touchant d’un côté un revenu que le contribuable fournit d’un: autre côté, il n’y a aucune portion de revenu perdue, et que l’État a profilé du principal de l’emprunt qu’il a consommé.
Vous êtes dans l’erreur : il y a dans la société un revenu perdu, ce lui du capital prêté au gouvernement. Si j’avais fait valoir, ou qu’un entrepreneur d’industrie eût fait valoir pour moi un capital de 10,000 francs, j’en aurais retiré un intérêt de 500 francs qui n’aurait rien coûté à personne, puisqu’il serait provenu d’une production de valeur. On ouvre un emprunt et je prête cette somme au gouvernement. Elle ne sert pas, dès lors, à une production de valeur; elle ne fournit plus de revenu ; et si le gouvernement me paie 500 francs d’intérêt, c’est en forçant des producteurs, agriculteurs, manufacturiers, ou négociants, à sacrifier une partie de leurs revenus pour me satisfaire. Au lieu de deux revenus dont la société aurait profité (celui de 500 francs produit par mon capital placé reproductivement, et celui de 500 francs produit par l’industrie du contribuable), il ne reste plus que celui du contribuable que le gouvernement me transfère après avoir consommé à jamais mon capital .
Demain c’est lundi, il va me falloir aller travailler, toute la semaine. C’est franchement totalement idiot, avec ce soleil, ces siestes et ce rosé à boire ! C’est simplement absurde, le travail est un truc absurde, la notion même de travail n’a aucun sens. Vous avez regardé le ciel bleu depuis votre bureau ? Depuis votre travail quelqu’il soit ? Vous trouvez tout cela normal ? Et c’est moi le fou ? Nan, c’est drôle et déprimant à la fois. Abolissons le travail aussi simplement que l’esclavage par le droit. Rajoutons un article un peu moderne dans la DUDDH : Chaque être humain à le droit à la paresse totale et pleine quand il le veut et où il le veut !
Voilà un vrai programme, un vrai combat ! Pas d’accord avec ce combat ? Non au travail oui à la Paresse !
Je pense qu’en effet 8h par jour est ignoble, car la vie passée avant d’avoir été vécue. Tout à coup, la retraite, 65 ans et voilà c’est terminé pour vous !! Voilà comment la vie, la seul et unique que l’on a car la paradis c’est ici a dit Henry Miller, il n’y a pas de compensation au dela, eh bien cette vie est passée à s’acharner à au travail qui ne rime pas toujours avec « vocation » ! et même s’il rimait avec vocation il faudrait alors désintoxiquer l’individu.
La morale du travail est à l’attention de ceux à qui on la prêche, tandis que les autres apprennent à utiliser leur capital pour ne pas travailler, chacun sa morale (voir les revues qui s’occupent du capital).
Mon père est à la retraite, il ne comprend pas comment il faisait pour travailler avant.
20h semaine serait le maximum autorisé si j’avais mon mot à dire, le reste serait passé à vivre !
On est toujours dans un système d’esclavage, sauf qu’on peut changer de maitre dit Marx il me semble. Ce n’est PAS la liberté !
Même G Gould a dit qu’il n’était pas sûr de vouloir faire ce qu’il faisait, l’intégralité d’une pièce etc.
Le goût de l’effort doit être appris mais autrement. Actuellement c’est du terrorisme, c’est par l’effroi que l’on oblige le petit homme à bosser. Car sinon c’est la rue. Voilà la charitable et très humaniste société, pleine d’ideaux qui est la notre. Une pure société d’esclaves, dans tous les sens du termes et qui ne savent même plus à quel point ils le sont. Tu n’y arrives pas mon grand, eh bien tant pis, ce sera la rue !! Ou l’impossibilité de vivre
Tous les gens que je connais auraient bien fait un autre métier s’ils pouvait refaire leur vie.
Rien ne va mais on ne sait même pas à quel point c’est grave… notre modèle occidental ne mérite pas d’être exporté, c’est une hypocrisie et une tartuferie depuis l’origine.
« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture »
Lafargue ‘le droit à la paresse’
Le droit à la paresse, pour qui le veut quand il le veut, serions- nous si abrutis que de vouloir être la seule espèce (dite civilisée) à travailler contre rémunération obligeante.
Au diable la civilisation, prendre son temps, écouter, regarder, expliquer, comprendre, la pleinitude du temps, vivre sans montre et pourtant je suis homme de rendez-vous, jamais en retard toujours en avance, ne rien faire et être en avance, la vie est trop courte pour perdre son temps à travailler, travailler pour vivre de l’essentiel et non pas du superflu, la démographie et les ressources vont nous contraindre, alors anticipons, travaillons à mettre le droit à la paresse en PRINCIPE REPUBLICAIN.
Abolition des valeurs moralisantes qualificatives à la ressource travail. Bonne semaine à tous.
@ Lisztfr, (ce message remplace le précédent)
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit. »
=>
Oui monsieur : cela est vrai à certaines époques, et à d’autres époques, l’oppression vient justement de la loi.
Lacordaire parlait du Code civil, ce qui n’a plus rien à voir avec la loi telle qu’actuellement conçue. On est très loin de la conception juridique de la codification napoléonienne. On est aujourd’hui passé à un système juridique de marchandage partisan qui a perdu l’essence même de ce qu’est le bien commun.
Actuellement, trouvez vous vraiment que la loi affranchit qui que ce soit de quoi que ce soit ? La « loi » actuelle protège le fort, l’oppresseur, le banquier et le maître, pas le faible et l’opprimé : revenez sur Terrre.
De grâce, il faut, pour avancer, rester pragmatique tout en gardant en tête les principes idéaux (ceux qui n’auraient jamais dû cesser d’être).
Cordialement,
Comme disait Chomsky je crois, l’Etat c’est tout ce que nous avons; La démocratie c’est l’Etat, le Droit et la séparation des pouvoirs, sinon c’est ce que vous appelez la libre entreprise et qui est l’anarchie dans laquelle nous vivons.
Le pouvoir étatique met au pas les petites tyrannies locales, car il n’y a aucun autre moyen de le faire…
Si vous voulez, mon programme est celui de Descartes : vider le panier de pommes et triées celles qui sont pourries.
J’arrête là car je suis pour la dictature du peuple. La dictature de la majorité… et pas la dictature de la minorité.
Il est presque doux de lire les billevesées de » phev » et sa nostalgie du monde ancien.
Informé par Paul Jorion et tous les contributeurs de ce blog, on reste désarmé face au propos de mauvaise foi ou les vieilles croyances de » phev » qui n’arrive décidément pas à penser différemment. Même pour » jouer » , il ne veut pas faire un pas de côté. Il milite encore farouchement pour ce système qui vient de ruiner les économies mondiales et perpétuent des guerres effroyables à l’autre bout de la planète avec les conséquences présentes que l’on imagine et mêmes futures à plus ou moins long terme… Imaginons-nous envahis illégalement du jour au lendemain par une puissance étrangère ? Pour l’avoir vécu, oui nous n’osons plus l’imaginer.
Le fait de plus que les citoyens soient pris en otage par les marchés financiers et que ce sont eux qui seront mis à contribution désormais pour payer l’ardoise des prises de risques que les capitalistes ne veulent plus prendre – si tant est qu’ils les aient pris vraiment dans l’histoire au vu de ce qu’ont pris en pleine poire les peuples et les simples quidam – ne semble pas interpeller
» Phev » . Il ne prend pas en compte la chute de Wall Street de 2007 – 2008. Il ne veut pas y croire. Il veut encore s’accrocher à toutes ses certitudes comme une moule à son rocher.
Bon ceci dit, il est bon qu’il y ait des avis contraires pour mieux comprendre exactement ce que nous présente M.B.Friot. N’oublions pas qu’il ne fait là qu’une proposition – Active certes, mais pas sans l’assentiment des « acteurs » précisément. C’est pourquoi elle est mise en débat ici ou dans les éditions correspondantes . Personnellement je n’ai pas la prétention non plus de tout comprendre. Loin de là.
Au delà de cette constatation je pose la question suivante :
Le travail que vous faites tous & toutes ici est t-il un emploi ( Travail mort ) ou du Travail vivant ? Est-il à considérer comme une perte de temps ( « le temps c’est de l’argent ») ou de la Richesse ?
Avez -vous été rémunéré pour le faire ? Je veux dire au delà de la mutualisation du blog initié par Paul Jorion ? Non, n’est-ce pas ? Et pourtant vous le faites et vous enrichissez tout le monde. Même » Phev » – et oui, même Phev ! Je veux dire même » Phev » nous enrichi par ses avis opposés. Car cela nous pousse à mieux comprendre ce qui nous est dit. A mieux le penser aussi.
Je me souviens aussi que quelqu’un a pensé au » cantonnier » celui qui ramasse tous les déchets de notre civilisation, celle de la « richesse obsolescente » et du rebut accéléré, sans en retirer beaucoup de prestige… j’avais envie de dire un mot là dessus.
Oui, quand au cantonnier qui dans notre système fait un métier difficile ou peu attirant.
Le fait -il aujourd’hui parce qu’il est heureux de le faire ? Parce qu’il est bien payé ? Parce qu’il y a une nécessité municipale et vitale à le faire au vu de la Santé publique ? Parce que le marché de l’emploi l’y contraint ?
Dans le système de B. Friot qui serait encore « Cantonnier » demande quelqu’un ? Plus personne ne voudrait le faire dit quelqu’un . Vraiment ? La Santé publique et la responsabilité municipale n’existerait plus ? Que nenni ! Tout serait encore là. Ce qui changerait ce serait le salaire. Il serait plus grand au vu de la charge réelle que ce métier véhicule. N’oublions pas que B.Friot parle d’un salaire de base à 2000 euros.
Nous pouvons aussi parier sur les spécificité de chacun. Tous les gouts sont dans la nature. Le partage de certaines spécialisations sont elles aussi à envisager. Car c’est bien de Travail « vivant » dont il est question ici. Et donc de la valorisation de chacun dans un autre système de » Valeurs « .
L’écho qui se fait entendre ici par rapport au « Cantonnier » par un des internautes ne fait que traduire un système de valorisation ou dévalorisation de l’emploi. Un footballeur est payé des millions aujourd’hui et le cantonnier gagne le Smig. La précarisation des professeurs les rapproche aujourd’hui plus du côté du cantonnier que du footballeur. Il est clair que le système proposé par B.Friot serait, il me semble, aussi une mise à plat de la valeur » Travail » qui entre en total conflit aujourd’hui avec la valorisation d’un emploi ou la dévalorisation d’un autre.
C’est donc de tout un système de » Valeurs » qui est en crise aujourd’hui par rapport à ce que nous vivons et ressentons. M. Séguéla n’a de légitimation que dans un système de valeurs appropriées et sans cesse répétées. Pareil pour Maddof – porté aux nues encore hier – ou Georges Soros aujourd’hui. Ils n’ont eu de » valeurs » qu’en proportion à notre bonne volonté de croire à celles-ci.
Le matraquage incessant de nous aide pas il est vrai à toujours bien nous repérer et à mieux sentir ce qui est vraiment bon ou nocif. Le fait d’être immerger dans un système de valeurs spécifiques ne peut de toute façon pas complètement nous faire accéder à une vision pure de ce qui serait » bon » ou « mauvais ». Il y a la clairvoyance intime et partagée par de plus en plus de monde par contre, qui nous font comprendre qu’un cycle de « valeurs » se ferme et qu’un autre doit émerger sans plus tarder.
Qui décrète le système de » Valeurs actuelles » ? Vous, nous ? Le marché ? Mon chien ?
Pourquoi internalisons-nous ce qui est aberrant et dicté par des acteurs qui vont à l’inverse de nos sensations, intérêts, désirs, motivations, capacité de création ? Pourquoi nous diluons-nous dans leur propre fantasmatique qui n’est là que pour mieux nous anéantir comme sujet ? Comme acteur vivant ? Comme citoyen libre ? Pourquoi nous voyons nous uniquement comme de simples pions ou simples consommateurs ? Qui désire ne nous voir qu’ainsi ? Qui nous hante à notre insu ? Qui nous modèle atrophié ?
Ce qui vient de ruiner les économies mondiales c’est plutôt l’endettement, l’absence de fonds propres… et donc l’irresponsabilité de ceux qui ont pris, de ceux qui ont consenti, et des politiques qui ont encouragé ces crédits plus que la faute d’un système…
C’est donc la politique monétaire depuis 2002 qui est coupable de nos problèmes.
Constat de la situation présente :
Lorsqu’il faut générer plus de 8% de déficit pour obtenir -2,5% du PIB en 2009, la conclusion est évidente.
C’est cuit (les chiffres de cette année sont du même tonneau pour une croissance qui sera nulle)… la sphère privé ne prendra pas le relais de l’état. Il faut donc arrêter de creuser les trous… De toute façon dès que l’état retirera son soutien, la demande va s’écrouler que ce soit dans un an ou dans cinq ans… Donc il faut accepter dès à présent la mauvaise potion d’une récession pour éviter à avoir à supporter celle d’une dépression à venir (…car les dégâts occasionnés s’additionnent, aucun des problèmes n’est réglé, il ne sont juste que différés…) si on ne met pas fin très vite à tout ce gâchis d’argent public.
Que ceux qui ont fait des paris assument leurs risques, constatent leurs pertes, notamment les banques… Que s’arrêtent les crédits accordés aux banques à trois mois, six mois de la part des banques centrales. Nous ne sommes pas dans une crise de liquidité mais dans une crise de solvabilité. Qui serait assez fous pour prêter de l’argent aux banques aujourd’hui ? Il semble que l’on ne trouve qu’un seul fou : « les banques centrales » c’est quand même ubuesque…
Malheureusement la purge est cette fois ci INEVITABLE, les dégâts causés depuis la bulle internet de 2000 (la politique monétaire ubuesque) ne peuvent se solder par les recettes usuelles utilisées en cas de récession (subventionner la demande, baisse des taux d’intérêt, etc…). C’est en cela qu’il s’agit de la fin d’un système… la fraude organisée est arrivé à son terme logique, il n’y a plus de « sucker » à ratisser…
Ce n’est qu’une fois purgée de tous ses excès que l’économie pourra repartir….
NB: heureusement que nous sommes dans le même bateau que l’Allemagne… Sans eux je me demande où nous serions maintenant…
la solution est donc aussi dans nos comportements de chaque jour : épargner, épargner et encore épargner… Et surtout ne pas s’endetter, s’abstenir du superflu dans sa consommation.
@ H2 qui fait appel à témoignages
Je l’ai déjà signalé, comme cadre chez Ford, je n’ai donné que 50 % de mes capacités, délibérément, par résistance à la dictature du capital. Et autour de moi, les gens avec un peu de dignité faisaient souvent la même chose, quand ce n’était pas délibérément du sabotage…Dans les autres fonctions, au service des actionnaires qui gagnent plus en dormant plus, pareil…
Après 40 ans de travail, le bilan est simple: j’ai beaucoup plus donné de mon intelligence et de mon coeur, souvent de mon temps, en dehors du travail qu’au travail. Et ceci dans la sphère familiale, associative ou de parti politique. Cela explique sans doute ma santée, joie de vivre et amour des êtres humains.
Face à ceux qui défendent encore la préhistoire capitaliste, un texte que j’ai déjà cité (pardon), mais qui parle clair et juste:
Pourquoi le socialisme?, Albert Einstein, 1949
http://www.socialisme.be/marxismeorg/1949einstein.html
Extrait, parmi d’autres paragraphes:
« La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une « armée » de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.
Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.
Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. »
@phev
« C’est cuit (les chiffres de cette année sont du même tonneau pour une croissance qui sera nulle)… la sphère privé ne prendra pas le relais de l’état. Il faut donc arrêter de creuser les trous… De toute façon dès que l’état retirera son soutien, la demande va s’écrouler que ce soit dans un an ou dans cinq ans… Donc il faut accepter dès à présent la mauvaise potion d’une récession pour éviter à avoir à supporter celle d’une dépression à venir (…car les dégâts occasionnés s’additionnent, aucun des problèmes n’est réglé, il ne sont juste que différés…) si on ne met pas fin très vite à tout ce gâchis d’argent public. »
Phev, la puissance de vos raisonnements me sidère. Mais je vous imagine familier de ce genre de compliments.
N’avez vous jamais songé à fonder un parti politique? En temps de crise, les foules,à ce qu’on en dit, se tournent facilement vers les personnalités fortes et charismatiques.
Nb: adjoindre des chiffres précis à votre démonstration vous rendrait encore plus convaincant, parce que dit comme ça « les tonneaux sont pleins, les caisses sont vides, sans oublier l’inflation », c’est un peu ardu à comprendre pour les non initiés.
Votre dévoué serviteur
SOUVARINE
@ Phev : bon courage !
Je n’ai pour ma part pas la vaillance de répondre à toutes les absurdités visibles dans ces commentaires. Moi aussi je trouve rafraîchissantes les lectures de Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat. Et je trouve aberrant que certains puissent encore imaginer des modèles économiques de sociétés en faisant complètement abstraction d’Adam Smith, en oubliant les fondamentaux de la création et de l’entreprise qui sont la volonté de s’enrichir. Comment peut-on méconnaître la nature humaine au point de penser que les gens travailleront plus et seront heureux de le faire dès lors qu’ils seront certains d’être payés ? Il suffit d’avoir eu affaire aux entreprises nationales en monopole pour s’apercevoir que leurs employés ne sont pas globalement habités par l’esprit de service.
En vérité, prétendre penser l’économie en se passant d’Adam Smith, c’est comme vouloir faire de la physique quantique sans la Relativité.
J’ai vu que vos principaux contradicteurs accusent le libéralisme d’avoir échoué, que la crise en est la preuve, etc…
C’est un raisonnement sommaire. Certes il y a eu des excès, et sans doute que le moindre n’est pas la croyance exagérée en l’auto-régulation. Une constitution pour l’économie, très brève, comme le propose monsieur Jorion, suffirait à régler les problèmes qui peuvent être soulevés par un libéralisme non régulé.
Mais rejeter le libéralisme au profit d’un système plus ou moins soviétique, comme le projet dantesque de monsieur Friot, parce qu’il n’est pas intégralement parfait est aussi stupide que préférer à la démocratie un système totalitaire au prétexte qu’elle présente des risques de démagogie.
Enfin bref, ce sera ma seule contribution. Je vous laisse, cher Phev, avec tous mes encouragements.
Bien à vous,
Philippe
@ phillipe F :
Vous êtes à côté de la plaque, n’avez pas lu et commentez à tort et à travers. Croyez-vous vraiment que M. Friot ait pu se passer de la lecture approfondie d’Adam Smith ? Attention, à force de croire que les fonctionnaires ne font rien, vous aller finir par croire que ceux qui vous ont appris à lire n’existaient pas.
Bonsoir,
Adhérer sans discussions, bien entendu non, mais pointer du doigt les points semblant faibles, pour faire s’effondrer tout l’édifice, ce n’est guerre constructif.
L’idée de séparation des notions emploi / travail est *incontestablement* intéressante, contructive non seulement pour la compréhension du monde actuel, mais aussi pour la recherche de son amélioration.
Aussi la notion de propriété lucrative est intéressante.
Reste, à s’interroger sur la notion du travail. Et après avoir listé, parmi les activités utiles, les « roles sociaux » comme vous l’écriviez, ceux qui sont indispensables. Cela permet de voir parmi ceux qui restent lesquels peuvent réellement être qualifiés de « travail » (=torture) et ne seront donc jamais choisi par personne (hors masochistes).
Comme il s’agit que tout le monde vive au mieux, je propose, comme d’autres l’ont fait avant moi, un service civil qui permettrait à tous de mettre un peu la main à ces travaux nécessaires, et qui pourrait avoir quelques qualités du service militaire sans les inconvénients.
Je préfère des faignasses qui en foutent pas une plutôt que les souffrances du monde actuel. Mais s’il faut y réfléchir, nous pourrions trouver des solutions. Sans empêcher ces faignasses de vivre, on pourrait calculer la rémunération non seulement en fonction de la qualification, mais également en fonction du comportement des personnes : si elles se rendent concrètement utiles ou non. Reste le problème épineux du « contrôle » (aïe…).
Quant à la façon de faire la transition, eh bien qu’on y réfléchisse… Serait-il possible d’effectuer un travail collaboratif pour mettre « au propre » toutes ces idées, et les emboiter les unes aux autres pour former non pas une utopie, mais une feuille de route ? Où est le mal, d’essayer ? Quoi de plus motivant que de chercher l’amélioration de la société, qui conduit inévitablement, et même préalablement, à rechercher son amélioration personnelle ?
Bon allez je fatigue, demain j’ai du tra… non un rôle social à assumer, dont j’ai créé moi-même l’emploi, puisqu’il n’y en avait pas…
Le service militaire était en effet le seul et dernier impôt égalitaire et payable en nature…
Remplacer les fonctionnaires par trois ans de travail au service de la nation à la sortie des études (dans son domaine de compétence) me semble une très bonne chose. Au moins un impôt vraiment égal pour tout le monde.
@phev
Savez vous vraiment ce que veut dire payer « en nature »?
Enfin, si cet impôt est égal et en plus pour tous, je suis bien évidemment pour
phev est un provocateur.
C’est ce que j’ai voulu signaler dans la première réponse que je lui ai faite.
A mon sens ce sont ceux qui veulent proscrire la « propriété lucrative » qui sont des provocateurs, à-t-on déjà vu un concept aussi inepte ? Et comment vont faire ceux qui ne veulent pas acheter, les jeunes qui doivent se constituer un apport, ceux qui sont mutés fréquemment… si un tel concept se met en place…. on va utiliser la force de la loi pour les obliger d’acheter ? Redescendez sur terre ?
J’ai pour ma part fait mon calcul acheter est une mauvaise solution, donc je loue… Dès que le vent aura tourné j’achète (et encore pas certain, mutation, etc…). Il faut laisser chacun faire ses choix et non les imposer. Il y a un marché pour la location et bien il faut des bailleurs…
Sans doute au grand max 0,1% des français n’ont cessé de gagner plus depuis 30 ans en dormant, quand les autres…Miracle de l’économie capitaliste.
Et le taux d’exploitation est tel qu’il peuvent controler par la contrainte (Etat) ou le fric les médias, professionnels de la politique, partis, etc.
Ils disposent même d’intervenants sur les blogs pourtant les plus honnêtes.
Phev, finis ton verre, on va fermer!
Comme toujours, je lis sur ce blog des idées bien intéressantes et qui ne manqueront pas d’être précieuses dans le monde neuf que nous construirons tous. Je suis assez séduite par les idées de M.Friot…
Mais, mais mais, ces propositions ne peuvent s’appliquer que si nous en avons fini avec ce vieux monde qui pourrit tous les rapports sociaux, générationnels, hommes-femmes, intellectuels-manuels, etc. Car des idées nouvelles à appliquer, nous en aurons… ce qui nous manque, c’est l’ardeur et la méthode pour en finir avec ce vieux monde.
Je vous paraîtrais peut-être plus pragmatique que les plus pragmatiques, mais le problème majeur que je me pose n’est pas pour « après » seulement, il se pose pour tourner la page avec le système actuel, qui laisse sur le terrain des hommes, des femmes, des enfants bafoués, lessivés, surexploités ou ignorés, tandis que d’autres se gobergent.
Comment faire? Quel combat mener? Expliquer ne suffit plus aujourd’hui… Il faut agir, contrôler les requins, les exproprier… faire ce que parvient à faire le sport: réunifier, réunir les peuples pour leur avenir, pas pour courir derrière un ballon.
Quelle énergie dans les stades pour le jeu… si seulement pour la vie, c’était la même chose…
@bernard friot
1/ Cas vécus tout récemment qui font se poser des questions à des positions diverses par rapport à la nouvelle forme de rupture conventionnelle amiable et indemnisée qui ouvre le droit au chômage :
pour les détails de cette nouvelle formule qui n’est ni licenciement ni démission lire
http://www.village-justice.com/articles/rupture-conventionnelle-amiable,6379.html
2/ Dans une PME « performante » de mes environs , une connaissance a inauguré cette formule en accord avec le jeune PDG entrepreneur entreprenant et créateur d’emplois . L’accord a été respecté . Mais dans la semaine qui a suivi 6 autres personnes ont posé le même type de candidature . L’hémorragie a été arrêtée aussi vite qu’elle s’est déclarée …
3/Si 20 000 personnes recensées ont déjà trouvé intérêt à cette issue sans risque immédiat ni pour l’employeur ni pour l’employé , quand elle sera mieux connue combien vont-ils l’adopter avec quels risques secondaires ?
Pendant les phases de durcissement de la « crise » le titre de chômeur ne serait-il pas de plus en plus protégé par du droit séduisant voire piégeant vers l’exclusion progressive ?
Et quid du lien entre les désintérêts politiques et sociaux et le désintérêt du travail , (conjugaison programmée ?) excluant toute amélioration possible ?
Tout ça c’est la faute aux 35 heures.
-1997: loi instaurant les 35 heures en France.
-2007: crise mondiale.
N’y voyez-vous pas un lien de cause à effet ?
Effectivement, la convergence des 7 est assez troublante.
Pour y remédier, je propose qu’on vote la loi sur les 15h/s.
Je viens de me replonger dans Lafargue, il était pour 3 heures de travail/jour
Sur ce, bonne nuit.
Et toutes les crises avant, en Europe au 19ème siècle, dans le monde en 29, récemment en Asie, au Japon, ou encore aux USA en 2001, c’était aussi les avancées sociales françaises ?
Décidemment, le succès extraordinaire de ce blog a un coût…sur la qualité des informations des intervenants.
Quant au partage du travail, ce sont les pays qui le pratiquent qui ont les meilleurs résultats d’emploi, d’après l’OCDE:
http://www.cepr.net/index.php/graphic-economics/graphic-economics/change-in-unemployment-rate-in-countries-with-and-without-work-sharing/
@Charles A.
Je ne sais pas précisément à qui votre message s’adresse, mais celui de Salva m’avait surtout paru ironique (à moins que je ne me trompe) et avait, selon moi, pour objectif de railler ceux qui fustigent la loi sur les 35/h en la présentant comme le grand Mal qui serait à l’origine de tous les maux(ex:medef…)
Ma « réponse » se voulait dans la même tonalité mais je dois reconnaître qu’elle ne ressemble pas à grand chose. Bon, il était tard…
Salutations
@Souvarine
Une question. Quel Souvarine vous inspira ce pseudo? Le franco-russe Boris Lifschitz, dit Boris Souvarine, ou le Souvarine original, celui de Germinal? Et s’il s’agit du premier, de laquelle de ses périodes et de ses multiples casquettes, connues et supposées?
C’est que le Monsieur recouvre toute l’histoire du communisme franco-russe, de Lénine à Brejnev, en passant par Trotsky, Jaurès, la SFIO, la fondation du PCF, avec sa place de « haut gradé » jamais atteinte par un français avant ou après au « Komintern » de l’Internationale Communiste, l’anti-stalinisme qui suit, l’anarcho-syndicalisme, la scission CGT/FO, la CIA, la banque Worms, Soljénitsyne, la fondation du Cercle communiste démocratique, l’histoire du stalinisme…
Bref du militantisme révolutionnaire marxiste pro-bolchévique des années 17-23 à la dissidence 24-34 puis à l’anti-communisme (au moins objectif) pur et simple ensuite, l’homme est peut-être libre, mais surement complexe…
@vigneron
Désolé de vous décevoir, mais il s’agit du personnage de Zola, pour lequel j’éprouve une certaine fascination. Dans Germinal, Souvarine symbolise le courant bakouninien de la 1ere Internationale, Eugène Lantier représentant plutôt le courant marxiste.
N’y voyez cependant aucune indication quant à mes inclinations politiques, je ne suis pas anarchiste.
L’idéologie anarchiste et son rejet viscéral de l’Etat fournissent, selon moi, des outils d’analyse des sociétés bien trop primaires, surtout dans un contexte comme celui d’aujourd’hui. On lui doit néanmoins certaines des plus belles heures de gloire des mouvements ouvriers comme durant la guerre civile espagnole. Mais il s’agissait en l’occurrence d’un anarchisme de « masse », ce à quoi Bakounine, à ma connaissance, a toujours été opposé. Quant au terrorisme, franchement…
« Le terrorisme d’Etat et le terrorisme révolutionnaire sont les 2 mâchoires d’un même piège à con »
Manchette ‘nada’ (je cite de mémoire)
Quant au « véritable » Souvarine, c’est effectivement un personnage à la trajectoire assez fascinante, mais pour être parfaitement honnête, je connais trop peu.
« Brusquement, Etienne s’arrêta devant Souvarine, il cria:
– Vois-tu, si je savais coûter une goutte de sang à un ami, je filerais tout de suite en Amérique!
Le machineur haussa les épaules, et un sourire amincit de nouveau ses lèvres.
– Oh! du sang, murmura-t-il, qu’est-ce que ça fait? la terre en a besoin.
Etienne, se calmant, prit une chaise et s’accouda de l’autre côté de la table. Cette face blonde, dont les yeux rêveurs s’ensauvageaient parfois d’une clarté rouge, l’inquiétait, exerçait sur sa volonté une action singulière (…).
– Mais enfin explique-moi… Quel est votre but?
– Tout détruire… Plus de nations, plus de gouvernements, plus de propriété, plus de Dieu ni de culte.
– J’entends bien. Seulement, à quoi ça vous mène-t-il?
– A la commune primitive et sans forme, à un monde nouveau, au recommencement de tout.
– Et les moyens d’exécution? comment comptez-vous vous y prendre?
– Par le feu, par le poison, par le poignard. Le brigand est le vrai héros, le vengeur populaire, le révolutionnaire en action, sans phrases puisées dans les livres. Il faut qu’une série d’effroyables attentats épouvantent les puissants et réveillent le peuple.
En parlant, Souvarine devenait terrible. Une extase le soulevait sur sa chaise, une flamme mystique sortait de ses yeux pâles, et ses mains délicates étreignaient le bord de la table, à la briser. Saisi de peur, l’autre le regardait, songeait aux histoires dont il avait reçu la vague confidence, des mines chargées sous les palais du tzar, des chefs de la police abattus à coups de couteau ainsi que des sangliers, une maîtresse à lui, la seule femme qu’il eût aimée, pendue à Moscou, un matin de pluie, pendant que, dans la foule, il la baisait des yeux une dernière fois.
– Non! non! murmura Etienne, avec un grand geste qui écartait ces abominables visions, nous n’en sommes pas encore là, chez nous. L’assassinat, l’incendie, jamais! C’est monstrueux, c’est injuste, tous les camarades se lèveraient pour étrangler le coupable!
Et puis, il ne comprenait toujours pas, sa race se refusait au rêve sombre de cette extermination du monde, fauché comme un champ de seigle, à ras de terre. Ensuite, que ferait-on, comment repousseraient les peuples? Il exigeait une réponse.
– Dis-moi ton programme. Nous voulons savoir où nous allons, nous autres.
Alors, Souvarine conclut paisiblement, avec son regard noyé et perdu:
– Tous les raisonnements sur l’avenir sont criminels, parce qu’ils empêchent la destruction pure et entravent la marche de la révolution. »
Emile zola ‘Germinal’ 1885
Désolé pour la digression, mais parfois c’est plus fort que moi
@Souvarine
ARGH! Gasp! J’en étais sûr, le vrai Souvarine! Je ne pourrai donc pas usurper votre pseudo… Vous lui rendez déjà dignement hommage.
Aujourd’hui les fleurs sont gratuites! 😉
C’est que ça croise le fer………le verbe.
Peux pas m’empêcher d’y mettre mon grain de sel. Trop passionnant.
On tente l’exercice.
On peut comprendre que le texte de Bernard Friot, suscite certaines inquiétudes. L’expérience du communisme et de ses ravages ont marqué les esprits.
Mais il me semble que ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
La vision de Bernard Friot est assez audacieuse, elle va à l’encontre d’un conditionnement culturel qui à sévit pendant des siècles, des millénaires.
En finir avec cette dualité « dominant » et « dominé », réduisant l’être humain à un chien de « Pavlov ».
L’ idée de salaire universel, est d’une grande modernité. Ce serait en finir avec ce sentiment de vivre avec une épée de Damocles suspendue au dessus de sa tête.
Dans certains établissement scolaire , on a essayé de changer les relations entre les instituteurs et les élèves en modifiant la configuration des lieux. Les élèves sont installés en cercle et l’instituteur est au milieux. On a supprimé la notation, il n’y a pas de sanctions en cas de travail rendu hors délais.
Il semblerait que non seulement cela ne nuise pas au résultats scolaires, mais que l’ambiance dans de tels établissements soit meilleures. Les élèves seraient plus motivés et pour cause.
L’idée que la gratification ne réside pas dans la récompense mais dans le plaisir du travail accomplit , débarrassé de la peur de l’échec et de la sanction, me semble la meilleure voie pour placer l’individu à hauteur d »‘Homme ». Le travail cesse d’être vécu comme une punition, cela libère les curiosités, le gout d’apprendre. Donnant le temps nécessaire à la digestion, la maturation, la compréhension.
On sort de cette façon du dressage pour entrer dans la pédagogie .
Qu’il s’agisse d’apprendre ou de travailler, pourquoi cela devrait-il se faire dans la souffrance et l’angoisse?
La pratique de la carotte et du bâton limite l’être humain à sa condition animale.
Si la peur est une chose, le respect en est une autre et le premier pervertit le second.
La plupart des individus qui échouent dans le système scolaire tel qu’il est, qui de ce fait ne trouvent pas de places dans le monde du travail leur permettant de s’épanouir. Que font-ils ?
Ils se constituent en groupe, recréant une communauté de « semblables ». Par ce que l’individu à besoin d’appartenir à une « famille ».
La notion de bien commun , permet d’accueillir le « petit d’homme » dans une famille au sens large. Dans laquelle prendre sa place ne se limite pas à être le meilleur. Ou la réussite n’est pas individuelle, mais collective.
On sort de cette façon de la compétition des égos, pour entrer dans la coopérations des égos, la collaboration, la solidarité des individus dans le travail, dans l’effort et dans le partage des fruits de l’effort. Un projet commun, nécessitant différents registres et niveaux de compétences oeuvrant en synergie.
Supprimer la compétition , ne signifiant pas pour autant s’interdire l’émulation. Simplement cela devient moins combatif, plus ludique.Les intelligences s’en trouvent libérées, la créativité de même.
Je trouve cette vision très moderne. A nous d’en inventer les modalités ensemble. Cela nous mettrait culturellement et intellectuellement en adéquation avec un progrès technologique et scientifique, dont nous ferions un meilleur usage.
La science nous ouvre un monde multidimensionnel , ou la réalité est faites d’un ensembles de paramètres. Une même réalité est constituée d’un ensemble de paramètres mis en configuration les uns avec les autres. Sur une même longueur d’ondes. Pourquoi devrions nous être limités à choisir entre deux maux, alors que tant de structures existent dans la nature.
Cela pour dire que notre développement a quelque chose de schizophrène entre notre organisation sociale, nos outils technologiques, l’évolution des sciences et l’ouverture du champs des possible
Bernard Friot propose de mettre un terme à cette schizophrénie. En inventant une autre dynamique sociale et économique. Cela participe du développement durable.
Je ne sais si mon propos est clairement exprimé, et apporte quoi que ce soit au débat, il se fait tard , mes neurones battent la cambrousse , plus moyen de les rassembler et les mots se barrent.
L’Homme est un animal créatif. N’est-il pas?
@++ , la jeunesse!…………..Sans vouloir vous offenser……….l’esprit n’a pas d’âge.
Je trouve au contraire que vous rassemblez fort bien vos neurones et …… les miens par la même occasion !
C’est vrai que pour beaucoup de personnes sortir du « compétition, travail, profit, croissance, rendement, etc », tout ce qui a modelé notre vision du monde depuis des générations est extrèmement difficile.
On le voit bien dans les commentaires où, alors que l’on aborde les choses sous un angle différent de la « norme », les voix s’élèvent : « oui, mais il faut bien gagner sa vie ! (j’ai déjà posté , avec d’autres que la vie nous ayant été donnée il n’y avait donc pas lieu de la gagner) » « oui, mais il faut de la croissance ! du rendement ! (en tant qu’aide soignante, je peux vous le dire, il est impossible de faire la toilette d’une personne en 1 mn !)
Donc à chaque fois les esprits sclérosés n’arrivent pas à prendre une nouvelle idée, à l’intégrer et en tirer de nouvelles, ils ne font que jauger par rapport aux anciennes, il y a comme un blocage.
Je pense, moi aussi, que, délivré du poids d’avoir à chercher un revenu pour assurer sa subsistance, l’homme pourrait enfin, prendre son temps pour réfléchir à la marque qu’il désire imprimer dans le livre de la vie et choisir une activité qui lui corresponde et dans laquelle il pourra s’épanouir et non se détruire comme c’est souvent le cas aujourd’hui.
Quand aux soi-disant métiers dont personne ne voudrait :
qui parmi vous aurait envie de devenir aide soignant ?
qui parmi vous aurait envie d’accompagner un mourant dans ses derniers instants ?
et pourtant de telles personnes existent !
et elles aimeraient tant pouvoir exercer ce métier convenablement !
alors qu’aujourd’hui à cause de cette sacro sainte course aux rendements, aux financements cela devient de plus en plus difficile, malgré tous leurs efforts.
et elles en sortent encore jeunes mais cassées autant physiquement qque psychologiquement.
et c’est un effroyable gâchis.
Une société où l’individu n’ a que des droits et pas de devoirs ressemble fort à la société libérale avancée que nous connaissons.
Beau commentaire, on ouvre les fenêtres pour respirer/inspirer un bon bol d’air frais. Remarquez qu’à un tel niveau d’enthousiasme il ne devrait plus être question de réussite ou d’échec. La vie est un bien précieux et toute personne a sa place dans le monde. Dans ce sens, j’aimerais dire que l’homme créatif serait superfétatoire. Mais faire de sa vie une œuvre d’art… une totalité qui place l’être-là dans un bel équilibre entre la jeune pousse d’herbe fraîche et une lointaine galaxie – pourquoi pas ?
@ Saul
Belles réflexions auxquelles je souscris totalement.
Le salaire à vie, en fait, c’est une extraordinaire liberté. A lire les réactions, on voit, est-ce étonnant, que la liberté fait peur. Parmi ceux qui expliquent que ça ne peut pas marcher, aucun ne dit : moi, dans ce cas là, je prends le fric et je me laisse vivre sur le dos des autres. C’est compliqué à avouer ?
Travailler pour les actionnaires qui gagnent en dormant, c’est du vol et c’est inutile!
Continental, ça vous dit?
Au Mexique, Continental a voulu fermer en 2001. Le gouvernement a refusé d’exproprier, mais les ouvriers ont décidé l’autogestion et produisent 10 000 pneus par jour :
http://www.npa2009.org/content/la-cooperative-mexicaine-des-contis
Cette proposition règle le problème du statut par rapport à l’emploi. C’est énorme. Car enfin combien de d’emplois « qualifiés » ont un statut parfois d’ouvrier aujourd’hui. C’est énorme aussi.
Les interrogations portées sur la qualification me font penser à la pratique actuelle du bilan de compétences. Car à une qualification correspond des compétences. Ces compétences sont reconnues par l’expérience ou par le diplôme que la validation des acquis et de l’expérience (VAE) tente d’harmoniser.
La légitimité de la compétence passe par le sentiment de compétence de la personne pour avoir une chance d’être reconnue alors par l’autre. Bien sur, vous me direz, des gens ont un grand sentiment de compétence alors qu’ils n’en ont pas autant qu’ils le disent. Mais n’est-ce pas la dérive d’une recherche de place sur le marché du travail qui s’étrangle.
Au cœur des compétences dans la réflexion du bilan (dont la liste est très vite faite), c’est le désir, les goûts pour. Les personnes disent explicitement chercher leur place. La place de chacun dans la société, c’est de cela que traite les bilans.
Si la personne accède à son désir, alors, l’acquisition de nouvelles compétences est assez aisée pour elle. Les impasses sont évitées.
Quant à la propriété, en l’absence du problème de logement, honnêtement, on s’en ficherait pas mal d’avoir une maison qui nous appartienne. Non ? Et puis ça règlerait les problèmes de succession tout à fait mortifères.
Puis-je me permettre de conseiller la lecture du livre de Alain Pessin : « L’imaginaire utopique aujourd’hui », édité aux PUF sociologie, 2001 ?
Il récapitule et analyse les utopies du passé, ouvre quelques portes et dénonce la démesure.
« Garder de l’utopie ce qui est moteur en elle mais rester critique à son égard », tel est le message de Pessin qui était proche des alternatifs de la Croix Rousse.
si tu veux travailler ,assis toi ,ça passera !
Réfléchir avant d’agir. Saine mentalité pour nos jours troublés! J’ai bien peur qu’ils suppriment, par précaution, les derniers sièges dans les salles d’attente de Pôle Emploi, sauf en Corse… là c’est désespéré pour les matons du boulot!
Et une circulaire de l’Intérieur les alerteraient sur un risque de recrudescence des nuits bleues…;-)
Et pour ceux qui s’allongent (à tous les sens du terme) que se passe-t’il ?
Pour moi, un nouveau paradigme de civilisation (ce que je crois nous recherchons) ne peut bien évidemment pas se fonder sur les bases mêmes de l’ancien pardigme (antagonisme libéralisme vs socialisme).
A mon sens la réflexion créative devrait faire abstraction de trois notions qui ont perverti les raisonnement de la pseudo « science économique » depuis deux siècles: le coût, le prix et le salaire.
Désolé de cette position iconoclaste… mais tellement évidente lorsqu’on y réfléchit un peu.
Avant les commentaires, il faudrait définir un lexique. La discussion est vaine tant que l’on n’ accorde pas aux mots le même sens que celui que donne l’interlocuteur. Par exemple ici sens des mots « emploi » et « travail » . Travail contraint ou travail choisi ? C’est-à-dire entre « travail » et « activité » . (B.Friot apporte des précisions sur ces différences qui méritent d’être assimilées par tous, même si nous réfutons une part de ses conclusions)
Exemple : phev a écrit : « Pour faire fabriquer des richesses ( encore que là il ne s’agisse que de consommation), rien ne vaut l’appât du gain, et le commerce des fausses promesses » Pour moi cela se traduit ainsi : L’employeur obtient son enrichissement en faisant fabriquer par le salarié des richesses avec promesses de pouvoir les consommer plus largement s’il participe bien, par son gentil travail, à la croissance des gains de productivité ( « appât du gain » partagé entre employeur et employés). Cela décrit très bien le fordisme, comme moment de notre histoire, mais pas l’artisanat traditionnel, ni les domaines d’exercice des professions libérales, et ne fonctionne plus avec la robotique ( dilemme de faire fabriquer par les robots, ou par des très pauvres, en supprimant l’emploi ), encore moins avec l’informatique et l’information , dés lors que l’on peut reproduire à l’identique l’objet fabriqué, avec l’inconvénient majeur de sa quasi gratuité ( bientôt les imprimantes 3D, avec des petites entreprises locales en coopératives ?).
La question de modifier les rapports sociaux n’est plus une question de jugement moral ( appât du gain, promesses tenues ou non tenues, l’homme bon ou l’homme mauvais ) mais d’analyse correcte des concepts en rapport avec les conditions d’une vie sociale soutenable. Avons-nous encore le droit d’appeler « charges sociales » une « part mutualisée » du salaire ou du revenu, d’appeler « assistance » (au fainéant) la si nécessaire conscience d’une « solidarité » collective face aux pouvoirs technologiques actuels ?.
A Lechat,
Ce qui est en jeu, c’est un pilier de notre société, la centralité du travail. André » Gorz a passé une bonne part de sa vie à réfléchir à un « exode » du temps contraint (le travail) vers le temps choisi (activité). Contrairement à Bernard Friot, il avait fini par se ranger du côté du revenu d’existence. Mais on ne change pas de pilier social comme de chemise, les utopies mortifères nous ont un peu refroidis et on accorde un peu plus d’attention à la mise en garde attribuée à Saint Bernard 😉 (12ème siècle) à savoir: « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».
Vous avez raison sur un point important : il faut définir le sens des mots, refaire une encyclopédie (il y a eu des tentatives depuis vingt ans) et savoir d’où parle chacun.
Les mots travaillent, souvent pour le compte de l’organisation dominante.
Je donne deux exemples :
1. Travail.
Si je dis « Ne travaillez jamais » c’est à dire jamais de travail, travail doit être compris dans un registre qui va de salariat à esclavage, c’est à dire à la négation de l’humanité.
Si je parle du « travail de l’artisan » ou « du travail de la femme en couche » le sens renvoie à l’activité socialement nécessaire et à l’ humanité.
2. Communisme.
La droite et aussi la gauche libérale définissent le communisme comme le mal absolu en référence aux dictatures marxistes léninistes et plus particulièrement stalinistes exercées sur le peuple au nom du peuple par un parti unique qui s’est accaparé l’Etat.
Marx définissait le communisme comme le mouvement historique qui abolit les conditions existantes et pour beaucoup de militants ouvriers et de résistants le communisme était un idéal de fraternité.
Les sens sont nombreux, bien que dans tous les cas on comprend que les libéraux refusent tout intérèt au communisme, comme idéal ou mouvement historique, pour la bonne raison que dans tous les cas le communisme abolit la propriété privée des biens de production, biens dont on voit que le principal à notre époque est l’argent accumulé.
J’aurais préféré que Bernard Friot profite des questions directes des commentateurs pour répondre de manière plus vivante et plus synthétique. Je me suis habituée aux clarifications sans tartine de Paul Jorion, que voulez-vous.
Je reste absolument convaincu de la pertinence de votre proposition, l’idée n’est pas neuve, un philosophe, conseiller de Jacques Chirac partait du même principe (un article était paru dans Libération dans les années 1999 sur ce thème), il proposait un crédit d’impôt négatif et insistait sur l’importance d’une même distribution pour chaque citoyen et ceci dés la naissance. Les arguments principaux étaient la simplicité du système, (réduir les inégalités face à la complexité de la demande d’une aide sociale), et les économies importantes qu’ils génèrent notamment au niveau des systèmes étatiques de subventions tant qu’individuelles qu’au niveau des entreprises, il était également important d’obtenir une valorisation du travail quelque soit le montant du salaire.
On ne peut pas parler d’utopie pour un tel projet, il est déjà mis en œuvre en France sous au moins trois formes :
– Les allocations familiales
– Le RMI
– Les retraites
Le dernier point est bien la preuve qu’une telle proposition est objective et fonctionne, en effet dans un système de répartition, on ne peut pas mettre en avant un droit consécutif à une cotisation, d’ailleurs il y a bien longtemps que l’état finance directement ces caisses. Il y a également lieu de remarquer qu’en France les classes sociales, en moyennes les plus aisées, semblent être les retraités (ceux qui ne travaillent pas).
De part mon expérience personnel, je peux être catégorique, c’est le système préféré du capitalisme et des entreprises, ces dernières en raffoles, et excelle dans l’embauche de retraités, bien évidemment hors du territoire français (un autre aspect de l’offshore, il n’y a pas que la finance).
Il semble évident que l’état, au lieu de subventionné (indirectement) les entreprises étrangères, a intérêt à élargir et simplifier ces allocations (indispensables) afin de mettre fin à un système de subventions totalement involontaires et très peu bénéfiques, voir déloyales, pour les entreprises et citoyens français. On pourrait presque parler de protectionnisme mais en sens inverse.
Les propositions de Bernard Friot concernant l’emploi, tentent de répondre au drame social et économique dans lequel nous sommes englués. Les technologies et la mondialisation n’assurent plus le plein emploi c ‘est ainsi que la charrue est passée devant les bœufs, au bénéfice du capitalisme qui permet le transfert des richesses universelles en richesses privées.
S’il n’est pas à regretter le temps où les bœufs tiraient la charrue, il n’est pas concevable de se faire tirer par la charrue, programmée aux profits pour servir quelques mains expertes en tout sauf en humanité.
Dans L’intérêt du bien commun, ce temps libre qualifiant salarié est une nécessité pour évoluer vers un nouveau monde qui pour survivre, suppose de changer nos comportements que les limites de la planète finiront quoiqu’elles en soient à nous imposer..
Les propositions de Bernard Friot, tout comme celles de Paul Jorion, tentent de mettre un peu de bon sens dans cet attelage monté à l’envers dont le bois vermoulu est rongé par la corruption produite par la lutte du pouvoir.
Ainsi, il n’y a rien d’utopique ni de révolutionnaire à vouloir exiger que le respect de la dignité humaine soit la condition première pour toute action, et à se défendre du «triomphe de la cupidité », (Stiglitz)
Un long combat qui se poursuit depuis la nuit des temps…
« drame social, économique et… écologique »
@michel martin et marlowe:
Bien d’accord avec vous, car j’ai été moi-même trés motivé par les réflexions et l’évolution d’André Gorz. Pour ce qui est du « revenu universel d’existence suffisant » auquel Gorz a fini par se rattacher, ce qui me gêne, c’est la question de la transition vers cette utopie ( au sens de projection vers le futur). Alors que Bernard Friot part de ce qui existe, d’une histoire, s’accomplissant et évoluant, des conflits et compromis entre les classes sociales. et j’approuve sa défiance à l’égard des idées trop pures, et son engagement dans le sens de l’Histoire. Toutefois je crains que cela ne soit réalisable que dans le cadre de conditions matérielles qui sont en voie d’extinction: une croissance maintenue, une société productiviste, fondée sur l’idéologie( bien étriquée!) du Progrés. Soient des conditions convenant à une phase historique d’avant la reflexion écologique, avec exploitation sans précautions ( et en voie d’achèvement) de sources d’énergie bon marché. Comment concilier une première phase d’abord romantique de l’écologe , une volonté de s’émanciper socialement ( sortir des idéologies obscurantistes, avec la volonté de sortir de la domination), et une économie organisée aussi harmonieusement que possible? Difficulté énorme de prendre en compte tous les paramètres, pour que l’ homme puisse montrer ce qu’il est dés lors qu’il ne se laisserait plus aliéner.
Je vais vous faire un aveu : je suis persuadé que communisme et décroissance méritent de danser une valse ensemble.
Il y a dans les théories de Monsieur Friot un je-ne-sais-quoi de visionnaire qui a évidemment tout pour plaire. Sauf erreur de ma part, ces idées ont quelques relents marxistes: il me semble que Marx souhaitait également que le salaire d’un homme soit déterminé par ses qualifications. Monsieur Friot ne me semble pas aller jusqu’au bout de la logique…
Quelques remarques me viennent à l’esprit:
– Dans la mesure où mon salaire va dépendre de mes qualifications, et en partant du principe que l’aspiration d’un être humain est d’avoir toujours « plus » (principe malheureusement validé par maintes expériences), est-ce que je ne vais pas avoir tendance à plutôt retourner étudier plutôt que de travailler? Je me demande donc si l’idée même de l’argent et le la propriété n’est pas à revoir.
– Que faire en ce qui concerne les travaux ingrats? Le rammassage des poubelles, par exemple? Qui va s’amuser à faire cela « pour le plaisir de rendre service à la collectivité »? A moins que chacun pour ce qui le concerne n’aille déposer ses déchets dans des centres de destruction et de recyclage? Mais même là, qui va recycler quand il peut rester chez lui pour le même salaire?
– Il est utopique de croire qu’un tel système peut être mis en place globalement, d’un seul coup. Donc, nécessairement, un pays, un état, mènera la danse. Comment cet état pourra-t-il faire pour équilibrer sa balance commerciale? Vous allez me dire qu’il est d’ores et déjà incapable de le faire, mais si l’objectif d’une telle révolution est d’apporter de la stabilité, il faudra bien trouver un moyen. Evidemment, si l’état qui pratique cette politique accepte l’immigration, il a des chances d’attirer du monde…
Mais j’admets que l’idée de base a quelque chose de séduisant, et a plein d’avantages:
– Contrairement à ce que certaines personnes ci-dessus l’écrivent, l’argent est loin d’être la première motivation d’un travailleur. Quand j’ai commencé à bosser, j’ai réalisé un stage gratuitement à la Commission Européenne, et (1) je n’ai jamais autant bossé que là-bas et (2) j’ai rarement eu autant de reconnaissance de la part de mes collègues que pour les services que je rendais. Donc, comme Monsieur Friot, je me demande si l’argent ne pourrit pas la relation de travail…
– Les entreprises devrons garantir un haut niveau de qualité de l’environnement de travail pour attirer des travailleurs en leur sein. Le concept même de harcèlement moral disparaîtrait.
– Les travailleurs pourraient varier leurs travaux, apprendre sans cesse de nouvelles choses, changer aisément d’employeur. Je crois que dans une telle société, je changerais d’activité chaque année, juste pour voir de nouvelles choses, connaître de nouvelles personnes…
La société actuelle repose sur une fiction entretenue par Wall Street: celle du rêve américain. Un péquenaud quelconque peut avoir une idée et du jour au lendemain (ou presque) devenir multimillionaire. Et en effet, il y a des gens qui vivent ce genre de chose. Mais ils le font aux dépends de millions d’autres personnes qui vivent dans la pauvreté, mais qui ne se révoltent pas parce qu’eux aussi rêvent de devenir millionaires… Mais ce n’est rien d’autre que des chimères…
Sur ce même sujet (entre autres) du « revenu d’existence » et de ses conditions de possibilité :
http://jeanzin.fr/index.php?post/2010/01/26/Sortir-du-capitalisme
@B. Friot
« Les changements révolutionnaires à notre portée consistent donc
– à transposer à l’investissement la cotisation sociale et à abolir le droit de propriété lucrative [1] tout en asséchant le profit,
(…) »
Je suis assez d’accord sur ce que vous développez comme « L’obstacle à surmonter… » et sur la distinction que vous opérez entre « propriété d’usage » et « propriété lucrative ». Mais s’il subsiste un « investissement » cela ne signifie-t-il pas qu’un capitalisme productif subsisterait, et par-là aussi un rapport salarial concurrentiel ?
Vous étayez votre proposition plus haut ainsi : « affecter 25 autres % de la valeur ajoutée, qui vont aujourd’hui au profit et nourrissent des portefeuilles financiers prédateurs et sous-investisseurs, à une cotisation économique finançant l’investissement productif sans taux d’intérêt. Nous saurons gérer les caisses d’investissement, qui seront non étatiques elles aussi puisque nées de la mutualisation salariale de la valeur ajoutée, car nous avons déjà l’expérience de l’examen de projets d’investissement. L’arbitrage entre les projets sera conflictuel, et on ne peut que s’en réjouir pour la démocratie … et inventer au fur et à mesure les institutions et les règles de ces arbitrages. »
Cela m’impose deux questions :
1) Les gestionnaires de ces mutuels salariales ne deviendraient-ils pas, de manière fonctionnelle, des sortes de P-DG de branche de production ?
2) Leurs décisions pourraient-elles être réellement affranchies des thématiques étatiques ? Je ne vois, en effet, que deux hypothèses : soit la valeur des marchandises seraient liées au marché mondial, et nous retomberions dans les méandres économistes où les administrateurs d’Etat se font commissionnaires des intérêts du capitalisme transnational, comme aujourd’hui ; soit ces valeurs ne seraient échangeables qu’à l’intérieur d’une sorte de « mutualisme dans un seul pays » et nous succomberions au productivisme autarcique où les commissionnaires d’Etat se feraient administrateurs de l’économie interne contre les intérêts du capitalisme transnational.
Vous dites avec beaucoup de lucidité : « L’arbitrage entre les projets sera conflictuel, et on ne peut que s’en réjouir pour la démocratie … et inventer au fur et à mesure les institutions et les règles de ces arbitrages. »
Mais je ne suis pas sûr que ces conflits soient de natures différentes que ceux que nous connaissons déjà et qui reposent sur la persistance de la valeur. Cela dit, vos propositions pourraient avoir l’avantage de tendre vers l’implication sociale de chacun plutôt que vers des agrégats représentatifs qui n’existe que politiquement, mais cet avantage possible repose sur des conditions de possibilité encore impensées.
Je lis avec un intérêt oublié vos passages à l’acide critique , sans doute nourris d’une concentration sur le savoir particulier de l’économie et de la politique qui vous est propre .
Je lis aussi avec la même passion oubliée ce que propose Bernard Friot .
Il ya a donc encore une race d’intellectuels généreuse et utile au monde . Merci jeunesse .
Continuez , et fort !
PS : Même si concentration veut souvent dire complexification , n’oubliez pas pour qui vous pensez . Notre hôte anthropologue , spécialiste et généraliste , nous rappelle qu’une bonne idée n’est rien si elle n’est pas » communément » communicable .
« L’homme n’est ni ange ni bête , et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête . »
L’homme est bête et ange , et l’ange ( ou l’idéal , ou l’utopie , ou l’esprit , ou …) ne peut naître , voler et prospérer que si l’animal est bien portant , formé et informé .
L’ange sans le corps n’est qu’une secte .
Le corps sans idéal n’est qu’un objet .
Le corps ET l’ange c’est …..? …La vie sans doute …
@Juan Nessy
« acide critique », ça ne se consomme pas au moins ? « critique polie » aurait suffit.
Lorsque je me dis « assez d’accord sur ce que vous développez comme « L’obstacle à surmonter… » », par exemple, je ne me prononce pas sur mon désaccord avec l’idée que « Les révolutionnaires so[ie]nt portés par un oui… »
Je ne pense pour personne et surtout pas dans la perspective d’une communicabilité, fût-elle commune. Nonobstant la race et l’âge approximatifs que vous m’attribuez, je reçois vos encouragements avec gentillesse.
J’avais repris pied dans le blog , après trois semaines d’absence pour cause de » congé » de grand-paternité supplémentaire , sans prendre le temps de relire toute la file , où je me suis trouvé Pascal en commun avec Boson .
Bonjour Pascal ! Bonjour Boson !
PS : sur les notions de motivation au travail , mon expérience de cadre fonctionnaire m’a définitivement appris pour que ça turbine , il faut :
– Une raison d’être commune définie par la nation et mise en oeuvre par le ministre de rattachement selon des attentes et moyens disponibles compréhensibles et réalistes . C’est là qu’est la reconnaissance .C’est l’essentiel .
– des chefs responsables reconnus par leurs équipes et qui se mettent personnellement en balance dans le partage et l’exercice des responsabilités ( on ne s’abrite pas derrière l’équipe et on assume les erreurs …la première fois )
– des définitions d’attentes opérationnelles exprimées , comprises , acceptées .
– des « retours » dont financiers , transparents , et ressentis comme aussi justes que possible ( sanctions positives ou négatives même assez faibles pour signifier que l’exécution du contrat a été bien jugé et repérée par le « supérieur hiérarchique »).
– aimer et respecter les gens autant que son travail . Une dose d’humour vrai mais « dosé » est une chance certaine quoi qu’en dise les officines managériales .
– vérifier chaque jour si rien ne brûle sur les fourneaux et qu’il y a toujours des plats à cuire .
-La raison d’être
– La raison d’être,
– La raison d’être ,
– sinon interroger sur la potentielle suivante.
Avec tout ça , je le jure , la rémunération pourvu qu’elle couvre ce qu’on a appelé ailleurs les besoins fondamentaux et un peu plus pour se faire un petit plaisir ou pouvoir rêver de façon accessible , n’est plus un obstacle , un bâton ou une carotte . La sensibilité à pouvoir , par contre ,accèder à autre chose , ressenti comme plus valorisant ( ou inversement , moins pénible quand les années se font longues , même « moins payé » ) , dans le parcours de » travail » ( au sens d’activité tout bête) , est un appel à l’optimisme , à l’espoir et à l’efficacité , très fort .
Pour la créativité , j’affirme aussi qu’elle ne se confond pas avec l’esprit d’entreprise et le leadership . Les « créateurs d’entreprises » ( je ne sais d’ailleurs pas trop ce que ça veut dire ) ne sont presque jamais de bons chefs d’entreprises . Les qualités requises sont totalement différentes et pratiquement étanches, le plus souvent, les unes aux autres .
Pour reconnaître un créatif c’est assez simple : si dans une réunion quelqu’un prend la parole et qu’au bout de deux minutes on ne sait plus pourquoi on est là , de quoi on parle et combien de temps ça va durer , c’est que ce quelqu’un est un créatif .
Il m’a fallu quelques années pour comprendre qu’il ne fallait jamais donner un mois de délai à un créatif pour rendre une copie qui , selon mes estimations , nécessitait trois semaines . Tout s’est arrangé quand j’ai compris qu’il valait mieux lui dire qu’on comptait sur lui , sans parler de délai . Et j’ai eu alors en une semaine , et avec une présentation exhubérante et passionnée , cette même copie qui demandait trois mois de « labeur ». Tout le monde est content et on boit un coup ( pour faire vivre Vigneron ) .
@Schizosophie :
Je vais donc persister et signer en rééditant mes encouragements critiques afin d’alimenter la gentillesse acide qui alimente votre moteur à réflexion autonome !
ça en vaut la peine s’il en sort malgré tout quellque chose .
Sinon , tant pis,les arbres abandonnés meurent de solitude.
@juan nessy
je constate que ces congés grand-paternels nous ont rendu un Juan Nessy en grande forme…
@ Brian Jacob dit : 12 juillet 2010 à 11:12
Tenez-bon, vous-êtes dans le vrai.
Je vous approuve et vais même jusqu’à penser que la plupart des actions humaines, quand elles ne sont pas d’instinct, résultent de spéculations. Elles conduisent à des choix en toutes choses et toutes circonstances, à la seule fin de faire survivre sa lignée et de contribuer ainsi à la perpétuation de l’espèce humaine, si besoin au détriment de toutes les autres. Du moins c’est l’idée que je me suis longtemps faite.
Ainsi, si l’on doit en arriver à la fin des fins à ce qu’il n’y ait plus qu’une seule famille humaine en vie, sur notre planète ou ailleurs, on pourra dire qu’elle appartiendra à la lignée des hommes qui aura pris de bonnes options pour traverser les divers champs de risques et s’en sortir vivante. Aux divers échelons de cette lignée, les individus auront dû, à partir de leurs connaissances, de leurs informations, de leurs forces et faiblesses relatives par rapport à l’environnement de leur temps, faire des choix pertinents au regard de l’objectif de long terme à atteindre, sans pourtant connaître la meilleure voie à prendre.
Tous, s’ils sont des hommes d’action et responsables, auront dû spéculer, d’une manière ou d’une autre pour tenter d’appréhender au mieux le futur. Le problème avec la finance, la politique, les religions, vient de que l’on manipule des croyances avec lesquelles on peut tricher surtout si on y entraîne les éléments les plus fragiles. Les faibles qui aspirent à vivre sans effort mental ou autre, sont faciles à berner, ce qui les vouent à faire partie des lignées risquant une élimination plus rapide.
Aujourd’hui, je dois admettre que cette vision du devoir humanitaire à long terme, qui donnait un sens à la vie, sens qui était commun à la plupart des gens, n’est plus très présente chez les jeunes générations et aussi les moins jeunes nées dans les années 40- 50. Les tendances hédonistes et égoïstes amènent plutôt à spéculer pour un profit immédiat et très personnel.
Dans le passé, on se sacrifiait pour les siens, pour le pays, pour son dieu, au nom d’un idéal supérieur.
Aujourd’hui, on n’a plus aucun scrupule pour profiter personnellement du temps présent. L’objectif premier est à très court terme : jouir au mieux de sa propre vie quitte à devoir sacrifier ses proches et même ses propres enfants selon les propos du philosophe Michel Serres: http://www.pauljorion.com/blog/?p=13534#comment-94304
Il ne me semble pas que cette recherche d’une jouissance immédiate, touche au même degré toutes les civilisations de notre planète. Il est même possible que l’économie sanctionne déjà cette attitude indigne qui consiste à jouir en s’endettant, alors qu’à l’autre bout de la terre, des populations bien plus pauvres épargnent 40% de leurs revenus.
A n’en pas douter ces civilisations ne tentent pas en spéculant d’appréhender le même futur. Ça n’est pas rassurant pour les occidentaux.
Où l’on apprend que le dernier des mohicans s’appelait Jducac .
C’est bien d’avoir entrepris la lecture de Michel Serres .
Cependant , lisez le bien , vous verrez qu’il apprécie , lui ,les jeunes générations et les moins jeunes .
Et que sa relation père fils est plus complexe et prolifique que la vôtre .
Bernard Friot, « en voix » :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1965
A partir de ses informations, très instructives d’ailleurs, sur les retraites, le sujet présent est abordé.